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Sarawa & Jaeyoon


Il l'a fait. Pour Tee. Pour sa mère. Il l'a fait. Il n'y a qu'en tenant ce rôle qu'on se rend réellement compte de la difficulté d'être grand frêre. La responabilité que cela implique, même en dépit de la colère, de la haine, de l'incompréhension, de l'immaturité et des choses injustes qui puissent lui être repprochés, un ainé se doit de tenir, d'honorer les principes qu'il défend, de protéger ses cadets avec une ferveur que seul lui peut comprendre. C'est vrai que Sakura lui a déjà repproché bien des comportements, ou des prises de risque. C'est vrai que Tee ou que Wolf sont débrouillards, mais ils ont encore tant de choses à apprendre. C'est vrai qu'il ne peut pas tout faire et qu'il est encore jeune. Et après l'eventrement sentimental qu'il a du écopé de Fox, il comprend à quel point avoir ce rôle est injuste. Il suppose qu'être père doit être tout aussi dur. Devoir prendre des décisions sans s'attendre à être compris. Il devrait remercier ses enfants perdus. En très peu de temps, ils lui ont permis de faire un pas de géant en maturité relationnelle. Ses hommes y ont vu le changement, à se demander qu'est-ce qui s'était passé de si terrible en trois jours. Parce que Peter n'est pas du genre à parler de soi, il est là pour les autres parce qu'au fond, il n'y a rien de si interessant dans sa propre vie. Il a du mal à être égoiste. Il subit la vie, il la subit juste, l'encaisse et en oublie un peu trop de vivre pour lui-même depuis dix ans, toujours dispo pour les autres. Certes il met de coté mais n'a jusque là fait aucun projet. C'estun peu dramatique à presque trente piges... mais quelle importance. Il a pris un engagement en fournissant l'argent nécessaire pour la mère de Teerawat, il doit faire cette transaction, il doit être là pour Jinsu, le fils du meilleur ami de son défunt paternel, en souvenir du bon vieux temps ou peut-être pour sceller la relève de la nouvelle génération. Les flics ont du mourron à se faire mais Sarawa hésite encore à replonger dans le business, surtout maintenant qu'il est assis là, dans cette ruelle à l'abri d'un quai, le quai voisin où tout a mal tourné. De son coté, tout a bien été, tout était organisé, programmé au poil, mais forcément du coté de Jinsu, putain d'héritier d'un mec déjà chaotique qui a bien tout légué à son fils, rien n'était programmé. Il a foutu la merde de A à Z avec ses "t'inquiète je gère" ou ses "mais si , ça va le faire..." il aurait du se douter. Il a fait ça à l'arrache sans réfléchir, pensant qu'une trasaction pareille de drogue pouvait se faire sans accroc, il a laissé transplané l'information un peu trop loin, gérant mal ses hommes, avec une taupe en son sein, et faisant débarqué un autre gang qui avait voulu s'accaparer la marchandise. De son coté, Sarawa avait tout bien cadré et en dix minutes la première partie de sa cargaison était plié et les voitures partaient sans encombre, celles de Jinsu étant en retard et faisant ragé le meneur foireux. Sarawa était resté pour les dernières poignées de main et encaisser sa part du service, devant livrer les paquets directement au hangar du clan de Jinsu. Le service était simple. Par manque de moyen , Jinsu avait la main d'oeuvre à Sarawa, qu'il payait gracieusement. En échange Srawa ne touchait pas à la marchandise mais recevait paiment pour son aide. Propre, simple, mais risqué parce qu'ils n'étaient pas réputés pour être organisé et sans embrouille. Son coté fait, le Rai avait commencé a quitté les lieux, mais ce fut sans compter l'arrêt des fouteurs de merde, ce qui s'était rapidement fini en réglement de compte assez bruyant, attirant les autorités au passage.

Sarawa y avait échappé non sans avoir écoper de quelques blessures. Rien qui n'engageait son pronostique vital mais putain qu'est-ce que ça faisait mal. Entre autre plusieurs heurts au corps à corps, et un coup de couteau dans le mollet. Il avait une arcade éclatée, le visage tuméfié sur le coté de la machoire, un oeil noirci, et l'épaule démise. Tout ce qu'il faut pour faire chier au max, mais pas assez pour l'envoyer de l'autre coté. Si charmant et tellement dommage. Dans un élan de survie, pensant à ses protégés, il s'était planqué. Dans un hangar pourri à l'odeur d'amiante vicieuse et aux planches prêtes à lui tomber sur la gueule si on touchait une seule poutre. Il faisait nuit depuis un moment. Quatre heures du matin peut-être, il ne savait plus. La douleur fait tellement perdre la notion du temps. Mais il tenait. Se disant que demain, après un peu de sommeil, il aurait moins mal et le courage de se refoutre l'épaule droite, après quoi il n'aurait plus que son mollet à soigner. Allongé sur un tas de pallettes sur lesquelles on empile généralement les colis, sous quoi avait crevé un rat ou je ne sais quoi vu l'odeur impossible qu'elles dégageaient, il lâchait pris. Ça faisait trop. Toute cette semaine n'avait été que montagnes russes d'émotions, de douleurs physiques et mentales et il priait pour que tout ça s'arrête, qu'on l'oublie, qu'on lui foute la paix... juste une nuit. Il avait la dalle, mal, envie de gerber aussi, et cette envie de chialer en hurlant de colère mais sans que rien ne soit autorisé à sortir parce que merde, on est trop triste et trop blasé aussi pour tout faire à la fois. Il aurait juste voulu se prendre une bonne cuite là tout de suite. Ouais, juste une bonne grosse cuite. Ou un coma c'est bien aussi. On est pas emmerdé quand on est dans le coma. Mais comme si le karma s'y opposait encore une fois, son téléphone vibre... Machinalement son bras valide plonge dans sa poche de son jean qui n'a plus vraiment la gueule d'un jean, du moins pas en bon état et il regarde qui appelle... fox... pitié... Pas fox... Il n'a pas la force de l'entendre encore lui dire qu'il l'a toujours détesté... faudra un jour, qu'il lui dise qu'on essaie pas d'embrasser un mec qu'on peut pas saquer même en étant bourré. Il ne décroche pas, laissant retomber le téléphone sur son ventre. Il a mal aux cotes. Il ne répond pas parce que s'il le fait , Fox va vouloir savoir où il est. Il est hors de question qu'il vienne ici. Même si c'est éloigné du lieu où il a eu le bordel, et où les autorités sont probablement encore, il ne veut pas qu'il vienne. Ça le mettrait en danger et apparemment, il l'avait déjà trop sollicité contre son gré. Il ne voulait plus rien lui demander, ni lui dire, pour ne pas le blesser davantage. Si seulement il s'était rendu compte qu'il avait autant fait souffrir le plus jeune, il aurait tout de suite arrêté. Il pensait bien faire... est-ce qu'il s'est un jour demander si la colère de Yoon était réelle? Si ce n'était pas sur un coup de tête et que rien n'était vrai? Non parce qu'il a du mal à remettre en doute la parole de ses cadets... pensant qu'ils ne lui mentent pas. Tu es si naif Sarawa... ils sont grands à présent. Ils te disent ce qu'ils veulent bien. Mais ça il n'est pas en état de l'admettre ou le comprendre, alors il reste là et ne répond pas. Il a juste envie de pioncer.

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Sarawa & Jaeyoon

Cinq jours. Ca faisait cinq jours que Yoonie avait lynché Sarawa, qu'il l'avait massacré avec des mots trop durs, injustes, cruels, mais pourtant pas dénués de vérité. Il pensait ce qu'il disait, pensait sérieusement que Sarawa ne le verrait jamais comme un adulte, comme un homme. Comme lui le voyait. Mais il n'aurait pas du lui dire tout ça, c'était pas sa faute. Il y pouvait rien s'il n'aimait pas le jeune renard, si jamais il ne pourrait l'aimer ou le désirer. Tant pis.

Ce jour-là, quand il l'avait enseveli sous les reproches, Yoonie avait cru que Sarawa se fâcherait, qu'il l'enverrait chier, le virerait du QG. N'importe quoi. Pas ce silence, ce regard meurtri, ce départ calme et froid. Il l'avait cherché, Yoonie, mais il avait entendu son coeur se briser en sentant la main le lâcher, le regard le quitter, le corps s'éloigner. Il aurait peut-être du lui courir après, le rattraper, s'excuser, mais il était resté figé, blessé. Cinq minutes avaient passé avant qu'il n'ait retiré le reste de ses vêtements pour finir de décrasser son corps. Il était vide à l'intérieur, engourdi, mort. Une douleur sourde battait dans sa poitrine, mais il ne pleurait pas. Il ne pleurait jamais, de toute façon. Il s'était lavé et s'était couché dans le lit, le QG déserté par son propriétaire si désirable et si dangereux.

Aujourd'hui, Yoonie regrettait. Cinq jours avaient passé, et il avait fuit Sarawa comme la peste. Il ne venait au QG que si on le lui demandait, et il partait dès que son chef passait la porte, trouvant une excuse pourrie pour ne pas rester une minute de plus. Les autres ne remarquèrent rien, Yoonie fit tout pour. Il sourit, fit des blagues, se goinfra de bonbons. Il bossait toujours autant, peut-être plus maintenant qu'il avait Eden comme client. Trop occupé pour penser, pour réfléchir. Il était allé en cours, avait joué aux jeux vidéos avec son coloc, avait bossé.

Mais ce soir, le coloc était pas là, Yoonie était parti au QG pour trouver un peu de compagnie. Tee était auprès de sa mère, bien sûr, pauvre dame hospitalisée. Sakura et Wolf, par contre, étaient chez eux. Et Sarawa était absent. Yoonie était seul. Il n'avait rien à faire. Il s'ennuyait, alors il ressassait. Au terme de cinq jours, ses réflexions l'avaient amenées à une conclusion : il pouvait pas vivre loin de Sarawa, pouvait pas ne pas le voir. Ouais ça le crevait de pas pouvoir le toucher et lui dire tout ce qu'il voulait, mais ne pas le voir du tout était pire. Comme une plaie à vif qui ne se refermait pas, alors qu'avant c'était juste un battement sourd au creux de son ventre. Il pouvait pas vivre sans lui.

C'était la nuit, ou peut-être le matin. Yoonie n'avait pas réussit à dormir. Il portait un vieux t-shirt de Sarawa, pourtant, pour avoir son odeur, pour lui servir de doudou. Si un autre rentrait et le voyait comme ça... eh bien il aurait l'air con. Mais personne ne venait, et Yoonie portait le tissu à son nez fréquemment pour humer la virile odeur de cet homme qu'il aimait. Il en était sûr, maintenant, c'était pas juste un crush. C'était de l'amour. Un crush pouvait pas faire si mal...

Vers quatre heures du matin, il prit son portable et composa le numéro de Sarawa. Il répondait toujours, peu importe l'heure. Yoonie culpabilisait un peu de lui téléphoner à cette heure matinale, mais il avait besoin d'entendre sa voix, sinon il survivrait pas. Mais il répondit pas. C'était pas normal... Un mauvais pressentiment serra les tripes de l'étudiant qui se tira du lit pour allumer son ordi. Quelques clics et il ouvrit le système de localisation des portables. Le numéro de Sarawa apparu dans la barre de recherches et, quelques secondes plus tard, un point rouge s'afficha sur la carte. Pas chez lui, immobile. Pas normal.

Yoonie tenta une seconde fois de lui téléphoner, mais pas de réponse. Bien. Il était temps de jouer au héro. Enfilant ses baskets et une veste en jeans, il attrapa les clés de la bagnole et, inscrivant l'adresse dans son portable, lança le GPS. Quelques minutes plus tard, le drap qui recouvrait la voiture de monsieur Rai était au sol, et la bagnole filait dans les rues, Yoonie au volant. Il roula trop vite, grilla des feux, s'en fichait. Il le sentait pas. Il avait pas beaucoup de flair, d'habitude, mais là, ça puait fortement. Il écrasa le frein au moment où une voix féminine lui indiqua qu'il était arrivé.

Laissant le contact et les phares allumés, Yoonie, sorti de la voiture et arpenta la rue des yeux. Il voyait rien. Il allait repartir quand un léger bruit guida ses pas dans un hangar sombre, pourri. Portable en main, il alluma la lampe torche et avança prudemment, peu désireux de se foutre dans un guêpier. Un gémissement lui fit tourner la tête. Là, allongé sur des palettes, un Sarawa en piteux état. Oubliant toute prudence, Yoonie couru vers lui, s'accroupi, posa les mains sur lui. Du sang, partout. Un bras qui pendait, faible. Une plaie à la jambe. Le visage méconnaissable.

Sarawa ? Putain, qu'est-ce qui t'es arrivé ?

La peur perçait dans sa voix tremblante. Il devait le bouger de là, le ramener au QG. Non, trop loin. La coloc était plus près. Mais comment faire pour mettre Sarawa dans la voiture, à vingt mètres de là ? Yoonie pouvait pas le porter, et Sarawa pourrait pas marcher. D'une main, il caressa la joue intacte de son ami, pour le rassurer, lui dire qu'il était là. Parce qu'il avait besoin de le toucher.

Je vais te ramener. Tu peux te lever ? Attends.

Arrachant une bande de tissu dans son t-shirt - ou plutôt celui de Sarawa - il fit un bandage de fortune autour de la blessure du chef, serrant aussi fort que possible même s'il savait qu'il devait douiller. Tant pis. C'était ça ou se vider de son sang. Puis il regarda son bras. Clairement, quelque chose allait pas. Il effleura son épaule du bout des doigts.

Je sais pas ce que je dois faire... Aide-moi...

Il avait murmuré, les larmes remontant ses canaux lacrymaux. Il était pas doué pour soigner les gens. Pour pas grand chose en fait. Il voulait aider, mais il en était incapable. A cause de lui, Sarawa allait peut-être claquer sous ses yeux, et il saurait rien faire. Appeler Sakura était peine perdue : elle arriverait jamais assez vite. Quant aux urgences, pas question. Ils appelleraient les flics, et Yoonie se doutait que Sarawa avait pas reçu ces blessures en trébuchant. Il pouvait pas aller en prison, c'était inconcevable. Alors Yoonie attendit les instructions de Sarawa, prêt à tout pour le tirer de là.
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Sarawa & Jaeyoon


Le téléphone resonne. Il ferme les yeux et prie au fond de lui pour que Yoon l'oublie. Il sait que c'est lui. Il sait aussi qu'il lui répond toujours. Mais pas cette fois. Il ne lui en veut pas, il a juste compris la leçon. La solitude est déjà dure à supporter quand on n'a rien de mal , mais quand on est blessé, c'est pire. On ne ressent jamais aussi fort la douleur d'endurer ça sans personne que quand on est en détresse. C'est sa faute, il aurait du décrocher, mais il s'impose cette souffrance, pour une raison que lui seul peut comprendre. La sonnerie s'arrête. Et ne reprend plus. C'est mieux comme ça. Le silence. Au loin, même les bagnoles des autorités finissent par partir et Sarawa s'effondre un peu dans une sieste morbide improvisée. Il a l'impression que son visage fait quinze tonnes, même s'il n'a pas tant bougé que ça, mais la douleur des tuméfactions lui donne cette sensation d'inflammation. Plus rien ne peut le soulager, alors il encaisse et ferme sa gueule, c'est une des rares choses qu'il maîtrise. Les minutes s'étirent et il ne les sent pas passer, jusqu'à ce qu'il entende une voix. Il doit divaguer. Il la connait trop bien cette voix. Il parait que quand on commence à perdre la raison, seules les choses les plus importantes ressortent, celles qui ont une réelle importance pour ça.

Est-ce que Yoon a encore plus d'importance à ses yeux qu'il ne le pensait , pour qu'il l'entende dans sa perte de connaissance possible? Est-il réellement conscient ou dort-il? La douleur lui prouve que non, il ne dort pas, et quand il ouvre un oeil, le seul qui ne colle pas à cause du sang, il prend la lumière du portable en pleine rétine. Ah non, ça c'est sur il dort pas. C'est une blague. Qu'est-ce qu'il fout ici? Il l'a pas pisté par GPS il espère, parce qu'il va se faire engueuler! Il se met en danger ce petit con, c'est pas pour rien qu'il n'a pas répondu! Bon, il ne  peut pas le dégommer tout de suite, mais plus tard quand il ira mieux, il va pas le louper. Il grogne et tourne la tête, levant la main abimé pour enrayer le peu de lumière qu'il peut au travers de ses doigts. Mais il a noté le "putain", quoi que ce n'est plus étonnant vu ce qu'il lui a foutu dans la gueule la dernière fois. De toute façon, il peut même pas l'arrêter quand il se précipite. Il murmure juste un "qu'est-ce tu fous là merde, c'est dangereux... dégage..."

Mais il ne lutte pas contre son contact, il a juste râler pour la forme, et parce qu'il flippe que quelqu'un l'ait suivi. Il n'est clairement pas en état de le défendre, quoi que dans un élan de rage , il pourrait bien se redresser et buter ce qui vient juste pour Yoon, avant de s'effondrer pour de bon, mais il espère que ce ne sera pas le cas et que le petit renard est plus malin que ça. Il a fait de son mieux pour lui apprendre ces bases là et après son discours de la dernière fois, il semble assez mature pour savoir ce qu'il fait. Pour autant Sarawa a peur pour lui. Quand il pose les mains sur lui, l’aîné échappe un gémissement grave. Doucement bordel... le pire est vraiment son épaule, il s'est couché à cause de ça, pour ne pas perdre l'équilibre à cause de la douleur trop proche de sa tête pour la maîtriser correctement sur une longue distance. Il n'est pas superman. Un sourire en coin, compulsion à la détente de l'atmosphère et aussi pour prouver qu'il n'est pas prêt à crever. "J'suis tombé dans les escaliers..." Il blague. C'est bien le moment! Cogne-le Fox, vas-y t'as le droit! Se lever? Sarawa sans la main de Fox et baisse les yeux sur lui. Ça fait du bien qu'il soit là... mais pourquoi est-il venu au juste...? Il ne comprend plus rien. Il met du temps à réagir, mais quand il lui demande ce qu'il doit faire, il sourit doucement. Il retrouve son petit Foxy. Ces yeux larmoyants... cette appréhension. Du courage dans une peluche. Ils font chier ces jeunes avec leur crise d'adolescence à rallonge, et leurs sautes d'humeur. Ça le fout en vrac Sarawa. Il a serré les dents quand le plus jeune lui a mis le tissu autour du mollet. S'il arrivait à se remettre l'épaule en place, ils pourraient rentrer. Mal en point mais il pourrait.

Alors dans un effort surhumain, il se redresse par le coté, grognant de douleur et s'arrête assis pour reprendre un peu de contenance, le bras pendant. Sa main aux phalanges abîmées d'avoir cogné sur les autres lui agrippe le genou pour s'éviter de retomber en arrière et il souffle, pour ne pas succomber aux vertiges que la douleur lui crée. Il ignore comment il tient. L'entrainement peut-être. "Aide-moi..." qu'il murmure en se redressant fébrile sur ses jambes. Ça fait bien longtemps qu'il a pas autant morflé. N'importe qui irait à l’hôpital. Lui non. Jamais. Pas conscient en tout cas. Il se tient à Yoon, boitant sérieusement, sentant que chaque pas, abîme un peu plus sa plaie du mollet mais il verra ça plus tard. "Par où t'es arrivé..." Il suit les instructions du plus jeune, son bras pendant, lui donnant envie de vomir et de s'arracher la tête tant la douleur irradie. Et sans prévenir à l'approche d'un pilier de béton... "Vas falloir que tu me ...ramasses..." Il écrase violemment son épaule dans le bon angle d'attaque , remboîtant l'os avec une violence qui craque. La douleur intense ne se fait pas attendre. Le bras se remet et Sarawa tombe au sol. Le cerveau vient de couper à moitié la lumière sous la douleur soudaine, pour protéger les circuits du Rai... ce qui arrive aussi lors d'une surcharge émotionnelle ou une fatigue extrême, le cerveau décide de lui-même de calmer le jeu et Sarawa connait la logique du corps... Sonné, nauséeux, il a fini à genoux à terre, et après avoir repris un peu ses esprits, il gerbe ses tripes au sol, épuisé... Si Yoon avait une image idéale de lui, il ne sait plus quoi faire pour lui montrer pire.

Il a besoin de quelques minutes pour retrouver ses esprits et avoir assez de force pour se redresser encore sur ses jambes. Il pue, il a du sang sur lui, même pas le sien. Appuyé plus que de raison contre Yoon, il met plusieurs fois le genou à terre durant le trajet pourtant court, ne pouvant plus parler. Il ne remarque même pas que le plus jeune a remis la voiture de son père en état dans son dos et qu'il va monter dedans. Il s'écrase contre la portière passager et y laisse des traces malsaines, qui devront être effacées avant la prise de route... il ne peut même pas ouvrir cette putain de portière, trop concentré à essayer de tenir debout, alors qu'il vide une second fois son estomac au sol, y mettant un genou tant la faiblesse le travaille, mêlé à la douleur. Jamais il n'aurait pensé dépendre de Yoon, mais il a provoqué tout le contraire, jusqu'à son âme dépend de ce petit con.

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Dangereux. Sans blague. "Dégage". Sarawa était à moitié mort et il osait encore s'inquiéter pour le sort du gamin qui lui avait foutu sur la gueule quelques jours plus tôt. En temps normal, Yoonie aurait sourit. Il aurait ressenti quelque chose. Mais il était mort de trouille, et ça passait au-dessus de tout. Il voulait juste aider Sarawa, le ramener, le sauver. N'importe quoi. Tout. Il serra les dents à la plaisanterie de son chef. C'était pas le moment.

Arrête c'est pas drôle.

Il avait pas envie de rire, il voulait juste le voir debout. Qu'il lui gueule dessus, limite, qu'il lui fasse des reproches. Mais pas des plaisanteries. Ca avait un goût d'adieu, quand les mourants s'efforçaient de faire sourire leurs proches avant de passer de l'autre côté. Yoonie voulait pas qu'il meure. Il avait pas le choix. Pas le droit. Pas sans lui. Il lui demanda quoi faire, s'il savait se lever, et Sarawa commença à se redresser. Yoonie passa ses mains dans son dos pour le soutenir, l'aider comme il pouvait avec sa force de moineau crevé. Il servait à rien mais il était là, c'était suffisant, non ?

Il aida Sarawa à se lever, le tenant comme il pouvait pour l'empêcher de tomber. Ils avancèrent, lentement mais sûrement. Il l'aidait à marcher, le poussait, le retenait, le portait à moitié. Il lui indiqua la voiture garée pas loin. Les phares les éclairaient d'une lueur blafarde. Ils approchèrent d'un poteau que Yoonie voulu esquiver, ne comprenant pas le sens des paroles de Sarawa. Et puis il le senti s'arracher à son étreinte et foncer dans l'obstacle.

Mais t'es malade !

Yoonie se précipita sur lui, s'agenouilla, le retint par son épaule valide. Sarawa crevait de mal, il en doutait pas. Le bruit qu'avait fait son os était écoeurant, immonde. Il aurai vomi s'il avait eu quelque chose dans l'estomac, et c'est ce que fit le chef de la bande. Sans regarder pour pas s'y mettre aussi, il resta près de lui, frottant son dos pour l'apaiser, sachant pourtant que ça servait à que dalle. Il pouvait rien faire d'autre, juste attendre que ça passe, qu'ils puissent reprendre.

Il mit du temps, mais Sarawa se releva. Yoonie était patient, attendait qu'il se sente assez sûr que pour avancer à nouveau. Puis il l'aida à nouveau, le tira l'appuya sur lui et le releva chaque fois qu'il tombait. Ses muscles râlaient, mais c'était rien comparé à la souffrance de l'autre, alors il disait rien et il prenait sur lui. Il pouvait pas se plaindre, il faisait abstraction et il le soutenait un peu plus à chaque pas. Enfin, ils arrivèrent à la voiture. Yoonie allait ouvrir la porte quand Sarawa tomba une dernière fois pour évacuer la fin de son bol alimentaire.

Yoonie retira précautionneusement ses cheveux de son visage, évitant les blessures et les ecchymoses. Il ne savait pas quoi faire, il était perdu. Il aurait voulu avoir les connaissances de Sakura pour tout ça, le sang-froid de Tee, l'initiative de Wolf. Lui, il avait juste sa bagnole et sa peur, rien d'utile, rien qui puisse sauver le normalement increvable chef de meute. Il ne put qu'attendre que ça passe, puis il le releva et ouvrit la portière.

Assieds-toi, ça va aller, ok ?

Se penchant, il lui attacha sa ceinture et l'aida à s'asseoir confortablement avant de contourner la voiture pour s'asseoir derrière le volant. Il démarra vite, un peu trop peut-être, mais il cala pas et la voiture sauta en avant. Il roula de nouveau trop vite, dépassait les rares voitures et se faisait klaxonner. Pas grave. Tant qu'il croisait pas des flics... Il se gara au pied de la coloc, sur les raquettes. Interdiction de stationner. Rien à fiche, les flics feraient pas de rondes, et même si c'était le cas il aurait qu'à pirater leur système pour annuler son amende et récupérer la bagnole. Il coupa le contact et sorti d'un bond, contourna le véhicule, ouvrit la portière.

Viens, on est arrivé. Donne-moi ton bras.

L'attrapant comme il pouvait Yoonie l'aida à sortir et verrouilla la voiture d'une pression sur le bouton. Il l'aida à avancer dans l'immeuble, le poussa dans l'ascenseur, appuya sur le bouton de son étage et le fit entrer dans l'appart. Il voulait pas saloper le canapé, pour que son coloc pose pas de question, l'emmena dans sa chambre. Elle était minuscule, un lit une personne, une commode, un bureau avec un ordi de compète et une table de nuit. Le stricte minimum.

Allonge-toi, je reviens.

Il l'aida à s'allonger sur le lit aux draps à l'effigie de Captain America, et se faufila dans la salle de bain pour en tirer la boite à pharmacie. Puis il revint dans la chambre et posa le tout sur la table de chevet, s'asseyant au bord du lit. Sarawa était dans un sale état, mais il était vivant. Yoonie passa le bout de ses doigts sur les contours intacts de son visage, trop heureux de voir qu'il était pas crevé.

L'espace d'une seconde, le temps s'arrêta. Il était perdu dans le regard de Sarawa, absorbé par ce contact. Dire que s'il avait pas essayé de l'appeler, il l'aurait jamais trouvé. Il regrettait tellement ce qu'il lui avait dit cinq jours plus tôt, mélange de vérité et de mensonges destinés à blesser.

Je suis désolé... Je le pensais pas, tu sais ?

Il avait murmuré, ne sachant pas si Sarawa serait capable de l'entendre malgré le silence pesant de la pièce. Il cligna des yeux, brisant l'instant, puis se mit au travail. Il découpa le jeans déjà défoncé du chef pour avoir accès à sa blessure. Ca mériterait des points, mais il savait pas faire. Il fit couler de l'alcool sur un coton et désinfecta, appuyant doucement sur la plaie. Puis il la referma de son mieux avec des strips et couvrit le tout avec une compresse.
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Sarawa & Jaeyoon


Son corps s'écrase sur un siège en vynile froid et cette odeur qu'il n'a pas senti depuis qu'il s'y est assis pour fumer une clope à chaque anniversaire de la mort de son père lui arrive au nez. Il connait cette voiture. Mais elle n'était plus en état de rouler, comment est-ce possible.... Il l'a abandonné sous un drap tous les ans excepté ces deux fameux jours, il la pensait bel et bien foutue mais... son œil valide, dont le temps qui s'écoule n'est plus calculé, se tourne vers le jeune conducteur qui a pris le volant. Heureusement qu'il y a la ceinture pour le retenir parce qu'il n'aurait pas pu rester droit dans ce fauteuil sans ressembler à un gros pudding. Depuis quand il sait conduire? Qui lui a payé le permis? Est-ce qu'il se serait planter à ce point? Il avait voulu le préserver de tout, il avait pensé qu'il était encore ce petit gars fragile déplumé qu'il avait trouvé, un petit surdoué qui ne pourrait jamais se connecter à la réalité, qui ne pourrait jamais vraiment s'intégrer, pas à cause de lui-même, mais à cause de cette société pourrie qui n'aimait pas les exceptions. Il n'avait ni vu son corps changé, ni son cœur, ni son esprit s'élargir. Sarawa c'est toi l'handicapé mental pour le coup, atrophié de tous tes sens et de toute logique concernant Fox. C'était brouillon, c'était maladroit, c'était de l'art abstrait ce que dégageait le plus jeune depuis quelques jours, mais c'était pas ce qu'il était lui-même? Un putain de tableau qui ne se vendrait jamais, à la seule différence, c'est que Sawara était un tableau qui n'avait pas de valeur, Fox lui, était à un prix inestimable. Jamais personne ne le mériterait pas même lui. Pourquoi se comprenait-il dans l'équation? Frôler la mort doit bousiller toute notion de rationalisme. Bonne excuse n'est-ce pas. Il ferma son œil, le laissant conduire et quand ils arrivèrent, ce fut la merde pour monter jusqu'à une porte qu'il ne connaissait pas. Il se rendit compte qu'il n'avait jamais été voir le nouveau chez lui de Fox. Pourquoi. Lui en voulait-il à ce point de l'avoir laisser seul dans ce trou? Avait-il peur d'être jaloux que Fox soit mieux ici que là où l'avait recueilli quelques années plus tôt. C'était n'importe quoi... il avait mal au crâne. Ça tournait de plus en plus et ses jambes ne pourraient plus le porter longtemps. Il avait vu certaines infractions qu'avaient commises fox.

"Je déteins trop sur toi..." qu'il murmure un peu grognon contre lui-même. Ouais même à moitié K.O il avait encore la force de se râler dessus intérieurement. Son regard arpente par morceau l'appartement qu'ils parcourent sans traîner... c'était pas dégueu... il est bien ici Fox... mais quand il rentre dans sa chambre, l'envie de faire demi-tour se fait grandir. Non , c'est son endroit privé, le seul qu'il a pas pourri de sa présence. Il va pas dégueulasser quoi que ce soit, c'est hors de q... Il s'écrase sur le lit, malgré toute la volonté de Fox pour le retenir.  Ca sonnait comme un ta gueule silencieux, la joue meurtrie écrasée sur la couette, qui avait le mérite d'être moelleuse mais qui collait maintenant. Rah... il n'avait pas dit assez tôt son mécontentement de venir ici. Si seulement Fox lui avait dit où il l'emmenait, il aurait refusé mais il n'était même pas capable de repartir maintenant. Tu parles d'une chance. Il se retourne douloureusement sur le dos sur le lit, mettant sans vraiment s'en rendre compte une semelle sur le tissu, le salopant, un peu comme un gros chien qui marche partout pour marquer son territoire. D'ordinaire il le fait consciencieusement, histoire de faire chier, mais force est de constater que son instinct en est imprimé. Il fait chier même inconsciemment. Il revient qu'il a dit. Ça ne dure pas. Quoi que même s'il avait eu le temps, il n'aura réussi à aller nulle part. A la merci de ce petit renard. L'ironie du sort, sauvé par le mec qui lui a craché toutes ces choses deux jours avant. C'est bien qu'il frôle le coma en fait, comme ça, si Fox recommence, il ne percutera qu'à moitié et souffrira moins. Il attend la sentence, affalé là, baissant l'oeil valide vers lui, pour croiser son regard.  Il ne dit quand il le touche, trop chaos pour ça, mais il mentirait s'il disait que ce n'était pas réconfortant. Pourquoi il le fixe de cette manière. Il sent la merde arrivée. Est-ce qu'il va muter d'un coup comme l'autre fois et lui coller une grosse baffe dans la gueule? Ok , préparation psychologique à la rafle émotionnelle. Achève-le.

Mais rien n'arrive. C'est pire. Il ne pensait rien? Comment ça? Il est désolé? Non. Non ça t'as pas le droit. C'est... Non. Retire. Engueule-le, frappe-le, ça il sait gérer,mais tu peux pas faire les montagnes russes comme ça Fox. Ça dérangerait quelqu'un de considérer juste un jour dans l'année qu'il faille le préserver. Même ça c'est pas crédible. Sarawa ferme les yeux. Ça va aller. Ne pas chialer. Ni tout péter. Ouais en fait il ne peut rien péter dans l'immédiat. Tenir. Il ne dit rien, la gorge trop serrée. Ça veut dire quoi qu'il le pensait pas? Il doit dire ça , juste parce  qu'il est mal en point. Et voilà que son jean part en lambeau... Il va repartir en boxer chez lui, hors de question qu'il ressemble à un village people avec un shorty de tarlouze.

"Bien sûr que si tu le pensais..." qu'il rétorque à voix basse. "C'était trop bien dit pour que c'soit pas vrai..."ça faisait un mal de chien de parler mais au moins ça lui évitait de se concentrer sur la douleur des soins. " J'pensais que tu nous aidais parce que ça te faisait plaisir pas parce que tu te sentais obligé.... Et si j'te filais du blé, c'est que j'trouvais ça normal... pour t'récompenser de ta gentillesse...  Et t'as jamais su mais Sakura, elle s'est occupé que de te soigner... j't'ai pas ramassé pour te jeter après... désolé que tu l'AIes pris comme ça... c'est moi qui me suis occupé de toi quand t'étais pas conscient, qui t'aie lavé, changé ... j'voulais pas que toi ou Saku soyez choqué mutuellement... elle a fait le reste quand t'étais conscient, ça vous faisait du bien à tous les deux, j'étais plus vraiment utile à ce moment... "Pourquoi il parle autant? Il serre les dents quand l'alcool lui brule les chairs...

"...mais je comprends que tu m'aimes pas... j'suis pas vraiment une bonne fréquentation... " Il baisse les yeux sur sa jambe et avale sa salive...  "D'ailleurs... pourquoi t'as appelé à cette heure-ci... T'as des ennuis? " Après tout, c'est vrai. Pourquoi il était venu le ramasser? Le trouver tout court. Pourquoi il ne s'était pas couché comme tout le monde quand on répond pas à son téléphone. La crainte qu'il ait des ennuis lui donne un  regain de force et il se redresse douloureusement sur son bras intact pour le regarder du mieux qu'il peut de haut en bas. "Me mens pas." Une douleur vive dans les cotes le fait grimacer. Oh sa mère, ok. Serrage de dents le temps de la confidence.

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Sarawa lui parlait pendant que Yoonie soignait sa jambe, réagissait à ses excuses, les refusait. Il ne le croyait pas quand il disait qu'il n'avait pas pensé un mot de ce qu'il lui avait dit quelques jours plus tôt. Pourtant c'était vrai. Yoonie avait dit tout ça aveuglé par sa frustration, sa colère contre lui-même. Il savait que Sarawa ne le voyait pas comme un vulgaire employé. Par contre, pour ce qui était de le considérer comme un gosse, là il n'avait pas menti. Il était jeune à côté de Sarawa, trop innocent dans sa tête. Un enfant dont le coeur battait pour un adulte. Complexe d'Oedipe, peut-être. Amour non partagé, en tout cas. Et douleur insupportable.

Il écouta Sarawa lui raconter que c'était lui qui l'avait lavé quand il était arrivé au QG, qu'il avait pris soin de lui dans l'ombre, sans jamais trop se montrer, laissant la place à Sakura. Yoonie ne montra rien, concentré sur ses soins, mais un étrange vide se creusait en lui. La douleur s'étendait à chacun des mots qui l'atteignaient. Il se sentait comme mourir de l'intérieur, ressentant ce besoin d'être avec lui tout en sachant que ça n'arriverait jamais. Il ferma les yeux quand Sarawa supposa qu'il ne l'aimait pas. Il avait rien compris. C'était de sa faute aussi, il aurait pas du dire toutes ces conneries, le lyncher alors qu'il voulait juste l'embrasser. Mais il pouvait pas essuyer un refus, un regard plein de pitié ou un rire moqueur. Il aurait pas supporté.

Quand il eut fini de poser la compresse, Yoonie tourna des yeux vides vers le visage de Sarawa. Il lui demandait pourquoi il avait appelé, pensait qu'il avait des ennuis. Il secoua la tête, baissa le regard. Il pouvait pas lui dire. S'il lui disait que c'était parce qu'il lui manquait, qu'il voulait l'entendre, Sarawa se moquerait de lui, le croirait pas ou le verrait à nouveau comme un gosse dépendant de ses parents. Yoonie voulait pas lui dire, il osait pas. Il avait trop peur de la réaction de l'autre, des conséquences que ses mots pourraient avoir sur l'avenir, sur eux, sur la bande, sur son coeur déjà meurtri.

J'ai pas d'ennuis. Je...

Il leva les yeux, hésita. Que devait-il dire ? Sarawa lui demandait de ne pas mentir, mais Yoonie ne pouvait pas lui ouvrir son coeur, lui offrir ses sentiments pour qu'il les réduise en miettes. Il avait bien trop peur. Il savait que fuir, le renard, cacher tout, enfouir ses sentiments bien profond. Il faisait pareil avec son traumatisme, il en parlait pas, il montrait pas qu'il souffrait, il affrontait pas la réalité. Il savait pas comment se battre pour son bonheur, préférait faire semblant et tout planquer derrière des sourires.

Je voulais juste...

Sa voix se brisa, il détourna la tête. Les mots sortaient pas, bloqués par cette putain de peur. Quand il lui dirait, il n'y aurait pas de retour en arrière possible. Il pourrait pas dire que c'était une blague et lui proposer un café comme si de rien n'était. S'il lui disait ça, il s'en suivrait une conversation, des explications, une rupture avant même le début de la relation. Sarawa aurait pitié de lui, serait désolé de lui faire mal. Il le prendrait peut-être dans ses bras pour le consoler, sans savoir que ça le blesserait encore plus. Il promettrait d'en parler à personne, proposerait d'oublier tout ça. Et chaque fois qu'il le regarderait, Yoonie serait obligé de sourire comme si tout allait bien, tandis que Sarawa se conforterait dans l'idée que les sentiments avaient disparus.

Rien, oublie. C'est débile.

Et voilà. Abandon du joueur Fox, victoire de Peter Pan par forfait. Yoonie fit couler un peu d'alcool sur un autre coton et poussa doucement Sarawa pour qu'il se rallonge. Il fallait désinfecter son visage... Yoonie fit en sorte de ne regarder que les plaies, pas les traits. Il voulait pas voir ces lèvres, ces yeux, ces mâchoires. Ici, pas besoin de pansements, ça saignait déjà plus. Il passa le coton avec douceur sur les blessures pour que ça s'infecte pas, puis il jeta les déchets dans une petite poubelle près de son bureau.

T'as besoin de quelque chose ?

Il le regardait sans le voir, refusait de se concentrer sur son visage. Il passa son corps en revue, cherchant une plaie qu'il aurait oubliée. Il pouvait rien faire pour son bras ou ses côtes, juste espérer que rien ne soit cassé. Mais si Sarawa avait besoin de café, d'eau, d'une douche ou de fringues, Yoonie pouvait essayer de l'aider. Ses fringues à lui étaient trop petites en terme de carrure, mais son coloc était plus large d'épaules, il pourrait lui piquer un t-shirt et un pantalon. Il le rembourserait.

Relevant les yeux vers le visage de Sarawa, Yoonie ne pu se retenir. Il plongea dans son oeil valide, son regard trahissant toute sa peine, sa douleur, la torture qu'il subissait chaque jour. Il s'était levé pour jeter les cotons dans la poubelle, se trouvait à un mètre du lit, distance de sécurité qu'il voulait à la fois franchir et agrandir en quittant la pièce. Il voulait s'approcher et l'embrasser, voulait partir et se rouler en boule dans le canapé pour calmer son coeur qui le tiraillait. Mais il restait là, à attendre de voir si Sarawa avait besoin de quelque chose.
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Assis douloureusement, l'épaule encore meurtrie même si elle était remise, il peinait à tenir. Et contre tout attente à sa douleur cuisante, il ne reçut qu'un simple : je voulais juste ?? C'est pas une réponse ça. Fais un effort, c'est pas drôle là, il ne peut même pas se comporter comme d'habitude puisque la souffrance multiple lui donne l'impression d'être complètement soul, à demi là, la tête qui tourne, rien de bon pour tout capter correctement mais il y arrivait un temps soit peu. Un peut-être la suite ? Mais la suite de son explication ne satisfait pas l’aîné qui soupire intérieurement, expirant un peu par le nez en fermant les yeux. Génial. Rien oublie c'est débile ? Il n'avait donc rien retenu depuis toutes ces années, quand il disait que rien n'était idiot ou absurde et qu'une question quelle qu'elle soit mérite d'être posé plutôt que non dite et provoquer un quiproquo ou un problème qui ne se serait pas poser si elle avait été formulé ? Où était-il quand il avait souvent dit ces choses là ? Et Sarawa avait trop mal pour jouer au psychologue en plus, si tant est qu'il y arrive à le jouer quand il tente, ce qui n'est pas chose réussit ou accepter, voir bien maladroite.

La fuite, voilà en quoi était expert et il en était sur à présent. Les vociférations de Yoon précédemment balancées sous la douche, était d'un en partie pensé mais aussi du au fait qu'il n'assumait pas ce qui grouillait dans son petit crâne de geek et quand on ne dit rien, ça creuse , ça prend racine et ça grandit et un jour vient où on ne maîtrise plus rien et Yoon pourrait dire tout ce qu'il voulait, on n'apprend pas à un vieux singe à faire la grimace. La fuite, Sarawa avait voulu trop la prendre étant adolescence vu comment il était traité, mais on l'avait obligé à rester et à morfler, à affronter ses démons et ses faiblesses, alors on ne lui ferait pas, il savait reconnaître la lâcheté entre mille. Il l'avait dégagé de ses gênes dès lors qu'il avait compris qu'il n'avait pas le choix et qu'elle n'avait pas de place dans sa vie sans quoi ce serait la mort, parce qu'en face eux aussi ont décidé de dégager cet alien couard de leur corps. Et que le couard ne survit jamais à long terme. Sarawa se rallonge, il finit par même se laisser tomber en arrière, le blasement se frayant peu à peu un chemin dans ses veines. Ils n'écoutent rien en ce moment, c'est n'importe quoi. Cette impuissance le ronge tout autant que ce respect fracturé qu'il ressent de plus en plus le long de sa peau abîmé.  Sarawa ferme les yeux le temps que Yoon s'occupe de son visage, mais ne sait pas quoi penser, à quoi joue-t-il ? Quand il les rouvre il tourne un regard sérieux, voir inquisiteur sur lui, et sa question tombe un peu dans le néant le temps de quelques secondes. Son cerveau avait besoin de faire le plein d'énergie, ça n'allait pas fort question puissance de réflexion... Allongé là, il le détaille.

« Ouais... que t'aies pour une fois des couilles... tu revendiques ta maturité, alors prouve-le. Tu m'caches un truc. Me prends pas pour un con... Quand on est adulte Fox, on peut pas s'permettre de l'être à temps partiel. Soit on l'est, soit on l'est pas, mais on peut pas s'casser quand ça nous arrange. J't'ai pas appris à être un lâche. »

C'était sec, un peu brut, mais ne l'avait-il pas lui-même été quelques jours avant ? Sarawa n'accepterait de lui laisser son indépendance et de cesser de le protéger que s'il lui prouvait qu'il était capable de s'assumer à 100% jusqu'à ses pensées, jusqu'aux pires questions, jusqu'aux actes. Ils le gonfflaient tous partout à se prendre pour des adultes qui ont tout vu sous prétexte qu'ils ont un caractère pourri. Mais quand on s'écroule à la moindre émotion ou qu'on ne peut pas faire face à des situations critiques, seul, c'est qu'on est pas encore mûr à point et à partir de là, non , Sarawa refuserait encore et toujours de leur lâcher la grappe, à moins qu'ils coupent définitivement le cordon. C'était son rôle. Point. Et ça , Fox en était très loin fallait pas lui faire à l'envers. Donc il allait cracher le morceau parce que s'il y avait bien un truc qu'il ne supportait pas, c'était d'être pris pour un con. Merde et ces cotes, c'est décidément la mort. Même son mollet c'est de la pate à modeler à coté. Chaque respiration est un calvaire. Il attend de pied ferme les prochains jours. Vu sa gueule, personne ne va le louper. Ce sera un bon moyen de remettre les choses à jour.

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Là, debout à la fois si loin et si près de l'objet de ses convoitises, Yoonie attendait. Il pensait que Sarawa lui demanderait un anti-douleur, une tasse de café, de l'alcool, une clope, n'importe quoi. Il n'avait qu'à demander et Yoonie ferait son possible pour le satisfaire. Sauf question drogue, étrangement. Il bossait avec des dealers mais il ne savait pas où ils planquaient leur came et serait bien incapable de s'en procurer. Mais à part ça, Sarawa n'avait qu'à demander et Yoonie trouverait. N'importe quoi pour qu'il se sente mieux.

Mais Sarawa ne demanda rien de matériel. Il l'engueula du mieux qu'il pouvait avec son corps meurtri, l'accusa de lui cacher quelque chose, le traîta de lâche. Cette insulte, dans leur milieu, était la pire qu'on pouvait infliger à quelqu'un. Un lâche ne méritait pas de vivre selon les lois de la rue, il ne méritait pas de bosser et n'était bon qu'à crever dans un caniveau. C'était presque pire qu'un traître, parce que le traître au moins avait le courage de se mettre sa bande à dos.

Yoonie encaissa, déglutit, ne détâcha pas son regard de Sarawa. Il attendit un moment, fixant ce visage si dur, si froid, qui le fixait avec sévérité. Le chef attendait et il ne pouvait qu'obéir. Quoi qu'il fasse, maintenant, le résultat serait le même. Qu'il se défile et Sarawa ne le traîterait jamais comme un homme ; qu'il lui dise la vérité et il le regarderait avec pitié. Alors autant crever l'abcès, non ? Autant tout balancer et voir ce qui arriverait. Ca pouvait pas être pire que l'insulte qu'il venait de ramasser, lui qui avait toujours fait ce qu'on lui demandait sans montrer la peur qui le déchirait de l'intérieur.

Okay. T'as raison, j'te cache un truc.

Il croisa les bras, se força à ne pas détourner le regard, obligea sa voix à ne pas trembler. Il devait être crédible, surtout ne pas avoir l'air d'un bébé renard qui mandie un morceau de viande. Le rejet serait moins pire s'il était pris au sérieux.

Je suis en train de tomber amoureux de toi.

Voilà. C'était dit. C'était lâché, crument, durement, pas avec la tendresse et la douceur qu'il aurait imaginé. Le temps sembla se suspendre une seconde, le temps que Yoonie guette la réaction de Sarawa. Il ne le laissa pas répondre, reprit de suite en baissant brièvement les yeux avant de les relever. Parce que non, il n'était pas lâche.

En tout cas c'est ce que je croyais. Mais je ne suis qu'un lâche, un enfant, qu'est-ce que j'y connais, hein ? Si c'est tout ce que tu vois en moi - et cette fois c'est toi-même qui le dit - alors je ferais mieux d'oublier, n'est-ce pas ? De toute façon, détrompes-moi si j'ai tort mais tu m'aimes pas ; pas comme ça. Et ça arrivera jamais. Autant arrêter de perdre mon temps à attendre quelque chose qui arrivera jamais.

Il haussa les épaules, comme s'il s'en fichait, alors qu'il sentait son coeur sombrer à chacun de ses mots. Quelques minutes plus tôt, il avait cru que c'était possible, qu'il pourrait embrasser Sarawa et qu'ils seraient heureux ensemble. Mais le regard, l'insulte et le ton autoritaire de son chef lui avaient montré mieux que tous les mots du monde qu'il s'était fait des films tout seul. Il se passerait jamais rien entre eux, c'était que des rêves d'enfant, une lubie ridicule, un crush impossible. Ca faisait mal, mais au moins maintenant il savait. Il n'attendait que la confirmation de Sarawa - même un silence serait suffisant - pour tourner la page et reprendre une relation normale. Enfin... sauraient-ils encore être frères après ça ? Amis ? Non. Pas pour Yoonie et son coeur en lambeaux.
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Mlaheureusement... ce que craignait Sarawa arriva. Depuis quelques temps, Fox comprenait tout de travers. S'exprimait-il si mal? Il avait dit qu'il ne lui avait pas appris à être lâche, pas qu'il l'était en temps normal. Et il lui avait pas non plus dit qu'il était un enfant mais qu'il acceptait de le voir comme un adulte s'il se comportait comme tel. Et contre toute attente, non seulement Yoon prouva qu'il se disait adulte mais n'en prouvait pas les faits.... Il avait non seulement pris tout au pied de la lettre, mais tous ceux du groupe connaissaient Sarawa, Fox y compris, du moins le pensait-il, et ils savaient tous aussi que quand Sarawa était sec, voir cinglant , c'était pour déclenché une réaction chez l'autre qui allait amener à une évolution. Il faisait ce que toute personne voulant la survie de son prochain faisait, et ce, en dépit de la douleur que ce role implique. Il assumait de devoir faire turbiner les méninges de ses protégés, il assumait devoir endosser le role du grand frère injuste et un peu trop intrusif pour leur sécurité, il assumait au final les retours de boomerang en plein dans sa gueule, au risque d'en pâtir personnellement ensuite. Et un des risques pouvait ne plus être aimé, ou la solitude, ou encore... la colère, les coups, le sentiment d'avoir été injuste tout en sachant qu'il avait bien fait , et la possibilité aussi de se tromper parce qu'il n'était pas Dieu, et qu'il n'y a ceux qui n'osent jamais rien et ne font jamais rien , qui ne se trompent jamais. Fox n'avait rien compris de tout ça visiblement. Il n'était pas adulte. Son corps montrait le contraire, son cœur peut-être aussi, mais pas sa psychologie. Il pourrait lui dire autant de fois qu'il voudrait, il était encore en chantier vers un monde dur et injuste qu'il n'était pas encore prêt à encaisser. Ça ne l'étonnait pas au fond, il ne pouvait rien lui reprocher... il avait peut-être été plus dur avec Teerawat mais ça avait porté ses fruits, aujourd'hui ce dernier n'avait plus besoin de lui. Il aurait peut-être du l'être avec Fox... même si Sakura l'aurait détruit. Et elle le détruirait probablement encore après ce qui allait se passer. On ne peut pas vivre sous un éternel bon foyer, un jour ou l'autre, l'équilibre devient fragile, et les esprits grandissants se rebellent. Sarawa était en plein dedans depuis quelques semaines.

Et quand bien même le leader soit blessé... la claque qu'il prit à la révélation, bien qu'il soupçonnait quelque chose pour en avoir fait part à Sakura quelques jours avant, lui fit de l'effet. Entre Ren qui tournait autour de Sakura, Sakura qui s'émancipait et le rendait fou, Tee qui prenait son envol mais qui se prenait constamment la tête avec Wolf et maintenant Fox qui lui avouait ses sentiments naissants et son besoin d'être reconnu en adulte, que devait-il faire? Où se positionner? Quel comportement avoir? L'épée de Damoclés n'avait jamais été aussi réelle au dessus de sa tête qu'à cet instant précis et faute de pouvoir faire le lion en cage face à cette aveu, il ferma juste les yeux et pensa fort en lui-même... c'est pas vrai. Tout ou tard il allait devoir leur dire. Tot ou tard, Sarawa devrait leur avouer que les enfants perdus ne connaissaient pas le tiers de ses activités illégales parce qu'il avait un héritage , en l’occurrence des hommes de main, qu'il ne pouvait pas leur présenter ni les mêler à tout ça et que seul l'activité de dealer était la seule chose qu'il leur accordait... jamais il ne pourrait. Pourtant ils devaient comprendre surtout Fox, qu'il n'avait rien d'un petit joueur. Pas un simple dealer, c'était plus que ça, et son état le prouvait putain. Fox était-il si aveugle? On se croyait un peu dans un roman naïf... ou la gentille demoiselle est prête à tout pour le monstre sur lequel elle crush... ou bien le loup et le chaperon rouge. Je te suivrai partout, je mourrai pour toi. Pause. Rembobine. Problème. Sarawa ne voulait pas de cet avenir pour eux. Encore moins pour Fox.

Mais une chose lui plaisait. Fox avait eu des couilles. Et ça, ça méritait le respect. Il était en bonne voix... mais ce n'était pas suffisant. Si dur Sarawa... Sakura l'aurait frapper, engueuler, fustiger... et elle le fera. Sarawa sourit un peu en coin. Il était fier quelque part. Le plus jeune venait de vaincre le pire de ses démons. Par contre, il se sentait clairement bizarre... ce genre d'aveu est dur... gênant et douloureux à la fois... et surtout c'est son petit frère de cœur... ça fait le même effet qu'un enfant qui dit à sa maman qu'il veut se marier avec elle, mais un enfant trop âgé pour que ce soit une blague. Sarawa n'avait pas beaucoup de connaissance en psychologie, mais ça avait un semblant de syndrome de Stockholm... en version sauveur peut-être... ce qui voulait aussi dire qu'il était le seul responsable de l'état de Fox. Et ça, ça signifiait aussi qu'il avait en partie échouer, il n'avait pas mis assez de barrière et l'absence de lien du sang avait du favoriser ce penchant.

Il est temps qu'il mette les choses au clair ... pour le bien de fox, le bien du groupe et pas forcément le sien , tant pis. Il se fout d'encaisser les pots cassés, ça a toujours été ainsi. Dans un autre effort, bien que Fox l'est recouché, il se redresse et regarde l'état de la couette, en soupirant. Bravo lui. En appui sur ses coudes, respirant lentement, en manque de nicotine et peut-être un peu en manque de sang aussi, il entreprend une explication.

"j'm'en doutais..." Un soupir... Il regarde ses mains tachées et le regarde ensuite. "... écoute... je crois que ... tu t'es attaché à Peter... pas à Sarawa. Tu m'idéalises. Je vais pas m'étendre sur la définition de la réelle maturité parce que tu vas mal interprété mes phrases comme tu viens de le faire... et je suis trop épuisé pour le faire. T'as qu'à demander à Sakura ce que je veux dire... Elle sait mieux s'y prendre que moi... et va pas me foutre dans la gueule en retour que je fuis parce que je te vois venir... je t'épargne, y'a une grande différence. Demande à Teerawat aussi si tu veux, même lui saura t'expliquer... " Un instant assez long passe... celui ou Sarawa réfléchit à la suite, se triturant les doigts, faute d'avoir une clope... "Je suis désolé pour ce que tu ressens... mais pour moi... c'est ni plus ni moins qu'un genre de syndrome de Stockholm... et j'en suis le seul responsable." Sa gorge se serre. Il est aussi mal que son cadet. Il avait pas besoin de ça ce soir. Pourquoi il est venu le chercher putain... La conclusion est dure. Il est responsable de la déception et de la douleur du plus jeune. Comment aurait-il pu deviner aussi? Il n'est pas doué pour voir ces choses là, et Fox ne montre jamais rien. Bien qu'il ne soit clairement pas en grande forme, il sort son portable et pianote sur son téléphone, se levant du mieux qu'il peut, s'appuyant au mur.

"C'était pas une bonne idée de venir... j'vais appeler Sakura pour qu'elle s'occupe de toi.. j'vais me dermerder... " Il avance vers la porte, reprenant son souffle et se dit que Sakura ne le laissera jamais tranquille si elle le voit comme ça. "Merci pour mon mollet... et mon épaule... je te le revaudrai p'tit frêre... " Tout est sincère dans ce qu'il dit , il a envie de cramer une pile, de chialer comme un gosse en burn out, il a mal et il sait qu'il va passer deux jours à venir insupportables, mais tant pis... Il sort de la chambre, vérifiant de son œil non tuméfié s'il y a quelqu'un et se traîne dans le salon, boiteux, l'estomac malmené. Il va tuer Jinsu, il va le tuer et lui demander le double de thune parce qu'à cause de lui, il a morflé, il a blessé Fox dans ses sentiments et Sakura va le tuer. Il va lui péter les dents et lui demander de la thune. Il s'appuie a une table qui passe pour reprendre son souffle, son téléphone toujours à la main avec la liste des contacts.

" S'il te plait... réussis. Bats-les tous dans ton domaine.. prouve-moi que j'me trompe...je veux que tu aies une vraie vie... et c'est pas avec moi qu'tu peux avoir ça..."  Est-ce que c'est la douleur qui lui met les larmes, ou le fait qu'il a vient de faire vraiment mal à son cadet, on ne sait pas, ou peut-être la saturation. On a tous nos limites. Ce soir, sont les siennes. Un sourire triste apparaît sur son visage, avant qu'il ne touche la porte d'entrée et l'ouvre, portant son téléphone à son oreille pour appeler Sakura. Il manque de tomber mais se rattrape. Ça ira... pour lui. Mais pas pour Fox, il le sait... Il lui suffit juste de partir avant qu'elle n'arrive... il va prendre la voiture de son père, et aller dormir dans la ruelle d'à coté dedans , en la garant dans l'ombre... ça ira un peu mieux demain. Tout ce que peut entendre Fox c'est un "salut ma puce... fox a besoin de toi... s'il te plait..."

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Sarawa & Jaeyoon

Il ne le détrompa pas. Il ne se leva pas pour l'engueuler ou l'embrasser. Il resta là à le regarder un moment. Et il esquissa un rictus. Le coeur déjà fissuré de Yoonie se brisa entièrement, tombant en morceaux au fond de sa poitrine comprimée. Il ne voulait pas entendre ce que Sarawa avait à lui dire, il voulait fuir, se cacher, se boucher les oreilles et faire comme si tout ça n'était pas arrivé. Mais il avait besoin d'entendre tout ça, de toucher le fond pour pouvoir remonter à la surface. C'était nécessaire, vital même.

Alors il resta là, immobile, à attendre sa sentence. Il l'idéalisait. Ouais, ça Yoonie venait de s'en rendre compte tout seul, merci bien. Dans sa tête, dans les films qu'il se faisait, jamais Sarawa ne le rembarrait comme ça, sans le prendre au sérieux ni même considérer une seconde qu'il l'aimait réellement. En fait, Yoonie avait juste été stupide et aveugle, à ne voir que le héro fort et courageux, l'homme qui l'avait sauvé et le protégeait. Il avait mal interprété ses gestes, ses attentions. L'autre jour, dans la douche, il avait cru que leur proximité physique était le reflet d'une possible proximité relationnelle. Peut-être que s'il n'avait pas été si terrorisé et vexé, Yoonie l'aurait embrassé. En y repensant plus tard, il s'était dit que ce geste aurait pu aboutir à quelque chose. En y repensant aujourd'hui, il se disait que ça n'aurait fait que rapprocher l'échéance.

Yoonie se retint de ne pas montrer son agacement face aux paroles de Sarawa. Sakura pourrait lui expliquer. Même Teerawat saurait le faire. Parce que Yoonie était trop stupide pour comprendre ce qu'était l'idéalisation d'une personne, la maturité ou la différence entre la fuite et la préservation d'autrui. D'accord. Noté. Il ne montra aucune réaction, resta immobile en attendant la suite. Cette suite étant un syndrome de Stockholm. De mieux en mieux. Il le prenait pour quelqu'un d'aussi naïf que la frêle Belle face à la Bête. Sympathique. Serrant les lèvres, Yoonie hocha la tête avec résignation et détourna le regard.

Quand Sarawa se leva avec difficulté, il n'eut aucun geste pour l'aider, ne s'avança pas pour le soutenir. Il recula, même, s'approchant du bureau pour ne pas se mettre entre son chef et la sortie. Parce que Sarawa allait sortir, n'est-ce pas ? Yoonie le regarda sortir son portable et l'entendit dire qu'il appelait Sakura pour lui, pour qu'elle le console. Pauvre petite chose fragile qu'il était. Il dégluti.

J'ai pas besoin d'une nounou.

Non il en avait pas besoin. Il aimait Sakura et il savait qu'il pouvait tout lui dire, il avait toujours besoin d'elle pour lui remonter le moral et l'écouter, mais pas ce soir. Il avait juste besoin de calme, d'être seul, d'un peu de temps pour digérer. Mais il savait que Sarawa allait quand même l'appeler, parce qu'il était buté et qu'il pensait vraiment que Yoonie n'était pas capable de rester debout après tout ça. Oh Yoonie ne se faisait pas des films à ce sujet, il savait qu'il était le plus faible de tous, mais qu'on le lui balance à la gueule, même sans vraiment le formuler comme ça, c'était blessant. Et les remerciements de Sarawa n'effacèrent rien à l'humiliation de cette révélation.

C'est pas la peine, considère qu'on est quittes.

Même si soigner une blessure n'était en rien comparable au fait de sauver une vie, Yoonie préféra se dire qu'il avait payé sa dette. Ainsi, il ne lui devait plus rien, ne se sentirait plus redevable. Peut-être que ça l'aiderait à se libérer de cette attirance malsaine ? Il ne s'inquiéterait plus de devoir le satisfaire, le rendre fier, le remercier pour ce geste passé. Il pourrait s'éloigner un peu sans culpabiliser. Vivre sa vie. Il ne quitterait pas la bande, non, mais il serait là uniquement parce qu'il en aurait envie, et pas en partie parce qu'il avait une dette gravée au fer rouge.

Sans chercher à le suivre, Yoonie pivota sur ses pieds pour observer le départ de Sarawa. De sa chambre, il voyait au travers de la pièce principale jusqu'à la porte d'entrée. Il regarda son chef s'avancer dans la salle, s'appuyer à une table, se tourner vers lui. Il l'entendit lui souhaiter d'avoir une meilleure vie, et le souvenir de mots similaires s'imposa à son esprit. "Je te souhaite le bonheur". La voix de son oncle se superposa à celle de Sarawa, et une vague de colère monta en lui. Encore quelqu'un qui l'abandonnait en lui souhaitant d'être heureux, alors que c'était eux la cause de ses malheurs.

Ouais c'est ça.

Il du se forcer pour se taire avant de balancer des atrocités, insultes qu'il n'avait jamais pu dire à son oncle et qui n'étaient pas forcément destinées à Sarawa. Il superposa les deux dans son esprit, des monstres qui détruisaient l'innocence d'un enfant, qui l'abandonnaient à l'agonie en laissant les autres le relever. Des hommes drogués incapables d'aimer. Sarawa avait raison, Yoonie n'avait rien à faire avec lui, il méritait mieux. Mais allez dire ça à son putain de coeur qui saigna encore en le voyant passer la porte. Il entendit les premiers mots que son chef adressa à Sakura, et une douleur inédite naquit dans sa poitrine.

Yoonie se laissa tomber sur la chaise de sa chambre, enfouissant son visage dans ses mains. Il ne pleura pas, il avait bien trop mal pour ça. Il senti son coeur se figer, son esprit s'engourdir et, peu à peu, la douleur reflua. Il ne senti bientôt plus rien, ni tristesse ni colère, pas plus non plus sa joie habituelle, juste un vide insensible, confortable. Un néant plus accueillant que les bras des sentiments. Il tira à son tour son portable de sa poche et envoya un texto à Sakura. Je vais dormir, ne passe pas maintenant. Je passe te voir après mes cours. Cependant, avant de dormir, il retira les draps tâchés de son lit, nettoya le sang qui avait goutté sur le sol de l'appart et retira son t-shirt - son t-shirt - pour le jeter à la poubelle. Puis il se roula en boule sur son lit dénué de draps et se laissa sombrer dans un sommeil sans rêve.
(c) princessecapricieuse

花が咲いたよ

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