Cette Yume était décidément un sacré personnage. Dommage qu’ils ne se soient pas croisés quand il était encore étudiant, ils auraient pu devenir de vrais amis, surtout qu’ils partageaient un intérêt commun pour le sport.
Elle l’informa qu’elle n’avait jamais résidé à la résidence Seiseki, contrairement à lui, mais qu’elle vivait dans un appartement de Sekido qui faisait également office d’atelier. Ken sourit, c’était donc une artiste accomplie si elle parlait de travail. Mais elle en avait parlé un peu plus tôt de toute façon, cela se confirmait donc.

« Je connais bien Sekido, j’y passais beaucoup de temps pendant mes études, même si la résidence est à Ichinomiya. C’est dynamique, y a plein de choses à faire. Tu peins souvent en dehors des cours ? »

Ken avait fini par réaliser que mentir à la mère de la jeune femme n’était pas particulièrement utile. Il avait donc proposé de lui dire la vérité si cela ne devait pas la choquer outre mesure. Yume avait confirmé, précisant qu’elle trouvait leur rencontre amusante du fait qu’ils aient cherché leurs points communs ainsi. Effectivement, ils auraient réellement pu se rencontrer sur le campus. Le monde était décidément très petit. Il se doutait bien cependant que sa mère serait surprise qu’il ait menti à l’ambulancier. Après tout, il aurait pu être un psychopathe de service et l’ambulancier n’avait pas été très prudent à ce sujet. Ceci dit, il devait avoir sa carte d’étudiant de Chûô qui traînait quelque part dans son portefeuille qu’il ne pensait jamais à trier. Pourtant cela faisait un an qu’il avait quitté la fac.

« C’est vrai, on aurait pu se connaître sur le campus, c’est amusant quand même. Si ta mère peut comprendre, alors disons lui la vérité. Je n’aime pas trop mentir. »

La mère de Yume choisit ce moment pour faire irruption dans la salle, surprise de voir un jeune homme au chevet de sa fille. Cette dernière s’empressa de lui expliquer la situation tranquillement afin qu’elle puisse recoller les morceaux du puzzle. Pendant ce monologue, Ken souriait maladroitement comme à son habitude. Lorsque Yume eut achevé son explication, il s’inclina poliment devant Mme Hasegawa qui le remerciait et lui signala que ce n’était rien et que c’était même normal. Les politesses échangées, Yume proposa à sa mère de rentrer et de revenir plus tard quand les examens médicaux seraient passés. La mère prit donc congé, et Yume s’adressa à Ken pour le remercier à son tour avant de lui proposer de le libérer.

« C’est normal, en tant que témoin d’un accident, je n’aurais pas pu rester immobile. Y a trop de gens qui observent sans agir, je trouve ça triste. Content que ça ait pu te réconforter d’une certaine manière. »

Il fit une pause et reprit :

« Je ne faisais rien de spécial quand je t’ai vue, j’allais me balader au parc de Shinjuku pour être honnête. Mais c’est vrai que l’heure tourne et il faudrait que je rentre, j’habite loin et j’ai un entraînement ce soir avec mon équipe. Mais si tu veux, on peut garder contact et aller prendre un café quand tu iras mieux ! Pour le moment, tu devrais te reposer. »

Ken avait toujours été quelqu’un de foncièrement gentil et bienveillant. Il proposa donc d’échanger leurs coordonnées LINE, et une fois les formalités terminées, il salua la jeune femme avant de quitter la chambre d’hôpital et de regagner Yokohama, content d’avoir pu venir en aide à quelqu’un.