Aujourd'hui devait être une journée plutôt calme. En temps normal, j'en aurai sans doute profiter pour m’entraîner d'avantage, ou répéter pour mes cours de théâtre, mais j'avais décidé de m'accorder un peu de temps libre. J'ai beau être entièrement concentrée sur mes objectifs, je sais que si je me surmener c'est le meilleur moyen de me blesser et de mettre un gros frein à mes projets. Alors cette journée sera dédiée à des activités certes moins productives, mais nécessaire à mon moral. Le tout est trouver le juste équilibre et je pense que je ne m'en tire pas trop mal. Je me suis donc levée tôt ce matin, j'avais prévu de rendre visite à mes grand parents restés à Tokyo et le temps de trajet entre la résidence et le centre ville me prendrai déjà un moment. Toutes les autres filles dormaient encore quand je suis partie, j'espère qu'elles n'iront pas s'imaginer que j'ai découché. Quoi que, de toute façon, je m'en fiche, elles pourront bien ce qu'elles veulent. Parce que quand bien même j'aurai passé la nuit dehors, en quoi cela les regarde ? Chacun fait encore bien ce qu'il veut, n'en déplaise à certains. Bref. J'avais donc passé la matinée avec ma famille et ils avaient même réussi à me garder pour manger. Sois-disant que j'étais trop maigre, que j'avais perdu trop de poids et que je ne devais certainement pas me nourrir assez. J'avais beau leur dire que la pratique régulière et intensive de sport avec sculpté mon corps, ils ne voulaient rien entendre. C'est à peine si j'avais pu éviter de repartir les bras chargés de gâteaux. C'est que j'avais prévu d'aller faire un peu de shopping et ça n'aurai fait que m'encombrer, pas pratique pour faire les magasins.

Après avoir flâné pendant prêt de deux heures, je me retrouvais dans Takeshita street avec la désagréable sensation d'être observée. Bon il y avait toujours beaucoup de monde dans cette rue et j'aurai pu croire que j'étais parano, mais ce n'était pas mon genre. Mon sixième sens ne m'avais jamais fait défaut, alors je ne vois pas pourquoi il en serai autrement aujourd'hui. D'un coup d’œil discret derrière moi, je pu apercevoir deux hommes qui me fixaient du regard. Une coïncidence ? Peut-être, peut-être pas. Pour en avoir le cœur net, je m'arrêtais d'un coup, feignant de chercher quelque chose dans mon sac. Comme je m'y attendait, ils se figèrent également faisant mine de rien. J'étais bel et bien suive par ces deux hommes. Quelles étaient alors mes options ? Déjà ne pas paniquer. Ils ne tenteraient certainement rien dans une rue aussi fréquentée que celle-ci, mais il faudrait bien que je retourne à le résidence à un moment ou l'autre. Il me fallait une meilleure échappatoire. En tant que femme, seule, je n'avais aucun chance de m'en sortir seule. Devrais-je appeler un ami ? Ce serai sans nul doute ma meilleure option. Tandis que je réfléchissais, j'avais repris ma marche, histoire de faire comme si je n'avais rien remarqué de leur petit manège. Et c'est là que je l’aperçu, Yume. C'était une bonne amie que j'avais rencontré par hasard lors d'une de ses expositions. Par la suite, nous nous étions recroisée dans les couloirs de Chuo que nous fréquentions toutes les deux. C'est ainsi que nous avions tisés notre lien d'amitié. Elle ne m'avait pas encore remarquée tandis que je me dirigeais vers elle d'un pas décidé. ''Yume ! Si tu savais comme je suis contente de tomber sur toi.'' A deux, ça rééquilibrait les choses et j'espérais que ça ferai fuir mes poursuivant. Loin de moi l'envie de mettre mon amie dans les ennuis.

Tandis que j'adressais un sourire mi soulagé, mi stressé à Yume, je ne pu m’empêcher de soupirer de frustration. Pourquoi fallait-il que ça m'arrive ? En ce moment, il ne m'arrive que des tuiles. Soit je suis la personne la plus malchanceuse de la ville, soit quelqu'un m'a jeté un mauvais sort. Enfin, si tant est qu'on croit à ce genre de chose. Je ne sais pas si j'y crois, mais là n'est pas la question actuellement. Mon amie comprend tout de suite qu'il se passe quelque chose de bizarre, mais pour autant, elle réagit de la meilleure des manière, comme si il n'y avait rien. "Je suis passée voir ma famille ce matin, et puisque j'étais en ville, j'ai voulu en profiter pour faire les magasins. C'est sympa de tomber sur toi. " Tandis que je lui répondais, elle était déjà entrain de m'entraîner vers une boutique de lingerie. Je laissais échapper un léger rire, c'était une idée qui ne me serai pas venue à l'esprit, mais une idée plutôt intelligente. Il y avait très peu de chance pour que  mes poursuivants entre dans le magasin avec nous.

" Et bien, je ne sais pas trop, ça fait un petit moment que je les ai remarqué, mais peut être qu'ils me suivaient déjà avant. " Bon pour l'instant, on avait rien à craindre ici, je me permit donc de me relâcher.  J'étais tendue et en alerte depuis que je les avait repéré. En revanche, on ne pourrai pas rester là indéfiniment et s'ils ne se lassaient pas et qu'ils attendaient simplement qu'on sorte de là ? " Tu penses qu'ils vont partir ? " Je lui jettais un regarde anxieux. " Je suis désolée de t'embarquer dans cette galère. " La pauvre n'avait rien demandé, mais je n'avais pas su quoi faire d'autre. " Tu crois qu'on devrai prévenir quelqu'un ? Juste au cas où... " Au cas où quoi ? Je n'en savais rien et je préférais ne pas l'imaginer. Mon esprit et mon imagination débordante pourrai facilement se faire des films et partir dans les pires scénarios. Est-ce qu'appeler la police dans une situation comme celle-ci était quelque chose qui se faisait. Après tout, ces hommes n'avaient encore rien fait, si ce n'est me suivre, mais ils pourraient toujours prétendre qu'ils allaient simplement dans la même situation que moi et que j’étais complètement parano.

Yume confirmait tout haut ce que j'avais pensé sans le lui dire, à savoir que nous devrions tôt ou tard les affronter. Enfin, parler d'affrontement était sans doute un poil exagéré. Je n'avais aucun intention d'aller me confronter à eux et je doute que se soit dans l'idée de mon amie également. Mais les faits étaient là, il était évident qu'ils avaient pris la décision d'attendre que nous ressortions de la boutique. Je n'avais aucun envie de savoir ce qu'ils avaient prévu de faire et je ne voulais en aucun rester les bras croisés à attendre que la situation empire. Heureusement pour nous, Yume avait des gens sur qui compter. Je dois bien avouer qu'à l'heure actuelle, si elle n'avait pas été là, je n'aurai pas su qui appeler à l'aide. Appeler une amie ne me serai pas avenu à l'esprit, c'est triste à dire, mais dans ce genre de situation, il vaut mieux avoir un homme sur qui compter. Bon, il existe des pratiques de self défense qui peuvent aider, mais je ne les connais pas. J'avais bien quelques amis et connaissances et me doute évidence, personne en qui j'aurai assez confiance dans ce genre de situation. En revanche, il était évident que je ne parlerai pas de cette histoire à ma famille, mes grands parents feraient en sorte de me faire revenir vivre chez eux et de m’interdire de sortir seule et il est certain que mon père approuverait. Toujours est-il que j'étais soulagée que Yume puisse faire appel à ses aînés, je ne les connaissait pas, mais rien que de savoir qu'ils accouraient pour nous venir en aide me laissait penser que c'était des gens biens. Mais en tant qu’aînée, je ferai certainement la même chose pour ma petite sœur, bon peut être pas en ce moment vu qu'elle est à l'autre bout du monde, mais si elle devait m'appeler en plein milieu de la nuit, je lui répondrai et ferai en sorte de lui trouver une solution à n'importe quel problème. « D'accord, continuons à faire comme si de rien n'était. » C'était la meilleure stratégie. Je fis donc mine de me mettre en quête de nouveaux sous vêtements, je n'en avais pas vraiment besoin, mais je saurai faire comme si c'était le cas, j'étais une bonne comédienne après tout. Alors que je faisais semblant de m'intéresser à un ensemble, j'écoutais Yume me raconter qu'elle savait elle aussi se mettre dans les ennuis toute seule. Quelle genre de galère avait-elle bien pu rencontrer ses derniers temps ? J'avoue que j'aurai bien aimé le savoir. « Ah oui ? Faut croire qu'on a pas de chance en ce moment.»

Finalement les dix minutes d'attente s'écoulèrent assez rapidement et Yume me prévint que son frère était là et que nous allions pouvoir y aller. Elle n'avait qu'a passer la caisse avant. J’acquiesçais et la regarder se diriger vers les vendeuses pour payer ses achats. Malgré le fait que je savais que son frère serai présent, je ne pouvais m’empêcher de me demander si tout se passerait bien. Je pense que ni Yume, ni moi, n'avions besoin d'un drame dans nos vies. Mais j'imagine que tant que je ne serai pas sortie de cette boutique, mes interrogations n'auraient pas de réponse. Et d'un côté, j'en avais marre d'attendre bêtement que les choses nous tombe dessus. Je laissais alors mon amie m’entraîner vers l'extérieur en direction d'un homme que bien évidement, je ne connaissais pas. Je lui faisais un signe de la tête tandis que Yume faisait les présentations. Je le remerciais d'être venu, me sentant déjà un peu plus en sécurité en sa présence. Je ne peu alors m’empêcher de lancer un regard discret en direction de nos poursuivants. Je me figeais un instant en remarquant que l'un nous regardais avec un sourire pervers. J’eus un léger frisson de dégoût avant de me détourner. Je ne sais pas si Yume et son frère avait capter cet échanges de regards, mais si ce n'était pas le cas, je préférais ne pas leur en parler. Autant éviter de rajouter de l'huile sur le feu. Je reportais donc mon attention sur Yume qui venait de me poser une question sur ma famille. « Oui, j'ai une petite sœur, elle est restée aux États-Unis avec mes parents. » Je n'avais pas eu de nouvelles depuis un moment de ma famille. J'imaginais assez facilement que ce n'était pas facile de trouver un moment de libre avec l'emploi du temps de mon père et puis, j'avais été pas mal occupée moi aussi. Il faudrait au moins que je prenne le temps de les appeler, en espérant ne pas tomber sur ma mère. Je n'avais pas vraiment envie d'avoir de ses nouvelles et j'espérais vraiment qu'elle n'avait pas reporter sa frustration de me voir partir sur ma sœur. Tant que j'avais été là, j'avais été celle sur qui elle avait reporté ses rêves, épargnants ainsi à ma sœur de vivre la même enfance que moi, mais qu'en était-il depuis que je n'étais plus là ? J'avais pris un air préoccupé. Je n'avais pas eu le temps d'y penser, mais au fond, je m'inquiétais pour elle. Est-ce que Yume se rendait compte que j'étais perturbée ? Peut être le mettrait-elle sur le compte de la situation, après tout, je ne lui avait pas encore parler de celle que j'étais avant, et je n'étais pas certaine d'avoir envie de lui révéler cette partie de moi pour l'instant. Je me demandais si elle serait toujours heureuse d'être mon amie en sachant les choses que j'avais été capable de faire. "J'espère avoir l'occasion de la revoir dans pas trop longtemps." Mais je savais que je n'étais pas prête de rentrer, non pas que j'en ai particulièrement envie, j'étais bien ici, bien plus apaisée et heureuse que je ne l'étais avant.