Akula... Taetae n'avait plus que ce mot à la bouche depuis qu'elle était partie, depuis qu'elle ne lui répondait plus, depuis qu'elle faisait la morte. Pourquoi était-elle partie ? Où était-elle ? Était-ce à cause de leur dispute, du geste qu'il avait eu avec cette fille dans le couloir, cette Arisa ? Elle avait eu l'air vraiment furieuse et putain il regrettait, il s'en voulait tellement d'avoir fait ça et il arrêtait pas de lui dire dans ses textos, ses messages vocaux et ses cartes postales avec des chatons. Il voulait juste qu'elle revienne...
Perdu dans ses pensées, Taetae traversait la cour pour se rendre dans son batiment, pour aller jouer du piano, pour lui composer une énième mélodie déprimante. Il ne souriait plus depuis qu'elle était partie, ne trouvait plus de joie à cuisiner ou à jouer de la musique, ne riait même plus aux blagues nulles de Lucas. Il avait constamment ce nuage au-dessus de la tête et un mutisme inquiétant s'était emparé de lui. Il répondait évasivement aux questions, mangeait à peine. Heureusement, il réussissait à ses examens, étant si mélancolique que ses musiques en étaient magnifiques.
Taetae poussa la porte du local qu'il avait réservé pour jouer tout l'après-midi, seul au monde, seul sans elle. Il avait fermé la porte, posé ses partitions devant lui et s'était mis à jouer, doucement d'abord, puis de plus en plus vite, de plus en plus fort. Concentré dans sa musique, plongé dans les suites de notes qui défilaient sous ses yeux, il était comme en transe, dirigé par la force de sa douleur et la puissance de sa tristesse. Il n'avait jamais aussi bien joué, aussi passionnément, aussi terriblement. Chaque note reflétait sa peine et sa rage, sa culpabilité, sa tristesse, sa colère, sa peur.
Il jouait si vite, si fort, un seul faux mouvement pouvait tout briser, tout détruire. En voulant atteindre une touche sur sa gauche, sa main glissa, son poignet se tordit, craquant douloureusement. Poussant un cri de surprise, Taetae cessa ses gestes, serrant sa blessure de ses doigts indemnes. La panique le prit soudain, lui qui ne pouvait pas se blesser, lui qui devait être capable de jouer, de réussir ses examens, de passer son année. Il le fallait. Empoignant son sac de sa main droite, il se dirigea vers le B2, vers l'infirmerie.
Il crevait de mal, sa douleur physique reflétant la douleur qui pulsait dans son coeur depuis le départ d'Akula. Il ouvrit la porte sans frapper, appuyant sur la poignée avec son coude et poussant le battant avec son épaule. L'infirmière était à quelques pas de lui, de dos, reconnaissable à sa blouse blanche. Taetae s'avança vers elle, tenant son poignet gauche dans sa main droite.
Excusez-moi, je me suis fait mal au poignet. Ca a craqué, j'espère que c'est pas cassé...
Serrant les dents pour supporter la douleur, il attendit que l'infirmière le prenne en charge. Il pouvait pas s'être cassé le poignet, c'était inconcevable. Tout simplement impossible. Il pouvait pas rater ses examens, rater la seule chose qui tenait encore debout, la seule échappatoire à sa douleur.
(#) Re: les blessures du coeur + Kaori ϟ Dim 12 Jan - 22:00
Les blessures du coeur.
Le temps filait si vite, Kaori ce rendait compte qu'elle venait de passer déjà deux ans à Chûo. Déjà deux ans, deux ans à soigner les petits bobos des étudiants qui venait la voir pour profiter des couchettes en échange d'un paquet de gâteau. Kaori était si faible face à la nourriture.... Beaucoup trop gourmande, les étudiants pour la plupart avait comprit comment elle fonctionnait, un paquet de pocky chocolat-amande et le tour était joué. Oui Kaori aimait les sucreries, mais elle ce tuait à la salle pour ensuite tout éliminée alors finalement le problème était souvent bien vite réglé. Ce jour là, elle en avait profité pour ce prendre un petit café pendant sa pause. Car oui, même si elle n'avait pas souvent des élèves entre la vie et la mort, les papiers administratifs étaient devenus une grosse corvée. Elle n'était pas non plus tout les jours à Chûo, parfois elle faisait des remplacements dans des cliniques privées en plus de son petit contrat à l'université, elle ce déplaçait aussi dans les collèges et les lycée pour faire de la préventions. Les bébés imprévu arrivaient à tout moment, elle s'en souvient elle.... Secouant la tête en soufflant sur le gobelet de son café, elle ce sentait d'humeur triste aujourd'hui. En même temps l'anniversaire de la mort de son bébé était proche, à chaque fois qu'on approchait de cette date son coeur ce serrait, sa rage devenait un peu plus intense et elle ne pouvait pas s'empêcher de tout revoir en boucle encore et encore, son scooter, la neige, le dérapage, ses freins qui ne répondaient plus... Puis le noir, enfin le visage de son "petit-ami" avec son regard fuyant, sa rupture, la chambre d'hôpital et surtout la mort du bébé... Et puis la fin d'un rêve et d'une vie, sans doute sa vie. Depuis elle en avait parcouru du chemin, un chemin qui était plus sur et avec beaucoup d'obstacle puisqu'elle avait quand même mit du temps avant de trouver une quelconque stabilité dans sa vie. Sa vie amoureuse était clairement un échec, personne ne pouvait s'introduire derrière sa carapace et son coeur de pierre. Parfois il lui arrivait de partager la nuit de quelqu'un une fois ou plusieurs fois, mais en règle générale c'était plus pour la réconforter, après elle disparaissait, elle ne voulait pas s'attacher ou plutôt elle avait peur de devoir encore une fois souffrir...
Le café terminé, elle regardait l'heure il fallait absolument qu'elle remonte dans son bureau. Il lui restait environ deux heures avant la fin de sa journée. Après tout ça, elle ferait un brun de ménage dans l'infirmerie, ferait l'inventaire de tout les produits qu'elle avait avec elle. Puis elle s'enfuirait faire du sport sans doute. Avant de passer voir les enfants malades. Elle voulait organiser d'ailleurs un atelier avec eux. Pensant qu'elle devrait faire un tour dans un grand bazar pour trouver des morceaux de tissus, des fils et des aiguilles pour faire de la couture. Bon les aiguilles pas sûr... Mais elle pourrait toujours remplacer le pointu des aiguilles par de la colle, moins dangereux. Ou alors elle ce contenterait de faire un énième spectacle, enfilant un costume fraîchement préparer et qui sort tout droit du placard de sa mère. Elle ferait rire la galerie et elle serait contente de partager un bon moment avec eux. Puis une fois seule, elle penserait encore au passé. Pourtant elle était persuadée d'avoir finit avec tout ça, mais son côté anxieux était toujours là, comme si il appuyait sur sa poitrine. Elle mettait alors la clé dans la serrure ayant prit l'habitude de toujours fermer derrière elle, une fois un pervers était rentrer dans le vestiaire des filles et avait voler leurs vêtements, même si depuis il s'était fait prendre. Kaori avait toujours peur qu'un malade comme lui court sur le campus. Installé sur la chaise de son bureau de dos, elle avait le nez dans des dossiers, elle avait prit la peine de suivre certains élèves, certains qui ce détachait du lot car elle le sentait au fond d'elle. Elle sentait qu'ils avaient besoins d'elle, donc elle s'informait sur eux, savoir si ils prenaient un traitement en particulier, si dans la famille il y avait des problèmes de santé, si ils voyaient des psy. Plein d'information qu'elle étudiait. Oubliant presque que quelqu'un venait de rentrer dans la salle. Elle entendit alors une voix, surprise elle sursautait, ce levant de son siège. Elle ce dirigeait alors en direction du jeune homme. " Bonjour, je te laisse t'installer sur le banc je vais regarder ça tout de suite. Ton nom, ton prénom s'il te plait. " Elle attendait alors que le jeune homme s'installe, pour ce rapprocher, observant la blessure. En effet ce n'était pas fameux, la peau semblait avoir prit une teinte dans les tons de rouge rien de bien rassurant. Posant ses doigts froid sur le poignet, elle appuyait légèrement sur la blessure. " Dis moi si tu as mal quand j'appuie ici... Je sais que ce n'est pas facile mais il faut que je localise la douleur dans un premier temps. " Elle continuait d'appuyer doucement. " Tu as fais ça comment ? " Le début de l'interrogatoire était ouvert, il lui fallait plus d'information mais à première vue le petit c'était fait quand même bien mal.
Le poignet en feu, Taetae se sentait désespéré, effrayé à l’idée de se l’être cassé avant ses examens. Il ne pourrait pas jouer du piano avec une main immobilisée, ne pourrait pas faire écouter ses compositions à ses professeurs, ne pourrait pas réussir son année. Ce serait pour lui la goutte d’eau, après le départ d’Akula, son abandon, son silence. Il s’en voulait tellement pour son geste avec Arisa, pour les mots qu’il avait eus, le manque de confiance qu’il lui avait montré. Et si en plus maintenant il ne pouvait plus jouer…
L’infirmière se retourna rapidement vers lui, le sommant de s’asseoir et lui demandant son nom. Taetae la reconnu à l’instant où il posa les yeux sur elle. Eita Kaori, ancien membre des BLOSSOM. Elle était sa chanteuse préférée du groupe, la seule pour qui il l’écoutait, ayant cessé de suivre leurs activités après son départ. La bouche entrouverte, les yeux reflétant sa surprise, le musicien la regarda, choqué, avant de s’asseoir.
Je… Baek Taeyang.
Il venait de donner son nom à Kaori. Extérieurement, il ne montrait que sa surprise, un singe dansant des claquettes dans sa tête. Kaori était en train de toucher son poignet, de lui parler. Kaori savait qu’il existait. Il était dans la même pièce que Kaori. Excité comme un gosse qui croise une licorne, il oublia le temps d’un instant ses problèmes, impressionné par la présence de son idole dans son université. Depuis quand était-elle infirmière ?
Grimaçant quand elle toucha le point sensible, Taetae revint douloureusement à la réalité. Poignet. Piano. Infirmerie. Akula. Akula… Il lui montra où il avait mal, hochant la tête pour signifier qu’il comprenait qu’elle devait localiser la blessure. C’était douloureux, mais c’était nécessaire, alors il tâcha de ne pas trop bouger tandis qu’elle appuyait sur différents endroits de son poignet.
Je jouais du piano et mon doigt a glissé sur une touche, du coup ma main a cogné contre le bord et le poignet s’est tordu. Ca a craqué fort…
Baissant les yeux, il se mordit les lèvres, nerveux à l’idée que ça soit grave. Il attendait le diagnostic de l’infirmière, de Kaori, espérant qu’elle lui donnerait un anti-douleur en disant que c’était rien de grave, qu’il pourrait jouer. Il y avait peu d’espoir, cependant, il le sentait bien, ayant l’impression que du feu coulait dans ses veines et que ses tendons étaient percés de milliers d’éclats de verre.
Excusez-moi… Vous… vous êtes Kaori ?
Il l’avait reconnue, était certain que c’était elle, mais il ne voulait pas la mettre mal à l’aise, lui sauter dessus et lui demander un autographe comme un fou furieux. Il lui laissait le choix de nier, lui foutrait la paix si elle ne voulait pas être reconnue. Et si elle disait oui… eh bien il verrait si la douleur serait suffisante pour calmer sa joie de la rencontrer.