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Eerie Afternoon + Sakurai Ayame
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Eerie Afternoon + Sakurai Ayame
Anonymous
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Lorsque les enfants étaient chez sa grand-mère, il arrivait à Gabriel de prendre un peu son temps avant de rentrer. Il tenait toujours cette merveilleuse et douce femme au courant, par contre, histoire qu’elle ne s’inquiète pas. Mais elle adorait avoir les enfants et lorsqu’il lui avait admis craindre que ça la fatigue trop, elle s’était un peu fâchée ! Elle l’avait convaincu ce soir de les laisser dormir chez elle et puisque les petits s’y sentaient très bien et qu’en plus, ça mettait Mathias en contact avec du japonais, la grand-mère de Gabriel ne parlant pas anglais, il avait accepté. Il n’y avait personne ici qui s’occupait mieux d’eux et qui les aimait plus… lui à part, bien sûr ! Mais du coup, rentrer dans sa jolie maison traditionnelle ne l’emballait guère. Il adorait cette maison, attention. Pour l’Américain qu’il était, elle était tellement exotique. Et très confortable, grande, bien éclairée par la lumière du jour… Il avait une jolie cours arrière avec un petit jardin japonais là. Bref, elle était parfaite. Mais elle était bien vide sans les enfants, aussi !

Alors il n’était pas rentré après le cours qu’il donnait aujourd’hui. Il s’était plutôt promené dans Seiseki, tranquillement, sans que personne ne l’attende nulle part. Ça lui donnait une impression de vide, mais quand il cessait de se triturer les méninges, ça lui faisait du bien finalement. Il venait de s’assoir sur un banc public dans un parc plein de ces jolis cerisiers qui, au printemps, devenaient bien roses. Il adorait les paysages du Japon. Rien ne les égalait ailleurs dans le monde. Mais présentement, l’automne faisait place à l’hiver et c’était un peu moins éclatant de couleur. Néanmoins, quelqu’un semblait profiter du paysage qui s’endormait… Une délicate jeune femme était en train de prendre des photos dans le parc. Son choix de sujet était intéressant. Elle ne s’en tenait pas aux sujets traditionnels et optait apparemment pour des détails qui ne sautaient qu’aux yeux de ceux qui avaient un certain talent pour la photographie.

Par contre, tout ne semblait pas se dérouler comme elle l’entendait. Alors que la lumière naturelle baissait déjà bien vite à cette heure tardive de l’après-midi, la soirée s’invitant bientôt à Seiseki, elle pestait sur son appareil photo. Enfin, pas qu’il l’entende… mais tout dans son comportement montrait qu’elle n’était pas ravie ! Gabriel hésite. Mais il trouvait déjà qu’il ne sociabilisait pas assez depuis son arrivée au Japon. Même si ça faisait un an et demi qu’il était ici, il péchait encore à ce sujet. Alors finalement, prenant son courage à deux mains et priant pour ne pas avoir l’air trop étrange, il se lève, se dirigeant vers la photographe en herbe.

« Bonjour ? », fait-il, tentant d’attirer l’attention de la demoiselle. Elle tourne un beau regard noisette vers lui. Ses grands yeux lui renvoyaient l’image d’une petite biche prise dans les phares d’une voiture. Il se sent mal, craignait l’avoir inquiétée pour rien. « Excusez-moi, mademoiselle. J’ai l’impression que vous avez un peu de mal… Je peux voir votre appareil photo ? »

Ce disant, il tend une main, affichant sur son visage un sourire qu’il veut bienveillant.

« Excusez-moi, je me mêle peut-être de ce qui ne me regarde pas, mais vous avez peut-être besoin d’un peu d’aide ? Et le soleil se couche rapidement. La luminosité va changer dramatiquement le résultat. », fait-il remarquer avant de se reprendre, réalisant : « Je suis impoli. Je m’appelle Choi Gabriel. Enchanté. »

Il oubliait vraiment les bonnes manières quand il parlait de photographie, sa grande passion !

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Il faisait beau aujourd’hui, malgré la fraîcheur de la température du mois de décembre bien entamé. La saison de Noël était enclenchée depuis bien longtemps au Japon, si bien qu’Ayame s’était déjà lassée de voir toute l’agitation urbaine autour de cet événement. De toute façon, au Japon on ne s’offrait pas spécialement de cadeaux à cette période, ces moments étant plutôt réservés au Nouvel An et ses traditionnelles étrennes, alors pourquoi en faire tout un plat ? Ah oui, la mondialisation. A force que le Japon tente de s’ouvrir au reste du monde, on commençait à adapter çà et là les traditions des pays étrangers. Parfois, ce n’était pas pour déplaire à la demoiselle qui adorait en apprendre davantage sur les coutumes d’ailleurs, mais si cela signifiait que la foule se massait même dans les quartiers de Seiseki d’habitude plutôt calmes, très peu pour elle. De toute façon, à Noël tout le monde se ruerait sur le KFC à côté de la gare pour aller déguster du poulet frit, comme chaque année depuis un moment maintenant. Et elle, osersait-elle proposer à Yuzu de l’accompagner ? Sachant que Noël était considérée comme une journée des amoureux. Ce serait sans doute trop étrange comme ambiance …

Bref, pour l’heure, Ayame ne voulant pas penser à des choses trop complexes et oppressantes, elle s’était isolée à l’abri de la foule compacte de la ville et avait décidé de grimper un peu sur la colline aux cerisiers. Pour l’avoir admirée à l’époque de son arrivée toute nouvelle dans le quartier, elle avait trouvé cela sublime. A cette époque de l’année cependant, les branches étaient totalement dénudés de leurs fleurs et leurs feuilles, mais il n’empêche que la vue sur la ville était imprenable d’ici. Il y avait des petits coins de nature nichés dans les hauteurs des villes qu’elle affectionnait beaucoup, et celui-ci en faisait partie. Loin de l’animation urbaine, elle se sentait bien. Parfois, cela lui faisait du bien de sortir seule. C’était quelque chose qu’elle n’aurait jamais imaginé avant de reprendre sa vie en main et pourtant, grâce au soutien de ses proches, elle s’en sortait plutôt bien.

Pour l’occasion, la demoiselle avait sorti son appareil photo du placard. En cette fin d’après-midi, elle avait voulu profiter de l’heure dorée, où le soleil était pile dans la bonne hauteur pour prodiguer une lumière idéale pour la photographie. Cela donnait une ambiance chaleureuse aux photos que la nippone appréciait particulièrement. Elle avait pu faire quelques clichés sympathiques du soleil commençant à décliner au-dessus de la ville, mais à un moment donné son appareil était devenu capricieux, et elle avait quelques soucis de réglages de paramètres lui faisant perdre un temps précieux quant à la luminosité s’évaporant petit à petit.

C’est alors qu’elle entendit un bonjour lancé dans son dos. Elle tressaillit. Elle se pensait seule ici, c’était donc forcément à elle que la voix inconnue s’adressait. Et c’était une voix masculine, elle pouvait le déterminer sans même avoir à voir le visage de la personne. Ayame déglutit lentement : il allait faire nuit, elle était seule, et un homme était avec elle. Sa voix avait d’ailleurs l’air mature, ce n’était sans doute pas quelqu’un de son âge. Elle finit néanmoins par accepter de croiser le regard de l’inconnu, le sien reflétant un air apeuré, méfiant. Il lui demanda du tac au tac s’il pouvait voir son appareil photo. Nani ? Ok certes, il devait avoir l’oei avisé et avait dû remarquer qu’elle était en difficulté, mais de là à vouloir utiliser les outils d’une parfaite inconnue, il ne manquait pas d’air. Ayame détailla l’homme du regard : à première vue, ses traits typés lui avaient fait conclure qu’il était aussi Japonais qu’elle, mais sa manière spontanée de parler aux inconnus et ses traits finalement métissés lui firent penser qu’il n’avait peut-être pas grandi ici. Ayame inspira et expira pour se donner de la contenance. Elle essaya de masquer son malaise grandissant, le cœur battant à toute vitesse. Elle se calma lorsqu’il lui présenta ses excuses, lui expliquant son point de vue qu’elle partageait quant à la luminosité déclinante, puis il lui donna son nom. Choi Gabriel. Ouais, avec un nom pareil, il n’avait clairement pas grandi ici, les Japonais n’étaient pas friands des noms étrangers à donner à leurs enfants, sauf s’ils étaient japonisés. Mais il parlait un Japonais impeccable. Résignée, Ayame, gênée, tendit son appareil au jeune homme plus âgé qu’elle et pendant qu’il observait les réglages, elle entreprit de rédiger un message à son adresse sur son téléphone :

Bonjour. Vous êtes pardonné, si vous m’aidez à ajuster les bons réglages pour profiter des dernières lueurs du soleil.
Je n’ai pas l’habitude de parler aux inconnus, je suis désolée si j’ai paru impolie. De plus, à cause d’un souci aux cordes vocales, je suis dans l’incapacité de parler, je ne peux communiquer qu’à l’écrit. Mais c’est temporaire selon le médecin.


Elle insistait toujours sur ce dernier détail pour se convaincre que sa voix reviendrait un jour. Après tout, elle avait réussi à prononcer le prénom de son amie d’une voix carverneuse et rauque l’autre jour, en face de la rivière, quand celle-ci lui avait avoué la noirceur de ses secrets de famille.
Ayame attendit que le jeune homme ait fini de manipuler son appareil pour lui tendre son téléphone contenant le fameux message.

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Oh non… Gabriel réalise qu’il a fait sursauter la demoiselle et il s’en sent vraiment mal à l’aise. Et quand elle se retourne vers lui, le malaise s’accentue de son côté. Il ne lisait pas les pensées, mais c’était inutile pour comprendre qu’il avait clairement fait peur à la jeune fille et qu’il continuait apparemment par sa seule présence. Il comprenait le problème. Enfin, disons qu’il le comprenait en surface et avec ce que sa condition d’homme lui permettait. Elle était une femme, seule et la nuit allait bientôt tomber… Il supposait que c’était en grande partie le problème et respectueux, désireux de ne pas lui faire peur plus que ce n’était déjà le cas, le Nippo-Américain recule d’un ou deux pas tout en offrant un petit sourire désolée à la jeune fille. Il devrait vraiment réfléchir parfois avant d’aborder les gens comme s’ils étaient tous disposés à parler avec lui !

Il lève lentement ses mains devant lui, histoire de montrer patte blanche. Il n’avait vraiment pas envie de la terroriser ou quoi que ce soit. Juste de lui donner un coup de main. C’était son côté professeur qui ressortait un peu trop, ce soir, de toute évidence.

« Pardon. Si vous êtes mal à l’aise, je peux vous laisser seule. », assure-t-il, pas du genre à s’imposer du tout. Au contraire, il était prêt à tourner les talons immédiatement si sa présence était mal venue. « Je voulais simplement vous aider, mais je comprends que la situation n’est pas idéale. »

C’était dingue quand on y pensait de devoir se méfier juste parce qu’on est né avec deux chromosomes X. Quelque chose était encore détraqué dans le monde, même à l’aube de la troisième décennie des années 2000. Néanmoins, sans mot dire, la jeune fille lui tend son appareil et sans parler lui non plus, Gabriel le prend. Il a un regard curieux pour elle alors qu’elle sort son cellulaire. Peut-être un peu méfiant aussi parce que l’espace d’un instant, il se demandait si elle n’allait pas contacter les secours, finalement ! Il devenait probablement un peu parano… et ça s’avère être le cas quand elle lui montre l’écran lumineux du petit appareil. Il baisse son regard… et a un petit rire bref.

« Excusez-moi. », assure-t-il rapidement avant que son rire ne soit mal perçu. « Mais je croyais que vous étiez sur le point d’appeler la ligne d’urgence. Je deviens un peu parano, il faut croire. »

Il lève brièvement les yeux au ciel, mais en revient rapidement à la jolie demoiselle en face de lui, lui offrant un nouveau sourire.

« Vous ne m’avez absolument pas parue impolie, plutôt effrayée et c’est entièrement de ma faute. Il ne faut pas vous excuser pour ça. », ajoute l’enseignant tout en ayant un petit signe de tête pour l’inconnue. Son sourire est un peu désolé par contre alors qu’il ajoute : « J’espère aussi que vous allez rapidement retrouver la voix. En attendant, vous me semblez être une jeune femme plus que débrouillarde. Voyons cet appareil… »

Ce disant, le professionnel qu’il était se réintéresse à l’objet qu’il tenait entre ses mains. Il triture doucement les diverses options et calibrages, mais sans trop altérer ce qui était déjà en place. Il essayait juste de se familiariser avec l’appareil photo.

« Je vois… Je connais bien ce modèle. Je le déconseille toujours aux apprentis. C’est un excellent appareil, mais il est extrêmement capricieux et même moi je préfère m’en tenir loin. Mais je n’ai aucun doute : quand vous allez le maîtriser, vous allez faire de pures petites merveilles. », explique-t-il tout en le levant un peu pour capter quelques rayons de soleil. « Vous pouvez m’expliquer à quel genre de résultat vous aimeriez arriver ? C’est une belle fin de journée et les possibilités sont infinies. »

En regardant son joli minois, il voyait beaucoup de douceur. Mais, il arrivait souvent que ces adorables jeunes Japonaises aient des envies plus sombres pour contrebalancer avec ce que la société patriarcale de ce pays attendait d’elles. Alors il ne voulait pas supposer de l’art qu’elle produisait.

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Le jeune homme qui l’avait abordée en sortant de nulle part s’était aussitôt excusé en voyant son regard de chiot apeuré. Visiblement il n’était pas né de la dernière pluie et avait rapidement compris la peur d’Ayame. Il lui avait proposé de la laisser tranquille, malgré le fait qu’il ait simplement voulu lui venir en aide. C’était cette bienveillance qu’elle avait ressenti dans sa voix et ses gestes qui l’avaient convaincue de tendre son appareil photo en guise d’acceptation de sa présence. Après tout, un petit coup de pouce ne serait pas de trop. Elle n’avait pas cet appareil depuis très longtemps, l’ayant eu à son vingtième anniversaire pour fêter son accession à la majorité. De ce fait, elle cherchait encore à se familiariser avec les paramètres, et entre les cours et sa recherche de baito, elle avait du mal à trouver le temps de sortir prendre des clichés de ce qui l’entourait.

Tandis qu’elle avait tapé son message d’explication pour l’inconnu, Ayame s’était montrée tellement concentrée pour rédiger vite et bien qu’elle n’avait pas remarqué le visage soudainement inquiet de son aîné. Lorsqu’elle le lui avait tendu pour qu’il puisse lire le contenu du message, il s’était esclaffé gentiment, ce qui avait fait arquer un sourcil surpris à la jeune femme. Elle ne savait pas ce qu’elle avait pu écrire de drôle, étant resté assez sobre et polie dans son texte. Mais lorsqu’il lui expliqua la raison de son rire sourd, ses joues rosirent légèrement mais elle se mit à rire aussi. Si les sons ne sortaient pas de sa bouche, l’air expiré par son nez, en rythme avec le mouvement de ses épaules témoignaient de son rire franc. Les urgences, non elle n’aurait jamais osé pour si peu. Il n’avait même pas tenté de l’approcher physiquement et il avait même reculé de deux pas en voyant son visage apeuré un peu plus tôt. Le pauvre se disait parano, pas étonnant vu la société tordue dans laquelle on vivait aujourd’hui. Il était très souvent déconseillé aux femmes de sortir seules la nuit tombée, et on leur recommandait même de se munir d’une bombe au poivre, c’était pour dire ! Bref, entre eux deux, les malentendus s’enchaînaient. Mais cette rencontre n’était pas aussi effrayante que celle avec le host quelques mois plus tôt. Elle pouvait plutôt être comparée à celle avec Hotaru, son voisin de chambre, le mois dernier.

Les paroles prononcées par l’inconnu étaient vraiment bienveillantes à l’égard de la jeune femme qui lui sourit aimablement et sincèrement, pour lui montrer qu’elle appréciait ses sentiments et sa gentillesse. Dans certains moments, les mots se révélaient inutiles et un simple regard pouvait transcrire un nombre incalculable de choses. C’était fascinant. Ayame, depuis qu’elle vivait avec son handicap, avait redécouvert bien des choses au travers de la gestuelle et du regard. Elle avait aussi appris à lever le nez de son téléphone, à observer autour d’elle, à ne pas toujours avoir les écouteurs vissés dans ses oreilles quand elle se baladait pour rester attentive aux détails qui l’entouraient. Elle s’inclina légèrement et poliment pour le remercier.

Ayame observa le jeune homme, prénommé Gabriel, manipuler l’appareil avec soin. Cela se voyait dès le premier coup d’œil qu’il n’en était pas à son coup d’essai et qu’il s’y connaissait en la matière. Il observait et testait les réglages sans rien lui demander, semblant deviner les fonctionnalités avec aisance. Souriant discrètement, elle analysait un peu les réglages choisis par le jeune homme bien qu’elle ne comprenne ou ne retienne pas tout. Elle écouta attentivement sa remarque quant au fait que c’était un appareil difficile à prendre en main mais qui pouvait produire de superbes résultats une fois maîtrisé. L’homme maîtrisait d’ailleurs son sujet à merveille, pédagogue. Etait-il professeur ? Il lui demanda alors ce qu’elle souhaitait obtenir comme effet avec la lumière déclinante. Ayame réfléchit, prenant alors un regard rêveur. Puis une fois qu’elle sut quoi lui dire, elle s’empressa de pianoter sur son écran tactile, avant de tendre son téléphone à Gabriel :

A vrai dire, c’est la première fois que j’expérimente des photos de coucher de soleil. J’aimerais capturer la lumière spéciale que ce moment de la journée provoque, cette explosion de couleurs variées. Mais je ne suis pas experte, alors si vous avez des conseils à me donner, je suis preneuse.

Une fois que Gabriel eut lu le message dans son entièreté et commença à réfléchir à une idée de prise de vue, Ayame pianota à nouveau sur l’écran afin de lui poser cette question qui lui brûlait les lèvres – mais qu’elle ne pourrait pas prononcer.

Vous avez l’air de bien connaître le domaine de la photographie. Êtes-vous un professionnel dans le domaine ? Merci de vos conseils d’ailleurs, c’est très instructif. Je ne possède pas cet appareil depuis très longtemps, j’ai encore du mal …

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Gabriel se présente, mais c’est sûrement la nervosité qui empêche la jeune femme de lui rendre la pareille aussitôt. Ne désirant toutefois pas continuer à la considérer comme une pure étrangère même s’il était évident qu’ils étaient toujours inconnus l’un à l’autre, il soupèse un instant la possibilité de lui demander son prénom. Parfois, il avait de petits bugs de cerveau concernant les traditions japonaises, même si sa petite maman en était une pure laine et que lui-même vivait ici depuis un an et demi maintenant ! Alors il se demandait si c’était impoli de le faire ou pas… Finalement, puisque le contact semblait déjà un peu mieux passer, il prend le parti de demander. Au pire… il était l’aîné ! Il avait réalisé que tout passait toujours un peu mieux quand on était plus vieux, ici…!

« Est-ce que je peux connaître votre prénom ? », demande-t-il doucement avec un petit sourire amusé, mais pas moqueur. Disons juste que ça pouvait potentiellement être plus pratique.

Elle semble toute prise dans ses réflexions ensuite. Il comprenait. C’était parfois très difficile de traduire en mots ce qu’on voulait capter sur notre lentille. En fait, c’était même difficile de le traduire sur la lentille ! Ça se passait dans la tête de l’artiste, mais pas le côté logique et posé. C’était parfois compliqué de se comprendre soi-même alors faire comprendre aux autres ce qu’on voulait de son art…! Gabriel avait appris à verbaliser un peu mieux depuis son arrivée au Japon, grâce à son cours de graphisme, mais ça restait un cours de graphisme et pas de photographie. Il pouvait leur apprendre les codes, les modes et la technique pour utiliser un logiciel de traitement d’image ou de création 3D, mais la photographie à ses yeux, c’était encore plus complexe que ça.

Pourtant, elle y arrive. Du moins, il espère avoir lui-même bien interprété ce qu’elle venait de lui dire. Mais elle avait un temps assez limité. Le coucher de soleil était presque parfait présentement et dans quelques minutes, il le serait entièrement. Le moment passerait vite.

« Ça risque de prendre plus qu’une séance pour que vous soyez complètement satisfaite. », prévient Gabriel, sans néanmoins le dire sur un ton décourageant. Si elle aimait ça, elle se ferait un plaisir de revenir, de toute façon. On ne peut être artiste sans être patient au minimum dans l’art qu’on veut perfectionner. Et la demoiselle semblait être tout sauf une emportée ! « Peut-être que si on ajuste comme ça… »

Ce disant, il lui montre un peu mieux ce qu’il faisait, ses doigts bougeant beaucoup plus lentement, pédagogue.

« Il est essentiel d’aller dans ce sous-menu pour faire les petits ajustements que les autres appareils offrent dans le menu principal en règle général, vous voyez ? », explique-t-il tout en lui montrant les options en question. « Pour les couchers de soleil, on cherche à réchauffer les couleurs. Du coup même si la journée ne l’est pas nécessairement, il est préférable d’ajuster les blancs en fonction d’un ciel nuageux, comme ça… »

Son regard se pose sur le cellulaire lorsqu’il lui est à nouveau montré. Il lit attentivement, puis sourit à la jeune fille. Ah oui, c’est sûr que ça devait surprendre un peu… On ne se faisait pas tomber dessus par un photographe à tous les jours.

« Je suis photographe professionnel, oui. Mais j’enseigne aussi à mi-temps le graphisme à des étudiants de webdesign, à l’Université. Disons que vivre de son art n’est jamais facile ! », convient-il tout en faisant une petite grimace. Il aimait beaucoup enseigner. Mais la photographie, ça aurait été mieux. Or, il n’y en avait pas à Chuo. Quant à son statut de novice, surtout avec cet appareil, Gabriel assure : « Vous semblez être patiente et attentive. Je suis sûr que vous allez maîtriser cet appareil très rapidement. Tenez, testez avec ces réglages… »

Ce disant, il lui rend son appareil, l’encourageant à faire quelques clichés.

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