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Pourquoi ici et maintenant ? (Ft. Ken)
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Pourquoi ici et maintenant ? (Ft. Ken)
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Une réunion d’anciens élèves du lycée. J’avais reçu l’invitation il y a de cela plusieurs jours. Dans un premier temps, je m’étais contentée de l’ignorer. Etant donné ce que j’avais vécu à cette époque, je n'étais pas certaine d’avoir envie de recroiser tous ces gens. Je ne suis pas particulièrement rancunière, mais je ne garde pas que des bons souvenirs de mes années lycée et l’idée d’aller à la rencontre des mes anciens bourreaux ne m’enchantait pas plus que ça. Pour dire vrai, j’avais tiré un trait sur tout ça en partant poursuivre mes études en France et je n’avais gardé de contact avec personne.
Mais finalement, nous avions tous grandi, nous étions tous devenus des adultes, les mentalités avaient forcément évolué. Après tout, il ne s’agissait que de gamineries. Certes cruelles, mais des gamineries quand même. Et si j’étais prête à passer à autre chose, j’espérais que eux aussi. Et puis, je n'avais pas grand chose à perdre, j’allais m’y rendre sans en attendre quoi que ce soit, qui sait, peut être aurai-je une bonne surprise. Je n’avais pas non plus que des ennemis à l'époque et avec un peu de chance, je tomberai sur des gens avec qui passer un bon moment, sans prise de tête. Sociabiliser un peu ne me fera pas de mal. Parce qu’en dehors de la routine du boulot, on ne pouvait pas dire que j'avais fait beaucoup de rencontres depuis que j'étais revenue à Tokyo. Ceci dit, le but de ce genre de retrouvailles n’était-il pas de se remémorer les souvenirs du passé ? Pas sûr d’avoir envie de rappeler à tout le monde que j’étais une victime. Je pense que je me contenterai d’évoquer ce que nous sommes devenus depuis, inutile de mettre un malaise bêtement.
J’avais donc pris ma décision, j’irai et si ça devait s’avérer décevant, je pourrai toujours partir en avance.
Tandis que je me rendais à la gare pour prendre le train direction le centre de Tokyo, je ne pouvais m'empêcher de me demander qui j’allais revoir là-bas. Je me doutais bien que tout le monde ne serait pas présent. Certains avaient dû quitter la ville, voire même le pays comme moi je l’avais fait durant plusieurs années. Combien d’entre nous serait là ? L’invitation renseignait le lieu des retrouvailles dans un restaurant du quartier de Shibuya et plus je m’approchais, plus je commençais à me sentir nerveuse. Je n’aurai pas pu expliquer pourquoi mais le stress me tordait l’estomac, restait à espérer que ce n’était que passager et que cette sensation désagréable me passerait une fois à l’intérieur.
Je n’étais pas en avance et je m’attendais donc à ne pas figurer parmi les premiers arrivants. Lorsque je pénétrais enfin dans le restaurant, je pu en effet constater qu’un certain nombre de personnes étaient déjà présentes. Je me forçais à afficher un sourire serein sur le visage et poussais un soupir avant de m’avancer pour aller saluer un petit groupe en pleine discussion. Et c’est là que je le vis. Mon cœur rata un battement. Comment avais-je pu ne pas envisager sa présence à lui ? Toujours aussi beau, peut être même plus. Celui pour qui j’avais tant souffert et à qui j’avais brisé le cœur. Anzai Ken. Je ne sais pas ce que je m’étais imaginé, mais en tout cas, j’avais complètement laissé de côté la possibilité de tomber sur lui ici et maintenant. Que devais-je faire ? Il ne semblait pas encore avoir remarqué ma présence et je n’étais certaine de savoir si c’était une bonne chose ou pas. S’il y avait bien une personne capable de me faire perdre pied aujourd’hui, c’était lui. « Ishikawa, tout va bien ? » Je sursautais en entendant mon nom. Je m’étais bêtement figée, oubliant ceux avec qui j’avais entamé une discussion. Je secouais la tête. «Oui, oui ça va.» Non ça n’allait pas, mais qu’aurais-je pu dire ? Visiblement ma réponse suffit à les rassurer puisqu'ils ne posèrent pas plus de questions. J’essayais alors de suivre distraitement la conversation, sans toutefois pouvoir m'empêcher de jeter de coup d'œil à Ken. Avais-je envie qu’il me remarque ou non ? Voilà une question à laquelle j’étais bien incapable de répondre.

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Ken avait longuement hésité avant d’accepter de se rendre à la réunion des anciens du lycée. C’était une intello de la classe de l’époque qui avait lancé le mouvement. Elle avait réussi à réunir les LINE d’un grand nombre de personnes des terminales de l’époque. De toute façon, c’étaient toujours les intellos qui aimaient ce genre de retrouvailles, non ? Pff, quel cliché Ken, quand même ! Mais bon, après tout ce n’était pas toujours une mauvaise initiative. Pourtant Ken ne gardait quasiment que des mauvais souvenirs du lycée, d’où son hésitation. Le lycée avait été pour lui synonymes de beaucoup d’événements forts en émotion : l’appartenance à ce groupe de mecs populaires, les Kaze no Shônen, encore un truc totalement ridicule qui lui avait valu d’être le centre de l’attention alors qu’il détestait ça. Il se souvenait encore de la froideur de Hanazawa Shin et son côté je veux tout contrôler. Puis y avait eu ce système de coaching et … Oh il avait oublié. Mais cette invitation avait fait remonter des souvenirs, dont certains assez douloureux et pas encore tout à fait cicatrisés, comme sa relation avec Ishikawa Hikaru. Un amour de collège, puis un amour de lycée. Puis une relation sérieuse de fac. Et un départ à l’étranger. La seule fois où Ken avait mis les pieds en dehors du Japon. La France. Elle s’y était plu, elle y était restée, ils avaient souffert puis rompu. Parfois Ken lui en voulait, parfois il comprenait. Une partie de lui était encore attachée à elle. Etait-ce pour cela qu’il avait été si patient avec Moana pendant l’année précédente ? Parce que ça lui permettait de continuer de penser à Hikaru dans un coin de sa tête sans trop culpabiliser puisqu’il n’était pas encore en couple ? Aucune idée, Ken était trop simple d’esprit pour se creuse autant la tête. Puis Moana c’était aussi du passé maintenant. Elle était partie, elle aussi. Aux Etats-Unis, sa patrie de naissance. Il avait quoi Ken à faire fuir ses copines à l’autre bout de chez lui, hein ? Il allait finir gay à ce ryhtme-là … Bon sang.

Puis finalement, il avait accepté. Le soir de l’invitation, il n’avait pas de match de prévu. Il s’était beaucoup entraîné récemment et un break mental ne lui ferait pas de mal. La solitude à l’appartement commençait à lui peser, il n’avait toujours pas réussi à passer le cap de lancer un avis de recherche de colocation. Alors autant vous dire qu’un aussi grand appart, déjà que c’était rare à Tokyo lorsqu’on ne roulait pas sur l’or, pour une seule personne, ça faisait vraiment vide. Et le vide, Ken n’aimait pas ça, généralement il le comblait avec la bouffe. Et qui disait retrouvailles disait izakaya ou restaurant et donc : bouffe. CQFD. Oui Ken était toujours glouton, depuis l’enfance et jusqu’à la tombe. La gourmandise était un vilain défaut, un péché pour d’autres mais c’était son petit plaisir personnel. Puis, sportif comme il était, il pouvait se le permettre un peu, non ?

Le restaurant était rempli et bruyant, et vu le nombre de convives, le sportif trouva rapidement la table réservée. Au final, sur une classe d’une trentaine de personnes, seule la moitié voire moins s’était présentée, visiblement. C’était mieux que rien. Le jeune homme balaya la tablée du regard : pas de tête vraiment connue. Oh, si ! Nobuo ! Sans blague, il était venu ! Trop bien. C’était son meilleur ami au lycée et il ne savait même pas comment ils s’étaient perdus de vue. Ken se demandait si ce dragueur de service avait fini par se ranger au final … Saluant tout le monde chaleureusement en faisant mine de péter la forme alors qu’intérieurement c’était le Titanic, Ken s’installa à côté de Nobuo en profitant de la place libre et ils commencèrent à converser comme au bon vieux temps.
Alors qu’il bavardait tranquillement avec Nobuo, oubliant à quel point les réunions d’anciens élèves pouvaient être barbantes, il surprit sans le vouloir une conversation et entendit le nom « Ishikawa ». Au début, il pensa que c’était son imagination qui lui jouait des tours car il se sentait seul et perdu, et il se reconcentra dans sa conversation. De toute façon, qu’est-ce qu’elle ferait ici, puisqu’elle était en France ? Et pourtant, tout en discutant, il ne put s’empêcher de balayer la tablée du regard, et c’est là qu’il la vit : elle était encore debout, venant sûrement d’arriver. Toujours aussi jolie. Il ne se rendit pas tout de suite compte qu’il la fixait de manière parfaitement impolie, jusqu’à ce que Nobuo le sorte de sa torpeur :

« Eh mec, t’es parti sur Mars ou quoi ? Tu me reçois ? »

Secouant la tête, il détourna le regard et décida d’ignorer la présence d’Hikaru pour le moment, incapable de savoir comment réagir face à son retour. Il avait trop de questions qui se bousculaient dans son esprit depuis quelques secondes, et son cœur s’était accéléré. Il n’était absolument pas prêt à ça, surtout après le départ récent de Moana et le bordel dans sa vie. Pourquoi maintenant ?

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Je n'avais pas prévu de me retrouver dans une situation comme celle-là, j'avais été bête de ne pas y avoir pensé. Ken était la première personne à laquelle j'aurai du penser en envisageant de venir à ces retrouvailles. Mais sans doute avais-je justement préféré le laisser dans un coin de ma tête, par peur de remuer des souvenirs douloureux. Et peut être aussi qu'au fond, je nourrissais cet espoir de le revoir. Mais pas dans ces circonstances. J'aurai voulu pouvoir maîtriser la situation et si possible ne pas nous retrouver en compagnie d'une quinzaine d'autres personne. Non ce n'était décidément pas comme ça que j'aurai envisagé nos retrouvailles à nous. Je me retrouvais submergée par des émotions contraires et je n'avais pas la moindre idée dont j'allais pouvoir gérer ça. Le revoir me faisait un pincement au cœur et en même temps, je ne pouvais m’empêcher d'être heureuse qu'il soit là. Si j'avais réussi à faire semblant tant que j'étais à l'autre bout du monde, tomber sur lui aujourd'hui me faisait prendre conscience de la réalité. Il m'avait manqué. Mais je savais aussi que je n'avais aucun droit de débarquer dans sa vie après toutes ces années. J'étais partie, je l'avais laissé tomber et même si je savais que c'était la décision qu'il fallait prendre à l'époque, en y repensant aujourd'hui, ça me faisait toujours aussi mal.

Je hochais la tête alors que la conversation suivait son cours. Incapable de me concentrer sur ce qui se disait. J'ai vu qu'il m'avait regardée un moment, mais il avait finit par détourner le regard. Alors c'est tout ? Est-ce que tout ce qu'il restait entre nous désormais serai de l'indifférence ? Je ne sais pas à quoi je m'étais attendue de toute façon. Je voulais lui parler, lui expliquer, mais pour lui dire quoi exactement ? En réalité, j'aurai surtout voulu savoir s'il était heureux. C'était bien pour ça que j'avais mis un terme à notre relation, pour qu'il vive sa vie et trouve le bonheur sans m'attendre. Je laissais échapper un soupire, pourquoi donc étais-je venue ici déjà ? Je m'excusais brièvement avant de m'éloigner de la table à la recherche des toilettes, j'avais besoin de m'éloigner. Il fallait que je reprenne le contrôle de mes émotions. Et dire que je ne m'étais même pas encore assise. Peut être que je pouvais encore partir, faire comme si tout ça n'avait pas vraiment eu lieu, comme si lui et moi ne nous étions pas trouvé au même endroit. Plantée devant le lavabo, je passais en revue mes options. Je n'en avais que deux. Retourner m’asseoir ou partir. Mais je savais que je pouvais pas partir, je ne le voulais pas. Alors j'y suis retournée, prenant cette fois bien soin de ne pas reposer les yeux sur lui. J'allais faire comme si tout était normal, si lui avait décidé de m'ignorer, moi aussi j'en serai capable. J'essayais cette fois de me concentrer sur ce qui se disait, vraiment. Prenant même le temps de glisser une ou deux phrases au sujet de mes études en France et de mon récent retour à Tokyo. Mais rien n'y faisait, une partie de mon esprit restait focalisée sur lui.

« Je suis désolée, mais je ne peux pas... » Je ne peux pas quoi ? Être là, si prêt de lui sans pouvoir lui parler ? Je laissais ma phrase en suspend, tout cela était ridicule. Je n'aurai jamais du venir, je ne me sentais pas à ma place parmi eux. Je ne l'avais jamais été. Encore moins maintenant que Ken et moi ne partagions plus rien. Je me levais brusquement, sans doute un peu trop vite puisque le bruit de toutes les conversations de la tables c'était soudainement arrêté. Et voilà, maintenant, j'avais attiré l'attention de tout le monde. Sans même m'en rendre compte, j'ai alors cherché à accrocher son regard. C'était plus fort que moi. J'ai affiché un sourire désolé. Il pourrait passer aux yeux de tous comme étant une excuse pour le dérangement, mais en réalité, il n'étais adressé qu'à lui, pour le mal que je lui avais fait. Mais je ne savais pas quoi dire. Ni à lui, ni aux autres alors je restais plantée là pendant de longues secondes qui me parurent durer une éternité. « Je dois... Je dois y aller... Je... J'ai été heureuse de tous vous revoir aujourd'hui. » Je ne l'avais toujours pas quitté des yeux. Pourquoi en étais-je incapable ? J'ai fini par rompre ce contact visuel, je devais mettre un terme à tout ça. Alors que je me dirigeais vers la sortie, je luttais  contre cette envie de me retourner et d'aller le chercher pour l’emmener loin de tout ces regards, pour pouvoir lui parler enfin, pouvais-je faire ça ? Au point où j'en étais, je n'avais plus grand chose à perdre. Je fis donc une nouvelle fois le chemin jusqu'à la table, jusqu'à lui. « Est-ce que tu accepterais de venir discuter avec moi... un peu plus loin ? » S'il me disait oui, et j'espérais qu'il le fasse, je ne voulais pas que notre conversation soit écoutée par nos anciens camarades.

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Si Ken s’était attendu à voir Hikaru ce soir-là, il ne serait pas venu. Quoique, une partie de lui bien trop curieuse et encore attachée à elle aurait quand même hurlé qu’il fallait y aller. Puis bon, louper de la bonne bouffe quand même … ! Plus sérieusement, il se serait surtout préparé mentalement, aurait bu un verre de rhum cul sec avant de venir ou quelque chose du genre histoire d’assumer. Là, à la place, il avait vécu un cruel ascenseur émotionnel, entre les retrouvailles avec son meilleur ami du lycée Nobuo et la présence d’Hikaru. Il était passé de très joyeux et détaché à crispé et paniqué. C’était en partie pour cela qu’il avait décidé d’ignorer la présence de la jeune fille dans un premier temps, tout simplement parce qu’il n’avait aucune idée de comment réagir à cette situation. Il ne fallait pas qu’il montre à quel point il était désarçonné, il ne voulait pas perdre figure devant tout le monde. Mais clairement, son esprit était parti à des années lumières de cette soirée de retrouvailles lycéennes. Il tentait de se concentrer tant bien que mal sur sa conversation avec Nobuo mais il était beaucoup trop distrait. Ce dernier finit par comprendre que quelque chose n’allait pas, et il se tourna pour voir lui aussi qu’Hikaru était là.

« Quoi mais … Vous n’êtes plus ensemble ? »

Bon, cette soirée allait se transformer en cauchemar, il allait devoir tout expliquer à Nobuo qui devait certainement penser que depuis le lycée, ils avaient continué à se côtoyer et s’étaient depuis installés ensemble avec des projets de mariage et d’enfant après les études. Bon, si le début était vrai, la suite ne s’était pas du tout déroulée ainsi malheureusement.
Alors qu’il était en train de raconter les événements à son ami, il vit du coin de l’œil qu’Hikaru s’éclipsait. Elle partait ? Non, il l’aperçut se diriger vers les toilettes. Elle devait être aussi perturbée que lui après tout. Puis elle était revenue dans le groupe, tentant de discuter avec un groupe de filles tandis qu’il restait dans son coin avec Nobuo. Heureusement, il avait raconté les bribes de leur histoire assez vite pour avoir terminé lorsque la principale concernée était revenue. Et il avait parlé assez doucement pour que seul son ami l’entende. Il n’avait pas spécialement envie d’étaler sa vie privée au milieu de personnes avec qui il n’avait plus aucune affinité.

Ken ne put en revanche ignorer le moment où la jeune femme annonça haut et fort qu’elle devait partir et remerciait tout le monde, même s’il ne l’avait pas entendue dire qu’elle « ne pouvait pas ». Tout le monde s’était arrêté dans ses discussions, des filles avaient chaleureusement répondu un « au revoir » banal en lui souhaitant de la revoir bientôt, quelques gars la saluèrent brièvement, et Nobuo et lui restèrent statiques. Il ne savait même pas quoi dire. Son cœur battait à tout rompre, il était partagé entre se lever pour la retenir et la laisser partir et fermer un chapitre de sa vie pour de bon, comme elle était elle-même en train de le faire. Elle n’était plus capable d’être dans la même pièce que lui sans se sentir mal. Lui non plus. C’était délicat, vraiment. Il la regarda partir lentement mais fermement vers la sortie, le cerveau fonctionnant à mille à l’heure. Nobuo lui tapota sur l’épaule, prêt à lui dire d’arrêter ses bêtises et d’aller la voir, mais ce fut elle qui se retourna et revint à sa hauteur pour lui demander d’aller discuter en privé. Interdit, Ken ne sut pas quoi répondre. Lorsqu’il revient à ses esprits, il finit par acquiescer et dit :

« Euh, oui bien sûr. Donne-moi une minute. »

Il se retourna vers Nobuo qui lui adressa un clin d’œil confiant, et lui laissa rapidement son numéro et son LINE pour pouvoir se recontacter. Hors de question qu’il reperdre contact avec son meilleur ami du lycée, il n’avait même pas eu le temps de lui demander ce qu’il devenait et ce qu’il faisait de sa vie ! il faudrait qu’ils se revoient à l’occasion tout de même. Il se leva, prenant son sac et laissant un peu d’argent sur la table pour régler sa part, qu’il confia à Nobuo. Il y avait plus que prévu mais cela ne le gênait pas.

« On se revoit bientôt hein ! » dit-il à Nobuo.

Il salua l’assemblée d’élèves et rejoignit Hikaru pour sortir du restaurant. Non, il n’aurait pas l’occasion de toucher à la bonne bouffe de ce restau. Quelle tristesse. Mais il avait plus important à faire que de satisfaire son estomac pour le moment. Ca allait forcément jaser à table, mais tant pis, il n’allait pas revoir ces gens de sitôt en dehors de son ami qui lui, le soutenait dans son délire.

« Hm, où veux-tu aller ? » se contenta-t-il de dire, incapable de dire mieux. Ce serait sûrement à Hikaru de faire le premier pas pour la conversation sérieuse, il était trop déboussolé pour ça.

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J'avais l'impression que le temps s'étirait à volonté, attendant plantée devant Ken, craignant qu'il me dise non, ou pire qu'il ne réponde jamais. Mais je voyais bien qu'il était perturbé par tout ça, au moins autant que moi, peut être même plus. J'imagine que mon retour devait lui faire un choc et la façon dont il l'avait découvert ne devait pas l'aider. Mais enfin, il me fit entendre sa voix, me demandant simplement de lui laisser quelques minutes. J’acquiesçais alors en silence, m'éloignant quelque peu pour lui laisser le temps de dire au revoir convenablement et aussi pour le laisser reprendre un peu ses esprits. Quant à moi, je ne savais pas ce que j'allais lui dire, enfin, j'aurai certainement un millier de choses à lui dire ou à lui demander, mais je n'y avais pas vraiment réfléchis. Alors quoi ? Comment était-on sensé engager une conversation avec un ex petit ami qu'on a laissé tomber il y a des années ? Ce n'était pas le genre de situation qu'on rencontrait régulièrement et il n'existait pas de mode d'emploi. J'avais simplement agis sur un coup de tête, sans y penser vraiment. J'avais eu cette envie, ce besoin d'aller le voir. Seulement maintenant qu'il m'avait rejoint, je ne savais plus quoi lui dire. Entourée de tout nos anciens camarades, ça avait été perturbant, mais désormais seule avec lui, c'était gênant.

Il me demanda alors où je voulais aller. Ça non plus je n'y avais pas réfléchis. « Je ne sais pas, tu veux aller prendre un thé, ou un café ? Sinon, on peut simplement marcher ? » Marcher m'éviterait certainement d'avoir à le regarder dans les yeux, mais était-ce vraiment ce que je souhaitais ? Lui dire toutes ces choses que j'avais sur le cœur sans pouvoir lire dans ses yeux ce qu'il ressentait ? Je n'étais pas certaine de savoir ce qui était le mieux, alors je m'en remettais à lui pour prendre cette décision. Je savais que le reste allait reposer sur moi, après tout, c'était moi qui lui avait demandé de me suivre. Et dans l'immédiat, il y avait cette question qui me brûlait les lèvres. « Est-ce que tu vas bien ? » Je ne parlais pas seulement de l'instant présent, parce qu'il était évident que la situation était compliquée pour lui comme pour moi, je voulais savoir si il allait bien dans sa vie en général. « Je veux dire, est-ce que tout se passe bien pour toi depuis... ? » Depuis que je t'ai quitté ? Je ne pouvais quand même pas dire une chose pareil. Alors quoi ? Comment pouvais-je terminer cette phrase sans lui remémorer des souvenirs douloureux ? Rien que d'y penser, ça me brisait le cœur une nouvelle fois et je ne voulais pas lui infliger ça, mais c'était certainement trop tard... Alors je me suis tue, parfois c'était la meilleure chose à faire, cette phrase resterait en suspens, tant pis. « Je suis désolée... » Je ne pouvais pas être plus sincère, j'étais désolée pour le mal que je nous avais fait, mais également pour cet instant, je ne savais pas comment agir, ni quoi lui dire, mais ça au moins, je le pensais du plus profond de mon cœur. J'étais désolée de revenir le perturber, parce qu'il me semblait vraiment perdu, comme luttant contre ses émotions, j'aurai voulu être dans sa tête pour comprendre ce qu'il pouvait ressentir en ce moment même.

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Les minutes s’écoulaient comme si elles étaient des heures. Ken était particulièrement anxieux de la situation. Ce qu’il pensait être une soirée totalement chill grâce à ses retrouvailles avec Nobuo, se révéla bien plus complexe que prévu. Mais bon, Ken, on le savait déjà, avait le chic pour se mettre dans des situations rocambolesques à chaque fois alors on n’était plus vraiment surpris maintenant. Mais il fallait admettre que le jeune homme n’aurait jamais parié sur un retour d’Hikaru sur le territoire nippon. Il pensait très sincèrement que son ex copine passerait le reste de sa vie en France. Comme quoi on n’est jamais sûr de rien dans la vie.
Il y avait des tas de choses à dire, à demander, à avouer, à comprendre. Mais pour l’heure, Ken s’était contenté de saluer l’assemblée, de laisser ses coordonnées à Nobuo pour qu’ils se recontactent, et il avait emboîté le pas de la jeune femme sans vraiment réfléchir à la suite. Il savait juste que s’il n’y allait pas, il allait passer la soirée à tergiverser et dans tous les cas il ne profiterait pas de sa soirée, alors autant y aller, non ?

Hikaru ne savait pas spécialement où se rendre pour discuter. Elle proposa un thé ou un café, mais selon Ken, ce n’était pas vraiment une heure pour cela. Après, les enseignes étaient ouvertes jusqu’à tard au Japon et ce ne serait pas un souci de trouver un salon de thé nocturne, mais Ken n’était pas forcément motivé à aller se rasseoir dans un lieu clos où on pourrait le voir « faible ». Surtout maintenant qu’il avait une image publique à surveiller, il ne pouvait pas trop attirer l’attention sur lui comme il aurait fait avant. Puis aussi, il n’avait finalement pas mangé grand-chose au restaurant et il avait faim.

« Je n’ai pas encore mangé, donc on pourrait prendre un truc à emporter au combini et se poser dans un parc ? »

Si ce n’était que lui il aurait mangé en marchant, mais c’était mal vu et encore une fois il n’avait pas envie d’avoir tous les regards braqués sur lui parce qu’il ne respectait pas les mœurs de son pays. Ouais, aller se poser dans un parc n’était pas une mauvaise idée après tout. Mais bon il fallait en trouver un qui n’était pas fermé le soir, et c’était pas chose aisée. Après, il se souvenait pour avoir souvent fait le trajet Shibuya-Harajuku à pied qu’il y avait un petit coin posé pas loin des rails de train. Ils auraient pu s’installer sur les marches des escaliers et discuter à la lumière des réverbères. Mais avant cela, trouver à manger. Oui, l’estomac de Ken était toujours un sujet de première importance.

Le « est-ce que tu vas bien » lâché soudainement par Hikaru le sortit brusquement de ses pensées liées à la nourriture, et il resta interdit un moment. Il avait stoppé sa marche, pour la reprendre aussitôt, refusant de trop se montrer vulnérable face à cette situation qui le dépassait. Et elle en rajouta une couche avec la suite de sa phrase qui le mit extrêmement mal à l’aise. Ce soir, Hikaru était aussi maladroite que lui au quotidien, elle qui d’habitude était si droite et avec la tête froide. Il n’y avait pas que lui qui ne savait pas où se mettre. Mais il ne lui en voulait pas. La situation n’était pas anodine quand même. Puis elle s’excusa. Il fallait qu’il se décide à répondre, sinon la pauvre jeune fille allait continuait à tenter des amorces de conversations pour briser le silence mortuaire installé entre eux.

« Je vais bien. » mentit-il. « J’ai fini la fac et je suis basketteur professionnel maintenant ».

Autant balancer l’info tout de suite comme ça ce serait fait.

« Et toi ? Ta vie en France s’est bien terminée ? »

Il se doutait que si elle voulait lui expliquer la raison de son retour, elle le ferait. Mais il estimait que sa question n’était pas trop nulle, puisqu’après tout elle était rentrée mais rien n’empêchait qu’elle avait passé de bons moments là-bas, il en était sûr. En tout cas lui s’était bien éclaté quand il était venu la voir pendant 3 semaines durant les vacances d’été entre deux semestres. Il aurait préféré y aller en février-mars puisqu’il avait plus de vacances, mais les Français n’avaient pas le même système. Leurs grandes vacances étaient pendant l’été alors il s’était adapté.
Ils arrivèrent en face d’un combini.

« Tu voudras manger quelque chose ? »

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Ken et son amour pour la nourriture. Il n'y avait décidément que lui pour avoir envie de manger dans un moment pareil. Comme quoi, certaines choses ne changent jamais vraiment. Cette pensée me fit sourire, le premier de la soirée. Savoir qu'il restait le même malgré tout avait quelque chose de réconfortant. Et finalement son idée n'était pas si mauvaise, je lui avait fait louper un repas au restaurant, alors même si je n'avais pas spécialement faim, j'acceptais sa proposition. « D'accord, allons-y. » Tout, pourvu qu'on bouge de là, rester plantés là rendaient la situation bien trop surréaliste à mes yeux, alors nous nous sommes simplement mis en marche. Ken n'avait pas l'air décidé à dire quoi que se soit, il avait l'air perdu dans ses pensées. Alors je tentais tant bien que mal d'entamer cette conversation qui s’annonçait compliquée.

Je n'avais pas la moindre idée de comment cette soirée allait évoluer. Tout ce que j'avais pu imaginer avant de venir était à des années lumières de la tournure qu'avait pris les choses. Alors oui, j'étais dépassée par les événements et j'avais du mal à organiser mes pensées. Résultats, j'avais à peine ouvert la bouche que j'avais créé un malaise. Si tant est que j'avais vraiment pu nous mettre plus mal à l'aise que nous ne l'étions déjà. Et sa réaction ne c'était pas faite attendre, dès ma première question posée, il s'était arrêté net de marcher, avant de repartir. Qu'étions-nous en train de faire au juste ? Est-ce que c'était vraiment une bonne idée ? Je laissais alors échapper un soupire, j'étais contente de le revoir, mais je réalisais surtout que je ne savais plus comment me comporter avec lui. Et dire que ça semblait si naturel avant...

Il finit par me dire qu'il allait bien, je ne sais pas pourquoi, mais ça sonnait faux. Comme s'il refusait de me dire ce qu'il en était vraiment. Mais j'avais bien conscience que tout cela devait être compliqué pour lui, je débarquais sans prévenir dans un moment où il ne s'y était pas attendu, je ne pouvais pas lui en vouloir. Je ne relevais donc pas, d'autant moins qu'il avait enchaîné en m’annonçant qu'il avait finit la fac et qu'il était désormais basketteur professionnel. Alors comme ça, il avait réalisé son rêve ? « Vraiment ? J'ai toujours pensé que tu y arriverais. » C'était vrai, j'avais toujours cru en lui. En dépit de ce que ces parents voulaient lui imposer, il avait finalement réussi à suivre sa propre voix et j'en était heureuse pour lui. Alors pourquoi ne semblait-il pas plus enthousiasmé que ça de me l'annoncer ? Peut être finirais-je par le savoir.

Il me retourne ensuite la question, il me parle également de la France. « Oui, j'ai eu mon diplôme moi aussi, je suis professeur de français, il était temps pour moi de rentrer auprès de mes parents. » Ils avaient toujours tout fait pour me rendre heureuse, travaillant toujours plus m'offrir le meilleur. Je leur était reconnaissante pour tout ce qu'ils avaient fait pour moi. C'était désormais à mon tour de prendre soin d'eux. « Mais pour être tout à fait honnête, je me sens un peu perdue depuis mon retour. » Encore plus maintenant que je l'avais en face de moi. Mais ça, je me retenais bien de le lui dire. Sans que je m'en rende compte, nous étions arrivé devant un combini, il me demande alors si je veux manger quelque chose. Je secoue la tête. « Non merci, je n'ai pas faim. » En réalité, j'ai surtout un poids sur l'estomac, un nœud s'y est formé depuis que je l'ai aperçu en entrant dans ce restaurant. Alors j'aurai été bien incapable d'avaler quoi que se soit.

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Ken avait beau être déprimé et complètement déboussolé, il avait faim. Très faim. La nourriture était son échappatoire, et il se vautrait dedans quand ça n’allait pas bien. Et là ça n’allait vraiment pas bien. Il avait donc proposé à Hikaru qui suggérait d’aller marcher un peu de se prendre quelque chose à emporter au combini pour combler le fait qu’ils n’avaient pas pu manger au restaurant. Ce n’étaient pas quelques edamame piqués au fond d’un bol et trois tapas qui allaient nourrir l’ogre qu’était Ken après tout.

La situation était particulièrement malaisante, et la tension palpable. Ken ne savait ni que dire, ni que faire. Il se contentait donc de marcher en silence en direction du premier combini qu’ils apercevraient. Et comme il y en avait à chaque coin de rue, cela ne serait pas bien long. Elle lui avait finalement demandé s’il allait bien. C’était maladroit mais d’un autre côté, elle avait eu le mérite de briser la glace quand lui était resté totalement silencieux pendant le trajet. Il avait réfléchi à quoi répondre, n’ayant pas envie d’avouer à quel point il était mal en ce moment. S’il avait réussi à se reconstruire après bien des difficultés suite à la rupture avec Hikaru, il lui avait quand même fallu redoubler pour ça. Puis l’avoir en face de lui en chair et en os faisait ressortir mille souvenirs en lui qui le perturbaient au plus haut point. Il avait tenté de repartir de zéro en se rapprochant de Moana, cette fille qui l’avait embrassé dans un bar après s’être servi de lui pour se débarrasser de mecs lourds. Ils s’étaient rapprochés, il avait fini par développer des sentiments pour elle malgré la situation des plus ambiguës, mais ça n’avait jamais été pareil qu’avec Hikaru. Hikaru, il l’avait dans la peau depuis le collège, ce serait toujours spécial en sa présence.
Il avait donc fini par se contenter de l’informer du fait qu’il avait été diplômé de son école de commerce et avait été pris dans l’équipe de Basket de Yokohama. Et lui avait retourné la question. Il sourit lorsqu’elle le félicita à sa manière.

Elle-même avait été diplômée de son côté, elle était professeur de français et elle souhaitait retourner près de sa famille, d’où son retour au Japon. Ken était plus ou moins soulagé de cela, car si elle avait dit qu’elle était rentrée pour lui, la pression sur ses épaules n’aurait peut-être pas été gérable. Elle avoua qu’elle était un peu perdue depuis son retour, ce qui pouvait paraître normal après tant d’années à l’étranger.

« Félicitations pour ton diplôme, c’était certain que tu l’aurais. Tes parents doivent être fiers de ton parcours, et contents que tu sois rentrée. »

Les siens n’en avaient désormais plus rien à faire de lui, alors il ne savait pas vraiment ce que ça faisait d’avoir des parents fiers de leurs enfants, ayant toujours eu le sentiment de décevoir les siens. Mais il avait fini par accepter la situation et tracer son bout de chemin en autonomie.

« Tu es rentrée depuis combien de temps ? »

Ken avait posé la question assez spontanément, sans vraiment y avoir réfléchi. Puis entre temps, ils étaient arrivés au combini. Hikaru ne voulait rien. Il lui proposa de l’attendre à l’entrée et se faufila dans la supérette. Il acheta deux nikuman, un melon pan et deux boissons au thé à la pêche. Le cheatmeal par excellence, ce soir !
Il revint vers la jeune femme, et, lui tendant une des boissons à la pêche, dit :

« Tu n’as pas faim mais je me suis dit que tu aurais peut-être soif. »

Il était toujours attentionné, Ken. Même quand il était des plus mal à l’aise.

« On marche ? »

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花が咲いたよ

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Sommes nous vraiment en train d'avoir cette conversation ? D'un regard extérieur, nous devons avoir l'air de vieux amis discutant de tout et de rien. Je fais de mon mieux, j'essaie de faire semblant que tout va bien et il n'y a qu'a voir la façon dont il se comporte pour comprendre qu'il fait de même. Ou peut être est-ce parce que je le connais trop bien que je l'ai remarqué ? Voit-il aussi à quel point tout cela m'atteint ?
Toujours est-il que pour le moment, nous nous contentons de parler de choses plus ou moins sans importance. Non pas que savoir ce qu'il a fait de sa vie ne m'intéresse pas, loin de là. Mais il est évident que c'est un prétexte pour ne pas aborder des sujets bien plus personnels, tel que notre relation... où ce qu'il en reste. Et malgré tout, je ne peux m’empêcher de sourire lorsqu'il me félicite. « Merci ! Oui, mes parents ont toujours été fiers de moi quoi que je fasse. » Mon parcours n'avait pas toujours été des plus faciles, loin de là, et Ken était bien placé pour le savoir. Mais mes parents, même s'ils ignoraient les détails avaient conscience que ma scolarité avait été semée d’embûches et ils avaient toujours tout fait pour que j'y arrive. Ils avaient tellement sacrifié pour mon avenir et mon bonheur que c'était, non seulement pour moi que j'avais travaillé si dur, mais aussi pour eux. « Je suis revenue à la fin du mois de janvier. » Si j'avais obtenu mon diplôme en juin, j'avais décidé de rester quelques moins supplémentaires en France, ne serais-ce que pour préparer mon départ correctement et surtout pour faire mes adieux, pour autant que je sache, mon retour au Japon était définitif et je n'avais pas la moindre idée de quand j'allais revenir en France.

Arrivés au konbini, j'avais laissé Ken entré tout seul, ça me laissait le temps de souffler un peu, essayant de reprendre mes esprit. Je m'étonnerais toujours de l'effet que sa présence peut avoir sur moi, encore plus après tout ce temps. Je n'était bien sûr pas attendue à ce que ça soit facile, mais je n'avais pas imaginer à quel point se serai si compliqué. Tout semblait plus facile à l'époque entre nous, plus naturel. Je me demande si nous arriverons un jour à ne plus être mal à l'aise face à l'autre. Enfin, si seulement on décide de se revoir, qui sait, peut être cette rencontre nous fera-elle comprendre que nos vies n'ont plus rien à voir l'une avec l'autre.

Il finit par ressortir avec ses achats, me tendant par la même occasion une boisson que j'accepte sans hésiter. Au moins, ça m'occupera les mains. Et alors que nous reprenons notre marche, le silence vient à nouveau s'installer entre nous. Je n'ai jamais été particulièrement dérangée par le silence. Au contraire, je le préfère bien souvent à l’agitation et au bruit, mais pour une fois, je le trouve pesant. Je n'ose même pas le regarder, pourtant si nous sommes là, c'est pour briser la glace, pour enfin mettre au jour les non-dits entre nous. Soupirant, je prend mon courage à deux mains, je sais qu'il n'a pas forcément plus envie que moi d'aborder le sujet, mais nous devons le faire. « Je sais que ça n'a pas été facile à l'époque, mais je suis contente que le temps t'ai permis d'aller mieux. » Oui, j'ai conscience de lui avoir briser le cœur. Et je sais aussi que ça n'a pas dut être facile pour lui, je le sais d'autant plus que de mon côté ça a été un déchirement aussi. Cependant, j'aimerai qu'il comprenne que c'était la bonne décision pour nous deux à ce moment là. Mais comment le lui expliquer sans le blesser plus qu'il ne l'a déjà été ? « Tu sais, à l'époque,... je ne t'ai pas quitté parce que je ne t'aimais plus... J'avais peur que nous nous détruisions l'un l'autre... » La situation n'avait été facile pour personne et même si l'amour avait toujours été présent entre nous, nous n'étions pas pour autant heureux et ça j'en avais eu parfaitement conscience, mais qu'en était-il de lui ?

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花が咲いたよ

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Parler de la pluie et du beau temps, à la fois la meilleure et la pire idée qu’ils aient pu avoir, tous les deux. C’était effectivement un excellent moyen de fuir leur situation délicate. Il n’aurait jamais imaginé la revoir, pensant qu’elle ferait sa vie en France comme elle l’avait prévu. Il ne s’était pas du tout préparé psychologiquement à son retour. Il n’avait pas eu le temps d’y penser. Mais c’était peut-être mieux comme ça, s’il avait su qu’elle revenait, il se serait torturé l’esprit des jours durant. Au moins là c’était spontané, direct, ils s’étaient tombés dessus à la soirée des retrouvailles lycéennes et basta. Ils ne pouvaient pas faire machine arrière, se fuir, prétendre un empêchement puisqu’ils étaient au même rendez-vous. Dans un autre contexte, Ken aurait sans doute fui comme un lâche. Il n’avait pas mauvais fond mais il avait tendance à fuir ses soucis plutôt que de les assumer. Il avait toujours peur d’être déçu ou blessé et avait du mal à prendre les devants. Il avait un côté timide qui pouvait être aussi attachant qu’agaçant.

Les banalités échangées autour de leurs diplômes et évolutions de carrière respectives, Ken avait demandé depuis quand elle était rentrée. Janvier. Elle venait donc littéralement de rentrer. Et malgré tout elle s’était rendue à cette soirée de retrouvailles en sachant qu’elle risquait de l’y croiser. Ou alors elle n’y avait pas pensé. Comment savoir si elle était venue dans le but de le croiser ou non ? Ken n’aurait pourtant jamais imaginé Hikaru dans ce genre de réunion, surtout après les épisodes malheureux du lycée avec Shin et les autres. Rien que de repenser à cette époque le blasait fortement. Mais leur dernière année avait été heureuse puisqu’ils avaient fini par se mettre ensemble malgré les racontars et les risques. Shin n’avait pas du tout apprécié, évidemment, mais ils s’en étaient sortis. Et tous avaient pris des chemins différents à la fac. Puis Hikaru était partie en France, il l’avait rejointe une fois, mais ça n’avait pas duré, hélas. Il ne pouvait pas s’absenter comme il voulait avec ses engagements envers le club de Basket, surtout s’il voulait devenir pro.

Le passage au combini lui permit de se remettre un peu de ses émotions. Son premier moment seul depuis qu’elle était arrivée dans ce restaurant. Il avait rapidement choisi deux boissons et un truc facile à manger. Le vorace qu’il était était tout de même prêt à engloutir deux nikuman et un melon pan malgré sa boule au ventre liée à la présence d’Hikaru. Rien n’arrêtait Ken quand il s’agissait de bouffe de toute façon. Une fois dehors, il lui avait tendu la boisson, et ils s’étaient remis en marche en silence. Un silence pesant comme il les détestait. Mais il avait beau essayer d’organiser ses pensées, aucun mot ne traversait la barrière de ses lèvres. Il ne savait pas par où commencer. Et fut très reconnaissant à Hikaru d’avoir fait le premier pas, même s’il n’était pas simple à entendre. Il était conscient qu’à l’époque, c’était la seule solution, mais il aurait préféré qu’il en existe une autre. Cette rupture l’avait détruit au point qu’il redouble son année. Un choc extrême pour ses parents qui lui avaient aussitôt demandé de se ressaisir plutôt que de comprendre pourquoi il n’allait pas bien. Ils n’avaient de toute façon jamais cautionné sa relation avec Hikaru et semblaient soulagés qu’elle lui ait « rendu sa liberté ». Ces gens le dégoûtaient. La suite de l’histoire, il l’avait toujours espérée, mais l’entendre finalement de la bouche de la principale concernée eut un effet électrisant, et la cadence de son cœur s’accéléra. Il était tout de même rassuré de confirmer qu’elle ne l’avait pas quitté pour un autre, ou parce qu’il ne lui convenait plus. Mais la situation l’imposait.

Il eut du mal à trouver quoi répondre à tout cela tellement ses pensées étaient embrumées, mais il tenta de se redonner une composition avant de dire :

« On ne peut pas dire que ça a été simple, c’est sûr. Mais bon, je ne pouvais pas me morfondre éternellement. »

Le plus dur avait été la solitude. Il avait perdu son meilleur ami de vue, à la fac il n’avait jamais réussi à tisser d’amitié aussi profonde qu’avec ce dernier. Il avait des potes bien évidemment, les membres de son club, mais ce n’étaient pas des gens à qui il aurait confié ses sentiments amoureux et ses états d’âme. Puis il avait rencontré Moana à un moment où il commençait à remonter la pente, il s’était laissé aller et s’était accroché à elle, comme s’il avait besoin de rencontrer une nouvelle personne pour sortir Hikaru de sa tête. Mais aussitôt Moana partie du Japon, le jeune homme s’était à nouveau retrouvé assailli de pensées adressées à son premier amour. Comme quoi, le deuil n’était pas fait et sa réaction face à son retour au Japon en était la preuve.

« Je suis content de l’apprendre. Je ne sais pas quoi faire de cette information, mais dans un sens, ça me rassure. Et à l’époque, j’étais d’accord avec toi. Ce n’était pas une situation viable. »

L’avouer lui écorchait les lèvres, mais il fallait l’admettre : il n’avait aucune intention de venir s’installer en France, et elle semblait déterminée à y rester. Ils ne pouvaient pas freiner leurs rêves mutuels alors ils avaient mis fin à ce qu’ils avaient commencé à construire. Avec peine.

« Pourquoi as-tu décidé de rentrer au Japon ? »

Il avait posé cette question subitement, sans réfléchir ni au fond, ni à la forme. Son ton était un peu ferme, et aurait pu donner l’impression qu’il était fâché de son retour. Ce qui n’était pas le cas, il était juste totalement perturbé.

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