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05/05/21 || outfit On ne pouvait pas vraiment dire que Hanji s'était mis sur son trente-et-un pour son rendez-vous, mais au moins avait-il fait un léger effort. D'habitude, il portait des t-shirts simples et des sweats à capuche confortables, mais pas aujourd'hui. Il avait mis un pull en laine blanc que sa mère lui avait offert pour Noël et une veste noire qui s'accordait avec son pantalon foncé. Pas réellement habillé pour séduire, il avait juste voulu paraître plus adulte, malgré son visage juvénile.

Quand il avait parlé avec Kaede de ce rendez-vous, il avait été honnête avec elle : il flippait. Lui, le gars pas sociable pour un sou, allait rencontrer en vrai la jeune fille qui lui servait de confidente et d'amie de littérature depuis plusieurs mois. Il ne savait pas grand chose d'elle, juste son nom, son âge, son nom de compte LINE et la région dans laquelle elle vivait : la même que lui. Ils avaient commencé à parler sur un malentendu, Hanji ayant envoyé un texto au mauvais numéro et Riho lui ayant répondu. Ca aurait pu s'arrêter là, un "désolé je me suis trompé" et basta, mais ils avaient discuté et, aujourd'hui, ils se rencontraient.

Hanji ne savait même pas à quoi ressemblait Riho, ils ne s'étaient jamais envoyé de photo ni ne s'étaient décrits. Il l'imaginait comme une japonaise normale, avec une silhouette fine, des longs cheveux noirs et un visage souriant. Il la voyait jeune aussi, plus ou moins dans sa tranche d'âge, mais n'avait jamais osé demander. Peut-être conversait-il avec une quinquagénaire depuis des mois... mais il en doutait. Son vocabulaire, ses goûts, sa façon de parler, tout indiquait une jeune femme, peut-être toujours étudiante ou fraîchement diplômée.

Après des mois à se parler de temps en temps, ils avaient décidé de se rencontrer. Hanji n'aurait plus su dire lequel avait soumis l'idée en premier, ni quand les "faudrait qu'on se rencontre" étaient devenus des "Alicia café, mercredi à 16h ?". Tout ce qu'il savait, c'était qu'il était en route pour rencontrer cette fille à qui il avait confié ses états d'âmes, ses goûts littéraires, ses rêves. Elle n'en avait pas fait autant, ne parlait pas beaucoup d'elle, mais Hanji ne lui en tenait pas rigueur. Elle l'écoutait, le comprenait, et peut-être qu'un jour elle lui ferait assez confiance pour s'ouvrir à lui. Ou peut-être pas, mais ce ne serait pas grave.

N'ayant pas eu cours l'après-midi, Hanji quitta la résidence avec un peu d'avance et se rendit au café quasiment à l'heure du rendez-vous. Riho et lui s'étaient mis d'accord sur des signes distinctifs pour se reconnaître, et celui du bilingue était un livre en anglais qu'il aurait à la main. Pensant être le premier sur les lieux, il n'avait pas encore sorti son roman et se dirigea vers la terrasse du café, cherchant une table libre. Puis son regard se posa sur cette fille qui arborait le fameux signe. Sauf que, loin d'être l'inconnue qu'il s'était imaginé... il s'agissait d'une fille qu'il connaissait.

Surpris de voir Riho avec ces traits, Hanji se rappela l'avoir croisée à plusieurs reprises dans la résidence Seiseki. Elle était toujours seule, comme lui, mais contrairement à lui, elle repoussait les gens avec agressivité et n'était pas très appréciée dans la résidence. Lui-même avait subi sa colère un jour au début de ses études, sans qu'il se rappelle réellement pourquoi. Se pouvait-il vraiment que Riho et elle soient la même personne ?..

Après une brève hésitation, il sorti le livre de son sac et s'approcha d'elle en le tenant devant lui. Un sourire gêné sur les lèvres, il se plaça près de la chaise face à elle et s'éclaircit la voix pour attirer son attention.

Salut. C'est toi Riho ? Je pense qu'on a rendez-vous...

Attendant sa confirmation avant de s'asseoir, il lui montra le livre pour voir si c'était vraiment elle ou si sa présence ici avec le signe distinctif de Riho n'était qu'une coïncidence...

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Outfit - Riho releva sa casquette pour noyer ses yeux de la lueur froide d'un timide soleil de printemps. S'il faisait bon, le ciel avait ces accents encore un peu cotonneux d'une saison qui courtisait encore une autre et se refusait à partir complètement en laissant son souvenir sur tous les nuages. La jeune femme aimait ces instant entre chien et loup, ciel de laine et de coton, hiver amoureux se refusant à totalement quitter un printemps plein de paresse. Elle s'humecta les lèvres, guère sûre d'elle avant de visser à nouveau son couvre-chef sur son crâne, marchant en fixant le sol après s'être saoulée de soleil. Je porterai une casquette et une chemise à carreaux, avait-elle annoncé très laconiquement à son correspondant virtuel ; les signes distinctifs n'étaient pas son fort car Riho ne possédait aucun objet réellement important à ses yeux et elle préféra miser sur son apparence. On lui avait souvent fait la remarque : la peintre avait plus souvent l'air fagotée que réellement habillée, préférant le pratique à l'esthétique. Elle était cette fille en jogging qui hantait le fumoir de la résidence en tirant sur ses cigarettes comme si elle voulait les faire souffrir en fixant d'un air farouche tous ceux qui l'approchaient d'un peu trop près à son goût.

Tout avait commencé sur un malentendu mais c'était précisément ce qui avait amené Riho a persévérer : les situations étranges, particulières ou cocasses avaient bien plus de saveur que la platitude de la vie routinière. Elle n'approchait pas souvent, car les gens l'ennuyaient vite. Ils parlaient le plus souvent de leurs vies et ne vivaient aucune passion. Rapidement, ils l'agaçaient, la mettaient en colère. Riho n'avait jamais eu aucun ami car elle n'en avait jamais ressenti le besoin, tout comme celui de se confier car partager n'était pas dans ses habitude. Elle avait évolué seule depuis de nombreuses années et avait appris à ses dépends que la vie est un voyage solitaire. Des millions d'âmes solitaires qui parfois se croisent, puis se quittent là où chaque rencontre est toujours le début d'une séparation. Parler avec Hanjiro n'avait pourtant pas été désagréable ; les petites choses de tous les jours, sa famille. Elle-même ne lui parlait jamais de la sienne car elle n'en avait simplement plus et n'avait aucune envie qu'on la plaigne. Par ce contact désincarné, la jeune femme montra un côté plus attentif de sa drôle de personnalité : Riho savait écouter, malgré les apparences. Mais dès qu'on en venait à elle, c'était le néant social.

Les conjectures devinrent des propositions, les propositions une heure et un endroit sans vraiment qu'elle ne s'en rende compte et à l'horaire indiqué - un bon quart d'heure avant en réalité - son regard sombre en était rendu a balayer le décor banal d'un coffee shop où elle ne s'était jamais rendu. La jeune femme s'installa à une table dans le fond de la pièce et commanda un simple café noir, sans sucre. Elle aurait préféré un simple verre d'eau mais cela ne se faisait pas ; pas qu'elle veuille respecter quoi que ce soit mais elle n'avait pas encore l'envie de se faire mettre dehors. Le garçon qu'elle attendait - son livre d'anglais en attestait - arriva finalement et Riho demeura affreusement silencieuse. L'ange qui passa entre eux déposa sur la scène un parfum de gêne évidente.

Ce garçon, Riho le connaissait sans parvenir à se rappeler pourquoi elle ne le portait pas dans son cœur. Peut-être que sa tête ne lui était pas revenue en début d'année mais impossible de se souvenir pourquoi elle lui avait hurlé dessus dans les couloirs de la résidence pour ensuite lui conseiller de ne jamais la recroiser, et d'éviter son regard. Elle se mettait souvent en colère sur des homériques coups de sang pour oublier rapidement la raison de sentiments qui quant à eux demeuraient dans son cœur. Ce n'était pas une très bonne surprise et une certaine forme de déception se peint sur le visage de l'artiste qui posa ses coudes sur la table et releva un peu sa casquette sans pour autant la retirer, faisant tinter les grandes créoles ostentatoires qui pendaient à ses oreilles. La jeune femme ne sourit pas - elle ne souriait jamais - et ne fit aucun signe d’accueil au nouveau venu. Elle ne savait simplement pas vraiment comment faire.

"T'es déçu, hein ?", lui lança-t-elle tout de go, "Oshima Riho."

Avare en mot, comme à son habitude, avec cette singulière diction qui donnait la sensation qu'elle était éternellement en combat contre le monde entier. La jeune femme détailla ce souffre-douleur de la réalité et cet ami virtuel à la fois, appréciant en réalité le paradoxe comme elle aimait les situations tarabiscotées. Lui désignant d’autorité la place en face d'elle, Riho haussa des épaules d'un air désinvolte.

"J'suis pas déçue", affirma l'artiste avec une sincérité un peu tranchante, mais sans équivoque, "... c'est marrant."

Alors pourquoi ne souriait-elle pas ? Gardant le silence un long moment pour fixer Hanjiro avec une fixité qui embrassait l'impolitesse, Riho ne sut vraiment quoi lui dire. C'était plus difficile en vrai que via LINE pour elle, surtout depuis qu'elle avait découvert l'identité de cet ami dont elle ne voulait pas assumer l'amitié. Ce n'était pas de l'attachement, n'est-ce pas ? Baissant le regard sur son café qui refroidissait sans qu'elle n'y touche, Riho reprit la parole :

"J'vais pas te dire de t'casser, donc pose ton cul. Laisse-moi t'offrir un truc à boire", elle continua dans le même souffle, "refuse pas, j'aime pas qu'on m'vexe."


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05/05/21 || outfit Oshima Riho. C'était elle... Quand il croisa son regard, il devina tout de suite qu'elle l'avait reconnu elle aussi, et son absence de sourire effaça celui que Hanjiro avait sur les lèvres. Il était surpris que ça soit elle, mais pas déçu non. Il n'avait pas eu d'attentes particulières en venant ici et n'aurait donc pas pu être satisfait ou déçu, juste surpris ou non. D'autant que Riho ne ressemblait pas à la japonaise typique qu'il s'était imaginée. Pas de longs cheveux noirs, pas de tenue prude, mais des mèches colorées et un croc-top qui dévoilait son ventre. Au moins avait-elle une chemise pour couvrir un peu sa peau.

Tout à sa surprise, Hanjiro ne répondit pas à sa question, pas plus qu'il ne bougea pour s'installer. Elle ne semblait pas heureuse que ça soit lui, alors accepterait-elle qu'il s'assoie ? Voudrait-elle même toujours parler avec lui après ça ? Ne sachant pas quoi faire, il suivit du regard son geste, qui l'invitait à s'asseoir. Pourtant, il hésita. Elle disait ne pas être déçue, trouver ça marrant, mais son visage était toujours aussi fermé et distant.

Finalement, il s'installa quand elle insista, sans prononcer un mot de plus ni détacher son regard d'elle. Il était intrigué, ne parvenant pas à superposer son image sur les messages qu'il avait reçus ces dernières semaines. Quand le serveur vint prendre sa commande, il demanda un chocolat chaud avec supplément crème fouettée. Il espéra que Riho ne lui en voudrait pas pour cet ajout qui lui coûterait quelques yens en plus, mais il ne pouvait pas boire de chocolat sans la crème.

Je... je ne suis pas déçu, juste... surpris ? Je ne m'étais pas douté que ça pourrait être toi.

Se rendant compte que ses paroles pouvaient être maladroites et vexer la demoiselle, il s'interrompit pour tourner sa langue dans sa bouche. Sa mère lui avait toujours dit de réfléchir avant de parler, ce qui était beaucoup plus facile par texto qu'en direct.

On dirait que je t'avais mal jugée, désolé. Mais je suis content de te rencontrer en vrai.

Il esquissa un nouveau sourire, plus encourageant que timide, espérant que Riho ne lui tiendrait pas rigueur de sa réaction. Au final, lui aussi trouvait ça marrant. Ils logeaient dans le même bâtiment depuis un bon moment, ne pensaient pas s'apprécier, et en même temps ils s'échangeaient des textos dans lesquels ils s'entendaient bien. Peut-être même avaient-ils déjà conversé en étant dans la même pièce ? Retenant un rire à cette pensée, il leva les yeux vers Riho pour la partager avec elle.

C'est vrai que c'est marrant... Quelles étaient les probabilités pour que ça soit nous ? Tu crois qu'on s'est déjà parlé après s'être fusillés du regard dans un couloir ?

Peut-être même s'était-il déjà plaint auprès d'elle de cette fille qui l'avait pris en grippe sans raison et qui était agressive avec tout le monde. Ne restait maintenant qu'à espérer que la Riho des messages soit la vraie Riho, plutôt que celle qui se la jouait froide et détestable...

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feat. @Noguchi Hanjiro


Outfit - Leurs regards se croisèrent naturellement et Riho lut de l'appréhension dans les yeux de Hanjiro, ce qui ne m'étonna guère puisque les choses n'avaient pas débuté sous les meilleures auspices pour eux. La jeune femme savait que c'était de son fait mais se trouvait incapable de se sentir coupable, aussi bien parce qu'elle ne parvenait pas à se souvenir de la raison de cette prise de bec que par le fait qu'elle n'était pas le genre de fille à s'en vouloir. Elle fixa son ami virtuel avec une intensité un peu grave là où lui cessa de sourire, leurs gestes contribuant à alourdir sensiblement l'ambiance ce qui visiblement ne mit mal à l'aise que Hanjiro. Riho avait l'habitude de ce genre de réaction car elle n'était pas la plus chaleureuse qui soit et le savait très bien ;elle ne faisait pas beaucoup d'effort pour habiller son tempérament. Elle cacha une moue agacée en enfouissant son nez dans son café fumant, sa casquette toujours vissée sur le crâne. Il fallut insister pour qu'il prenne place et cela joua encore une fois sur les nerfs de l'artiste. Bon sang, ce que ça allait être compliquée comme rencontre. Elle ne s'étonna pas du choix de la boisson de Hanjiro ni le fit de remarque. Certains avaient la dent sucrée, elle non. Quant au coût de la boisson, il lui semblait malpoli d'en parler : elle pouvait encore payer un chocolat chaud. 

La jeune femme haussa vaguement des épaules avec désinvolture quand Hanjiro lui dit ne pas être déçu mais être surpris. Pour sûr qu'il ne s'attendait pas à la fille qui hantait le fumoir en grognant et qui avait selon les rumeurs un casier judiciaire. Foutues rumeurs, fondées cependant. Elle releva les yeux sur lui en posant sa tasse vide sur le bord de la table, l'alignant curieusement avec sa cuillère jusqu'à obtenir une position qui lui plaisait à l’œil. Riho était à la fois brouillonne dans ses émotions, froide dans leurs expressions mais très précise et un peu toquée dans ses gestes ; un vrai paradoxe.

"La situation était amusante, j'avais pas d'raison d'refuser de parler", répondit la peintre avant de renifler de manière sonore, comme piquée, "t'excuse pas, tu m'as très bien jugée. J'me souviens plus trop pourquoi tu m'as fait chier, mais j'me met juste vite en colère pour rien." 

Elle avait un caractère difficile mais était lucide sur ses défauts, ce qui pouvait la rendre hautaine aux yeux des autres là où elle n'y voyait que de la sincérité. Au sourire de Hanjiro, elle ne parvint pas à répondre, prouvant qu'il lui manquait quelques évidents codes sociaux. Inclinant la tête sur le côté dans une attitude un peu curieuse, la jeune femme eut cependant l'air un brin plus décontractée même si elle ne respirait pas la bamboche. Il lui était difficile de s'ouvrir en général et si elle avait discuté avec son interlocuteur - proche d'une forme d'amitié naissante - Riho n'avait pas parlé d'elle. Quelques détails, quelques réflexions, ses passions. Jamais son passé ou des choses trop intimes. La timidité s'estompait à chaque sms envoyé mais se retrouver ainsi face à face la stressait un peu, raidie sur sa chaise comme si elle craignait de s'en voir éjectée.

"Ouep...", lança-t-elle aux dires du jeune homme sur les probabilités avant de relever enfin la nife pour montrer son visage sous la casquette, l'air un peu pensive, "... tu m'as parlé d'une fille qui t'avait pris en grippe sans raison et qu'tout l'monde évitait."

A vrai dire cela lui avait un peu mis la puce à l'oreille mais tout accaparée par ses dernières bourdes avec Ayame et ses errances dans les rues de la ville à la recherche d'un coin à taguer, elle avait remisé ce détail dans le coin de sa tête où survivent les détails insignifiants. La jeune femme fixa le fond de sa tasse vide à la recherche de quelque chose à dire, décidant de se détendre un peu et de faire un effort pour voir comment les choses allaient se passer. Que dire face à un ami virtuel qu'on avait détesté dans la réalité ?

"Comment va ta famille ?", demanda finalement Riho comme Hanjiro lui parlait souvent des siens.

C'était un sujet qu'elle aimait bien car coupé de sa propre famille par des choix de leur part, Riho n'avait plus ce genre de liens. C'était aussi une manière de lui dire qu'elle enterrait la rancune sans objet et qu'elle passait à autre chose, sans avoir réellement besoin de l'exprimer clairement.

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05/05/21 || outfit Se détendant un peu en voyant que Riho ne s'apprêtait pas à lui crier dessus ou à le rembarrer, Hanjiro prit une gorgée de son chocolat, mettant un peu de crème sur sa lèvre. L'essuyant du revers de sa manche, il regarda la jeune fille poser sa propre tasse et la disposer d'une façon précise et millimétrée. Elle devait aimer les choses ordonnées, ou avoir sa propre conception de l'ordre et du rangement. C'était une artiste, lui avait-elle confié, et les artistes avaient toujours des habitudes qui les distinguaient du commun des mortels.

Hanji fit un petit mouvement de tête pour approuver ses paroles. Il avait bien remarqué qu'elle s'énervait facilement, en effet... Pas seulement sur lui, qui n'en avait fait les frais que rarement, mais sur tous ceux qui avaient le malheur de croiser sa route quand elle était de mauvais poil. Et elle avait souvent l'air de mauvais poil...

Tout de même, j'ai découvert une autre personne dans les messages...

S'il avait fait un peu plus attention à elle avant, s'il avait seulement essayé de passer au-delà de son image de fille agressive et solitaire, peut-être se serait-il rendu compte plus tôt que c'était une image. Peut-être auraient-ils pu être amis, ou peut-être simplement qu'ils auraient eu moins de mal à se supporter dans les couloirs de Seiseki.

Oui... c'était pas très sympa, désolé.

Apparemment, il s'était plaint de Riho à Riho. La classe internationale... Lui-même avait oublié, mais la peintre s'en rappelait et avait visiblement fait le lien. Heureusement, elle ne semblait pas lui en tenir rigueur. Elle avait l'air au courant de ses défauts et n'en de l'effet qu'elle produisait sur les gens, à se demander presque si elle ne faisait pas exprès. Peut-être avait-elle été blessée et cette attitude était-elle sa seule défense contre le monde.

Ma famille ? Ils vont bien. Aux dernières nouvelles tout se passait bien, je dois aller leur rendre visite le week-end prochain.

Même si Seiseki n'était pas loin du domicile familial, Hanjiro ne s'y rendait pas souvent. Son job le samedi lui prenait pas mal de temps, et il consacrait souvent son dimanche à de la lecture ou à ses études. Il essayait cependant de rentrer au moins une fois par mois, le temps d'un repas en famille avec ses parents, ses frères aînés et sa petite soeur.

Tu ne m'as pas encore parlé de ta famille, d'ailleurs. Vous n'avez pas une bonne relation ? Ou bien...

Ou bien n'avait-elle pas de famille ? N'osant pas formuler ces paroles indiscrètes, il baissa les yeux pour qu'elle ne se sente pas obligée de répondre si elle n'en avait pas envie. Il ne voulait la forcer à rien, même s'il avait envie d'apprendre à la connaître un peu.

Désolé si je suis indiscret, je peux être curieux parfois.

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Outfit - Riho s'était dédié un moment à la contemplation torpide de sa tasse de café vide, le regard fixe et la mine sombre. Même dans les moments plus calmes la jeune femme avait cette allure farouche, presque mauvaise. Elle ne le faisait pas exprès, contrairement aux apparences et s'il lui arrivait d'être intentionnellement mauvaise pour éloigner les gens, elle avait naturellement cet air grave qui la rendait antipathique sans même qu'elle n'ouvre la bouche. Ce que fit Hanjiro durant son moment d'absence lui passa par dessus la tête ; c'était surement des banalités. Personne ne s'intéresse à la manière dont une personne boit son chocolat chaud. Entendant la voix du jeune homme remonter à ses oreilles, la peintre releva la tête et demeura silencieuse un moment, comme si elle analysait ce qu'il venait de dire, avant de hausser encore une fois des épaules.

"Je suis la même personne", répondit-elle d'un air maussade, "... comme tout l'monde, j’ai des nuances."

Comme un tableau, les gens présentaient souvent la grande images avant d'offrir détails et panels de couleurs. L'apparence et la profondeur. Le dehors et le dedans ; elle le savait mais n'était pas douée pour déceler ça chez les gens. Dans la peinture, elle comprenait les moindres petites touches qui sculptaient les idées et les concepts mais face à une personne, c'était autre chose. Quand Hanjiro s'excusa, Riho n'eut aucune sorte de réaction, prenant simplement un air détaché. Elle n'avait pas besoin qu'on soit sympa avec elle.

"T'en fais pas, j'm'en fous de ce que les gens pensent de moi", c'était la stricte vérité, "t'excuse pas."

Préférant changer de sujet, la jeune femme embraya sur un sujet connu afin de passer à autre chose, soit la famille de son interlocuteur. C'était bien plus simple comme ça, qu'ils ne s'éternisent pas sur des excuses ou des justifications. Elle préférait ça, et tenait à lui prouver qu'elle était à la fois cette fille colérique qui l'avait bousculé émotionnellement mais aussi cette amie virtuelle qui avait écouté sans juger et sans ramener les choses à elle. Elle s'humecta les lèvres, cherchant quoi dire.

"Tu les vois souvent ?", c'était tout drôle d'avoir un sujet pareil pour elle, mue par une forme de curiosité peut-être un peu malsaine, un peu masochiste.

Riho se doutait que la question lui serait retourner et qu'elle viendrait creuser dans ses flancs une douleur vieille de plusieurs années, depuis le soir où elle avait quitté la maison pour dormir sur son premier bout de trottoir. Hanjiro se montra curieux, mais pas vraiment indiscret et elle ne risquait pas de lui en vouloir pour ça : sa question était naturelle. Face à l'aspect direct du questionnement, la jeune femme aurait du mal à détourner le propos mais à vrai dire personne ne lui avait réellement posé la question de sa famille, même pas Ayame. En réalité, personne n'avait jamais posé de question personnelle à Riho qui avait l'air surement trop farouche pour qu'on ose creuser réellement son passé.

"Je...", commença la jeune femme en perdant un peu ses mots, l'air moins d'airain que d'habitude, clairement un peu décontenancée. 

Elle baissa le regard jusqu'à ce que sa casquette recouvre presque tout son visage en l'engloutissant dans de grandes ombres.

"On s'parle plus depuis des années", elle réfléchit pour être plus précise, "quatre ans, cette année."

Pour autant son attitude ne fut pas agressive même si elle demeurait toujours un peu sur la défensive. Mais à question directe, réponse directe pour faire gager. Quelqu'un connaissait un peu ses déboires et sa vie à la rue, et l'avait un peu aidé. Ken, le basketteur, avec qui elle avait finalement peu de contacts. Pourquoi les seuls à savoir des choses sur elle et à se montrer un peu proches étaient-ils tous des hommes, alors qu'elle aimait les femmes ? L'ironie de cette pense peint sur ses lèvres un fantôme de sourire qui avorta dans la seconde où il naquit. 

"La famille, ça veut pas dire grand'chose pour moi", épilogua Riho tout en sachant que Hanjiro ne serait surement pas d'accord avec cette affirmation.

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05/05/21 || outfit Hanjiro hocha la tête aux paroles de Riho, les trouvant plutôt sensées. Tout le monde avait ses nuances, en effet, différents visages et différentes personnalités qui s'exprimaient selon les situations. Hanji était comme tout le monde, il pouvait se montrer sympa et adorable, tout comme il pouvait être distant et solitaire. Et, bien sûr, Riho n'échappait pas à la règle. Seulement, le visage qu'elle montrait le plus souvent n'était pas le plus agréable aux yeux du jeune homme.

Elle se fichait de ce que les autres pensaient d'elle et, même si Hanji trouvait cela difficile à concevoir, il la cru sur parole. Elle semblait détachée de son environnement, elle vivait pour elle plutôt que pour les autres. Certainement n'avait-elle pas encore trouvé de personne dont l'avis importerait, et l'étudiant ressenti une étrange compassion pour elle. Lui-même était un solitaire depuis toujours, il n'avait jamais eu beaucoup d'amis et n'était même pas compris de sa propre famille, mais il avait toujours eu quelqu'un dont l'avis importait.

La conversation embraya soudain vers la famille du Noguchi, et il lui répondit assez brièvement. Ils allaient bien, il les verrait bientôt. Hanji n'avait pas beaucoup de contacts avec ses aînés en dehors des repas qui les rassemblaient, mais ils s'envoyaient parfois des messages pour prendre des nouvelles ou quand ils trouvaient un même susceptible de faire rire l'autre. Il parlait plus avec sa soeur cadette, lui demandait comment se passaient les cours, comment ça allait à la maison. Elle se montrait aussi très curieuse sur la vie à Seiseki et Chûô, lui faisant penser qu'elle suivrait certainement ses pas et poursuivrait ses études.

Une fois par mois environ, parfois plus, parfois moins. Ca dépend de nos horaires à tous, mais dès qu'on est disponibles, on fait un repas tous ensemble.

Pris par la conversation, Hanjiro lui retourna la question de la famille, faisant remarquer qu'elle ne lui avait jamais parlé de la sienne. Réalisant qu'il pouvait se montrer indiscret, il ajouta rapidement qu'il ne la forçait pas à parler si elle ne le voulait pas. Mais c'était trop tard, il avait remarqué son changement d'humeur, son visage assombri et son regard baissé.

À voir sa réaction, il s'attendit au pire. Étaient-ils décédés ? L'avaient-ils mise à la porte pour quelque raison ? Gardant le silence, il lui laissa le temps de formuler quelques mots, et il sentit ses épaules s'affaisser légèrement. Elle ne les avait plus vus depuis des années. Depuis quatre ans. Hanji était toujours au lycée quatre ans plus tôt, et ça lui semblait être une éternité. Il ne savait pas comment il aurait pu tenir sans voir ses parents, ses frères et sa soeur pendant si longtemps.

Il ne lui répondit pas tout de suite, ne sachant pas quoi dire. Il pensait avoir suffisamment cerné le personnage que pour se douter qu'un "désolé" bateau et banal ne lui plairait pas. Riho ajouta que la famille ne voulait pas dire grand chose pour elle, et Hanji baissa les yeux à son tour, trouvant cette histoire triste.

Ca a du être difficile pour toi, non ? Tu veux parler de ce qu'il s'est passé pour que vous en arriviez là ?

Il ne lui demanda pas direct la raison de cette rupture, encore une fois pour qu'elle ne se sente pas forcée, mais lui montrait qu'il était là si elle avait envie de se confier. Aujourd'hui, plus tard ou jamais, c'était à elle de voir.

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Outfit - Riho n'aimait pas parler d'elle car c'était un sujet qui l'ennuyait. Le visage neutre et les yeux pourtant animé d'une lueur indistincte qui jouait les funambules entre la colère larvée et le désenchantement tacite, elle avait toujours eu du mal à accepter de ses livrer aux autres. Il y avait cependant dans cette étonnante rencontre en terrain presque connu quelque chose qui offrait à ses paroles plus de sincérité que d'habitude. Peut-être était-ce tout simplement la côté direct des questions de Hanjiro ; la jeune femme ne savait pas se défendre contre l'honnêteté, là où elle ne supportait tout simplement pas la gentillesse. Il avait la bonne approche, peut-être la seule qui marchait avec elle. Elle écouta ce dernier parler brièvement de sa famille... une fois par mois ? Se prenant à imaginer un repas de famille chez les Noguchi, Riho demeura silencieuse une longue minute, comme une petite éternité. La dernière fois qu'elle avait mangé avec une assemblée remontait à plusieurs années, sous un des ponts de fer et de verre de l’implacable Tokyo, entourée de paumées comme elle réunis autour de ce qu'ils avaient pu trouver. Ce ne fut qu'une vision fugace sur laquelle elle ne s'appesantit pas, préférant se focaliser sur le présent et les questions de son interlocuteur.

C'était plutôt drôle comme discussion, comme s'il y avait un puzzle à finir et que Hanjiro était une des pièces manquante. L’artiste-peintre le considéra en silence mais sans s'en cacher, longuement silencieuse. C'était un peu agaçant quand on y pensait : ils pensaient se détester en vrai et s'appréciaient virtuellement. Ça n'avait pas de sens, et Riho n'aimait pas les situations ambigus. Elle serra les dents, un peu perdues dans ses pensées avant de se reprendre, retirant finalement sa casquette pour la poser sur le coin de la table en acceptant de se montrer complètement, car elle n'avait plus vraiment besoin de se cacher ou de se défendre. Peut-être aurait-elle du dire quelque chose sur la réponse de Hanjiro sur sa famille mais elle ne trouva rien de réellement très concret à lui donner, se contentant de hocher la tête. Ce n'était pas que le sujet ne l'intéressait pas, bien au contraire. Il était un peu difficile en définitive. La jeune femme préféra alors se concentrer sur la nouvelle question qu'il lui posa et à laquelle elle hésita un instant à répondre.

"J'aime bien ton côté direct", lui dit-elle tout de go.

Riho se mordit un peu l'intérieur des lèvres mais aucune expression particulière n'anima son visage monolithique. Elle vit dans le regard de son vis-à-vis quelque chose qu'elle n'appréciait pas et qui ressemblait à de la compassion ou de la tristesse.

"N'soie pas triste pour moi", elle haussa des épaules de façon clairement désinvolte, "j'vais pas mal, au contraire."

Elle mentait peut-être un peu, surtout à elle-même mais ça n'avait plus trop d'importance. Face au côté direct d'Hanjiro, elle décida de ne pas se dérober pour une fois, sans pour autant tomber dans le pathos. Pour cette raison Riho accepta pour une des premières fois de sa vie de s'ouvrir à quelqu'un. Il n'y avait pas de raison de se cacher plus avant. Il n'y avait pas de raison de mentir ou d'occulter. C'était moins compliqué qu'avec Ayame.

"J'suis débrouillarde, ça allait", elle épilogua un peu, et y reviendrait seulement s'il le demandait, "mes parents m'ont dit que j'les dégoûtais, alors j'ai fugué."

Riho hésita, regardant Hanjiro avec un air entre le futur regret et la lassitude de trop se taire. Il y avait aussi une certaine forme de crainte qu'elle n'avait toujours pas dépassé. Elle fixa le fond de sa tasse vide pour ne pas croiser son regard.

"Parce que...", elle marqua une pause, mal assurée, avant de prendre une grande inspiration, "... j'suis lesbienne", elle releva le regard sur le jeune homme, les sourcils froncés, lui lançant comme si elle devait immédiatement se défendre, "ça t'choque ?"

Il y avait de l'agressivité dans sa voix, de celles des gens qui ne font jamais que se défendre contre le monde entier et qui craignent ainsi tout un chacun. Riho se sentit obligée d'ajouter :

"Le dit à personne par contre, sinon j'te l'f'rais regretter", elle le fixa avant de reprendre, se faisant craquer les doigts, "j'suis sérieuse. On va dire que j'accepte de t'faire confiance... juste pour voir."

En réalité, la jeune femme craignait surtout que son secret parvienne aux oreilles de sa meilleure amie Ayame dont elle était secrètement amoureuse. Elle connaissait Hanjiro sans vraiment le connaitre et se demandait s'il elle avait ait me bon choix...

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05/05/21 || outfit Hanjiro n'a jamais été du genre à mâcher ses mots ou à tourner autour du pot. Peut-être n'a-t-il jamais eu assez de relations humaines pour comprendre le tact ou détourner ses questions, ou peut-être qu'il a décidé un jour que la franchise menait plus loin. Peu sociable, il était tout de même un gars qui osait parler aux gens et poser les questions qui lui venaient à l'esprit, quitte à se prendre un gros stop.

Même s'il avait compris que Riho n'était pas très bavarde et n'aimait pas parler d'elle, Hanji lui posait donc des questions sur sa famille, n'ayant rien à perdre. Que risquait-il de plus qu'un silence buté ? Rien. Il sentait que ça n'entacherait pas leur relation, quelle qu'elle soit. Enfin, dire qu'il ne redoutait pas sa réaction serait mentir, car il n'avait pas envie de la braquer ou de l'énerver, mais il se disait que la prendre avec des pincettes ne serait certainement pas mieux.

Un petit sourire de soulagement étira le coin de ses lèvres quand la jeune femme lui dit aimer son côté direct. Avec ses airs fermés et agressifs, elle devait plutôt avoir l'habitude que les gens évitent les sujets sensibles avec elle, voire qu'ils l'évitent tout court.

Hanjiro trouvait ça triste que Riho n'ait pas vu sa famille depuis plusieurs années. Visiblement, il ne cacha pas suffisamment ses émotions et elle tenta de le convaincre qu'elle allait bien, que ça allait. Il hocha la tête pour montrer qu'il la croyait, même si lui ne concevait pas sa vie sans sa famille. Après, s'il avait une famille qui le maltraitait et avec qui il s'entendait mal, il comprendrait certainement son point de vue.

Gardant le silence un instant, il lui laissa le temps de décider si elle voulait aller plus loin ou en rester là. Elle s'était déjà plus confiée qu'elle ne l'avait fait par messages et Hanjiro ne lui en voudrait pas si jamais elle décidait qu'elle en avait assez dit pour cette fois. Sauf que Riho semblait d'humeur à parler, faisant froncer les sourcils de jeune homme avec ses paroles.

Elle dégoûtait ses parents ? Légèrement choqué par cette révélation, il lui accorda toute son attention, attendant de comprendre en quoi cette jeune femme pouvait dégoûter ses parents. Il ne détourna pas les yeux quand elle croisa son regard, lui montrant qu'il était prêt à tout entendre et à ne pas la juger, mais ne fit rien de plus pour l'encourager ou la forcer à parler. Et puis elle se lança.

Riho était lesbienne. D'accord. Pas plus choqué que ça par cette révélation, Hanjiro comprit tout de même la raison du rejet de ses parents. L'homosexualité n'était pas forcément bien vue au Japon, et les gens avaient tendance à rejeter ce qu'on considérait comme une déviance. Riho avait eu beaucoup de courage pour le dire à sa famille, et leur réaction avait du la décevoir au plus haut point.

Non. Ca te regarde, je m'en fiche que tu préfères les femmes ou les hommes.

Il n'était pas choqué par ses préférences sexuelles non, mais par la réaction de ses parents. On était dans un monde où on essayait de faire comprendre aux gens qu'être homo, bi, trans ou autre était normal et que ce n'était pas une maladie, mais certaines personnes ne voulaient pas le comprendre. Malheureusement, c'était souvent ceux qui y étaient confrontés de près...

Tu peux me faire confiance, j'en parlerai pas. J'ai pas grand-monde à qui en parler de toute façon, et je suis pas fan des ragots.

Loin d'être effrayé par l'avertissement de Riho, Hanjiro haussa les épaules et prit une gorgée de son chocolat. Il n'était vraiment pas du genre à parler sur le dos des gens et à propager des rumeurs, qu'elles soient fondées ou non. Mais Riho n'avait aucune raison de lui faire confiance, elle ne le connaissait pas encore suffisamment pour ça, alors il se redressa et réfléchit un instant avant de reprendre la parole.

T'as qu'à me demander un truc super personnel pour qu'on soit quittes si tu veux ? Par contre je n'ai pas un gros secret comme le tien, je pense être du genre plutôt banal et ennuyeux...

En effet, il avait beau réfléchir à une révélation aussi lourde que celle de Riho, rien ne lui venait en tête. Lui dire qu'il était puceau ne la surprendrait certainement pas et ne serait pas un scoop pour les autres, et il n'avait aucun crush honteux à dévoiler. Il n'avait commis aucun crime, non plus, ni n'avait subi de traumatisme dont il ne voulait pas parler. Un mec banal en ennuyeux, avec une vie banale et ennuyeuse...

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feat. @Noguchi Hanjiro


Outfit - La familiarité revenait petit à petit, à l'aulne de leurs échanges qui étaient plus faciles qu'on aurait pu le croire. Toujours sur la défensive, Riho avait pourtant décidé de lâcher du leste et de s'en tenir à ses nouvelles résolutions : faire des efforts pour sociabiliser tant que les gens n'étaient pas ouvertement contre elle, ou qu'ils ne l'ennuyaient pas à mourir. Parce qu'elle se lassait vite des autres et des situations - et parce qu'elle était colérique et impatiente - la jeune femme préférait la solitude à toute forme d'échange ; les autres la perturbaient, la dérangeaient, parfois même la rendaient violente avec un manque de retenue pathologique. Être sans limites, Riho avait bien des secrets mais elle ne les portaient pas en parure. Elle était pudique, surtout, malgré les apparences. Elle n'était pas là pour gagner le prix de la vie la plus pourrie ou la plus étrange et n'était pas du genre à aimer se confier ou parler d'elle.

Pour autant, la compagnie de Hanjiro commençait à lui sembler familière. Pas forcément à l'aise, il y avait pourtant une ambiance qui s'instaurait entre eux, pas à pas. Si l'artiste avait encore son attitude rentrée et son air morgue, elle apprécia les sourires et les silences de son interlocuteur et retrouvait un peu de leurs discussions virtuelles. Lisant sans mal l'incompréhension dans les yeux du jeune homme, la peintre ne dit rien de plus. Elle n'avait jamais compris le raisonnement de ses parents, quand bien même elle aurait voulu comprendre... ils l'avaient rejetée en bloc, et elle n'avait eu aucune envie de les écouter. Avouant finalement son secret - ce n'était finalement pas le pire - à Hanjiro, Riho se sentit presque déçu de ne pas voir de trouble sur son visage. Habituée au rejet et au dégoût, elle ne savait pas comment agir face à une personne que ses mœurs indifféraient quand bien même cela aurait du la soulager. Elle pinça les lèvres, l'air clairement déçue ; Riho s'épanouissait dans l'affrontement et la tension et n'avait que rarement vécu l'apaisement et l'acceptation qui la mettaient mal à l'aise.

"Bien sûr que ça r'garde que moi", cracha la jeune femme, "j'fais ce que j'veux d'mon cul."

C'était comme si Riho essayait d'entrer dans la confrontation en provoquant Hanjiro avec une attitude agressive qui sortait un peu de nulle part mais c'était simplement dans sa nature d'être ainsi frondeuse, un peu brute de décoffrage pour essayer de garder le cap. En somme, de l'agressivité sans objet, juste là par réflexe. Elle ne douta cependant pas que Hanjiiro ne dirait rien mais préféra demeurer sur ses gardes, par habitude un peu délétère. Après tout n'avait-il rien de bon à gagner à parler de ça à quelqu'un. Elle haussa un sourcil quand il évoqua une certaine forme de solitude mais ne posa pas de question. Il n'avait pas l'air effrayé par sa menace et cela la stressa invariablement au point que son visage se referma d'un coup, déjà pas mal contrit. Sa jambe s'agita toute seule sous la table par réflexe nerveux et tout son corps se tendit. Il ne pas prenait pas au sérieux ? La jeune femme s'imagina que son interlocuteur se moquait d'elle, et elle partit dans un début de colère muette, intériorisée.

La jeune femme ne dit cependant rien et se prêta au silence ambiant qui n'était pas désagréable, fixant Hanjiro qui semblait réfléchir à ce qu'il allait dire. Il était appréciable pour Riho de parler avec des gens qui réfléchissaient ce qu'ils disaient. Elle-même était à la fois très pragmatique et quand la colère la prenait, complètement irrationnelle. La proposition du jeune homme la prit de cours si bien qu'elle demeura silencieuse, les yeux ronds comme des soucoupes. Demander un truc super personnel ? Mais demander quoi ? Elle ne sut par où commencer, ou même si elle avait envie de poser ce genre de question. Alors Riho fit ce qu'elle faisait de mieux : elle prit l'air de s'en foutre.

"J'en sais trop rien...", elle fixa sa tasse de café vide comme pour y trouver de l'inspiration avant d'avouer très franchement, "la vie des autres m'intéresse pas vraiment, et j'suis pas du genre à chercher à savoir. Je préfère découvrir, si j'ai envie d'connaitre la personne", elle releva la nife vers Hanjiro, "ça s'rait pas plus simple que j'apprenne à te connaitre p'tit à p'tit, plutôt que te lancer une question sortie du trou du cul du monde comme ça ?"

Il y avait derrière son attitude faussement désinvolte les paroles d'une personne qui acceptait de démarrer doucement une relation qu'elle estimait durable : c'était mieux de se découvrir au fil des discussions plutôt que de se passer en revue vite fait ; c'était comme lire un livre posément ou se le faire spoiler pour tout savoir. Et Riho était clairement dans le camp des lecteurs lents. 

"A moins qu'tu soies pressé de tout m'dire ?", ironisa soudain Riho, un fin sourire aux lèvres, "y' pas l'feu. Pi' tu sais...", la jeune femme prit une grande inspiration, "c'est bien aussi, être du genre banal. On est pas là pour faire un concours d'la vie la plus drama."

Un nouveau sourire non pas comme une capitulation, mais comme une acceptation. Riho acceptait Hanjiro et baissait sa garde face à lui, petit à petit apprivoisé comme on le ferait avec un chat sauvage et affamé. Elle sourit intérieurement en se disant que s'il trouvai que sa vie était dingue, elle ne lui avait pas encore dit qu'elle avait vécu à la rue, qu'elle s'était prostitué, qu'elle avait un casier et d'autres trucs du genre.

Ce fut à son tour de poser une question tout de go :

"T'es un solitaire toi aussi, c'est ça ?", une pause, puis, "et t'es pas ennuyeux, sinon j'te parlerais pas. J'parle avec aux gens chiants, j'ai pas qu'ça à foutre."

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