Aujourd'hui était mon premier jour en tant que vendeuse chez Choco'Park. J'avais quitté mon boulot à la piscine à la fin du mois, je n'avais pas espéré trouver autre chose aussi rapidement, mais il faut dire qu'avoir un meilleur ami patron d'entreprise, ça aide. Alors oui, quand Min-Ho m'avait proposé de venir travailler pour lui, je n'avais pas hésité bien longtemps, je ne savais pas quel genre de patron il était, mais je ne tarderai pas à le découvrir, j'espérais toutefois qu'il soit plus sérieux au travail que dans le domaine privé. D'après ce que je savais, c'était le cas, la chocolaterie tournait bien et même si je savais que son père gardait un œil dessus de loin, Min-Ho devait tout de même faire du bon travail.
Depuis nos retrouvailles inattendues, les choses n'avaient pas beaucoup évoluées pour moi, toujours ce conflit sans fin avec mes parents et aucune nouvelle de mon frère. En dehors de ça, j'avais repris un rythme de vie plus ou moins normale. J'avais même trouvé le temps de me remettre au sport. Il faut dire que j'avais toujours été une sportive et que sans mon pétage de plomb, j'aurai certainement pu faire carrière en natation. Ceci dit, j'avais raté l'occasion, tant pis, j'avais fais mon deuil de cette idée il y a bien longtemps maintenant, mais ça ne m’empêchait pas de toujours apprécier m’entraîner. Après tout, on ne se débarrasse pas d'une passion comme ça et puis faire du sport me permettait de réfléchir.
Toujours est-il que je venais d'arriver à la chocolaterie, je n'avais eu aucun mal à trouver l'endroit, je n'y avait jamais mis les pieds avant et je notais que la boutique était vraiment belle. J'avais rendez-vous avec mon meilleur ami, il me fallait donc trouver les bureaux, j'imaginais sans peine qu'ils devaient se trouver dans la partie réservée aux employés. Je trouvais sans trop de mal l'endroit, me présentant à sa secrétaire, rien qu'en la voyant, j'aurai parié qu'il l'avait déjà draguée, connaissant Min-Ho depuis des années, je savais qu'il draguait toutes les femmes qui croisaient son chemin et ce dans l'unique but de les mettre dans son lit. J'étais la seule exception et c'était très bien comme ça. « Je suis Mizushiro Yûna, j'ai rendez-vous avec monsieur Park. » C'était étrange pour moi de l'appeler par son nom de famille, je ne l'avais jamais fait, mais j'allais sans doute devoir m'y habituer, il avait beau  être mon meilleur ami, à partir d'aujourd'hui il devenait également mon patron. Sa secrétaire n’emmena donc vers le bureau de Min-Ho, qui nous fit entrer sans attendre. Elle retourna rapidement à ses occupations, me laissant seule avec le patron à qui je lançais un sourire. « Je vais bien et toi ? Je ne sais pas si je suis impressionnée, mais c'est vraiment pas mal. » Je savais d'expérience qu'il fallait éviter de lui lancer trop de compliments, il s'en serai vanté pendant des heures sinon. Mais la chocolaterie était vraiment belle. « Ceci dit, je n'ai pas encore vu grand chose, tu me fais visiter ? »

Bien sûr, comme je m'y attendais, Min-Ho n'avait pas pu s’empêcher de réagir à ma réponse. Je laissais échapper un rire en l'entendant dire que la chocolaterie était parfaite. Rien que ça ? Ceci dit, ça m'aurai étonné qu'il en dise autre chose. Et je me retenais alors de lui signaler que rien n'étais jamais parfait. Inutile de le contredire sur ce sujet. Quel genre d'employé aurait fait ce genre de remarque à son nouveau patron dès le premier jour ? Et même si le patron en question était mon meilleur ami, il valait mieux éviter de le lancer sur le sujet. Et puis, il avait tout de même raison sur un point, il s'en tirait bien, même très bien. Comme je l'avais déjà noté en arrivant, l'affaire tournait bien. « J'ai vu ça oui, les chocolats doivent être vachement bons vu le monde que j'ai vu en boutique. C'est toujours aussi plein ici ? » Autant se renseigner sur cet aspect directement, après tout, je ferai bientôt partie des vendeurs, alors il me semblait important de savoir si les journées allait être intenses en permanence où si nous étions juste dans une période de forte fréquentation. Ceci dit, avec la Saint-Valentin qui approchait, j'imagine qu'il devait y avoir pas mal de boulot. A la réflexion, je n'étais pas certaine d'avoir choisi la bonne période pour commencer à travailler ici.
Je le suivais alors sans rien dire, me contentant de hocher la tête à ses explications, signe que j'étais attentive à ce qu'il me disait. Alors que nous entrons dans l'ascenseur, il me confie qu'ils ont été inondé récemment. « Une inondation ? J'espère que vous n'avez pas eu trop de dégâts, ni de blessés. » Je ne savais pas si ça avait été grave ou pas, mais dans certains cas, une inondation pouvait vite devenir dangereuse et j'espérais sincèrement que les dégâts n'avaient été que matériel.

Ma question le fait rire, comme si s'était une évidence et je souris alors qu'il me confirme en effet que la boutique est souvent bien fréquentée. Tant mieux pour lui, c'est que son entreprise marche bien et qu'il propose des produits de qualité. Il me confirme également se que je pensais, il y a encore plus de monde qu'en temps normal dut à la période de saint Valentin dans laquelle nous sommes. Une occasion que je ne suis pas prête de fêter avant un moment, j'ai bien d'autre chose à penser que de me mettre en couple. Ma vie est déjà bien assez en bordel. Et puis, je suis très bien seule. « Oui, je m'en doutais un peu, c'est normal pour une chocolaterie. » Mon meilleur ami me dit alors qu'il me fera goûter quelques uns de leur chocolat. Pourquoi pas ? Ça me permettra au moins de pouvoir conseiller les clients en connaissance de cause. Puis qui cracherai sur une dégustation gratuite de chocolat ? Pas moi en tout cas.
Tandis qu'il m’entraîne vers les vestiaires réservés aux employés, il m'explique qu'ils ont été entièrement remis à neuf après l’inondation. Heureusement, ils n'ont eu ni blessés, ni morts, j'imagine que les dégâts leur ont tout de même coûté cher, mais le pire a été éviter et c'est tant mieux. « Je vois que ton père veille toujours sur toi. » ça aussi je l'avais deviné. Nos pères avaient beau avoir de nombreux points communs, les relations qu'ils avaient avec leurs enfants étaient complètement différentes. Min-Ho admirait son père autant que je détestais le mien. Il me montra ensuite où était mon casier, ne pouvant s’empêcher de me lancer un petit pique. Je ris, faisant semblant de bouder, faussement offusquée. « Tu as cru que j'étais devenue idiote avec les années ? » Je croise les bras, histoire d'accentuer mon air vexé, pas certaine que ça fonctionne cela dit. Il me connaît assez pour savoir quand je plaisante et quand je fais semblant.

Il me reprend, précisant qu'il s'agit de la meilleure chocolaterie de la ville. Je ris, il ne peut décidément pas s'en empêcher. « Sinon, tu passes encore dans les portes avec ta grosse tête ? » Ceci dit, il n'y a rien de mal à être fier du travail que l'on accompli, au contraire. Et voir mon meilleur ami épanoui dans ce qu'il fait me fait plaisir. J'espère parvenir à m'épanouir aussi bien que lui ici, mais je sais qu'il sera là pour m'y aider si besoin, donc je ne me fais pas trop de soucis.
Lorsque Min-Ho me dit que son père est toujours derrière lui et que ce n'est pas prêt de changer, je ne peux pas m’empêcher de l'envier, juste un peu. Nous avons beau venir du même milieu social et nous connaître depuis que nous sommes enfants, nos parcours sont totalement différent. Mon meilleur ami est le fils unique dont son père est fier, qui le soutient malgré ces erreurs de parcours. Shôji et moi n'avons pas eu la même enfance. Nos parents n'ont jamais été très présents et notre père a toujours prêté plus d'attention à sa réputation et à ses affaires qu'au bonheur de ses enfants. Jamais aucun faux pas ne nous a été épargné. Alors oui, je l'envie pour ça. Mais il sait tout de ces histoires, Min-Ho est la seule personne a qui je peux tout dire et à qui j'ai réellement tout dit. « Tant mieux, j'imagine qu'il est fier de ce que tu fais ici. » Je souris tandis que la visite continue et je me permet même de lui mettre une petite tape derrière la tête quand il remet en doute mes capacités de mémoire. Comme si un code à 4 chiffres était compliqué à retenir, surtout quand le code en question correspond à l'année de naissance de mon meilleur ami. Sait-on jamais qu'il dit ? C'est ça, il se fout de moi. Mais je sais qu'il n'y a rien de méchant, alors je ne le prend pas vraiment mal.
Il m’emmène ensuite vers la partie usine, je ne sais pas pourquoi, mais je n'avais pas imaginer que c'était aussi grand. Tandis que mon regard se pose sur ce qui nous entoure, une question me vient en tête. « Tout est fait sur place ? » Sait-on jamais. C'est peut être une question bête, surtout que la partie fabrications ne me concerne pas à mon poste, mais je suis de nature plutôt curieuse.

Je hausse les épaule alors qu'il réagit à ma plaisanterie. « Je me demande comment c'est possible. » C'est vrai que mon meilleur ami a souvent tendance à en rajouter, mais pour le coup il n'exagère pas trop en vantant les mérites de son entreprise. J'espère que j'arriverai à m'y faire une place moi aussi. Tandis que nous progressions dans la visite de la chocolaterie, je regarde autour de moi, tentant de mémoriser les lieux, je n'ai pas tellement envie de me paumer. Mon sens de l'orientation est loin d'être mauvais, mais on ne sait jamais. C'est tout de même bien plus grand que ce que j'avais imaginé.
La conversation dévie ensuite sur son père. Min-Ho me confie que le simple fait de savoir qu'il travail correctement suffit à le rendre fier. Bien sûr, j'imagine qu'il devait penser que ce n'était pas gagné d'avance avec les conneries auxquelles son fils nous a habitué. Mais il semble au moins avoir trouver une activité pour laquelle il est sérieux. Tant mieux. « Je suis contente pour toi. » Il faut dire qu'il avait connu quelques petits soucis à l'époque de son divorce. Je n'étais pas là durant cette période, mais j'avais plus ou moins compris que ça n'avait pas trop plu à son paternel. Pas étonnant. Dans la haute société où les mariages arrangés sont avant tout là pour rapprocher des entreprises et former des alliances, souvent avec un enjeux financiers, un divorce est rarement le bienvenue, mais Min-Ho a su rebondir et j'en suis ravie pour lui.
Lorsque nous arrivons à l'usine, il me confirme en effet que tout est fait sur place et me demande si je suis impressionnée. « Un petit peu, je dois bien l'avouer. » Je lui rend son sourire. « Il y a de quoi, tu fais les choses bien à ce que je vois. » Du moins, c'est l'impression que j'avais. C'est rare de le voir aussi sérieux à propos de quelque chose, j'imagine que ça lui tient vraiment à cœur. J'ai plutôt intérêt à faire du boulot. « Bon alors, on va les goûter ces chocolats ? »