Sphère Krystal Entertainment. Un nom qui résonnait très Coréen aux oreilles de Yoon Min Ho qui avait pourtant quitté son pays natal et posé ses valises au Japon pour fuir le monde du divertissement qui avait signé sa perte à l’époque. Et pourtant, il avait accepté cette entrevue avec le vice-président, Nakajima Kazuaki, grand requin des affaires à ce qu’il avait pu voir. Ce dernier semblait intéressé par son parcours musical et son talent en tant que batteur et souhaitait lui proposer un contrat. Le souci, comme il lui avait dit pendant l’entretien, c’était qu’il était déjà engagé au sein de la Toy’s Factory, que cela faisait des mois qu’il bossait sur la préparation de leur premier album de lancement, et qu’il leur devait sa rédemption et sa seconde chance. C’était donc délicat pour lui de tout plaquer à la dernière minute pour aller voir ailleurs. Et vraiment, tout ici lui rappelait la White et la Stardust Entertainment et lui faisait froid dans le dos. Après, pourquoi pas, peut-être qu’il pouvait faire des choses ambitieuses ici, mais il avait demandé à Nakajima-san de lui laisser le temps de la réflexion. Il fallait avouer qu’en ce moment, l’ambiance n’était pas au beau fixe dans son groupe HORIZONS : il avait toujours l’impression que le batteur le regardait de travers et avait quelque chose à lui reprocher. Quant à la chanteuse, même s’il l’adorait, elle arrivait souvent en retard aux répétitions, et semblait distraite, comme déconcentrée. Il ne savait pas ce qui se tramait mais ça ne présageait rien de bon. Lui qui pensait pouvoir commencer une vie tranquille et un parcours sans embûche ici à Tokyo, il s’était fourré le doigt dans l’œil. Il faudrait qu’il en discute avec Ming Mi.

Pour l’heure, il était un peu perdu, venant de sortir du bureau du vice-président. La sortie du premier album de HORIZONS avait été repoussée pour le moment, car ils n’étaient pas vraiment prêts, et le staff de l’agence tenait à ce que l’ambiance soit au beau fixe entre les membres pour leurs débuts. Cela risquait d’être compliqué. L’album aurait dû sortir début décembre, la première semaine, pourtant au 15 décembre rien n’était fait. Min Ho commençait à s’impatienter et à voir l’histoire se répéter. Décontenancé, il n’entendit même pas une personne s’acharner sur la machine à gourmandises, et continua sa route tranquillement dans le couloir. En revanche, le bruit de la pièce qui tombe dans la machine et de l’objet de convoitise dans l’espèce de tiroir permettant au client de récupérer le Saint Graal attira son attention, lui qui avait besoin d’un bon remontant après cette entrevue déroutante.

« Bonjour. » se contenta-t-il de dire à voix haute pour signaler sa présence.

Il observa l’inconnu devant la machine, en essayant de ne pas paraître intrusif : il n’avait absolument rien d’asiatique, ni sur son visage, ni sur sa carrure. Il ne savait pas que la SK embauchait aussi des occidentaux. Il trouvait l’idée cool tout d’un coup, c’était d’ailleurs ce qui lui avait plu à l’origine quand la Toy’s Factory avait annoncé son projet de groupe mixte. Il avait envie de voir de nouvelles choses, de rencontrer de nouvelles personnes. En revanche, Min Ho ne savait pas si le type parlait Japonais ou non. Une chose était sûre, c’est qu’il était inutile de tenter en Coréen. Il ne lui restait que son anglais un peu bancal, mais pas si mauvais que ça. A croire que les cours à Kirin à l’époque et d’avoir chanté quelques chœurs pour KLUV en anglais l’avaient marqué.

« Vous êtes un chanteur ici ? » demanda-t-il poliment, curieux de faire connaissance avec un occidental, situation peu courante pour lui ici. Il fallait bien commencer quelque part pour briser la glace.

En attendant la réponse de l’inconnu aux cheveux longs et au look rock’n’roll, le jeune homme sortit une pièce de son portefeuille et l’inséra dans la fente de la machine avant de choisir un muffin au chocolat. Vraiment, sonné comme il l’était, ce remonte-moral ne serait vraiment pas de trop.