Taciturne + discrète + humble + altruiste + introvertie + gourmande + incertaine + solitaire + distante + secrète + indépendante + débonnaire.

Chitose est une personnalité complexe qu'il est difficile d'apprécier pleinement au premier contact car si elle a l'air souriante et sympathique on s’aperçoit bien vite qu'elle est en réalité fuyante et froide, et il est alors facile de la mettre dans la catégorie des gens difficiles. Le fait est que la jeune femme a ce qu'elle appelle une "émotivité calculée", c'est-à-dire qu'elle sait se servir de celle-ci et connait bien les limites à ne pas dépasser pour ne pas heurter son entourage - sa pire hantise. Loin d'être dans l'opposition, elle préfère simuler l'inertie ou le désintérêt plutôt que de se heurter aux autres. S'il fallait la décrire succinctement, on pourrait la définir comme étant sensible et discrète, attentive, patiente mais se repliant souvent sur elle-même et manquant souvent de confiance en elle même si même si les succès qu'elle rencontre lui donne vite de l'assurance. Elle tend facilement à se couper des réalités ou à vivre vite, dans une mobilité incessante comme pour ne rien manquer.

C'est une femme très sensible, même si elle donne l'impression d'être détachée, son moyen de défense étant de se protéger derrière une cuirasse de réserve ou de froideur. Son personnage déconcerte car elle est difficile à cerner, parlant peu, souriant beaucoup, se montrant distante mais pourtant curieuse. Paradoxe sur pattes, un peu dans la lune et dans son monde alors qu'elle montre d'elle une personnalité pragmatique, sérieuse et travailleuse, Chitose est aussi active et efficace là où on peut la croire passive et flegmatique. Méfiez-vous de sa petites bouilles et de son allure effaçée : elle pratique la systema (un art martial russe reposant sur l’efficacité et l’économie de mouvements) depuis une douzaine d'années et sait très bien se défendre ou défendre autrui. Son intelligence est de type synthétique, lui permettant de percevoir rapidement les tenants et aboutissants des situations. Intuitive, elle est agile intellectuellement et s'adapte vite aux nouveaux environnements ou aux situations non prévues. Les gens par contre le sont pas son violon d'Ingres. Elle ne cherche pas à retenir l'attention ou séduire car c'est un sujet qui la met mal à l'aise.

La jeune femme se pose beaucoup de questions sur la vie, le monde et la place et la mission qu'elle pourrait y tenir. En vrai, elle se pose bien trop de questions préjudiciables à sa sérénité mais Chitose est d'une nature inquiète malgré les apparences. Scrupuleuse et morale au point que cela peut parfois l'empêcher d'agir, elle doute perpétuellement d'elle-même, ne croit ni à sa chance, ni à son charme, persuadée que sa réussite ne reposera que sur ses efforts et son travail. Heureusement que Chitose a de la chance en général car elle n'est pas toujours très armée face aux difficultés de la vie. En elle se côtoient rigidité, principes et esprit de compassion.

Vous serez surpris de comprendre qu'elle est un peu un chat sauvage malgré son allure effacée et sa bonté extrême. Plutôt distante et directe quand elle est mal à l'aise, la jeune femme n'apprécie aucune forme de contraintes qui limiteraient son grand besoin d'indépendance et de fantaisie. Quand elle se sent gênée, Chitose a tendance à se montrer un peu rude avec les autres ou plutôt à laisser ressortir une face plus difficile, socialement un peu maladroite. Elle ne recherche pas vraiment la compagnie des autres et ses loisirs sont toujours solitaires : elle est passionnée par les mangas (Dragon Ball étant son préféré), la cuisine et la nourriture en général (on la voit souvent en train de manger tout et n'importe quoi sur le campus), les cartes de carddass (distributeurs automatiques de cartes à collectionner) et les sports de combat ; il lui est pourtant difficile d'échanger sur ses passions même avec une personne qui aurait les mêmes goûts. En conséquence, elle n'a pas vraiment d'amis et n'a jamais eut de relation amoureuse.

L'amour et la sexualité sont des domaine complexes pour Chitose, dans lesquels se mêlent crainte, indécision, manque de compréhension de na notion du désir ou de l'intérêt. Sa vie sentimentale est un terrain vierge et désert car n'ayant aucune confiance en son charme elle tend surtout au refoulement affectif pour garder les rênes de sa vie, craignant qu'elle change trop. Un petit ami, ça prend de la place et du temps et elle n'est pas sûre d'être prête pour ça même si la curiosité la prend un peu ces derniers temps. Sa plus grande difficulté sociale réside dans le fait qu'elle soit atteinte d'haptophobie, une phobie rare qui implique la crainte de toucher ou d'être touchée. Cette peur a des causes sensorielles et non traumatiques : Chitose a une sensibilité accrue au toucher et ressent les contacts intimes comme douloureux, imprévus ou envahissants. Si en général la jeune femme esquive plutôt bien les contacts ou se maîtrise en public, elle peut passer de frissons et des vertiges à des palpitations cardiaques ou carrément de l'urticaire cholinergique dans le pire des cas. Sa phobie est si ancrée en elle que Chitose est même incapable de prendre son père dans ses bras et ne parvient à toucher que son chat. Elle a déjà songé à voir un spécialiste mais se débine à chaque fois, se disant qu'elle à l'habitude de vivre en esquivant les contacts et que ce n'est "pas si grave"... curieusement lorsque c'est dans le cadre d'un sport de combat, elle est capable de faire abstraction de son aversion car les empoignades et coups sont extrêmement brefs dans la Systema et la contexte est différent pour elle, sans qu’elle sache vraiment pourquoi...

Chitose a passé une enfance des plus tranquilles dans la ville côtière de Kholmsk, sur l'île de Sakhaline. Son père, Yukio, était venu sur l'île pour y découvrir la flore - il était botaniste - et était resté pour les beaux yeux de Nina, une jeune secrétaire dont la mère était russe et le mère japonais. De leur union naquit donc une seule fille, Chitose, enfant silencieuse et disciplinée qui aimait passer ses journées à lire des mangas ou se promener sur les rivages, quand elle ne faisait pas le tour de la ville à vélo en solitaire. Fillette qui vivait dans son monde et ne recherchait pas vraiment  la compagnie de ses pairs, ses parents s'inquiétèrent de son isolement et la pensèrent un instant autiste car elle avait une sensibilité si élevée qu'ils ne pouvaient la toucher sans qu'elle soit paniqué ou parte en crise de larmes après ses six ans. On lui diagnostiqua une hypersensibilité sensorielle qui ne fit que se préciser d'années en années jusqu'à devenir une véritable phobie du contact physique.

A part cela, sa vie fut un long fleuve tranquille jusqu'à au début de son adolescence. Mais pour elle, point de crise adolescente ou de rébellion, ni de soucis scolaires ou sentimentaux : les garçons ne l'intéressaient pas et elle préférait se consacrer à Dragon Ball, aux cartes à collectionner et à la Systema où son père l'avait inscrite dans l'espoir de l'aider à dépasser sa peur, ce qui marcha partiellement. Ce fut une violente dispute entre ses parents qui brisa la plénitude de sa jeunesse, sa mère découvrant que son père avait une liaison avec un autre homme. Son père, homosexuel ? Et il trompait sa mère ? Incertaine plutôt qu'en colère, la petite fille questionna Yukio durant leur procédure de divorce. Pourquoi avait-il épousé sa mère s'il n'aimait que les hommes ? Sans jugement, elle écouta sa vérité, ses doutes, ses regrets et bien que la peur et la tristesse de voir sa famille se séparer soit présente, Chitose ne voulait que comprendre. Pourquoi les gens homosexuels doivent-ils ainsi se cacher et mentir ?

Nina demanda le divorce pour incompatibilité de caractère, préférant cacher la vraie raison. Comme Chitose avait déjà quatorze ans, elle eut le choix du parent avec qui elle allait vivre et choisi contre toute attente son père. Elle expliqua simplement à sa mère qu'elle "l'aimait plus que tout mais que son père avait besoin de soutien malgré le fait qu'il l'avait trompée". Yukio retourna alors dans son pays natal, le Japon, pour se rapprocher de ses parents et les présenter à Chitose. C'est ainsi qu'à quatorze ans, la jeune file intégra un lycée tokyoïte. Elle y passera une scolarité banale et sans vague malgré son comportement distant avec les autres élèves, ses rapports se bornant souvent à simplement échanger des cartes achetées aux carddass du coin, une de ses passions née au Japon. Elle entra dans différents clubs sur la demande de son père : celui de dessin et de mangas. Quelques garçons lui firent des avances mais mal à l'aise, Chitose déclina toujours poliment. 

L'adversité de la vie, Chitose la vécut par le biais de son père qui tenta de s'assumer en tant qu'homosexuel et perdit plusieurs emplois quand il ne se fit pas agresser par la rue. C'est à Shinjuku qu'il finit par ouvrir un petit bar ouverts non seulement aux gays mais à toutes personnes LGBTQ+, fait rare au Japon. Vivant au dessus du bar avec son père, la jeune fille découvrit un autre monde en croisant les clients et apprenant son histoire. Tour à tour surprise ou choquée du traitement qu'on réservait aux personnes différentes, Chitose sentit petit à petit l'envie de soutenir la communauté même si elle n'en faisait pas vraiment parti, pensait-elle. Combien de gens se mariait pour se cacher, ne vivait jamais pleinement leurs sexualités, ou tout simplement se suicidaient ? Elle avait souvent craint qu son propre père ne se donne la mort... personne ne devrait être seul, livré à lui-même parce qu'il est différent.

Elle intégra l'université de Chuô dans le secteur artistique où encore une fois elle ne fit aucune vague. Bonne élève, assidue, discrète et efficace, curieuse et travailleuse. Ce fut à cette période que Chitose parvint un peu à s'ouvrir aux autres comme elle prenait un peu d'âge et comprenait les enjeux de la vie. Pourtant les relations romantiques ne l'intéressait toujours pas le moins du monde et elle rejetait toujours les quelques soupirants qui tentaient de la séduire, se demandant ce qu'ils trouvaient à une fille comme elle. Devenir professeure lui vint en suivant l'exemple de son propre professeur d'Histoire de l'Art qu'elle admirait énormément et qu'elle remplaça au pied levé sitôt ses études finies, le vieil homme partant à la retraite. Ses intenses recherches d'emplois avaient rapidement payé car elle avait toujours eu de la chance.

Sa première rentrée se fit sans heurts malgré le fait que certains étudiants encore dans leurs cursus la prenne encore pour l'une des leurs en raison de sa jeunesse ou du simple fait qu'elle travaille à présent là où elle venait de finir d'étudier. La situation cocasse l'amuse plus que ne la met mal à l'aise et Chitose essaye de suivre ses collègues les soirs où ils sortent dans des izakaya ou autre, mais c'est difficile pour elle. Peut-être est-il temps qu'elle essaye de rencontrer quelqu'un. Après tout avait-elle déjà vingt-cinq ans et la société allait la mettre au pilori. Mais à bine y penser, elle n'était pas si différente de celles et ceux qu'on condamne car ils vivent différemment de la norme, comme son père ou ses ami.e.s du bar...

Asexuelle, disait une page internet consultée à la hâte en cherchant si elle n'était pas la seule à ne rien éprouver face aux choses intimes et romantiques. Mettre un mot sur les choses était tellement rassurant, tellement bénéfique... elle se sentit mieux, plus sereine. Elle n'était pas toute seule dans son cas et se dédierait à faire du lien entre les gens sortant de la norme : c'était son objectif de vie.