Bon bah finalement elle ne voulait pas de son super pouvoir. Indécise la meuf quoi. Mais la raison qu’elle avança fut assez légitime en fin de compte. Ouais, non, se taper les pensées perverses d’un gros tordu, merci mais non merci.

« Imagine en plus si c’est en HD. »

Il rit à son tour, incité par Moana. Elle le faisait rire de bon cœur, chose qui n’était pas arrivée depuis un moment. Comment ça Kenken était devenu un coincé du cul ? Ouais non faut pas exagérer mais le célibat le rendait un peu neuneu. Ou c’était le basket à force de se prendre des ballons dans la gueule ? on ne saurait pas le fin mot.

La conversation dériva rapidement sur Hawaï et bizarrement ça calma les pulsions du nippon concernant la jeune fille et son minois fort attirant. Enfin calma. Ca calma ses ardeurs physiques mais ça ne l’empêcha pas de balancer du tac au tac qu’ils iraient à Hawaï pour les fêtes de Noël. Il ne savait pas si elle l’avait pris au sérieux ou non, mais elle osa dire « même pas cap ! ». Fallait pas toucher à l’égo d’un Kenken sauvage voyons. Il se renfrogna un peu pour faire semblant d’être frustré ou vexé -ou les deux hein-, et rétorqua :

« Un capitaine ne refuse jamais un challenge ! T’as pas intérêt de prévoir quelque chose pendant les fêtes parce que tu devras tout annuler ! »

Elle s’était recommandé à boire, pour ne pas la laisser seule et pour rester dans cette folle ambiance, Ken reprit une bière également. Elle ne tarda pas à arriver et il descendit le quart de cette dernière d’un trait. Le temps qu’il repose le verre sur le comptoir, voilà que sa team du Basket rappliquait et qu’ils faisaient les malins parce qu’ils étaient saouls. Super, belle intervention les gars on se souviendra de vous vous êtes les meilleurs. Tellement bons que Ken les envoya paître sur la piste de danse, et on ne déroge pas aux ordres de son capitaine. Juste avant cela, Moana avait fait une blague sur le fait qu’elle préférait choisir le capitaine qu’un joueur lambda en riant. Il prenait note et il se vengerait de cet affront. Bon et apparemment selon ses dires ses collègues ne rentreraient pas seuls. Il les avait donc envoyés au bon endroit sans le savoir. Qu’il était bon ce petit.
Les garçons partis, Moana reposa son verre et lui demanda s’il était un dragueur. Fini le Kenken timide qui faisait de belles phrases. Elle l’avait cherché ? Elle allait le trouver.

« Pourquoi t’aimerais que je te drague ?

Et bim. Point partout, balle dans le camp de l’adversaire ? Non, ce fourbe récupéra aussitôt la balle pour poursuivre dans sa lancée :

« Et toi ? Tu as un faible sur le statut privilégié de capitaine ? Ca t’évoque quoi ? »

Une vie en 4K. Ken avait explosé de rire, vraiment leur connerie partait un peu trop loin, mais les pintes de bières qui s’enchaînaient n’aidaient en rien, surtout qu’avant de se faire aborder par Moana, Ken avait déjà pas mal de verres à son actif, il fallait l’avouer.

Bon, concernant Hawaï, elle avait répondu « chiche ». Cette fille avait l’air d’être une sacrée joueuse, et Ken était presque sûre que si le lendemain il débarquait avec deux billets à leurs noms pour Honolulu elle partirait à l’aventure. Le ferait-il ? Pourquoi pas, après tout chez les Anzai ce n’était pas l’argent qui manquait et s’il trouvait un prétexte à son père pour voyager, ça passerait peut-être. Il avait cédé à son caprice pour la France à l’époque après tout.

« Par contre si je veux réserver des billets d’avion, il me faudra plus qu’un simple prénom et une jolie bouille hein … »

A voir comment Moana interprèterait cette phrase, mais lui restait quelque peu pragmatique. Il ne pourrait pas réserver de billets sans connaître certains détails comme son nom, son âge. Une charmante manière d’en apprendre plus sur l’identité de la jeune fille. Parfois le destin nous mettait dans des directions plutôt intéressantes. En tout cas Ken ne regrettait plus d’être sorti.

L’interlude créé par ses amis de Basket fut épisodique et assez amusant en soi. Ils étaient bien trop bourrés pour emmerder Ken et Moana trop longtemps, et à partir du moment où ils avaient déniché des proies faciles pour aller draguer, il avait été terriblement simple de se débarrasser des parasites.

En revanche cela avait créé une nouvelle ambiance entre les deux nouveaux camarades, et Moana l’avait un peu taquiné en lui demandant s’il était un dragueur, ce à quoi il avait demandé si elle aurait souhaité qu’elle le drague. Il s’était attendu à une réplique cinglante de sa part, pourtant elle lui apporta un propos plus sérieux que le reste de ses paroles. Tout le monde aime ça quand c’est fait correctement. Elle marquait un point, ça avait un côté plaisant et flatteur après tout, d’être désiré par quelqu’un. Avant qu’il n’ait pu répondre quoi que ce soit, la jeune fille enchaîna sur le fait qu’elle se fichait des statuts – un bon point aux yeux de Ken – mais qu’elle avait également connu des capitaines coureurs de jupons et profitant de leur popularité, du coup elle doutait de la profondeur de la flatterie. Et conclut sur le fait que Ken était peut-être un capitaine différent des autres.
L’alcool commençait sérieusement à lui monter à la tête, et il commençait à être totalement déshinibé. Il se lança donc dans sa réponse :

« Ca me plaît ça, que le statut ne t’intéresse pas. Parce que c’est pas ça l’important. Et comme tu dis, c’est important de bien s’y prendre quand on veut draguer une fille ou un mec. »

Il sourit, et passa nonchalamment une main dans les cheveux roses de la jeune fille.

« Tu penses que je suis un coureur de jupons ? »

Les pensées qui l’avaient animé refirent brusquement surface, maintenant que la distance physique entre les deux était sacrément réduite. Et sans réfléchir, sans se demander si ce qu’il allait faire était une connerie ou non, il se pencha et l’embrassa furtivement. Il ne voulait pas lui forcer la main, et si ça l’intéressait d’en savoir plus elle saurait le lui faire comprendre. Cette fille avec son fort tempérament, son humour et sa franchise lui avait tout simplement tapé dans l’œil, et ça ne lui était pas arrivé depuis le collège. Il fallait en profiter. Même si d’ordinaire il était du genre à prendre son temps, la vie filait trop vite et il fallait parfois se lancer. Il se passa tout de même une main dans les cheveux, gêné de son geste mais content de l’avoir fait.

Cette fille n’en ratait vraiment pas une pour dire une connerie. Ca lui changeait clairement d’Hikaru qui était une personne timide, calme et discrète, ou des flirts qu’il avait eus à l’université mais qui ne l’avaient pas transcendé. Moana était haute en couleurs, n’avait pas froid aux yeux, avait du répondant et de l’humour à revendre. Sans doute était-ce parce qu’elle n’était pas née au Japon et qu’elle avait grandi à travers une culture différente, qui sait. Après tout, Hawaï faisait partie des territoires américains et bien que la communauté Japonaise soit assez présente là-bas, la mentalité, de ce qu’il avait entendu, était plus occidentale qu’asiatique.
Bon, elle lui avait fait une bonne blague quant à sa question sur son identité. Ca ne pouvait pas être si facile d’avoir les infos de quelqu’un de toute façon, et puis si elle lui avait donné cash toute son identité, il aurait trouvé ça étrange en vrai. Ses mensurations … Oh la la il n’en demandait pas tant -pas encore. Deviner ? Il devrait deviner ? Très bien.

« Vingt-trois ans, étudiante en arts, 85C ? »

Venait-il vraiment d’oser faire une blague sur les mensurations de la jeune fille, et plus précisément sur la taille de bonnet ? Non parce que si jamais Ken, les mensurations c’était aussi le tour de taille et d’épaules mais bon c’est pas grave, tu as raison focus sur ce qui t’intéresse après tout. Il pouvait se le permettre car il savait que là où une autre fille se vexerait et lui jetterait sa bière à la figure – ou son jus de fruits, car elle aurait été trop prude pour boire de l’alcool-, Moana rirait gorge déployée et lui rétorquerait un truc encore plus gros.
Ce que Ken se garda bien de dire, c’était que le fameux mois de décembre, la période de Noël, était aussi le mois de son anniversaire. Lui aussi comptait bien garder un peu de mystère, s’étant déjà pas mal dévoilé au final.

La suite, elle s’était déroulée très vite pour le coup. Ses collègues étaient venus l’enquiquiner un peu, abordant le sujet de la drague et orientant malgré eux la conversation des deux sur ce sujet. Bon, sujet épineux, et lui qui avait eu des pulsions étranges un peu plus tôt contre lesquelles il avait essayé de lutter car quand même ça craint d’embrasser une fille au bout de trente minutes de discussion. Mais elle l’avait provoqué, et il avait fini par craquer. Mine de rien un homme c’est faible, qu’on le veuille ou non. Un regard un peu aguicheur, des sourires en coin, des questions ambiguës, et paf il ne répondait plus de sa personne. Et Ken, restant un homme, n’échappait pas à la règle. Un baiser volé, discret, doux, et furtif. Témoignant de l’hésitation de Ken. Pas parce qu’il pensait que Moana n’était pas une bonne personne à embrasser, mais plutôt parce qu’il ne voulait pas faire un truc qu’il allait regretter parce qu’elle allait lui en vouloir par la suite. Après tout, elle était venue vers lui pour échapper au gros relou de service, il n’avait absolument pas envie d’endosser ce rôle ingrat. C’était juste qu’elle lui plaisait énormément sans qu’il ne puisse expliquer pourquoi c’était venu si vite, après tout un coup de cœur ça peut surgir à tout moment. Mais peut-être qu’il n’avait pas choisi le bon timing ? En tout cas, sa mine déconfite transpirait la gêne et l’embarras, de peur d’avoir fait une bêtise.

Heureusement pour lui, Moana sembla très bien prendre la situation. Leurs visages étaient si proches, leurs nez auraient pu se frôler. Il allait finir par loucher si elle se rapprochait trop, et il aurait l’air d’un con. Et en plus elle le taquinait encore, soulignant qu’il n’était décidément pas un coureur de jupons, et que selon elle ça faisait longtemps qu’il n’avait pas dragué. Ca se voyait tant que ça qu’il était redevenu aussi novice qu’un lycéen qui découvre la vie ou quoi ? il rougit légèrement, mais ne se laissa pas démonter. Mais il n’eut pas le temps de répliquer. Elle jouait avec lui, avec ses lèvres, avec sa patience, avec tout. Il frémit, parcouru d’un frisson grisant. Elle l’embrassa à son tour, de façon bien plus appuyée, expérimentée que lui. Et puisqu’elle ne semblait pas contre l’idée de ce contact physique, il prolongea ce baiser de manière plus intensifiée, bien décidé à lui montrer qu’il n’était pas si puceau qu’il laissait paraître, non mais.
Il ne sut pas combien de temps avait duré cet intense baiser, ce qu’il savait c’était que ça avait été la chose la plus agréable qu’il avait pu ressentir depuis des lustres. Ren allait être sur le cul quand il lui raconterait tiens. Il aurait pu recommencer toute la soirée, mais il fallait savoir faire durer le plaisir.
Il revint un peu à lui, réalisant la situation : une boîte de nuit, bruyante, des gens bourrés, de la bière, un sol collant d’alcool, ses collègues commères pas loin, des minettes prêtes à vendre leur âme pour ne pas rentrer seules, et Moana. Oui, Moana, devant lui, avec ses cheveux roses flamboyants.

« Maintenant ? Maintenant, on s’en va d’ici, et on va marcher un peu. Y a la rivière à Tama. »

Après tout ce tintamarre et cet ascenseur émotionnel, Ken avait besoin de respirer un peu d’air frais, surtout que l’alcool commençait à sérieusement lui monter à la tête. Ca faisait longtemps qu’il n’avait pas enchaîné les bières comme ça, et les Japonais étaient connus pour mal tenir l’alcool. Anyway.

« Et pour te répondre, je ne suis ni un coureur de jupons, ni un expert de la drague. Mais j’ai le mérite d’être sincère et de ne pas être un con. C’est toi qui l’a dit. »

Il rit, amusé, espérant que Moana le prendrait quand même un peu au sérieux.

Apparemment, Ken était un optimiste avec ses déductions à 100 yens sur le bonnet de la demoiselle aux cheveux roses. Ouais bon hein, les mecs n’avaient jamais été réputés pour s’y connaître en taille de soutien-gorge. Ils savaient les dégrafer et se plaindre que le système d’armature était super chiant au passage, mais par contre deviner les tailles, fallait repasser hein. S’il rit de bon cœur à sa première réponse, il rougit à la suivante, quand elle lui avoua sa véritable taille de bonnet. Il n’avait pas vraiment besoin de le savoir mais disons qu’au moins la glace était brisée hein.
Mais il n’avait pas eu le temps de se préoccuper bien longtemps de la poitrine de mademoiselle Moana car il avait décidé de s’occuper d’autre chose à la place : ses lèvres rosées, douces et agréables au contact. Il en était tout électrisé. Et s’il s’était montré timide et prudent, de peur de la brusquer ou de paraître offensant ou d’en faire trop en même pas une heure, la demoiselle se montra bien plus téméraire et lui rendit un baiser des plus passionnées, comme il n’en avait pas reçus depuis un bail, après l’avoir taquiné un peu. Quel moment grisant, vraiment.
Mais on ne va pas se mentir, lorsque leurs lèvres se détachèrent finalement pour qu’ils retrouvent une distance décente entre leurs visages, il n’y avait pas plus gêné que Ken. Quel con il avait été d’embrasser une fille qu’il connaissait depuis 30 minutes tout au plus, elle allait le prendre pour le dernier des connards … Et pourtant non, elle semblait sereine, voire même amusée de la situation, soulignant le fait qu’il n’était pas des plus expérimentés. Oh, il fut une époque où il se démerdait plutôt bien mais le célibat de longue durée avait fait qu’il avait un peu rouillé. Mais c’était comme le vélo, ça ne s’oubliait pas. Et s’il restait un homme avec ses pulsions et ses envies qui venaient d’affluer partout dans son corps, il sut garder la raison et opta pour l’option « prendre l’air » afin de faire redescendre toute cette tension sexuelle qui gravitait autour d’eux.

Elle ne semblait pas contre l’idée d’aller prendre l’air, il fallait bien sortir de toute cette ambiance trop festive pour lui. Alors qu’ils marchaient côte à côte, il avait brisé le silence en lui expliquant que non il n’était pas un coureur de jupons et qu’il n’était pas trop con non plus. Moana lui assura que ce n’était pas un reproche, ce qui eut pour effet de le faire sourire, et elle enchaîna en avouant que c’était plutôt cool de tomber sur des mecs « comme lui ». Il ne savait pas ce que « comme lui » pouvait bien signifier aux yeux de la belle aux cheveux roses, mais il prenait ça pour un compliment.

« Bah si c’est cool, c’est pas moi qui vais te contredire alors. »

La conversation était sans doute trop sérieuse pour la jeune femme puisqu’elle recommença ses boutades. Elle ne pouvait donc jamais s’arrêter, Ken trouvait cela amusant. Il sourit à sa bêtise, et rétorqua en riant :

« Franchement tu serais surprise de savoir toutes les maladies que tu pourrais choper en faisant un bain de minuit dans la rivière Tama ! Pour un bain de minuit, il vaut mieux aller à Hawaï non ? »

Encore cette allusion, il allait finir par l’emmener à Hawaï à Noël pour de bon s’il persistait dans sa connerie. Puis contre toute attente, la jeune fille se retourna pour lui faire face et se mit à marcher à reculons. Surpris, il ouvrit la bouche pour dire quelque chose mais elle lui demanda de la prévenir s’il y avait un poteau, ce qui lui laissa une tête de poisson hébété l’espace d’un instant. Bon, elle était vraiment tarée, mais il la trouvait géniale. Et son enthousiasme fut coupé net par la question de Moana. Ah, c’était le timing où on parlait des exs, c’est ça ? Restant muet un instant, continuant d’observer la jeune femme qui reculait alors qu’il avançait, le pas léger, il finit par répondre d’un ton neutre :

« Ma plus longue relation a commencé en milieu de lycée et s’est terminée en plein milieu de ma seconde année de fac. Que j’ai redoublé. »

A cause d’elle … Ne put-il se résoudre à avouer, ne voulant pas passer pour l’amoureux transi et le loser de service. Oui, il avait été dévasté par la rupture imposée par Hikaru alors qu’elle se trouvait en France. Elle n’avait même pas eu le cran de revenir lui dire au revoir au Japon, et ça l’avait détruit. Il n’avait plus jamais été capable d’avoir une relation sérieuse après ça, se contentant de coups d’un soir ou deux occasionnellement pour passer le temps et assouvir ses pulsions masculines.

« Puis après je n’ai jamais rien eu de sérieux. Parce que j’y croyais plus. »

Jusqu’à quel point il devait se dévoiler ? Il n’en savait rien. Mais s’il avait appris une chose, c’était que quand on était gêné par une question, il fallait renvoyer la balle.

« Et toi alors ? As-tu eu une vie amoureuse plus palpitante que la mienne ? »

Maintenant qu’ils étaient dehors, l’air frais pouvait faire son effet et dissiper doucement les effluves de l’alcool. Bon, Ken n’avait pas énormément bu, mais juste assez pour être énergique, décontracté et plus entreprenant. La preuve, il avait embrassé la fille aux cheveux roses sur un coup de tête. Il ne regrettait absolument pas son geste mais peut-être qu’il avait mis la charrue avant les bœufs. Il fallait avouer qu’il n’avait ni réfléchi à son acte, ni à leurs conséquences. Mais mine de rien, elle lui avait rendu son baiser, et ils étaient maintenant en train de se balader du côté de la rivière. Moana avait d’ailleurs saisi l’occasion de faire une blague sur les bains de minuit, ce à quoi le jeune basketteur avait rétorqué que ce serait mieux à Hawaii. Il allait finir par regretter de faire l’intéressant. La jeune femme lui avait fait remarquer qu’elle allait finir par attendre qu’il l’emmène pour de vrai.

« Dans le doute, tu ne devrais rien planifier pendant les vacances d’hiver alors. On ne sait jamais ! »

Il plaisantait en souriant, mais qui sait de quoi il était capable en fonction de l’évolution de leur relation. Au vu des finances familiales, ce n’était pas un obstacle que de payer des billets d’avion au dernier moment, mais il n’avait pas spécialement que Moana le voie comme un gosse de riche et fils à papa, ce qu’il n’était absolument pas. Franchement, il avait mieux à faire, comme se faire repérer au prochain match de Basket.

La discussion dériva sur les premières amours du jeune homme. Pris au dépourvu, il ne sut pas tout de suite comment répondre et quoi dire. Des choses à raconter, il y en avait plein, mais les souvenirs étaient encore douloureux, une part de lui était encore attachée à Hikaru, mais il avait décidé d’aller de l’avant. En revanche, il ne connaissait pas Moana depuis assez longtemps pour tout lui déballer. Il était donc resté relativement sobre dans son dévoilement, mais avoua qu’il n’avait jamais eu de relation sérieuse depuis celle du lycée qui s’était mal terminée. Il en avait énormément souffert, et le simple fait d’en parler ravivait la douleur. Son ton avait changé, il avait décuvé aussi sec, et il était redevenu le Ken sérieux l’espace d’un instant. L’atmosphère devenait légèrement pesante, et le resta puisqu’il eu la merveilleuse idée de lui retourner la question. Il voulait un peu savoir à quoi s’attendre avec elle. Etait-ce encore une de ces filles qui allaient le mener en bateau, en lui faisant miroiter de belles choses pour le laisser tomber ensuite pour l’ambition professionnelle ?
Mais apparemment, elle n’était pas mieux lotie que lui. Une histoire qui s’est mal terminée, et l’incapacité de croire à l’amour comme lui. Bah ils étaient pas sortis de l’auberge avec ça.

« Je vois. On en est rendus au même point au final. »

Il avait hésité à s’excuser pour le baiser, elle avait sans doute dû penser que c’était un coureur de jupons qui voulait passer le temps vu le passif de ses relations. Mais il se ravisa, se souvenant juste à temps qu’elle avait souligné le fait qu’il n’avait pas l’air d’un pervers profiteur. Il voulait que Moana reste sur cette image de mec bien qui ne fait pas –trop- n’importe quoi.
Cette dernière changea d’ailleurs de sujet et il lui en fut reconnaissant, les sujets d’amour n’étant pas son fort.

« Oh, en dehors des cours, je passe le plus clair de mon temps sur le terrain de Chûô à m’entraîner avec l’équipe. C’est une année décisive pour moi, je suis censé être en pleine recherche d’emploi mais comme j’ai bon espoir d’être repéré par un manager, j’ai dit à mes parents que je poursuivrai en master comme ça je ne suis pas concerné par la recherche. Il y a pas mal de matches importants à venir, donc je ne dois pas relâcher mon attention. Il faut que je sois vigilant sur plein de choses : la pratique intensive du basket, une bonne alimentation, des heures de sommeil raisonnables … »

Il marqua une pause, remarquant qu’il était devenu très bavard tout d’un coup. Mais une fois lancé sur sa passion, on ne l’arrêtait plus.

« Tu n’as qu’à venir au prochain entraînement ou même au match, pour te faire ton propre avis ! »

Il avait lâché cela comme ça, mais au fond il serait content qu’elle fasse le déplacement. Surtout depuis qu’il savait qu’ils fréquentaient la même université. Il savait qu’il aurait plein de prétextes pour la revoir, même sans arrière-pensée. Elle était sympa, drôle, énergique, et elle apportait un souffle neuf à son quotidien très routinier.