“l'arôme du café matinal” & En semaine, Wu Jo commençait sa journée de travail entre 6 et 8h du matin selon la période de l'année. A l'approche imminente d'Halloween, il y avait pas mal à faire à Unruly Flavor côté chocolaterie mais ce n'était rien comparé à ce qui les attendait pour la période de Noêl. Néanmoins, pour ce premier week-end à Terrace House, Wu Jo avait pris soin de prendre de l'avance dans sa part des tâches, la veille. Histoire de pouvoir se prendre une délicieuse et fort bienvenue grasse matinée, le lendemain... Ha, pourquoi avait-il fallu que la maison se situe au sommet de la colline au cerisier ? Même pour ce né-sportif, c'était dur d'en grimper la pente à son retour de ses longues heures de labeur quotidien. Ce matin-là, couché sur le flanc, il dormait si bien qu'un très fin filet translucide glissait sur son oreiller par ses lèvres entrouvertes. Si le réveil n'avait pas fait vibrer son téléphone avec insistance près de son crâne, il ne se serait guère levé à temps pour rejoindre ses collègues. Mais Wu Jo ouvrit ses yeux ensommeillés avec un grognement étouffé, la tête tournée vers la source de ce bruit dérangeant... Puis il releva sa main vierge paresseusement passée dans ses cheveux sombres pour interrompre les spasmes de son portable. Le chocolatier se permis de trainer... les doigts refermés sur son tél' et le bras pendu dans le vide... ne se décidant de se lever qu'au bout de trois "longues" minutes, pris d'un bâillement silencieux, sa main au poignet tatoué choppant ses écouteurs dans la foulée. Aller, mec, on se motive... un peu de nerf !

Une seule oreillette dans l'oreille, il activa une musique de son répertoire composée de guitare électrique énergique sans être assourdissante puisqu'il venait seulement d'émerger de sa nuit et que, même s'il aimait le rock, ses tympans lui seraient on ne peut plus reconnaissant de ne pas les transpercer à peine échappés de ses draps. Un éclair de lucidité lui fit vérifier que son t-shirt de "pyjama" n'ait pas de trace d'humidité suspecte qui aurait dénoncé l'humiliant fil salivaire de tantôt. Ouf, il n'y avait rien. Marmonnant discrètement quelques paroles de chanson en se sortant tasse, petite cuillère et co. Wu Jo fit son café en savourant sa solitude matinale. Qui ne dura que peu... puisqu'il fut bientôt rejoint par un de ses colocataires et camarades de chambre. Yoo Hoseok. Jo observa l'insolent mannequin apparaître dans sa chemise noire en lui lançant un salut peu motivé, auquel il répondit à peu près sur le même ton « Salut.. ». Il aurait cru que le cadet se serait assis un peu à l'écart puisque celui-ci semblait avoir développée une dent mystérieuse contre lui, à une vitesse grand V, durant ces quelques jours. Mais, au lieu de ça, celui-ci vint se placer en face-à-face. Bon, s'il tolérait cette proximité, c'était qu'il ne le détestait pas tant que ça. Ou alors il avait fait exprès pour lui chercher de nouvelles noises... ce que sembla justifier son café volé, la seconde suivante. Wu Jo eu un bref claquement de langue impatient. Merci de le chercher à peine éveillé... « Tu n'es pas un peu maniaque, toi, normalement ? Qu'est-ce qui te dit que j'aie pas encore bu dedans et que tu ne t'apprêtes pas à entrer en contact avec mes bactéries et mes microbes, là ? » Il avait beau ne pas être très content de l'attitude de son coloc, il parlait tout de même avec un calme que vaguement teinté d'irritation et, même si on pouvait aisément penser le contraire, il ne prononçait même pas ces mots à titre de vannes. La tasse était parfaitement propre, sans aucune trace de dégoulinement caféiné. Wu Jo n'y avait pas encore touché. Alors avec un soupir fatigué, le chocolatier se releva pour préparer un deuxième café, que le dérobeur de tasse se décide réellement à boire dans la sienne ou non.  

Oups, désolé. Voilà les seules paroles d'excuses qu'il lui avait servies la veille au soir lorsqu'une de ses chaussures avait atterrie sur la tête de Wu Jo qui s'était confortablement enfoui dans son lit, au bas de celui d'Hoseok, côté fenêtre. Certes, cet "accident" n'était pas la mer à boire... et en temps normal, Wu Jo se serait contenté de reposer l'objet fautif par terre sans faire d'histoire. Sauf que là, il y avait un hic. Non seulement le coupable l'avait fait exprès mais, en plus, c'était pas la première fois qu'il lui cherchait des poux. Wu Jo n'avait rien fait de mal, il en était certain. Hoseok ne l'appréciait simplement pas. Du tout. On ne pouvait pas plaire à tout le monde... mais ça ne l'obligeait pas non plus à le tacler dès qu'il en avait envie ! Ainsi, Wu Jo n'avait pas manqué de renvoyer habilement la chaussure d'où elle venait par un joli lancer du bras. Le grondement qui en avait résulté lui avait muettement fait penser un bien fait mérité. Sujet désormais clos qui ne valait pas la peine d'être abordé, bien qu'il rôdait de nouveau dans son esprit. « Puisque je suis debout, tu as besoin de quelque chose avec ton café ? Sucre, lait, accompagnement ? ». Pour sa part, Wu Jo s'était réchauffée et enroulée une large, généreuse, lamelle d'omelette aux légumes, ainsi qu'un bol de riz entamé hier. Ces deux mets patientaient sagement sur la table, encore tout chauds, avec deux petits morceaux de pain beurré. Hoseok s’était installé pile au moment où il allait mordre dans sa belle omelette, ce vol de café intempestif l'avait interrompu dans son élan...

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“l'arôme du café matinal” & C'était loin d'être la première fois que Wu Jo se confrontait à ce genre d'individu. Froid, hautain, imbu de sa personne. Il ne s'entendait jamais avec de tels caractères, ça ne matchait pas, sauf exception lorsqu'ils réussissaient à se trouver des points en communs suffisamment forts pour occulter les différents qui les éloignaient ou les incitaient à se prendre le bec. Concernant Hoseok... cela ne faisait que cinq jours qu'ils se côtoyaient, le soir plutôt que le matin puisque Wu Jo partait très tôt pour Roppongi. Aujourd'hui, c'était la première fois qu'ils se croisaient seul à seul au petit-déjeuner et il commençait déjà par lui prendre son café. Allait-il y avoir une suite à ce quelque peu vicieux programme ? Néanmoins, Wu Jo n'était pas suffisamment de mauvaise humeur pour ne pas se mettre à rire avec spontanéité de la réplique du mannequin qui avait trouvé plus d'un argument pertinent à lui renvoyer. « Bien vu. Un vrai maniaque n'aurait jamais survécu à de tels assauts. A moins d'être assez professionnel et de s'être construit une carapace assez solide pour endurer ces supplices la tête haute. » Comme Hoseok lui-même aurait pu le faire, non ? Wu Jo lui avait lancé un regard en biais avec un petit sourire en coin depuis la cuisine pour lui signifier précisément qu'il le visait en disant cela. Son expression était moins amicale qu'un brin moralement provocatrice avant qu'il ne se détourne vers la machine à café. Allait-il lui relancer un nouvel air à la de quoi je me mêle ? Affairé, il cru bien sentir le regard de son coloc' qui le suivait dans ses déplacements mais fit mine de ne rien avoir remarqué. Il se trompait peut-être après-tout.

« Il me semble, oui... » Quoique... Tandis que la machine automatique s'enclenchait, il partit en quête du poulet dans le frigo et ne tarda pas à mettre la main dessus. « Yes ! Il y en a. » Retirant, par réflexe, la protection en cellophane du plat, Wu Jo revint sur ses pas pour se pencher au-dessus de la table et lui mettre l'assiette froide sous le nez. « Tiens. » S'il voulait un poulet chaud, il avait qu'à le préciser avant. Toc. Maintenant, pas question qu'il s'en charge même s'il le lui demandait poliment. Cette fois, lorsque son nouveau café fut prêt, il y ajouta une goutte de lait puis se rassit à sa place tiédie où il jeta un regard à son bol de riz fumant qui semblait faire de l’œil au mannequin. Décidément... Appuyant son dos contre le dossier de la chaise pour poser les yeux sur son colocataire, Wu Jo le fixa quelques courtes secondes. « Oui. Si j'en prends que la moitié, j'aurai encore faim en partant d'ici. Mais si tu en veux, il y en a un autre bol dans le réfrigérateur. » Va te le chercher, par contre. Traduisait la lueur qui passa dans ses iris tandis qu'il l'observait. Hoseok était un jeune homme plaisant à regarder. Son visage pouvait avoir des traits doux mais aussi et surtout glacés. Wu Jo savait quand il était physiquement attiré par quelqu'un, à quel point, et réaliser cela lui permettait de dissimuler assez tôt son ressenti. En particulier quand il s'agissait d'une personne de sexe masculin et, en l’occurrence, cette énergumène ne le laissait pas indifférent. Se retournant vers son assiette et remettant son écouteur dans son oreille, il mordit avec appétit dans son rouleau d'omelette... Hmmm, ce qu'elle était bonne ! Ça faisait du bien à l'estomac.

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“l'arôme du café matinal” & « Si tu le dis. » répondit Wu Jo avec une nonchalance à peine convaincue quand Hoseok lui affirma ne pas être maniaque. Après-tout... Il ne fallait pas trop se fier aux apparences, n'est-ce pas ? Pour l'instant, il connaissait mal le mannequin et ne pouvait guère se vanter de pouvoir prédire ses réactions ou ses pensées. Alors ce n'était pas la peine de chercher plus loin. La lumière du jour baignait l'intérieure de la maison d'une douce clarté ce matin et sa blancheur laissait prédire que le ciel serait couvert mais, d'après la météo, ce jour ne serait pas un jour de pluie. Wu Jo se demandait tout de même s'il n'allait pas amener un parapluie avec lui ou au moins s'enfiler un manteau à capuche pour partir au travail, au cas où... Hm, bon, autant régler cette question plus tard. Une nouvelle tasse de café -au lait- en main, le chocolatier traîna des socquettes jusqu'à son siège et se bu quelques gorgées bouillantes du bout des lèvres, les yeux sur son convoité bol de riz. Navré mais toutes ces délicieuses céréales étaient pour lui... Avec Moana ou Juria, il les aurait sans aucun doute laissé picorer deux-trois bouchées mais vu l'attitude de Hoseok, pour celui-là c'était niet. Au moins, il n'avait pas l'air de se formaliser de sa réponse et, tout à son observation de son camarade de chambre occupé à aller se chercher le deuxième bol de riz, Wu Jo se perdit dans ses réflexions. Le sud-coréen n'avait jamais aimé les conflits, même si dans ses mauvaises humeurs il pouvait se plaire à les provoquer et qu'il avait participé à des castagnes de coqs stupides au cours de son adolescence. Pour impressionner les filles -sinon les mecs- ou se calmer les nerfs. Généralement, Jo préférait  éviter les querelles ou essayer de les apaiser. Il ne savait pas encore très bien quel comportement adopter vis-à-vis de Hoseok... Mais ce n'était que le début de leur colocation. Autant jouer la carte de la patience et de la convivialité tant que ça restait faisable.

« ... » Ne s'attendant pas à cette question et étant encore dans le coltard du réveil, il laissa trainer un blanc, le temps que ses rouages neuronales se remettent à fonctionner correctement. « Hm... » Mâchouillant son morceau d'omelette, Wu Jo jeta un œil machinal à l'horloge de son téléphone puis avala sa bouchée avant de répondre. « Je termine à 18h mais on a prévu de faire une petite sortie nocturne avec des amis avant de rentrer, si la pluie garde ses distances. Donc je ne serai pas de retour directement. » A moins qu'une averse ne les oblige à se séparer en catastrophe puisque le but de la soirée c'était d'arpenter les rues et les marchés de Tokyo pour le simple plaisir d'être ensemble. C'était bien ce qu'il voulait savoir ? Quand il serait de retour au bercail ? A moins qu'il ne posait cette question que par politesse feinte. Mouais... Les deux jeunes hommes ne se rendaient pas compte qu'ils faisaient la même chose : éviter de se poser trop fréquemment les yeux dessus pour que ce ne soit pas suspect. Wu Jo re-croqua dans son omelette et entama son riz, se concentrant le plus naturellement du monde sur son petit-déjeuner ainsi que sur sa playlist Spotify. « Et toi ? Quel est ton emploi du temps du jour ? » D'accord, il avait bien compris que ça ne l'intéressait pas de faire ami-ami, les signaux de Môsieur Yoo avaient été suffisamment explicites tout du long de cette semaine quant à son attrait pour la solitude et le chocolatier aurait pu choisir de s'abstenir de relancer la conversation... Sauf qu'il aimerait bien abaisser cette hache de guerre inexplicablement surgit des mains de son interlocuteur et ce n'était pas sans quelques efforts qu'il parviendrait à changer un minimum les choses. S'il y avait espoir d'amélioration relationnelle avec cet étudiant de sciences-politiques, têtu, taciturne et casse... Bon, évitons les gros mots.

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“l'arôme du café matinal” & Wu Jo avait relevés les yeux vers son partenaire de table après lui avoir retournée sa question sur leurs horaires de fin de journée, ce qui avait permis de croiser brièvement son regard. Le sien s'était attardé tout en écoutant Hoseok répondre qu'il ferait du 11-16, aujourd'hui. Ah, le mannequin terminerait avec deux heures d'avance sur le chocolatier.... Il enviait un petit peu cet emploi du temps plutôt tranquille du samedi. Lui, il avait beau terminer officiellement à 18h, il ferait probablement une demi-heure de supplément mais ne s'autoriserait pas à bosser plus. Non seulement pour éviter de faire languir les copains mais aussi parce qu'il n'avait pas terminé aussi tard la veille pour réitérer le lendemain. L'air de rien, il avait glissés les yeux sur Hoseok en se faisant la réflexion que sa chemise noire mettait sa silhouette en valeur, son cou inclus... C'était un beau tissu qu'il portait. En même temps, puisqu'il était apparemment issu d'une famille aisée, ce n'était pas surprenant. « D'accord. Ça va, tu termines tôt. C'est pour quel type de magazine que tu vas prendre la pose devant les objectifs, aujourd'hui ? » Wu Jo reprit un dernier morceau de son omelette sans quitter Hoseok des prunelles mais, cette fois, c'était au niveau des yeux qu'il avait déplacé son attention et il devait en partie se retenir pour ne pas le retourner là où il aimait les promener quand un homme lui plaisait. Dans le cas présent, il s'agissait de la gorge et de la zone vulnérable... juste entre le nez et le menton. Pas trop moyen de mater plus bas, même si...

Quelle heure était-il ? Hm, bon, en accélérant un peu il aurait assez de temps devant lui pour terminer son riz, ses tartines et son café où il trempa un pain beurré avec gourmandise. Ensuite, douche express et décollage. Pas de jogging, ce matin, il n'en avait pas la foi. Ce serait pour ce soir s'il avait la malchance de devoir rentrer plus tôt que prévu. Si sortir dans les rues de Tokyo sous la pluie était désagréable, même entre amis, courir ne l'était pas en revanche du moment qu'il ne tombait pas des gouttes grosses comme des grêlons. Il avait l'habitude de l'eau, des vagues, d'être trempé des pieds à la tête, ça lui rappelait ses acrobatiques séances de glisse sur la mer. Pff... Ce qu'il avait envie de trainer, d'étirer son petit-déjeuner jusqu'à une bonne heure de paresse coupable. Wu Jo était possédé par un état d'esprit de flemmard depuis qu'il s'était réveillé... mais ce n'était pas tout. Il se sentait bien pour une autre raison également. Cette présence qui avait beau aimé lui chercher querelle. Ce coloc' bougon qui lui lâchait ses chaussures sur la figure sans plus de remord ou lorgnait son petit-déjeuner jusqu'à lui piquer impunément sa tasse. Il lui faisait ressentir un début d'attirance secrète qui rendait sa compagnie... plus agréable. « Au fait, j'espère qu'il était bon mon café au moins. » Le chocolatier venait de poser son menton dans la paume de sa main pour regarder directement son interlocuteur après avoir gobée toute entière une bonne boule de riz cuit. « Dans ce cas-là, ça mériterait qu'on fasse la paix, non ? » Il mâcha puis avala son morceau avant d'ajouter : « J'aimerai bien éviter de recevoir une autre de tes chaussures sur le nez pendant que je dors. » C'était une excuse, en réalité. Une excuse pour essayer de briser la glace sur un ton léger. Wu Jo s'en fichait de ce qu'il s'était passé cette nuit. Là était sa manière d'essayer de détendre l'atmosphère avant que l'un des deux ne doive lever le camp pour démarrer leur journée de besogne.

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