Londres. Un an qu’elle n’y avait pas mis les pieds, un an bien trop long aux yeux de Juria. C’est pour cela qu’elle avait choisi cette belle ville pour débuter son tour d’Europe. Elle n’avait aucun planning en termes de durée de chacun de ses voyages, elle irait où son humeur la mènerait. C’était un piège de venir à Londres, car il y avait son ami Joey, avec qui une certaine alchimie s’était créée durant son échange universitaire. Et quand on a des proches sur qui compter, on ne veut plus repartir.

Le trajet en avion avait été long. En même temps c’était normal lorsqu’on traversait le globe. La jeune femme avait oscillé entre dormir, regarder des films et regarder par le hublot. Et finalement, alors que la journée touchait à sa fin et qu’elle était toute courbaturée à cause de l’inconfort apparent des sièges, l’avion atterrit. Juria trépignait ; elle allait revoir Joey qui avait eu la gentillesse de venir la chercher à l’aéroport. Il allait d’ailleurs très certainement lui proposer de l’héberger en attendant qu’elle trouve une situation, gentil qu’il était. C’était le problème quand on venait pour une courte période, cela allait être difficile de trouver un toit. Elle risquait de devoir opter pour de l’airbnb.

Une fois sortie de l’appareil, elle se hâta dans l’aéroport et se dirigea automatiquement vers les tapis roulants pour récupérer sa valise. C’était toujours le plus long, et les gens se ruaient sur leurs affaires comme s’ils étaient seuls au monde. Juria restait en retrait, attendant son tour. Ses bagages repérés, elle sortit de la zone d’un pas pressé, impatiente de retrouver son ami.
Elle ne tarda pas à le repérer, et lui fit de même en lui adressant un signe de la main. Une fois à sa hauteur, ils se gratifièrent d’une accolade chaleureuse et amicale.

« Joey !! Je suis trop contente de te revoir après tout ce temps ! Tu vas bien ? Toujours aussi élégant dis-moi !! » fanfaronna-t-elle, trop contente d’être ici.

Joey était toujours aussi poli lorsqu’il s’exprimait. On voyait qu’il faisait partie de la haute, mais il faisait cela sans prétention aucune, c’était naturel d’être courtois chez lui. Et c’était rafraîchissant pour Juria qui avait eu l’habitude de croiser beaucoup de jeunes rustres qui ne savaient pas s’exprimer correctement. Et ce qui était agréable avec Joey, c’est qu’il avait beau être en partie japonais, cela se voyait surtout sur ses traits. Il était très ouvert, très curieux et pas aussi renfermé que la plupart de ses congénères nippons.
Elle constata qu’il continuait de l’appeler avec la prononciation anglaise de son prénom, ce qui la fit aussitôt sourire. Il n’était pas le seul à le faire, mais dans sa bouche cela sonnait de manière particulière. Son prénom devenait moins banal et plus élégant.

« Resplendissante ? Tu exagères, après plus de 15h de vol, ça m’étonnerait que je sois présentable … » plaisanta-t-elle. « Merci du compliment quand même, je prends ! Tout s’est bien passé, c’est juste terriblement ennuyeux et inconfortable comme d’habitude. »

Tout sourire, Juria laissa son ami prendre sa valise ses mains, peu étonné de son geste dont elle avait l’habitude. A peine étaient-ils sortis de la zone des arrivées qu’il lui parlait déjà de son futur logement. Il lui proposait cash de demander à son assistant de lui mettre à disposition l’appartement de son père. Juria était gênée et rougit légèrement. Il en faisait déjà trop.

« Je t’avoue que je n’ai pas encore cherché, je comptais louer un appartement en airbnb. Je ne voudrais pas ennuyer ton père en occupant son appartement quand même. »

Elle ne serait en plus pas sentie à sa place dans un tel palace. Juria était déjà venue à plusieurs reprises chez Joey à l’époque de son échange, et vu l’allure des lieux, elle imaginait très bien ceux du paternel. Elle lui était cependant reconnaissante de ne pas avoir proposé de loger chez lui, car elle n’était pas capable de faire de la colocation avec un homme, même si elle s’entendait super bien avec Joey. Elle aurait trop peur de fiche en l’air leur amitié. En revanche s’il pouvait la dépanner pour cette nuit …

Le chauffeur de Joey les attendait à la sortie. Elle n’avait pas pour habitude d’être aussi bien reçue, mais elle essayait de s’y faire. Impossible de refuser des faveurs à Joey car tout était déjà planifié d’avance : il pensait à tout. Mais il faisait usage de sa richesse de façon bienveillante, sans prétention aucune. Elle prit donc place dans la berline, saluant au passage le dénommé Satoshi.

Hajima oey a écrit:

Londres, Juin 2015 - 19h - Aéroport de Heathrow Retrouvailles à Londres

Je t’avoue que je n’ai pas encore cherché, je comptais louer un appartement en airbnb. Je ne voudrais pas ennuyer ton père en occupant son appartement quand même. dit elle en entrant dans la voiture.
Elle n'avait toujours pas de logement, et Joey ne savait pas pour combien de temps elle comptait rester à Londres. Elle refusait tout de même d'être herberger dans les appartements de son père. Il vint alors une idée. Lui pouvait aller à La City.
Et bien, si tu n'a toujours pas d’hébergement pour l'heure, pourquoi ne pas t'installer chez moi, à Westminter, tant dis que j'irai loger dans l'appartement de mon père. Cela ne me dérange absolument pas. Il est déjà tard, et il me semble difficile de trouver un hotel digne de ce nom pour cette nuit. Il s'adressa ensuite à son chauffeur. Satoshi, pourriez vous prévenir Père de léger changement de programme, il m'étonnerait que Père décide de venir à Londres en cette période de l'année, mais ceci étant je préfère tout de même le prévenir, cela reste son appartement." Satoshi, qui regardait Joey, par le rétroviseur hocha à la tête en ponctuant d'un "Bien monsieur."

Joey se dit alors que Juria devait aussi avoir faim, après 15 heures de vol.
"Juria, dit il en se tournant vers elle, qu'as-tu envie de manger ? Je connais un restaurant français qui vient d'ouvrir à Westminster. Je te le conseille chaudement. Mais je veux d'abord que tu me dises, ce dont toi, tu a envie. Préfère tu aller manger, ou aller te reposer peut être ? Je suis à ta disposition."

Joey voulait que son amie se sente à son aise, et ne voulait absolument rien lui imposer, comme il détestait que l'on prenne des décisions pour lui, ce qui arrivait un peu trop fréquemment à son goût.

Hajima Joey & Ito Juria

by emme

Décidément, Joey était plein de surprises. Relevant la gêne de son amie à l’idée de loger chez son père, il avait proposé d’y aller lui-même, tandis qu’elle pourrait rester chez lui. Hein ? Mais non, c’était trop ! Mais elle n’avait pas eu le temps de rétorquer qu’il avait déjà demandé au chauffeur de prévenir M. Hajima. Ce dernier allait se demander pourquoi son fils, propriétaire d’un grand appartement avec plusieurs chambres dans le quartier de Westminster, avait besoin de prendre celui de son paternel. Et il interrogerait son fils. Et peut-être aurait-il des ennuis. Oh, quel calvaire.

« Joey, vraiment, je veux bien que tu me dépannes pour la nuit mais après je vais chercher un logement moi-même, ne t’en fais pas. Ton père risque de ne pas comprendre pourquoi tu irais chez lui alors que tu as ton propre appartement. »

Il était difficile de tenir tête à Joey : lorsqu’il avait une idée, il la poursuivait jusqu’au bout, persuadé que c’était la bonne solution. Sa gentillesse était vraiment touchante, mais il en faisait parfois trop. Et vu son regard, il s’apprêtait à recommencer. Il lui parlait d’un restaurant français qu’il lui recommandait, et elle savait qu’elle n’avait pas les finances pour une telle gastronomie, surtout en plein Londres. Elle était plutôt du genre à acheter trois bricoles au Tesco du coin et à grignoter tranquillement dans un parc. Mais bon, elle savait aussi qu’il aurait l’intention de l’inviter en donnant comme prétexte que cela faisait longtemps qu’ils ne s’étaient pas vus. Elle accepterait pour cette fois sans doute, mais il faudrait qu’il comprenne qu’elle ne pourrait pas tous les jours accepter ses faveurs. Elle tenait quand même à son indépendance et à son rythme personnel.

« Va pour le restaurant français alors, mais c’est que pour ce soir hein, après je me débrouille comme une chef ! » plaisanta-t-elle.

Elle avait un peu faim après ce long vol, même s’ils avaient eu un repas dans l’avion. De toute façon, les portions dans les restaurants français étaient connues pour être ridiculement petites, alors ce n’était pas grave si elle avait un appétit de moineau.

Juria savait très bien qu’elle pouvait compter sur Joey à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit, il lui était inutile de le rappeler, mais il le faisait quand même, simple précaution ou gentillesse naturelle, qui sait. Parfois la jeune femme se demandait comment serait le jeune homme s’il était un peu moins poli et plus franc, comme elle ?

« Mais oui je le sais, tu me le répètes quotidiennement. Un jour je vais l’imprimer et le coller au-dessus de mon lit ! » ironisa-t-elle en souriant gentiment.

Pendant que la berline filait à allure raisonnable dans les méandres de Londres, se dirigeant tranquillement vers Westminster, Joey lui avoua ne pas vouloir rester à Londres pendant l’été. Elle pouvait comprendre son sentiment, notamment vis-à-vis des touristes qui se faisaient de plus en plus nombreux chaque année. Mais n’était-elle pas un peu une touriste elle aussi ? Mais cela à part, elle venait à peine d’arriver, l’été arrivait déjà à grands pas, et elle n’avait aucune idée de ses plans pour les semaines à venir. Son projet initial était tout de même de bosser un temps à Londres, même si cela devait être barista dans un Starbucks du quartier, pour mettre des sous de côté pour la suite de son voyage en Europe. Et elle avait démarré par Londres pour revoir Joey et sa ville de cœur. Du coup elle fut un peu déçue qu’il lui annonce de but en blanc qu’il avait décidé de partir cet été. Même s’il l’invitait, il ne l’avait nullement concertée au préalable alors que s’il l’avait fait, elle aurait pu réorganiser ses projets. Mais la vie était faite d’imprévus, non ? Toujours était-il que Juria esquissa une moue boudeuse.

« Sérieusement ? Je commence mon tour d’Europe par Londres pour passer du temps avec toi et tu t’en vas ? T’es vraiment pas un super pote quoi ! »

Elle croisa les bras pour joindre le geste à la parole, faussement fâchée mais voulant quand même faire culpabiliser Joey. L’Ecosse pouvait faire partie de ses étapes de voyages, mais elle n’avait actuellement pas énormément d’économies et ne saurait même pas comment financer cela. Elle ne savait même pas combien de temps il souhaitait se rendre là-bas. Bon, il venait déjà d’évincer la question financière puisqu’il lui proposait de payer les courses et de cuisiner tandis qu’il couvrirait le reste des frais, mais bon. Ce genre de voyage n’était pas son style de vie. C’était un peu précipité pour le coup.

« Tu voudrais y rester combien de temps déjà ? »

Parfois, Juria était quelque peu exaspérée par l’attitude trop bienveillante de son ami. Elle l’avait simplement taquiné, mais il l’avait prise au premier degré et avait déjà décidé d’annuler son projet d’aller en Ecosse. Et ça, c’était tout bonnement hors de question !

« Il est hors de question que tu annules ton projet d’aller en Ecosse pour moi. Tu avais envie de ce voyage, alors vas-y, et si je ne ferai sans doute pas les 3 semaines avec toi, je pourrais venir te tenir compagnie quelques jours, le temps d’un week-end par exemple. C’est juste que, quand tu as des idées en tête, ce serait bien qu’on en discute, non ? Car comme je te l’avais dit l’autre fois sur Line, mon projet est de faire un tour d’Europe étalé sur un an. Et pour avoir les finances nécessaires, il faut que je reste un certain temps dans chaque ville que j’aurai choisie pour gagner un peu d’argent. Car il est hors de question que tu payes tout, tu sais ? Donc je suis un peu prise au dépourvu par ton annonce, mais laisse-moi juste le temps d’organiser mon planning et mes pensées et on se trouvera un compromis, d’accord ? »

Il fallait que Joey comprenne que Juria n’était pas sa petite amie, et bien qu’ils soient proches, ils avaient chacun leurs vies respectives et leurs besoins. L’intimité et la solitude étaient parfois aussi importantes, et ils n’allaient pas non plus être collés 24H/24. Après, il ne partirait certainement pas dans les trois jours qui viendraient, et elle pourrait bien se libérer un week-end prolongé pour visiter l’Ecosse, ce serait sympa. Si elle élisait domicile à Londres pendant quelques mois, elle pouvait aisément visiter l’Ecosse, le Pays de Galles, l’Irlande ou encore la France le temps d’un week-end ou d’un congé, elle ne s’inquiétait pas pour ça.

« Tu voulais partir quand ? » avait-elle simplement demandé.

Le temps qu’elle pose la question, ils étaient arrivés à destination. Juria écouta d’une oreille distraite les instructions données par Joey à l’adresse de son chauffeur, plutôt concentrée sur la devanture dudit restaurant français. C’était très beau et raffiné, et le style était très différent du Japon ou même de l’Angleterre. La France, c’était encore un autre monde. Elle avait eu l’occasion de s’y rendre plusieurs fois pendant son année d’échange, c’était pour cela que cette année-là, elle ne visait les pays limitrophes à l’Angleterre qu’à courte durée, préférant privilégier les terres inconnues.
C’était donc une Juria perdue dans ses pensées d’aventurière qui pénétra dans le restaurant, accompagnée de son ami.

« Ouah, quelle allure ! Je me sens toute petite, et pas très apprêtée pour l’endroit … » dit-elle, constatant enfin à quel point son petit short de vacances et ses habits décontractés juraient avec le raffinement des lieux.