One night in Seiseki

feat. @Sakurai Ayame ☾

Riho avait fixé son téléphone durant quelques longues minutes qui lui avait plus semblé être des heures, perdue dans ses pensées. Dire qu'elle n'avait pas prévu qu'Ayame accepte de la voir aurait été mentir puisqu'elle était passé au konibi juste avant afin de prendre quelques snacks et boissons, ne venant jamais chez son amie - sa seule amie, surement - sans rien dans les mains. Question d'éducation car malgré ses airs de chats sauvages, Riho était une fille avec une éducation solide, un peu à l'ancienne ; elle refusait d'avouer qu'elle venait de la campagne, comme elle refusait en général de parler d'elle. Même Ayame ne savait pas grand'chose sinon les banalités : que Riho aimait peindre, qu'elle avait mauvais caractère, qu'elle n'aimait pas les gens et n'était pas à l'aise avec les autres filles et surtout qu'elle aurait pu manger tous du Karaage car elle avait une faiblesse pour le poulet frit ; tellement qu'il était facile de l'acheter ou de la convaincre avec la promesse de croustillante volaille.

La voilà à traverser les couloirs en baissant la tête pour ne saluer personne, bien qu'elle ne croisa que fort peu de monde. Riho n'était pas vraiment douée pour la politesse et elle préférait esquiver les autres filles plutôt que de les saluer ce qui lui avait forgé une réputation de fille hautaine mais surtout brutale, mal dégrossie et comme elle fumait, de délinquante. Certaines fille lui avaient même inventé des vies, mais ça n'avait pas d'importance pour la jeune femme qui préféra frapper doucement à la porte d'Ayame. Avec son sac plastique, son air éternellement renfrognée, la bouche un peu trop maquillée, et son jogging un peu trop grand couplé à ses grandes créoles, elle était l'image type que les gens pourraient se faire de la fille qui tournait mal. Mais peu importait, parce qu'Ayame n'était pas comme ça.

"Aya-chan ?", demanda simplement Riho après avoir toqué, toujours un peu gênée d'aller voir quelqu'un, "... c'est moi", conclut-elle, toujours aussi avare en paroles.

Riho n’aimait pas traîner avec d'autres filles car elle les voyait - bonjour les préjugés - comme des cancanières hypocrites qui vous jugeaient toujours sur votre apparence. Elle attendit sagement, dégageant sa queue de cheval d'une de ses épaules dans un geste d'humeur : elle détestait attendre, parce que c'était ça, la véritable perte de temps. Se dandinant d'un pied à l'autre, la jeune femme fit volontairement couiner ses baskets sur le sol pour agacer une fille qui passait dans le couloir, la fixant effrontément pour essayer de la mettre mal à l'aise : c'était comme ça qu’elle paissait le temps...

One night in Seiseki

feat. @Oshima Riho ☾

Alors qu’elles venaient à peine de s’échanger quelques banalités par message, Ayame se préparait déjà à accueillir son amie Riho dans sa chambre après que celle-ci lui a dit qu’elle comptait lui rendre visite avec des gourmandises venues tout droit du combini. Comment résister à ce genre de tentations ? Surtout qu’après toutes les récentes péripéties de rentrée, le typhon, une partie de leur résidence qui était désormais en travaux et des étudiants qui avaient dû déménager temporairement dans celle qui se trouvait sur le campus de Chûô, autant dire qu’un peu de détente ne ferait pas de mal.

Ayame avait hâte de voir son amie. Ces derniers temps, avec le rush de rentrée du second semestre, elles avaient été toutes deux occupées, et comme elles ne suivaient pas les mêmes cursus, elles avaient moins d’occasions de se croiser à l’université. Pourtant elles habitaient la même résidence, elles n’avaient pas d’excuses, si ce n’est leurs horaires de cours et de boulot peu compatibles. Vive LINE.

On frappa à la porte, et comme la demoiselle n’attendait personne d’autre que Riho, elle savait très bien qui se trouvait sur le seuil. Ni une ni deux, elle se leva de son lit, et se dirigea tout sourire vers la porte d’entrée pour lui ouvrir. Beaucoup moins timide qu’avec les hommes, Aya’ gratifia son amie d’une accolade chaleureuse pour lui témoigner son affection et s’effaça pour la laisser entrer, lui déposant une paire de chaussons pour qu’elle puisse les enfiler si elle le souhaitait.
Ce soir la demoiselle était de bonne humeur, elle avait bien avancé dans ses travaux et avait du temps libre donc elle était contente de voir Riho et de se détendre. Elle avait été là dans les moments difficiles, quand il avait fallu composer avec le fait que sa meilleure amie Mia avait dû retourner vivre en France et que Anna quant à elle s’était envolée pour les Etats-Unis temporairement. Il avait d’ailleurs été difficile de convaincre ses parents que sans Mia dans les parages, Aya’ pourrait s’en sortir de façon autonome à Seiseki et Chûô. Pourtant, ils avaient choisi de lui faire confiance et elle leur en était reconnaissante. L’idée de perdre tout ce qu’elle avait entrepris la déprimait considérablement.

«  Alors tu as ramené quoi de bon du combini ? »

Aya’ avait rapidement tapé ce message sur LINE pour le montrer ensuite à Riho, maintenant habituée à ces conversations semi-virtuelles.