Min-Ho avait passé sa vie à aider chacun, le prochain à trouver le bon chemin pour embellir leur destin, qu’il s’oubliait parfois comme un pauvre gamin. Il y avait un tel fossé entre ses pensées et la dure réalité que plus rien ne l’ébranlait. Après tout, il avait fermé les rideaux sur les autres depuis longtemps, ce n’était pas deux ou trois fanfarons qui allaient ébranler ses convictions entretemps. Et c'est dans ses pensées les plus lointaines qu’il se met soudain à plisser les yeux de façon incertaine. Il lui semble reconnaître un visage familier, ou du moins qu’il avait déjà dû rencontrer, sa façon de se mouver si animé que rien ne peut la contrarier. En effet, c’était bien la jeune femme qui étudier et qu’il n’avait que peu apprécier (pour sa naïveté, rien de particulier). Curieux et poli, il s’approcha sans un cri afin de visualiser ce qu’elle faisait loin de l’accalmie.

— Ces couleurs sont pâles, mais joliment choisis. Je ne m’y connais pas tellement en nouveau-né, mais avec quelques motifs, cela donnerait une certaine identité. Je suppose.  

Il lui laisse quelques temps après cette surprise pour se calmer avant de la scruter tout en étant très discret. Ces paroles peuvent être voraces ou semblables à une caresse avec grâce. Ce genre d’événement il en avait peu fait, mais il n’était jamais contre les nouvelles idées. La croisée ici relevé peu à du miracle, mais il recevait cela tel un réceptacle. Il posa ses doigts fins sous son menton d’un geste habile, habillé par une expression curieuse et gracile. Il bascula légèrement la tête sur le côté en offrant un sourire cajoleur, heureux de l’effet de surprise même s’il est peu dévastateur.

—  Je ne vous ai pas revu depuis un petit moment, mais je vois que vous ne perdez pas de vue vos objectifs.

Il devait tout de même saluer sa témérité pour entrer dans ce monde avec si peu d’impétuosité. Elle ne sait sans doute pas de quoi ce monde est fait, mais il ne peut qu’inconsciemment encourager ces faits pour cette jeune femme au destin non tracé comme lui l’a été. Il avait peut-être une certaine nostalgie pure, inaltérée qui s’enracine en lui et dont il devrait en avoir cure. Il s’approche encore en baissant le regard vers les tissus, en touchant quelques-uns avec vertu.  

—  Votre projet avance bien ?

 Min-Ho s’était efforcé de prendre ses pensées enterrées et non seulement, il essayait de les raviver, mais il savait qu’il allait les brouiller pour ne pas être trop attiré par ce qui lui manquait et s’illusionner, il le savait depuis qu’il l’avait rencontré. Il fallait lui montrer la dure réalité pour ne pas qu’elle tombe trop désespéré, derrière les mots amoraux.

Il semblerait que le petit chaton s’est vu fort contrarié par les discussions passées, le jeune blond l’a très vite remarqué par en entendant ces paroles acérées. Son sourire cajoleur ne s’était pas fait oublier, quoiqu’un autre plus gouailleur puisse le remplacer, mais il ne le fait pas pour rester discret ainsi que son amabilité pour ne pas manquer de respect. Elle avait au moins le mérite d’être motivé et très informé pour son projet

— Tout à fait. Le rendu permet aux parents de choisir ce qu’il sera plus confortable pour leur enfant, avec quelques notes de couleurs ou des motifs assortis en fonction de ce que vous souhaitez donner.

Elle avait l’air de se poser des questions, comme s’il avait des intentions. Min-Ho n’en fut aucunement offusqué, après tous les premiers dialogues n’avaient pas été parfaits. Elle parvenait à le pavaner de belles paroles pour se motiver, mais elle n’arrivait cependant pas à le toucher puisqu’il connaissait quelques secrets de ce métier bien compliquer. Elle avait l’air persuadé, mais il voyait nettement qu’elle débutait : des erreurs simples elle en commettait et cela commencer par sa façon de lui parler. Et cela, il n’allait certainement pas l’oublier, peut-être s’en amusé avant de s’en lasser, il ne le savait, mais si elle continuait, elle allait en baver. Il avait reposé le tissu d’un bleu ciel pour attraper un autre plus pastel. Le touchant, le palpant, le renversant pour en percevoir chaque couche, froissement le temps d’un instant.

— C’est excellent à entendre, je vous félicite. Je suppose que vous ferez également les accessoires tels que les petits bonnets, les dors bien et autres pour en faire un trousseau pour les futurs parents ?

Cela sonnait davantage comme une exclamation plutôt qu’une question. Elle en avait peut-être déjà eu l’idée qu’elle allait concrétiser, mais il pouvait se permettre de l’embêter. Mais il voyait nettement qu’elle était bien réservée, sans doute, avait-il été trop éhonté lorsqu’ils se sont rencontrés, cela le rendait fort blasé, puisqu’il en était accoutumé. Il plia le tissu qu’il avait trouvé de manière très ordonnée pour le reposer avec douceur et sans impétuosité, comme s’il chérissait celui qui allait l’utiliser ou l’avait confectionné. Il leva le regard pour croiser le sien, lui offrant un sourire praticien.

— Je recherches quelques tissus pour la décoration de salle pour un événement. Des couleurs, des motifs, peut-être un coup de cœur ou quelque chose en rien agressif.

Il leva les bras pour montrer à la hauteur des yeux un couleur claire et élégante, qui entrerait parfaitement dans le cadre d’un mariage sans être gênante. Aux lignes simples et élégantes, portées avec très peu de dentelles pour aller avec la robe de mariée qui étincelle. Les lignes choisies sont quelques choses que tout le monde va remarquer, ainsi est le but rechercher des futurs mariés. Plus de volume exagéré, tout en simplicité. Avec des fleurs assorties, il savait que l’effet allait être garanti.

— Ce qui est passionnant dans ce métier, c’est que tout le monde se connaît, peu importe d’où l’on vient ou ce que l’on est. Tout se rejoint, même si chacun vient d’horizons lointains. Si vous venez ici pour la confection de tissu, je viens ici pour voir et peut-être acheter pour des mariés. Nous n’avons rien en commun et pourtant nous nous rencontrons.

Si le message n’était pas passé, il ne pouvait plus l’aider, car tout avait été énoncé. Il avait été discret, mais il a fallu lui déclarer afin de la rediriger pour ne pas qu’elle se brise les ailes de façon précipitée. Il tendit la main vers l’avant pour la laisser passer, afin de continuer à bavarder.

— Ce n’est pas tellement difficile de concilier les cours et votre passion ? Vous avez des stages à effectuer ?

Autant en profiter pour demander avec sincérité où elle en était, réellement curieux de son avancée.

Il échangea un sourire bien mystérieux, sans paraître vicieux. Partage entre amusement éhonté et une certaine envie de féliciter, quoique qu’une envie de la redresser. Ce qui est évident pour certain ne l’est pas pour d’autres, la prudence est donc de rigueur lorsqu’on est dans un domaine qui touche les relations humaines et leurs humeurs. Il ne fit cependant pas de commentaire sur les propos énoncés, elle ne le portait pas son cœur et il le savait alors autant de pas l’animée. Ce n’était pas un domaine dont il était près et était volontiers à l’écoute de la jeune femme et ses avis tranchés.Le tissu convenait, mais il allait encore parcourir avant de se décider. Jamais se précipiter au risque de perdre une rareté pour un bien tout aussi travaillé, mais moins convenu aux désirs des futurs mariés. Et puis, il avait d’autres événements qui l’attendait alors il en profitait pour déambuler et dénicher les tissus plus difficiles à trouver dans les tons demandés, mais il était trop têtu pour changer d’idées. Il avait hoché la tête d’un air satisfait en entendant les paroles énoncés, teinté et même empli de banalité, mais dont il partageait pleinement l’idée. Il lui offrit un sourire davantage plus franc et galant.

— Je vous remercie. Les tendances changent si vite qu’il faut toujours surveiller tout ça de près pour correspondre au plus près des clients, sans totalement dénoter à leur demande.

Il la regardait faire avec curiosité, sans émettre un jugement ni affinités, après tout, ce n’est pas lui qui gérer. Elle devait très certainement avoir un croquis désiré pour choisir ce coloris rosé. Il était resté près des tissus d’un ton plus bleuté pour la prochaine soirée, qui conciliait beauté sous des pas dansés et il ne voulait certainement pas tout rater, lui qui pourrait retrouver le temps d’un instant un amour enterré qu’il avait dû délaisser pour son métier.

— Je vous souhaite bon courage pour tout cela. Vous avez déjà des pistes de stage, la ville ou un magasin en particulier ? Si je puis me permettre, vous n’êtes pas obligés de répondre, je suis assez curieux de votre avancée.

Il ne savait pas s’il pouvait l’aider ou si même l’envie de l’aider le traverser. Il ne se chérissait pas l’un et l’autre cela se voyait, mais il n’avait pas foncièrement envie de la voir s’échapper devant des idées encrées qui avait besoin de s’exprimer. Min-Ho était sans doute d’un caractère que peu aimé, mais il était toujours sensible à la créativité même s’il n’était pas d’une immense sensibilité. Il se demandait quel choix elle opterait avec sa couleur rosée. Il restait un peu pour découvrir son choix, espérait-il plus osé.

— Cela est difficile à répondre. Disons…depuis plus longtemps que ce que l’on peut penser.

Et cela était vrai. Son nom parcourait les personnes avides de s’amuser et s’aimer avant même qu’il soit né, le traversant pendant toutes ces années, se passionner sans le savoir dans ses yeux qui brillaient. Il avait alors très vite travaillé en conciliant les études et les formations, avant de faire définitivement son entrée accompagnée de la notoriété de ses parents qui le suivait.

— Et vous, ce projet, vous l’avez depuis longtemps en tête ?