Etsuya est un homme de science, de rigueur et de connaissances. Très terre-à-terre, il n’y a rien qu’il comprend moins que ces gens qui passent leur temps à rêvasser. Il ne les juge généralement pas. Ils le laissent juste profondément perplexe ! Ça fait de lui quelqu’un qui ne comprend pas toujours les double-sens s’ils sont trop subtils ou qui ignore quelques principes fondamentaux humains sans que ce soit mesquin de sa part. L’intelligence qu’il possède est grande, mais ses aptitudes humaines le sont un peu moins. Dans ses relations personnelles. Il va sans dire que dans son métier d’avocat, Etsuya excelle à ce niveau. Mais c’est très différent et il n’aborde pas ses relations professionnelles et ses relations intimes de la même façon.

Il possède un très grand charisme qui lui sert bien autant quand il rencontre ses clients pour la première fois ou quand il fait son plaidoyer devant le jury que devant sa classe. Son esprit logique compartimente aisément les faits qu’il possède et il parvient à en faire un récit clair et puissant. Néanmoins, quand on le voit en dehors du cadre professionnel, on peut rapidement se rendre compte qu’il est plutôt taciturne et prude sur sa vie privée, qu’il n’expose pas facilement et certainement pas à n’importe qui. Il en est même probablement un peu dissimulateur, mais ce n’est pas dans une tentative de se protéger ou quoi que ce soit du genre. Il s’agit juste de la personne qu’il est.

Il a néanmoins un grand sens des responsabilités et s’occupera d’une personne s’il juge qu’il le doit. Il risque toutefois d’être absent, donc loin d’être parfait, puisqu’il est typiquement l’homme d’affaires japonais par défaut : bourreau de travail ! Il oublie parfois même de s’occuper de lui-même, mangeant trop peu ou ne dormant nettement pas assez. C’est une des choses qui l’oppose continuellement à son ex-femme, d’ailleurs ! Même s’il n’élève pour ainsi dire jamais le ton, les colères d’Etsuya sont effrayantes. Implacable logique, ton de réprimande, regard noir… Il vaut mieux ne pas le décevoir. Il abattra un poing sur une table s’il le faut, mais en règle générale, il est très maître de lui-même, ce qui ne veut pas dire qu’il ne sait pas manifester sa colère, au contraire.

C’est un enseignant strict, mais juste. Il n’y a pas de favoritisme avec lui et ceux qui ont voulu s’y essayer s’y sont brisé les dents.

Etsuya a fait partie de ces enfants au Japon qui, lorsque leur mère monoparentale veut se remarier, ne sont plus les bienvenus dans ce nouveau foyer. Que ce soit par honte ou par envie de recommencer à zéro, il s’est fait repousser par sa mère lorsqu’il avait six ans et ne comprenait pas encore bien ce qui lui arrivait. Son père étant absent, un bon à rien qui finissait plus souvent en prison qu’autre chose et n’avait jamais eu de boulot digne de ce nom à son actif, il atterrit chez sa grand-tante paternelle. Cette derrière avait promis de s’en occuper et même si la mère n’aurait pas songé à vérifier si c’était bel et bien le cas, elle a tenu sa promesse. La vieille dame est aujourd’hui dans un centre pour personnes âgées à Tôkyô et Etsuya va la voir le plus souvent possible, malgré ses horaires chargés. Après tout, c’est grâce à elle qu’il est où il est maintenant. Elle a sacrifié beaucoup de choses pour qu’il fasse les études qu’il voulait faire.

Malgré la colère et l’incompréhension de sa situation, il n’a jamais fait payer sa tristesse à cette grand-tante qui s’est si bien occupé de lui. Au contraire, c’était plutôt agréable qu’on prenne enfin du temps pour lui et qu’on en fasse une priorité ! Alors même si le fond de son histoire est plutôt triste, Etsuya ne s’en plaint pas. Il a perdu une mère peu présente pour en gagner une très aimante. Il était un bon petit étudiant, très intelligent, qui savait grappiller les premières places au classement dans chacune de ses classes. Ça en a fait un garçon sérieux qui ne laissait pas beaucoup de place pour la socialisation toutefois, ce qui paraît encore un peu maintenant. S’il a une grande gueule en plaidoyer et devant sa classe, dès qu’il n’est plus en situation professionnelle il se referme un peu.

Si son départ de Sapporo s’était fait à six ans, lorsque sa mère l’a expédié à Tôkyô, Etsuya a néanmoins ressenti le besoin d’y retourner à une époque. Il a d’ailleurs fait son stage là-bas auprès d’une imminente avocate avant de revenir à Tôkyô. Trop de souvenirs désagréables se trouvent encore à Sapporo pour lui, même s’il aurait pu apprendre à vivre avec. C’est à son retour à Tôkyô qu’il recroise une jeune femme qui a elle aussi étudié à Chuo. Cette fois, elle insiste davantage et réussit même à percer la carapace inutile que l’homme a monté autour de lui. Ils se fiancent, puis se marient assez rapidement. Peut-être un peu trop ! Malgré la grande affection, il semble que la chimie n’est pas autant au rendez-vous en ménage qu’en amitié. Ils se séparent quand même six ans plus tard. On ne peut pas leur reprocher de ne pas avoir essayé ! Ils sont séparés depuis un an et demi et leur relation va mieux que jamais, étonnamment. Il s’agit d’ailleurs de la personne la plus présente dans sa vie.

Heureusement, parce que maintenant qu’Etsuya enseigne à Chuo depuis le début de l’année en plus de ses fonctions d’avocat – allégées pour le coup quand même ! –, il a plus d’occasion de s’oublier et semble toutes les saisir…!