Il est tard, enfin tard. Vingt heures trente est ce tard ? Peut être oui, mais tu veux être certain qu'elle soit là, ou presque certain ? Au fond tu n'en sais rien, tu y vas un peu au culot il faut l'avouer. Tu as pris à manger, mais surement a-t-elle déjà fait son repas du soir. Tu n'es vraiment pas serein Nao, mais tu as besoin de la revoir, de lui parler, de savoir comment elle va, de t'excuser, de trop de choses en fait. T'es là devant sa porte et après une grande inspiration tu te décide à sonner. En espérant qu'elle t'ouvre la porte.

L'attente te semble interminable et tes pensées fusent dans ton cerveau. Des souvenirs te reviennent, tu souris un court instant avant de te rappeler ton départ, le fait de ne lui avoir rien dit, parce qu'on te l'a interdit, le fait d'être resté tout ce temps sans donné de nouvelles, peut être te croit-elle mort ? Peut être pense-t-elle que tu ne veux plus lui parler, que tu l'as fuit. En vérité tu ne sais pas ce qu'elle peut penser, toi qui d'habitude la connais si bien, toi qui te connais si bien, aujourd'hui tu es bien perdu, trop perdu. Qu'est ce que ça va donner tout ça hein Nao ?

Aujourd'hui avait été une longue journée, les clients s'étaient enchainer et la jeune femme avait grandement béni le fait de ne pas être seule. Lorsqu'elle avait travaillé en restauration, elle avait expérimenté ces moments de rush, mais au café aujourd'hui avec le froid qui s'installait doucement, mais sûrement les gens venait se mettre à l'abri pour avoir l'espoir de se faire servir une douceur chaude pour un réconfort avec des amis, ou même seul. Hélas ils n'avaient pu accueillir tout le monde, mais ceux qui avaient eut cette chance était quelque peu nombreux.

Sortant de la douche, une tenue chaude et confortable sur le dos, Hanae ne peut que sursauté lorsqu'elle entant la sonnerie de son appartement. Il n'était pas prévu qu'elle reçoit qui que ce soit aujourd'hui. Elle regarde son téléphone en pensant que peut-être un de ses frères devait passer, mais rien. Sans prendre la peine de regarder elle ouvre doucement la porte et son corps se fige un instant. Une silhouette qui ne lui est aucunement inconnue, un visage qu'elle n'avait plus vu depuis des mois. Son cœur se serre ne sachant comment réagir. Nao, son meilleur ami qui avait du jour au lendemain disparu, qu'elle avait tenté d'appeler plusieurs fois en vains. Sans un mot, elle se pousse pour le laisser rentré, trop surprise pour dire quoi que ce soit.

Un instant de silence pesant alors qu'elle ferme la porte, un instant où ses pensées n'arrivent à prendre aucune forme. Avant que la réalité ne s'impose, Nao était là. Sans réellement sans rendre compte-t-elle se jette dans ses bras, les larmes coulent d'elle-même sans qu'elle puisse le contrôler. « Imbécile, le téléphone ça existe tu sais » Elle le connaissait depuis assez longtemps que s'il n'était pas là, s'il n'avait pas pu lui donner de nouvelle, ce n'était pas de son fait, mais elle n'avait pas pu s'empêcher de lui en vouloir, de le maudire, le détester alors qu'elle avait tant besoin de lui. Sa présence aurait-elle empêché son geste ? Non, peut-être, personne ne le saurait, elle la première. « Tu en a mis du temps » Dit-elle en le gardant dans ses bras, comme pour se rassurer, se dire qu'il était bel et bien là qu'il n'était pas le fruit de son esprit tourmenté.

Tu ne sais pas à quoi t'attendre. Tu ne sais pas si elle va te crier dessus, si elle va rester silencieuse, te frapper.. Tu ne sais plus. Tu n'arrives plus à anticiper les réactions de tes proches car tu ne les as plus vu depuis longtemps. Trop longtemps en réalité.

La porte s'ouvre finalement sur ta meilleure amie et tu l'observe rapidement de haut en bas, elle a changé, mais ça ne t'tonne pas, au vu de ce que t'as annoncé Hideki hier. Tu esquisse un légère sourire, nerveux. Elle ne dit rien te laisse entrer. Ce que tu fais. Le silence qui plane l'espace d'un instant te met mal à l'aise parce que tu es en attente. En attente d'une quelconque réaction.

Mais la seconde d'après tu la retrouve dans tes bras, en pleurs, et la culpabilité te prend à nouveau. Tu ne peux lui rendre son étreinte, fermer les yeux un instant. Le téléphone ça existe. Tu lâche un léger rire. Si seulement. Mais elle sait Hanae n'est pas ignorante de tes missions d'infiltration, quand bien même en générale elles sont plus courtes et tu as le temps de la prévenir un minimum. Alors que là non, rien, tu n'as rien pu faire.

Tu baisse les yeux sur ta meilleure amie, passant une main sur sa tête doucement. pardon Hanae.. pardon de ne pas avoir été là, de ne pas avoir pris de nouvelles, de ne pas avoir été présent au pire moment. Quand bien tu essaies de comprendre pourquoi, tu ne dis rien, tu ne lui en parleras que si elle n'évoque pas le sujet, et encore, peut être pas aujourd'hui. je suis là maintenant .. C'est peut être trop tard jeune homme, mais tu ne peux pas faire mieux, ni même dire mieux.

Elle s'accroche à lui de manière désespérer. Il lui avait manqué, elle avait peur qu'il ne rentre jamais. Ses larmes redoublent sans qu'elle puisse réellement le contrôler. Le voir là, lui enlevait comme un poids. Elle l'entend présenter ses excuses, mais ne les relèves pas. Elle savait dans le fond que ce n'était pas sa faute, mais la douleur de son absence avait été forte. C'était son meilleur ami, un membre à part entière de sa famille à ses yeux. « Ne t'excuse pas imbécile » finit-elle quand même par dire « Ce n'est pas ta faute » Même si elle aimerait lui dire le contraire elle ne pouvait lui faire ça.

Hanae lève enfin les yeux vers lui, elle a perdu du poids, peut-être un peu trop. La alors qu'il était venu sans parvenir elle n'avait pu se cacher derrière une tonne de vêtement comme elle le faisait, jusqu'à ce qu'elle arrive à reprendre un poids dit correct. « Ne part plus Nao, plus aussi longtemps...Je n'y arriverais pas » Une demande impossible elle le savait, mais qu'elle avait eu besoin de formuler à voix haute. Elle fuit un instant prendre un pull pour que le regard de son meilleur ami ne se pose pas sur le stigmate de sa faute. Le préservant temporairement de ça. Ils venaient de le retrouver elle ne voulait pas qu'il fuit. « Tu es revenue quand ? » Demande-t-elle une fois le choque des retrouvailles passer.

Ne t'excuse pas. Ce n'est pas ta faute. Si seulement tu y croyais. Et au fond ce n'est pas faux tu n'y es pour rien si on t'a envoyé à l'autre bout du pays durant des mois. Seulement tu te sens tout de même coupable. Personne ne pourra te l'enlever, ou pas avant un moment du moins.  Tu te contente alors d'esquisse un sourire pour toute réponse. Que veux tu dire de plus, vous n'allez pas débattre à ce sujet durant des heures.

Ne pars plus. Ses mots résonne dans ta tête, dans ton coeur. Tu le sens se serrer, un peu trop d'ailleurs. Tu t'en veux de l'avoir abandonné. Qu'est ce que tu aurais fait si elle n'avait pas été là à ton retour. Tu n'en sais rien. Vraiment rien. je n'ai pas l'intention de repartir .. non c'est bon, tu as donné tout ce que tu avais à donner. Tu ne peux pas refaire ça, ou alors il faudrait que tu coupe définitivement les ponts, que tu te perde dans le boulot et que tu y meurs. Et tu as d'autres projet de vie en réalité.

Elle s'enfuit pour mettre un pull large, tu la laisse faire, ne fais pas de commentaire à ce sujet. Tu n'es pas là pour l'engueuler, au contraire. Tu veux l'aider, lui montrer que tu es là, que tu ne la lâcheras plus. Qu'elle peut s'appuyer sur toi. En toute circonstance. Quand est ce que tu es revenu hein. Tu esquisse un sourire. en début de semaine Tu observes alors son appartement. ça n'a pas tant changé depuis ma dernière visite Tu ne sais pas par où commencer. De quoi parler. Tu la regarde alors et souris un peu. est ce que te as déjà mangé ? vous pourriez le faire ensemble, ça ne vous ferais pas de mal tiens.