La rentrée de septembre était désormais loin derrière Ayame, laissant place à une ambiance de rendu de devoirs et d'études minutieuses pour garder de bons résultats. Jusqu'à maintenant, le retour à l'université s'était bien passé pour Ayame même si cela n’avait pas toujours été rose. Elle s’en était sortie, avait réussi ses examens à force de réviser avec Mia et parfois Yuzu. Elle avait fait connaissance avec des résidents de Seiseki -pas tous, ils étaient nombreux et ne vivaient pas tous au même rythme, elle avait parfois affronté ses démons, comme sa dernière fois à Roppongi Hills. Et maintenant, elle était plus que décidée à se dégoter un baito. Et cette idée d’être assistante mangaka la rongeait depuis des lustres. Depuis que cela devenait concret dans sa tête, la demoiselle passait son temps à dessiner, plus que d’ordinaire. Elle avait profité des vacances d’été pour bouger dès qu’elle le pouvait, cherchant l’inspiration, afin de s’améliorer en backgrounds. Elle qui avait toujours eu des facilités à dessiner des portraits, dessiner des décors était un véritable challenge pour elle. Mais elle appréciait, et selon elle, le jeu en valait la chandelle. Maintenant que les cours avaient repris, elle avait moins de temps libre mais elle ne baissait pas les bras et gardait espoir.

Ce soir, alors qu'elle avait fait une longue pause pour ne pas être en retard dans le rendu de ses rapports, elle avait beaucoup dessiné et avait étalé tous ses croquis à même la moquette afin de les trier. Elle souhaitait constituer un book pour le présenter lors de potentiels entretiens d’embauche. Elle ne s’était pas vraiment renseignée sur le métier et les conditions pour être acceptée, mais elle imaginait que si son trait était convainquant, elle aurait ses chances. Et son mutisme ne devrait pas être un handicap dans ce genre de boulot ou parler n’était pas forcément nécessaire. Elle espérait donc de tout cœur que ce projet se concrétiserait. Elle avait naïvement pensé que ce serait plus simple que cela, que dès la rentrée passée elle courrait partout pour postuler, mais le quotidien l'avait rattrapée et elle avait manqué de temps. Deux mois étaient déjà passé et on était déjà en novembre.

Quelqu’un frappa à la porte, l’extirpant de ses pensées. Mia, peut-être ? Ou Yuzu ? Repoussant les dessins encore posés sur se genoux, Ayame se releva, les jambes un peu engourdies à force d’être assise par terre en tailleur.
Elle se dirigea vers la porte et constata au passage qu’il était déjà l’heure du dîner et qu’elle n’avait rien préparé, trop concentrée dans sa tâche. Un coup d’œil au judas lui permit de constater que ce n’était ni sa meilleure amie, ni celle dont elle s'était le plus rapprochée depuis qu'elle vivait ici. Et en plus c’était un homme. Bon. Aya’ inspira et expira plusieurs fois, et finit par ouvrir, juste à temps avant que l’autre pense qu’il n’y avait personne à la chambre 303.
Elle inclina légèrement la tête en guise de bonsoir, toujours incapable de dire quoi que ce soit. Elle se demandait ce qu’un voisin pouvait bien lui vouloir à une heure si tardive.

Les examens d'admission ont été un véritable enfer pour Hotaru, lui qui vivait dans sa bonne moyenne a dû se surpasser pour pouvoir entrer dans cette école. Il a bûché quand il fallait, piquant les cahiers et les notes de ses camarades et amis partageant le même bahut, même classe. Des mois de révision, de prise de tête, à se demander si c'était la bonne décision ou s'il ne devrait pas rejoindre une simple école de son niveau. Sa mère l'a durement encouragé, chaque jour elle lui préparait un chocolat chaud avec des biscuits, lui disant de faire de son mieux. Quant à son père, il passait dans sa chambre pour l'aiguiller et le conseiller, quand il avait du temps à consacrer à son fils. Finalement, avec le soutien de tout le monde et de nombreux efforts, Hotaru est parvenu à décrocher des notes suffisantes pour intégrer l'école de « ses rêves ». Façon de parler, parce que son but à lui était uniquement de suivre ses copains de classe et la plupart ont choisi l'université de Chuo. à la fin de cette longue période d'étude intensive, Hotaru pensait avoir fait le plus gros, mais il s'avère que non. Chaque journée dans cet établissement est plus difficile et compliquée que l'examen d'entrée. Heureusement qu'il a choisi les arts, un domaine où il se débrouille assez bien, malgré ses quelques lacunes évidentes. à côté des cours, le petit Hotaru songeait à se trouver un travail à mi-temps, histoire d'alléger les dépenses de ses parents. Il cherche encore, feuilletant les petites annonces sur le net ou en regardant parfois sur les vitrines des commerces. ça lui arrive de demander directement, mais généralement il se mange de gentils refus. Ce n'est pas évident d'être étudiant, sans expérience et d'avoir besoin d'argent pour se débrouiller indépendamment de sa famille. Un jour, il sera si riche qu'il remboursera chaque yen déboursé par son père et sa mère pour ses études, pour son confort, pour tout ce qu'ils ont fait pour lui.

Après une si longue journée, le bleuté ne pense qu'à une chose: Se poser. Il n'est pas question de sortir ce soir avec des potes, ni de traîner à droite ou à gauche. Quand il était au lycée et qu'il imaginait l'université, l'idée de faire la fête tous les soirs avec ses collègues de classe paraissait classe, ultra cool. Force est d'admettre que ce n'est pas si facile, que la fatigue le rattrape plus vite que l'envie de s'amuser et de profiter de sa jeunesse. Où est sa jeunesse d'ailleurs? Il ne l'a plus tellement vue ces derniers temps, comme si elle se payait des vacances loin de lui. Hotaru n'est pas satisfait, il doit bosser quatre fois plus que les surdoués en dessin de sa classe et il n'a même pas le mérite de pouvoir respirer convenablement. Ils sont loin les encouragements de papa et maman, surtout les chocolats chauds de cette dernière. ça lui donne envie de s'en boire un, mais il réalise qu'il n'a rien pour cela. Ni lait, ni chocolat. Dans quelle galère s'est-il enfoncé en voulant vivre seul? Il n'y a ni maman pour faire le ménage et le rangement, ni papa pour s'assurer qu'il va bien et ne pète pas une durite pour x ou y raison. La vie à la maison lui manque, c'est une évidence.

Sa seule solution se trouve en dehors de cette pièce, sûrement dans celle d'à côté. Qui ne tente rien n'a rien, non? Hotaru veut se souvenir de cette sensation agréable à se boire une boisson chaude tout en travaillant ses cours. Devant la porte de la chambre voisine, il se permet de frapper quelques coups et d'attendre une réponse. Peut-être n'y a-t-il personne à l'intérieur? Depuis son arrivée, il n'a pas fait le tour des chambres pour se présenter ou pour copiner. Ce n'est pas tellement son genre non plus, de s'immiscer de la sorte dans l'espace vital des autres. La porte s'ouvre finalement, surprenant légèrement Hotaru perdu dans ses pensées. Il tombe sur une jeune fille, qui le salue d'un mouvement de tête.

« ▬ Euh, salut. Désolé de te déranger si tard, mais je me demandais si tu n'aurais pas de quoi faire un chocolat chaud? »

Intervention étonnante, un peu dérangeante. Jamais de sa vie il ne s'est dit qu'il irait frapper chez son voisin pour se faire un chocolat ou un thé. ça le dérange d'autant plus qu'il ne s'attendait pas à tomber sur une fille, non pas qu'il soit timide ou facilement gêné.

Ayame avait hésité à ouvrir la porte, après avoir réalisé que c’était un garçon. Mais son désir de redevenir quelqu’un de « normal » et donc de s’intégrer auprès des autres résidents avait pris le dessus et, attrapant son courage à deux mains, elle s’était levée, laissant traîner tous ses croquis par terre. Elle n’en avait pas pour longtemps de toute façon.
De l’autre côté de la porte se trouvait un jeune homme, sans doute un voisin de l’étage, qui lui fit une demande assez originale et inattendu : il voulait de quoi se faire un chocolat chaud. Si la jeune fille pensait un jour qu’on lui demanderait ça, elle aurait sans doute écarquillé les yeux, très surprise. Elle rougit légèrement, et réalisa qu’elle n’avait rien pris pour communiquer avec son voisin. Embarrassée, elle lui fit un signe d’attendre, et disparut dans le studio, laissant la porte ouverte avec vue sur ses croquis jonchant le sol. Pas très discrète en somme. Elle se saisit en hâte de son téléphone, et commença à rédiger un message tout en marchant à nouveau vers l’entrée du téléphone. Au passage, elle ouvrit son réfrigérateur et remarqua qu’elle était en possession d’une bouteille de lait. En revanche, après examen du placard, force fut de constater qu’elle n’avait pas de chocolat en poudre. Dommage, surtout qu’il lui avait donné envie d’en boire aussi au final !
De retour à l’entrée, la jeune fille tendit le téléphone à son interlocuteur, toujours un peu gênée de la situation et anxieuse à l’idée qu’on prenne mal sa situation.

Je suis désolée, à cause d’un problème aux cordes vocales, je ne peux pas parler pour le moment, je suis en convalescence. Je communique avec mon téléphone.
J’ai trouvé du lait dans mon frigo, mais je n’ai pas de chocolat. Par contre, tu m’as donné envie d’en boire, donc si tu veux, on peut aller en acheter au combini en bas de la résidence si tu veux ?

Elle avait fait un grand pas en avant en proposant à un inconnu du sexe opposé de l’accompagner dans un lieu public. Ce n’était pas une chose qu’elle faisait d’ordinaire, mais visiblement ses efforts d’intégration commençaient à payer et petit à petit elle s’endurcissait, niveau caractère. Surtout depuis l’incident à Roppongi avec cet host mystérieux qui, au final, ne l’avait jamais recontacté.

Alors qu’elle attendait une réponse de la part du jeune homme, une bourrasque automnale vint secouer le couloir ouvert et s’engouffra dans la chambre d’Ayame. Le vent souleva tous les croquis qu’elle avait commencé à trier, mélangeant tout et rendant son travail complètement caduc. Désespérée, elle se mit à s’agiter dans tous les sens et aperçut une feuille atterrir à ses pieds. Elle se pencha pour la ramasse et la serra contre elle, particulièrement embarrassée. Elle ne montrait jamais ses dessins, surtout les esquisses, aux gens qu’elle ne connaissait pas. A ce jour, seules Anna, Mia et Yuzu avaient pu les voir. Et comme son voisin avait toujours son téléphone dans les mains, elle ne pouvait rien dire. A part secouer la tête et s’incliner pour s’excuser.

Hotaru s'estime heureux d'être assez sociable pour aller toquer aux portes de ses voisins de dortoir dans l'intention de réclamer de quoi se faire un chocolat chaud. à l'heure du repas, en plus. Comme si ce n'était pas suffisamment étrange. Il n'a pas vraiment d'heure à respecter pour manger ou pour se faire une boisson chaude, tant qu'il n'est pas chez lui avec ses parents dans les parages. Si sa mère savait qu'il mangeait à n'importe quelle heure de la journée, elle serait devenu folle. C'est une femme qui prend soin de sa famille, elle tient à garder un rythme « normal » comme les heures des repas. Hotaru s'en moque, lui. S'il a faim, il mange. Il n'est pas parent, donc il ne comprend pas l'engouement de sa mère ou de son père à respecter certaines règles de famille. La porte s'ouvre et une jeune fille se présente à lui. à ce moment-là, le bleuté se dit qu'il ne connaît pas les autres locataires de son étage, ni des autres. La jeune fille en question lui fait un signe avant de partir dans sa chambre, laissant la porte grande ouverte. Hotaru a largement le temps de jeter un coup d'oeil à l'intérieur, sans le vouloir. Ce n'est pas une action volontaire, ses yeux sont justes tombés dans la pièce face à lui et sur les croquis jonchant le sol. Elle dessine? C'est marrant comme le monde est petit, lui aussi dessine. Enfin, dessiner est un grand mot mais il s'améliore, si on peut dire ça. Dans l'entrée, l'étudiant jette un coup d'oeil dans le couloir, se demandant combien de temps il devrait attendre là. C'est vraiment étrange comme situation, il ne l'aurait pas cru en ressentant cette envie de chocolat chaud.

Quand elle revient vers lui, c'est pour lui tendre son portable. Elle veut son numéro?! Sur le coup, il écarquille les yeux, avant de remarquer le texte noté sur l'écran. Oh, il doit lire. Hotaru s'incline timidement avec un sourire nerveux, récupérant l'appareil pour lire le message. Elle ne parle pas. Il comprend mieux le silence s'émanant d'elle depuis le début. ça ne fait que deux minutes qu'il la connaît, mais c'est assez pour échanger ne serait-ce qu'un mot. Chose qu'elle ne peut pas faire, à cause de ses cordes vocales. La suite est aussi surprenante que sa requête et il en rit doucement, secouant sa tête pour marquer l'incrédulité de cette situation.

« ▬ Je suis vraiment désolé de te déranger si tard, les envies de chocolat chaud, hein ... »

Il hausse une épaule comme pour dire « tu sais c'que c'est », alors que peut-être pas du tout.

« ▬ Mais puisque tu as envie et moi aussi, et qu'on n'a pas de chocolat... »

En vérité, il est gêné. Ce n'est pas commun qu'une fille lui propose de se rendre au conbini pour acheter du chocolat en poudre. S'il tenait un journal intime, sûrement aurait-il conté cette histoire incongrue, mais hilarante tout de même. Au même moment où il se lance dans sa phrase accrocheuse, une bourrasque s'engouffre dans la chambre et soulève les feuilles décorant le par-terre. Le vent venait non seulement d'agiter les dessins de la jeune fille, mais aussi cette dernière qui s'est empressée de ramasser celui-ci tomber à ses pieds. Hotaru l'a vite fait aperçu, mais il ne pourrait dire ce qu'il a exactement vu.

« ▬ Tu dessines toi aussi? Je n'ai rien vu, si c'est ce qui t'inquiète. »

C'est vrai, il n'a pas eu le temps de voir l'entièreté de l'oeuvre qu'elle l'avait déjà reprise. Hotaru sourit, ne voulant pas embarrasser sa voisine avec un comportement déplacé.

« ▬ Euh, je ne me suis pas présenté. Je suis Shima Hotaru. »

Dit-il en tendant son portable à sa propriétaire, toujours avec une esquisse se voulant rassurante. Elle ne semble pas dans sa tasse de thé, mais il ignore si c'est à cause des dessins ou du fait d'être face à un garçon. Après tout, il y a plus de filles timides et réservées, qu'extraverties et décomplexées. Donc il se doute qu'il y a une limite à ne pas franchir avec elles, comparé à la plupart des garçons avec qui ses interactions sont parfois musclées ou brusques.

La situation ne pouvait pas être plus gênante. Suite à la requête du jeune homme, Ayame avait éprouvé elle-même l’envie de boire un chocolat chaud, réalisant que la température s’était sacrément rafraîchie ces derniers jours et que l’hiver approchait à grand pas. La multiplication des typhons n’avait absolument rien arrangé et le froid était bel et bien là. Un chocolat chaud ne serait donc pas de trop, surtout que ça faisait super longtemps qu’elle n’en avait pas bu. Elle avait donc rédigé son message sur son téléphone sans réfléchir aux conséquences de ses actes, et à ce que ça pouvait impliquer. Elle avait vraiment compris la réalité de la situation une fois que le voisin eut approuvé l’idée à voix haute. Il venait de dire qu’il s’excusait de la déranger pour une telle demande, mais qu’après tout si elle avait envie de cette boisson réconfortante et que lui aussi … Oh la la, elle avait clairement proposé à un homme d’aller ensemble au combini pour acheter du chocolat chaud !! Mon dieu. Qu’avait-elle fait.

Mais elle n’avait pas eu le temps de tergiverser sur ce sujet puisqu’une bourrasque particulièrement forte s’était engouffrée à travers la porte, soulevant au passage tous les croquis soigneusement triés, dont un s’envola et atterrit à leurs pieds. Timide et embarrassée, Ayame s’était empressé de ramasser la feuille et de la plaquer contre sa poitrine, ne sachant pas quoi faire d’autre. De toute façon il avait toujours son téléphone. Elle baissa la tête, et l’entendit alors lui parler de ses dessins. « Toi aussi ? » ah, donc c’était un dessinateur, comme elle. Bizarrement, ça avait un côté un peu rassurant. Les gens qui partageaient des passions communes avec elle, que ce soit le dessin ou la photo, lui paraissaient moins intimidants. Elle releva doucement la tête, le regard inquiet. Il lui tendit alors son portable et en profita pour se présenter comme étant Shima Hotaru. Elle croisa brièvement son regard avant de détourner son attention, mais suffisamment longtemps pour admettre qu’il n’avait rien d’effrayant ou de méchant. Déglutissant, elle reprit le téléphone et réfléchit à sa réponse.

Ah ! Oui je fais du dessin. Mais ce n’est pas ma spécialité à l’université, juste … J’aime beaucoup ça. Toi aussi tu dessines ?
Pour ce qui est du chocolat, je suis désolée, je pense que ma proposition était un peu étrange, on ne se connaît pas après tout.

Il y avait deux options possibles face à sa réponse : soit il hausserait les épaules et irait au combini tout seul, soit il la contredirait en lui disant qu’après tout ils étaient voisins, habitaient la même résidence, et que c’était l’occasion de faire connaissance et de « parler » dessin. Soupirant, elle poursuivit son message avant de lui tendre le téléphone à nouveau :

Mais tu as l’air vraiment motivé pour boire un chocolat chaud et j’avoue que c’est un temps idéal. Alors pourquoi pas ?
Et pour mes dessins, je … Je ne montre pas souvent ce que je dessine, surtout ceux-là, c’est très brouillon …

Ayame était capable de facilement se dévaloriser quand il s’agissait de ses dessins. Elle était pourtant plutôt douée, mais elle restait très modeste, voire trop, quand il s’agissait de ses œuvres. Elle ne les montrait pas souvent et encore moins aux inconnus. Mais après tout elle pourrait progresser si elle discutait de techniques diverses avec quelqu’un qui partageait la même passion, non ?

C'est en toute innocence qu'il avait approuvé l'idée de la jeune fille d'aller chercher ensemble du chocolat au combini. Hotaru n'a aucune idée farfelue derrière la tête, il est même plutôt heureux de pouvoir se faire une nouvelle amie. Assez naïf dans son genre, il se réjouit pour pas beaucoup autant qu'il se plaigne pour rien non plus. Disons que la petite luciole est dans son bon jour et qu'il a vraiment envie de boire ce chocolat chaud. Et entre nous, Hotaru n'est jamais méchant avec les filles, comparé aux garçons avec lesquels il ne se gêne pas. Ce n'est pas quelqu'un de foncièrement mauvais, ni de toujours très sympathique non plus. En tout cas, il est totalement adorable et guilleret avec la personne face à lui. La même personne qui s'empresse de ramasser un dessin tomber à ses pieds après une soudaine bourrasque venue de nulle part. Hotaru n'a pas eu le temps de comprendre ce qu'il venait de se passer, qu'elle avait déjà camouflé la feuille contre sa poitrine. C'était si terrible pour qu'elle le cache si précieusement? Lui aussi il dessine et il ne peut pas dire que ce soit toujours du grand art. En vérité, jamais. Son style n'est pas du goût de tous, mais c'est bien le genre de sujet qui ne se discute pas ou pas avec tout le monde.

En rendant son portable à la jeune fille, il en profite pour se présenter et ainsi mettre un nom sur son voisin de dortoir. C'est toujours mieux que rien, et puis si un jour elle a besoin d'un service comme lui à l'instant avec cette histoire de chocolat chaud... Bah, elle saura où le trouver. Enfin, ce n'est pas qu'il demande à être vraiment utile à cette personne, ni même à lui souhaiter d'avoir besoin de son aide... Bref! L'idée est là, quoi. Le temps semble infiniment long quand elle se met à écrire sur son portable, ou alors est-ce dû au silence qui s'impose entre eux à ce moment-là. Hotaru n'a pas en tête de la couper dans son élan en prenant la parole, donc il la laisse rédiger sans un bruit.

« ▬ Oui, si on peut dire ça. J'étudie l'art. »

Même lui, il se trouve ridicule de répondre ça. L'art, comme si c'était quelque chose de grand, de beau et de bien. Si on lui demande pourquoi ou ce qu'il compte en faire, Hotaru sera incapable de répondre. Il n'a pas idée de son avenir, de l'importance du dessin dans sa vie. à bien réfléchir, le bleuté ne connait pas réellement toutes les voies qui s'offrent à lui en s'engageant dans de telles études.

« ▬ Ce n'est rien! Enfin, juste du chocolat. »

Il plaisante, lâchant un petit rire pour détendre l'atmosphère. Il n'y a rien de mal à aller acheter du chocolat ensemble. Hotaru répond au message de la jeune fille tout en le lisant. Sa réaction est en direct live, phrase après phrase. Il lit un passage, réagit, puis continu sa lecture jusqu'à réaliser à quel point il peut paraître idiot ou simple d'esprit.

« ▬ Je suis toujours motivé pour un chocolat chaud! Et sincèrement, je ne connais pas vraiment ceux qui vivent ici, donc ~ ça serait cool de connaître quelqu'un. »

Vraiment simplet. Il lui sourit, relevant ses yeux de l'écran après avoir terminé de lire.

« ▬ Je te comprends, pour les dessins. ça doit faire deux ans que je suis des cours et je ne suis toujours pas satisfait de mes croquis. Il y a tellement mieux autour de moi. »

Ce n'est pas tant qu'il se dévalorise, mais quand il voit le talent des autres élèves... Bah, il se sent un peu dépassé et mauvais. Chacun sa technique, chacun son art, mais il n'empêche que le garçon se remet souvent en question sur ses propres oeuvres. Hotaru redonne à nouveau son téléphone à sa voisine et ajoute, de manière amicale:

« ▬ Si jamais tu as besoin d'aide pour ranger... »

Finalement, il se tue. Peut-être n'est-ce pas une bonne idée de proposer cela? Après tout, il devrait rentrer dans sa chambre et voir ses dessins, chose qu'elle n'acceptera sûrement pas. Hotaru sourit une nouvelle fois, assez gêné par ce début de proposition. D'un mouvement de tête, il lui fait comprendre que ce n'est rien, que l'idée est stupide surtout.

Ayame était un peu gênée de la situation, mais elle s'était fourrée dans ce pétrin toute seule en proposant à son voisin de chambre d'aller acheter les ingrédients pour réaliser un chocolat chaud ensemble. Alorq qu'ils ne se connaissaient ni d'Adam, ni d'Eve. Alors qu'il faisait nuit. Alors que c'était un homme. Si on lui demandait si elle regrettait sa proposition spontanée, elle serait très mitigée. L'ancienne Ayame aurait répondu oui du tac au tac, encore tétanisée de ses démons du passé. L'Ayame actuelle aurait envie de dire qu'elle ne pouvait pas rester paralysée toute sa vie face au sexe opposé, que c'était donner raison à son agresseur que de se gâcher la vie à cause de lui. Elle s'était un peu endurcie, avait doucement repris confiance en elle au fil des années. Et si le traumatisme viendrait toujours la hanter occasionnellement, elle avait le droit de reprendre le contrôle de sa vie et de ses fréquentations. Et ce dénommé Shima Hotaru n'avait pas l'air bien méchant. Alors, non, elle ne regrettait pas d'avoir fait l'exact opposé de ce qu'elle aurait fait d'habitude.

Elle était en revanche plus mal à l'aise à l'idée qu'il voie ses dessins, c'était inconscient comme réaction. Le dessin était encore son jardin secret, et à ce jour seules Anna, Mia et Yuzu avaient pu voir le contenu de ses croquis. Personne d'autre. Mais après tout, si elle comptait trouver un baito en tant qu'assistante de mangaka, il lui faudrait donc accepter l'idée de présenter ses croquis à une personne inconnue, voire plusieurs. Il lui faudrait franchir ce cap. Alors peut-être que montrer ses dessins à son voisin pouvait être un bon entraînement ? Surtout qu'apparemment, il dessinait aussi, en tout cas il étudiait l'art à Chûô. Elle avait souri à cette information. Il avait l'air vraiment sincère et amical, surtout lorsqu'il évoqua le fait qu'il était toujours partant pour un chocolat chaud, et qu'il serait content de rencontrer des gens de la résidence car il ne connaissait pas grand-monde. Comme elle, au fond. Ils se ressemblaient plus qu'elle voulait l'admettre, peut-être deviendraient-ils de bons camarades ? Peut-être serait-il le premier garçon à avoir le privilège de l'approcher dans sa bulle de protection ? Qui sait ce que l'avenir réservait.

Apparemment Hotaru ne semblait pas toujours satisfait de ses réalisations malgré l'entraînement, il ne tarda d'ailleurs pas à se dévaloriser comme elle venait de le faire juste avant, ce qui eut pour effet d'agrandir son sourire. Il était amusant dans un sens, avec ses cheveux bleus. Et enfin, il lui proposa de l'aide pour ranger. Elle rougit aussitôt à l'idée de laisser un garçon qu'elle ne connaissait pas entrer dans sa chambre, et, réaction réflexe, elle secoua la tête de droite à gauche en signe de dénégation. Et s'empressa de rédiger un message :

Non ne t'en fais pas, je peux m'en occuper. Je vais chercher mon portefeuille et une veste, et on y va ?

Elle brandit l'écran sous son nez pour qu'il puisse lire l'information, et avant même qu'il ait pu répondre, elle disparut dans sa chambre, attrapant au vol tout ce dont elle avait besoin. De retour dans le couloir, elle enfila rapidement une paire de baskets qui traînait dans l'entrée, et fit signe au jeune homme qu'elle était prête. Il était sans doute allé lui-même chercher ses affaires pendant qu'elle se préparait puisqu'il était chaudement vêtu, lui aussi. Elle verrouilla la porte de sa chambre et se dirigea vers l'ascenseur qui les emmènerait dans le lobby de la résidence. Pendant ce court trajet, elle rédigea un court message à Hotaru :

Si tu veux, on pourra préparer le chcolat dans la Communication Room et s'échanger nos dessins pour progresser.

Dis donc, Ayame, on ne t'arrête plus dans ta progression vers un avenir meilleur ! Mia serait bouche bée.

Hotaru n'a rien du grand méchant loup, bien au contraire. Il peut se montrer doux comme un agneau, quand personne ne le cherche ou tente de l'énerver. Avec sa voisine de palier, il est certain de ne pas s'emporter, ni d'être désagréable comme il pourrait l'être si on le pousse à bout. Hotaru ne sait rien d'elle, donc il ignore bien des choses importantes à son sujet, des choses sur lesquelles il ne devrait plaisanter ou aborder indiscrètement la conversation. Quant aux dessins de la jeune fille, il n'avait aucune intention de les regarder, mais celui-ci s'est invité sous ses yeux sans qu'il ne puisse faire autrement que le voir. Curieux de nature, le garçon s'intéresse vite au rapide aperçu de la feuille s'échappant de la chambre de sa camarade, sûrement au grand désarroi de cette dernière qui fait tout pour le cacher. Il le répète, mais ce n'était pas une action voulue quant au fait d'observer le croquis. Ayame ne lui reproche rien, elle ne semble pas en colère non plus. En tout cas, il ne perd pas l'idée première de vouloir se faire un chocolat chaud et, pourquoi pas, de partager cet instant dégustation avec la jeune fille.

Ce n'est pas difficile pour lui de comprendre la frustration de sa camarade quant à ses propres dessins. La plupart des gens sont rarement satisfaits de leur boulot, même avec des avis favorables et admiratifs de leur entourage. Quoi qu'il fasse, peu importe le compliment, Hotaru garde en tête qu'il pourrait faire bien mieux que ce qu'il fait déjà. Des brouillons, à ses yeux le moindre de ces oeuvres sont un simple brouillon. Il pourrait vraiment, mais vraiment, faire beaucoup mieux. S'améliorer, par exemple. changer de style, tester d'autre méthode, s'inspirer de diverses façons de procéder. Il ne doit pas attendre qu'un miracle se produise et que tout s'arrange sans effort.

Par on ne sait quelle pensée intelligente, le bleuté se propose pour l'aider à ranger ses dessins. Non seulement elle semblait mitigée à l'idée qu'il puisse voir ses dessins, mais en plus c'est la chambre d'une fille. Un garçon dans la chambre d'une fille, c'est loin d'être adéquate. Pour autant, ça ne saute pas aux yeux de l'innocente petite luciole qui voulait se montrer gentil envers sa voisine de chambre. Celle-ci s'embrase, son visage prenant une teinte rouge qui n'échappe pas à l'attention de l'autre. Après quoi, elle lui tape un message en vitesse.

« ▬ Ah oui, je vais récupérer mon portefeuille moi aussi. »

Parce que oui, il n'avait pas prévu de sortir faire des achats en venant frapper à la porte d'Ayame. Celle-ci était rentrée dans sa chambre aussi vite qu'elle avait écrit son message, du coup Hotaru en a profité pour récupérer ce dont il avait besoin dans sa chambre. Surtout de quoi payer ses achats et se couvrir, puisqu'il ne faisait plus aussi chaud que durant l'été. Emmitouflé dans sa veste, il attend qu'elle revienne pour se diriger vers l'ascenseur pour rejoindre l'entrée de la résidence ensemble.  

« ▬ Bonne idée! ça me donnera l'occasion d'aller là-bas et d'avoir un avis sur mes dessins aussi. »

Son sourire monte jusqu'à ses oreilles, quand la porte de l'ascenseur s'ouvre et qu'ils en sortent. Hotaru ne sait pas à quel point elle fait tant d'effort, mais sûrement serait-il lui aussi très fier de ses progrès! Pour le moment, il se contente de marcher vers l'extérieur, à la recherche d'un konbini.

« ▬ On pourrait se prendre de quoi grignoter avec le chocolat chaud? J'ai un peu faim. »

Naturellement, il dit les choses qui lui passent pas la tête, sans se soucier de paraître ridicule.

« ▬ Au fait! Je ne sais toujours pas comment tu te nommes. »

Ayame était une grande timide, et le traumatisme qu’elle avait vécu plus jeune n’avait en rien aidé à son attitude discrète et craintive. Mais ce dénommé Hotaru n’avait pas l’air méchant, et il était même plutôt gentil et sécurisant, d’une certaine manière. Il y avait de la douceur dans sa voix, dans ses mots et ses intentions qui rassuraient la jeune femme qui finissait par penser que tous les hommes n’étaient pas des connards finis. De plus, il avait un prénom très poétique, qu’elle entendait davantage pour une femme que pour un homme. Hotaru. Luciole. Elle aimait bien. Le garçon lui inspirait confiance, et ils étaient dans le cadre très fermé de la résidence, rien de grave ne pouvait arriver, si ? Et puis Mia n’était pas bien loin. Quelle innocente cette petite.

Elle avait refusé « poliment » la proposition du jeune homme de l’aider à ranger ses croquis, trop gênée à l’idée de montrer son antre personnelle à un inconnu. Elle faisait certes des progrès, mais il fallait y aller doucement quand même, elle ne pouvait pas devenir super extravertie du jour au lendemain après tout. Elle avait plutôt suggéré dans son message qu’ils se préparent à sortir pour aller chercher ces fameux ingrédients au combini en bas de la résidence. Ils allaient donc quitter l’espace d’un instant le cocon rassurant et sécurisant de l’immeuble, et Ayame ne semblait pas trop s’en faire. En apparence. Au fond d’elle elle tremblait comme une feuille morte secouée par le vent d’hiver.

Alors qu’ils étaient dans l’ascenseur, la demoiselle en avait profité pour proposer de déguster leur chocolat chaud maison dans la Communication Room et de partager leurs dessins pour progresser. Hotaru semblait plutôt emballé par l’idée, et approuva aussitôt. L’instant d’après, ils étaient hors de la résidence et marchaient à la recherche d’un combini. Il avait le Sankasu pas très loin sur la droite, mais Ayame avait une préférence pour les produits du Lawson, qui se trouvait de l’autre côté de la route, en face de leur bâtiment. Elle montra la direction qu’elle souhaitait prendre du doigt à Hotaru et ils se placèrent au niveau du passage piéton, prêts à traverser quand le feu passerait au vert.
Quant Hotaru proposa de prendre de quoi grignoter avec le chocolat, elle acquiesça aussitôt, balançant énergiquement sa tête de haut en bas pour signaler son enthousiasme. Espérons qu’il ait regardé dans sa direction à ce moment précis, ça lui éviterait un énième message à taper. Mais c’est alors que le jeune homme aux cheveux bleus lui rappela qu’elle ne s’était toujours pas présentée. Quelle honte, elle faillissait à tous ses devoirs. Gênée, elle sortit son portable de sa poche et rédigea son nom en kanji et en hiragana pour qu’il puisse lire : Sakurai Ayame. Les gants tactiles c’était quand même super pratique en hiver ! Elle tendit le téléphone à Hotaru pour qu’il puisse enfin connaître son identité. Le feu était passé au vert, ils pouvaient enfin rejoindre l’autre côté.

Une fois au Lawson, il fallait trouver les bons ingrédients. Et maintenant qu’ils se trouvaient là, Ayame n’était pas sûre de pouvoir trouver du chocolat en poudre dans un konbini. Les produits étaient plutôt des trucs tout faits, prêts à être emportés par les salary-men pressés de retourner au travail. Faisant une moue déconfite, elle rédigea rapidement un message à l’adresse d’Hotaru :

Je te propose qu’on se sépare, on gagnera du temps. Je cherche le chocolat et toi de quoi grignoter ? Je sais qu’il y a de délicieux melon pan et des dorayaki à tomber par terre.

Elle gourmande ? Elle connaisseuse des lieux ? C’était un euphémisme.

Le jeune homme respectait les choix de sa voisine de palier, il n'allait pas lui forcer la main quand elle venait de refuser son aide. Il peut comprendre, après tout sa proposition demande à entrer dans sa chambre et elle n'a sûrement pas envie d'avoir un inconnu, qui plus est un garçon, dans cet endroit privatisé. C'est le seul lieu où elle dispose d'une intimité bien à elle, ça serait déplacé de vouloir s'immiscer à l'intérieur. Finalement, il n'a pas besoin de s'en inquiéter quand elle le motive à se préparer pour sortir. Hotaru fait un détour rapide par sa chambre pour récupérer ses affaires et rejoindre sa camarade, direction l'ascenseur. à l'intérieur de celui-ci, Ayame lance la bonne idée de boire leur chocolat chaud dans une pièce commune de la résidence et ainsi, de partager leur dessin. C'est une bonne chose! Il aura la chance de voir ce qu'elle sait faire et lui, d'avoir un nouvel avis. Parce qu'il manque cruellement de nouveauté, de personne qu'il ne connaît pas dans son entourage et vers qui il pourrait se tourner pour discuter arts. Certes, ils sont nombreux dans son cursus, mais ça ne veut pas dire qu'il a la chance ou l'audace de se diriger vers tout le monde. Dans un sens, Hotaru à sa part de timidité et quand il s'agit de réclamer un avis sur ses dessins, il ne sait plus trop vers qui se tourner sans penser à l'atrocité de ses croquis.

Hotaru se contenta de suivre sa nouvelle amie vers l'enseigne de son choix. Généralement il va au plus proche, sans grande préférence sur les marques ou les produits. C'est bien un mec, il fait peu attention à ce genre de petit détail qu'il estime insignifiant. C'est peut-être pour cette raison qu'il est si peu doué dans le dessin. S'il avait une meilleure ouverture d'esprit, une bonne analyse pour les détails aussi minimes soient-ils, il s'en sortirait beaucoup mieux. Ayame lui désigne le commerce de l'autre côté de la route et le garçon acquiesce, allant attendre au passage piéton que le feu soit vert pour traverser. Il profite de ce moment au calme, sans marcher, pour parler nourriture. C'est "le" truc plaisant avec un chocolat chaud, des biscuits! Hotaru pourrait penser qu'avec son ventre ou ses envies soudaines. Il est quand même content qu'Ayame s'enthousiasme à son tour et approuve sa nouvelle idée.

« ▬ Alors prenons de quoi nous exploser le ventre! »

Il se réjouit d'avance, tel un enfant dictant sa liste de cadeaux pour Noël. ça lui fait aussi penser qu'il ne connaît pas le prénom de la jeune fille. Sakurai Ayame. Tout sourire, le garçon tape dans ses mains comme s'il allait faire une prière.

« ▬ Enchanté, Sakurai Ayame. »

Formule-t-il, avant de devoir continuer sa route quand le feu passe au vert. Quand ils se trouvent tous les deux dans le Lawson, Ayame planifie leurs courses en proposant que l'un aille chercher le chocolat et l'autre de quoi grignoter. Hotaru approuve, répondant d'un mouvement du menton. Il retient bien ce qu'elle lui dit, melon pan et dorayaki. Après un "ok" fait de son pouce et de son index, le garçon se dirige du côté indiqué, non sans lancer à quelques pas d'elle.

« ▬ On se retrouve ici dès qu'on a ce qu'il faut! »

Et il s'engage dans un rayon en chantonnant les paroles d'une chanson inexistante parlant de melon pan et de dorayaki, sur un rythme de générique de dessin animé. Il a quand même pensé à prendre un panier à l'entrée, pour bien le remplir de gourmandise.