- Pour un futur plan qui était prévu au mois de décembre, j'avais eu un rendez-vous dans ce bâtiment. J'y avais retrouvé quelques personnes pour monter un groupe destiné aux animations de Noël. Même si les derniers événements n'avaient pas été très drôles avec le typhon qui avait saccagé beaucoup de choses dans le coin, l'université voulait que les élèves et les membres du personnel gardent le sourire. Faisant parti à la fois du cercle des arts et celui de la musique plus précisément, un projet d'un groupe musical avait été lancé. J'allais jouer de la guitare pour l'occasion. Il fallait que l'on trouve encore les morceaux à jouer. L'idée me plaisait bien, de pouvoir donner un peu de chaleur aux autres. C'était déjà l'initiative à travers du projet d'halloween qu'il y a eu quelques jours précédemment. J'avais fait le tour de ma résidence pour distribuer des sachets de bonbons. Nous étions plusieurs étudiants à le faire. L'université avait mis ça en place avec le soutien de quelques cercles. C'était assez cool. D'ailleurs j'avais rencontré Alice lors de cette soirée. Une bonne rencontre qui m'a donné encore plus envie de poursuivre ce genre d'activité extra-scolaire.

Alors que j'allais mettre mes écouteurs pour écouter du Queen, quelqu'un me bloqua le poignet. Mon cœur fit un salto arrière et par automatisme, je retirais avec force mon bras de l'emprisonnement. Je me retournais pour voir qui était la personne qui venait de me foutre une peur bleue.
À la rencontre de son regard, je fis un pas en arrière. C'était Hasegawa... Était-elle là pour me frapper ? Mince, j'aurais dû faire plus attention. Je n'avais pas prévu ça du tout...
Ma main droite se leva de manière saccadée proche de mon visage pour me protéger de on ne savait pas quoi et mes yeux se fermaient par crainte. " Ne me tape pas. " C'était ridicule, dans l'idée où j'étais un minimum baraqué pour la confronter. Sauf que je ne ferais même pas de mal à une mouche, alors ce n'était pas pour pousser cette étudiante.

- Je vis que l'étudiante pris ses distances avec moi, ce qui me fit baisser le bras. Avec quelques mètres entre nous, je ne risquais pas grand-chose. Disons, que j'aurais au moins le temps de me protéger.
Même si j'avais envie de partir sans lui laisser le temps de ne me dire quoique ce soit, j'étais tout de même respectueux. Je l'avais laissé s'exprimer en espérant qu'elle ne me traite pas de tous les noms.
Même si elle m'avait dit qu'elle ne me frapperait pas, je restais sur mes gardes. Je ne la connaissais pas, juste de loin puisque nous avions des cours en commun. Avec le temps, j'ai appris à me méfier des gens. Kannon aussi avait un joli visage, très charmant et pourtant, il était celui qui avait détruit pas mal de choses en moi.

Mes yeux ne se détachaient pas d'elle pour être certain de ne louper aucun de ses mouvements. Je devais être prêt à réagir à tout moment, à courir dans le pire des cas.
J'hésitais à lui répondre, c'était peut-être un piège. Mon regard fit rapidement le tour des horizons pour voir s'il y avait un groupe de filles ou autre en train de nous espionner. Je connaissais ça, l'intimidation, trop bien même. J'avais encore en tête l'épisode du gymnase...
" Que veux tu savoir exactement ? " Ce qui a été dit sur elle ? Je lisais pas la presse  , je n'en savais rien. Donc, Yume venait de m'arrêter brusquement pour savoir ce que le monde disait sur son compte ? C'était ça le deal ?

- Je n'avais jamais été spécialement proche de Hasegawa, toutefois, je lui disais plus facilement bonjour. À l'heure actuelle, je me contentais de hocher la tête et de déguerpir aussi vite que possible. Je détestais causer des problèmes ou emmerder les gens. Je préférais disparaître de leur vie et de les laisser tranquilles, comme ça, ma conscience l'était aussi. Depuis ce qui m'était arrivé au lycée, je préférais largement être seul. De base, depuis que j'étais gamin, j'avais toujours été seul plus ou moins. Il m'arrivait parfois de jouer avec les autres, mais je manquais de temps pour ça. Ma mère me noyait de diverses activités pour que je puisse être un touche à tout. Aujourd'hui, cela me servait certes... mais j'étais un garçon maladroit qui ne savait pas vraiment agir avec autrui. Soit j'étais trop franc, soit je ne parlais pas assez, soit je n'étais pas trop présent, soit je m'affirmais de trop. C'était trop compliqué...

Bon, il fallait que je me lance. Elle semblait ne pas vouloir me lâcher si je n'expliquais pas le pourquoi j'étais distant avec elle. C'était typiquement le style des personnes qui aimaient faire du mal, bien rappeler à vive voix leur pouvoir qu'ils avaient sur vous. Kannon aimait me faire répéter le pourquoi je me faisais victimiser au lycée. Avec son sourire de pervers...

Un regard à gauche, un autre à droite. Rien de trop suspect. Alors, je décidais de me lancer d'une voix un peu roque par la tension que je ressentais. " Je ne vais pas rester devant toi à recevoir des menaces ou des insultes en tout genre. " J'étais des fois naïf, trop gentil, mais je ne voulais surtout pas que les épisodes passés ne reviennent en boucle. J'avais déjà donné. Je voulais qu'on me laisse tranquille, qu'on me laisse une place dans ce monde, même si je la cherchais toujours...

- Yume me disait que c'était les autres qui disaient des mensonges sur elle, mais qu'est-ce qui m'assurait que la vérité venait de sa bouche ? Pourquoi devrais-je plus croire cette fille que les autres personnes qui m'ont assuré qu'elle me voulait du mal ? Après-tout, je ne connaissais pas grand-chose sur elle, sauf que nous avions presque les mêmes cours et que nous étions dans le même cercle.
Depuis un petit moment déjà, j'ai appris à me méfier des belles tronches. Dessous ils pouvaient se cacher de véritables démons.

Ses dires étaient peut-être des mensonges, de la manipulation. J'étais quelqu'un d'assez naïf, alors je me méfiais de plus en plus des personnes. Comme elle le disait, je ne devais pas me laisser influencer, aussi bien par les personnes qui ont craché sur elle, tout comme par Hasegawa. Je ferais mes propres suppositions et choix avec le temps.
La demoiselle s'en alla et j'en fis de même à mon tour. La journée tournait assez mal.