Yûji se trouvait dans la salle des profs depuis un moment. Il préparait tranquillement la rentrée scolaire d’avril, et se replongeait dans les paperasses scolaires d’un ennui mortel. Pourtant il devait le faire. Il observait entre autres le nombre d’inscrits à ses cours de théâtre, et repérait les noms qu’il connaissait déjà des inconnus au bataillon.
Pourtant, il eut besoin d’une pause et partit se dégourdir les jambes sur la promenade du campus pendant une bonne demi-heure. L’air était frais, le printemps était là, et les sakura commençaient déjà à étaler leurs fleurs sur le sol. Cette saison éphémère lui avait toujours plu.
 
Lorsqu’il revint de sa pause, la salle des profs n’était plus vide. Il n’identifia pas immédiatement la nouvelle venue, assise là sans matériel si ce n’est qu’un crayon. Elle lui demanda ce qu’elle pouvait faire pour lui. Détaillant son visage, Yûji finit par reconnaître l’assistante d’administration. Arquant un sourcil, il répondit du tac au tac :
 
« Pas vraiment non. Je devrais plutôt vous demander ce qui vous amène dans la salle des profs. »
 
Elle n’avait aucun intérêt à être ici, si ce n’est procrastiner. Sa place était à l’entrée du bâtiment un pour renseigner professeurs et étudiants. Il aurait préféré être tranquille dans la salle des profs d’ailleurs, surtout qu’elle était réputée pour être sournoise. Et ça ne rata pas. Le commentaire qu’elle lui fit le fit tiquer, mais il resta impassible : des années de théâtre pour masquer ses émotions. Quelle peste.
 
« Je me doutais que vous n’étiez pas ici pour travailler. La procrastination vous sied si bien, Melle Lee. »
 
Le but était de ne surtout pas relever son commentaire, elle s’en délecterait cette sorcière. Il avait déjà assez à faire avec les étudiants avides de rumeurs qui s’acharnaient sur Mitsue et lui, pas besoin que le personnel s’y mette aussi.

Décidément, cette emmerdeuse avait décidé de ne pas le lâcher avec cette affaire. Que des étudiants ridicules s’amusent à balancer des rumeurs sournoises sur sa personne, il s’en fichait complètement, mais si des membres du corps professoral ou de l’administration étaient assez puérils pour s’y mettre, il allait finir par perdre patience. Mais bon, il se trouvait que Lee Sora ne pouvait pas être considérée comme une personne mature et impartiale. Elle semblait prendre un malin plaisir à fourrer son nez dans les affaires des autres, à s’immiscer dans des histoires qui ne la concernaient pas et à déstabiliser ses interlocuteurs. Mais elle avait parié sur le mauvais cheval si elle pensait que Yûji allait céder à sa provocation. Il jeta un coup d’œil au dossier qu’elle tenait devant elle, et qui n’avait absolument rien à voir avec son travail puisqu’il s’agissait de ses notes personnelles pour préparer son prochain cours, et quelques recherches dans des livres. Adoptant une expression dédaigneuse, il toisa la jeune femme d’un regard blasé, et répondit :

« Je n’ai pas le temps de m’attarder sur les rumeurs lancées par des étudiants à l’imagination débordante et qui feraient mieux de se consacrer à leurs études. Et vous concernant, pas besoin de juger sur une première impression quand on voit que le dossier dont vous vous êtes précipitamment emparée pour faire semblant de travailler m’appartient, et qu’il s’agit de mes notes de cours. »

Il marqua une légère pause, puis, d’un air narquois, il reprit :

« Donc, à moins que vous ayez une vocation certaine pour le théâtre, je vais reprendre ceci et je vous recommande de retourner faire votre travail et me laisser faire le mien. »

Joignant le geste à la parole, il se saisit du dossier emprunté par Lee Sora, et le reposa à sa place. Cette dernière semblait déterminée à lui pourrir sa journée, puisqu’elle rétorqua qu’elle pouvait être bavarde lorsqu’on la provoquait.

« N’inversez pas les rôles. Quand c’est vous qui provoquez quelqu’un avec des propos déplacés, vous pourriez avoir la décence d’assumer vos actes. Parlez donc, en tant que personnel de Chûô, si vous soutenez les bêtises des étudiants, vous risquez de rapidement perdre la face. Mais bon, si tel est votre choix. »

Avec ce genre de personne, Yûji n’avait absolument aucune sympathie. Ces démons-là le mettaient de mauvaise humeur et heureusement pour lui, il savait garder son sang-froid.

(désolée pour le retard j'étais en examens T-T)

Cette femme était décidément une sacrée peste. Yûji était déjà vidé de son énergie, et n’avait qu’une hâte : qu’elle lâche l’affaire et lui fiche la paix pour qu’il puisse travailler tranquillement. Pour cela, il aurait peut-être fallu simplement l’ignorer mais malheureusement pour lui, Yûji était quelqu’un qui n’aimait pas qu’on lui casse les pieds et avait pour ce genre d’occasions une répartie plutôt efficace. Efficace, certes, mais face à un adversaire si redoutable, il allait devoir redoubler d’ingéniosité.

Le dossier récupéré, le jeune professeur s’était installé à la table, prêt à se remettre au travail après avoir sermonné la demoiselle quant à sa façon de s’impliquer un peu trop dans les rumeurs étudiantes infondées. Mais il fallut qu’elle remette de l’huile sur le feu en rétorquant qu’elle se devait d’assurer leur sécurité et évoqua un traitement de faveur. Elle insista sur son devoir de vérification de la véracité ou non des rumeurs, et se persuadait qu’il avait quelque chose à cacher. Soupirant, il daigna lui répondre, blasé :

« Il me semblait pourtant que vous étiez assistante administrative. Autrement dit, vous gérez l’accueil principal du campus, renseignez sur les emplois du temps, les locaux, les activités. Non ? Vous faites aussi dans la sécurité ? Le personnel de sécurité aux entrées du campus doit être reconnaissant. J’espère au moins que vous êtes payée pour vos loyaux services. »

Non mais sans blague. Elle ne se prenait vraiment pas pour de la merde cette nana, se croyant dotée d’une vocation à la limite du divin pour les étudiants. Il était d’ailleurs persuadé qu’elle se contrefichait du bien-être de ces derniers, vu la réputation qu’elle avait au sein du corps professoral de tire-au-flanc doublée d’une curieuse qui fourrait son nez partout où ça ne la regardait pas. Elle aimait juste taquiner les gens à outrance et semblait trop fière d’avoir un adversaire à sa hauteur pour lâcher l’affaire.

« Bref, vous devriez donc être parfaitement au courant que je donne officiellement des cours particuliers de théâtre à mon étudiante car son emploi du temps en danse ne lui permet pas d’assister à mes cours et que je ne prends pas énormément d’étudiants en option de toute façon. Elle paye ses cours comme elle paierait des cours extrascolaires, et la seule et unique raison pour laquelle j’ai accepté est que je pense qu’elle a un potentiel pour la scène qu’elle a besoin d’exploiter et de polir. »

Il était rare que Yûji s’exprime autant, lui qui était de nature discrète. Il n’aimait pas non plus se justifier, se sachant droit dans ses bottes. Et même si parfois ses pensées pour Mitsue allaient au-delà du cadre de professeur-élève, tant que cela restait au stade de la pensée, il n’y avait rien qui pouvait l’incriminer d’une quelconque manière.


(sorry j'avais pas été notifiée de ta réponse !)

Cette peste commençait vraiment à faire fondre la patience de Yûji. La dernière fois qu’il avait haussé la voix sur quelqu’un, c’était quand il vivait encore en Corée du Sud et qu’il s’était énervé contre Kai. Mais c’était de l’histoire ancienne et cela remontait à très loin. Bref, garder son calme devenait difficile mais les années l’avaient rodé et il avait l’habitude de faire face à des gens têtus comme cette femme. Exécrable. Elle lui avait rétorqué sur un ton moqueur et provocateur qu’elle était touchée par sa considération mais qu’elle faisait cela par générosité. Yûji ne put retenir un vieux ricanement rocailleux et nerveux face à l’hypocrisie de cette personne. Avant qu’il n’ait pu riposter, elle avait repris la parole en soupçonnant un risque de danger lié aux rumeurs, si elles étaient fondées. Le professeur soupira d’agacement, et répondit froidement :

« Ne prenez pas vos rêves pour des réalités. C’est vous-même qui vous êtes estimée responsable de la sécurité des étudiants. Je n’ai fait que reprendre vos propres mots. »

Non mais c’était quoi son problème à la fin ? Il allait finir par la signaler pour harcèlement moral si elle continuait, il ne pouvait pas travailler en paix. Que des gosses ennuyés en quête d’une distraction s’amusent à propager des rumeurs stupides car ils fantasmaient sur les relations interdites entre un professeur et une étudiante, beaucoup véhiculées dans les mangas, était une chose, mais qu’un membre du personnel s’acharne autant sur ces rumeurs et leurs victimes le dépassait.

La tirade suivante de Melle Lee acheva de lui faire perdre patience. Elle insinuait désormais qu’il pouvait être du genre à profiter de son statut, et insistait sur le fait qu’il offre des cours particuliers seul à seule à une étudiante de sexe féminin. C’était incroyable à quel point elle pouvait lui taper sur les nerfs.

« Venez assister à l’un de nous cours si vous voulez tant confirmer ou non ces rumeurs. Mais surtout, ne me dites pas quand vous venez et épiez par la porte. Sinon vous allez m’accuser d’adapter mon attitude à votre présence. Et donc, si je donnais un cours à un jeune homme, ça poserait moins problème ? Que savez-vous de moi ? Peut-être suis-je gay. »

C’était risqué de balancer ce genre d’insinuation dans un pays ou l’homosexualité était un tabou pour un grand nombre de personnes. Mais bon, il était curieux de voir si Melle Lee était du genre binaire au niveau des orientations sexuelles. Parce que c’était ce qu’elle laissait entendre à travers ses propos acerbes.

« Sinon, vous retirez quel degré de satisfaction à provoquer votre entourage ainsi ? C’est un plaisir coupable ? »

Non vraiment, il savait qu’il y avait des personnes un peu spéciales, mais tout de même, apprécier semer la zizanie ainsi devait être une sorte de fantasme pour s’y adonner avec tant d’implication.

@Lee Sora

Cette conversation n’avait absolument aucun sens. La jeune femme prenait juste un malin plaisir à le provoquer et à titiller ses émotions jusqu’à ce qu’il craque, mais il tenait bon. Yûji restait une personne têtue et n’aimait pas perdre la face contre qui que ce soit. Il était du genre à chercher à avoir le dernier mot, par la même occasion.
Pourquoi ce rire franc lorsqu’il évoqua l’éventualité d’être gay ? Etait-elle homophobe en plus de tout cela ? En même temps, ce n’était pas si bien perçu d’être gay au Japon, beaucoup moins qu’en Corée du Sud où cela semblait mieux accepté. C’était du moins ce qu’il en avait déduit en y vivant longtemps. Et elle lui demanda s’il était gay.

« Vous ne pensez pas que vous vous immiscez d’un peu trop près dans ma vie privée là ? et jusqu’à preuve du contraire, non, je ne suis pas gay. J’illustrais juste un propos. Vous êtes vraiment 1er degré. »

Il soupira, perdant beaucoup trop de temps dans cette discussion. Temps qu’il devrait rattraper plus tard dans la journée ou chez lui. Quelle poisse. Mais elle ne se laissait jamais démonter elle non plus, niant son côté provocateur, en affirmant qu’elle ne lançait aucune rumeur mais qu’elle les récupérait à la source. Elle se permit même de lui suggérer de la remercie pour services rendus. Et puis quoi encore ? Pourtant, il répondit avec un sarcasme dont seul lui avait le secret :

« Je vous remercie infiniment, Lee-san, pour être aussi dévouée pour vos pairs au point de leur relayer les rumeurs qui les concernent. Vous êtes une sainte. »

Il leva les yeux au ciel, soupira et se leva en rassemblant ses affaires.

« Maintenant, si vous le voulez bien, je vais vous laisser retourner à votre véritable travail d’assistante administrative, et pas colportrice de ragots de bas étage. Notre conversation était des plus instructives mais l’heure tourne et mon prochain cours arrive bientôt. Belle journée. »

La dernière information était bien évidemment fausse mais cette femme lui sortait par les yeux au point qu’il n’avait même plus le cœur à travailler et qu’il allait partir prendre l’air dans la cour, en espérant qu’elle le laisse partir et lui fiche la paix.

(Je suis terriblement désolée du retard de réponse ! J'ai eu pas mal de galères cet été et j'ai trouvé un nouveau boulot et je n'avais pas le bon rythme pour rper, j'aurais dû poster une absence, j'oublie que tu n'es pas sur le discord où j'avais prévenu :(

Je te laisse décider si tu réenchaînes ou si on clôture, quitte à faire un nouveau rp plus axé dans la chrono actuelle du mois de novembre :D)