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“STOP ! IT'S TOO MUCH TO BEAR ANY LONGER” & Wu Jo était sous le choc. Tout comme devaient l'être les autres membres de Terrace House, eux aussi. Tous réunis dans la salle de jeux, occupés à regarder un nouvel épisode de l'émission, ils venaient de surprendre deux hommes occupés à échanger un baiser visiblement plaisant. L'un de ces deux adultes de sexe masculin, n'était nul autre que Hoseok lui-même. Pris en double flagrant délit : l'un s'appelait Tromperie, l'autre s'appelait Homosexualité. La mâchoire du chocolatier lui en était tombée, surpris par ce revirement inattendu, et n'avait pas lâchée la scène des yeux alors qu'il s'était pris une douche gelée subite comme si quelqu'un lui avait balancé le contenu d'un seau d'eau glacée à la figure qui s'était ensuite répandu sur son corps en laissant ses vêtements secs. L'espace d'un instant, le sang dans ses veines s'était refroidi à en entrer en hypothermie si la sensation avait perduré parmi ses vaisseaux sanguins. Hoseok avait les lèvres plaquées contre celles d'un jeune homme qui, il fallait bien l'admettre, avait un physique assez avantageux. Et Wu Jo sentait un sentiment ravageur faire son ascension en lui en contemplant ce spectacle. Dans le Prince de Sang-Mêlé, Harry décrivait cette horrible sensation comme un monstre qui surgissait chaque fois qu'il voyait Ginny et Dean se bécoter... Eh bien, c'était exactement ce que Wu Jo ressentait, là. Qu'il le veuille ou non, la jalousie montait dans ses entrailles pour ronger sans pitié chacune de ses molécules en feu. Contrôle-toi, il ne t'appartient pas, fais pas ton possessif Jo...

Le plus discrètement qu'il le puisse, il se mit à se mordre nerveusement la lèvre et jeta un regard en biais à Moana. La petite-amie trompée. Ses pommettes se colorèrent alors de rose sous l'effet de la honte et de la culpabilité. Pourquoi ? Parce que depuis l'épisode secret avec Hoseok dans la piscine de Terrace House, il pensait à lui d'une manière interdite, traîtresse et... aguicheuse. Sans parler des rêves torrides qu'il pouvait faire certaines nuits... et dont il ne parlait à personne. Alors il se sentait un peu comme un traître, d'avoir ces fantasmes sur le petit-ami de Momo. En bref, ce baiser volé avait tout aggravé, tout empiré, tout amplifié. Sauf qu'il n'y avait pas que son goût inédit calqué sur sa bouche qui lui avait donné envie de le posséder. Wu Jo avait remarqué les regards que le mannequin lui jetait du coin de l’œil, de temps à autre.. sans doute en avait-il ratés. Néanmoins ceux qu'il avait grillés lui avaient mis la puce à l'oreille. Et puis, le jour où Shiki était arrivé, ils avaient eu un échange visuel silencieux mais pas moins rancunier et désireux. Autant d'indices qui lui indiquaient ce que dissimulait le mannequin aux yeux et aux sus de tous. Wu Jo avait commencé à avoir de gros doutes sur la sexualité de Hoseok et, ce baiser surpris à la caméra, confirmait tous ses soupçons. Il avait pas l'air d'être simplement expérimental, celui-là. Putain, encore un coup à se sentir humilié et amère... Il n'imaginait même pas ce que pouvait ressentir Moana parce que c'était à elle que l'infidèle faisait la pire insulte.

Wu Jo avait ensuite coulé un regard bref sur le honteux coupable de ce scandale. Avait-il au moins honte de ce qu'il avait fait ? Lui qui avait un don pour rester maître de lui-même et cacher ce qu'il ressentait. Dans tous les cas, il s'était éclipsé avant la fin de l'émission et Jo l'avait regardé partir, sourcils froncés et pupilles hostiles fixées dans son dos où il pouvait deviner les lignes de son tatouage dissimulé par ses vêtements. Quel manipulateur, ce mec... et il ne daignait même pas montrer la plus petite trace de repentir.


☾◇☽


Seul. Assis au milieu des marches qui menaient à l'étage, Wu Jo était en train de ruminer son malêtre sans produire le moindre son. Une boule plus volumineuse qu'un calot lui étranglait la trachée. Il ne se sentait pas entièrement légitime de ressentir ça et avait même l'impression d'en faire des caisses alors qu'ils avaient eu le malheur de s'embrasser qu'une seule pauvre fois, il y a un mois de ça. Merde, franchement, pourquoi tu ne tournes pas la page ? C'était ce que la sagesse recommandait... mais il n'y arrivait pas. Les sensations fantômes de ce baiser le hantaient encore et ça ne l'aidait pas.du.tout de vivre sous le même toit que celui qui était la cause de tout ce chamboulement. Dire que Hoseok ne se doutait de rien, en plus... Il n'avait pas la moindre idée de ce qu'il avait provoqué en Wu Jo... Mais même s'il le savait, il en aurait rien à foutre ou alors ça le ferait bien rire. Il revoyait encore son sourire arrogant, nargueur, je-m'en-foutiste, collé à ses lèvres tout au long du monologue qu'il lui avait servi pour déverser sa colère entre les eaux chlorées du bassin. A cause de ces conneries, Jo y avait pensé, à quitter Terrace House. A quelques reprises dans le courant de ce mois de janvier, cette échappatoire salvatrice lui avait traversé l'esprit. Partir lui aurait épargné toute cette torture et il lui aurait été bien plus facile d'oublier ce type égoïste qui se foutait pas mal de semer la discorde autour de lui. Mais lâcher l'émission pour ça, ce serait comme lâcher Unruly Flavor pour une histoire de... une histoire insensée qui n'avait ni queue ni tête et pour laquelle il n'abandonnerait certainement pas son enseigne. Il était là pour U.F. Il resterait pour U.F. Pas question de renoncer à cause d'un mannequin prétentieux et arrogant qui aimait jouer les bourreaux.

Hoseok était retourné dans la salle de jeux depuis une bonne dizaine de minutes. Wu Jo l'avait vu après l'avoir cherché un peu partout dans la maison et s'était alors installé dans les escaliers pour réfléchir. Réfléchir à ce qu'il allait lui dire. Réfléchir à ce qu'il allait faire. Réfléchir à tout ce dont il devait réfléchir avant de se décider à aller le confronter une bonne fois pour toute. Est-ce qu'il devait vraiment y aller ? Ce n'était pas une obligation, non... car ça allait être un moment très dur à endurer, à affronter, à vivre. Du sang sans substance allait de nouveau se répandre, des plaies s'ajouteraient aux cicatrices, toutes ouvertes par la lame coupante des mots. Sa tentation de quitter définitivement la maison se ferait encore plus impérieuse mais il résisterait. C'était pour son avenir qu'il était ici. Gâcher ses chances à cause de lui ? Aniyo.

Il avait besoin de vider son sac.
Aujourd'hui.
Now.

Sa main droite s'agrippa à la rambarde de l'escalier et il se redressa, sa résolution prise. Wu Jo descendit les marches qui lui restaient à descendre et se dirigea vers la pièce où l'objet de sa brûlure interne était revenu. Tandis qu'il marchait en direction de la porte close, il repensait aux dernières semaines écoulées et aux changements radicaux qu'elle avait vu naître. Hoseok lui avait enfin lâchés les basques. Pff, ils auraient tous deux eu bien plus à gagner s'il s'y était pris plus tôt. Mais ça faisait du bien de ne plus être, pour un oui ou pour un non, la cible de piques sorties de nul part. Ses tacles ne lui manquaient pas. En revanche, il était regrettable que leur relation ne puisse s'améliorer. Il lui avait délaissé le lit du haut, oui, et après ? Rien. Nada. Hoseok avait pris ses distances et Wu Jo en avait fait de même. Aucun n'avait l'intention d’interagir sans bonne raison. Ce qui lui avait fait bizarre, au départ, au chocolatier. Les premiers temps, il était resté sur ses gardes. Méfiant lorsque le mannequin pointait le bout de son nez dans la même pièce que lui. Pas de bonjour. Pas de bonne journée. Pas de bonne nuit. De la part d'aucun des deux partis. Ils ne se faisaient plus l'honneur de faire comme s'ils avaient remarqué la présence de l'autre. Le quasi' néant relationnel et social, selon toute apparence. Et... Wu Jo en avait ressentis des pincements dans la cage thoracique. Pourquoi fallait-il absolument que ça se passe aussi mal entre eux ?

C'était de la faute de Hoseok... C'était purement de sa faute à lui et à son caractère à coucher dehors !

Tout en pensant ça, Wu Jo jeta un regard noir à la porte qui s'élevait juste devant son nez. Et son geste pour ouvrir cette-même porte fut plus brusque qu'il ne l'aurait voulu. Mince... Tant pis, c'était fait. Le coréen entra dans la salle, referma la porte derrière lui et s'y adossa avec une nonchalance de façade. Coupant toute retraite à l'éventuelle fuite de celui qu'il venait prendre au piège. D'abord, il parla en japonais, demandant très poliment à ce que les caméras soient éteintes. Ses pupilles sombres se tournèrent alors vers l'occupant confortablement installé parmi les coussins. Pendant une bonne minute, il ne fit rien d'autre que de l'observer avec une amertume et une peine mêlées de convoitise. Se remémorant le parfum qui traînait sur sa peau ou sur ses fringues et que ses sens olfactifs percevaient chaque fois qu'ils devaient se croiser de très près pour pouvoir passer leur route. Son oreiller avait la même odeur... Dernièrement, il devait se retenir de lui attraper la main lorsqu'elle effleurait accidentellement la sienne. Il aurait plus manqué qu'il se mette à le draguer dans le dos de Moana. En cela, le fait qu'ils ne se supportaient pas et qu'ils étaient tous les deux censés être hétéro' était sécurisant. Sauf que Wu Jo savait, maintenant. Il n'avait pas compris toute l'histoire contrairement à ce qu'il croyait. Mais il connaissait le point le plus crucial...

Ce fut en coréen qu'il reprit la parole, une fois à peu près certain que les caméras devaient s'être coupées.
- Très sensuel le baiser. Une expérience qui avait l'air loin d'être décevante, d'après ce qu'on a pu voir. Vos lèvres étaient si bien entremêlées que c'est à se demander comment vous avez fait pour les séparer. Et il n'y avait pas que les lèvres qui étaient en jeu, d'ailleurs, il me semble.
Il parlait de ce qui se tapissait derrière elles. A l'abri de toute vue vicieuse. Dire qu'il avait prévu de se maîtriser et de ne pas se la jouer provocateur... c'était un échec dès sa première phrase. C'était un échec depuis la seconde-même où il s'était arrêté devant la porte de la salle pour la calciner du regard. Il avait envie de l'énerver tout comme lui-même l'était. Le coeur de Wu Jo le brûlait et avait besoin de réduire quelques combustibles émotionnels en cendres pour s'apaiser. Hoseok ne pourrait pas atteindre son degré de révolte si jamais il mordait à l'hameçon parce que Wu Jo était dans une position d'injustice bien plus justifiée que la sienne. En d'autre terme, il n'avait pas le droit de lui renvoyer la monnaie de sa pièce mais... qu'il le fasse s'il le souhaitait.

Jo voulait le voir réagir.
- J'avais l'intention de te demander si c'était sérieux entre toi et Moana. Mais puisque tu l'as trompée, j'imagine que la balance penche du côté non. Je me pose une autre question, du coup... c'est qui la prochaine personne sur ta liste ? Qui est la prochaine cible que tu comptes manipuler sans la moindre once de scrupule ?
Et à ces mots, Wu Jo le fixait avec intensité. Une intensité douloureuse qui donnait l'impression que c'était lui qui avait été trompé. Quel égoïste, il faisait... à être plus en colère pour sa propre douleur que pour celle de son amie cocue.

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Yoo Hoseok  ϟ  Kho Wu Jo

Putain. Assis sur les coussins de la salle de jeu, ses yeux fixés sur l'écran devant eux, Hoseok pestait intérieurement. Les images défilaient devant lui sans qu'il ne puisse rien y faire, rappel douloureux de sa nouvelle vie. Il était filmé, constamment? Même quand il demandait à ne pas l'être, visiblement. Concentré sur les traits de son visage, se forçant à ne rien montrer, il continua de regarder l'écran, de se regarder. En train d'enfoncer sa langue dans la bouche de Yukio. Devant les autres... Assis entre June et Moana, il les senti se figer, ne bougea pas d'un poil. Sa peau picotait sous les regards des autres, ses oreilles bourdonnant ; il ne saurait même dire si ils parlaient ou pas. Il ne s'autorisa qu'un mouvement, coup d'oeil imperceptible lancé en direction de Wu Jo, lequel semblait... Déçu ? En colère ? Envieux ?..

Quand la scène fut finie, il se leva, prétextant une envie de pisser, et alla s'enfermer dans la piaule. Assis sur son lit, sa tête entre ses mains et ses coudes sur ses genoux, il se forçait à respirer. Il avait merdé. Gravement merdé. Si ses parents voyaient ça, ses employeurs... Déjà que ce putain de chocolatier l'avait maté en train d'embrasser un autre. Hoseok se souvenait bien de ce baiser, quelques jours plus tôt. Il avait contacté Yukio, l'avait payé et ils avaient passé la soirée ensemble, dans un bar. Puis, un peu éméchés, ils étaient sortis et le mannequin l'avait embrassé, là, dans la rue. Il avait oublié à ce moment-là que tout le pays le connaissait et, vu la qualité de l'image, c'était un passant qui les avait filmés et avait envoyé la vidéo à la production. On reconnaissait clairement le candidat, on voyait ses mains envieuses, sa bouche avides et son corps pressé contre celui de l'host qui faisait ce pour quoi il était payé. Ce qu'on ne voyait pas, c'était le désespoir dans les pensées de Hoseok, ce besoin d'oublier un autre nom, une autre bouche, un autre baiser qui tournait en boucle dans sa mémoire.

Putain. Il resta là un long moment, attendant que l'épisode se termine, hésitant à tout plaquer, à remballer ses affaires et à claquer la porte. Il pensait pas à Moana, il savait qu'elle serait pas blessée et qu'elle se relèverait de cette "humiliation". Il pensait à Wu Jo. Encore et toujours. Ce mec avait le don de le foutre en l'air, et ça s'arrangeait pas depuis qu'il l'avait embrassé. Se tenir loin de lui était difficile, comme si on l'empêchait de respirer, et il craquait parfois. Il se faisait cramer en train de le mater. Effleurait sa main en passant trop près de lui. S'allongeait sur son lit en son absence pour sentir son odeur, ne pensant pas qu'il laisserait la sienne sur l'oreiller et prétextant que le matelas était plus confortable. Mais il ne lui parlait pas, ne crevait pas l'abcès et respectait son désir de tranquillité. Il avait arrêté de le faire chier, l'ignorait tout simplement, la politesse lui étant rendue avec autant de désinvolture. Et ça le crevait de l'intérieur.

Au bout d'un moment, il se bougea le cul, prit son ordinateur, un bouquin de cours en prévision de son dernier examen et il descendit pour retourner dans la salle de jeu enfin déserte. Les autres étaient il ne savait pas où, il ne les croisa pas, pensa n'avoir été vu de personne. Il referma la porte et s'installa sur les coussins, casque sur les oreilles, ordi sur les genoux et cahier ouvert à côté de lui. Mais était-il capable de se concentrer ? Bien sûr que non. Ses tripes se tordaient dans tous les sens, appréhendant les commentaires des autres, ceux des internautes, l'ambiance qu'il y allait avoir dans la maison maintenant. Il faudrait qu'il parle avec Moana, qu'il s'excuse d'avoir tout gâché, qu'ils trouvent une explication. Qu'il envoie un texto à Yukio pour s'assurer que personne ne l'avait reconnu. Putain il avait tellement merdé.

Un sursaut agita son corps quand la porte s'ouvrit, assez brusquement pour se faire entendre malgré la musique qui battait dans ses oreilles. Hoseok leva les yeux pour voir Wu Jo dans l'encadrement et son coeur accéléra. Sermon numéro un, première prise. Soupirant, il retira son casque, prêt à encaisser. Il le méritait, il aurait dû être plus prudent, ne pas se laisser hanter par ce baiser, ne pas tenter à tout prix de l'oublier en allant fourrer sa langue dans la bouche de Yukio. Pas en public, en tout cas. Baissant les yeux après un bref contact, il tressaillit en l'entendant demander à ce que les caméras soient éteintes, et puis il attendit. Les cris, les insultes, les questions, les coups, n'importe quoi. Quelque chose. Le silence était pire que tout, et le corps de Hoseok était tendu, prêt à ramasser ce qu'il méritait.

Wu Jo parla coréen, langue que Hoseok n'avait plus entendue depuis bien longtemps, hormis dans les chansons et émissions qu'il regardait parfois. Le son de sa langue natale sortant de la bouche de cet homme le glaça en même temps que ça le réchauffait, mélange de honte et d'envie qui se partageait sa conscience. Il garda les yeux baissés à ses mots, ne nia pas, ne s'énerva pas. Quelle légitimité aurait-il eut à être en colère, de toute façon ? Il avait merdé, autant assumer. Pour une fois dans sa putain de vie, il se sentait mal à cause de ses actes, parce que le chocolatier brûlait de haine et que ça lui donnait l'impression que son coeur était arraché à sa poitrine.

Ne recevant pas de réponse, l'autre continua, parlant de Moana, et Hoseok ferma douloureusement les yeux. Il devrait lui parler, peut-être même expliquer face caméra que c'était lui le connard dans l'histoire, dire que la serveuse avait juste voulu l'aider. Juste avant d'annoncer son départ, ça serait bien, non ? À la question de Wu Jo, il entrouvrit les lèvres pour répondre, les referma, hésita. C'était le moment de tout balancer, et pourtant il y arrivait pas. Il méritait la colère de Wu Jo, sa haine pure, celles des autres aussi, d'ailleurs, mais il ne voulait pas. Si il balançait tout, il n'y aurait plus de retour en arrière possible. En gardant le silence, il offrait à Moana la pitié, la compassion, le soutient des gens, ne laissant pour lui que la colère, la haine et les insultes. Mais sentir ce regard sur lui, c'était comme sentir une lame qui perçait son âme et il ne pouvait pas partir en laissant à Wu Jo une image de lui aussi horrible. Sa renommée n'était pas glorieuse, il le savait, mais ça au moins il lui devait de lui expliquer.

C'était son idée. À Moana.

Un chuchotement, confession délivrée du bout des lèvres. Il se sentait pathétique, minable, se ferait chialer s'il se voyait ainsi, mais il continua. Il le devait.

Pas que j'embrasse ce mec hein, mais qu'on fasse semblant d'être en couple. Je l'ai pas trompée, elle m'aime pas, elle m'a juste couvert. Et moi je la remercie comme ça...

Levant une main, il se la passa sur le visage, regrettant tellement d'avoir foutu la merde. Il savait pas quoi faire pour se rattraper, savait pas comment il pourrait faire oublier ça, se faire pardonner de Moana, expliquer ces images à ses parents, garder son job, changer le regard que Wu Jo posait sur lui à cet instant. Il se sentait impuissant et tellement merdique. Il gâchait tout, cassait tout ce qui pouvait être beau autour de lui. Il avait jamais eu de vrai ami, n'avait jamais été aimé de personne, simplement parce qu'il les repoussait, les gavait de mensonges sur sa vie, sur ses parents, sur lui. Et aujourd'hui il regrettait. Parce que, pour une fois dans sa putain de vie, il voulait être aimé.


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“STOP ! IT'S TOO MUCH TO BEAR ANY LONGER” & Wu Jo passait Hoseok sous laser oculaire. Les bras en croix, ses mains serraient ses muscles entre leurs doigts à en blanchir les bouts sous les ongles. La tension dans sa gorge était visible. Il était très, très en colère. Et pas pour les raisons que l'infidèle pouvait s'imaginer. Pas tout à fait. Oui, il avait trompé Moana. Non, Wu Jo ne s'en foutait pas. Ce n'était même pas arrivé avec une autre femme mais avec un homme. Le choc était double. La moquerie aussi. Hoseok pouvait très bien être bisexuel mais si, au contraire, ce n'était pas le cas... Alors il n'avait jamais rien ressenti pour elle et l'avait prise pour une bille depuis le début. Ce type méritait au moins mille baffes. Pourquoi des tartes et pas des pêches ? Parce qu'une claque était moins douloureuse et faisait moins de dégât qu'un poing. Wu Jo était en rogne, il avait la haine contre le mannequin mais il ne voulait pas lui faire de mal, physiquement le blesser, le voir en sale état de santé. Ni par sa main ni par celle de quelqu'un d'autre. D'ailleurs, moralement, il avait déjà l'air démonté. Hoseok ne protestait pas à ses accusations, il ne niait rien, il ne s'énervait même pas, ne se défendait pas, docile sous ses blâmes, toute arrogance et toute fierté dissipée, les yeux rivés au sol... C'était effarant venant de lui. Finalement, le voilà qui ressentait de la culpabilité ? Wu Jo ne s'y était pas attendu. Il en ressentit même une légère peine pour lui. Légère. S'il pouvait deviner la jalousie qui incendiait les entrailles du confectionneur de chocolat, la ressentir comme si c'était la sienne, en souffrir comme il en souffrait. C'était le seul genre de douleur que Jo avait envie de lui infliger sauf que ce connard opportuniste avait la chance d'y être imperméable.

Hoseok ferma les yeux comme si ses paroles lui assénaient des torgnoles invisibles. Puis à ses questions, il le vit entrouvrir les lèvres avec hésitation et les refermer avec indécision. Était-il abattu au point de baisser complètement les armes ? Rien de ce qu'il lui avait lancé ne l'avait fait réagir au quart de tour. Ses actes honteux pris sur le fait l'avaient sonné. C'était l'idée de Moana l'entendit-il lui chuchoter très bas... Hein ? Comment ça "l'idée de Moana" ? Wu Jo fronça les sourcils aux paroles de Hoseok dans sa tentative de comprendre le sens de ce qu'il lui révélait mais ce ne fut pas laborieux puisque ses explications suivantes étaient claires et concises. Un faux couple. Voilà ce qu'ils avaient réellement été depuis tout ce temps ? Sous l'effet de la surprise, Jo ne dit rien, se contenta de regarder le mannequin avec un étonnement grandissant puis détourna la tête pour regarder un point invisible. Se passant en revue ces dernières semaines depuis qu'ils avaient annoncé qu'ils sortaient ensemble, assemblant les pièces manquantes à son puzzle incomplet. Une comédie. Une pure et simple comédie ? « Je l'ai pas trompée, elle m'aime pas, elle m'a juste couvert. » ... Devoir tout réinterpréter. Inverser la balance. Confusion again. C'était quoi cette histoire ? Wu Jo passa ses mains sur son visage en fermant les yeux avec un soupir, irrité contre lui-même. S'il n'y avait pas eue sa jalousie stupide pour lui retourner les neurones, ces informations auraient été plus simples à assimiler. Si Hoseok n'avait jamais été avec Momo; il n'avait plus à s'en faire pour un supplice amoureux qu'elle ne ressentait pas. Mais la situation restait très complexe. Hoseok était dans un sacré merdier. Moana passait pour une malheureuse petite-amie cocue et, apparemment, il s'en voulait de lui donner cette image humiliante. Pas si égoïste qu'il en avait l'air, l'étudiant en science-po'.

Passant une main sur sa nuque, il fixa pensivement les coussins installés par terre en direction du coloc'. Son regard aurait pu les faire flamber si l'humain était capable d'un tel pouvoir surnaturel. Lorsqu'il parla à nouveau, son ton s'était un peu calmé mais il resta sec, malgré tout.
- Je ne comprends pas de quoi elle t'a couvert mais ça te regarde.
Non, c'était un concept qui lui échappait. Passant ses mains dans ses poches, ce fut le mur en face de lui qu'il se mit à fixer comme s'il voulait y creuser un cratère. Ses raisons ne le concernaient pas alors il ne lui demanda pas d'explications là-dessus. Hoseok l'aurait envoyé valser, de toute évidence, il n'était pas du genre à se confesser et Wu Jo était l'une des dernières personnes avec qui il en ressentirait le besoin. Bien qu'il vienne de se dévoiler., de lui dire la vérité et, quelque part, pour une certaine raison, le soulagement avait partiellement apaisé le chocolatier. Moins réduit au ridicule qui ne l'avait cru. S'il n'était pas sorti avec Moana, ça changeait beaucoup de choses... Mais pas tout. Et à quoi ça rimait de se faire passer pour un couple aux yeux de la télévision s'il n'y avait rien d'authentique dans leur relation ? Surtout si c'était pour tout faire foirer aussi royalement, sans prendre davantage de gants, en à peine un mois de faux-semblant. C'était bien la peine qu'ils se soient donnés tout ce mal, ces deux-là. Wu Jo reposa les yeux sur le mannequin vaincu, sur son visage qui exprimait un malêtre inratable... ça lui faisait quelque peu pitié. Sauf qu'il n'était pas là pour lui faire de cadeau.
- Comment tu as fait pour oublier ? Comment tu as fait pour zapper qu'on participait tous les six à une émission qui diffuse notre quotidien à travers le Japon et à l'international ? Que nos visages sont largement plus connus que celui du barman du coin et que ça nous interdit quasiment le plus petit faux pas ?
Cette vidéo de lui prise à son insu par un passant, diffusée par TH comme une partie intégrante de l'émission sans même l'en avoir informé... cela avait été imprudent de la part de Hoseok de se montrer ainsi dans la rue mais Wu Jo avait le sentiment que l'équipe de production n'avait pas été clean non plus à incorporer ce film sans prévenir à l'un de leur épisode. Ce n'était pas une de leurs caméras qui avait capturé ces images, cette intervention-là était externe. N'aurait-il pas le droit de les attaquer en justice s'il le voulait ? Jo était dégoûté. Il était paumé. Il était énervé. C'était facile de foutre la vie de quelqu'un en l'air, de l'attaquer dans le dos, de faire un coup double et renverser plusieurs existences en un strike. S'il laissait les choses comme ça, Moana allait être la martyre. Hoseok le salaud en puissance. Et les médias, la presse, s'en donnerait à coeur joie. Ils se coltineraient ces étiquetages pendant des années.

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Jamais de sa vie Hoseok ne s'était senti aussi mal. Il avait déjà été triste, pathétique, en colère et plus bas que terre, oui, il avait connu l'humiliation et la solitude, s'était mille fois attiré la haine des autres, avait cent fois eu envie de tout envoyer chier et recommencer ailleurs, encore une fois. Aujourd'hui, il ne ressentait rien de tout ça, juste un vide immense, une honte sans nom et une déchirure dans le coeur à la constatation que Jo le détestait vraiment. Il savait déjà qu'il ne l'aimait pas, c'était pas nouveau, il n'y avait eu que les quelques secondes du baiser pour le faire douter, mais il avait malgré lui gardé cet espoir, cette envie que ça change. Complètement con hein ? Il voulait que le chocolatier le voie autrement, peut-être même qu'il l'aime, et pourtant il avait rien fait pour. Jamais. Il le traitait comme de la merde, l'ignorant, lui faisant croire qu'il s'était servi de lui... Un véritable connard. Et maintenant c'était mort.

N'osant pas relever les yeux vers Jo après sa révélation, Hoseok manqua tout de sa réaction, ne pouvant que l'imaginer serrer les points et fulminer. Il devait croire qu'il avait manipulé Moana, qu'il s'était servi d'elle, et il avait raison. L'idée venait de la serveuse, mais il n'aurait jamais du accepter. Il avait cru qu'ainsi il rendrait le rappeur jaloux, que peut-être il viendrait un jour le plaquer contre un mur pour libérer sa fièvre en un baiser passionné... mais rien. Tout simplement parce qu'il n'y avait rien. Pas de sentiments, pas de passion et encore moins d'amour. Juste du mépris, de la colère, du dégoût. Et c'était entièrement sa faute. Il était dans la merde et il s'y était mis tout seul comme un grand. Ou comme un con, selon vos préférences.

Il ne comprenait pas. Wu Jo ne voyait pas ce qu'il y avait à couvrir en lui, et c'était normal après le discours que l'autre lui avait servi. une expérience. Putain, pourquoi avait-il sorti cette horreur ? Et pourquoi l'avoir qualifiée de décevante ? Levant les yeux vers lui Hoseok chercha à croiser son regard, à lui montrer à travers ses yeux ce qu'il était incapable de dire. Mais le chocolatier regardait le mur et il reposa ses pupilles sur son écran, pathétique et minable. Il ne répondit pas, ne s'en sentait pas capable. Il savait que Jo se moquerait de lui, lui dirait qu'il n'avait que ce qu'il méritait et que c'était bien fait pour lui. Il ne voulait pas entendre ça, pas venant de lui, pas avec sa voix, cette putain de voix qu'il voulait entendre dire bien d'autres choses.

Les questions que Wu Jo posa étaient fondées et Hoseok se les posait aussi. Comment avait-il pu oublier qu'il était connu ? Que les gens savaient qui il était et le croyaient en couple avec Moana ? Comment avait-il pu encore une fois être aussi con et égoïste ? Il avait toujours été prudent avec Yukio, mais ce soir-là il s'était laissé emporter par ses pulsions... La vérité ? Il avait vu une photo de son colocataire juste avant et voulait l'oublier, sortant dans le même temps de sa mémoire qu'il était dans un lieu public avec un host. Il n'avait pas réfléchit, avait attrapé le bras de l'autre et plaqué ses lèvres contre les siennes, simplement pour ne plus penser à ces boucles noires, ce sourire provocant et ces yeux flamboyants.

Je sais j'ai été con. Je... j'avais juste besoin d'une pause, d'oublier pendant quelques minutes que je...

Il s'interrompit avant de lâcher une énormité et il secoua la tête, dépité. Que devait-il dire ? Jo méritait la vérité, il méritait de savoir que ce baiser avec Yukio était aussi faux que ses paroles après celui qu'ils avaient échangé tous les deux. Il méritait la vérité, mais Hoseok avait trop peur de sa réaction, de se faire rejeter, de voir sa haine en face. S'il lui disait, il n'y aurait plus de retour en arrière possible, plus de chance de se protéger et d'éviter cette souffrance supplémentaire, celle de la certitude que l'être aimé ne partagerait jamais ces sentiments.

Laisse tomber.

Hoseok soupira et referma son ordinateur d'un geste sec, le posant à côté de lui et retirant son casque. Il n'arriverait pas à travailler de toute façon alors pourquoi faire semblant ? S'appuyant contre le dossier, il rejeta sa tête en arrière pour fixer le plafond une seconde, passant une main dans ses cheveux. Puis il se redressa et fixa ses yeux sur Wu Jo, reprenant un semblant de froideur dans ses traits, se protégeant, mettant une barrière fragile entre eux, simplement pour ne pas ressentir tout ça, pour ne pas montrer ses faiblesses, pour ne pas se faire rejeter. Abandonner les autres avant d'être abandonné, le credo de toute une vie.

Qu'est-ce que tu veux que je dise ? Vous me détestez déjà, les autres, les spectateurs, toi... Ce que je peux dire ne changera rien, hein ? Moana ne va pas moins être déçue, les autres ne vont pas moins me traiter de tous les noms, et toi...

À nouveau, il se força à s'arrêter avant de tout balancer. Déglutissant, il se détourna une seconde avant de reposer les yeux sur ceux de Jo, une nouvelle tension prenant naissance entre eux, l'attente d'un geste de l'autre, d'un mot. Ce désir mutuel mais refoulé, ces peurs qui vibraient autour d'eux sous forme de non-dits et de rejets sous tous ses aspects. Ils voulaient la même chose mais aucun n'avait le courage de faire le premier pas, tout persuadés qu'ils étaient de se prendre un mur. Alors Hoseok inspira, et il balança un morceau de vérité, juste un petit bout, juste quelques mots.

Elle m'aidait à couvrir mon homosexualité. Maintenant tout le monde est au courant alors autant que je l'accepte aussi.


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“STOP ! IT'S TOO MUCH TO BEAR ANY LONGER” & Depuis qu'il était rentré dans cette pièce, le réel sujet que Wu Jo voulait aborder, le centre de ses tourments, ce n'était aucun de ceux qu'il avait énoncé. Il n'arrêtait pas de tourner autour du pot et n'était même pas certain d'aborder le sujet, au final. Après tout, c'était censé être loin. C'était censé être du passé depuis des semaines. C'était censé.... n'être rien. Merde, il s'efforçait de ne pas se saigner davantage par ses propres pensées noires, il essayait de ne pas s’auto-flageller mais c'était comme s'il ne pouvait pas s'empêcher de ruminer ce qui le rongeait avec tant d'insistance et de voracité. Pourquoi ? Pourquoi ne pouvait-il pas laisser le sang de son coeur s'écouler goutte à goutte et fallait-il qu'il aggrave l’hémorragie au point de le faire couler à flot ? Arrête de te torturer, bon sang... Hoseok ne méritait pas que Wu Jo s'écorche à vif ainsi pour lui. Le mannequin ne méritait pas la trop grande importance que le chocolatier lui donnait. Pour une fois, Wu Jo était lâche... Il ne faisait pas face... Ce n'était pas son genre de flipper autant et pourtant... Il ne devrait pas y avoir lieu d'être glacé par la peur car cela sous-entendait qu'il y avait espoir, l'espoir que ses craintes puissent être disloquées. Qu'elles puissent disparaître comme par magie. Qu'elles puissent être réduites en poussière. Un espoir vint. Malheureusement, il existait, cet espoir. Là où il était prisonnier c'était dans le fait que ça n'avait pas été un acte sérieux pour Hoseok. Remettre le sujet sur le tapis, lui montrer que ça lui faisait mal à l'agonie, ce serait s'exposer à d'énième moqueries. Les pires qu'il pourrait vivre de sa part. Parce que ce mec était froid, insensible, en plus d'être insolent, dédaigneux et joueur. Expérience...

Après qu'il lui eut sorti ça, Wu Jo en avait conclu que ça avait été un test du style : "Je suis hétéro mais, pour m'amuser, je veux voir ce que ça fait d'embrasser un mec." Pourquoi c'était tombé sur lui ? Pourquoi il n'avait pas imprimée l'empreinte de ses lèvres charnues sur celles de quelqu'un d'autre ? Mais il l'avait fait, plus tard... avec le garçon de la télévision. Et leur baiser à eux, leur étreinte, s'était avérée carrément plus poussée. Est-ce que c'était la première fois que ça se produisait ? Est-ce qu'il en avait embrassé d'autres ou... Une petite minute... Et si... Nom de dieu... Et si il était... Et si Hoseok était... Non, hors de question de penser à ça. Wu Jo refusait de l'admettre mais... ça l'achèverait si c'était le cas. Il n'avait pas besoin de connaître la vérité. Il n'avait pas besoin de savoir ça si c'était bien ce qu'il se passait entre son colocataire et le jeune homme qu'il avait langoureusement embrassé. Oh putain... Pense à autre chose, allez, force-toi ! Moana. Moana. Moana. Terrace House. Scandale. Médias. Chocolat. Chocolate. Pralinés. Fondants. Duetto. Ganache. São Tomé. Truffe. Pâte d'amande. Fourrage noisette. Rocher croquant. Caramel dur. Feuilletine. Ouf... Lâche ce fil et rattrape l'autre. Immédiatement. Mais lequel ? Il ne savait plus où il en était. Ne rattrape pas le mauvais, fais un effort ! « Je sais j'ai été con. » Latence. Décidément, il le surprenait, aujourd'hui... Et ce n'était pas fini. Une pause ? Oublier qu'il... quoi ? Wu Jo avait retourné la tête vers son interlocuteur et le fixait, à présent, alors qu'il lui sortait de laisser tomber en claquant l'écran de son ordinateur portable d'un coup sec. L'aîné regardait tous les faits et gestes du cadet. Ses mains qui repoussent son appareil électronique puis retirent son casque. Son corps qui s'appuie contre le dossier derrière lui, presque prélassé. Sa tête qui s'incline en arrière et ses cheveux qui suivent le mouvement... Des cheveux qu'il avait envie de toucher, de caresser, d'entremêler à ses doigts. Sa main qui exécute ce mouvement en écho à ses fantasmes pécheurs. Wu Jo avait soif de lui. Une soif exacerbée par la retenue de maints jours de tentation inassouvie. Idiot, il te suffit de détourner tes iris, c'est tout. Parfois, tu te laisses trop conquérir par tes désirs primitifs, Wu Jo. 'Je t'emmerde, La Conscience...'

Puis le tentateur se redressa. Un semblant de familiarité revint alors que Jo pouvait voir la froideur refaire surface sur son visage trop doux pour son maudit caractère. Constatant cela, voyant le retour de cet insupportable hiver s'annoncer, le rappeur se décolla très lentement de la porte sur laquelle il s'appuyait depuis son irruption dans la salle de jeux. Les mains logées dans ses poches, il fixa Hoseok en se tournant complètement vers lui mais ne bougea pas davantage. Immobile. Les prunelles flamboyantes d'avertissement. Fais très attention à ce que tu vas me dire. Ce qu'il voulait qu'il dise ? Ce qui lui avait pris. Il y avait un tas de foutues choses qu'il voulait qu'il lui dise. Wu Jo le surveillait. L'ombre d'un sourire arrogant, d'un regard narquois, d'une œillade provocatrice mais ça ne venait pas. Il ne se fit même pas aussi désobligeant qu'à l'accoutumée... Cependant c'était tout de même à croire qu'il lui faisait des reproches. Ce "toi". Ce "et toi". Ces mots serraient la cage thoracique de Wu Jo d'une étrange façon, comme s'il voulait lui dire quelque chose qu'il n'osait pas formuler de vive voix, sauf que même pour lui ces syllabes étaient troubles, comme si elles étaient plongées dans de l'eau sableuse. Ces "toi" lui faisaient croire que Hoseok lui accordait une importance particulière... et lorsque celui-ci reposa ses yeux dans les siens, faisant naître cette nouvelle tension entre eux, cette croyance fut renforcée. Wu Jo soutint son regard en augmentant l'intensité de cette communication informulée. « Elle m'aidait à couvrir mon homosexualité. » Ah... Pas d'attirance pour les courbes féminines, alors. Lui, il n'aimait que les carrures masculines. D'accord. Le chocolatier se pinça les lèvres, en proie à son animosité, alors que ses pupilles dérapèrent un instant plus bas que les yeux du mannequin... et plus bas que ça encore. Se rapprochant, il s'arrêta seulement lorsque les coussins de sol lui interdirent d'avancer plus loin.
- Moi, moi... Quel blâme tu essaies de me faire porter ? Tout vient de toi et je crois que tu le sais. Si tu as de bonnes raisons pour agir comme ça, dis-les. Si tu veux qu'on te perçoive autrement, sous un meilleur jour, change d'attitude. Quant à Moana, si c'est elle qui t'a proposé son aide, c'est qu'elle comprend ta situation et qu'elle te soutient. Je ne pense pas qu'elle sera aussi déçue que tu te l'imagines. C'est surtout toi qui es en très mauvaise posture.
Intransigeant ? Juste ? Dur ? Interprétez comme vous le souhaitez. Wu Jo pensait simplement que Hoseok avait tort de voir les choses telles qu'il les voyait, d'adopter un état d'esprit aussi défaitiste, à sa façon il lui redressait donc la barre. Sérieusement... S'il ne se défendait pas, s'il se taisait, c'était là que rien ne risquerait de changer. Et puis quoi, quoi, "et toi..." ?! Termine ta phrase, bordel ! Si t'as des reproches à me faire, crache-les ! Réagis ! Le haïr... certaines fois il avait l'impression que c'était un terme très exagéré, d'autrefois ça sonnait tout à fait approprié aux ressentiments qu'il lui faisait naître. Il ne demandait que ça, avoir une meilleure opinion de lui. Sa manière de dire que tout le monde, lui, leurs colocataires, les spectateurs, le détestaient... Wu Jo aurait cru que Hoseok n'en aurait rien à faire que les gens pouvaient penser du mal de lui, que ça ne l'empêcherait pas de vivre sa vie comme il l'entendrait. Égoïstement. Ambitieusement. Solitairement. Lui qui s'isolait des autres et passait son temps à clasher ceux qu'il ne supportait pas tel un moulin à critique. Mais ce qu'il exprimait là, à se "plaindre" qu'on le détestait, à se faire du mouron pour Moana... ce n'était pas typique du Hoseok qu'il "connaissait" et Wu Jo commençait lentement à se dire qu'il l'avait méjugé. A quel point ? Il n'en savait rien. Mais sa vision du maknae était en train de se modifier légèrement.


"Toi. Et toi.."
Redis-le, je veux être le pôle central de ton monde.
- Lève-toi. Je vais te dire ce que je veux que tu me dises.
C'était tendu. Cet échange visuel était à la fois pesant et attractif. Hoseok se leva. Wu Jo enjamba les coussins de sol pour le rejoindre. Ce dernier ne s'arrêta que lorsque leurs orteils s'effleurèrent et ce magnétisme qui l'assaillait chaque fois qu'il se retrouvait trop près, beaucoup trop près, de cet homme-là l'envahit comme un tsunami. La rancœur, la jalousie, la colère, le désir... la passion ? Tout tourbillonnait en lui et il fut pris de l'envie de passer la main sur son torse... Ce qu'il fit. Pour la première fois. Elle se posa à plat sur le sternum du mannequin et remonta en glissant contre sa chemise pour l'empoigner de cinq doigts non loin du col sans pour autant chercher à l'étouffer. Ce qu'il voulait... c'était le rapprocher de lui, encore plus, tirant sur le tissu pour l'obliger à venir et l'empêcher de se déporter. Au point que leurs nez se seraient entrechoqués s'il ne s'était pas stoppé à temps. Pas d'autre point tactile en contact, bien que c'était un supplice de se retenir de lui mordre la lèvre inférieure et de plaquer ses lèvres contre les siennes avec avidité. Il était censé penser à Moana et à son humiliation de passer pour une jeune femme trompée par son petit-ami qui avait embrassé un homme sans savoir qu'il était filmé et dont un public terriblement large avait été témoin mais le sujet dériva complètement lorsque Wu Jo reprit la parole.
- C'est à ça que je t'ai servi ? A découvrir ton homosexualité ? A moins que tu ne l'aies déjà découverte, à ce moment-là, et que mon utilité ça a été de t'aiguiller sur tes préférences en matière d'homme ? Alors, ça t'a aidé ? Tu sais ce que tu aimes et ce qui ne te fait rien ? Et ce mec-là, tu joues aussi avec lui ou tu le traites avec plus... d'égard ? Dis-moi la vérité.
Sinon, il allait devenir dingue. Le sujet qu'il abordait était évident, non ? "Ce moment-là" n'avait pas besoin d'être précisé, n'est-ce pas ? Il n'y songea pas un instant, de toute façon. Si pour Hoseok, le concept était peut-être flou et perturbant -voire ridicule-, pour Wu Jo c'était clair comme de l'eau de roche et rageant comme une source d'eau bouillonnante. Peut-être le mannequin avait-il développés des sentiments pour ce jeune inconnu... et Wu Jo ne pouvait pas s'empêcher de se sentir concerner. Intimement concerné.
- Je ne t'ai jamais pardonné. J'ai essayé de tout oublier et d'être indifférent mais, j'ai beau tenté de tourner la page, je t'en veux. Je sais que c'était qu'un test pour toi et que ce que je ressens ne compte pas mais... je n'arrive plus à te sortir de ma tête. Tu n'avais pas le droit de me traiter comme ça.  
Il avait resserré sa poigne en disant cela, froissant très fortement le tissu délicat entre ses phalanges. Indifférent à la probabilité de l'abimer. Furieux. Insulté. Blessé. Inclinant vaguement la tête sur le côté, Wu Jo posa ostensiblement les yeux sur la bouche de son colocataire. Son autre main glissa le bout de ses doigts contre le cou de Hoseok, explorant sa pomme d'adam, le creux de sa mâchoire, avant que son pouce ne caresse ses lèvres roses en partant du centre jusqu'à leur commissure... Ce faisant, il sentit la fièvre l'envelopper plus que jamais et ses lèvres s'entrouvrir tandis qu'il remontait son attention dans les sombres miroirs oculaires de sa cible.
- Tu dirais quoi si je te faisais la même chose ? Juste pour te les casser... Si je te volais quelque chose qui t'appartient sans t'en laisser le choix ? Si je possédais tes lèvres contre ton gré ?

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the taste of remorse

 
Yoo Hoseok  ϟ  Kho Wu Jo

Fixant les yeux de Jo après son aveu, Hoseok chercha à déchiffrer ses réactions, à voir ce qu'il en pensait, ce qu'il ressentait, ce qu'il voulait. Lèvres pincées, regard glissant plus bas que son visage, expression aussi neutre que possible. Il n'avait jamais été doué pour lire les visages des autres, mais il avait l'impression que c'était encore plus compliqué avec lui, comme si un voile lui bloquait sans cesse la vue, comme si ses sentiments le rendaient incapable de deviner ses émotions à lui. Il le regarda s'approcher, se tendit un peu, ne sachant pas à quoi s'attendre. Allait-il l'engueuler ? Le frapper ? Autre chose ? Soulagé et frustré de le voir s'arrêter, Hoseok releva les yeux vers son visage, ses boucles d'ébène, ses pupilles sombres, ses lèvres tentatrices, son cou délicat...

Serrant les dents, le mannequin baissa la tête face à la nouvelle salve de reproches qui lui tombait dessus. Oui c'était de sa faute et non Jo n'était pas responsable, son seul tort étant de faire s'affoler le rythme cardiaque de son colocataire. Expulsant l'air qu'il avait gardé en lui par appréhension, Hoseok l'écouta, se forçant à assimiler chaque mot, chaque vérité, chaque parole douloureuse qu'il méritait indubitablement. Le chocolatier avait raison, bien sûr, les cartes étaient dans ses mains, c'était à lui de se bouger pour changer et faire en sorte que les autres le voient différemment. C'était à lui d'agir au lieu d'attendre de trouver la personne qui saurait voir au-delà des apparences, simplement parce que ce quelqu'un n'arrivera jamais. Qui pourrait aimer un connard comme lui ?

Wu Jo ordonna qu'il se lève. Pour qui se prenait-il ? Pensait-il que Hoseok obéirait ? Bah il avait raison. Tête basse, il se hissa sur ses pieds, fixant son regard sur les jambes de l'autre qui s'approchaient et ne s'arrêtaient pas. Leurs pieds se frôlaient, le visage du chocolatier était tout près du sien, tellement près qu'ils auraient pu... non. Ils ne pouvaient pas. Pathétique, Hoseok leva les yeux vers ceux de Jo, attendant sa sentence. Un frisson parcouru sa peau quand une main se posa sur son torse, chaude, ferme, douce, remontant jusqu'à son col pour empoigner sa chemise. Le souffle coupé, le coeur battant à mille à l'heure, le mannequin attendit. Le coup ou le baiser. N'importe quoi. Quelque chose.

Battant des paupières aux paroles et questions de l'autre, il détourna le regard, ne sachant quoi répondre. Oui, il lui avait servi à ça. Oui, il avait été un pur connard. Oui, il le regrettait. Il voulait tellement s'excuser, lui dire à quel point il se sentait mal, avouer qu'il avait menti après ce moment-là, mais à quoi bon ? Qu'est-ce que ça changerait, hein ? Lèvres entrouvertes, regard fuyant, il cherchait ses mots, voulait lui dire, mais rien ne sortait. Son corps faisait barrage entre sa conscience et ses mots, l'empêchait de parler, protégeait ses sentiments meurtris. Il sentait presque la brûlure des larmes dans sa gorge, lui qui ne pleurait jamais et surtout pas pour ce genre de sentimentalisme débile. Mais il avait tellement mal. Mal de ne pouvoir combler cet espace entre eux, mal d'être un connard en chef, mal de faire souffrir Wu Jo. Mal d'être lui...

Hoseok ne fut pas surpris d'entendre qu'il ne lui avait pas pardonné. Lui-même n'aurait jamais pu oublier un tel acte si les rôles avaient étés inversés. Fermant sa bouche avec douleur, il encaissa les reproches, en avait besoin, devait tomber au plus bas pour pouvoir se relever, ou du moins était-ce ce que les légendes urbaines racontaient. Je n'arrive plus à te sortir de ma tête. Sans comprendre, le mannequin ramena ses pupilles sur celles de Wu Jo, les scrutant comme si elles pouvaient lui révéler le sens de cette phrase. Était-il, lui aussi, obsédé par le souvenir de ce baiser ? Rêvait-il tous les soirs qu'ils recommençaient ? Se réveillait-il tous les matins avec un vague goût de chlore sur les lèvres ?

Les caresses sur son cou, sa mâchoire, ses lèvres, furent la réponse qu'il attendait. Fermant les yeux pour savourer le contact de cette main sur sa peau, il sentit les frissons se répandre dans tout son corps, chaleur lui rappelant ce fameux jour. Il avait attendu ça si longtemps, et pourtant l'ambiance n'était pas aussi joyeuse que prévue. Hoseok rouvrit les yeux quand Wu Jo reprit la parole, croyant le menacer mais ne faisant qu'attiser son désir, son besoin primitif et vital de le posséder, de dévorer ses lèvres, de parcourir sa peau, de le faire sien. Dans l'expectative, voyant qu'il ne mettrait pas ses menaces à exécution, le mannequin se rapprocha un peu, glissant ses orteils entre les pieds de l'autre, posant ses mains sur ses hanches. Ils faisaient à peu près la même taille, un ou deux centimètres de plus pour Hoseok, leurs lèvres si proches sans que l'un ait à se pencher. Mais il ne plongea pas sur sa bouche, se glissa contre lui, joue contre joue, ses lèvres frôlant son oreille. De ses mains avides, il remonta dans le dos de Jo, lentement, détaillant les reliefs de son corps.

Je suis tellement désolé... pour tout. Je me suis servi de toi, oui, mais ça, ce baiser, j'ai menti. Tu le sais... je mens tout le temps. Pour me protéger des autres, des critiques, des moqueries, du rejet. Parce que je suis terrorisé, Jo...

Paupières closes, il se confiait dans son oreille, murmures délivrés du bout des lèvres, honnêteté inattendue pour un homme comme lui. La douleur transparaissait dans sa voix vibrante, dans ses mots, dans ses mains qui s'enfonçaient dans son dos à mesure qu'il parlait. Parce qu'il souffrait comme jamais il n'avait souffert auparavant.

Ca n'excuse rien mais je... Je viens de découvrir mon homosexualité et j'ai peur qu'on me juge pour ce que je suis. J'ai peur que mes parents l'apprennent à la télévision, j'ai peur de perdre mon boulot avec ces images. Et tu vas trouver ça con, mais... j'ai peur de te perdre... toi, alors que tu n'as jamais été à moi.

C'était con, oui. Con de penser que Jo pourrait jamais l'aimer, le voir comme un potentiel partenaire, voir au-delà des vacheries qu'il lui avait faites et des critiques qu'il lui balançait tous les jours. Con de croire qu'il pourrait lui pardonner. Il y avait cette attirance entre eux, ouais, cette tension qui les poussait l'un vers l'autre, mais c'était physique, il aimait peut-être son corps, mais comment pourrait-il aimer sa personnalité ? Son caractère égocentrique ? Sa froideur calculée et son impassibilité face aux autres ?

Le mec des vidéos, c'est un host. Je le paie de temps en temps pour passer une soirée avec moi et je l'embrasse pour t'oublier. Pour ne plus penser à tes lèvres, ta peau, la façon dont tu m'as répondu et... et mon attitude après ça. Je suis tellement désolé de t'avoir dit ça. J'ai flippé. J'ai eu peur que tu me rejettes et je t'ai fait croire que c'était rien. Mais... Jo,... c'était loin, très loin, de n'être rien...

Redescendant ses mains jusqu'aux reins de Jo, Hoseok y appliqua une pression légère avant de s'écarter, reprenant sa position initiale, plongeant dans les yeux de l'autre comme on plonge dans une piscine chaude. Glissant ses doigts sur sa joue, là où une seconde plus tôt il était appuyé, il caressa sa peau, l'effleurant à peine, comme s'il avait peur de le briser. Il avait envie de l'embrasser, de fusionner leurs lèvres, que ça soit consentant, cette fois. Il en crevait d'envie, mais il ne le fit pas. La dernière fois, c'était lui qui avait embrassé Jo. Aujourd'hui, il voulait que ça soit le chocolatier qui fasse le geste, voulait avoir la certitude qu'il le désirait aussi. Son coeur battait si fort qu'il ne le sentait plus, son souffle était court, sa respiration douloureuse. Il avait besoin d'air, et seul Wu Jo pouvait le lui insuffler. Soupirant, il laissa son bras retomber le long de son corps, le désespoir envahissant son regard.

S'il-te-plait... Embrasse-moi.


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“STOP ! IT'S TOO MUCH TO BEAR ANY LONGER” & Homosexuel. Pas d'attirance pour les femmes. Pas d'amour pour leur colocataire aux cheveux rose dragée. Uniquement les hommes. Mais pas uniquement lui... car il y en avait un autre et Jo se sentait comme un humain possessif qui avait perçu la présence d'un intrus faire irruption sur son territoire pour tenter de lui voler l'amant de ses songes. Celui qui chamboulait son quotidien, qui le perturbait même alors qu'il était censé se concentrer sur ses confections de cacao dans son atelier, prenant parfois du retard à cause de ces préoccupations amo... Il n'aimait pas ça. Le séisme de sa jalousie était d'une magnitude d'autant plus élevée qu'il avait vu l'Indésirable et sa Convoitise s'enlacer en un baiser profond. Dur, très dur à encaisser... Souviens-toi, un jour, où tes désirs n'étaient pas réciproques. Tu avais changé la donne en te montrant entreprenant... Pourquoi ne pas user encore une fois de la même méthode de séduction ? Parce qu'à cette époque, il avait 18 ans. Il était alors naïf, immature et deux fois plus fougueux. Ils n'avaient pas suffisamment appris à se connaître et tout s'était enchaîné, au final leur histoire s'était mal terminée et c'était une expérience qu'il n'avait pas l'intention de réitérer. Certes, dans le cas présent, un tas de choses divergeaient... mais il ne prendrait pas le risque de draguer un adulte qui le détestait. Ce serait sacrifier son énergie pour Rien. Hoseok n'osait pas le regarder en face, il baissait la tête sous ses remontrances. Wu Jo crut même remarquer sa mandibule se mettre sous tension comme s'il serrait les dents. Ça ne devait pas lui plaire que le chocolatier lui fasse la morale à l'étudiant en sciences-politiques. Ils ne faisaient décidément pas partie du même monde, ces deux-là... Mis à part leur orientation sexuelle, qu'est-ce qui les rapprochait ? Ces instants où il faisait l’erreur d’accorder du crédit aux stéréotypes, il ne se sentait plus aussi surpris que son coloc' se soit non-scrupuleusement moqué de lui. L'éternelle séparation des castes... Est-ce que ton increvable but c'est de me traiter comme un être inférieur au tien ?

Hoseok se tut. Est-ce qu'il l'écoutait ou osait-il faire la sourde oreille ? Apparemment, il l'entendait bel et bien... puisqu'il se leva lorsqu'il le lui demanda... et sans protester, en plus. Wu Jo était surpris mais celui-ci était loin d'être au bout de ses peines. Son interlocuteur gardait les yeux fixés vers le bas tandis qu'il le rejoignait à pas décidés jusqu'à être si près de lui que ses sens olfactifs n'auraient pu être mieux envahis par son parfum. Un parfum obsédant... qui n'appartenait qu'à lui. Tu te rends compte que la chose la plus anodine à son sujet t'enivre facilement l'esprit ? Et elle recommençait celle-là ! Il devinait ses reliefs masculins sous sa paume et ça le distrayait "légèrement"... Hoseok fuyait à nouveau son regard sous ses questions directes et légitimes. Wu Jo se serait attendu à ce qu'il le repousse, se raille de lui, lui sorte une réplique bien sentie à la : "Désolé mais je suis en pleines révisions pour mes exam' alors plus tard le Question-Réponse. Passes ton chemin, le chocolatier, j'ai pas de temps à perdre." Au lieu de ça, il l'évitait comme s'il avait honte et n'assumait pas. Jo le jaugeait attentivement, il sentit même ses pommettes s'échauffer doucement et prendre quelques vagues pigments de couleur après son propre aveu qui ramena illico le regard du mannequin sur lui. Ne pas flancher... juste pour ça, ce serait le comble. Et Hoseok ferma les yeux lorsqu'il se mit à parcourir son cou et le bas de son visage par le bout de ses doigts... Il aimait donc ce contact, lui aussi ? Savourait-il ce toucher comme il le savourait mais avec une subtile différence ? Hoseok en tant que récepteur. Wu Jo en tant qu'émetteur. En ce qui le concernait, il se délectait des deux places et se souvenait parfaitement la manière dont son confrère coréen avait caressé la ligne de sa mâchoire en ce 21 Décembre 2019. Aujourd'hui, il lui rendait la pareille... jusqu'à pousser l'audace à ses lèvres interdites. I want you. I want you to be mine. And I didn't know you'd like it as much as me.

Il n'arrêtait pas de se tromper... ses menaces avaient fait un flop monumental et d'une manière très inattendue qui le prit totalement au dépourvu. Le sportif le laissa changer leur posture avec l'impuissance de l'inconnu et de l'étonnement, contraint de changer ses prises alors que le mannequin se glissait tout contre lui dans une étreinte étroite. Muet. Leurs torses ne faisaient qu'un et il se demandait si Hoseok pouvait sentir les battements de son coeur sortir les tambours à un rythme effréné. Sensible à chaque relief de son buste contre le sien. Sans évoquer sa joue collée à son homologue... S'il voulait lui faire frôler la crise cardiaque, il était bien lancé. Son souffle s'échouait contre son oreille à chaque mot qu'il prononçait et Wu Jo en était pris de frémissements incontrôlables. Hoseok... Sa première phrase le fit tressaillir de surprise et les deux mots qui la complétèrent le tétanisèrent. « Je suis tellement désolé... pour tout. » Clignements de paupières stupéfait qui se muta en expression prodigieusement fulminante. La vérité était telle la pointe d'une flèche tirée en plein myocarde... Les deux prises de Wu Jo se crispèrent. L'une sur la taille à Hoseok, l'autre sur sa nuque. Il savait bien qu'il s'était servi de lui mais c'était plus impitoyable de l'entendre le lui confirmer. Même en un murmure suave susurré aux portes de son ouïe. Pendant deux secondes, il avait tenté de s'extirper de ses bras et de ses mains avides qui se baladaient dans son dos et s'accrochaient à lui comme à une bouée de sauvetage avant de renoncer lorsqu'il lui annonça avoir menti. Merde, ne pouvait-il pas arrêter de passer son temps à ça, à la fin ?! Jo l'écoutait sans l'interrompre. Une bonne flopée d'émotions diverses passant sur ses traits faciaux. « Parce que je suis terrorisé, Jo... » "Jo"... c'était bien la première fois qu'il l'appelait aussi familièrement et ça lui faisait la sensation d'un baume...

Aaah.... Là était sa fameuse terreur ? Être jugé pour ce qu'il était. Être jugé pour son "anomalie". Ça, c'était quelque chose qu'il était en capacité de comprendre. La peur de dégoûter sa famille. La peur d'en perdre son travail. Wu Jo n'avait jamais révélé à ses parents qu'il était bisexuel, ils l'ignoraient. Seuls sa sœur et son frère étaient au courant. A Unruly Flavor, tout le monde n'était pas au parfum et il prenait bien garde de ne pas se faire griller par les clients. Même dans sa vie de tous les jours, il le cachait... Histoire de ne pas se faire cafter, de garder sa place au sein de l'enseigne qu'il avait créée avec ses collègues et pour laquelle ils avaient lutté des années avant de la voir se matérialiser. Il avait peur, parfois, que ça se lise sur son visage et qu'on ne se mette à le pointer du doigt dans la rue. Discerner le dégoût sur des faciès étrangers ou sur celui de ses voisins. Tout pouvait basculer du jour au lendemain si jamais on s'en rendait compte, juste parce qu'il aimait les hommes. C'était terrifiant comme cette seule divergence aux yeux de la société aurait le pouvoir de briser aisément sa vie... « J'ai peur de te perdre... » Hein ?... « Toi. » A nouveau, il eut un léger sursaut à ces trois dernière lettres. Non, ils ne s'étaient jamais appartenu et il tombait des nues de l'entendre lui témoigner cet effroi insoupçonné qu'il gardait si bien caché... Il avait peur de le perdre, lui... ? Jo se retint de justesse de resserrer instinctivement Hoseok dans ses bras, pris par un réflexe protecteur dans l'optique de le rassurer... Ça aurait été de sa faute, pourtant s'il l'avait perdu, il avait tout fait pour... Mais le mannequin se faisait tellement sincère dans son repentir que ça le désarmait. Il lui avait fait croire tant de faussetés... C'était si bête de leur avoir infligées de telles épreuves. Les blessures se donnaient en une seconde et mettaient un temps qui paraissait infini à guérir. Une guérison qui ne pouvait jamais être totale. Avant même que notre histoire ne commence, tu as créées des ruines en moi… et ces ruines portent ta signature : 유호석.

Un host. Un host... Ce mec était un host. Rien de plus ? Il le payait de temps en temps... Rien qu'à ses ces mots, Wu Jo sentit ses muscles se raidir et se braquer mais il n'eut pas le temps de dire ouf qu'une nouvelle bombe lui fut lâchée et, à vrai dire, il s'agissait d'une réelle rafale de révélation. A la fin, Wu Jo était k.o et quelques larmes coulèrent d'elles-mêmes sur ses joues. Pourquoi tu nous as fait subir ça si tu ressentais toutes ces choses... C'était émotionnellement éprouvant et perturbant... Les mains du sud-coréen se pressèrent légèrement contre ses reins, Jo eut un nouveau frisson et il soutint son regard avec des reproches insonores quand Hoseok s'écarta. Reprenant avec lui les +36° de son anatomie. Il ne bougea pas lorsque celui-ci effleura délicieusement sa joue du bout de ses doigts, là où il s'était appuyé juste avant... Puis l'autre abandonna, il laissa retomber son bras le long de son flanc et... lui fit une demande insolite. Il voulait qu'il l'embrasse ? Lui qui avait passés deux foutus mois à le clasher ? Lui qui lui avait fait croire pendant près de quatre semaines au moins qu'il aimait une femme ? Lui qui venait de lui avouer qu'il payait un host pour l'oublier ? Lui faisant réaliser qu'il n'avait pas de sentiment pour cet étranger et que celui qu'il avait pris pour un rival n'en était pas un. Tout ça pour ne plus penser à tout ce dont Wu Jo était lui-même hanté... Lui, il avait déjà su au fond, qu'il ne pourrait pas oublier Hoseok en embrassant un autre représentant de la gent masculine, ce pourquoi il n'avait rien fait de tel. Il s'était juste efforcé de se laisser obnubilé le moins possible, en se plongeant dans le travail plus que de coutume, par exemple. Lui qui avait flippé et lui avait sorti que cette expérience avait été décevante pour se protéger et qui lui sortait maintenant que c'était loin de ne pas avoir eu d'impact ? D'accord.
- Ne t'attends pas à un baiser tendre.
Là fut son unique réponse orale. Wu Jo rattrapa le poignet d'Hoseok et le força à passer son bras autour de sa taille tandis qu'il enlaçait la sienne. Il était rongé par l'envie de lui envoyer des phrase blessantes à la figure et de lui affirmer qu'il le détestait... A la place, il s'empara de sa nuque et scella leurs lèvres en une union sulfureuse. Une tempête sentimentale où perçait le désespoir de chacun. C'était au tour de Wu Jo de mener la danse. Une danse où il assaillit la bouche de Hoseok avec une passion mêlée de rancœur. Le goût de son partenaire n'était pas chloré, cette fois... Il était nouveau et n'appartenait qu'à lui, pas à la piscine. Jo n'en devint que plus accro. Et si jamais il n'arrivait plus du tout à se passer de lui après ça ? Qu'allait-il se passer pour eux ? Mais il laissa les questions de côté tandis que leurs souffles s'entrecroisaient et qu'il l'étreignait aussi étroitement que le mannequin l'avait fait tantôt. Peut-être même plus étroitement encore, si les lois de la physique l'y autorisait, et il comprit qu'il se faisait avoir par ses propres désirs. Il ne voulait plus le lâcher... Il ne voulait plus l'éloigner. Il ne voulait même plus lui laisser sa liberté pour en rejoindre un autre, le payer et passer une heure, deux heures, trois heures, une nuit, avec lui. La jalousie reprenant le dessus... Wu Jo osa pousser le baiser plus loin, cette fois. Capturer ses lèvres entre les siennes, les pincer, les presser, les caresser, n'était pas assez. Pas après ce dont il avait été témoin. Alors, en conquérant éperdu de possessivité, de colère, de peine et... d'autre chose il approfondit leur intime échange. Et une décharge électrique lui parcouru l'ensemble du corps à cette enlacement inédit. Brûlant. Accordé de gré. Où toute saveur était accentuée sous la langue. Le chocolatier embrassait le mannequin comme si son but était de connaître tous les secrets qui composaient sa bouche si aguichante. Parce qu'elle en avait une myriade et Wu Jo avait bien l'intention de les découvrir. Aujourd'hui. Demain.

Tu n'oublieras aucune saveur de mes baisers.
En revanche, tu oublieras tout des siens.


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the taste of remorse

 
Yoo Hoseok  ϟ  Kho Wu Jo

Pendant qu’il se confiait, pendant qu’il lui avouait toutes ces choses, Hoseok ne manquait rien des réactions de Jo, l’instant où il avait voulu s’écarter, les sursauts face à ses révélations. Il cru même à un instant sentir une larme s’échouer sur son épaule, ne confirmant sa suspicion que quand ses doigts caressèrent sa joue pour essuyer une trainée salée sur sa peau. Il l’avait fait souffrir, il s’en rendait compte à présent, et il s’en voulait terriblement. Il voyait bien dans les yeux de Jo qu’il lui en voulait, qu’il avait tout gâché et qu’il ne saurait pas réparer ses erreurs. C’était terminé, brisé, et c’était de sa faute si jamais il n’y aurait de fin heureuse pour eux. Enfin, Jo trouverait quelqu’un d’autre, il était beau, gentil, juste, le genre de mecs que tout le monde aimait au premier coup d’œil, alors que Hoseok n’était que beau. Il finirait seul, hanté par ses remords et l’envie de retrouver cet homme qui ferait certainement battre son cœur jusqu’au bout.

Baissant le bras, il demanda à Jo de l’embrasser, une fine couche d’espoir écrasée par le réalisme de la situation. Pourquoi voudrait-il exhausser ce souhait et lui faire plaisir après tout ce qu’il avait vu de lui ? Pourquoi le sauver alors que lui avait tout fait pour le détruire ? Hoseok le regardait dans les yeux, montrant au travers de ses pupilles le fond de son cœur. Pas de masque glacé, pas d’insolence simulée, pas de supériorité feinte pour protéger son âme et briser un peu plus celle du chocolatier. Cette fois, il était honnête, et son honnêteté se traduisait en un besoin vital de goûter ses lèvres, de le toucher, de sentir ce désir réciproque qui les unissait. Mais quelles étaient les probabilités pour que ça arrive ? Il venait de lui avouer s’être servi de lui, lui avoir menti et avoir payé un host, sous-entendu à cause de lui. La logique voudrait que Jo lui colle une gifle et parte en claquant la porte, et pourtant…

Pourtant, quand le chocolatier leva la main, ce ne fut pas pour percuter la joue de l’autre ni s’éloigner vers cette porte qui, une fois fermée entre eux, mettrait un terme à toutes les possibilités. Quand il leva la main, ce fut pour attraper le poignet de Hoseok et le guider sur sa hanche, l’avertissant que le baiser ne serait pas tendre. Tant mieux. Comblant l’espace qui les séparait, Jo étreignit son corps si étroitement qu’il pouvait sentir contre lui tous les reliefs de son anatomie, la chaleur de leurs peaux faisant monter encore plus la fièvre en eux. Cette fois, Hoseok laissa tout contrôle à l’autre, le laissa torturer ses lèvres, les mordre, les caresser, les emprisonner entre les siennes. Il répondait à chacun de ses assauts avec autant de désir et de passion, en voulant toujours plus, serrant son corps encore plus fort, une main sur son dos et l’autre entremêlée dans ses boucles. Caressant ses cheveux, tirant doucement sur ses mèches, il glissa son autre main sous son vêtement pour toucher la peau de son dos, glissant sur ses flancs, remontant jusqu’à son torse. Puis il se figea quand Jo approfondi leur baiser, s’accrochant à lui en sentant ses jambes frémir face à ce revirement de situation. Ramenant sa main dans son dos, il le serra si fort qu’il sentait son cœur battre, leurs deux organes dansant presque à l’unisson sur un rythme effréné. Sa langue était chaude contre la sienne et son goût si envoûtant que jamais il ne pourrait l’oublier. Rien dans cet échange n’était comparable aux baisers de Yukio, fades à côté de ce qu’il ressentait à l’instant. Il avait l’impression que son corps s’était enflammé, sentant des décharges électriques parcourir ses muscles et ses membres, sentant sa peau le brûler là où Jo le touchait.

Pendant tout le temps que dura leur baiser, Hoseok perdit la notion des secondes et des minutes, uniquement concentré sur son partenaire, inconscient du monde qui l’entourait. Une tornade aurait pu passer à côté d’eux sans qu’il ne s’en soit rendu compte, tout comme les autres candidats auraient pu entrer et les filmer sans qu’il ne le remarque. Finalement, à bout de souffle, il décolla ses lèvres de celles de Jo, gardant ses paupières closes et appuyant son front contre le sien. Il le serrait toujours contre lui, refusant de le laisser partir, ressentant le besoin de sentir son corps contre le sien, craignant qu’il ne disparaisse à jamais s’il le relâchait. Puis il déposa un dernier baiser sur ses lèvres, tendre et doux, calme après l’échange qu’ils venaient d’avoir, exprimant sa peur et ses sentiments mieux que les mots. Peur que ça ne soit la dernière fois, peur de le perdre, peur d’ouvrir les yeux et de revenir à la réalité.

Jo…

S’interrompant, cherchant ses mots, Hoseok entoura le visage de l’autre entre ses mains, sentant sous ses doigts l’humidité des larmes qui avaient coulé plus tôt et la chaleur que leur baiser avait procuré à ses joues.

Je compte quitter Terrace House, ça ne sert à rien que je reste pour me prendre toutes les critiques et les insultes, même si je sais que je les mérite.

Il avait agit en parfait connard, il en était conscient, mais rester ici serait du masochisme pur et dur. Donnez lui un fouet pour se battre que le résultat serait le même. Cependant, il y avait un nouveau problème à l’équation, et ce problème avait le goût de l’amour, saveur chocolatée sur ses lèvres et douceur rugueuse sur sa peau à vif.

Viens avec moi. Je te promets que je me ferai pardonner toutes mes erreurs, je changerai, je ne te mentirai plus. Je ferai tout ce que tu voudras pour que tu me pardonnes. J’ai besoin de toi, Jo, je t’en supplie…

Écartant son visage pour regarder Jo dans les yeux, Hoseok ne tenta pas de masquer les larmes qui brouillaient sa vue. Il avait peur, s’attendant à un rejet et un refus catégorique, parce que pourquoi Jo voudrait-il le suivre ? Pourquoi le croirait-il après tout ces mensonges ? Et encore, il ne savait pas tout ce sur quoi il mentait encore. Ses parents, son enfance, son statut social. Il le prenait pour un gosse de riches, un bourge fils d’un homme d’affaire et d’une mannequin, ne savait pas qu’il avait grandit dans une ferme et bossait pour donner l’illusion d’être riche. Il ne savait rien de lui, et pourtant Hoseok lui demandait de le suivre et de le croire. Toujours aussi égoïste…

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“STOP ! IT'S TOO MUCH TO BEAR ANY LONGER” & Ces lèvres charnues, ces souffles lourds, ces bousculades impatientes... Il en avait le vertige. La prise qu'il exerçait sur lui était destinée à lui ôter toute retraite mais... son partenaire n'était clairement pas enclin à se sauver. Après-tout, c'était lui qui lui avait fait sa demande. Mais si le mannequin, pour une raison inconnue, aurait souhaité se libérer il ne l'aurait pas pu. Il était trop tard pour regretter ses choix, dans tous les sens du terme. Wu Jo lui menottait les lèvres par les siennes, les happait avec une contrariété de lave, n'oubliait pas sa colère orageuse dans leur sensuel échange. Tu n'as pas arrêté de me mener en bateau depuis le début ! Une main à Hoseok s'était gravée dans son dos, l'autre se lovait dans ses cheveux de jais. Le chocolatier avait le bras autour de la taille à son colocataire et ses doigts s'enfonçaient dans sa peau avec mauvaise humeur quitte à lui griffer, sans y prêter attention, la couche supérieure de son épiderme addictive et tactile. L'universitaire lui rendait chacun de ses assauts... ça l'excitait mais, à un moment donné, il finit par lui interdire ce luxe en détournant brusquement la tête sans qu'il ne puisse s'y attendre, cassant net leur contact labial, exprès pour le freiner dans son ardeur. Tête légèrement pivotée sur le côté, Wu Jo lui lança un regard de braise à en dissoudre l'acier. Il lui en voulait tellement pour tout... Le savoir désolé apaisait le mal mais ça ne l'occultait pas.

L'interlude n'avait pas duré bien longtemps, dix secondes tout au plus, avant que Jo ne se jette contre la commissure de sa bouche pour y imprimer la marque de ses dents. Sans aller jusqu'à le faire saigner. Ce fut l'unique morsure authentique qu'il lui infligea. Le chocolatier ne se faisait volontairement que pour moitié coopératif, bloquant le jeune homme ou évitant ses retours à une ou deux occasions lorsqu'il pressentait leur imminence. En revanche, il le laissa faire lorsque Hoseok se mit à promener sa seconde main sous sa chemise. Pris de frémissements successifs, il aspira sa lèvre supérieure en une parodie de suçon sans le faire exprès. Bordel, ce baiser-là était carrément pas du même cran que son prédécesseur... La température grimpant en flèche, il décida de passer à un niveau supérieure. Glissant d'abord le bout de sa langue contre les lèvres du convoité. Pas une demande d'autorisation. Un avant-goût, comme un éclaireur qui part en terrain inconnu pour faire du repérage. Suite à ce geste, Wu Jo fit du forcing sans guère lui laisser le temps de réaliser ce qu'il se passait et alla impudiquement chercher sa consœur en l'obligeant à ouvrir ses portes charnelles. Sous ce revirement, il sentit Hoseok s'accrocher à lui avec une vigueur décuplée et sa manière de le serrer ainsi contre lui, lui fit échapper un gémissement d'excitation étouffé par l'étreinte étriquée de leurs bouches.

Il avait envie de passer ses mains sur son corps tel que le mannequin l'avait fait en baladant la sienne dans son dos, sur ses flancs et sur son torse, un parcours qui lui avait fait perdre pied. Sauf que s'il l'avait imité, il ne se serait plus arrêté et c'était ni le lieu ni l'heure de réclamer jusqu'à la plus infime parcelle de son anatomie en ébullition. Leurs langues étaient tout à la fois chaudes et humides l'une contre l'autre. Wu Jo mordilla celle de son amant puis revint la caresser de la sienne. Envieux. Jaloux. Tout ce manège suggestif dura jusqu'à ce que leur souffle manque. Sans compter ni les secondes ni les minutes écoulées. Sans se préoccuper du reste. Il n'y avait qu'eux, leurs respirations éprouvées et leurs cœurs affolés. N'y pouvant plus non plus, il laissa Hoseok prendre l'initiative de la séparation mais lui remordit légèrement la lèvre. Par représailles. Par délectation. Et leurs fronts se prirent en appui mutuel. Les paupières closes il pouvait revivre toutes les intenses sensations de ce baiser tempétueux. Wu Jo refit ce qu'il aimait faire : caresser les lèvres de son partenaire du pouce avec une douceur étonnante compte tenu de sa colère in-évadée. Il ne cherchait plus à se défaire de ses bras, restait collé contre lui par besoin de ressentir sa présence.

Puis Hoseok l'embrassa avec une tendresse spontanée. Wu Jo le lui rendit exactement de la même manière. Sans la peur qu'il percevait dans son contact. Et lorsqu'il murmura la dernière syllabe de son prénom, il lui répondit par un « Hm... ? » assez distrait. Ses joues s'imprégnèrent du toucher de ces paumes qui avaient allongés leurs doigts contre ses muscles et son échine plus tôt. Lorsque leur propriétaire parla, il rouvrit les yeux pour le fixer en plissant les paupières. Il voulait quitter Terrace House ? De but en blanc, il lui annonçait ça ? Wu Jo ne dit rien. Il écouta la suite avant de flamber précipitamment comme un feu de cheminée dans lequel on aurait jetée une bouteille de vodka. Ses raisons étaient compréhensibles... mais, peut-être aveuglément, parce qu'il voulait qu'il reste, le chocolatier ne pouvait s'abstenir de penser que Hoseok ne devrait pas abandonner. Il devrait faire face jusqu'à ce que les choses se tassent et que les gens oublient sa trahison, ce scandale sur son homosexualité découverte, sa tromperie envers une copine factice. Était-ce seulement réaliste de croire qu'ils pourraient lui pardonner tout ça ? Qu'il arriverait à leurrer tous les téléspectateurs qu'il n'avait pas de tendance homosexuelle ? Ne serait-ce pas trop lui en demander de se battre pour changer l'opinion des autres à son sujet ? N'était-ce pas tout bonnement trop tard ? Fichu ? Irréparable ?

Hoseok lui trouait le coeur... avec ses yeux brouillés de larmes prêtes à dévaler les courbes lisses de sa mâchoire, sa requête égoïste mais désespérée, sa supplique de venir avec lui, de s'en aller d'ici à deux plutôt qu'en solitaire. Fait chier, c'était trop pour une seule journée ou même une seule heure. Il était censé prendre sa décision sur le tas ? Comme ça ? En un claquement de doigt ?
- Tu ne m'épargnes vraiment pas, toi, aujourd'hui.
Ainsi fut sa première réplique tandis qu'il retirait lentement les mains du mannequin de la surface de ses joues mais repassa ensuite les siennes autour de ses sexy hanches de top-modèle.
- Pour commencer, ne me fais pas déjà le coup des promesses en l'air ou on peut se déclarer foutus depuis l'instant-même où tu as prononcés tes faux serments. C'est le genre de promesses qu'on ne tient jamais, Hoseok, parce qu'elles sont très dures voire impossibles à tenir. Bien plus qu'on ne le croit lorsqu'on les formule. Tu ne te feras pas miraculeusement pardonner toutes tes erreurs. Tu ne changeras pas ou très peu. Tu me serviras d'autres mensonges et je t'en servirai sûrement aussi. On a besoin d'apprendre à se faire confiance. On se "connait" que depuis trois mois, je te rappelle, et ce n'était pas le trimestre le plus... agréable que nous ayons vécu.
Wu Jo s'interrompit un instant en contemplant les iris brunes de son amant puis chacun de ses traits faciaux qui lui semblaient dépourvus de tout défaut. Ce qu'il pouvait être beau cet étudiant, il le mangerait des yeux pendant des heures sans être assujetti par la lassitude. Il y avait tant de choses que Hoseok ignorait sur lui. Que penserait-il de son penchant pour le surnaturel, par exemple ? De ses croyances envers ce qui n'était pas visible ou envers les propriétés magiques des pierres, de certains symboles ? Et ses cicatrices ? Dues à sa nature de sportif de l'extrême et d'urbexeur intrépide capable de sauter d'un étage s'il fallait prendre ses jambes à son cou pour échapper aux gardiens de nuit ? De ses passages en garde à vue s'étirant parfois sur plusieurs jours d'affilés ? Des bagatelles une fois que l'on ressort de son service militaire au sein de l'armée de terre. Le mannequin n'avait pas idée à quel point l'homme sur lequel il avait jeté son dévolu était téméraire, avait la flamme au coeur et était un fou d'adrénaline. J'en ai pas l'air, comme ça, mais je suis un mec plus complexe qu'il n'y parait. Il avait fait une infinité de conneries quand il était ado... et il ne s'était pas totalement calmé. Jamais il ne se calmerait à plus de 35%. Depuis qu'il était petit il défiait le danger, ce n'était pas un hasard s'il était amoureux de l'Australie, le pays à la faune et la flore sauvage les plus bizarres et dangereuses au monde. Parfois, il regrettait de ne pas être parti vivre là-bas, c'était le continent où son âme s'énergisait comme nulle part ailleurs... d'autrefois il s'en foutait, comme maintenant, alors qu'il le tenait si obstinément contre lui.

Remontant sa main aux cheveux du si chagriné étudiant en sciences-politique, il en caressa lentement la racine du bout des ongles en y ouvrant et en y refermant ses phalanges.
- Quitter Terrace House ne dépend pas que de moi, il faut que j'en parle à mes collègues.
Il lui donnait cette réponse sans conviction. L'idée de rester ici sans lui, lui paraissait des plus fades. Devenir un professionnel du commerce l'aurait-il ramolli ? Il y avait des jours où il avait l'impression de ne plus être lui-même. Avait-il bien fait de devenir chocolatier ? Fut un temps, il aurait répondu à la demande de Hoseok sans réfléchir parce qu'il savait ce qu'il voulait, réagissait sans attente, sans patience, sans hésitation, et ne laissait zéro barrière interrompre sa course effrénée vers la vie, la liberté. Aujourd'hui, il avait Unruly Flavor à faire passer avant tout et, à cet instant précis, ça l'emmerdait. Tu réfléchis trop, Jo. Passes à l'action ! Après-tout, c'était pas comme si U.F. allait couler parce qu'il quittait TH, ils avaient déjà bien vécu avant d'intégrer l'émission et ils vivraient encore très bien, voire même mieux après. Puis c'était chiant d'évaluer toutes les conséquences possibles, de se freiner autant. Et Hoseok lui manquerait terriblement s'il venait pas avec lui...

Poussant un soupir tout en gravité, Wu Jo retourna les yeux sur celui qui lui imposait ce maudit choix cornélien. Il état censé être là pour le boulot... mais il n'avait pas du tout prévu de s'éprendre pour un de ses colocs. Pas aussi tôt. Pas aussi fort.
- T'es sacrément égoïste de me demander ça. Tu compliques tout, t'en as conscience ? Je te préviens, t'as intérêt à faire profil bas les prochaines semaines avec tout ce que tu m'as fait voir. Et tu sais quoi ? Je te parie que je fais ma valise plus vite que toi.
Sur ces belles paroles, il serra sa main dans la sienne et l'entraîna à l'étage au pas de charge. On aurait dit qu'ils prenaient la fuite en duo, comme si Wu Jo avait lui aussi quelque chose à se reprocher. C'était un peu le cas... puisqu'il se barrait sans demander l'avis de ses associés et qu'en prenant cette décision il abandonnait soudainement des coloc' qu'il avait appris à apprécier et à connaître. Tout le monde ne pouvait pas intégrer Terrace House. Sur tous les candidats qui envoyaient leur profil, très peu se voyaient sélectionné pour participer à l'émission, chaque année. Et eux, ils étaient là à plier précipitamment bagages et à s'apprêter à claquer la porte sans plus jamais revenir. Wu Jo n'était pas tant inquiet, cependant. Son passage dans l'émission n'avait pas été vint et leur avait rapportés des clients, des curieux, des intéressés, des gourmands, des musiciens en mal de reconnaissance. Lorsqu'ils se retrouvèrent devant la maison, ça lui fit bizarre de se dire que c'était la dernière fois qu'il lui tournait le dos, qu'il ne viendrait plus à elle de face, qu'il ne poserait plus le pied entre ses murs. Dans son salon, son dortoir, sa piscine, son toit-terrasse. Ici, le chocolatier avait fait des rencontres. Notamment celle de l'homme qui se tenait juste à côté de lui. L'amour fait vraiment faire des folies et peut rendre l'avenir inattendu, changer des destins. La romance aurait voulu que Jo fasse le pas pour embrasser son partenaire juste devant la baraque où ils s'étaient connus, juste avant de lui faire leurs adieux mais... il était encore bien trop sur les nerfs pour être d'humeur aussi flirteuse. Pas de nouveau baiser pour cette fois.

Ils auraient tout le temps d'en échanger d'autres durant la nouvelle vie qui se profilait devant eux.

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