À peine revenu au Japon, Moya avait reçu des invitations à participer à des soirées mondaines, des contacts faits depuis la Chine qui voulaient le revoir, des clients importants qui voulaient faire connaissance, des collègues qui voulaient le présenter au gratin Tokyoïte. Son agenda était déjà bien rempli alors qu'il n'avait pris ses fonction qu'une semaine plus tôt, au retour des vacances hivernales, quelques jours après le Nouvel An.
Il n'avait pas encore eu l'occasion de revoir son frère, préférait d'abord s'installer et discuter avec son père de la marche à suivre pour lui faire entendre raison. Il fallait que Zero revienne à la maison, qu'il vienne habiter chez lui à la limite. Il fallait qu'il quitte cette bande de voyous qui l'avait enrôlé et lui pourrissaient la vie. Car où tout ça pourrait-il le mener, hormis en prison ou six pieds sous terre ? Personne ne voudrait l'embaucher, sans diplôme et avec "fait partie de la mafia" dans son curriculum vitae. Il devait le sortir de là tant qu'il le pouvait.
Mais Moya s'occuperait de son frère plus tard. Pour l'heure, il devait se faire une place dans cette ville, se faire connaître, se faire un nom. Son frère avait attendu dix ans, il n'était pas à un jour près, si ? Resserrant son noeud de cravate, le jeune banquier adressa un sourire aussi faux qu'éblouissant aux deux hommes avec qui il conversait. Le Maire en personne, organisateur de la soirée, et un de ses collègues qui le présentait à monsieur. Il souriait, flattait la tenue de l'homme puis lui raconta sa vie en Chine, ses expériences.
Il avait l'habitude de ce genre de soirées, en avait au moins une par semaine quand il était en Chine. Parler, sourire, boire, il savait faire. Il avait appris avec son père et avec l'expérience, et était devenu expert en la matière. Moya se sentait comme un poisson dans l'eau, totalement à l'aise dans son costume sur mesure anthracite au milieu de ces hommes en noir et ces femmes en noir. Certains osaient une touche de blanc, du gris taupe ou du crème chaleureux, mais pas de couleur en vue.
Dans ce monde monochrome, une tache de couleur vint se glisser dans le champ de vision de Moya. Une ravissante femme dans une robe couleur de sang, l'air esseulé et perdu. Le vêtement épousait ses formes avec élégance, ses cheveux relevés pour dévoiler sa nuque et le décolleté ne révélant que ce qu'il fallait, demi-lunes pâles contrastant avec le sombre du tissu. Le banquier releva les yeux vers le visage de la demoiselle, croisant le temps d'un battement de coeur son regard.
Le contact fut rompu quand elle se dirigea vers le buffet, oiseau solitaire piégé dans la volière qu'était le restaurant de l'observatoire, aménagé en salle de réception. S'excusant auprès de ses interlocuteurs, Moya s'inclina pour prendre congé et se dirigea d'un pas décontracté quoique tendu vers la jeune femme. L'air de rien, il se plaça à ses côtés, faisant mine d'observer les amuses-bouches à leur disposition.
J'hésite entre le toast de saumon ou le foie gras... Vous choisiriez quoi ?
Jetant un regard en biais à la jeune femme, il lui offrit un sourire poli, dans le même ton que sa légère entrée en matière. Il entamait une conversation banale, puis il flatterait sa tenue, ferait une plaisanterie, se présenterait et baiserait sa main délicate, agissant comme le plus parfait des gentlemen.
(#) Re: dans ce monde monochrome + Kaori ϟ Dim 19 Jan - 14:03
Dans ce monde monochrome.
Les bruits de couloirs y allait de bon train pour Kaori, combien de personne avait comprit qui elle était et surtout pourquoi elle était ici, à Chûo. Elle ce contentait toujours de répondre la même chose, le monde du showbizz l'épuisait elle voulait reprendre une vie plus calme, plus discrète. Totalement faux, elle rêvait encore et encore de chanter et pouvoir monter sur scène, elle était si triste et si frustrée.... Mais c'était sans doute trop tard, son âge jouait, elle n'avait plus 20 ans... mais déjà 28 et son absence depuis déjà 4 ans l'avait empêché d'être à la page, elle n'écoutait plus du tout de la musique, elle ne savait jamais qui était qui et elle trouvait maintenant que les concepts des groupes étaient quasiment tous les mêmes. On forçait ces jeunes filles à porter des vêtements courts et peu agréable, de son temps elle avait le choix, en même temps elle était douée et c'était en partie grâce à elle que le groupe avait un succès. Mais malgré tout ça Kaori avait gardé son côté discret et humble. De plus même si elle n'était plus du tout celle qu'on voyait de partout à la télé, celle qui faisait des pubs pour la nouvelle saveur de ramen. Kaori avait gardé contact avec certaines personnes des hautes sphères. Soirée mondaine, elle y était abonnée. Bon ce n'était pas non plus souvent mais ça arrivait quelques fois. On lui demandait souvent d'ailleurs de chanter un ou deux morceaux, elle acceptait, histoire de divertir parfois les soirées un peu trop longue et ennuyeuse.
Elle avait mit sa belle robe rouge, celle qui lui allait si bien. C'était un souvenir de sa carrière de chanteuse, on lui avait offert, elle avait également redresser ses cheveux, car pour une fois elle avait le temps de ce coiffer. Une soirée mondaine était à la clé, elle était partie rapidement, même si elle avait cette fâcheuse habitude d'être en retard, cette fois-ci cendrillon le serait encore. De toute façon le maire l'avait gentiment invité car il était fan de sa voix et sa "fille" était une grande fan de BLOSSOM à l'époque, le groupe avait perdu beaucoup de fans après le départ de Kaori mais pas suffisamment pour arrêter les activités, depuis elles avaient retrouvées un nouveau public et tout allait pour le mieux. Alors dès que le Maire l'invitait, Kaori venait par politesse, puis il n'était pas non plus méchant. Elle faisait toujours acte de présence, saluant les invités comme à chaque fois avant de finir près du buffet et ce remplir l'estomac. Elle le faisait toujours de façon calme pour pas qu'on remarque qu'elle mangeait comme quatre... Elle arrivait alors enfin dans la salle, laissant son manteau et son sac dans le vestiaire. Il était l'heure, l'heure de rentrer dans la cage aux lions. Saluant tout le monde, enfin les personnes qu'elle connaissait, elle ce dirigeait alors vers le buffet comme à chaque fois, mais cette fois-ci elle croisa le regard d'un homme. Un homme qu'elle n'avait jamais vu, une fraction de seconde et son coeur ratait un battement, elle n'y prêtait pas grande attention car la nourriture était pour le moment plus urgente. Une fois devant le buffet elle ce servait une coupe de champagne, toujours en zieutant les met qui ce présentait à elle, souriant, elle sursautait quand elle entendit une voix derrière elle. Tournant sa tête. Surprise de voir cet homme, elle but une gorgée du verre en répondant poliment à sa question. " Je vous dirais de prendre les deux, commencez d'abord par le saumon. Le goût du foie gras est un peu fort il risque de rester dans votre palet un petit moment.." Elle lui tendit alors un taost de saumon. " Prenez le, dites moi ce que vous en pensez. Je ne vous ai jamais vu ici, vous êtes nouveau ? " Après tout il était venu à elle, autant discuter, elle ce sentait soudainement moins seule.
Moya n’était pas du genre coureur de jupons, n’avait pas connu des dizaines de femmes dans sa vie, n’était pas friand des coups d’un soir. Il ne draguait pas, ne flirtait pas pour le plaisir, n’était pas connu pour ses exploits de chasseur de femmes. Mais celle-là… elle était différente. Quand il avait croisé son regard, le banquier en avait eu le souffle coupé, époustouflé par sa beauté et saisi par la brillance de son regard mélancolique. Il fallait qu’il la connaisse, même si ça ne menait à rien, même si elle se révélait être une garce, même si elle ne voulait pas de lui. Il ne pouvait simplement pas passer à côté d’elle sans l’aborder.
Il s’était donc approché d’elle, se servant du buffet comme prétexte pour engager la conversation. Moya se fichait pas mal du saumon ou du foie gras, mais il fallait une entrée en matière et les mets sous ses yeux faisaient un parfait sujet de discussion. La jeune femme lui suggéra de commencer par le saumon, lui donnant les arguments d’une connaisseuse, et un sourire étira les lèvres de Moya tandis qu’elle lui tendait un toast.
Le jeune homme ne se fit pas prier, mordant dans son offrande tandis que l’oiseau solitaire lui demandait s’il était nouveau. Ravi qu’elle continue d’elle-même la conversation, Moya hocha la tête doucement, faisant courir son regard sur le ravissant visage de la jeune femme. Elle était magnifique, mais il savait que le physique n’était pas le seul élément à prendre en compte ; pourtant ses yeux lui montraient une femme intéressante, une femme intrigante, une femme qu’il voulait connaître.
On peut dire ça, oui, je reviens d’un long voyage.
Restant mystérieux, il se détourna légèrement avec un sourire en coin, s’emparant à son tour d’une coupe de champagne. Encore un alcool qu’il n’appréciait pas, mais il savait faire des efforts pour les grandes occasions et les rencontres intéressantes. Il savait que les gens de ce milieu affectionnaient les vins et les champagnes, alors même s’il aurait préféré une vodka ou un simple café traditionnel, il prenait sur lui lors de ce genre de soirées, se fondait dans la masse, faisait comme tout le monde. Au contraire de cette femme à la robe rouge qui se démarquait au milieu des toilettes sobres et fades.
Je suppose que d’autres vous l’auront déjà dit ce soir, mais vous êtes vraiment délicieuse. Rappelez-moi de remercier notre hôte pour m’avoir permis votre rencontre.
S’inclinant légèrement, il ne la quitta pas du regard, ne pouvant détacher ses yeux de son visage plus de quelques secondes. S’emparant de sa main, il profita d’être penché vers elle pour déposer ses lèvres sur ses doigts délicats, espérant que ses manières ne paraîtraient pas trop ancestrales aux yeux de la jeune femme.
Kojima Moya, pour vous servir.
Se redressant, il garda ses doigts une seconde de trop avant de la libérer pour se tourner vers le buffet, mine de rien, et s’intéresser aux petits fours, un fin sourire planant sur son visage.
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