Sarawa & Jaeyoon

Le pire, dans cette histoire, c'est qu'il lui avait fait confiance. C'était un camarade, il lui parlait de temps en temps, aimait bien rire avec et lui filait des coups de mains pour les cours. Ils n'étaient pas amis, non, parce que Yoonie n'avait comme amis que sa bande, mais ouais il lui avait fait confiance. Quand il lui avait proposé d'aller au zoo après un cours pour se détendre, il avait accepté. Les billets n'étaient pas trop chers, personne ne lui avait demandé de faire des recherches urgentes, alors il avait envoyé un sms à Sakura et il était parti.

Ils avaient pris la voiture de l'autre pour aller au zoo, et Yoonie était tout content. Il aimait beaucoup son ordi, le QG et sa bande, mais prendre un peu l'air et voir des animaux lui ferait du bien. Une petite pause, un moment d'innocence. Loin de la drogue, des disputes de Tee et Wolf. Loin de l'inquiétude de Sakura. Loin de l'attirance magnétique de Sarawa. Juste quelques heures de tranquillité. Non que la vie au QG le dérange, loin de là, mais il était parfois nécessaire de se détacher un peu, de se ressourcer loin de tout ça, pour revenir encore plus motivé après.

C'était ce que Yoonie pensait. Ce qu'il espérait. Ce qu'il avait prévu. Son texto à Sakura avait été plein d'entrain, de smileys et de promesse - je rentre avant la nuit promis, bisous. Mais tout avait dérapé quand, en quittant le zoo, son camarade lui proposa d'aller à une soirée avec lui, un plan jeux vidéos. C'était trop beau, trop tentant, et il ne s'est pas méfié. Il a dit oui, il a suivit. Il est entré dans l'appart et a marqué un temps d'arrêt quand il a vu une foule de monde dans le petit salon, des corps qui se déhanchaient au rythme de la musique.

On le conduisit dans une chambre où deux mecs étaient assis devant une console, et on lui colla une manette entre les mains. Le jeu lui fit vite oublier l'étrangeté de la soirée, et il se détendit tandis qu'il gagnait toutes les parties ou presque. On lui offrit un verre, il goûta. C'était sucré, ça remplaçait ses bonbons. Il ne senti pas l'alcool et bu un verre. Deux verres. Trois verres. Ce n'est que quand il se leva qu'il senti que quelque chose clochait. Sa tête tournait, ses jambes ne répondaient qu'à moitié et son corps était engourdi. Il alla s'enfermer dans la salle de bain pour vomir, puis décida qu'il ne devait pas rester là.

Il tira son portable de sa poche et parvint, malgré ses doigts endormis, à ouvrir son répertoire et à appuyer sur le numéro de la seule personne capable de venir le chercher. Il tremblait, se croyant fiévreux alors qu'il était simplement ivre. Il mit le téléphone en haut-parleur et attendit qu'on décroche.

Je... Je vais pas bien... Viens me chercher...

Il parvint à lui donner l'adresse à laquelle il se trouvait, puis il raccrocha et sorti de sa cachette pour se frayer un chemin jusqu'à la sortie. Le trajet fut laborieux, les gens ne cessaient de vouloir le retenir. Il parvint enfin à ouvrir la porte et il se dirigea vers les escaliers. Les descendre lui prit cinq minutes, alors qu'il n'était qu'au second. Arrivé au rez-de-chaussée, il se laissa choir dans un coin et se roula en boule, attendant son sauveur, son protecteur, son héro.

(c) princessecapricieuse

Sarawa & Jaeyoon

Tama. Minuit passé. La moto garée en bas d'un immeuble où se trouve le studio du Rai, inconnu des enfants perdus, pour les protéger. Ici, uniquement le business propre à ce que Sarawa fait sans eux. Héritage d'un père parti trop vite, la partie dangereuse. Il les a entrainé dans son milieu c'est vrai mais à juste mesure. Il a toujours refusé de les méler à des affaires trop pénibles ou à la prise de risque trop importante. Et pourtant il craint chaque jour que l'un des quatre se fasse chopper par les flics. Souhait qu'ils finissent leurs études haut la main et s'enfuient vers un monde meilleur, un monde sans lui qui ne peut que leur apporter des emmerdes. Il n'est pas con, il sait qu'il n'est ni une bonne fréquentation, ni un bon parti. Il ne peut rien leur offrir à part un toit et sa vie, alors que pourraient-ils faire de ça à la longue. Rien. L'objectif étant de mettre un max d'argent de coté au cas où il arrive quelque chose à l'un d'entre eux ou si l'un d'eux en a besoin pour quoi que ce soit comme une école supérieure, un logement, un mariage, un gosse en arrivage dans le ventre d'une belle, ou au creux du bidou de Sakura. Putain , il se fait vieux... Y'a dix ans s'il s'était imaginé être si responsable, il se serait foutu de sa propre gueule.

Concentré sur des pages de chiffres et des contrats écrits à la main, il réfléchit à un problème que pose l'annexion d'une rue à leur business, quand son téléphone sonne. Il décroche machinalement, mais ne tarde pas à quitter la table où il a étalé son bordel. Il éteint direct les lumières après avoir choppé ses clefs et son casque. "T'es où." Concis, froid. Il sent son sang bouillir. Il ne sait pas ce qui se passe, mais il sait que Fox ne se fout jamais dans une mauvaise situation seul, il est trop sage pour ça. C'est d'ailleurs celui qui l'a toujours le plus inquiété, il est trop fragile pour ce monde de merde. Il n'a jamais réussi à le consolider comme les trois autres. Il est encore trop effrité en son fort intérieur. Le ciment a mal pris sur ce cœur trop gentil. Le pneu crispe, le bruit de la moto imposante, au pneu arrière aussi large que les hanches de belle latine, crisse sur la chaussée. Il garde l'adresse en tête après avoir lâché un simple: "J'arrive".

Sarawa n'a jamais fait dans le détail quand il s'agit d'un de ses petits frères. Et quand il arrive au pied de l'immeuble, il monte quatre à quatre les marches, se repérant au bruit. Il a reconnu l'adresse et sait qui est susceptible d'avoir piégé Foxy. Quand le type ouvre, il n'a pas le temps de dire quoi que ce soit qu'il l'empoigne par le col et pénètre dans l'appart. "Il est plus là! Il s'est barré mec." "Vous lui avez fait quoi..." qu'il grogne à ras son visage. Un autre arrive avec son verre, défoncé et le regarde de travers." Rien , il nous a pas laissé faire! C'est un putain de trouillard..." que le second mouffle... Sarawa bouillonne et lui balance son pote en pleine poire, les faisant voler sur la table basse, un autre levant la manette pour continuer de jouer à son jeu, complètement dopé. "... si je le trouve pas, vous êtes morts..." Il sort de l'appart sans plus de discussion, cherchant partout. Ils se sont loupés de peu. Pas le même escalier, esquivé à quelques secondes près dans le hall.

Il descend à chaque étage, contrôlant les couloirs. Inutile de gueuler son nom, il l'entendrait dans ce silence mortuaire. Et quand il pense qu'il est ressorti dans la rue, l'imaginant déjà pris à partie par des connards de mac du coin, il se stoppe en le voyant dans un coin du rez du chaussée. L'angoisse redescend d'un cran, il soupire, soulagé. Quelques pas. Son blouson sent la clope mais tant pis. Il l'ote et le pose sur les épaules de Fox, s'accroupissant devant lui, pour passer sa main chaude sur sa nuque prostrée. "Yoon...?" De l'autre main, il lui relève le visage, cherchant son regard. Pas de pupille dilatée... il n'est pas drogué... il est soulagé. "putain..." Ça ressemble à une bonne cuite... quelle bande de batards... il reviendra s'occuper de leur cas plus tard. Pour le moment c'est Foxy la priorité... "Viens... on rentre...." Prévenant comme on prend une peluche, il l'aide à se lever et le soutient... dans l'état qu'il est... ça lui noue le ventre quelque part. S'il le surveillait mieux, Fox n'aurait pas subi ça. Sa raison lui dit qu'il ne peut pas être partout à la fois, mais sa conscience aimerait avoir le don d’ubiquité. Il l’entraîne dehors et l'assoit sur le rebord d'un muret pour s'agenouiller devant lui, et prendre ses mains pour les réchauffer, très sérieux et inquiet. "Tu te sens de me tenir sur la moto?" Il le calera devant lui, tant pis. S'il ne peut pas, il trouvera un autre moyen.

(c) princessecapricieuse

Sarawa & Jaeyoon

Yoonie avait froid. Il tremblait, recroquevillé dans son coin, et il attendait. Il luttait pour ne pas s’endormir, perdait la notion du temps. Il avait l’impression que ça faisait des heures qu’il était là, et Sarawa ne venait pas le chercher. Il avait dit qu’il arrivait, pourtant, et il lui faisait confiance, mais attendre était une torture. Il se sentait seul, abandonné. Et il avait si froid… Il avait la nausée, aussi, mais tout était déjà sorti et ses haut-le-cœur ne laissaient sortir qu’une bile amère. Qu’est-ce qu’il avait bu ? Que lui avaient-ils fait ?

La voix de Sarawa l’ancra dans la réalité. Il parvint à relever la tête pour voir arriver son héro, impressionnant dans ce couloir vide et sombre. Sa silhouette s’approcha et se pencha sur lui. Aussitôt, Yoonie se senti mieux, en sécurité, protégé. Il tenta de parler, mais seul un grognement lui échappa. Les mains de Sarawa se posèrent sur lui, le touchèrent. Une chaleur intense se diffusa au travers de ce contact, se répandant dans le corps de Yoonie. Il aurait voulu que jamais ces mains ne le quittent.

T’es venu…

Un murmure, à peine audible, qui s’était échappé de sa gorge tandis que Sarawa l’aidait à se redresser. Yoonie s’appuyait sur lui, absorbant sa chaleur au travers de leurs vêtements. Il avait moins froid maintenant, et la présence de son héro l’aidait à rester lucide. Il sentait son odeur, entendait son souffle. Il se sentait mieux, simplement parce qu’il savait que rien ne pouvait plus lui arriver. Il allait le ramener à la maison, il le soignerait. Il prendrait soin de lui, comme toujours.

Il avança lentement, suivant aveuglément les indications de Sarawa. Le vent fini par heurter son visage, le rafraîchissant et lui remettant un peu les idées en place. Il retrouva un peu le contrôle de son corps et il se détacha légèrement de son héro quand ils approchèrent d’un muret. Il s’y assit et ferma les yeux. Sa tête tournait moins, maintenant qu’il était plus proche de la terre, et ses mains enfermées dans celles de Sarawa l’ancraient à la réalité. Étonnamment, sa peau était douce et chaude, alors qu’on aurait pu les croire calleuses, abîmées, dures. Sans trop s’en rendre compte, Yoonie croisa ses doigts avec ceux de son ami.

Je pense, oui.

Oui, il était capable de monter sur la moto, de se tenir à Sarawa et de s’accrocher à lui comme un koala à son arbre. Yoonie ouvrit les yeux et les posa sur son visage. Si beau, malgré l’inquiétude qui lui tordait les traits. Si tendre. Il se pencha un peu par impulsivité, puis tourna la tête pour tousser au moment où il réalisa son geste. D’accord, il était bourré, mais ce n’était pas une raison pour faire des bêtises. À contre-cœur, il récupéra ses mains et les plaça en coupe pour enfouir son visage dedans. Avoir appelé Sarawa n’était pas une bonne idée. Il aurait du demander à Sakura de venir le chercher, ou même à Tee. L’alcool ne lui allait pas au teint, visiblement…

(c) princessecapricieuse

Sarawa & Jaeyoon

 Bien sûr qu'il est venu. Il en doutait? Dans son état, on doute de tout de toute façon, c'est pas étonnant. Surtout quand on ne sait pas ce qu'une bonne cuite peut produire. Cet état, Sarawa le connaissait par coeur. Trop de cuite, trop de défonçage à la poudre, trop d'insomnies à noyer pour oublier toutes ces choses qu'un être normal n'aurait pas du voir ou encaisser. Le problème quand on est fort , qu'on ne montre que ça , c'est que les autres attendent de vous que vous le soyez en permanence. Le répit n'est pas permis, l'échec non plus et lui même ne se l'accordait pas et ne se le permettait alors qu'on sent la faiblesse vous faire un coucou, on trouve une tangente, on se fout dans un état second pour se mentir, c'est tellement plus commode. Mais lui, il le faisait volontairement et souvent seul, ou avec quelques potes , mais quand il n'était pas seul, ça finissait toujours en vide-couilles. Ni poli, ni bien élevé, Sarawa. Alors pourquoi est-il si retenu face à Fox. Fox c'était un peu comme le Graal, le truc intouchable, l'objet dont on n'a jamais su comment s'en servir, après lequel on peut courir, mais qui change toujours d'identité interne. Fox il est aussi perdu que visible, aussi violent avec lui-même que doux avec les autres. Si seulement il arrivait à juste accepter ce qu'il est , juste lui, un gamin ramassé qui a grandi, qui a forci et qui aujourd'hui a les ailes qui traînent par terre alors qu'il pourrait les déployer et se barrer loin de toute cette merde. Parce qu'il a du potentiel Fox. Putain oui il en a. Plus que Sarawa n'en aura jamais. Même en additionnant plusieurs vies. Alors pourquoi il traine avec cette bande de connards.... Pourquoi ne se faisait-il pas des soirées avec des têtes d'ampoules qui boivent du jus d'orange et bavent sur les seins de Tifa dans FF...?

Derrière eux, le monstre mécanique est encore chaud, prêt à repartir dans un lieu plus sécurisant. Sarawa attend juste qu'il se sente un peu mieux en réflexe, même si ça doit durer une heure. Il attendra. Sarawa frotte vigoureusement ses mains, le temps commençant à se refroidir à cette période de l'année... a moins que ce ne soit juste ces derniers jours qui merdent , mais ça sentait la pluie. Le Rai et la météo en même temps, c'était pas ça. Il ne savait même plus quand on changeait de saisons et pour dire, il s'en foutait. Il ne préoccupe pas vraiment d'ailleurs de ce que regarde Yoon jusqu'à croiser ses yeux en les relevant en demandant calmement. "ça va... " Il sent les doigts s'entremêler aux siens, et hausse un sourcil sous le geste. "...mieux?" Le son a baissé sur la fin... Euh. C'est qu'il est soul, ce n'est rien et puis il est si inquiet qu'il ne s'en formalise pas plus d'une seconde et caresse ses mains machinalement des pouces, pour le rassurer, mais la suite le laisse un peu pantois. Eh..bien... pourquoi il le regarde comme ça? Ses pupilles perdues renvoient un détail qu'il n'avait jamais noté et faut pas lui faire à l'envers. Il y a bien des choses que Sarawa ne comprend pas, mais le désir, quand il le voit dans les yeux de quelqu'un, il le reconnait. C'est d'ailleurs pour ça qu'en soirée arrosée, ça finit les quatre pattes en l'air , parce qu'il repère souvent la personne qui est réceptive à son charme. Il ne bouge pas pour autant. La curiosité de la suite. Il est irrécupérable quelque part, parce qu'il ferait pareil si un chien lui fonçait dessus, juste pour voir s'il va le mordre, histoire qu'il lui en colle une après pour lui apprendre le respect. Mais Fox n'avait rien d'un chien agressif. Il aurait préféré le chien. Putain oui. Quand le plus jeune se penche, il reste immobile jusqu'à voir Fox se détourner et tousser. Alors là. Ta drague elle était pourri mec si c'en était une. Il cligne des yeux, avec un sourire en coin, en se disant que si c'était un pote, il se serait bien foutu de sa gueule mais là c'est Fox et c'est pas drôle. Sarawa le regarde faire, étonné de l'audace de celui qui cultive la timidité, mais dans son esprit , c'est un problème. Est-ce juste de la frustration qu'il a failli aussi lâché sur ces connards là haut , ou bien est-ce qu'il a une attirance que l'alcool décensure? Parce que si c'est de l'attirance c'est ....

Sarawa le regarde oter ses mains, s'enfondrer sur lui-même. Son visage se refroidit, il a peur de ce qu'il croit comprendre. Est-ce que... il inspire profondément et se penche pour lui oter doucement les mains du visage. "Hey... c'est rien ok... " Il pose les genoux au sol, à la belle idée d'avoir un jean déchiré, paie ton bousillage de genoux mais peu importe, il se rapproche de lui et le prend contre lui pour le serrer dans ses bras, sa main montant dans ses cheveux derrière sa tête. "T'es bourré, tu sais pas ce que tu fais, c'est rien...mais je suis flatté que tu me trouves attirant." qu'il rit un peu pour détendre l'atmosphère. Il le garde contre lui un moment, peu importe qu'il y ait des passants. D'ailleurs une groupe de filles les croise et Sarawa croise le regard juge de l'une d'entre elles. "Un problème?" qu'il leur demande sèchement, le regard allant avec. De quoi je me mêle. La société et ses préjugés, nausée sociale, il vous emmerde le Rai. Tirez plutot sur vos jupes, qu'il a envie de leur grogner... Elles passent en pressant le pas, rentrant dans l'immeuble d'où vient Fox. Le motard se détache un peu de Fox et se redresse, se foutant de l'état de ses genoux pour l'aider à se tenir debout. "Allez... on y va... tu me fais pas le coup de tomber sur le coté comme un oppossum à un feu rouge hein... "

(c) princessecapricieuse

Sarawa & Jaeyoon

Il regrettait son impulsivité, Yoonie, et il cachait son visage cramoisi derrière ses mains engourdies. Il ne voulait pas que Sarawa sache, qu'il devine, qu'il se doute de quoi que ce soit. Car ça faisait un moment que Yoonie le regardait différemment, pensait à lui comme autre chose que son héro ou son grand frère. Quelque chose de radicalement différent. Il se surprenait à regarder ses lèvres, à détailler le dessin de ses muscles à travers ses t-shirts. Il avait envie d'être près de lui, de sentir son parfum, de toucher sa peau. De goûter ses lèvres...

Il ne fallait pas que Sarawa le sache. Il se moquerait de lui, sinon, le prendrait pour un sentimental, un faible. Il y aurait un malaise entre eux et peut-être qu'il lui demanderait de partir ? Et s'il le disait aux autres ? Tout le monde se foutrait de sa gueule, ferait des blagues déplacées pour le mettre mal à l'aise. Peut-être que ce serait lui qui partirait en premier, blessé par ces sentiments non réciproques. Vexé de ne pas être assez bien. Parce que, franchement, regardez-les ! Sarawa était fort, brave, admiré et craint à la fois ; il impressionnait tout le monde. Yoonie, lui, était faible, peureux, trop confiant, personne n'avait peur de lui et une pichenette le mettait au sol. Ils n'avaient rien en commun.

Les mains de Sarawa vinrent retirer les siennes de son visage. Il lui dit que ça allait, mais non, ça n'allait pas. Yoonie avait la tête qui tournait, il avait envie de vomir et il perdait le contrôle de son corps. Sérieux, il se serait passé quoi s'il n'avait pas tourné la tête ? Il l'aurait embrassé ? Il se serait tapé la honte de sa vie... Sarawa se rapprocha ensuite, le serrant dans ses bras, mêlant ses doigts dans ses boucles argentées. Yoonie aurait voulu s'écarter, par fierté ou par orgueil, mais c'était si agréable qu'il se laissa faire. Les mains de son héro sur sa peau lui procuraient une sensation indescriptible, comme... comme quand on rentre dans son lit après trois jours sans dormir ; comme quand on rentre chez soi après avoir été absent ; comme si le soleil s'était mit à briller juste pour lui.

Et puis Sarawa ouvrit la bouche, il se moqua, et le charme fut brisé. Yoonie revint à la réalité, à lui dans les bras d'un homme qui le voyait comme un animal blessé, qui ne voudrait jamais de lui. Il ne réagit pas pendant un moment, ne répondit pas. Il se promit de ne plus jamais boire ce qu'on lui donnait, de ne plus jamais regarder Sarawa dans les yeux, d'oublier cette attirance ridicule. Ce n'était qu'un crush de toute façon, il n'était pas amoureux. Il ne se passerait rien entre eux. Il ne le voulait pas. Ne le voulaient ni l'un ni l'autre.

Il se releva quand Sarawa le lâcha et annonça qu'ils allaient y aller. Yoonie devrait s'accrocher à lui, ne pas tomber aux feux. Compris. Il se retrouva avec un casque sur la tête, à califourchon sur la moto, ses bras serrés autour du buste du motard. Il aurait voulu ne pas avoir à le toucher, s'asseoir à côté de lui dans une voiture, mais il était venu à moto et Yoonie n'était pas capable de rentrer à pieds. Alors il s'accrocha comme un koala à son arbre et il attendit qu'ils arrivent au QG.

Le trajet dura un moment, dix minutes ou une heure, peut-être. Il avait perdu la notion du temps, trop concentré pour rester éveillé. Il avait oublié de demander à Sarawa de le déposer à la coloc. Tant pis. Il posa le pied quand la moto se gara devant l'entrée de l'entrepôt et retira son casque pour le tendre à Sarawa. Ne voulant plus être tenté, il entama la montée pendant que l'autre rangeait les casques, tira sa clé de sa poche et entra au QG, zigzaguant mais debout. Sarawa le rattrapa vite, bien sûr, mais Yoonie ne le regarda pas.

Merci... d'être venu me chercher. Je vais dormir...

Se tenant aux meubles, il se dirigea vers la chambre et sorti d'une armoire un pyjama. Il aurait peut-être du prendre une douche, d'abord, mais il était trop fatigué. Il retira sa veste, son t-shirt. Il mit un bras dans le haut du pyjama, le deuxième... l'enfila à l'envers. Ce n'était même pas son pyjama, il était trop large pour lui, mais il s'en fichait. Il s'assit sur le lit et essaya de retirer ses chaussures, mais ses doigts ne parvinrent pas à dénouer les lacets. Il releva la tête, regarda Sarawa à travers la porte restée ouverte.

J'y arrive pas...

Un soupir, aveu de faiblesse. Il avait honte, avait envie de pleurer, mais il se retint. Il fallait juste que Sarawa lui dénoue ses lacets, après il pourrait finir de se changer et il dormirait. Il oublierait son geste impulsif. Ou peut-être qu'il s'en rappellerait et qu'il y aurait constamment un malaise entre eux...

(c) princessecapricieuse

Sarawa & Jaeyoon

 Sarawa ne s'était pas moqué, il avait voulu dédramatiser l'état dans lequel se mettait Yoon pour un geste mal controlé, mais pouvait-il vraiment lui en vouloir? De toute façon, ça se saurait si le Rai était doué avec les mots. Il n'a aucune qualification en diplomatie et le réconfort est une chose qu'il appréhende à chaque fois. C'est bien plus facile de casser la gueule à quelqu'un que de lui faire un calin et de trouver les mots qu'il faut. Il n'avait pas été élevé dans un foyer qui prêtait à ce genre de tendresse, mais il avait accepté d'apprendre un peu sur le tas avec les chatons qu'il avait récueilli au fil des années. Il ne pensait pas à mal quand il avait un peu ri. Le soucis c'est que lorsqu'on est soul, on est également trés souvent susceptible, du moment qu'on comprend encore les choses. Fox n'avait pas encore assez bu pour être hors compétition et peut etre que le meneur aurait préféré ça, non pas qu'il souhaitait voir Yoon dans un état pitoyable, plus que maintenant, mais sa tentative n'aurait pas été pris comme un affront. Au début, il ne se rend pas compte de l'effet négatif de sa réaction, puisque le plus jeune accepte de se laisser serrer dans ses bras, mais quand il le lève et que le comportement de son protégé change, plus froid, plus distant, il comprend alors qu'il a commencé à tout renfermer. Il n'aime pas quand il fait ça, parce qu'il se consomme sur lui-même. Sarawa se sent impuissant dans ces moments et il aimerait arracher la bestiole en Yoon qui fout toutes ses émotions dans une boite quand il se braque, et l'envoyer sur Saturne d'un coup de pointure quarante. Il lui enfonce néanmoins le casque sur la tête, l'attachant, mais il n'est pas duper et son doute quand au geste de Yoon grandit. S'il est capable de se vexer et de rougir... il est fort possible que sa tentative n'ait pas été si anodine que ça. Trop de questions. On verra plus tard , il doit le ramener au chaud.

Après s'être assuré qu'il le tenait bien et lui avoir répéter de ne pas le lacher quoi qu'il arrive,  il démarra et la moto quitta la chaussée humide. Le corps de Fox était coller à son dos et son casque frottait au sien de temps en temps, rappelant sans cesse sa présence, et quand il sentait l'entreinte se desserrer, à la vue de la durée du trajet, le plus vieux pressé sa main contre les mains qui le tenait devant son ventre, pour le stimuler un peu et qu'il ne s'endorme pas , usant de la voix s'il fallait. S'il tombait de la moto, Sarawa tomberait avec lui. C'était dangereux comme entreprise de ramener un mec bourré en moto mais c'était une extension de son corps, il allait gérer. Sinon il s'arrêterait et ferait le rester sur son dos tant pis. Il avait dit qu'il le ramenerait, il le ferait. Ce ne fut quand ils arrivèrent au vieux immeuble desaffecté que ses doutes furent confirmés. Yoon le boudait ou du moins gardait ses distances. Récupérant le casque, il resta assis sur la moto, en appui sur le réservoir, l'observant monter. Il secoua un peu la tête du genre ..." quelle tete de cochon..." et gara correctement sa moto, fixant les casques et l'antivol, avant de monter les marches tranquillement, autant ses gants et son tour de cou, qu'il balança dans l'entrée sans plus de formalités. Il claque la porte derrière lui. Peut etre que Yoon avait eu l'impression qu'il était allé plus vite mais ça aurait servi à quoi? De toute façon, il faisait sa tête butée, donc il allait faire comme d'habitude, attendre que Yoon ne se décide à lui demander un coup de main. Chose qui ne tarda pas, alors que Sarawa vira sa chemise pour rester en débardeur. Il jeta ses rangers dans un coin de l'entrée et rejoignit la chambre pour se rendre compte de l'état du plus jeune. Il avait voulu faire le grand... avec son "je vais dormir", mais il n'avait visiblement pas assez de lucidité pour accéder jusqu'à ce royaume ce soir. Sarawa eut un sourire en coin et soupira en s'approchant.

"ça y est, t'as fini de m'en vouloir?" qu'il demande doucement comme s'il avait déjà vécu ce moment. C'est vrai qu'il n'avait pas toujours les bons mots, qu'il était parfait un peu brut, un peu rêche et pas toujours de bonne humeur (surtout quand il tentait d'arrêter de fumer) , donc ils avaient tous eu un moment où ils lui en avaient voulu. Surtout ado. Un ado ça a toujours un moment ou ça fait la gueule. Justement parce que l'adulte a raison.

La clope aux lèvres sans l'avoir allumer, Sarawa s'arrête devant Fox et le détaille. Il est beau comme ça avec le pijama à l'envers. "Tu sais qu'il est à mon vieux ce pyjama?" C'est pas un secret qu'il n'en met pas lui de pyjama. Il dort soit en box, soit en short mais il déteste en porter, c'est chiant. Et puis il adore le contact des draps. Machinalement, il lui fait retirer les bras , puis la tête et essaie de le remettre à l'endroit, il a fait n'importe quoi le petit Fox. Et puis enfiler un pyjama avec ses chaussures... Sarawa abandonne, tout ce tissu le gonfle. Il jette le haut de pyjama et s'accroupit pour lui virer ses chaussures qu'il laisse de coté. Chaussettes idem.  Pourtant , il ne tire pas la couette. "Tu vas à la douche, ça te mettra les idées au clair... j'm'en fiche si tu vomis dedans mais t'en as besoin." Il lui prend la main et le bras et l'aide à se lever. Face à face, Fox fait plus mince, mais ils sont quasi de la même taille. La salle de bain étant juste à coté, il ne lui laisse pas le droit de discuter et l’entraîne dedans sans violence pour autant avant de fermer derrière lui. Si Sakura débarque à cet instant et qu'elle voit Fox soul, elle serait capable de penser que c'est lui qui l'a fait boire et que c'est un frère indigne. Alors si en plus elle apprend un jour qu'il a essayé de l'embrasser, c'est bon il est mort. Il ouvre l'eau chaude, lui tenant toujours un peu le poignet, les pieds déjà sur le sol mouillé de la douche et le pousse sous l'eau , habillé. Le but n'est pas de le laver mais de le faire réagir pour qu'il décuve plus vite. "Reste calme, on s'en fout que tes fringues soient mouillées." Il leve les mains, se trempant à moitié lui aussi et lui passe ses mains dans sa tignasse épaisse pour tout ramener en arrière alors que l'eau s'écrase en masse sur sa tête. "Dis-toi que Sakura , c'est à l'eau froide qu'elle me fait décuver quand j'ai vraiment abusé... je le mérite cela dit..." Il continue de réunir ses cheveux vers l'arrière de son crane et se passe lui-même la main sur le visage, pour virer l'eau qui lui obstrue la vue.

(c) princessecapricieuse

Sarawa & Jaeyoon

Pourquoi je t'en voudrais ?

Parce qu'il ne l'aimait pas ? Qu'il ne le voyait que comme un objet cassé, un chien blessé dont il devait prendre soin ? Parce qu'il s'était moqué ? Non, Yoonie ne lui en voulait pas. Il s'en voulait à lui-même, lui qui avait fait tant d'efforts pour que personne ne remarque, ne voie que son regard avait changé. Il avait deux verres dans le nez et voilà qu'il gâchait tout, qu'il montrait cette attirance impie. Sarawa était son frère, merde ! Il pouvait pas penser à lui comme ça, rêver de lui, avoir envie de le prendre dans ses bras dès qu'il le voyait. Il pouvait juste pas. Simplement parce que Sarawa ne le voyait pas de la même façon et que putain ça faisait trop mal. Il avait mal au coeur Yoonie, dès qu'il entendait la voix de son aîné, qu'il le voyait et qu'il le touchait sans rien avoir de plus. Il n'entendait pas les mots qu'il voulait, ne voyait pas les regards qu'il voulait, ne le touchait pas comme il le voulait. Alors il s'en voulait. Il avait envie de se frapper, de se taper jusqu'à ce qu'il revienne à la raison.

Sarawa s'approcha, clope éteinte au bec, et dit que le pyjama que Yoonie était en train d'essayer de mettre était à son père. Il haussa les épaules. Au point où il en était, il s'en fichait pas mal, tant qu'il n'avait pas piqué une chemise de nuit de Sakura... Il ressentit aussi une pointe de jalousie, lui qui n'avait jamais connu son père. C'était peut-être mieux, ceci dit. Sarawa avait l'air de souffrir de la mort de son père, alors que Yoonie n'avait aucun souvenir à chérir. Son père ne lui manquait pas, mais l'idée de parents aimants et présents, ça le crevait à l'intérieur.

Il laissa Sarawa le débarrasser de son haut de pyjama, ayant remarqué en baissant les yeux qu'il l'avait mis à l'envers. Il le touchait, effleurait sa peau. Il faisait pas exprès, mais c'était une torture, à la fois si bon et si douloureux. Yoonie avait envie de tellement plus, mais il savait que ça n'arriverait jamais. Peut-être qu'il avait pensé juste, tout à l'heure, qu'il devrait partir loin de lui, de cette souffrance... Mais non, lui et les autres avaient besoin de ses talents, il pouvait pas partir. Il devait rester, même si ça le tuait de l'intérieur. Pour eux. Parce qu'ils lui avaient sauvé la vie et qu'ils étaient sa famille. Et qui sait ? Peut-être qu'un jour il arrêterait de penser comme ça...

Ses chaussures et chaussettes furent arrachées à ses pieds, alors qu'il avait juste besoin qu'on lui dénoue ses lacets. Yoonie garda son jeans, par contre, seul vêtement que Sarawa lui laissa sur le dos. Et il lui dit qu'il devait prendre une douche, que ça lui ferait du bien. Sauf qu'il voulait juste dormir, comater, oublier. Se réveiller dans un monde où cette soirée n'aurait pas eu lieu. Avec un peu de chance, il se passerait ce phénomène qu'on voyait parfois dans des téléfilms pourris : il se réveillerait ce matin et recommencerait sa journée, réparerait son erreur et vivrait comme si rien ne s'était passé. Sauf que c'était des conneries, il le savait bien. Mais il était si jeune, et il espérait le petit, il voulait y croire. Là, en ce moment, il était même prêt à croire en Dieu pour qu'il l'aide.

J'ai pas envie... J'le ferai demain.

Il avait pas envie, mais il était pas en état de résister. Sarawa le fit se lever et le poussa dans la salle de bain, fit chauffer l'eau puis força Yoonie à se glisser dessous. Habillé. Un nouveau jeans putain. Dépité, il baissa la tête, observant l'eau s'imprégner dans le tissu. Il avait envie de repousser Sarawa, de l'envoyer chier, de lui gueuler dessus pour qu'il dégage. Il avait envie de pleurer. Mais il pouvait pas. Il s'était foutu dans cet état tout seul et l'autre était venu le chercher, il pouvait pas lui en vouloir, ce serait ingrat. Alors il ferma sa gueule et ne répondit pas quand Sarawa lui parla, plaisantant sur les méthodes de Sakura quand lui était bourré. C'est elle que Yoonie aurait du appeler, ça aurait été plus simple.

La main de Sarawa était dans les boucles de Yoonie, passait sur son visage. Il tourna la tête pour s'en dégager et recula le buste à défaut de pouvoir reculer. Son dos était déjà tout proche de la paroi, sa tête bien trop près de celle de son aîné. Son frère. Rien de plus. Jamais. Il ferma les yeux, serra les dents.

Si tu veux que je me lave va falloir sortir.

Il ne le regardait pas, attendait qu'il le laisse seul pour se déshabiller et se laver. Maintenant qu'il y était, autant faire les choses bien, se savonner, se frotter les cheveux. Il se sentait mieux, physiquement, mais plus il retrouvait sa lucidité, et plus il avait envie de se frapper avec le pommeau de la douche. Ou peut-être Sarawa s'il refusait de lui laisser un peu d'intimité. Il s'était déjà humilié ce soir, pas la peine d'aggraver les choses en se mettant à poil devant lui...

(c) princessecapricieuse

Sarawa & Jaeyoon

Quand le visage de Fox fuit sa main, il comprend qu'il a un problème, plus qu'un boudage et qu'il doit inscrire l'alcool dans les éléments succeptibles de le rendre chiant et bougon. Et bien sûr c'est le mec qui n'a pas fait psychologie à la fac, ni la face du tout, qui doit essayer de déchiffrer un geek soul au cerveau bodybuildé par le sucre. Oh la misère, aidez-le. Il récupère donc sa main pour lui-même se rabattre les cheveux en arrière avant de finir à la mode serpillière capillaire, cherchant un truc du regard, pendant que Fox maugrée une condition qui lui fait hausser un sourcil. Sortir? Il est sérieux? Son regard se repose sur lui, en silence, et il se surprend à détailler son cou, pâle, l'eau qui s'écrase dessus. Puis l'épaule, et il descend les yeux, sans pourtant montrer quelconque réaction. Ça monte pas vite au cerveau chez les Rai, surtout quand on est habitué à voir des corps, mais une question se pose alors. Quand ne sait-il pas rendu compte que Fox n'avait plus quatorze ans? Parce que ce corps là, habituellement planqué en permanence sous des fringues, a bien changé. Depuis quand a-t-il des abdominaux et des muscles? Sarawa a quelques secondes de perdition mentale. Ça fait sept ans... qu'il l'a récupéré. Sept putains d'années... Fox a vingt piges... vingt et une? Le doute le prend. Sakura t'es où quand on a besoin de toi. Quoi que là tout de suite, non, vaut mieux pas qu'elle les voit.

Tout se connecte peu à peu dans son cerveau.  Vingt et un. Assez mature pour aimer, ou avoir envie d'une personne, et pas juste pour un délire. Le doute sur le sérieux de son geste de tout à l'heure est donc réel. Et vu que Sarawa n'aime pas tourner autour du pot, le choix des possibilités à venir se liste en son esprit. Action réaction. Bien. Puisque Fox veut jouer à sa tête de con, et qu'en plus il n'assume rien, alcool ou pas, Sarawa va devoir tirer ça au clair et restaurer l'autorité naturelle qui existe entre eux deux.
"Non." C'est clair au moins. Il le fixe sans aucune possibilité de négociation. Devant Fox, l'ainé s'imposait. Autant pour Tee, l'apprentissage de la vie avait été rapide et complet , même s'il restait du boulot vu qu'il était jeune, autant pour Fox, l'apprentissage de la vie était loin d'être terminé. Il était temps d'expliquer certaines choses à Fox. Il pue l'alcool et la fume des potes chez qui il a été. Ça le fout en rogne intérieurement. Il va devoir passer au stade suivant. L'aider à se renforcer. Il va probablement lui coller une gifle mais tant pis, il a besoin de savoir s'il sait se défendre ou non, ou bien si la fuite n'est que ce qu'il sait faire.

Le visage fermé, il pose sa main sur le torse de Fox, le pousse contre le mur et s'approche. "J'peux savoir ce qui s'est passé dans ta tête pour suivre ces mecs chez eux? T'as une petite idée d'à quel point tu m'as inquiété?" C'était la vérité. Putain c'était marqué sur leur gueule qu'ils avaient le vice dans la peau et qu'ils attiraient les brebis galeuses dans leurs doigts pervers dès qu'ils étaient déchirés. C'était ça ses potes? En colère intérieurement, c'est vrai. Il lui attrape le menton et lui relève pour le forcer à le regarder. "Si tu veux des sensations fortes, pourquoi tu m'demandes pas." Il cherche dans ses yeux une réaction, alors que l'eau s'écrase toujours sur leurs épaules. Son autre main se pose sur le carrelage de l'autre coté du mur. Son assurance s'écrase sur Fox comme une enclume, près, trop près peut-être, horrible test de si c'était juste un réflexe ou pas tout à l'heure. A voir comment il va prendre cette phrase volontairement riche de sens, qui pourrait être prise sobrement si les sentiments n'existaient pas, comme différemment si Fox en avait et c'était le but de Sarawa. Creuser dans ce problème de manière détournée pour poser les bases de ce qu'il se doutait. Près à tout encaisser. De toute façon,il fallait foutre les pieds dedans, et Fox était le seul responsable, son aîné ne l'avait pas poussé à boire et à se heurter de plein fouet avec les dangers de son entrée dans le monde adulte à part entière, pas juste pour les subir.

(c) princessecapricieuse

Sarawa & Jaeyoon

Non. Okay. Minute... Non ? Comment ça, "non" ? Yoonie leva les yeux vers Sarawa, une lueur de colère mêlée à l'incompréhension brûlant dans ses prunelles. Il voulait se laver, mais il n'était pas question qu'il se déshabille devant l'autre, déjà qu'il était torse nu... Il croisa les bras en soutenant le regard de Sarawa. Il bougerait pas tant qu'il serait avec lui dans la douche, dirait plus un mot. Il finirait bien par comprendre, non ? Par le laisser tranquille, le laisser se laver et dormir. Non ?

Sarawa le poussa contre la paroi, s'approchant dangereusement de Yoonie, une main sur son torse. Le coeur de l'étudiant se mit à accélérer contre sa volonté, réagissant à ce contact inattendu. Traître. Yoonie s'efforçait de ne pas réagir, mais son corps ne l'écoutait pas, voulait plus. Il garda ses bras serrés pour les empêcher de faire une connerie, appuya sa tête contre la paroi pour la garder bien collée. Pas bouger. Pas s'avancer. Pas céder et réduire l'espace entre eux.

Les paroles de Sarawa firent grincer les dents de Yoonie. Il l'engueulait, lui reprochait d'avoir suivi ces types. Comme s'il ne le regrettait pas assez comme ça ! Et il avait inquiété son chef ? Une partie de lui aurait voulu lâcher un rire jaune, pauvre chéri, mais le ton employé, le regard qui le sondait le firent fondre un peu. Sa colère coula un peu avec l'eau qui glissait sur sa peau, mais il restait frustré, blessé, vexé. Il avait toujours honte de son geste et s'en voulait de ne pas être capable de faire taire son coeur trop sensible.

Désolé...

De quoi ? De l'avoir inquiété, d'avoir suivi les mecs, de l'avoir appelé ? De pas pouvoir le regarder sans avoir envie de l'embrasser ? Il ferma les yeux, secoua la tête et posa son regard sur le mur du fond, au-dessus de l'épaule de Sarawa. Ne pas le regarder. Ne pas être tenté. Une main releva sa tête et il n'eut pas le choix. Il plongea dans les prunelles de son héro, si belles, si dangereuses. La question qu'il lui posa réveilla quelque chose en Yoonie, une petite créature qui a du répondant, de la rage et de l'insolence. Qui n'avait montré le bout de son nez que ce fameux jour, quand il avait appris pour ses parents, avant de se terrer au fond de lui.

Parce que tu ne me vois que comme un putain de gosse.

C'était sorti comme ça, du tac au tac. Sec, froid, sincère. La première vérité qu'il sortait depuis que Sarawa était venu le chercher. Il était grillé, maintenant, percé à jour, pris au piège. Deux possibilités s'étaient offertes à lui, la fuite ou le mordant, et il avait choisi celle qui ne blesserait pas que lui. Quitte à sombrer, autant emporter les autres avec lui, venger ses sentiments en faisant fermer son bec à celui qui n'y répondait pas.

Parce que pour toi je suis juste un chiot ramassé sur le bord de la route, un gamin doué en informatique, utile à ton business. J'mange pas beaucoup, j'suis pas envahissant, j'fais pas chier, alors tu me gardes. P'têtre que Sakura t'a demandé si elle pouvait me garder et t'as cédé. J'te coûte pas cher et j'suis utile, mais c'est tout ce que tu vois, hein ?

Il était injuste, il le savait. Il savait que c'était faux, qu'il était plus qu'un employé ou un chien. Ils étaient une famille. Mais il souffrait, et putain il voulait pas être le seul à avoir mal. Alors il était froid, méchant, injuste. Une façon de pas s'effondrer. De survivre. De se faire virer de là et de s'éloigner de Sarawa. Il pourrait encore bosser pour les autres depuis la coloc, non ? Il couperait pas les ponts, il serait là pour eux. Mais après ça, il pourrait plus regarder son chef dans les yeux.

(c) princessecapricieuse

Sarawa & Jaeyoon

Désolé. Un mot si commun dans la bouche du plus jeune qu'il s'étonnait de ne pas l'avoir entendu plus tôt.  Savait-il au moins pourquoi il s'excusait? Sarawa ne lui avait pas dit tout ça juste pour obtenir une excuse. Mais alors qu'il s'apprêtait à en rajouter, il fut couper net par une réponse qu'il n'attendait pas. Il n'aurait même jamais pensé l'entendre un jour. Le voyait-il vraiment comme un gosse? Peut-être un ado parfois c'est vrai. Il reconnaissait ne pas avoir vu grandir son cadet, ni ses traits murir, probablement parce qu'il le voyait tous les jours. Enfin, avant. Mais cette colocation... cet éloignement lui avait perdre toutes mains mises sur Fox. Et bien qu'il ne s'en soit pas aperçu réellement tout de suite, il prit la réflexion en pleine gueule. Un haussement de sourcil, un recul léger, et il observe Fox. Comment ça. Attend, est-ce qu'il est en train de dire qu'il ne vient pas lui demander de sensations fortes parce qu'il le voit comme un gosse? Ou est-ce qu'il lui reproche de ne pas oser l'approcher comme un adulte tout court? Ou de pas l'avoir regarder comme un adulte avant ça? Il se détache un peu plus de lui, fronçant les sourcils, signifiant son incompréhension, quand tout le reste tombe d'un coup. Les mots lui percutent la peau, cette peau humide qui se sent tirailler soudainement. Sarawa entend, écoute, absorbe. Il ne bouge pas. Le regard douloureux de Fox l'incendie, et il n'aurait jamais pensé que cette soirée allait prendre cette tournure. A quand remontait sa dernière douleur similaire...? Trop longtemps sans doute. Il devrait souffrir plus souvent , ce serait peut-être plus facile d'encaisser... Quoi que venant de Tee ou de Wolf, il prenait souvent des reproches, il se savait dur, un peu trop chiant dans leur vie, voulant le meilleur pour eux, faute de l'être lui-même, mais venant de Fox... jamais. Où s'est-il planté? Rien n'est logique dans tout ça. Il n'y comprend pas grand chose, si ce n'est que Fox est en pétard et que l'alcool lui a fait tomber des censures. De terribles censures.

Ses mains quittent son visage, le carrelage, tout. Il le regarde , son visage se fermant peu à peu. Tu as fait mouche Yoon. Chapeau. Même Tee n'aurait pas fait mieux, ni Sakura. Pourtant il maintient ce regard. Alors c'est ça qu'il avait enfoui toutes ces années, encaisser sans broncher? Vivre tant d'années à coté de quelqu'un qu'on ne peut pas sentir, ça doit demander une force incroyable... peut-être l'avait-il sous-estimé. Peut-être que ce visage aux lignes harmonieuses cachaient un roc de compromis et qu'il prenait sur lui pour pas tout lui balancer à la gueule depuis tout ce temps. C'était courageux de le dire... surtout avec un mec comme lui en face qui aurait pu lui éclater la gueule dans le carrelage d'un simple geste. Mais il ne pourrait jamais faire ça. Parce que Yoon est sacré pour lui. Il reste son protégé. Un protégé qui n'a visiblement pas le même attachement. Ce n'était qu'une déviance de désir tout à l'heure. Une fois la tirade finie, il met du temps à réagir. Blessé. Si faible mot. Fox a foutu un coup de pied dans une des rares cartes qui tient son château existentiel, envoyant valser la moitié de la structure. Sakura l'aurait donc supplié de prendre soin de lui. Il ne lui a jamais dit que c'est lui qui l'avait changé dans les premiers jours ou laver quand il était inconscient. Il n'avait jamais rien dit sur le fait de toujours surveiller s'il ne manquait de rien, parce que Sarawa est comme ça, il ne dit rien mais veille au grain. Son rôle et son père lui avait toujours dit qu'un aîné digne était un aîné qui même quand on ne l'entend pas était là. Et c'est justement pour tous ces critères bizarres qu'il site qu'il avait retenu l'attention de l’aîné plus que de raison. Il était... particulier. D'où le manque une fois parti. Fox était un genre de chat... il ne faisait pas de bruit mais quand il n'est pas là... ça se ressent partout. C'est le silence pur. La noyade.

Il avale sa salive et baisse les yeux, avec un hochement. Il avait compris. Pas besoin d'en rajouter. Un léger sourire en coin, qui s'écourte vite. Il a sa dose. Ouvrant la porte de la douche machinalement, s'attire une serviette et sort, déboutonnant son jean, qu'il va retirer dans la piaule, pour en renfiler un autre, la serviette sur la tête, se séchant d'une main, l'autre attrapant une chemise noire, avant de prendre la direction de la sortie de l'usine. Il lui laisse l'appart pour ce soir, c'est mieux. Il sait qu'il n'était pas soul quand il a dit tout ça. Trop de logique et de détails dans ce qu'il lui a sorti. Et il vaut mieux qu'il parte... il ne veut pas éclater, ni en prendre davantage dans la gueule. Si tout ça était pensé, alors ça veut dire qu'il s'est planté depuis sept ans... Fox ne l'a jamais apprécié. Il devrait s'en réjouir, vu qu'il voulait son envol, il se passera rapidement de lui. Alors pourquoi il a si mal... La porte claque derrière lui. Il n'a même pas refermé ses rangers. Il laisse le second casque dans la partie du sous sol et démarre la moto , prenant le temps d'enfiler son blouson... son cerveau turbinant de mille erreurs dans ses souvenirs. Est-ce que les autres pensent ça aussi? Et ses hommes. Il ne laisse le temps à personne d'entraver son départ, il ne vaut mieux pas... il a un boulot à terminé, c'est donc vers Tama qu'il se dirige et il en a oublié son portable au QG...

(c) princessecapricieuse