Frustration. Anticipation. Brusquerie. Franchise.
Repoussé pour être mieux consolé avant d’être définitivement blessé. Min-Ho avait l’art et la manière d’éludait brutalement ses questions pour des mots cinglants, causant un froncement de sourcils de la part du plus jeune. Il s’était échappé pour mieux l’encercler avant de s’évader. Pour autant, une vérité ne quittait ses pensées, lui causant un sourire amusé. Se relevant, il se retourna habilement. Son regard trouva de lui-même celui qu’il recherchait, comme un aimant parfaitement aiguisé. Jun leva légèrement le menton, une lumière d’arrogance brillant dans son regard après son sermon. Il croisa un instant ses bras sur son torse, laissant ses iris descendre d’une lenteur calculée sur le corps de son blondinet, admirant cette nouvelle position qu’il arborait. La distance entre eux ne semblait plus existé, Jun toujours partant pour le défier devant un Hyun des plus dépités. 


« Tu ne joues pas dans cette cour infantile, mais tu en apprécies pourtant les effets, Min. Toi qui es si habile de tes mots, je suis quelque peu surpris. Voilà que tu te défends comme un homme aguerri. Sache que le plus grand défi qui m’attend, il se trouve devant moi. Mais les tiens ? Ils m’ont l’air plus nombreux que les miens. Alors, danse avec moi, accroche-toi et défoule-toi sur moi s’il le faut, mais ne te défile pas. » 


Tout en énonçant ses mots, le Ninomea avança prudemment d’un pas à l’autre, ne brisant jamais le contact avec le danseur. Il voulait qu’il entende tout ce qu’il avait à dire, qu’il ne regarde que lui, qu’il n’assimile que la vérité enfouie. Dans cette salle aux milles miroirs, il n’existait qu’eux deux. Aucune oreille indiscrète. Aucune personnalité imparfaite. Aucun masque à arborer. Seulement la sincérité. Pas après l’autre, sa voix baissait d’une octave, son ton plus taquin et il n’en restait pas moins poignant, comme le militaire en lui n’appréciant pas la désobéissance d’un homme à la trop grande bienséance. Avec légèreté, il pénétra une nouvelle fois dans l’espace personnel de Min-Ho, ses mains se posant de part et d’autre du corps de ce dernier, l’emprisonnant pour ne plus le relâché. Il pencha la tête sur le côté, ses lèvres rencontrant une joue brûlante qu’il ne fit qu’effleurer avant de se diriger vers son oreille pour y murmurer de douces paroles chantonnées.


« Si tu ne m’aide pas, je serais obligé d’être aussi égoïste pour nous deux. Pourquoi te cacher ? Pourquoi te masqué ? Moi qui ne suis qu’authenticité, toi tu n’es qu’absurdité. Défais- toi de tes artifices parce qu’avec moi il n’y aura que la franchise. Ce que je veux, c’est Min-Ho, mais pas le nom qu’il porte avec tout le monde. »


Jun s’inséra entre les jambes de son danseur, l’obligeant à les écarter même s’il n’était pas d’accord. Sans résistance, il en apprécia ce peu de dominance. Son souffle se répercutait contre sa nuque et il ne fit rien pour s’écarter, retrouvant cette chaleur oubliée. Ce contact. Ce toucher. Il voulait être certain qu’il n’était pas le seul à le demander. Mais lassé d’être toujours celui qui fait, si Min-Ho le désirait, il devait essayer. Assez de ce recul, assez de ses illusions. S’il ne pouvait le dire, son corps pouvait quant à lui, le trahir. Le brunet ne le cachait pas, contrairement à son interlocuteur, qu’il n’était jamais rassasié de lui, même pour toute une vie. Ce lien nouveau et imprévisible l’effrayait autant il l’intriguait. Mais jamais il ne voulait le laisser filer, ayant peur de ne jamais le retrouver. Aucuns faux-semblants, aucune carapace, il se livrait corps et âme et n’avait pas besoin d’un psychodrame. La frustration qu’il ressentait tendait ses muscles et il ne voulait pas être le seul à le ressentir.  


« Pourquoi fuis-tu ? Il n’y a que nous deux ici. Et même à l’extérieur de cette salle d’un soir, tu ne pourras pas prétendre ne rien vouloir. Pas à pas. Comme deux adultes. Peut-être suis-je un enfant parfois, mais je n’ai pas peur d’être moi. Prend la responsabilité aussi, je ne suis pas seul dans cette histoire. Tu ne peux pas tout toujours contrôler. Pas avec moi en tout cas et tu le sais. »


Rien n’avait commencé, mais Jun n’était pas contre cette idée. Il voulait savoir si cette attraction n’était que passagère ou si elle pouvait les mener plus loin et pour cela, ils devaient se revoir. C’était l’idée la plus logique pour lui, parce que dans le cas où tout ne serait que mirage, il sera facile de retourner à leurs vies sans enfantillage. Min-Ho semblait réfractaire à tout, ne voyant pas les solutions qui s’offraient à eux. Peut-être ne le voulait-il pas, ce qui les coincer dans une impasse. Mais le brunet le voulait ardemment, dont son insistance. Ses démons n’étant pas les mêmes que ceux du chef de projet, il voulait s’y confronter. Il soupira contre lui, laissant sa joue se posait contre sa tête, prenant appui sur lui. Il laissa son corps basculait en avant, posant ses mains sur ses hanches. Seul réconfort devant les coups au cœur et sa fierté qu’il lui portait constamment. Il voulait bien faire face à ses problèmes, mais son interlocuteur ne semblait pas le remarquer, trop obnubilé par ce qui se passait. D’un geste brusque, il recula, emportant le jeune homme avec lui et le retourna. Il posa son menton sur son épaule et resserra sa prise autour de sa taille. Il rencontra son regard dans le miroir.  


« Dis-moi clairement pourquoi tu refuses, Min-Ho. Pourquoi tu éludes, pourquoi tu me traite d’enfant. Sans détour, sans mesure. Sans contrôle. Laisse-toi aller. »


Il devait se défaire de son air pincé. La musique en fond longtemps oublié, Jun mouva ses hanches dans un rythme lent, forçant son partenaire à le suivre pour le détendre.

 

Une mine boudeuse. Comme l’enfant qu’il était. Son regard un instant sur leurs mains jointes avant de reporter son attention sur le visage de son danseur quand celui-ci lui remonta son menton vers sa personne. Il quitta bien vite son air enfantin, pour quelque chose de plus taquin. Il entrelaça ses doigts avec ceux de Min-Ho et tira d’un coup sec vers lui, faisant perdre la balance au blondinet. Mais il esquissa des gestes rapides, ses mains glissant jusqu’à sa taille pour le retourner, l’obligeant à poser sa tête contre son torse, leurs mains toujours étroitement liés dessus. Comparé aux siennes, les doigts de son aîné semblaient si petits, tout en lui paraissait plus petit à ses yeux. Mais il n’en pipait mot, appréciant ce détail si minime. Il soupira légèrement en posant son menton sur le sommet de sa tête, se balançant de gauche à droite avec son compagnon contre lui. C’était plus fort que tout, il devait absolument le toucher et s’assurer que tout n’était pas le fruit de son imagination. Avec son partenaire, tout pouvait s’étioler d’un seul geste, comme des cendres où il suffirait de souffler pour tout faire disparaitre. 


« Comment peux-tu présumer certaines choses sans en connaître la réelle finalité ? Tu penses tellement trop et tellement comme un vieux, Min. Tout de suite, le monde est noir ou blanc. Tout de suite, il faut penser aux responsabilités et notre avenir à tous les deux. Je te demande pas en mariage imbécile, je te demande de sortir. Juste toi et moi. Avoue que tu meurs d’envie de savoir. » 


Il souffla dans son cou comme première provocation s’il osait lui dire non. C’était évident qu’ils partageaient une attirance mutuelle, indescriptible, mais que leurs univers semblaient bridés beaucoup trop son camarade de danse. Il ne devait pas penser. Il ne devait pas voir les choses avant qu’elles ne se passent. Mais cet idiot le faisait. Pensant aux conséquences avant même qu’il ne soit arrivé quoi que ce soit. Jun joua avec les doigts de son interlocuteur, s’amusant à mesurer leurs différences, entrelaçant leurs doigts avant de serrer simplement sa main dans une étreinte. Le Ninomea se rendait bien compte qu’il était à l’opposé de son homme. Sur beaucoup de points. Dont un où il n’arrêtait pas de se faire réprimander. Esquissant un sourire de plus taquin sur ses lèvres, il donna un baiser sur la tempe à Min-Ho avant de le pousser sans ménagement sur le côté et de se relever. Il se mit face au blond et l’attrapa par la taille pour le relever, le laissant dans l’interrogation de ses actions. Son torse contre son dos, il le poussait sans outre mesure vers la porte les menant à l’extérieur de la salle. Ses lèvres contre son oreille, il ne parvenait pas à dissimuler le ton joueur dans ses propos.


« Je ne peux pas te défaire du balai dans le cul que tu as, certes, mais je peux quand même essayer de faire quelque chose pour te le retirer doucement. Admire et profite. »


Il ne savait pas si les derniers mots étaient davantage adressés à Min qu’à lui-même. D’une main habile, il ouvrit la portière, les forçant tous deux à quitter leur nid douillet, abandonnant toute la lourdeur des non-dits et d’une ambiance bancale pour l’air frais et désert du couloir. A cette heure-ci, il n’y avait plus personne dans les locaux et c’était tant mieux. Jun voulait rester seul avec son blondinet. Ses bras toujours autour de sa taille, il resserra sa prise, il le forçait à avancer, suivant sa cadence malgré sa rétractation.  


« Oh mon dieu ! On est sortis de la salle, un drame va se produire. OH mon dieu, on va nous voir ! Tout le monde va le savoir ! Min-Ho c’est terrible, je viens de faire quelque chose d’éhonté sans ton autorisation. »


Jun le comédien faisait surface, son timbre plus mélodramatique, sa voix plus forte afin de se faire repérer si jamais il y avait encore âme qui vive. Il continua son ascension tout en criant à tue-tête qu’un phénomène allait se produire, un tremblement de terre ou des photos allaient être prise, par exemple. Les « Oh mon dieu » n’arrêtait de s’échapper de ses lippes masculines ainsi que des « Min-Ho chéri » histoire de taquiner celui qui partageait sa vie. Il riait de ses propres inepties, continuant sa comédie. Il démontrait à son homme que même s’ils étaient ensembles, en dehors de cette salle, il ne se passait rien. Qu’à cet instant présent, personne ne se souciait de deux jeunes gens. Ce n’était qu’un contre-temps. Il le savait, mais si cela pouvait donner une légère confiance à Min alors, il était heureux d’avoir au moins essayé quelque chose.   


« Je… »


Il s’arrêta net lorsqu’il remarqua la tête d’une jeune personne et lui sourit chaleureusement. Elle coupa court ses conneries, mais ne dégonfla pas sa comédie. Cette dernière leur adressa un signe de tête avant de disparaitre. Nullement refroidit, Jun se stoppa, retournant Min-Ho face à lui. Il lui souriait grandement, se rapprochant. Son front trouva le sien dans un geste intime, mélangeant son souffle avec le sien dans une rencontre ultime. Il ferma ses yeux un instant, appréciant simplement. Ses lèvres cherchaient les siennes sans jamais les trouver et il ne fit rien pour combler l’infime espace qui les séparaient. C’était inutile de trop forcer, donc il n’avait trop de choix que de simplement profiter.  


« Dis-moi oui. Juste une fois. Juste pour cette fois. Arrête de te faire autant désirer et profite du moment, papi. »

 

Taquinerie de bon enfant dans une atmosphère plaisante. Nullement comparable à celle dans l’autre salle. Jun appréciait bien plus son partenaire avec son sourire aux lèvres et son rire imprimant son cœur de bien des manières. Sa main reposait, contre tout attente, bien sagement sur la taille du blondinet, raffermissant sa prise quand on lui tourna le dos, n’appréciant pas ce petit numéro. Il retourna Min-Ho vers sa personne, prenant sa bouteille avant qu’il ne soit en mesure de dire la moindre chose et ouvrit cette dernière la seconde suivante. Son bien aimé dû entendre son alarme interne sonnait parce qu’il essaya de se dégager. C’était sans compter sur un Jun entraîné. Son bras s’enroula autour de lui nonchalamment, le ramenant contre son torse avec une facilité déconcertante. Il versa gentiment des gouttelettes sur sa tête comme mise en garde devant les menaces sur sa personne, mais il exhala un léger rire en posant son menton sur son épaule, jetant un coup d’œil sur l’eau qui se déversait sur sa peau.  


« Peuh. Si An m’adore, j’y ferais un câlin et il ne pourra pas me résister bien longtemps. Pas comme une certaine personne qui aime se faire désirer. Si tu veux me recadrer, fais-le toi-même, Min-Ho. » 


De ses paroles murmurées à son oreille et de son souffle qui picotait son épiderme, Jun arrêta la course d’une goutte d’eau avec sa langue pour y mettre un terme. Il en apprécia la réaction de son homme et bascula une nouvelle salve de jet sur le blondinet. Il le laissa s’enfuir de sa prise, prêt à venir le conquérir. Courir et attraper. Rire et s’élancer. Les bras en avants un instant pour mieux recevoir de l’eau un battement de cœur suivant. La bouteille avait changé de propriétaire, mais la deuxième entra dans la partie. Tous deux s’arrosaient comme des plantes à nourrir, les rires éclatants éclairant la pièce silencieuse. L’un fuyait tandis que l’autre recevait. L’un se venger et l’autre encaisser. C’était un jeu presque sans fin, jusqu’à ce que l’un se retrouve munis de rien. Le brunet avait récupéré sa bouteille d’un geste fastidieux, n’ayant plus dans sa bouteille qu’un fond d’eau pouvant à peine rassasier une gorge desséchée. Echangeant un regard, ils comprirent en même temps sans le vouloir. Mais comme toujours, Jun réussit à attraper son bien heureux entre ses bras, le soulevant de quelques pas. Il le portait à son épaule, sa main sur sa cuisse extérieure, le maintenant fermement. Comme un sac à patate trop léger pour en être vraiment un. Sa marche le conduisit jusqu’au canapé où il le jeta sur ce dernier. Sa main s’aventura sur le dossier et son genou sur le côté, il pencha son corps en avant, l’encerclant complètement. C’était devenu une habitude pour le Ninomea d’emprisonnait le Hyun pour mieux le conserver à sa place.


« Fait attention grand père, on ne tente pas un prédateur qui a trouvé sa proie. »


Pour accentuer ses propos, il se pencha en avant, sa main quittant le dossier du canapé pour se nicher à côté de sa tête. Un sourire carnassier fleurit sur ses lippes masculines alors, que son regard s’était perdu ailleurs que sur ses rétines. Il trouva aisément son pouls à la base de son cou, ses lèvres s’y posant fermement afin d’y laisser une marque lui appartenant. Rien de bien méchant, mais son homme allait devoir le dissimuler pour quelque temps. Mais aux vues des chemises qu’il portait, il n’avait pas de quoi s’inquiéter. Il continua donc son ascension vers sa mâchoire qu’il savourait lentement avant d’effleurer ses lèvres des siennes. Il ne brisa jamais cet interdit, s’autorisant seulement un baiser aux extrémités comme pour s’excuser de sa trop grande envie démesurée. Puis, il redressa la tête et s’assit comme si de rien n’était. Il installa les jambes de Min-Ho au-dessus des siennes, ses mains reposant contre ses dernières. Un visage poupin d’innocence en réponse tandis qu’il finissait de boire à la bouteille directement. Mais voyant l’ouragan arrivait, il changeait de stratégie pour un replis calculée. Avec maesta, il se releva et attrapa la main de son bien aimé dans la sienne avant d’entrelacer leurs doigts ensemble. Il ignora volontairement les signes lisibles de sa réaction face à son acte et préféra quitter le canapé. Peut-être avait-il été trop loin, mais jamais le regret le rejoint.   


« Si je ne peux t’appeler grand père, je peux recommencer avec d’autres mots plus affectueux. »


Et il énonça un chapelet de mots plus niais les uns que les autres. Certains étaient anciens, comme d’autres absolument répugnants et son dégoût était clairement lisible sur ses traits. Il enchaîna en anglais, les mots sortant de ses lèvres comme des promesses secrètes. Son ton plus languissant comme s’il attendait le bon moment. Il s’abaissa vers lui, ses yeux rencontrant les siens presque timidement ne sachant nullement comment allait être sa réaction. Mais baissa ses iris foncées sur leurs mains et comme captivés il n’osa plus les relever. Son léger froncement de sourcil indiquait de son insécurité ayant été trop souvent rejeté.