Ce soir, personne au QG et ça , Sarawa n'aimait pas. Le silencieux tortueux qui vous fait tourner en rond comme un poison qui bousille lentement votre organisme, comptant vos jours sur un ultimatum d'agonie lente, à savoir combien de temps vous allez survivre sans toutes ces bouilles que vous aviez l'habitude de voir . On pense souvent qu'un être violent peut être pire qu'un être calme, mais c'est faux. Une vie violente est habituelle , on se prépare à ce que chaque moment ne soit qu'un obstacle de plus. En revanche quand elle est calme, et que l'obstacle arrive, le contraste rend l'acte dix fois plus violent. Sawara avait eu l'habitude de ce bordel, de cette effervescence, de ce chaos régulé par la féminité, l'innocence, les querelles, le tout avec un parfum d'illégalité si habituel qu'il en paraissait relaxant... et d'un coup ... certains soirs, plus rien. Quand il poussait cette porte et que rien ne bougeait derrière... il la refermait direct et faisait demi-tour. Dans ces moments là, ses semelles n'avaient jamais fait autant de bruit dans les escaliers pleins... trop de silence.
Ce soir avait été de ceux-là, alors il avait sorti son portable et envoyer un message à Sakura pour savoir si elle voulait bien bouffer avec lui. Oui, il était presque minuit, mais il avait faim et plus que tout, il n'avait pas envie de cette solitude. Elle était celle qui l'avait toujours soutenu, même s'il voulait qu'elle se trouve un homme qui puisse la rendre heureuse, elle avait une importance irremplaçable pour lui. Sa soeur, plus encore, une ame-soeur. Le genre qu'on ne peut pas expliquer. Il pouvait tout lui accorder, mourrait pour elle même s'il fallait. Pour autant il n'y avait rien de sexuel. Oh elle avait bien tenté dans les premiers temps, il y a une dizaine d'années, mais elle était jeune, perdue et libérée... elle s'était calmé et il lui avait fait comprendre qu'il ne pouvait rien lui offrir comme avenir, qu'il voulait mieux pour elle et ça s'était dirigé sur autre chose, d'étonnamment plus fort. Et il en avait besoin. Depuis que Yoon avait quitté les lieux, il se surprenait à trouver ça chiant. Il n'y avait que quand il revenait tous que ça allait mais c'était devenu insuffisant... Sarawa était en manque de ses enfants perdus. C'était bien quand ils étaient plus jeunes, plus dépendants de lui mais d'un autre coté, il était fier qu'ils s'en sortent eux qui n'étaient voués qu'à ramper au sol à cause de parents indignes...
Alors ce soir, il en était arrivé à en quelque sorte mendier la compagnie de sa soeur... Forcé de constater qu'il était diablement seul.. comme avant. C'était mieux comme ça s'il risquait de passer l'arme à gauche. Ils sauront se débrouiller sans lui. Sakura lui avait répondu rapidement, alors sans traîner, un second casque au bras, il avait rejoint le point de rendez-vous. Elle n'y était pas encore. Quand il la voit enfin sortir, ce n'est pas sans constater que trois type se greffent à sa venue. Dans un coin, garé et silencieux, le Rai observe, stoïque. Il attend de voir ce qui va se passer, si elle est capable de se débrouiller toute seule. Une part de lui espère que oui tandis qu'une autre espère aussi qu'elle aura besoin de lui. Mais qu'est-ce qui va pas chez lui putain! Son visage se refroidit peu à peu, au fur et à mesure qu'ils deviennent entreprenants et bien que sa petite Wendy ne se laisse pas faire, c'en est trop. La main sur ses fesses est la goutte. Il se lève de son engin, s'avance, les casques le long d'un bras. Sakura tient à ce qu'il soit poli. Bien. Et avenant. Bien. Il s'efforce de sourire sympathiquement et tapote gentiment sur l'épaule d'un des types. "Excuse-moi..." Le gars envoie sa main balladé. Déjà, rien que ça, ça frole la décapitation dans l'esprit du Rai, mais il persévère. Sakura y tient. Deuxième tentative, un peu plus forte de voix. "Je voudrais vous emprunter ma soeur..." Sans déconner, il a vraiment dit ça? Et l'autre se retourne et le pousse en arrière. "Dégage! mon cul que c'est ta soeur, et si c'est ta copine, bah ça l'est plus! On te la rend après ok, branleur!" Comme dirait Yoon quand un ordi plante, bug. Peter-pan-error-404. Une seconde. Deux secondes. Connexion. Sarawa ferme les yeux se massant le haut du nez... murmurant..."fais des efforts qu'elle dit..." Et ils n’arrêtent pas pour autant. Trois secondes. Sa main tombe sur l'épaule du gars qui l'a insulté et le casque de moto percute de plein fouet la joue et le nez du type dans un craquement sinistre, l'envoyant au tapis, sous le regard sec du motard, qui laisse retomber le casque le long de sa jambe, jetant un oeil ensuite à Sakura. "Hey... j'ai été poli... ça marche pas ton truc, je te l'avais dit." Il s'avance , laissant les deux autres un peu perplexe, pantois, perdus, tout ce qu'ils veulent alors que le troisième comate par terre à loucher sur son nez pété. Qu'il s'étouffe tiens. Il l'enjambe et passe sa main dans celle de Sakura, souriant de nouveau aux deux autres. "Vous permettez, je repète ma requête, je vous emprunte ma sœur. Merci bien." Voilà. Ça c'est fait, et il a été poli. Presque. Entrainant Sakura derrière lui, il est néanmoins grognon maintenant. Ils ont quoi tous à vouloir la plotter comme ça! Est-ce qu'il le fait lui? NON! Ça devrait etre interdit.
clothes + Adossée au mur d’une ruelle, Sakura regardait la nuit tomber sur la ville. L’obscurité venait s’étendre le long des ruelles, laissant les éclairages comme seuls points de repère pour ceux qui s’aventuraient dehors la nuit. L’obscurité ne faisait pas peur à la jeune femme, elle avait trainé dans la rue dès son plus jeune âge, de jour comme de nuit, se familiarisant avec ce monde aux règles si spéciales. Être une femme aurait pu lui compliquer la vie, mais elle savait se faire respecter même si physiquement elle n’en avait pas l’air. Après tout Sarawa lui avait appris à se défendre et elle n’avait pas sa langue dans sa poche quand il s’agissait de répondre à certains malotrus. Son téléphone vibra et à la lecture du message de Peter, elle jeta un œil à l’heure. Bientôt minuit, elle n’avait pas mangé non plus. Elle lui répondit dans l’immédiat et rangea son téléphone. Pas besoin de lui dire où elle travaillait, c’était lui qui gérait leurs quartiers. Ça ne l’étonnait pas qu’il n’avait pas mangé et elle nota mentalement de l’engueuler comme un enfant. Ah dès qu’elle n’était pas là à lui envoyer des messages pour lui rappeler de manger un morceau, il ne le faisait pas. Elle allait finir par le retrouver déshydraté un de ces jours. Une raison de plus pour lui tirer les oreilles. Qu’est-ce qu’elle ferait sans lui, hein ? Il était toute sa vie, il l’avait sauvé alors qu’elle n’avait plus rien, alors qu’elle était perdue, totalement perdue. Elle n’osait pas demander de l’aide à Ren qui avait oublié leurs promesses d’antan et son père était sorti de prison, faisant travailler sa mère comme une acharnée, à un point qu’elle ne la reconnaissait plus. Elle aimait Sarawa d’un amour inconditionnel malgré son caractère de merde, malgré ses embrouilles toutes plus dangereuses les unes que les autres. Parce qu’il avait été celui qui l’hébergeait quand le soir elle n’osait pas rentrer chez elle à cause du travail de sa mère, parce qu’il avait été celui qui la nourrissait quand elle ne mangeait pas à sa faim à la maison, qui la laissait dormir avec lui alors qu’elle était plus que collante et qu’elle se retrouvait bien souvent à dormir sur lui. Mais l’ambiguïté entre eux n’existait pas. C’était ça la famille.
Quittant son quartier attitré pour dealer, elle rejoignit à pieds le point de rendez-vous qui n’était qu’à deux pas. Sauf que, bien entendu, une fille qui se balade seule, ça attire. Ça attire même beaucoup. Elle passa devant trois garçons qui était accoudés à un mur, la tête haute et le regard fixé droit devant, ne les calculant même pas, contrairement à eux. « Eh poupée, vas pas si vite, attends-nous. Tu vas où comme ça ? » lança un des mecs alors que les trois vinrent l’entourer, marchant à sa hauteur. Rejetant ses cheveux en arrière, Sakura lui jeta un bref regard. « Pas chez toi en tout cas. » répliqua-t-elle, faisant rigoler ses copains. Mais elle se doutait qu’ils n’allaient pas lâcher l’affaire. Faites qu’elle s’en débarrasse avant que Sarawa arrive, sinon elle ne donnait pas chère de leur peau. « Tu dis ça parce qu’tu m’connais pas, j’te jure qu’j’suis un bon coup, et avec mes potes on t’fera vivre ta meilleure nuit. » ajouta-t-il. Elle se demandait bien si certaines filles trouvaient ce genre de phrases attirantes. Le garçon devient plus tactile alors qu’il passa son bras sur ses épaules, l’attirant à lui. « T’en dis quoi hein ? Prête à grimper aux rideaux ? » Sakura lui fit un grand sourire poli et vient retirer sa main de ses épaules, se dégageant. « Désolé, mais vu ton gabarit, j’doute que tu m’fasses quoi qu’ce soit qui m’permette de prendre mon pied, maintenant dégage et allez-vous satisfaire mutuellement avec tes potes. » renchérit-elle, agacée. Un des mecs derrière elle se rapprocha et vient lui mettre une main aux fesses. Ah bah, ça elle s’y était attendu. « Oh soit pas frigide ma mignonne, suis-nous. » dit-il alors qu’elle sentie qu’on tentait de l’attirer dans la ruelle adjacente.
Alors qu’elle était à deux doigts d’envoyer une torgnole et un coup de pied bien placé, elle entendit une voix bien connue intervenir. Bon bah, RIP les gars. Sakura releva la tête alors que le premier mec dégageait la main de Sarawa, qui ne se laissa pas décourager. Oh, mais c’est qu’il était poli, quelle fierté. Ça faisait plaisir à entendre. En tout cas les mecs ne semblaient pas vouloir la lâcher, frère ou pas dans les parages. « La politesse, les gars. » souffla-t-elle en levant les yeux au ciel. Il n’en fallu pas plus pour qu’un des types se fassent violemment écarter d’un coup de casque de moto en pleine tête. Outch ça avait craqué. Sakura regarda Peter qui s’adressait à elle. Elle haussa les épaules. « Qu’est-ce que tu veux, y en a qui sont débiles. Mais c’est bien d’avoir essayé. » ajouta-t-elle en souriant alors que les deux autres lascars semblaient effarés par la scène, reculant d’un bond. La jeune femme leur jeta un regard alors que sa main retrouva celle de son frère. « Salut les gars, à la prochaine hein ! » lança-t-elle en faisant un signe de main avant de suivre Sarawa qui semblait grognon, l’entrainant jusqu’à sa moto. Arrêté devant la bécane, la jeune femme lui lâcha la main pour venir se mettre devant lui. « Bon, dis-moi, je suis trop sexy c’est ça ? Pourtant j’fais des efforts quand j’m’habille, même pas de robe en plus, c’est fou ça ! » s’exclama-t-elle alors qu’elle se détaillait. Ah les hommes. « Heureusement que tu n’as pas entendu ce qu’ils m’ont dit, tu ne les aurais pas laissé filer comme ça. » dit-elle en riant. « Mes pauvres oreilles siiiii chastes. » plaisanta-t-elle avant de se rapprocher et de pointer son index vers lui, mécontente. Elle était comme ça Sakura, un coup elle rigolait et la seconde suivante, elle venait vous laminer. « Dis donc, comme ça se fait que t’as pas mangé hein ? » le gronda-t-elle. « La prochaine fois, t’es privé d’moto. » ajouta-t-elle en croisant les bras.
Comme ça, à la prochaine? Comment ça à la prochaine? Mais non, jamais oui. Elle comptait les revoir? Il aurait peut-être du leur péter les dents pour de bon à ces cons. Il n'était pas super zen aujourd'hui. Dejà qu'il l'était peu en temps normal, mais avec ce qui s'était passé avant hier avec Fox, c'était compliqué de penser à autre chose et encore moins à rester calme. Et voilà pas qu'elle se plante devant lui pour lui parler de son apparence. Son attitude. Sexy ? Il lui demandait bien si elle était trop sexy? Mais on demande pas ça à son frêre! S'il répond, il va passer pour un mec pas net et s'il répond pas il va la vexer. Il baisse les yeux après avoir jeter un oeil sur sa tenue qui est correcte. Pire, s'il ose lui dire un genre de "non ça va..." c'est une fille, donc elle va croire que c'est un "non t'es moche aujourd'hui..." ou je ne sais quoi d'autres et ça partirait en cacahuète. Et Sarawa il avait pas franchement s'y prendre avec les gonzesses, même si Sakura commençait à savoir le déchiffrer avec le temps mais il la plaignait, il n'était pas facile. Peut-être qu'elle aussi ne l'appréciait pas et qu'elle pensait qu'il se servait d'elle, comme son père s'était servi de sa mère, mais que vu qu'elle était plus forte, elle ne disait rien et acceptait? Ou bien etait-ce du renoncement ou le syndrome de Stockholm? Bah merde alors, si c'était ça, c'était moche, il n'avait pas provoqué ça quand même. Et voilà qu'elle en rajoute, alors il lève les yeux en l'air, posant ses mains sur ses hanches, remontant en partie son blouson de cuir noir ouvert et expire pour se contenir.
"Tu veux que j'y retourne c'est ça? Après tu te plains que je sois violent mais tu fais tout pour que je retourne leur éclater la tete." Il la fixe en plissant les yeux avant d'enfourcher la moto et lui tendre son casque. Bien sûr qu'il fuit son engueulade, elle pose une question qui a pas de réponses. Aujourd'hui, il n'a pas qu'une seule raison pour ne pas avoir manger. Mais la seule qu'il trouve à lui sortir en la laissant s'installer, c'est... "J't'attendais." Oh le beau mensonge. Est-ce qu'au moins il va manger , même avec elle? Privé de moto? Parce qu'elle croit qu'elle peut vraiment le priver de son monstre? C'est la seule chose qui lui permet de vibrer un peu, même s'il a failli se foutre en l'air plus d'une fois avec. Il démarre la moto et l'emmène là où ils ont l'habitude d'aller quand on a un petit rendez-vous. Sakura doit se douter que quelque chose ne va pas. Il a fait l'effort d'être poli, il suit son regard, ne lui lance pas de piques taquines, ne lui fait pas de calin ou ne vérifie pas si elle va pas bien. Il ne sait plus quoi faire en réalité, il est perdu mais il essaie de faire comme is tout allait bien. Malheureusement pour lui il est nul à ça, ayant toujours proné la franchise envers les siens. Quand il arrie à bon port, il la laisse descendre, et prend son casque pour tout attacher au guidon et la quitte à son tour se retrouvant face à Sakura, mais une fois de plus, il fuit ses yeux et la prend par la main, direction le restaurant, peinard. Il lui ouvre la porte et la suit. Ça va être compliqué de cacher son malaise plus longtemps mais en réalité, il n'a pas demandé à Sakura de venir manger avec lui parce qu'il se sentait seul. Enfin pas que ça. Il a besoin de savoir.
clothes + Dire qu’avant, il n’aurait même pas daigné leur adresser la parole. Il se serait contenté de leur faire regretter d’être né avant même qu’ils ne comprennent ce qui leur arrivaient. Mais Sakura avait insisté auprès de Sarawa, un peu de politesse ne faisait de mal à personne. Bon, dans le cas présent, ça n’avait pas eu l’effet escompté, mais des malpolis il y en avait partout. Alors Sakura attendit sagement tandis que les deux compères du pauvre mec à la mâchoire brisée sur le bitume s’étaient prudemment écartés d’elle. Bonne initiative les mecs. Peter vient l’attraper par la main pour l’emmener loin de ces malotrus et la jeune femme leur fit un petit signe de main avec un sourire. Allez, sans rancune hein ? Sarawa lui semblait grognon, du moins plus que d’habitude. Sakura sentait que quelque chose n’allait pas, mais décida de ne pas l’attaquer de front directement. Elle avait une âme après tout. Arrivés à sa moto, la jeune femme s’écarta légèrement pour lui demander son avis sur sa tenue. C’est fou ça, elle s’était pourtant habillée plus que correctement, mais il y avait toujours un homme pour tenter d’aller voir ce qu’il y avait en dessous. Elle sentait à son regard que la question n’était pas la bienvenue. Le garçon n’osait pas s’aventurer sur ce terrain et la demoiselle souffla, dépitée. « La prochaine fois j’irais toute nue. » dit-elle juste pour obtenir une réaction avant de sourire, amusée.
En tout cas, ces garçons l’avaient échappé belle, Sarawa n’aurait certainement pas été aussi sympa s’il avait entendu tout ce qu’ils lui avaient dit sur le chemin. Sakura regarda son frère et prit une mine offusquée, limite choquée par ce qu’elle venait d’entendre. « Moi je me plains ? Je ne faisais que t’expliquer le contexte. » se défendit-elle, une main sur le cœur, avant d’ajouter : « Et laisse-leur leurs têtes, voyons, déjà qu’il n’y a rien dedans… » . Alors que son chef montait sur sa moto, Sakura ne comptait pas oublier de l’engueuler pour ne pas avoir mangé aujourd’hui. Qu’est-ce qu’il deviendrait si elle n’était plus là pour le lui rappeler hein ? Le menaçant du bout du doigt, elle haussa un sourcil à son excuse avant qu’une moue ne vienne se former sur ses lèvres. « Ton nez Pinocchio. » lança-t-elle en secouant la tête avant de prendre le casque et de grimper derrière lui. Passant ses bras autour de sa taille, elle posa sa tête contre son dos le temps du trajet. Il n’était pas comme d’habitude, elle le sentait, elle le voyait. Elle le connaissait bien depuis le temps. Qu’est-ce qu’il s’était passé ? Une fois arrivés devant le petit resto habituel, la jeune femme descendit de la moto, lui rendant son casque avant de l’observer le temps qu’il s’occupait d’attacher le tout. Restant néanmoins silencieuse pour l’instant, elle remarqua la fuite habile de son regard alors qu’il passait à côté d’elle, se contentant de prendre sa main pour l’entraîner vers le restaurant.
Passant la première, Sakura salua la serveuse derrière le comptoir. Il n’y avait pas foule, en même temps vu l’heure. Elle s’avança vers une table et s’assit sur la banquette, laissant son frère prendre place en face d’elle. D’un geste souple, elle attrapa le menu et regarda rapidement ce qu’elle allait manger avant de laisser son regard glisser sur Sarawa. La serveuse vient récupérer leurs commandes et alors qu’elle s’éloignait, Sakura posa son menton sur ses mains, fixant Peter. « Bon, tu comptes bouder encore longtemps ou tu vas me dire ce qui se passe ? Et si t’oses mentir, je te fais manger le menu. Je vois bien que ça ne va pas. » dit-elle en le regardant droit dans les yeux. Son bras s’étira, permettant à ses doigts d’attraper le menton du garçon pour lui redresser la tête, comme lui avait l’habitude de faire quand on ne le regardait pas. « Et on me regarde. » bougonna-t-elle.
Sortir toute nue ? Il allait lui donner du gaz. Si jamais elle osait, chose qui n'arriverait pas il le savait, elle ne l'aura jamais vu aussi fâché. Mais au fond,il sait qu'elle ne le fera pas, elle veut juste son attention et il sait que ce soit, il n'est pas le meilleur des calinateurs. On ne critique pas l'invention du mot. Il devait avouer que ça lui faisait du bien de voir la belle, que son petit jeu théâtral prêtait à sourire. Il n'y avait qu'elle pour générer un pareil chaos en lui, du moins pour le moment. Elle le connaissait par cœur , bien avant l'arrivée des autres et les années n'avaient rien arrangé à l'affaire, et aujourd'hui pareil à deux jumeaux, ils n'avaient même pas besoin de se parler parfois pour se comprendre. Justement, s'il n'y avait rien dans leur tête, ce n'était pas si grave s'ils les perdaient si ? Elles ne leur servaient plus et comme avait toujours dit son père, quand quelque chose ne sert plus à rien, débarrasse-t-en , une vie c'est pas assez long pour la gâcher avec du superficiel ou de l'inutile. Bien entendu, il ne comprenait pas les individus dedans.
Et son nez allait très bien. Il était sincère aussi quelque part, il l'attendait un peu parce que de toute façon, seul il n'aurait pas mangé. Il voyait l'opération à risque arriver à grand pas, et la peur de ne pas en revenir, il restait juste un homme après tout mais il ne dirait rien. Et il y avait ce problème avec Fox aussi. Enfin un peu tout , c'était compliqué l'équilibre du groupe en ce moment. Ils grandissaient tous et il perdait lentement la main mise sur eux. D'un coté, cela voulait dire qu'ils étaient prêts à prendre leur envol et qu'ils avaient fait du bon boulot avec Sakura, mais même elle, elle allait partir un jour. Il savait qu'un prétendant sérieux lui tournait autour mais ça non plus il ne lui dirait pas , pas pour l'instant. Quand elle est monté sur la moto et s'est collé contre lui, serrant ses bras, l'espace d'un instant il s'est senti moins seul. Toujours très entouré, et pourtant... quand on gère un business ou une famille, on est souvent bien seul dans ses décisions, et dans les noirceurs qu'on ne veut pas imposer aux autres.
Au restaurant, Sarawa emboîte le pas de sa sœur de cœur, se frottant la gorge par habitude, geste aussi banal que d'aller pisser le matin. C'était pas mal ces petits cafés restau qui restaient ouverts la nuit, ça permettait à ceux qui avaient une vie différente du commun des mortels comme lui de trouver un reconfort aux pires moments de la nuit par exemple et aussi de passer un moment agréable avec ceux qui vivaient comme monsieur tout le monde chaque jour durant. Il la suit jusqu'à une table et vire son blouson , avant de s'asseoir en face, un peu silencieux. Un sourire vers la serveuse qui connait bien Sarawa, mais il n'en fait pas plus, Sakura n'a pas besoin de savoir qu'un jour, elle a été dans son lit. Il a vraiment une morale douteuse parfois, c'est vrai... heureusement que ses poches ne savent pas la moitié de ses écarts de conduite, sinon il pourrait changer de planète. Il ne regarde pas le menu, il sait ce qu'il veut, il se contente juste d'observer les deux nana qui tournent autour de sa moto dehors. Eh , on touche pas. Elles finissent par s'éloigner au moment où Sakura l'interpelle, et il la regarde, sans comprendre. Un peu perdu dans ses pensées. « Mm ? Je boude pas, t'as vu ça où ? » Il regarde vaguement le menu et l'imagine lui coller dans la tronche et forcer pour que ça rentre sans y arriver, un peu comme une enfant qui essaie de plumer une poule mais qui se fait traîner par la poule partout. Ça lui tire un léger sourire, et baisser les yeux pour jouer avec une paille qui trône dans un récipient avec ses jumelles. « je crois que j'ai un problème avec Fox... et d'autres petits soucis, qui risquent de prendre un peu trop de place à mon goût. Et je n'ai pas envie que ça vous affecte. » qu'il dit naturellement. Il ne peut pas lui mentir de toute façon, ce n'est pas dans sa politique, et il a besoin de l'avis de quelqu’un. La serveuse revient avec un verre d'alcool bien chargé pour Sarawa qui lui a fait un signe discret en rentrant. Ils ne sont pas loin du QG au pire, ils rentreront à pied, mais il a besoin de lacher prise. « Tu veux quoi ? C'est pour moi ce soir. » Des fois que ce serait le dernier soir, on ne sait pas. Il veut lui donner le maximum avant de faire la grosse connerie, qu'on appelle aussi engagement foireux.
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