Glacée devant une innocence protégée malgré une maturité éprouvée par un petit frère décédée. D’un cœur trop fragile, le mot famille devint inutile. Débrouillarde dès son plus jeune âge, la solitude et l’autonomie fait partie de son image. Intelligente par son éducation variée, elle en reste néanmoins effacée. D’une douceur colorée, elle est une jeune fille aimée. Un tantinet fleur bleue, sans être niaise elle reste une franco-japonaise. Téméraire, elle sait quand elle a raison, mais n’en fera pas une explosion. Infusion. Création et admiration pour son papa chocolatier, aux mains argentées malgré un cœur fragilisé. Sportive, courir en écoutant de la musique est sa politique. Taquine, sans être sa doctrine, elle reste féminine. Elle ferait tout pour ses proches, même si elle n’est pas sûre d’en avoir l’étoffe. Génoise significative. Attentive et patiente, elle est bienveillante. Loin d’être effrayante, elle est une étoile scintillante même si elle se croit parfois défaillante. Secrète, elle ne peut révéler les recettes de son existence même après plusieurs expériences. Sans être trop timide, avec les garçons, elle devient livide. Plus facile en amitié que lorsqu’elle est énamourée. Son paternel cherche à la caser, ce qui la mortifier.

Confiseuse lumineuse. Plusieurs histoires nullement sérieuses, mais dont un seul elle a été vraiment amoureuse. Loin d’être naïve, elle ne pense pas être si significative. Les gens ne se battront pas pour elle, parce que rien n’est éternel. Aux moyens financiers modestes, elle ne porte rien de céleste. Meringuer. Simplicité modérée du maquillage jusqu’aux vêtements, elle se fout des jugements. Sans besoin de reconnaissance, elle a quand même besoin de prouver son existence. Juste une fois. Juste cette fois. Vivre pour les autres jusqu’à s’oublier, elle n’a pas de cote de popularité. Honnête et loyal, mentir est un trop grand mal. Accepté simplement son cœur coloré, au rire déglacé et son sourire caramélisé. Démouler ses larmes séchées et effeuiller qui elle est et vous découvrirez Ame.

. Paris. Ville des amoureux, ville aux nombreux vœux.


Là où l’on peut être qui on veut. Là où l’on peut faire ce que l’on veut. Grande diversité de personnalités. Grande diversité d’apprentissage. Rire et liberté pour une vie des plus banales. D’un père chocolatier à une mère hôtesse de l’air en passant par un petit frère casse-cou, rien ne semblait ternir la vie colorée d’Ame. Voyage, sourire et découverte rythmait sa bulle d’amour. Malgré l’emploi du temps de sa mère chargée, qu’elle ne voyait que très peu et ceci depuis sa naissance, son paternel la prenait sous son aile. S’occupant d’elle à plein temps. C’était donc tout naturellement qu’à peine savait-elle parler que la demoiselle baignait déjà dans la magie des senteurs des chocolats. Regardant son père travaillait de ses mains habiles, elle patientait à ses côtés, goûtant ce qu’il restait, laissant son imagination d’enfant donnait des idées à certains événements. Toujours à ses côtés, il lui expliquait, lui montrait, la laisser toucher et apprendre jusqu’à ce fameux jour, ce jour où elle sera en âge de faire ses propres compositions. Mélange d’un art japonais et français, la petite fille dessinait des motifs, construisait, s’attelait à un savoir-faire qu’elle apprit à maîtriser pour le plaisir de voir un sourire fier sur le visage des hommes de la maison. Minutieusement, elle participait à chaque commande, adorant les innovations de son père pour parfaire un art et rendre heureux chaque client qui ressortait de la boutique. Parce que le client était roi, les demandes étaient à chaque fois uniques et précieuses. Néanmoins, dans ce tableau semblant si beau, une tâche noire s’ancrait et s’approfondissait dans leur famille. La maladie de son petit frère était apparue soudainement, pouvait être laborieuse certains jours, rendant Ame quelques peu irritable, mais devant sa gentillesse, il était difficile de lui en vouloir parce qu’il n’y pouvait rien. Elle apprit à contrôler sa jalousie enfantine et ses colères pour le bien à tous. Parce qu’atteint d’un problème au cœur, sa santé fragile poussait Ame à s’occuper de ce dernier puisque ses parents ne le pouvaient pas. Rapidement, elle devenait quelqu’un de responsable et mâture devant les soins et l’attention prodigué pour le petit dernier.


Elle vivait, voyait et se souvenait de choses qui arrivait à son frère. Les examens, les médecins, les messes-basses et les douces paroles pour la protéger de la vérité. Les coûts hospitaliers étaient une épine dans le pied, mais la famille s’en sortait. Entre la chocolaterie et le métier de sa mère, les affaires se maintenaient et la jeune demoiselle réussissait à avoir ce qu’elle voulait, mais altruiste de par son éducation, elle ne voulait qu’une chose : Que son frère soit guéri. La brunette se souvenait du sourire triste de ses parents à sa demande et même elle, savait que c’était vain, mais l’espoir qu’un jour le noir disparaisse de son tableau de vie, ne quittait ses pensées. Jusqu’à cette nuit sans lune où d’une crise cardiaque, son petit Tatsumi quitta leur monde pour celui des anges. L’impuissance qu’elle avait ressentie était semblable à celle de ses parents. De leurs regards, elle savait qu’il était trop tard. Sa bulle colorée se retrouva éclatée, les couleurs se ternissant d’un noir profond et d’un blanc immaculé. Les larmes coulaient peignant le tableau d’une tâche ineffaçable. Leur famille se retrouva brisée. Les funérailles terriblement sinistres de parents et d’une grande sœur disant au revoir à un être cher. Incapable de s’en remettre, malgré le soutien qu’elle avait, sa mère ne supporta pas cette perte et quitta Ame et son père, pliant bagage sans un regard en arrière. Abandonné tous les deux, les moyens financiers diminuant rapidement, son paternel dû fermer boutique en France. C’est seulement à cet instant, qu’elle apprit toute la vérité. Les affaires ne fonctionnaient plus bien et avec l’enterrement, la pente avait été plus rude que prévue, surtout après un salaire en moins dans leur vie quotidienne. Ainsi, son père étant japonais d’origine, il quitta Paris, emmenant sa fille avec lui. Elle du dire au revoir à toute une vie. A tant de souvenirs. Promettant à certains membres de sa famille qu’ils se reverraient, même si les espoirs étaient minimes, les sourires étaient ses dernières pépites. Ainsi commença une nouvelle vie, dans le pays du soleil levant.  








. Tokyo. Ville du soleil levant, ville d’un autre temps.


Maintenant qu’une nouvelle vie démarrée pour Ame, cette dernière n’en était pas traumatisée. D’une mère française à un père japonais, elle eut une éducation basée sur les deux cultures et très proche de sa famille, il n’était pas rare qu’elle passe régulièrement des mois chez ses grands-parents, au Japon. Contre toute attente, sa grand-mère est d’origine coréenne et la jeune fille prit tous les traits de cette dernière, étonnant les individus autour d’elle quand elle révélait ses origines. Elle l’emmenait même souvent en Corée, lui faisant découvrir une autre culture, sa culture. Habituée des voyages, sa mère l’avait déjà emmené en Angleterre ainsi qu’aux États-Unis. Le métier d’hôtesse de l’air avait de nombreux avantages et elle voulait le faire profiter à ses enfants, brisant toutes les barrières du monde. Impressionnant leurs grands yeux innocents et leur âme d’enfant. Mais maintenant qu’elle était partie, revoir sa famille en Europe était difficile. Couper les liens était impossible et la promesse éternelle de se revoir faisait vivre l’espoir. Ame maîtrisait donc trois langues facilement, l’anglais et l’allemand s’y ajoutant au cours de son cursus scolaire français. Intelligente, elle aimait simplement apprendre et assimiler rapidement ce qu’elle lisait, ses différents voyages agrandissant ses horizons. Malgré tout, elle avait intégré des écoles très modestes jusqu’à aujourd’hui. Son père n’ayant pas les moyens d’embaucher un quelconque employé, c’était Ame qui l’aidait au magasin.


Préparation, dressage, vente, commande, la jeune femme s’occupait de tout ce qu’elle pouvait afin de soulager son père. La fatigue de ce dernier pour offrir une vie comparable au passé, le rendait souvent malade et elle craignait parfois qu’il s’effondre ou que son cœur ne lâche comme son petit frère jadis. Il lui signifiait souvent que tout allait bien, mais ses toux et les rares visites chez le médecin l’inquiétait davantage. L’argent était ce qu’il leur manquait et elle savait que cela stressait son père qui s’en voulait de ne pouvoir lui offrir plus. Même si elle le rassurait au quotidien, il ne voulait pas qu’elle finisse par être comme lui, un homme aux trop grandes anxiétés. Ils vivaient à deux, dans un appartement au-dessus du magasin qui était plus grand que ce dans quoi ils habitaient. Mais au moins cela leur permettait d’être prêt là à seconde, dès qu’il fallait ouvrir ou fermer la chocolaterie. Aussi difficile qu’était devenue sa vie, la douleur se dissipait avec les années et aimée et protégée, sa bulle colorée se reformait autour d’elle, les couleurs plus vives qu’il ne l’était des années plus tôt. Même si le mal ne pourrait jamais être réparé, que la fracture ne pourra jamais se ressouder, il n’existait qu’elle et son père et c’était tout ce qui lui fallait pour être heureuse. Son père la forçait à sortir davantage, même si elle avait des amies en tout genre, jamais elle ne s’absentait longtemps. Malgré le noir qui l’effrayait désormais, elle pouvait compter sur les lumières autour d’elle pour apaiser ses peurs et adoucir ses nuits.