play with me À l’annonce de son niveau à l’université, je me suis replongé dans le passé un court instant. C’était y’a à peine deux ans que j’étais en seconde année à l’université de Chûô. J’avais validé haut la main mon année où je m’impliquais principalement au club de Volley-ball. L’année d’après, j’étais entré dans le cercle de musique pour garder la main sur les divers instruments auxquels je jouais depuis mon enfance. Puis, quelques jours après, j’avais rejoint le cercle des arts pour pratiquer davantage. Sans m’en rendre compte tout de suite, je m’étais alourdi en charges et en responsabilités avec toutes ses activités, surtout en quittant la résidence la quatrième année et de devoir faire plusieurs boulots pour payer le loyer. “En quatrième année.” Je reprends quelques chips en écoutant les réponses de mon voisin.

Surpris, ma bouche reste entrouverte. Deux ans qu’il pratique ? J’aurais dit qu’il parlait japonais depuis son enfance. *Waow* Je me met à penser que certaines personnes sont vraiment douées pour apprendre des langues étrangères. Moi, ça n’a jamais été vraiment le cas. Je me débrouille en anglais, mais je ne peux pas dire que je suis bilingue. Les langues ne rentrent pas aussi facilement dans mon cerveau que la musique par exemple. Je sais jouer du piano, de la guitare, un peu de violon et de flûte traversière. “C’est super classe. Franchement, j’trouve ça cool.” Dis-je en secouant légèrement le visage de haut en bas avec un air sympathique.

Ses joues qui étaient devenues roses par le compliment que je lui avais fait, c’était mignon. Song Yoo Chan m’a l’air d’être un garçon mignon, cool et attachant. C’est mon ressenti, alors que je viens à peine de le connaître. Ne faut-il guère se fier à ses premières impressions ?

Les yeux plongés dans les siens, je secoue encore le visage lentement avec un petit “Mh” de temps en temps, pour montrer que je l’écoutais et que je suivais son histoire. À la fin de celle-ci, je me redresse et je joins mes mains l’une dans l’autre, les doigts entrelacés autour de ma boisson. “Je prierai pour toi au temple. En tout cas, je te souhaite de réussir. Si tu t’en donnes les moyens, je n’en doute pas.” Un sourire naturel, franc et sincère réchauffe mes lèvres humidifiées et salées. Malgré les informations qu’il vient de me donner, je préfère ne pas être trop curieux et de trop lui en demander sur son passé. S’il veut m’en dire plus, c’est libre à lui, mais je ne veux pas le forcer.

Tout à coup, une idée me vient en tête. Je me mets aussitôt à l’appliquer, car j’oubliais souvent de le faire. "Ça te dit qu’on s’échange nos Line ? On pourra continuer à discuter ensemble si tu veux.” Ce n’est pas une habitude que j’ai, car je ne traîne pas toujours sur les réseaux sociaux. Néanmoins, j’essaye d’avoir le pli dans le but de garder contact avec la personne.
Le portable sortit, je le lui tends avec l’écran allumé afin qu’il puisse s’ajouter.

play with meYoo Chan coince la paille entre ses lèvres tout en observant le jeune homme avec intérêt et curiosité lorsqu'il mentionne être en quatrième année. Il était donc un peu plus âgé, ce qui expliquait pourquoi ils ne s'étaient jamais croisés jusqu'à présent. Pour tout dire, le coréen ne traînait pas souvent ur le campus, préférant se réfugier dans les arcades ou les bars pour profiter un maximum de sa liberté, maintenant que ses parents ne sont plus là pour surveiller ses allers et venus.

Alors je devrais t'apeller Senpai?

Un sourire amusé se dessine sur ses lèvre alors que, même si cette apellation est plutôt commune dans son pays d'accueil, Yoo Chan ne s'est jamais résolue à apeller qui que ce soit de cette façon. Il semble d'ailleurs avoir impressionné Jun en lui apprenant qu'il ne parlait japonais que depuis deux ans seulement. Certes, le coréen avait une facilité pour les langues mais il avait également été forcé de suivre des cours avancés par ses parents sous peine de le garder enfermer dans sa chambre pour les vingt prochaines années, sans exagérer. Et puis, il avait regarder son lots d'anime japonais depuis tout petit.

Mais toi, tu parles que le japonais?

Sa question ne se voulait pas condescendante, il était curieux, tout simplement. Jun semble être un garçon sympa malgré leur petite compétition, un peu plus tôt. Quel genre de personne allait prier pour le succès d'un inconnu? Surpris, Yoo Chan le regarde quelques secondes avant d'acquiescer, forçant un sourire sur son visage pour camoufler l'embarras que lui causaient les paroles du jeune homme.

Oh c'est pas... Euh... Merci.

C'est tout ce qu'il trouve à dire, détournant légèrement le regard en apercevant le sourire beaucoup trop chaleureux de Jun. Il ne méritait pas tant de gentillesse. D'ailleurs, le japonais poursuit sur cette voie en lui offrant de s'échanger leur Line pour ne pas perdre contact. Pourquoi pas? Yoo Chan n'avait pas eut la chance de se faire beaucoup d'amis depuis son arrivé, étant plutôt solitaire. Il avait bien échangé quelques coups de poings lors de ses combats de rue mais échanger son numéro semblait une meilleure avenue. Il prend donc le téléphone de Jun pour y taper son numéro.

Bonne idée on pourra se refaire quelques parties un de ces jours.

play with me Moi, qui me situais comme étant une personne difficilement sociable, je me retrouvais à me faire une nouvelle connaissance en allant à la salle d’arcade. Il fallait que je parvienne à m’ancrer dans le crâne que je n’étais plus le même qu’autrefois et que le temps m’avait changé. Depuis quelques années, j’avais réussi à me faire de nouveaux amis, à sortir avec des nouvelles connaissances et à m’améliorer avec les conversations. Ne criant victoire trop tôt, je le savais que j’avais encore du chemin à faire pour me considérer entièrement comme une personne très ouverte aux autres et dans tous les cas, une seule vie ne suffirait guère pour changer cette part de moi. Pour l’instant, j’étais contente des efforts que j’avais fournis et de la bande d’amis qui m’entourait aujourd’hui.

“Oh euh… Si tu veux…” Senpai.. J’ai peu l’habitude de l’entendre et quand c’était le cas, ce mot sortait de la bouche des enfants. Son utilisation me donnait l’impression d’avoir pris vingt ans de plus et qu’un cheveu blanc pourrait à tout moment apparaître près de mes oreilles. Cette pensée me donna des frissons. Mon corps se secoue vivement comme pour sortir cette idée qui me collait à la peau. Puis, j’ouvre les yeux qui étaient fermés pour ne pas paraître suspect trop longtemps.

“Je parle un peu l’anglais, mais je ne peux pas dire que je suis un maître de cette langue.” Une petite grimace vient appuyer mes propos avant de finir entièrement tout ce que j’avais commandé pour moi. Je dépose le tout devant moi et je souris tout en hochant une fois le visage face à son “merci”.

Nous avons échangé nos contacts Line. De cette manière, nous pourrons garder contact à l’avenir. “Complètement et même si tu veux venir chez moi pour jouer, j’ai quelques bons vieux jeux et plusieurs consoles.” Je soulève les sourcils sous l’effet de la joie avant qu’une alarme ne sonne sur mon portable. C’est pour me prévenir que je dois bouger et reprendre mes activités comme aller à l’entraînement de Volley-ball. “Je dois bouger.” Dis-je en éteignant l’alarme. Je prends mes déchets pour les jeter dans la poubelle juste derrière moi et je reviens vers le camarade de jeu. “C’est un plaisir d’avoir fait ta connaissance Yoochan-Kun.” Un petit sourire délicat se dessine au coin de mes lèvres et je lui fais un signe de main pour le saluer et partir des lieux avec toutes mes affaires.

Je grimpe dans le bus du soir menant à l’université. En fait, je dois avouer que j’avais oublié que j’avais entraînement ce soir. C’est pour cela que je programme des alarmes, sinon je finis toujours par oublier les choses.

Après l’heure d’entraînement, je suis rentré chez moi pour mater un épisode d’une série et j’en profite pour envoyer un emoticon mignon malgré moi à Yoochan sur Line de manière à lui signaler que je compte bien continuer de lui parler.