il y a tout d'abord un masque ;
une atttitude calme, posée, sereine,
l'impression d'un regard que rien ne semble pouvoir le perturber.
il y a ces sourires bienveillants, ces mots toujours bien trouvés pour réconforter,
il y a cette âme chaleureuse et aimante, ce coeur tendre posé sur cette main ferme et réconfortante.
il y a une curiosité discrète et attachante,
et il y a bien sûr beaucoup d'affection, dans un coeur semblant déborder de gentillesse et d'attentions.
il n'y a là aucune trace d'une quelconque animosité,
il y a ces rires discrètement glissés, timidement efleurés,
des rires profonds et lointains, qu'aucun ne semble pouvoir jamais atteindre.

parce qu'il y a là aussi des secrets bien cachés.
il y a cette âme débordée, ces minutes précieusement mises à profit ;
il y a du sommeil et de l'appétit à rattraper, plus que de raison,
car perdre son temps, c'est une immense frayeur ;
il n'y a alors aucune minute à perdre.
il y a ce corps épuisé, cette conscience débordée,
cet âme accablée par trop de responsabilités.
un habile jongleur entre toutes ses tâches,
au prix du sacrifice de sa vie personnelle.
alors il n'y a plus le temps, plus le temps de s'occuper de soi ;
c'est le prix à payer, sans doute, quand on vous sa vie à sauver celle des autres.

* il y avait cette fille ; cette poupée, cet ange, qui vivait juste à côté. celle qui était la voisine, la meilleure amie, la confidente. celle pour qui il a toujours craqué. celle pour qui tous craquaient ; mais il était le seul qui la comprenait. celle pour qui son coeur battait, celle qu'il attendait chaque jour dans ce coin du jardin dans l'espoir de la voir apparaitre, celle à qui il racontait tout, celle qu'il pouvait sans aucun doute appeler son premier amour. celle pour qui il n'était qu'un ami.
* il y avait papa, grand médecin généraliste, qui l'avait forcé à suivre les mêmes études que lui. des études qu'il n'a jamais vraiment voulu suivre, lui qui passioné d'art, qui aurait voulu un métier de son choix. mais papa avait la main lourde et papa forçait. alors les études se sont poursuivies dans le but ultie de devenir médecin ; mais papa n'était jamais satisfait.
* il y avait un diplôme de médecine en poche, mais papa n'était toujours pas satisfait. alors il y a eu la contrariété, la frustration, la colère. puis l'envie de vengeance. l'envie de faire encore mieux pour le contrarier lui aussi. alors il ya eu encore plus d'efforts, encore plus d'années d'études ; et il y a eu une première place de la promotion dans la chirurgie. mais il n'y avait toujours pas de fierté de la part de papa.
* il y a eu le retour de la poupée dans sa vie ; elle était là, avec ses grands yeux, ses beaux cheveux, ses sourires, ses petites mains fines. il y a eu le retour de la chaleur dans son coeur. mais il ya avait aussi cet autre, celui qu'elle avait choisi, lors de leurs années d'éloignement ; et il y avait cet enfant, cette petite fille née d'une union qu'il enviait.
* il y a eu leurs retrouvailles. il y a eu ses confidences ; celles de son mari trop agressif, trop violent, trop exigeant. ses craintes pour sa fille, celle qu'il a juré de panser. il y a eu la promesse de s'occuper d'elle, d'elles deux. il y a eu une nuit d'abandon, une nuit de flammes, une nuit de larmes, une nuit de regret. une nuit interdit ; et il y a eu son mari qui l'a appris.
* il y a eu cet accident. ce crime. cette voiture que le mari a volontairement envoyé dans le décor. il y avait elle, sur le siège passager. il n'y a eu aucun survivant, ni l'un ni l'autre. il y avait cette petite fille seule. et il y avait cette promesse, celle de s'occuper de cette petite, âgée d'un an à peine. alors il y a eu cette promesse tenue, cette adoption. il y a eu la totalité du temps lui restant consacré à l'éducation de cette enfant.
* alors il y a eu besoin de temps. alors il y a eu une pause dans les hôpitaux et les opérations, pour une concentration nouvelle ; une thèse, qui lui vaut innombrables reconnaissances, mais qui n'est pas terminée. mais il y a aussi eu besoin d'argent et d'un toit ; alors il y a eu cette proposition de poste à l'infirmerie de l'université, et un logement pour lui et la petite. il y a bien une nette différence entre l'hôpital et ce poste là... mais au moins, il y a du temps pour la promesse.
* et il n'y a pas un jour sans qu'elle ne lui rappelle sa mère...