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stalking

 
Hwang Jimin  ϟ  Ninomea Jun

Cela faisait près d'un mois que Jiminie avait décidé d'arrêter son training et de se consacrer à ses études, un mois qu'elle n'avait plus dansé, un mois qu'elle se laissait aller niveau physique. Elle avait passé ses journées à étudier ses cours, rattrapant son retard avec les cours de ses camarades et se shootant aux boissons énergisantes pour bosser la nuit et réussir ses examens. Elle pensait que ça s'était bien passé, attendant avec impatience ses résultats, mais savait-on jamais...

Maintenant que la session était terminée et qu'elle s'était installée dans son nouvel appartement à Minato, la jeune femme avait de nouveau du temps libre pour aller reprendre la danse, abandonnant définitivement le chant suite aux critiques acerbes de ses coachs lors de son training. Elle avait repéré une salle pas trop loin et qui semblait être gérée par des danseurs expérimentés, loin de celle tenue par Ming Mi, et avait pris contact avec un prof, Im Si An. Elle avait rendez-vous plus tard pour un cours particulier mais voulait s'y rendre au moins une fois avant pour visualiser les lieux et se remettre en forme avant, raison pour laquelle elle était assise dans ce bus.

Oui, vous avez bien lu. Un bus. Jiminie avait une voiture, évidemment, mais elle l'avait mise au garage pour son entretien et l'homme était "débordé mam'zelle, j'en ai pour deux jours minimum là". Râlant, la jeune fille lui avait tout de même laissé sa voiture coupé sport et était rentrée... en bus. Heureusement qu'elle y était allée après ses examens, imaginez la honte si elle devait se pointer à l'université dans ces véhicules puant et remplis de gens qu'elle ne fréquentait d'ordinaire pas. Déjà, cela se voyait qu'elle n'était pas à sa place, engoncée dans sa jupe étroite couleur prune et son chemisier Chanel fauve, sa veste en véritable cuir noir mettant ses épaules en valeur. Lunettes de soleil sur le nez et Louboutins noires aux pieds, elle faisait tache à côté des mères de famille en tabliers et des adolescents avec leurs capuches sur la tête.

Son sac de sport posé sur ses genoux, la jeune femme pianotait sur son portable, cherchant les dernières actus sur son idole, Yoon Min Ho. Elle l'avait rencontré depuis qu'elle était au Japon, le pauvre garçon étant en couple avec sa demi-soeur, mais elle n'avait pas encore réussi à établir un lien avec lui, ne lui avait même pas encore arraché son numéro de téléphone. Pour avoir des nouvelles, elle était obligée de le stalker sur les réseaux, de passer en revue tous les sites people et de checker les news sur les chaines Youtube des émissions susceptibles de recevoir son groupe. Air Pods dans les oreilles, elle regardait sa dernière interview qui datait de deux jours plus tôt.

Le regardant, elle ne voyait vraiment pas ce qu'il trouvait à sa demi-soeur. Ils n'avaient rien en commun, il était beau, talentueux, intelligent. Il avait un avenir prometteur et elle... elle n'avait rien. Plus de famille, plus d'héritage, un métier qui devait payer une misère, une beauté plus que discutable... Elle ne comprenait pas ce qu'ils faisaient ensemble. Ming Mi l'avait sûrement manipulé, il devait avoir pitié d'elle ou bien elle le faisait chanter avec quelque chose. Leur relation ne pouvait pas être vraie, ils ne pouvaient pas s'aimer, non. Min Ho était fait pour Jiminie et il serait à elle, un jour ou l'autre. Ce n'était qu'une question de temps...


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Le bus. Endroit parfait pour observer les personnes autour de lui en toute impunité. Personne pour vous regarder en retour ou pour vraiment se douter que vous observiez leurs moindres faits et gestes. C’est ainsi que par cette journée où il avait un entraînement de danse, Jun avait décidé d’emprunter les transports en commun au lieu de sa voiture. En montant à l’intérieur, il zigzagua rapidement entre les corps, essayant de trouver une place libre le plus rapidement possible. Il entendait très vaguement les gens autour de lui râler à cause de son sac de sport et n’en avait cure de leurs avis. A la place, ses iris rencontrèrent des vêtements de marque sur une demoiselle à l’air hautain qui pianotait sur son téléphone. D’un rapide coup d’œil tout à fait inapproprié, il regarda ce qu’elle faisait et il haussa un sourcil surpris devant les recherches de cette dernière. C’était Yoon Min Ho. Un idole qu’il aimait bien sans être complètement fou comme certains fans. La surprise passant, il émit un rire moqueur qui résonnait comme un souffle s’échappant de ses lèvres tandis qu’il énonçait à voix haute ses propos, sans aucune gêne envers la jeune femme.  

« Infos périmées depuis deux jours. Et ça ose se dire fan ? »  

Sans aucun autre mot de sa part, le brunet s’installa à ses côtés, ne se préoccupant pas du manque de place entre eux deux à cause de leurs affaires respectives. Il posa son propre sac sur ses genoux, n’ayant pas la place de le poser à ses pieds. Jun sortir son propre téléphone de sa poche et entama des recherches rapides. Ses doigts pianotaient sur les touches avec agilité et bientôt, il obtenu des infos sur Min Ho qui datait du jour même. Il se pencha légèrement sur le côté et montra son portable à la demoiselle. Il ne se préoccupa de son air mal aimable et de ses paroles acerbes. Dès qu’elle vit les nouvelles toute fraîche de son idole, son comportement changea légèrement. Enfin, à l’intérieur sûrement, parce qu’à l’extérieur, elle n’en montra rien. Pimbêche pensa intérieur l’ancien militaire tout en restant poli tandis que ses iris la jugeaient sans vergogne. Il ne savait pas pourquoi elle était dans ce bus et s’en foutait totalement, mais rien qu’à son apparence et ses manières, c’était évident qu’elle ne le prenait pas souvent. Retenant un autre rire, il secoua la tête et scrolla l’article, offrant son propre écouteur afin d’écouter et rapprocha davantage l’écran pour qu’ils puissent mieux lire tous les deux. Le chemin se passa sans aucune conversation intéressante. Ils n’avaient rien à se dire, hormis donner leur avis sur ce qui se passait vis-à-vis de leur idole commune. Puis vint le moment de son arrêt. Il voulut appuyer sur le bouton, mais la brunette à ses côtés s’en chargea à sa place. Il ne répondit rien et descendit à la suite d’elle, son sac sur son épaule.


Derrière elle, il avait tout le loisir d’observer comme bon lui semblait. Surtout lorsqu’il eut l’impression qu’elle jetait des regards en arrière vers sa direction. Qu’est-ce qu’elle voulait ? Jun haussa un sourcil interrogateur, mais ne fit rien pour arranger la situation. Au contraire, il ajustait sa cadence de marche par rapport à celle de Jimin. Il laissait ses yeux voguait uniquement sur elle et sur personne d’autre. Il agissait comme un véritable stalker avec elle. Ce qui le faisait mourir de rire intérieurement à la vue de la réaction de cette dernière. Un fin sourire amusé étira ses lèvres tandis que tous deux marchaient dans la même direction. Il observa les longues jambes de l’emmerdeuse devant lui, remarquant son allure fière et gracile. Elle n’était pas aussi gracile qu’une certaine personne, mais quand même. Le Ninomea vit ses interrogations obtenir des réponses alors, que les deux jeunes pénétraient dans les mêmes locaux de danse. Ceux de Hyun Min-Ho et plus particulièrement dans l’une des salles de Im Si an. Son sourire s’agrandit encore plus en entrant dans la pièce et avec nonchalance, il déposa son sac au sol. Son regard croisa celui de l’inconnue et il haussa les épaules.


« Ravie de partager la salle avec toi. »

Avec arrogance, il entraîna ses affaires dans un coin, s’étant déjà changé pour filer plus rapidement à la fin. Contrairement à mademoiselle, il ne s’habillait pas de Chanel et compagnie pour venir danser. Il fit un signe vers le haut de son visage, montrant les lunettes de Jimin.

« Tu comptes aussi les garder pour danser ? De ce que j’ai vu, t’avais pas de problèmes de vue pour regarder Min Ho sur mon téléphone. »

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stalking

 
Hwang Jimin  ϟ  Ninomea Jun

Jiminie était en train d’écouter son interview quand une voix la fit détacher ses yeux de son écran. Un jeune homme venait se moquer d’elle, disant que ses infos étaient périmées, et la jeune femme le dévisagea derrière ses verres fumés. Jeune, mignon, carrément arrogant et sans gêne. Il s’installa à côté d’elle, son sac poussant celui qui dépassait de ses genoux, et la jeune diva se décala jusqu’à ce que sa fesse touche le mur, refusant de se retrouver contre cet inconnu.

Ta mère t’a jamais dit que c’était impoli de regarder sur les téléphones des autres ?

Ouais, Jiminie balança le tu directement, sans savoir son âge, son rang ou son capital économique. Il prenait le bus, c’était une raison suffisante pour le mépriser, non ? Enfin, elle était dedans aussi, mais uniquement parce que son coupé sport était bloqué au garage et qu’elle n’avait pas forcément envie de faire Minato – Akihabara à pieds. Retournant à sa vidéo, elle tenta d’ignorer son voisin, augmentant le volume dans ses Air Pods, mais un écran se glissa devant ses yeux. Un article. Publié moins d’une heure plus tôt. Pestant intérieurement, elle retira ses écouteurs et verrouilla son téléphone pour lire ce que lui montrait le gars.

Elle refusa cependant son écouteur, doutant de la propreté de ses oreilles et ne voulant mettre contre sa peau un objet aussi personnel. Pour elle, des écouteurs ne se prêtaient pas, et tant pis si elle n’avait pas le son, les sous-titres traduits en anglais pour les étrangers lui convenaient parfaitement. Jiminie ne parla pas pendant le trajet, surveillant d’un œil le défilé des arrêts et faisant claquer sa langue pour faire taire le japonais quand il voulait commenter la vidéo. Personne ne devait la déranger quand elle stalkait Min Ho…

Je descends au prochain.

Après avoir sonné pour demander l’arrêt, Jiminie attendit que son voisin la laisse passer, quittant difficilement la place à cause de leurs deux sacs encombrants. Elle alla se poser près des portes en attendant que le bus s’arrête puis posa ses talons sur le trottoir et commença à marcher. Entendant des pas dans son dos, elle se retourna pour croiser le regard du mec qui était apparemment descendu après elle et marchait dans la même direction. Génial. Accélérant le pas, elle songea qu’il était peut-être un de ces journalistes qui voulaient faire le buzz avec un article sur la nouvelle fille du PDG des cosmétiques Kong. Déjà savait-il maintenant qu’elle était fan de Yoon Min Ho…

Se retournant de temps en temps, elle constata qu’il restait derrière elle, ajustant son rythme au sien, absolument pas discret dans sa filature. Mais il n’avait pas l’air de la prendre en photo et elle n’allait pas dans un endroit douteux alors elle décida de ne pas déclencher de scandale. Au pire, il écrirait qu’elle était snob et dansait bien, alors bon. Arrivant à la salle de danse, elle poussa la porte et se dirigea vers la salle de son professeur, laissé ouverte pour d’éventuels danseurs. L’autre entra derrière elle et Jiminie soupira à sa remarque.

Désolée de pas pouvoir te retourner le compliment, j’aime m’entrainer seule. Ou avec des… professionnels.

Marquant une pause avant ce dernier mot, elle dévisagea le jeune homme derrière ses lunettes, décidant de ce simple coup d’œil qu’il n’en était pas un. Au moins ne semblait-il pas être le journaliste qu’elle avait cru, sinon il profiterait de ce tête-à-tête pour l’interroger et prendre des photos et la harceler comme le faisaient tous ces vautours de l’information quand ils avaient une cible en vue… Jiminie haussa un sourcil à la question du gars sur ses lunettes qu’elle n’avait pas encore retirées. De quoi il se mêlait ?
Je suis photosensible, ça te dérange ? C’est la première fois que je viens, je sais pas où sont les vestiaires. Tu aurais l’obligeance de me les indiquer ?

Penchant la tête sur le côté avec une moue hautaine, elle attendit qu’il lui donne la direction à emprunter et trouva les vestiaires facilement. Troquant ses fringues de luxe contre un pantalon de jogging noir et un débardeur gris, elle attacha ses cheveux en queue de cheval et revint dans la salle pour poser son sac dans un coin. Sans se soucier de l’autre, elle glissa ses écouteurs dans ses oreilles, lançant une musique entrainantes pour ses échauffements.


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Eh ben. Cette jeune femme avait le don de ne pas avoir sa langue dans sa poche et surtout de prendre les autres de hauts. Non pas que Jun ne s’en doutait déjà pas aux vues de son comportement dans le bus, mais l’agressivité de la demoiselle le faisait bien rire et son sourire le démontrait. Nullement impressionné, il avait davantage envie de jouer. S’amuser comme un enfant en face d’une personne du même gabarit que le sien. Il secoua la tête, balayant ses propos d’un geste de la main, mais en retint certaines informations. Il lui indiqua où se trouvait les vestiaires et profita de l’absence de la brune pour mettre sa musique sur les enceintes. C’était juste histoire de l’emmerder encore plus en imposant sa volonté. Pourquoi il était aussi taquin et abusif en ce peu de temps ? Parce que son égo l’obligeait à jouer le jeu, à pousser le conflit plus loin afin d’avoir le dernier mot. Sa grande gueule et son côté hautain rebiffait le Ninomea qui répondait comme un gamin. Ce qu’il assumait parfaitement.

Ainsi lorsque Jimin refit surface dans la salle, le Ninomea avait déjà commencé ses échauffements, augmentant la musique afin qu’elle parvienne aux oreilles de la demoiselle, passant au-dessus de sa propre musique. Il ne lui jeta pas un seul regard, conscient que s’il le faisait elle lui demanderait de baisser le volume. Et ça, il ne le voulait pas. D’ailleurs, son corps restait près de son téléphone, si elle souhaitait l’arrêtait, il l’en empêcherait. Voyant un agacement certain, Jun s’arrêta et regarda en face son interlocutrice avec une moue innocente, faisant comme s’il ne comprenait pas l’intervention de cette dernière à son égard. Il savait que cela l’agacerait. Déjà qu’ils n’avaient pas une opinion positive l’un sur l’autre, son geste n’allait pas arranger les choses. Et il ne le voulait pas. Voyant que tous deux s’étaient échauffés en bon et du forme, une idée germa dans l’esprit du brunet il en fit part directement à son interlocutrice. Il abaissa la musique d’un cran afin qu’ils soient capables de s’entendre.


« Qu’est-ce que tu penses d’une compétition ? D’un pari ? Au lieu de faire notre truc de notre côté, si on jugeait le niveau de l’autre ? Si tu gagnes je fais ce que tu demanderas. Si tu perds en revanche, tu devras sortir et aller devant le bâtiment pour hurler devant tout le monde que je suis le meilleur et que tu es heureuse de m’avoir rencontré. »


Jun savait qu’elle allait détester cela, mais ce qu’elle lui demandait en retour n’était pas forcément mieux. C’est pour cela que ni l’un ni l’autre ne voulait perdre. Leur égo était en jeu. Même si elle semblait réfractaire aux premiers abords, titiller une combattante dans l’âme avec un prix aussi alléchant la tenterait forcément. En bonne foi de sa part, le brunet éteignit sa musique pour laisser libre court à Jimin de choisir le morceau, les mains en l’air en signe de reddition. Il était prêt à certaines concessions pour que cette battle de danse voit vraiment le jour. Son regard brillait d’amusement et d’excitation et il roula ses épaules avec anticipation. Il espérait vraiment qu’elle accepte le défi. Ce serait vraiment amusant pour tous les deux. Ils pourraient se critiquer sans aucune gêne puisque ça sera sur le compte de « conseil » pour mieux danser par la suite. En réalité, c’était un défouloir pour leurs tempéraments.


« Après, si tu te sens pas à la hauteur, je comprendrais aussi. C’est normal d’hésiter quand on est pas sûr de soi. »


Coup de poignard supplémentaire pour la forcer à dire oui. Si elle possédait un égo aussi grand que le sien, elle n’allait pas dire non et la satisfaction de se dire qu’on allait gagner en obligeant l’autre à faire ce qu’on lui demande était indescriptible. Certes, ils ne brillaient pas par leur maturité, mais qui s’en souciait réellement ? Avec le Panthéon, Jun savait mettre sa fierté de côté quand il était humilié. Personne ne le connaissait vraiment et personnellement donc il était prêt à prendre de gros risques. Mais Jimin le sera-t-elle ? De ce qu’il avait vu, elle attachait une certaine importance aux regards des autres. Vu sa façon de s’habiller, elle avait de l’argent donc potentiellement une notoriété quelconque.

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Musique dans les oreilles, Jiminie augmenta le volume de son téléphone pour ne pas entendre celle, trop forte, de l'autre gars. Ses goûts musicaux étaient merdiques, en plus, totalement opposés aux siens, mais venant d'un gars comme lui, ce n'était pas étonnant. Enfin... elle se rappela qu'il aimait le groupe de Min Ho, et c'était déjà un bon point pour lui, mais vu la chanson sur laquelle il s'échauffait, ils n'auraient pas beaucoup d'autres groupes en commun... Après une ou deux minutes, elle serra les dents en constatant avec agacement que l'autre avait encore augmenté le son, elle-même étant au maximum des capacités de son portable. Se tournant vers lui, elle arracha un écouteur de son oreille et du crier pour se faire entendre par-dessus la musique.

Tu te crois seul au monde ou quoi ? Baisse-moi cette horreur.

"S'il-te-plait" ? Aurait-elle du rajouter cette forme de politesse à la fin de sa requête ? Si elle avait été polie et bien élevée, certainement, mais ce n'était pas le cas et elle fusilla l'autre de son regard le plus noir jusqu'à ce qu'il retire cet air innocent de son visage pour baisser le son de sa radio. Satisfaite, Jiminie allait remettre son écouteur quand la voix du gars glissa jusqu'à ses oreilles, lui proposant une compétition. Ce qu'elle avait à gagner ne l'intéressait pas, elle n'en avait rien à foutre de lui et se fichait pas mal qu'il devienne un esclave de plus. Ce qu'elle avait à perdre, par contre, jamais elle ne le ferait.

J'ai pas que ça à faire de jouer à la bagarre alors va te trouver un autre compagnon de bac à sable et laisse les grands travailler tu veux ?

Affichant une moue de mépris évident, elle le dévisagea de la tête aux pieds, ne le croyant pas capable de battre une ancienne trainee. Elle n'était certes pas la meilleure, sinon elle ne serait pas là à prendre des cours mais plutôt à les donner, mais elle avait de l'expérience, avait reçu des conseils de professionnels, des critiques pour améliorer ses techniques et danser mieux que les amateurs du genre de celui qui lui faisait face. Mais Jiminie avait de l'ego, une fierté grosse comme son compte en banque et elle ne voulait pas se laisser humilier par ce gars.

Quand il insinua qu'elle refusait par peur de perdre, la jeune femme croisa les bras sur son débardeur, le regardant d'un air mauvais. C'était de la provocation, elle le savait. Elle ne devait pas tomber dans le piège, qu'elle sentait à des kilomètres. Mais Jiminie ne pouvait le laisser l'insulter de la sorte et elle serra les dents, capitulant par ce geste imperceptible. Il avait éteint sa musique aussi, la laissant libre de choisir le morceau sur lequel ils se battraient.

Viens pas pleurer quand je t'aurai humilié, c'est toi qui l'auras voulu.

S'approchant de la radio en débranchant ses écouteurs de son téléphone, elle se connecta au bluetooth et lança une chanson sur laquelle elle avait appris une chorégraphie pour une audition. Un morceau de dance qui bougeait et collait parfaitement avec son style. Féminin, sexy, le titre n'était certainement pas fait pour le japonais et Jiminie souriait à l'idée de le voir paumé quand ce serait à lui de danser. Se plaçant au centre de la salle, face au miroir, elle enchaîna les mouvements qu'elle avait appris avec force, élégance et provocation, modifiant légèrement certains gestes pour bien montrer à son adversaire que la guerre était lancée, son regard déterminé faisant le reste pour elle. Elle acheva le morceau par un grand écart impeccable, point final à la chorégraphie, puis elle se releva avec un sourire de tigresse, posant son regard hautain sur l'autre.

Alors ? Toujours envie de te battre ? Si tu veux abandonner je promets de ne pas le dire à ta mère, je ne voudrais pas qu'elle ait honte de son fiston incapable de battre une fille.

Moqueuse, elle se dirigea vers ses affaires, prenant une gorgée d'eau pour se requinquer un peu. Elle ne savait évidemment pas que les parents de Jun étaient morts et, si elle l'avait su... peut-être qu'elle aurait trouvé une autre pique à lui lancer. Ou peut-être pas, cette fille n'ayant aucun scrupule à taper là où ça faisait mal. Enfin, ayant elle-même perdu son vrai père, elle aurait quand même certainement hésité avant de l'attaquer sur ce terrain, sachant la douleur qu'on pouvait ressentir suite à la perte d'un parent.


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• DANCER POUR MIEUX REGNER – Au risque de s’apprécier.

Tout pour faire échouer. Tout pour réussir quel qu’en soit le prix. Dans un jeu biaisé, où il en faisait désormais partie. Devant un trop grand égo, qui était loin d’être nouveau, il accepta malgré tout le morceau. Si elle lançait la guerre, il était prêt à passer à l’action, prenant son corps comme des armes pour la battre. Même s’il camoufla un léger doute sur son faciès devant le grand écart final qu’elle venait d’effectuer, il avait néanmoins retenu le principal de sa démonstration. Cette dernière était féminine, sexy, souple, très, des gestuelles que seul des filles trouvaient facile à effectuer. C’était très lointain de ce qu’il avait appris. Même si le genre de dance ne devrait pas influencer l’un ou l’autre, pour l’amateur qu’il était, ça l’était. Mais ne voyant ceci que comme un plus grand challenge à relever, il se positionna à ses côtés. Son regard croisa le sien un instant, s’y accrochant longtemps. L’air autour d’eux était électrique, Jimin certaine qu’il abandonnerait après l’avoir vu à l’œuvre. Certaine qu’il ne tiendrait pas le rythme, qu’il se planterais lamentablement et même si Jun n’était pas sûr de lui pour certains mouvements, notamment vers la fin de la danse, il croyait à ses capacités et entraînements. Et à son égo grandissant pour le motiver à faire plus que d’habitude, à dépasser ses propres limites, histoire de lui clouait le bec. Si An lui avait appris beaucoup de choses pour rectifier ses très mauvaises habitudes, tout en lui apprenant de nouveaux pas rapidement. Quant à Min-Ho, il lui avait montré une certaine grâce et souplesse ainsi que des mouvements bien précis qu’il avait bien retenu dans son esprit. Ses pupilles sombres quittèrent le visage fier de son interlocutrice pour le croiser à travers les miroirs devant eux, un haussement d’épaule nonchalant comme réponse à ses propres mots. 


« Je n’ai plus de parents pour que tu puisses leur dire alors, la honte je ne pourrais sûrement pas la ressentir contrairement à toi. » 


L’audace au poing, il osa lui adresser un clin d’œil après. Cela faisait toujours mal d’avouer qu’il avait perdu ses parents, mais les années l’avaient endurci au point qu’il parvenait à afficher un visage neutre. Sa vie avec la famille Ninomea ne comptait pas, il n’avait aucun lien particulier avec les parents l’ayant adopté. Son seul lien restait avec Adonis, son grand frère. Même ses sœurs ne le sont que de noms, ayant appris à les éviter pour sa survie. La musique démarra ensuite et contre toute attente… Ce n’était pas aussi catastrophique que tous les deux le pensaient. Jun ne pouvait aucunement concurrencer des pas qui n’appartenaient qu’à la grâce féminine et il dut s’approprier la chanson et la dance pour son propre style. La force présente, l’élégance puissante, la provocation tout aussi importante, le Ninomea avait su transformer la dance pour combler ses propres lacunes et tenir tête à la brunette à ses côtés. Au moins un minimum. Lui-même étonné devant la grâce de certains mouvements, il exhalait de soulagement, remerciant intérieurement son blondinet. Néanmoins, il était encore loin de pouvoir exécuter un grand écart aussi parfait, ses jambes pas encore prêtes pour ses souffrances. Quand la musique s’arrêta, le brunet se tourna vers elle en haussant un sourcil, un sourire hautain aux lèvres à son tour.


« Pour un homme qui danse sur une musique de fille, ce n’était pas si mal. »


Il passa sous silence son choix vicieux sur la mélodie, mais le sous-entendu l’était beaucoup moins. Elle avait voulu l’avoir à son propre jeu avec ce choix, mais malheureusement elle n’eut pas complète satisfaction. Certes, il n’avait pas réussi à être parfait et à reproduire tous ses gestes, mais pour une première ce n’était pas si horrible. Techniquement elle était la gagnante de ce défi et Jun eut du mal à avaler la pilule de sa défaite. Son comportement compétitif voulait qu’il appréciât de gagner et comme un enfant, perdre était difficile. Ayant dépassé l’âge, il ne boudait plus, ne piquait plus de colère. Tout cela parce qu’en réalité, il n’était pas si abattu compte tenu de sa performance. Ainsi, même en croisant le regard de Jimin elle put y lire une propre satisfaction. Il haussa une énième fois les épaules, comme si perdre était le cadet de ses soucis. Réaction tellement mature que ça l’étonnait lui-même.  


« J’ai peut-être perdu, mais l’humiliation est loin d’être présente. »


Jun était curieux de ce qu’elle allait lui demander comme il avait perdu. Quelque chose lui disait qu’il allait le regretter très amèrement.

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Hwang Jimin  ϟ  Ninomea Jun

Plus de parents... Jimin connaissait ça ou, du moins, savait ce qu'on ressentait quand on en perdait un. La mort de son père avait été une terrible épreuve pour la jeune fille, devenue veuve noire dans son lycée à cause de sa gestion douteuse du deuil. L'autre avait perdu ses deux parents. L'un après l'autre ou en même temps, elle ne le savait pas, et ne savait pas ce qui était pire. Ressentir une douleur infinie une seule fois ou subir cette perte deux fois en une si courte vie ?

La politesse aurait voulu qu'elle s'excuse, qu'elle lui présente des condoléances aussi tardives que fausses, mais les paroles qui accompagnèrent cet aveu étaient si agaçantes qu'elle ne fit que lever les yeux au ciel en se détournant. Jiminie lâcha un "on verra" peu convaincu, puis elle alla s'asseoir au fond de la salle pour regarder sa performance. Elle se demandait s'il serait capable de reproduire ses gestes et de se montrer aussi sensuel, s'il était assez souple pour faire le grand écart... La réponse était non, bien sûr, mais il avait réussi à apporter autre chose à la chorégraphie, la rendant similaire et différente à la fois.

D'un regard hautain, elle le dévisagea une seconde alors qu'il venait de qualifier lui-même sa performance de pas trop mal. N'était-ce pas à elle de le juger ? Jimin ignora superbement la pique sous-entendue sur son choix de musique. Après tout, il lui avait laissé le choix sans imposer de style ou sans en interdire d'autres, alors il ne pouvait s'en prendre qu'à lui-même. Laissez le choix à une fille et elle ne fera pas selon les convenances des mâles alphaas qui voulaient dominer le sexe "faible". Et puis, malgré ça, il avait assez bien dansé alors...

Ouais, pas trop mal... pour un amateur.

Appuyant bien sur le dernier mot, elle le jaugea du regard d'un air méprisant, le rabaissant au rang d'inférieur de ce simple geste. L'autre mentionna qu'il ne se sentait pas humilié et un sourire carnassier étira les lèvres de Jimin. Not yet, darling... not yet. Elle avait le droit de lui faire faire ce qu'elle voulait, hein ? Son premier instinct était de le pousser à sortir du batiment en étant nu comme un ver, mais c'était puéril et une diva ne s'abaissait pas à ce genre de pari éphémère et ridicule. Il fallait quelque chose d'utile tout en humiliant ce pauvre garçon qui souriait fièrement devant sa prestation. Mais quoi ?

Tu t'appelles comment, déjà ?

Jun. Noté. Avec un sourire qui n'augurait rien de bon, elle se leva pour s'approcher de lui, lui tournant autour pour deviner son corps sous ses vêtements, estimer ses muscles, sa force. Glissant un doigt à l'ongle manucuré sur son bras, elle plongea ses yeux dans les siens, une lueur amusée brillant dans ses pupilles.

Et si tu devenais mon esclave pendant les vacances ? Je viens tout juste d'emménager dans un nouvel appartement et j'aurai besoin de muscles pour monter mes meubles. Puis j'ai envie de faire du shopping, tu viendras porter mes sacs. Et tu payeras, cela va de soi. Et une dernière chose : tu me files ton numéro et dès que j'ai besoin de toi, je te sonne et tu rappliques. N'importe quand, n'importe où, pour n'importe quoi.

Haussant un sourcil pour le défier d'accepter, Jimin attendit sa réponse avec impatience. Serait-il assez fier pour accepter, assez con pour dire oui ? Retirant sa main du bras de Jun, la jeune femme retourna à ses affaires et prit une gorgée d'eau. Rebouchant sa bouteille, elle haussa les épaules, faisant mine de préparer un compromis pour l'autre.

Ou alors rien de tout ça et tu sors nu dans la rue, tu tournes autour du bâtiment et tu cries pour bien attirer l'attention des gens. Et je filmes, bien évidemment.


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