Une chambre pour lui seul, c'était vraiment le mieux ! Au moins, il ne risquait pas de gêner un autre étudiant s'il devait encore faire des cauchemars.. Espérant tout de même que les murs étaient pas trop fins et que ses voisins ne l'entendraient pas s'il devait parler trop fort voir crier. Sa mère lui avait déjà dit qu'il lui arrivait de pousser un cri avant de se réveiller en sursaut. Mais, bien qu'il essaye avec force, le jeune homme ne se souvenait jamais de quoi il rêvait..

Installant les dernières affaires arrivées, il se met à fredonner un peu. La porte ouverte sur le couloir après avoir entré son dernier carton en le poussant sur le sol directement. C'était la première fois qu'il se trouvait si loin de chez lui, si loin de ses parents, de sa vie même. Mais, cela ne pourrait que lui faire du bien de s'éloigner de ces lieux qu'il fréquentait, de ces personnes qui le reconnaissaient mais dont il n'avait aucun souvenir.. Oui, cela ne pourrait qu'être une bonne chose. Et peut être que d'ici la fin de l'année scolaire, des souvenirs lui seraient revenus.

Son père lui avait proposé de rester finir ses études au Japon si cette année d'échange lui plaisait et Noah avait promit de réfléchir. Heureusement, il n'avait pas à travailler pour le moment, ce qui aurait été difficile vu son niveau en Japonais. Donc, il pourrait pleinement se concentrer sur ses études, sachant qu'il avait le soutien de ses parents.

Tiens, en pensant à eux justement.. Sa mère appelait en visio. Décrochant et souriant à la femme de l'autre côté de son portable, il lui parle en Anglais et lui fait visiter un peu la chambre. Avant de s'installer sur son lit, croisant les jambes en tailleur et continuant de discuter un peu. Puis, elle raccroche et il pose ses mains sur sa cheville en regardant autour de lui. Ah, ils lui manquaient quand même un peu dans le fond.. Elle lui avait dit de se faire des amis aussi et de ne pas penser qu'à ses cours, mais ce ne serait sans doute pas évident de communiquer convenablement avec tous les étudiants.. Sans doute devrait il donc se rapprocher de ceux qui étudient l'anglais ou le connaissent déjà parce qu'ils étaient aussi en échange ?

Un petit soupir lui échappe et il étend finalement ses jambes devant lui, ses pieds dans le vide et se perdant un peu dans ses pensées.

Ce matin, je me baladais tranquillement dans les rues de Seiseki, à la recherche de spots à mettre en valeur sous la lentille de mon appareil photo. Si j’avais su que ce loisir serait devenu ma porte d’entrée pour vivre au Japon de manière prolongée, je ne sais pas si j’y aurais cru. Au fond, j’ai dû tomber au bon endroit au bon moment. Je prenais plaisir à partager des clichés originaux de ma nouvelle ville d’adoption, sur les réseaux sociaux aussi. Peu de monde s’intéressait aux petites villes comme celle-ci. Mal connue des japonais, inconnue des étrangers. C’était dommage. Mais même moi avant de venir étudier ici, je n’en avais jamais entendu parler. Bref, j’étais ravie.

Inconsciemment, mes pas me menèrent jusqu’à la résidence où j’avais vécu une bonne partie de mon année universitaire. J’étais un brin nostalgique. Ca me faisait tout drôle maintenant de me dire que j’étais revenue m’installer dans les environs mais que je n’étais plus une résidente de cette drôle de bâtisse. Souriant, j’allais partir quand j’aperçus le Manager par la vitre de l’entrée du lobby. Curieuse de nature, je m’approchai pour qu’il me voie, le salua à travers la vitre et m’inclinai poliment. Ce dernier m’ouvrit et nous discutâmes un moment pour parler de la pluie et du beau temps. Il était surpris que je sois revenue vivre ici alors que j’aurais pu être à Tokyo ou ailleurs. Mais j’étais tombée sous le charme de Seiseki.

Après une petite discussion, il m’autorisa à aller me balader un peu dans la résidence, pour dire bonjour à d’anciens camarades si je le souhaitais. Même s’il doutait de leur présence car c’était encore les vacances d’hiver et certains étaient rentrés voir leurs familles. Ma foi, on verrait bien.
Je me dirigeai vers l’ascenseur. J’avais toujours été surprise de constater qu’il n’y avait pas d’escaliers en dehors de ceux de secours. Pour un pays sujet aux séismes, c’était surprenant.

J’arrivai finalement au 3ème étage. A l’époque, j’étais au 2nd, voisine de Mitsue avec qui j’avais été en colocation un moment. Mais j’avais des amis au 3ème étage, notamment l’appartement 301. Je me dis que je n’avais rien à perdre à sonner pour voir ce qu’ils devenaient. L’air de rien, je me rapprochai dudit appartement 301 et sonnai, sans imaginer un instant que ce ne serait pas un visage connu qui m’ouvrirait la porte.

L'appel de sa mère le rendait soudainement un peu nostalgique de l'Australie, bien qu'il sache que c'était pour le mieux qu'il s'en soit éloigné un peu. Dommage que ses parents n'aient pu l'accompagner au moins quelques jours. Arriver ici, complètement seul, avait déjà été une épreuve en soit. Et ça l'était d'autant plus qu'il ne parlait que très peu Japonais et très mal d'ailleurs..

Soupirant un peu, appuyant sa tête contre le mur en se perdant dans ses pensées, il eut un petit sursaut en entendant que l'on sonnait à sa porte. Tiens, qui cela pouvait il être ? Noah ne connaissait encore personne dans la résidence.. Peut être quelqu'un qui se trompait de chambre ? Ah ! Ou peut être le manager qui avait besoin de quelque chose !

Quittant donc son lit, il rangea son portable dans sa poche et s'approcha pour ouvrir un peu plus la porte qu'il n'avait pas complètement fermée. Un sourire aux lèvres, tombant nez à nez avec une jeune femme qui lui était totalement inconnue. Rien qu'à la voir, Noah pouvait être sur qu'elle n'était pas Japonaise. Enfin, il ne pourrait être sur qu'elle ne soit pas née ici en fait, un peu comme lui né en Australie alors qu'il était Coréen d'origine..

" Bonjour.. Vous cherchez quelqu'un ? "

Le jeune homme essaya tout de même de parler en Anglais, peut être que cela passerait. Et si vraiment ça n'allait pas, alors il essayerait du mieux qu'il pouvait de parler en Japonais. Au pire, il pourrait toujours utiliser le traducteur installé sur son portable. Application qui lui avait été bien utile à l'aéroport..

Devait il l'inviter à entrer ? Mais, dans le règlement, ce n'était pas autorisé d'avoir une personne du sexe opposée dans sa chambre.. Ou alors il avait mal lu et mal comprit ? Pourtant, il ne lui semblait pas. Gardant donc une main sur la porte, un peu incertain de ce qu'il devait faire en cet instant.. Continuant d'observer la jeune femme.

Je n’avais même pas fait attention au fait que la porte était légèrement entr’ouverte. Si j’avais frappé au panneau au lieu de sonner, elle se serait grand ouverte devant moi et j’aurais eu l’air un peu stupide. Lorsque le locataire m’ouvrit, je fus surprise de constater que ce n’était pas cet ami avait qui j’avais passé des soirées de franches rigolades à boire des coups dans le lobby tout en refaisant le monde. Bon, eh bien, ce résident avait lui aussi déménagé, il faudrait que je lui envoie un LINE pour prendre de ses nouvelles. A la place, j’allais sûrement faire la connaissance d’une nouvelle tête qui allait débuter sa vie scolaire ici.

L’inconnu me parla directement en anglais. C’est vrai que par défaut, ma tête d’européenne n’aidait pas franchement à se dire que le japonais n’était pas une difficulté pour moi. Mais après, rien ne me disait qu’il était japonais. Il avait des traits asiatiques, c’était indéniable, mais il avait aussi des traits plus occidentalisés, même si je n’en étais pas sûre. De toute façon, je ne pouvais pas deviner l’identité d’une personne juste en la toisant de la tête aux pieds. Et en plus c’était impoli. Anyway. En anglais, allons-y !

« Bonjour ! Je suis désolée, j’avais un très bon ami qui vivait là, mais qui n’a pas jugé utile de me prévenir qu’il avait déménagé. Du coup, je me sens un peu bête … »

Ca faisait un petit moment que je n’avais pas conversé en anglais comme ça. Au Japon, je m’efforçais à parler un maximum en japonais pour progresser mais ce n’était pas toujours simple. J’avais tendance à parler en anglais avec mes amis européens et occidentaux sur place mais ils n’étaient pas si nombreux au final, puisque je préférais me fondre dans la masse. Et avec ma famille, on alternait entre l’anglais et le français. Même si mes parents étaient d’origine anglaise, ils avaient vécu tellement longtemps en France qu’ils en oubliaient parfois leur langue natale.

« Tu viens d’arriver à la résidence ? Ca va, tu n’es pas trop perdu ? »

Le vouvoiement n'avait jamais été trop mon truc avec les gens ayant sensiblement le même âge que moi. J'avais vraiment du mal. Mais j'espérais tout de même ne pas le vexer.
J’étais souvent compatissante avec ceux qui expérimentaient ce que j’avais vécu avant. J’étais un peu envieuse aussi, car j’avais adoré mon année ici. J’espérais que cet étudiant allait vivre au moins autant de belles expériences que moi dans ce bâtiment, et se faire plein d’amis.

La jeune femme resta une seconde silencieuse lorsque Noah ouvrit la porte et lui demanda si elle cherchait quelqu'un. Un peu incertain de s'il devait parler en Anglais ou essayer le Japonais. Chance pour lui, c'est dans sa langue de naissance qu'elle lui répondit ! Ah, quel soulagement. Et en plus, de manière si fluide qu'il n'aurait pas à se préoccuper de parler lentement ou de trop articuler.

" Ne vous sentez pas bête. S'il ne vous a pas prévenu, c'est normal d'être surprise de ne pas le voir. J'espère que vous aurez l'occasion de le revoir rapidement. "

Le jeune homme lui sourit un peu, sincère dans ses paroles. Ce n'était jamais évident de garder un contact constant avec ses amis lorsque l'un des deux étaient toujours en étude et pas l'autre. Parfois, les liens se coupaient et bien que ce soit dommage, c'était aussi les aléas de la vie.

" Je suis arrivé depuis quelques jours oui, ce n'est pas facile de se repérer seul lorsque l'on ne connait pas. Mais, je m'en sors pour le moment. Merci beaucoup pour votre inquiétude. "

L'étudiant hésite encore une seconde, puis finalement s'écarte un peu, ouvrant plus la porte et lui désignant l'intérieur de la chambre.

" Voulez vous entrer pour discuter ? Je dois avoir de quoi faire du thé quelque part dans mes cartons si vous voulez. "

C'était toujours agréable de discuter avec quelqu'un qui le comprenait parfaitement. Sans doute que cela lui manquait trop et il avait donc décidé de l'inviter dans cet endroit qu'elle semblait déjà connaitre puisque son ami vivait ici avant lui. Commençant déjà à s'éloigner de la porte pour regarder dans ses affaires où se trouvait sa bouilloire et deux tasses. Sa mère lui avait toujours apprit à bien accueillir ses invités, les bonnes manières étant une chose importantes tout de même !

Trouvant enfin ce qu'il cherchait, il posa les tasses sur la table et se retourna vers la demoiselle. Il laisserait la porte a demi ouverte, ainsi si le manager passait, il verrait que Noah ne cachait rien. Le jeune homme ne voulait surtout pas de soucis alors qu'il venait d'arriver depuis peu.

" Pardon, je ne vous ai pas demandé.. Comment vous appelez vous ? Moi c'est Hwang Noah. "

Le blond s'inclina légèrement, souriant de nouveau. Venant prendre un peu appui sur la table derrière lui en regardant la jeune femme en face de lui. Etait elle aussi une étudiante de Seiseki ? Une résidente ? Il était un peu curieux, il devait bien le reconnaitre.