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wine and business

 
Kojima Moya  ϟ  Hyun Min-Ho

Quelques jours plus tôt, Moya avait rencontré un homme intéressant lors d'une soirée. Riche, intelligent, ambitieux. Il lui avait fait pensé à lui et, surtout, à son compte en banque. S'il pouvait avoir un client pareil, gérer ses placements, se prendre des intérêts au passage... Il pourrait se faire une fortune à ajouter à celle qu'il possédait déjà, pourrait payer la mafia si cher qu'ils oublieraient même le nom de Zero, qu'ils le laisseraient partir et le laisseraient tranquille. Mais encore fallait-il que son frangin veuille sortir de ce monde pourri...

Au fil de sa discussion avec Hyun Min-Ho, Moya avait compris qu'il voulait acheter des nouveaux bâtiments et avait enregistré cette information. Il ne faisait habituellement pas dans l'immobilier, mais s'il lui trouvait l'affaire en or, peut-être que le chef de projet événementiel prendrait un crédit chez lui ? Qu'il passerait par lui pour les transactions ? Qu'il lui confierait l'argent le temps de régler les détails ? Alors Moya avait cherché, et il avait trouvé. En deux jours, il avait la pépite pour Min-Ho et lui avait téléphoné pour fixer un rendez-vous et en parler.

Vêtu sobrement d'un pantalon noir et d'une chemise noire sans cravate ni noeud papillon, Moya gara sa voiture de location dans le parking du restaurant français qu'il avait proposé à son client. Sa voiture était toujours en Chine, attendant que son chauffeur ne vienne le chercher, ce qui lui prendrait peut-être quelques jours. Peut-être même qu'il la vendrait à distance pour s'en racheter une ici, comme il avait fait avec son appart de Hong Kong. Il verrait bien, il avait le temps, de toute manière...

Poussant la porte du restaurant chic, Moya se dirigea vers le réceptionniste, annonçant une réservation pour deux au nom de Kojima. L'homme lui indiqua qu'il était le premier et le guida à sa table, proposant de lui servir un apéritif en attendant son rendez-vous. Comme toujours, il prit un verre de vin blanc, même s'il détestait ça. Ca faisait classe, ça faisait plus sérieux qu'une limonade ou de l'eau. Et les apparences étaient ce qui importait, non ?

En attendant Min-Ho, il sorti son téléphone de sa poche, communicant avec un collègue qui lui parlait d'un autre client qu'ils voulaient hameçonner. Ils parlaient tactique, projets, marketing, tout pour appâter les gens et les faire changer de banque pour venir chez eux. Ils étaient des requins dans un monde de requin, sans aucun scrupules ni remords. Moya avait ce sourire en coin qui le caractérisait quand il sentait une bonne affaire, ce sourire cruel et attirant, qui faisait tomber les gens sous son charme et effrayaient ses concurrents.

Il rangea son portable en entendant la voix de son rendez-vous et leva les yeux vers lui, faisant un signe de la main pour attirer son attention. Se levant pour l'accueillir, Moya lui serra la main en souriant, réellement ravi de le revoir.

Bonsoir, merci de m'avoir libéré une place dans votre agenda, j'imagine qu'il doit être bien rempli.

Flatterie, flatterie, flatterie. Frotter les manches de ses éventuels clients était sa spécialité, lui qui trouvait toujours quoi dire pour mettre les gens à l'aise et aborder les choses en douceur. Parler affaire avant le dessert était inadmissible, il fallait attendre la digestion et le confort d'un estomac remplit pour obtenir des résultats optimaux. Un homme qui a faim négocie moins largement, alors qu'un homme ensommeillé par le processus de digestion cédait plus facilement dans l'espoir de pouvoir rentrer chez lui se reposer.

Je pense avoir trouvé ce que vous cherchez, mais je propose que nous mangions d'abord et que nous parlions affaire ensuite, si ça vous convient ? Je nous ai pris une bouteille de vin blanc, j'espère que vous aimerez.

Se rasseyant, il adressa un signe à un serveur qui vint remplir le verre de son ami et déposa par la même occasion des menus devant les deux hommes.


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Pensé aux aléas de cette vie de fête, il en avait plein la tête. En effet, le jeune chef de projet devait penser à ses intérêts bien placés dans un pays qu’il ne côtoyait pas pour le moment exprès. Mais il n’avait jamais réellement réfléchi quant à son argent dans ce pays au soleil levant. Dans ses réflexions, il avait fait la rencontre d’un jeune homme fort élégant et plein d’ambition. Il n’était pas réellement accoutumé à bavarder avec ce type de personnalité aux finances bien ancrées, mais il fallait avouer qu’il avait découvert en lui quelques attraits ayant piqué sa curiosité. Les discussions avaient mené étonnement sur les envies du jeune blond à propos de bâtiments à acheter, mais dont il ne connaissait pas les valeurs du marché. Il avait toujours eu du personnel pour s’en occuper, mais était étrangement intéressé depuis quelque temps pour peut-être en posséder. Il avait quelques idées bien en tête, mais rien d’un trouble-fête. Il n’avait fallu que quelques jours avant que ce jeune financier lui ait trouvé la résolution convoitée, selon son appel précipité. Min-Ho avait alors accepté de le rencontrer lors d’un dîner afin d’en dialoguer. Sortit du travail d’une heure un peu dépassé, il n’appréciait pas spécialement être en retard et paraître éhonté, mais heureusement qu’il était toujours bien habillé. Peut-être pas d’un costume comme la plupart appréciait, mais au moins d’une chemise confortable qu’il aimait, d’un blanc immaculé, on ne peut le refaire de cette habitude incarnée. Le reste était plus terni pour ne pas être tellement éclairé face à toutes les personnalités qui se retournent face à sa blondeur avérée. Venu avec sa voiture, il sortit de celle-ci pour se diriger vers le restaurant distingué autant que sa posture. Il n’avait pas mis tant de temps à retrouver le visage familier, se dirigeant vers lui d’un sourire poli et loin d’être accablé.


— Je vous en prie. Vous avez tout de même pris votre temps afin de trouver une réponse active à ma requête, je ne pouvais que me libérer pour cela.


Politesse exagérée d’un enfant bien éduqué d’obligations bien encrées, de quoi s’en débecter de tant de mots à l’hypocrisie presque cachée. Il savait que son intermédiaire usé autant de flatterie que lui et n’en fut pas offusqué, car après tout dans ce monde guindé cela fonctionnait de manière arriérée. Tout le monde le sait et chacun s’en accommodait, même les nouvelles générations ne pouvaient en manifester à moins d’en être durement éjecté. Il hocha simplement la tête d’un air entendu devant l’offrande du vin blanc dont il n’était pas éperdu, mais qu’il acceptait volontiers après cette journée, assez éreinté. Il ne jeta qu’un regard en biais sur le menu, n’ayant pas encore très faim à cette heure convenue. Il allait devoir faire bonne figure, mais n’avait envie de rien pour quelqu’un qui avait l’habitude des heures décalées, mais ne souhaitait faire de bavure.


— Je ne vais pas spécialement boire, veuillez m’en excuser, je reprends la route juste après. J’espère que vous n’avez pas tant attendu, mais je pense que vous avez aussi beaucoup d’affaires.


Ils ne se connaissaient pas spécialement et n’en avaient pas l’engouement. Min-Ho pensait que cela était partagé puisque seules les affaires sont leur centre d’intérêt et de ce que chacun peut y gagner. Mais le travail n’était pas une des plus grandes passions de ce blond, qui était nettement plus concernée par les histoires de chaque personnalité, d’une grande curiosité.


— J’ai entendu dire que vous reveniez de Chine. J’espère que vous n’êtes pas trop fatigué de tout cela. C’est par intérêt vis-à-vis du Japon que vous êtes venue ou une affaire qui s’est finalement concrétisée ?


Min-Ho n’avait pas non plus envie d’être trop poli, le jeune homme avait sans doute dans la même tranche d’âge que lui, il était temps de cesser la politesse trop forcée et éviter certains sujets sensibilisés. Il se demandait néanmoins sincèrement concernant les relations entre ces pays, lui-même venant d’une autre patrie.

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Kojima Moya  ϟ  Hyun Min-Ho

Modeste, Moya pencha la tête en avant quand son client lui retourna ses remerciements, appréciant qu’il ait pris de son temps pour faire des recherches pour lui. Le rendez-vous commençait bien, tous deux flattant l’ego de l’autre avec une hypocrisie maîtrisée avec art. Ils se ressemblaient sur ce point, éducation similaire, valeurs essentielles pour survivre dans ce monde et se hisser à son sommet.

Les deux s’installèrent à leur table, les menus aussitôt apportés pour qu’ils puissent choisir à leur aise. Moya proposa à Min-Ho de discuter travail après avoir mangé, n’aimant pas se restaurer tout en réfléchissant trop et envisageant tout de même la possibilité d’une issue défavorable. Il espérait bien pouvoir manger un dessert mais savait qu’un refus lui couperait l’appétit avant l’arrivé du plat principal.

Oh je vous comprend bien, je suis moi-même en voiture, je me contenterai de ce verre et passerai à quelque chose de plus léger après. Et ne vous en faites pas pour l’attente, j’ai l’habitude d’arriver en avance.

Il était vrai que Min-Ho était arrivé avec un léger retard, mais lui-même était là dix minutes avant l’heure de leur rendez-vous, aimant être le premier pour contrôler la situation. Les retards des autres ne le dérangeaient pas souvent, dans la limite du raisonnable, mais lui détestait d’arriver en dernier, ayant l’impression de donner une mauvaise image à ses clients ou collègues.

Ayant déplié le menu, Moya parcourait des yeux la liste des mets qu’on leur proposait. Escargots, filet mignon, pavé de saumon, coq au vin… Il avait déjà tout goûté en Chine ou ici avec son père, mais cela faisait bien longtemps qu’il n’avait plus mangé de spécialité française. Il releva les yeux à la question de Min-Ho sur son retour au Japon, esquissant un sourire. Son retour était pour affaires privées, mais rares étaient ceux qui le savaient. Son père. Renji. Les autres pensaient qu’il était revenu pour tout autre chose, et ce fut cette seconde version qu’il offrit à Min-Ho.

Pour tout vous dire, j’ai eu la nostalgie de mon pays natal. Cela faisait un moment que je pensais à revenir, alors quand j’ai entendu qu’une place s’était libérée à la Bank, j’ai envoyé ma candidature et me revoilà.

Un demi-mensonge, lui qui avait envoyé son cv sans savoir s’il aurait une place mais avait eu la chance qu’un employé soit justement parti à la retraite quelques jours plus tôt. Il avait profité de ce départ, s’était vendu pour avoir le poste à la place d’autres candidats presque aussi qualifiés que lui et l’avait obtenu rapidement. Il n’avait plus eu qu’à boucler ses valises, prendre un billet d’avion et s’acheter un appartement dans le quartier bourge de Tokyo.

Il me semble que vous-même êtes étranger, n’est-ce pas ? Je dirais coréen au vu de votre nom ? Votre maîtrise du japonais est parfaite, vous avez grandit ici ?

Hyun Min-Ho n’était pas un nom japonais, quoique maintenant bien connu dans le monde des affaires à Tokyo. Moya était curieux de savoir si son client était né en Corée ou au Japon, voulant en apprendre un peu plus sur lui et ses origines. Pour l’heure, ces informations étaient inutiles mais tout était bon à prendre et pouvait éventuellement servir dans le futur. Il pourrait proposer des investissements dans le pays de son client ou des batiments à l’architecture plus coréenne pour éveiller sa nostalgie, quelque chose de ce genre. Connaître les clients était la clé d’une bonne affaire, n’est-ce pas ?


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Le jeune organisateur d’événement ne releva pas davantage les propos imminents, sachant qu’il était arrivé avec un retard constaté et qui ne semblait pas en être affecté. Les relations humaines étaient ce qu’il y avait de plus complexes à gérer et notamment chez les personnes aisées qui souhaitaient tout posséder. Il avait dû donc prendre de son temps afin d’y répondre calmement, en y apportant un soin appliqué quitte à être en retard sur son rendez-vous arrangé. Il le savait et avait tout de même accepté, mais le banquier ne semblait pas le condamner pour ce petit retardé et cela lui suffisait. Lui qui vivait en décalé, regarder la carte du dîner ne lui pas davantage d’appétit, mais il devait de faire un effort devant un invité langui. Il avait décidé un des premiers plats sur la carte lorsque le serveur était arrivé, n’étant pas un fin gourmet et qui appréciait principalement tout ce qu’on lui servait dans cette gastronomie bien aisée. Il avait hoché la tête avec un sourire animée.


— Je comprends. L’opportunité s’est ouverte et vous l’avez saisie. Le mode de vie, n’était-il pas tant différent et difficile au début ? Même si vous avez l’air de vous adapter aux situations rapidement.


Petit commentaire afin de bien complimenter, mais cela était assez vrai en vérité. Le métier des finances n’était pas un sujet des plus animés, mais il était toujours intéressant d’en connaître quelques aspects pour ne pas se faire arnaquer et Min-Ho le savait. L’art de la parole devait être pleinement maîtrisé avec une ruse à laquelle chacun s’accoutumer pour arriver à l’objet désiré. Il leva ses billes chocolatées face à la question énoncée.


— En effet, je suis coréen. Cependant, je n’ai réalisé que quelques voyages au Japon, mais j’ai sans doute eu un apprentissage poussé afin de maîtriser au mieux cette belle langue. Je ne le maîtriserai jamais autant, mais merci de ce compliment. Il vous a été difficile de communiquer en Chine ou vous maîtrisiez déjà suffisamment la langue lorsque vous y êtes allé ? C’est un peu surprenant la première fois, mais tu n’as aucune inquiétude avec lui.


Cela, par contre, était un véritable intérêt. Le jeune banquier pouvait parler en toute tranquillité devant Min-Ho qui n’était pas japonais, il comprenait donc toutes les différences qui marquait l’apparence et le plus important : l’appartenance. Le jeune blondinet avait l’impression que chacun souhaitait en apprendre sur l’autre sans trop de superficialité et un peu moins d’hypocrisie qu’ils avaient adoptés. Moya était un exemple surprenant de réussite sociale autant que Min-Ho est son ascension loin d’être vénal.


— Même si je dois bien avouer que la situation est assez cocasse. Mais vous semblez vous y connaître, je fais face à un fin gourmet ?


Si, comme lui, il avait déjà à peu près tout goûté, ce restaurant français ne représentait qu’une infime partie des palets et lorsqu’on commençait à s’intéresser de près à la gastronomie et tous ses mets, il était moins aisé de se calmer. En tous cas, pour ceux qui aimaient particulièrement manger. Min-Ho le faisait, mais le dépenser complètement avec son métier agité. En y pensant, il avait quelques questions sur ce penchant.


— Qu’est-ce qui vous passionne dans votre métier ? Pardonnez ma curiosité, mais il est, je pense, aux antipodes du mien.


Si Moya souhaitait en connaître davantage sur Min-Ho, lui aussi était tout autant intéresser d’entendre quelques mots.

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Kojima Moya  ϟ  Hyun Min-Ho

Portant son verre à ses lèvres, Moya hocha la tête aux paroles de Min-Ho qui avait bien cerné la raison de son départ. Celle qu'il lui avait donnée, du moins, la version professionnelle, la version qu'il servait à ses nouvelles connaissances, à ceux qui ne connaissaient pas Zero et risquaient de ne pas apprécier d'avoir dans leurs relations le frère d'un yakuza.

Exactement. Les cultures sont différentes, c'est vrai, mais la Chine reste un pays strict et discipliné comme le Japon alors je n'ai pas mis longtemps à me comporter comme un natif. Il arrivait même après quelques années que certains clients s'étonnent que je sois né au Japon.

Souriant de son anecdote, il se rappela la première personne qui ne l'avait pas cru quand il lui avait assuré que non, il n'était pas né de parents japonais en Chine, qu'il n'avait pas grandi à Hong Kong et n'avait pas reçu l'éducation traditionnelle chinoise. Il avait été surpris par cette réaction, flatté de constater que son comportement et sa maîtrise de la langue étaient parfaits. Le plus beau compliment qu'il avait reçu pendant son séjour là-bas.

Moya retourna la conversation vers Min-Ho, lui demandant si, comme il le supposait, ce dernier était coréen. C'était évidemment le cas et le banquier hocha la tête à sa confirmation, l'écoutant mentionner des voyages au Japon. Il lui demanda ensuite s'il parlait chinois avant de partir, arrachant un sourire à Moya qui remercia mentalement son père et son éducation stricte.

Mon père a lui-même fait ses études universitaires à Hong Kong et m'a appris le chinois dans le but que j'y étudie à mon tour. Mon séjour là-bas m'a permis d'effacer mon accent japonais et d'apprendre quelques mots, mais je maîtrisais déjà la langue avant de m'y rendre.

Zero n'ayant jamais manifesté d'intérêt pour les affaires familiales et n'étant pas le fils biologique de leur père, il n'avait pas eu la chance d'apprendre cette langue même si, d'après son point de vue, c'aurait plus été une corvée qu'une opportunité. Expirant pour retenir un soupir, Moya songea à cette opposition entre son frère et lui, le rebelle et l'enfant modèle. Si seulement son cadet avait accepté son éducation, peut-être ne serait-il pas un criminel aujourd'hui...

La question de Min-Ho quant à son palet connaisseur fit un peu rire Moya, parfaitement à son aise dans ce restaurant français. Il ne se qualifiait pas de "fin gourmet", mais il avait passé assez de soirées dans ce genre de restaurants que pour savoir qu'il préférait le saumon aux escargots et que le foie gras n'était bon que quand il était cher.

Je n'irai pas jusque là, non, même s'il est vrai que j'ai mes préférences en termes de mets français. Je vous conseille les escargots, d'ailleurs, qui sont délicieux dans ce restaurant - si toutefois ils n'ont pas changé de recette depuis mon dernier passage, il y a plus de dix ans...

Quand il en avait mangé en Chine pour la dernière fois, la cuisson avait été ratée, les mollusques se trouvant trop... plastique. Ici, ils maîtrisaient la préparation à merveilles et Moya en commanda une demi-douzaine en guise d'entrée quand le serveur vint à leur table, optant pour le saumon comme plat. Pour le dessert, il prendrait certainement les fameux croquembouches français, mais il verrait en temps voulu.

Ne vous inquiétez pas, votre intérêt me fait plaisir, je préfère des questions à un silence gêné. Et il se peut que je vous retourne la politesse par la suite, si vous n'y voyez pas d'inconvénient.

Posant les coudes sur la table, Moya croisa ses mains sous son menton, réfléchissant à comment il allait répondre à Min-Ho. Ce qui le passionnait dans son métier ? À la fois tout et rien, l'argent, les relations avec les clients, les bénéfices, la renommée quand il s'occupait de clients fortunés... Mais voilà des réponses qu'il ne pouvait fournir à son futur client, ne voulant pas paraître vénal.

Je pense que c'est l'entraide qui me plait le plus. Les gens viennent chez nous en nous faisant confiance pour les guider dans leurs projets, leur octroyer des prêts et garder un oeil sur leur argent. Certains viennent chez nous parce qu'ils n'ont rien et nous leur donnons ; d'autres ont tout et nous le confient... On ne dirait pas, mais c'est un métier très humain et les relations avec les clients sont une part importante de notre formation.

Espérant avoir su présenter son travail sous un angle plus flatteur que l'habituel, Moya baissa les bras, croisant ses mains à plat sur la table. Même si c'était la vérité pure, il en avait assez que les gens ne le voient que comme un homme qui courrait après l'argent, le profit et les bénéfices. Peut-être qu'il pourrait convaincre Min-Ho qu'il y avait plus que cela, plus que les clichés habituels, plus que l'image que renvoyait la profession.

Et vous alors ? Quelle facette de votre métier vous plait le plus ?


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Le jeune chef de projet ne partageait pas tout à fait la même vision de cet étranger élancé. S’il approuvait d’un geste de la tête appuyé les propos énoncés, le fait du comportement qu’on croirait venu d’ailleurs ou était-ce que parce que Min-Ho attachait une certaine importance à sa nationalité et des coréens qui le pleurent. Cependant, il n’émit aucune forme de procès quant à ses paroles pouvant paraître exacerbée et pourtant si vrais. Il voyait quelques similarités chez ce banquier et qui pourtant était différent de pleins d’aspects.


— Une éducation et savoir qui vous ont permis d’y accéder sans réellement de difficultés. Vous avez habilement anticipé pour pouvoir étudier en Chine. Après, il est vrai que les usages sont différents, mais pas si éloignés en comparaison de l’Europe ou les États-Unis par exemple.


Les conseils avisés de celui qui n’avait pas mit les pieds dans un restaurant français depuis tant d’années, les pensées de Min-Ho qui adulait la modernité avaient tournés d’une étrange façon sans retirer un sourire pour le remercier en optant pour un safranée de Saint-Jacques et langoustine fait maison ainsi qu’un assortiment de macarons qui ne faisaient pas chic mais Min-Ho ne voulait gâcher son péché mignon. Le plat avait le mérité d’être fin et peu complet pour une entrée, Min-Ho qui avait un appétit biaisé avec toutes ces activités.


— Veuillez m’en excuser. Dans le cadre de mes activités, j’ai un appétit plus disparate qu’à l’accoutumé. Mais si je dois jouer la carte de l’honnêteté, les escargots n’ont jamais fait partie de mes plats favoris, je vous regarderais simplement les déguster, en plus si cela fait tant d’années que vous n’en avez pas manger ici.


Avec un léger rire comblé en guise d’excuses énoncées. Il n’allait paraître trop guindé devant ce banquier pour montrer qu’il appréciait tout autant la simplicité. Il n’allait pas non plus s’ouvrir et être parfaitement honnête, mais il ne voyait pas d’inconvénient ou d’admonestation subite pour combler, cela n’était qu’un dîner à propos de ce qu’il voulait, de ce fait, il avait un contrôle et chacun le sait. Il lui octroie un sourire illuminé devant les paroles énoncées, se demandant si elles étaient complètement vraies. Une partie doit peut-être être énuméré, mais Min-Ho n’avait jamais eu un regard concerné pour ce genre de métier.


— Je n’en doute pas. Certains clichés doivent tout de même persister ? Tous les métiers sont indispensables à la société et pour chacun, mais dans le cas d’un banquier, comment briser l’image vénale et rassurer les potentiels clients de faire des prêts, d’investir et d’insérer une certaine confiance ?


Question réelle pour ce jeune homme qui avait quelques idées imprimées depuis un moment donné. Le rendez-vous d’affaire n’allait pas forcément aboutir à un résultat concret, mais donnerait sans nul doute une vision plus avisée sur les futurs projets dont Min-Ho conservait secret. Il n’avait jamais fait un prêt et cela n’allait certainement pas commencer, mais Moya avait des échos sur les bons placements à opérer et était donc naturellement intéressé. Il en avait presque oublié la question posée.


— Dans mon cas, cela rejoint étroitement la vôtre d’une façon différente. La plupart des personnes viennent en espérant être comblée de temps d’une journée, d’une soirée, de quelques jours ou pour l’éternité. La diversité des demandes, des préparatifs et de son déroulement sont vivants et grisant. Un mariage, par exemple, ne sera jamais le même. Envies différentes, façon de procéder différent, pleins de composants explicites et implicite qu’il faut gérer. Avec les imprévus évidemment.


Cela s’entendait que Min-Ho rayonnait lorsqu’il parlait de son métier. Il ne le pense pas tant, mais il travaille avec acharnement tout en sachant que cela lui plaira assurément. Il ne compte plus les heures depuis longtemps, mais cela ne me dérange pas évidemment. Il reporte son regard vers le banquier assuré.


— Pourquoi avoir choisi ce métier et pas un autre ? Imposé, une vocation, ou bien parce que parmi tant d’autres vous vous êtes dit que celui-là n’était pas si mal ?



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Kojima Moya  ϟ  Hyun Min-Ho

Ce fut au tour de Moya de hocher la tête pour approuver les paroles de son futur client, d'accord avec lui sur le fait qu'il aurait été encore plus dépaysé s'il s'était rendu en Amérique ou en Europe. Même l'Asie de l'ouest était très différente des coutumes mises en place de leur côté du continent et le jeune banquier était parfois impressionné de constater les différences entre des peuples qui n'habitaient pourtant pas si loin les uns des autres, comme si simplement leur nom les coupait du reste du monde. Il lâcha un "tout à fait" puis ils parlèrent nourriture et Moya conseilla les escargots à Min-Ho avant d'en commander pour lui-même.

Il afficha un sourire entendu à la réponse du chef de projet, comprenant parfaitement qu'il ne soit pas tenté par ces mollusques sans beaucoup de goût. Il était surpris parfois de constater que les coréens, comme eux japonais, pouvaient sans problème manger du calamar et autres mets controversés mais étaient répugnés par des choses plus exotiques, tout comme il lui semblaient que les français ne trouveraient pas tous leur bonheur dans les restaurants traditionnels japonais. Enfin, ils adulaient les sushis mais, à part ça, que connaissaient-ils à leurs arts culinaires ?

Il n'y a pas de problème, je peux comprendre que les palais non habitués puissent être réticents à goûter ce genre de plat.

Min-Ho lui avait ensuite demandé ce qu'il aimait dans son travail et la réponse de Moya fut quelque peu embellie, redorée pour que le potentiel client ait confiance en lui. Lui dire qu'il ne voulait que l'argent, le profit, les bénéfices, c'était couler d'avance leur affaire et ce n'était nullement le but de ce dîner. Quitte à offrir à manger à quelqu'un, autant obtenir quelque chose en échange non ? Alors il avait parlé d'échange, de côté social, de relation avec les clients, demi-mensonge camouflant la vérité vraie et semblant satisfaire son vis-à-vis, lequel s'intéressa encore plus à son métier.

Certes, on ne peut pas changer les mentalités de tout le monde, malheureusement. Coller une affiche dans les rues en disant que nous ne sommes pas tous des requins à l'affût du moindre yen ne convaincrait personne... Mes méthodes sont assez simples, je dirais, à commencer par ce genre de rendez-vous hors de la banque. Nous sommes tous deux à une table, assis à la même hauteur, je n'ai pas le pouvoir sur ma grande chaise derrière mon bureau et, je pense, vous ne vous sentez pas minuscule sur un tabouret inconfortable. La seule différence entre nous aujourd'hui est que c'est moi qui paye.

Marquant une pause, il afficha un sourire en regardant la réaction de Min-Ho, voulant vraiment le convaincre que, aujourd'hui, ils étaient à égalité. Pas un plus haut que l'autre, pas un qui possédait le pouvoir et l'autre qui s'en trouvait dominé. Ce qu'il cherchait était une collaboration des deux partis, il fallait que son client accepte pour qu'il puisse lui rendre service, qu'il coopère et lui fasse confiance. Et si pour ça il devait lui frotter les manches et lécher ses bottes, il n'hésiterait pas.

Il y a également les chiffres, bien sûr, certains ne jurent que par ça, même si cela diffère d'une personne à l'autre. Des clients attendent de nous de leur prouver avec des statistiques qu'il n'arrivera rien à leurs économies, d'autres veulent des belles promesses. La clé, c'est de savoir cerner le client rapidement et mettre le doigt sur ce qui pourra le convaincre, trouver ce qu'il veut vraiment et le lui offrir. S'ils voient que nous pouvons les satisfaire, ils reviennent.

Haussant les épaules comme pour dire CQFD, Moya retourna à Min-Ho la question de ce qui lui plaisait le plus dans son métier. La diversité sembla être l'aspect le plus attractif pour lui, ce que le banquier pu comprendre. Chaque événement était différent, avec sa particularité, ses exigences et ses notions de liberté. L'homme semblait vraiment passionné et Moya l'écouta avec attention, vraiment curieux d'en apprendre plus sur ce qu'il faisait dans la vie. S'il comprenait ce qui lui plaisait, ce qu'il voulait, il pourrait adapter ses recherches de batiments pour lui correspondre encore plus et lui rendre une proposition optimale.

Et n'est-ce pas difficile de satisfaire les envies des clients, parfois ? J'entends par là que vous avez votre créativité propre, votre idée de ce qui est beau ou non, et j'imagine que vos visions ne correspondent pas toujours à celles de ceux que vous devez combler. Comment gérez-vous ces décalages ? Vous permettez-vous parfois de rajouter votre touche ou préférez-vous vous en tenir aux demandes qui vous sont faites, même si ça risque de ne pas vous plaire ?

Il était vraiment curieux, se demandant si Min-Ho osait parfois s'éloigner des envies de ses clients en sachant qu'il prenait des risques mais persuadé que c'était pour un mieux. Osait-il refuser certaines demandes parce que ça ne collait pas avec les restes ? Dire non à ses clients, les stopper quand ils allaient trop loin, les orienter vers autre chose de plus élégant ? Il attendit ses réponses en prenant une gorgée de vin, posant son verre à l'instant où une nouvelle question lui était posée.

Encore une fois je dois remercier mon cher père pour ça. Il ne m'a pas forcé mais disons plutôt qu'il m'a fortement orienté vers le domaine des finances, parce que ça rapporte gros selon lui. Heureusement, le métier m'a vite passionné et je ne regrette pas ce choix, je suis même soulagé qu'il m'ait aidé à trouver ma voie.

Et oui, merci papa d'avoir mis Moya dans des études de commerce, lui permettant de faire fortune, d'entrer dans la haute société et de rencontrer des gens comme la belle Kaori ou le mystérieux et fortuné Min-Ho.


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Dans ce milieu fort aisé la plupart des habitués ont prit l’habitude d’enjoliver pour ne pas énoncer un semblant de pensée, une bien triste vérité. Chacun doit donc soupçonner un propos mensonger pour mieux se conserver dans l’hypocrisie née. C’est ainsi que cela doit fonctionner, mais Min-Ho en avait parfois assez d’entendre les mêmes âneries être déblatérer. Moya se douter très certainement des tenants et aboutissants comme tout le chef de projet dont la fortune qu’il possède par lui-même et par le sang. Il ne partageait tout de même pas les mêmes conseils avisés, mais ses pensées étaient largement moins tranchées. Les habitudes culinaires ou la façon de se tenir est révélatrices pour les plus gros vices. Se justifier et énumérer les faits équivaut à d’autres indices non suggérés, mais subtilement voilés. Les formes sont différentes, où chacun possède une force de position non-négligeable autour de cette table, le blond bien habillé posa sa gracile main sous son menton d’un air affable.


— Votre atout réside dans l’installation d’un climat moins scellé de par votre métier et de tous ces négativités, tout en favorisant un aspect plus fervent que la majorité de cette immense société dédaignent par formalisme. Vous possédez une certaine habileté afin de palier à ces stéréotypes tout en procurant une satisfaction aux deux côtés. C’est une conception forte intéressante, je saisis mieux.


Min-Ho pencha légèrement la tête sur le côté, les lippes s’étant légèrement étirés en un sourire bien inexpliqué. Moya devait être le genre de personnalité à obtenir ce qu’il souhaite dans un délai accordé en sachant qu’il va gagner. Cela fait bien un moment qu’il ne combat plus sur le plan financier ou dans sa profession éclatée et cela offre une certaine animalité animée. Il fonctionne un peu à sa manière aux individus et objectifs peu semblables, mais aux maniements des mots et d’autres aspérités afin d’offrir les besoins des uns et les leurs sur une table. Le chef de projet est toujours intéressé par ce type de personnalité à la grande habileté. Si c’est bien en cela qu’il souhaite l’amener, si Min-Ho ne fait pas de fausseté dans ses pensées. Il lui répondit en haussant les épaules. 


— Peu importe les demandes, il faut partir du principe que rien ne sera à l’image que chacun à souhaiter donner. La forme peut être belle en tête et différente une fois couchée sur le papier. Parfois en mal, parfois en mieux. Il suffit d’expliquer aux clients les tenants et aboutissants de leur demande pour pouvoir s’exprimer plus librement. De ce fait, il n’y a jamais complètement leur touche, mais jamais complètement la mienne non plus. Il faut leur dire que c’est une combinaison d’idées et envies personnelles avec un regard extérieur et professionnel. Vous conseiller, vous superviser un grand bien de personnes ayant une certaine confiance en vous, il en est de même dans le cadre de mon métier. Il est donc parfois nécessaire de faire reculer ou avancer pour mieux conserver.  


En ce sens, tout dépend du procédé utilisé. Donc oui Min-Ho arrive toujours à imposer ses idées et faire embellir sa créativité par le biais de ces mots prononcés. « Il ne peut y avoir de refus que si on cherche à l’obtenir », il faut donc user de stratégie pour obtenir ce que l’on souhaite d’après la dureté d’un père autant qu’ami. Sans avoir ces idées saugrenues en tête, Min-Ho a toujours obtenu plus à en faire la fête.


— Les parents sont toujours de précieux conseils.
 


Même si celui-ci n’entretenait aucune une relation familiale adéquate à la plupart puisqu’elle était disparate. Et cela lui convenait assez en vérité, pas de futilités. Il se fit plus silencieux lorsque les plats sont survenus en étant réellement délicieux. Min-Ho ne se pose tout de même quelques questions.


— Cela n’a jamais été contraignant dans votre vie personnelle ? En ce sens, je parle par exemple des psychologues qui ont tendance à ne pas révéler leur métier pour garder une certaine tranquillité. Et dans votre cas, n’avez-vous pas peur des représailles durant des fêtes ou dans la famille ou cela ne pose aucun problème pour la plupart ?  


Il est vrai que vu d’où Moya vient, la probabilité d’être dérangé ne représente quasiment rien. Mais Min-Ho avait tout de même une certaine curiosité de savoir comment gérer.

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Kojima Moya  ϟ  Hyun Min-Ho

Réellement curieux de savoir comment procédait Min-Ho pour les éventuels contrats où il n'était pas d'accord avec ses clients, Moya l'écoutait avec attention, hochant la tête de temps en temps ou émettant un bruit de gorge signifiant qu'il comprenait. Ainsi voyait-il ça comme une collaboration où les idées des deux partis s'assemblaient pour former un tout idéal, version améliorée de ce qu'ils pensaient chacun de leur côté. C'était intéressant de voir qu'il imposait un peu de ses idées et savait orienter ses clients dans des directions qu'ils n'avaient pas imaginées, ça montrait que le chef de projet était professionnel et n'était pas du genre à faire ce qu'on lui disait sans discuter, sachant que le résultat ne serait pas optimal.

C'est une bonne chose de voir que vous savez orienter vos clients vers un mélange d'idées pour un meilleur rendu, il en est qui les laisseraient foncer dans le mur sans rien dire, simplement de peur d'égratigner l'ego de leurs clients et au final personne ne sort content du travail rendu. J'ai connu des collègues comme ça, qui ne conseillaient pas mais faisaient ce que demandaient les clients alors qu'ils ne savaient pas de quoi ils parlaient - bien souvent, ces derniers y perdaient beaucoup alors qu'il aurait suffit de les froisser un peu dans leurs idées fixes et de leur montrer le bon chemin...

Moya trouvait terriblement dommage les gens qui ne savaient pas conseiller, qui craignaient de perdre un client en le prenant par la main pour lui montrer la voie. Mais bon, que pouvait-il faire, à part récupérer les clients déçus et leur redonner confiance en les guidant correctement. Il était toujours là, derrière ses collègues incompétents, prêt à remonter la barre et redorer la réputation de la banque pour laquelle il travaillait. Il en avait connu pas mal en Chine, des collègues trop timides et trop mous du genou, espérait qu'ici au Japon les gens seraient un peu plus fermes et déterminés.

Les entrées arrivèrent alors qu'ils parlaient des parents de Moya, de son père qui l'avait poussé vers la finance, ce qui s'était révélé judicieux. Il lança un "effectivement" convaincu aux propos de Min-Ho, trouvant lui aussi que les conseils parentaux étaient souvent avisés. Il ne comprenait pas vraiment ces enfants qui se rebellaient contre l'autorité parentale, qui ne voyaient pas qu'ils faisaient ce qu'il y avait de mieux pour eux. Mais, encore une fois, que pouvait-il faire ? Il tâcherait de remettre Zero sur la bonne voie, mais pour tous les autres enfants trop obtus pour laisser leurs parents les aider, il ne pouvait malheureusement rien.

Savourant un premier escargot, Moya fronça les sourcils pour réfléchir à la question de Min-Ho. Est-ce que son métier était un frein dans la société et ses relations ? Pas forcément, non. Il avait toujours pris soin de séparer vies privées et professionnelles, ce qu'il tâcha d'expliquer à son vis-à-vis une fois le mollusque avalé.

Je dirais que non, tout simplement parce que mes clients deviennent rarement des amis et que je ne prends jamais mes proches comme clients. Je peux conseiller une relation, l'aider de loin mais je ne mélange pas les deux et mets une barrière solide entre le travail et les relations privées. Quant à ma famille, ils me soutiennent évidemment et j'ai de ce fait toujours un sujet de conversation sous le coude avec mon père.

Il sourit doucement, pensant aux coups de fil qu'ils s'échangeaient pour prendre des nouvelles et qui finissaient toujours en débat sur les taux d'intérêt ou le cours de la bourse dans tel ou tel pays. Certains ne trouveraient pas ça très sain qu'un père et son fils ne parlent que travail ou presque, mais pour eux c'était normal, c'était comme une passion commune, la seule chose sur laquelle ils se comprenaient réellement.

Et vous alors, avez-vous déjà organisé des événements pour des proches, de la famille ? Ne sont-ils pas plus susceptibles que les autres clients ou, justement, vous font-ils plus confiance ? J'imagine que vous devez vous donner encore plus pour ce genre d'événements, une déception pouvant entraîner des conséquences plus importantes qu'un client fâché...

Séparation sentimentale, amis qui font la tête, parents qui renient l'enfant... Oui, décevoir un proche était plus terrible qu'un client qu'il ne reverrait probablement plus jamais, mais le rendre heureux était d'autant plus gratifiant.


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Il prête un sincère intérêt pour ces particularités. Car oui certain métier occupe une place dans la vie personnelle à en être dérouté tant elle s’impose et s’enracine à s’y perdre et en être fatigué. Dans le cas de Moya, celui-ci semble faire une nette distinction sans réellement conseiller et sans doute est-il le plus raisonné pour mieux se conserver dans cet amas surtout avec un paternel à l’écoute de son fils même tout bas. Min-Ho se mit à réfléchir concernant sa relation avec ses parents dont il ne partageait pas une si grande affinité, à savoir même si son père et sa mère continue à se côtoyer, sans doute devant les caméras et tout dissimuler, même si le chef de projet n’a aucun doute sur le fait qu’ils se sont aimés pour avoir leur Min-Ho princier. Il offrit un sourire poli.


— Certains tentent de franchir la ligne tandis que d’autres se contente d’être comme les autres. Les caractères sont suffisamment différents pour faire partager les avis avec une confiance aussi grande que je peux avoir avec certains mariés ou des sénateurs avisés. Le but principal est que chacun en est comblé.


Jun lui avait déjà répété que Min-Ho a une manie d’éluder à en être exaspéré et qu’il hausse toujours les épaules parce qu’il le sait. Il ne peint pas ses paroles de propres vérités, mais il n’y a aucune fausseté et Moya est davantage posé et empli de sagacité pour l’avoir imprimé sans qu’il n’ait à s’expliquer. Cependant, la tournure très tournée sur les aspérités de leur métier commence à manquer d’état fiévreux pour ce chef de projet qui se voit comme un vieux. Il souhaite donc profiter de son métier si diversifié pour pousser sur une pente qui va assez l’amuser.


— Je dois tout de même vous avouer que vous êtes une compagnie très agréable. Il est vrai que la plupart de nos rencontres se concentre autour de cocktails déjeunatoire, dînatoire ou même lors de séminaires. J’espère un jour vous croiser à un événement plus sporadique, comme une soirée ou un mariage.


À peine lancée, Min-Ho avait une curiosité voilée et bien cacher d’en découvrir quel visage le banquier va lui offrir sur un plateau argenté. Espère-t-il espiègle ou avec du répondant plutôt que poli pour en être prépondérant. En ce sens, le chef de projet dénote en souhaitant davantage de frivolité qui incombe à son métier plutôt qu’à sa personnalité. Il n’a pas un grand doute à ce qu’on lui réponde avec la même vivacité. L’entrée du côté de Min-Ho fut vite avalée et la suite mettra un peu plus de temps à arriver, ainsi, ils ont encore beaucoup de sujet à tergiverser, autant s’éloigner un peu des banalités qui vont finir par l’ennuyer et le dissuader de confier ses projets devant un manque d’entrain injustifié. Client ou invité, il représente les deux pour tous les deux, il ne faut pas l’oublier.



— Je suis fort curieux de vous voir troqué ce magnifique costume qui vous sied si bien contre une tenue plus décontractée lors d’une soirée. Ou quel type de costume vous allez aborder pour un mariage -le vôtre ou celui d’un ami en tant qu’invité. S’il est comme une seconde peau pour vous, je ne peux rien dire puisque je suis du même acabit.



En effet, lui qui porte encore une chemise immaculée, parfois moins éclairée ou plus colorée, mais toujours bien présenté pour ce port altier. Il avait joint ses paroles avec un léger rire pour détendre un peu la sévérité qui tire leurs traits et leur sourire. Être crispé n’est pas sain pour la santé, Min-Ho préfère apercevoir les lèvres étirées dans la gaieté. Il sait néanmoins qu’il faut se montrer plus bavard pour montrer un intérêt avare, ainsi, il joue avec perfection en espérant que son compagnon y répondra avec ambition. Pour son futur très enrichissant et celui de Min-Ho à l’essai grandissant.

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