L’ambiance était devenue apaisante, mais les deux jeunes hommes savaient que cela n’allait pas durer et devenir plus pesante. En quoi, Min-Ho le ne savais pas, mais il ne pensait pas s’attendre à cela. Dévorer quelques parts de pizza dans la bonne humeur, des gestes presque enfantins pour se détendre, loin d’une certaine torpeur. Avec un sourire, et même un rire. Mais au final, quelques mots ont été murmurés avec une inquiétude que le jeune blond n’avait quasiment jamais entendue. Ne fut pas son étonnement sur ses traits en voyant son ami se blottir contre lui, presque effrayé et assurément chamboulé. Il fut quelque peu dérouté des propos énoncés, lui qui était si jovial et éhonté. Son diaphragme se souleva quelques instant, réfléchissant aux mots balancés dans le vent. Il posa sa tête sur celle qui s’était caché, se demandant encore comment expliquer, formuler.  

— Ce que je ferais… ? J’irai le voir, tout d’abord.

Min-Ho avait les idées très élancées et plus sombres que son compagnon bouleversé qui attendait une réponse éclairée. Cependant, il était tout aussi jeune et moins innocent, mais allait lui répondre avec la franchise qu’il veut entendre.  

—  J’irai le voir et lui demanderai des explications. Un syndrome de Stockholm ? Il va falloir trouver mieux comme excuse. Se moquer des sentiments éprouvés ? Je lui dirai d’avoir un peu de considération, d’y réfléchir, d’attendre s’il veut pour y répondre. Mais de le prendre au sérieux, parce que ce n’est jamais facile de le dire à la personne aimée ce qu’on éprouve, surtout dans ce contexte.

Il ne cherche pas à relever le visage de son ami qui le garde enfoui, il caresse doucement son dos pour le rassurer de sa demande inouïe. Pour que Yoonie soit féliciter de son courage de ces mots balancés avec timidité et difficultés, mais qu’il peut surmonter.  

—  Je ne connais pas les détails, mais ce n’est pas si ce compte. Je ne connais pas les sentiments de chacun, ni la relation basée donc je ne peux émettre de bons ou mauvais arguments, seulement une pensée de ce que j’ai entendu. Mais des explications. Se parler. Considérer. De se dire que ce ne sera plus tout à fait pareil, mais demander d’y penser. Puisque le temps est passé, que ce « quelqu’un » ne peut pas dire les mêmes choses que ceux énoncés avant. Alors, simplement, demander. Ce que lui éprouve.

Il le prit davantage dans ses bras, voyant qu’il avait fermé les yeux et ainsi le libérer d’un certain embarras. Min-Ho ne demandera pas davantage, voyant les sonorités ont été déjà difficiles à énoncées, que leur passé leur appartient et qu’il n’est pas bon de le prisée. Alors il se contente de ce qu’il a entendu actuellement, mais il ne sait pas rassurer doucement. Il n’a jamais eu ce genre de sentiment à émettre à quelqu’un sans retour véhément.

—  Je n’ai pas de réponse adéquate, désolé. Mais parler et demander pourra certainement remettre certaines choses dans son contexte. Si c’était au moment des aveux, il est fort probable que cela ait été dit à chaud. Avec le temps, normalement, cela sera différent. Peut-être en mieux, peut-être pas. On ne sait pas.

Min-Ho essaie de lui faire comprendre qu’il ne peut pas décider de ce que chacun dira, pensera et énoncera. Que cela sera peut-être douloureux, anxieux ou pour le mieux. Il ne sait pas.

Une explication sensée, millimétrée, ordonnée, raisonnée. Pour des sentiments qu’il ne connaît pas, dans ce monde ici-bas. Il ne sait pas ce qu’est la notion de rassurer ou être rassuré, lui qui a toujours dû se débrouiller. Le sentimentalisme est désordonné, voir effacé, car incongru et signe d’un corps troué. Alors avoir formulé cette demande était peu conseillé, pour Min-Ho dont l’esprit est mécanisé, éreintée, dépeinturé. Aimer ou être aimé, il n’en voit que par les intérêts. Il ne connaissait pas les détails et ne souhaiter pas les savoir, comme lui cacher sa vie et son passé, son désespoir. C’est comme cela qu’ils fonctionnaient. Aucun détail, ne pas parler du travail. Pas d’inquiétude vaine et d’histoire de leur vie cruelle. Tout cela n’est que superficialité dans lequel chacun se complaît. Pas besoin de se questionner, de demander, de quémander, d’ordonner, d’utiliser. Tout va au rythme de chacun, pour de la tranquillité qui ne fait qu’un. Il est désolé, mais pas tant que cela. Il avait simplement haussé les épaules d’un geste presque las. Il pensait bien que cela ne serait pas suffisant, mais il n’avait jamais connu pareille situation avant. Il voyait nettement qu’ils n’avaient pas la même force sur les sentiments qui entrent violemment. Le chef de projet avait appris à s’en défaire précocement pour ne pas souffrir inutilement comme son ami l’est actuellement. Il en est légèrement attristé, mais c’est une réalité bien imposée. Il reprit sa position initiale face au changement de son compagnon, laissant la discussion d’avant rangée au fond. Il allait répondre en secouant la tête au moment où un sursaut s’est joint à la fête. Il était si puissant que Min-Ho en avait été également effrayé, lui si peu animé devant un film d’horreur et un screamer. Il se mit à rire de bon cœur avec Yoonie, en voyant leurs mines étourdies.  

— Vu comment tu sursautes aussi fort, je ne sais pas si c’est mon cœur ou le tien qui lâchera le premier. 

Il se demandait si c’était aussi bien d’avoir enfilé une chemise de ce blanc immaculé en voyant la scène qui vient de se passer. Tant pis pour les futurs dégâts, il s’arrangera sur le tas si un accident arriverait, mais pas dans l’immédiat. Il ne dévorerait plus aucune pizza, il ne fera que boire un peu d’eau ou de soda.

—   Dormir ? Avec toi à côté, ça ne risque jamais.

Parce qu’il savait qu’ils finiraient par discuter, s’amuser, se disputer, s’éloigner de cette réalité. Il n’avait absolument pas suivi le film encore une fois, mais cela ne l’intéressait pas tant que cela. Il avait un regard en biais sur son ami qui mangeait, posant ses doigts sous son menton d’un air reproché. Il le fixa durant quelques secondes d’un air analytique, rendant sans aucun doute Yoonie dans un malaise critique.  

—  Ma foi. C’est quand même dommage qu’avec un visage pareil, tu restes un as des jeux vidéo. Je reste tout de même dubitatif entre la façon dont tu t’entretiens si bien et toutes ces « choses » que tu manges.

Il avait même eu le culot de toucher ses côtes ou son ventre sans être gêner. Il finit par basculer légèrement sa tête en arrière, avant de revenir poser les yeux sur l’écran loin de ses manières cavalières. Il savait que Yoonie ne voudrait jamais quitter sa bulle de coton, alors il avait préféré porter l’accent sur sa façon de manger qui lui paraissait outrancière. Évidemment, Min-Ho ne mangeait jamais ce genre de mets, mais venait toujours chez Yoonie pour s’en régaler. Il avait lâché un sourire caché pour ne pas montrer qu’il abdiquer tant que son camarade ne le lui faisait pas remarquer en se concentrant étrangement sur le film d’un air bien-pensant, bien innocent. Il était toujours très doué pour les faux-semblants, même dans un contexte qui ne s’y prêtait pas avec attention. Sur une échelle, il n’en était qu’à quarante pourcent. 

Le jeune blondinet fit un signe de la main d’une façon animée. Bien que sa chemise possède une valeur bien avérée, il n’en possédait pas qu’une et pouvait nettement la remplacer. Il n’allait pas poser de problèmes, et même une énorme tâche n’allait pas le moins du monde le rendre quelque peu blême. Il lui offrit un sourire entendu.  

— Ne t’en fais pas, ce n’est pas un de sauce qui va gâcher quoi que ce soit. Une chemise, ça se lave.  

Et puis s’ils continuaient tout deux à gesticuler et chahuter comme ils le faisaient, alors la chemise allait bientôt être retirée pour pouvoir respirer. Surtout face aux sursauts sans doute répétés que son ami allait opérer. Min-Ho n’était pas aisément effrayé, mais pouvait se laisser aller dans ces moments avérés même en étant si peu concentré. Il savait qu’il avait appris plus promptement à se défaire des peurs et chasser les démons à bon entendeur qu’ils souhaitaient le dévorer avec lenteur. Ils vivaient dans des mondes radicalement différents, mais dont le présent les pousser à agir différemment. Et cela se voyait à la position qu’ils abordaient, à la façon de dialoguer et parfois mêmes les pensées contrôlées. Il avait secoué la tête aux paroles de Yoonie, peu conquis, mais à moitié ravi.

—   Si tu es devant ton pc, je suis sûr que tu ne me remarqueras même pas tellement tu serais concentré sur tes jeux. Même si je serais un peu pareil ceci dit.

Min-Ho s’était levé quelques instants pour se chercher de l’eau, étant plus habitué à cela que les sodas, car chassez le naturel et il revient au galop. Tandis que l’un était en tailleur sur le canapé, l’autre avait croisé ses jambes d’un air presque princier. Il n’arrivait pas encore tout à fait à retirer son étiquette d’enfant bien trop élevé qui lui paraissait si coincé. Il ne prêtait jamais attention à ce genre d’idées, car la plupart jugés sans en avoir une simple idée ou effleurés ce que cela était. Son éducation se reflétait tout simplement et il ne jugeait jamais celle des autres prestement. Il avait émis un rire clair face aux dires de son confrère qui n’avait pas fini de manger et qui pourtant ne déblatère.  

—  Eh bien. Il va falloir que je vienne plus souvent parce qu’avec un régime pareil, je suis étonné que tu tiennes la route depuis si longtemps.

Min-Ho savait de quoi il parler, ayant longuement travaillé et côtoyer tout type de personnalités, il avait aidé pour quelques tâches manuelles en sautant des repas de façon ponctuelle. Avec son activité physique rude et cavalière, cela lui avait valu quelques péripéties qui lui avait été étrangères, mais dont il se souviendrait longtemps dans ce planisphère. Il reporta son attention sur le film bien avancé et n’avait plus de concentration et la curiosité. Son diaphragme s’était légèrement soulevé sans émettre une seule sonorité.

— En toute honnêteté, je ne suis pas plus dans le film. Tu veux continuer à le regarder ou faire autre chose ?  

Il demandait sincèrement, car après tout, il se plierait à toute volonté comme à son métier. Il avait été honnête, mais éprouvé un drôle de sentiment comme se sentir bête alors qu’il n’a fait que donner son avis auprès d’un ami.  

Le jeune chef de projet voyait qu’ils vivaient dans deux mondes totalement opposés, mais il appréciait grandement ce fait, car cela lui permettait de redescendre parfois de son siège doré pour voir la réalité des faits. Que tous le monde n’avait forcément la chance qu’il possédait et donc il devait être reconnaissant à jamais. Même s’il en payait les frais. Chacun avec ses chances et ses peines qu’ils ne le veuillent pas et les traînent. En entendant son ami s’égayait soudainement et cela lui convenait parfaitement. Il riait à gorge déployée en voyant la mine faussement choquée de son ami galvanisé.  

— On rentre chez toi comme dans un moulin, je dansais derrière toi que tu ne me voyais même pas.  

Mais le plus hilarant dans tout cela, c’est que le blondinet en était fortement capable de cela. Danser derrière Yoonie alors qu’il était sur l’ordi fit rire encore plus en haussant les sourcils vivement et faussement aguicheur avant de se reprendre en écoutant son compagnon du soir lui poser des questions enfantines que chacun finirait par y croire. Il était à la fois amusé et attristé, mais laisser le premier être très nettement aperçu plutôt que le second plus cru. Après tout, Min-Ho pensait qu’il n’était pas fait pour être père, en voyant l’éducation qu’il a reçu et sa réaction avec ses paires. Il se disait que pour le moment, il se contentait de sa vie mouvementée, peut-être plus tard quand l’amour aura sonné.

—   Mais tout à fait. Tu feras à manger avec moi aussi au cas où je ne suis pas là pour longtemps. Papa ?

Ce fut au tour de Min-Ho d’abordait un air faussement outré devant cette demande adorable et éhonté.  

—  J’ai l’air si vieux que ça ?

Il en fut assurément amusé et ne s’en caché qu’à moitié, l’autre étant pour un air renfrogné pour l’âge qu’on lui attribué. Il savait qu’il agissait comme l’aîné entre les deux amis et cela était avéré et se permettait donc de le taquiner sur cet attrait. Il avait croisé les bras d’un air contrarié en s’affaissant dans le canapé, avant d’arrêter un tout petit peu devant l’air de Yoonie qui l’amusait. Il allait en jouer encore un petit moment, tout en réfléchissant à comment aborder son aveu incommodant. Mais il en avait besoin pour quelque chose d’important et qui lui trottait à l’esprit depuis un sacré moment. Il pouvait bien le faire comme son ami s’était confié, à son tour de se libérer.

— J’ai une petite demande en vérité. Mais, comment dire, je préfère que ce soit toi plutôt qu’un autre, mais à la fois, je ne veux pas. C’est un peu incompréhensible ce que je dis.  

Et cela l’était. Décousu et incongru, mais il ne voulait pas passer par quelqu’un d’autre ayant une confiance aveugle envers son ami assis à ses côtés et demandeur. Tant pis, il fallait bien se lancer à un moment donné.

— On ne parle jamais affaires, mais je me demandais. Tu sais faire des recherches et trouver des informations juste avec un nom ou un visage ?  

Très désordonné, cela se voyait qu’il n’aimait pas en parler. Qu’il en était désolé. Cela se lisait sur son visage affairé et préoccupé. Min-Ho se livrait et cela lui était si étranger, mais avec Yonnie, il n’était pas autant effrayé qu’il ne le pensait. Simplement, déranger de le lui demander.  

Mensonge éhonté qui avait eu le droit à une grande hilarité. Danser. Quelque chose dont il garde cela secret. Enterrer pour une passion qu’il adorait et il avait recommençait. Même si le jeune blond l’avait réellement réalisé, il se serait certainement mis à danser et chanter afin d’attirer la curiosité de celui qui travaillait sans regarder ce qu’il faisait, ce n’était pas dans son intérêt. Min-Ho se fichait éperdument du travail frôlant l’illégalité sur les données à rechercher. Il savait cependant qu’il protégerait son ami s’il un problème surviendrait.  

— C’est sans doute une bonne idée. Mais tu verrais peut-être des choses que tu voudrais oublier. Ton innocence, il faut la protéger ! 

Il n’en était que plus sincère pour que le jeune hacker est une vie prospère. Dans un sens, il pourrait partager sa danse avec ce petit ange le temps d’un instant, mais cela faisait si longtemps qu’il n’était pas satisfait de ce qu’il montrerait alors il préférait s’en abstenir pour le bien des yeux de son ami qui riait. L’appeler ainsi comme un grand-père l’avait offusqué lui qui se voyait davantage comme un frère. Il fit mine d’avoir une expression très choquée pour ensuite se retourner et bouder, cela lui donnait une bonne occasion avant sa question qui allait le désemparer. Il était dos à son ami maintenant, plutôt mal en point de sa demande soudaine et besoin important.

—   Si possible, je n’ai qu’un prénom et une photo sur mon portable prise à la volée. Je ne te l’aurais pas demandé, mais comment dire. Je sens qu’il va profondément m’emmerder.  

Min-Ho était très rarement vulgaire, mais vu à qui il avait à faire, il était sur la défensive et peu fier. Il mit sa tête entre ses mains d’un geste peu assuré, peu sûr ce que cela était une bonne idée. Il finit par faire un mouvement en arrière afin de poser sa tête sur les genoux de son ami sans doute surpris, en posant un bras devant ses yeux pour se cacher de Yoonie. Il était perdu entre le besoin de proximité pour se rassurer et envie de s’éloigner en lui demandant d’oublier. Il finit par céder à la sincérité.  

—  Je ne veux pas te mêler à cela, mais en même temps, tu es le seul qui puisse m’aider avec ça.  

Parce que le petit innocent ne pose jamais de question, jamais d’opinion et cela lui était si important dans ce monde vivant et indolent. Il rester la tête posée, ne sachant s’il allait le laisser filer pour aller chercher son pc ou ne rien faire et parler. Mais il se sentait menacer. Après de longues minutes à l’écouter et un léger silence installé, il finit par se relever.  

— Tu peux aller chercher ton ordi, je vais te montrer la photo.  

Il laissa son compagnon chercher l’objet convoité tandis qu’il cherchait la photographie demandée. En revenant, il lui tendit d’un geste certain même si son esprit était brouillon, empli de confusion. Il avait replacé son bras sur ses yeux fatigués, comme s’il avait peur d’être jugé alors qu’il savait que cela n’arriverait jamais.

— Il s’appelle Jun. C’est tout ce que je sais. 

Une tête brune et un corps élancé, vu de dos en pleine activité : cela consistait à danser. Dans un sens, il révélait à Yoonie qu’il avait repris à danser.