a.  Il est difficile à cerner, très difficile. Personne ne sait ce qu'il pense, Youta est plutôt imprévisible et surprenant, parfois détestable.

b.  C'est un garçon frustré par sa situation familiale, entre une mère volage et un père trop stricte. Cette frustration a développé un côté arrogant et violent chez le jeune homme, le poussant parfois à un comportement inadmissible.

c.  Il est vulgaire et colérique, le genre à dire des méchancetés pour se défendre autant que pour attaquer. Il déteste qu'on lui tienne tête ou qu'on lui réponde, si ça dépasse sa limite du supportable, il est capable d'utiliser les poings.

d.  Son niveau de sympathie est restreinte, même avec ses amis. Ils le supportent en sachant comment il fonctionne, sinon il serait seul avec son caractère merdique. En dehors de sa bande, il n'a pas tellement de pote.

e.  Il fume pour canaliser ses nerfs, mais quand il n'a pas sa dose de nicotine, il devient vite irritable. Il boit aussi, surtout en soirée avec sa bande. Il fait beaucoup de chose avec ces gars.

f.  La seule personne devant laquelle il s'écrase, c'est son père. S'il ramène des notes médiocres, il se fait corriger. Youta a peur de cet homme, ce qui le rend encore plus haineux en société.

g.  Sa mère le répugne et en même temps il s'inquiète pour elle. Quelle femme digne de ce nom coucherait avec tant d'homme? Si son père n'en sait rien, c'est bien parce qu'il garde le silence et accepte à contre coeur les cadeaux de sa mère.

h.  Son frère jumeau est celui pour lequel il tuerait, personne ne touche à son frère. C'est la seule personne avec laquelle il est capable d'être doux et amical, même si la plupart du temps ce n'est pas trop ça.

i.  Son niveau scolaire est irréprochable, toujours des notes parfaites. Si jamais il ramène un bulletin moyen, ça sera sa fête à la maison. Cette pression arrive à le faire suffoquer quasiment à chaque examen ou remise de note.

j.  Ce qu'il fait avec sa bande aux autres élèves n'est pas connu des professeurs, ils font les choses discrètement, dans le dos du corps enseignant, pour ne pas se faire chopper. Surtout pour ne pas que ça remonte aux oreilles de son père.

k.  C'est le petit enfoiré qui vous menace et vous traque jusqu'à ce que vous regrettiez d'être venu étudier dans la même école que lui. Il persécute, il cogne, il harcèle. Il n'y a pas pire que lui comme ennemi.

l.  Regretter n'est pas dans son vocabulaire, s'il agit ainsi ce n'est pas pour se questionner ensuite. Pour le moment il fonctionne de la sorte, de manière à vivre sans chasser de nouveaux démons.

m.  Il a fait des années de boxe, durant lesquelles il a appris à frapper méchamment mais ils l'ont viré et interdit de club après une scandale. Youta se battait en usant des techniques prévues pour le club uniquement.

n.  Ce n'est pas un gros mangeur, il lui arrive même de sauter des repas par manque d'appétit. Niveau nourriture, il est aussi compliqué et enquiquinant que tout le reste. Autant ne pas l'inviter au restaurant, il risque surtout de râler ou de vous envoyer bouler si vous insistez trop à le faire avaler un seul truc quand il n'a pas envie.

Avoir une famille est une chose essentielle pour un enfant. L'amour d'un père et d'une mère, l'attention de chacun des membres, l'échange entre plusieurs parties. C'est important pour un bon développement, mais ce n'est pas ce qu'a obtenu Youta durant toute son enfance et son adolescence. Petit, il voyait déjà très peu ses parents. Son père, un homme d'affaires réputé et connu dans son domaine, rentrait si peu à la maison que son fils ne savait jamais à quoi il ressemblait réellement. Quant à sa mère, son travail lui demandait de partir loin durant des jours et des semaines, parfois un mois entier. Youta ne se souvient pas avoir partagé des moments avec eux, ni avec son père, ni avec sa mère. La plupart du temps, il voyait des personnes habilitées à la garde d'enfant. De son plus jeune âge jusqu'à être capable de se débrouiller seul, Youta et son frère jumeau ont toujours été gardé par d'autres personnes que leurs propres parents. Les seules fois où ils les voyaient, ce n'était jamais rien d'extraordinaire ou de vraiment beau. En tout cas, Youta n'a aucun souvenir agréable avec eux, avec ceux censés faire son éducation, mais aussi son bonheur.

Avec les années et en grandissant, les quelques visites de son père sont devenus un calvaire pour le garçon. Youta n'était pas un bon élève en étant plus jeune, il pensait qu'à s'amuser et à se faire des amis, mais son père l'a rapidement remis dans le bon chemin. Ce n'était pas des remontrances verbales, pas toujours en tout cas. Cet homme, dont la patience se résumait à pas grand-chose, partait facilement dans les tours. à ses yeux, il n'y avait rien de plus simple pour faire entrer une information dans la tête de ses enfants qu'un bon coup de ceinture. La ceinture, quelle invention exceptionnelle. Youta l'a de suite détesté, au point de ne jamais vouloir en porter sur lui-même. Son père renvoyait une image stricte et très sévère, une image qu'il n'a jamais oublié puisqu'il continue de la voir en étant jeune adulte. Un homme qui veut maintenir sa famille d'une main de fer, sans connaître l'envers du décor, sans savoir chaque petite zone d'ombre derrière ce tableau idéaliste.

Sa mère a commencé à tromper son père quand les jumeaux étaient au collège. Du moins, Youta l'a surpris dans cette période-là, mais il ignore totalement à partir de quand elle a vraiment commencé. Il ne s'est jamais demandé si c'était déjà de bien avant leur naissance ou après, ni même s'ils sont bien les fils de leur père. Ce n'est pas le genre d'interrogation qui vient à l'esprit du garçon. Jamais de la vie il aurait douté de son lien avec cet homme violent et intransigeant, par peur de découvrir une vérité impossible à supporter. Suite à cette découverte, sa mère est devenue mielleuse avec eux, cajolant ses fils comme s'ils étaient la septième merveille du monde. Youta l'a détesté pour ça, parce qu'elle avait le droit de fauter sans être puni, tandis qu'ils subissaient la colère de leur père à la moindre incartade. Avec le temps, il l'a plus considéré comme sa génitrice que sa véritable mère. De toute façon, ce n'est pas comme s'il la voyait bien souvent et cela depuis sa naissance.

Personne ne saurait dire exactement à quel moment de sa scolarité Youta a mal tourné. D'un jour à l'autre, il est devenu violent, vulgaire et méprisant. Comme si une bulle trop longtemps retenu, explosait subitement. Le pauvre garçon a emmagasiné des années et des années de vie familiale en carton, à être gardé par des inconnues et à subir la présence dérangeante de ses parents. Des années à encaisser les coups sans rien dire, à garder des secrets qui l'ont rongé peu à peu jusqu'à éteindre la plus petite flamme d'innocence dans son corps d'enfant. La brutalité exercée par son père contre lui l'a rendu mauvais, exécrable et à peine empathique. Au final, Youta a donné aux autres ce que son père lui fournissait en privé. De l'impatience, de la haine, de la violence, de l'intolérance, et beaucoup d'autres sentiments néfastes à son développement. S'il ne pouvait rien faire contre cet homme, il pouvait toujours évacuer sur les autres, sur les enfants de son âge, les plus jeunes et parfois des plus vieux. Qu'importe, tant qu'il éliminait sa rage et sa frustration d'être un pantin tout juste capable de ressentir de l'amour sincère d'une famille en faillite.

Dans tout ce bordel, aucune personne de son entourage aurait prévu que ce garçon si fermé et mauvais, puisse ressentir un sentiment différent, particulier. Un intérêt éteint pour la gent féminine, un regard qui divague sur le corps des hommes, une attirance spéciale pour les gens du même sexe et cette peur permanente d'être découvert. Youta a su assez tôt, aussitôt que l'on sait son orientation, qu'il aimait les hommes. Aimer est un grand mot, ce n'était pas de l'amour à proprement parler, mais une forte attirance physique. L'attention qu'il n'a jamais eue de ses parents, il la cherchait chez les hommes, dans des relations courtes, mais intense. Youta s'est avéré précoce sur le plan relationnel, corporel, sensuel. Il n'a pas attendu de trouver le bon pour essayer, pour se lâcher. C'est une part de sa personnalité et de son histoire qu'il n'assume pas forcément, mais le pire, c'est son orientation. Il n'y a pas eu un jour depuis qu'il a embrassé ou couché avec un garçon, où il n'a pas eu peur que son père le découvre. Même son frère ne savait rien, il n'a jamais su lui dire et encore aujourd'hui, il préfère le garder pour lui et avoir cette illusion d'être tel un poisson dans l'eau. Aux bras d'une fille, entouré d'amis, avec des notes impeccables. Tout ceci est faux, il garde une apparence « digne » uniquement devant les adultes, pour ne pas prendre le risque de faire remonter des informations dangereuses jusqu'à son paternel.

Il y a une fois où Youta a failli se faire démasquer. Une seule fois où quelqu'un l'a surpris avec un garçon. La seule fois où il s'est juré de ne plus jamais se faire surprendre par qui que ce soit, mais malheureusement pas la seule fois où il s'attaque à un pauvre innocent qui n'avait rien demandé. Ce garçon, Helio, il n'a pas tardé avant de l'attraper et de le menacer. Hors de question qu'il aille répéter ce qu'il a vu ou entendu, ou peu importe. Youta était si effrayé à l'idée que son père le sache, que quelqu'un d'autre en dehors de ses partenaires soit au courant, qu'il n'a pas été tendre avec ce pauvre gars. Jour après jour, il a contrôlé la moitié de sa vie à l'école. Persécution, violence, insulte, coup bas. Il l'a poussé dans ses derniers retranchements, sans la moindre once de sympathie, ni de regret. Dans sa tête, c'était soit lui, soit Helio. Soit il faisait en sorte de le détruire à petit feu pour avoir la sûreté et la tranquillité, soit il pouvait dire adieu à la vie et à sa liberté. à aucun moment il n'a songé à faire confiance à sa victime, à lui demander de le garder pour lui, parce qu'il était incapable d'être doux ou gentil, ni d'éprouver un semblant de bienveillance. Il n'avait confiance qu'en très peu de monde, presque personne en vérité. N'importe qui pouvait le trahir et Youta ne voulait pas prendre ce risque, alors il ne se confie jamais, ne se donne jamais entièrement aux autres. Il est si fermé qu'il en devient effrayant.

Ce petit manège a duré un certain temps, jusqu'à la fin du lycée, avant que sa proie ne disparaisse brusquement de son quotidien. Youta n'a jamais arrêté de le bousculer, seul ou avec sa bande. Quand il est parti, le tortionnaire a senti un manque, une perte étrange dans ce lieu qu'il jugeait barbant. Les études ne l'ont jamais intéressé, mais son père tenait à ce qu'il soit un homme d'affaires, tout comme lui. Il ne devait jamais dépasser les 90, ni avoir un seul avertissement ou heure de colle. Si par malheur il fautait, Youta se faisait corriger. Finalement, c'est en déménageant à Tokyo et en rejoignant cette université réputée, qu'il a retrouvé sa meilleure victime. Un manque à combler, une perte à retrouver. C'est comme s'il retrouvait une part de lui emporté avec ce garçon, aussi étrange soit ce sentiment. Ce n'était plus tellement question de secret, mais plutôt de plaisir malsain et méchanceté gratuite à faire de sa vie un enfer. Helio contre Youta, une nouvelle page s'ouvre pour eux, mais qui restera jusqu'à la fin?