Il n’avait émis aucun mot sur les avis détaillés de son partenaire qui lui tournait le dos de façon éhontée. Cela n’était sans doute pas un mal après tout, laissant une certaine perplexité pendre à son cou, ainsi que d’autres sentiments qui virevoltent autant que leurs pas harmonieux, mais qu’il préfère laisser de côté pour se laisser aller dans de décors loin d’être miteux. Le jeune chef de projet événementiel se laissa prendre aisément au jeu et souhaits de son partenaire accompli, répondant aussitôt aux pas avec rapidité et envie.

Se mouver. Se déhancher.
Se rapprocher pour visualiser.
Recommencer. Être synchronisé.
Min-Ho se laissait complètement aller.
Et il semblait en redemander.
Avide de danser.

L’ambiance tendue s’était peu à peu changée pour être davantage bienheureuse et partagée. Sa froideur habituelle avait laissé place à une jovialité renouvelée devant l’ambition et les petits ratés que chacun avait alors fait et il s’était même surpris à quelques hilarités devant son jeune compagnon élancé. Ils avaient tout deux trouver un rythme convenant à la puissance affirmée et l’agilité raffinée sans se préoccuper des heures qui défilaient et dont aucun ne se souciait. À force de recommencer, les pas étaient plus ajustés même si parfois l’un ou l’autre ne semblait en être complètement satisfait, mais dans l’ensemble cela leur convenait.

Tandis que le petit brun était parti vers l’enregistrement, le blond avait entreprit quelques mouvements afin d’attraper la bouteille d’eau venue soudainement. Il haussa un sourcil légèrement gouailleur face à Jun qui s’essayait en toute splendeur. L’hésitation avait pointé le bout de son nez, mais Min-Ho finit par prendre place à ses côtés en réalisant quelques étirements mérités, il n’était plus habitué par une activité aussi intense et rythmée. Lui avait opté pour des genoux relevés et les mains posées de par et d’autres de son corps peut être un peu efflanqué. Les paupières s’étaient légèrement baissées devant la question posée. Jun a décidément le don de mettre le pied là où il n’était pas invité, mais étrangement, il n’y voyait aucune hostilité.

— Et c’est le cas. J’ai beaucoup perdu à cause de mon métier. Toi, en revanche, tu as l’air tout aussi à l’aise. Tu danses depuis aussi longtemps ? Même si tu n’as pas l’air d’avoir fait une école de danse, cela se voit, tu bouges tout de même bien, on voit que tu es à l’aise et que tu maîtrises ton corps.

Et le jeune brun avait raison en tout point, Min-Ho sentait son corps réclamait du repos et des soins. Mais l’envie de danser était plus forte que de se reposer et il ne voulait pas arrêter pour quelques cris de douleur qui ne seront que passager. En entendant son autre question moins intrusive, il baissa les yeux sur son jean foncé qui fut suivi d’une hilarité expressive. Il ne s’y était pas attendu, mais il était vrai que Jun avait un genre plus décontracté que lui et qui lui convenait, un peu comme un opposé attendu et loin d’être incongru.

— Si je n’étais pas à l’aise dedans, je n’aurais certainement pas dansé ainsi. Cela ne me gêne pas par rapport à toi qui à l’air d’aimer empiéter sur l’espace des autres, tout en ayant grandement le sien.

Il savait que cette pique énoncée le ferait sourire sans en être gêné. Il lui afficha de nouveau un sourcil levé bien qu’il n’avait pas tort sur ce point relevé. Min-Ho avait toujours eu des airs distingués qu’on lui avait imposé. Il haussa les épaules d’un air détaché sans émettre une réponse appropriée, car il n’en avait aucune pour rétorquer. À la place, il lui offrit un sourire presque enjôleur en buvant quelques gorgées quémandées avant de faire éclater quelques gouttes sur le compagnon à ses côtés. Pas assez pour nettoyer, mais suffisamment pour qu’il soit mouillé et Min-Ho avait un sourire émerveillé.

— Tu es bien mieux avec ton air surpris que ton air moqueur de tout à l’heure, Monsieur le Péteux. À bon entendeur.

Il finit par poser la bouteille à côté de l’audio momentanément arrêté avant de remettre le son sans attendre un commentaire ou geste de la part de son invité. Il fit quelques pas qu’ils venaient de créer devant les yeux de Jun qui le scrutait. Se sachant regarder, il changea alors de rythme toujours convenu à la musique et ses basses endiablées, mais les gestes étaient moins contrôlés qu’à l’accoutumé, moins fermer que ce qu’ils venaient de réaliser.

Ils étaient davantage élancés, les bras se déplaçant gracieusement au-dessus de sa tête comme un signe engagé avant de faire suivre le reste de son bassin élancé. Il n’était pas assez pudique pour s’en cacher et en voyant son compère se relever, il se doutait que cela l’eût intéressé. Il fit un pas de côté très dansé en pointant des doigts son nouveau danseur attitré. En le voyant faire quelques mouvements étonnants, il finit par se plier de rire en le voyant.

— Attends, attends, comme ça.

Il finit par l’imiter tout autant, mais basculant le bassin plus en avant en pointant le doigt vers le bas comme Jun l’avait fait juste avant, mais arrêta aussitôt en riant, posant une main sur son visage devant le geste pas si indécent, mais très amusant. Il posa ensuite son regard vers le jeune brun, un sourcil levé enjôleur d’un air certain.

— J’ai toujours l’air aussi pincé maintenant, Jun Ninomea ?

Le ton avait quelque peu changé. Parce que lui aussi savait.

Il avait habilement caché un sourire empli de fierté derrière une dance volontairement mesurée sans se départir de quelques pas chaloupés et bien appuyer. Attiser le regard de son interlocuteur impudent était devenu une source d’inspiration qui l’anime et le ravive d’une lueur qui ne semblait pas croire apparaître, mais qui n’était pas si mal pour son bien-être. Il avait même ri et partager ce moment de complicité inné qui s’était introduit et brûler à même la peau. Que ce soit chez lui ou chez l’autre, chacun l’avait remarqué depuis longtemps pour qu’ils se vautrent. Il n’avait émis aucun jugement sur l’eau reçu avec impétuosité puisque lui-même l’avait cherché, mais ses pupilles brillent de la même lueur que son danseur du soir, un sourire joueur s’étirant sur ses lippes à regarder le brunet le voir. Ses yeux chocolatés suivent la ligne des siennes de ces gestes d’indolence, qui pousse la porte loin de l’innocence. Le jeune chef de projet ébaucha l’ombre d’un sourire énigmatique en marmonnant quelques mots à Jun pour sa réplique « Au moins, nous nous regardons de la même manière, ce n’est pas si mal. »

Pénétrer dans son espace personnel était une chose que ce jeune brun avait déjà fait en réalisant des recherches sur sa personne de façon anodine, mais Min-Ho était entrer dans ce jeu d’humeur badine. Une ombre déstructurée d’une complexe quintessence de ces fines danses aux esprits désincarnés, dans ce lieu de courbes promettant les plaisirs exultés Quel endroit à l’existence consacrée, l’un et l’autre ne l’avaient sûrement pas imaginé. La tête dressée vers son partenaire particulier, le jeune chef de projet laissa glisser sa main vers le visage de Jun avec une certaine liberté, comme s’il cherchait à explorer. Ses doigts s’approchent doucement, effleurent la mâchoire silencieusement avant de se poser sous le menton progressivement. Il y accroche son regard brûlant afin de s’y encrer plus dangereusement. Min-Ho l’oblige à s’approcher suffisamment pour laisser une caresse dans le vent et des lèvres se survolant. Il lui adressa un regard folâtre devant ce petit détective qui adore avoir l’air taquin.

— Enfant

Et tout s’évapore et se délie.
Cela s’écrase et saisie à la gorge, dans ce noir et ce soir, à savoir qui est le loup et le rouge-gorge. Min-Ho vient chercher de sa main libérée celle de son compagnon de soirée pour se libérer de cette poignée bien audacieuse et retrouver la réalité. (Loin du mirage que sont ses pensées). Il vint se placer derrière Jun avec un brun de désinvolture contrôlée comme si rien ne s’était déroulé. Il appuya sa main sur les hanches du détective privée en lui expliquant quelques détails sur les pas précédemment dansés. Cela avait duré un petit moment le temps de bien expliquer, laissant la musique les guidés et sans piper mots sur ce qu’il s’était passé. Un petit effort pour un réconfort, mais le chef de projet s’apprête à répondre pour éponger Jun et sa curiosité.

— Tu as encore beaucoup de choses à savoir, Jun.

Il reporte alors son regard vers Jun à l’incompréhension pas totalement au bord du désespoir. Min-Ho n’allait pas entrer dans ce genre de jeu spéculateur pour le plaisir enfantin de ce petit flambeur. Le don de mots était un art qu’il apprécie et utilise à bien des égards qu’il confie implicitement sous son sourire qui se parade d’un air fêtard. Les relations étaient plus complexes pour qu’il se laisse embrumer si facilement, mais prenait une euphorie à le pousser plus prestement. Ses doigts parcouraient les lignes de ce corps musclé en voyant s’il était sensible aux cajoleries sans faire exprès de montrer une ignorance ponctuelle de ces jeux d’adultes sensuels. Il reprenait avec lui les gestes oubliés avec agilité mesurée, planifié de ces graciles cabrioles rapprochées laissant le miroir presque rougir de tant de grâce innée.

— Quant aux recherches, à peu près la même chose que toi, je dirais.

Dans ces débauches qu’on ne peut voir comme un trésor saupoudré d’or dans l’oubli tout en s’approchant de quelque chose d’interdit. Aux premières paroles lâchées d’une pâle exclamation, peu compréhensif de ces expressions. Mais une fois à l’intérieur, la véridicité des propos émis plante ses griffes au fond de son cœur. Parmi ses jambes dessinées, ces sulfureuses danses qui s’esquintent dans cette chorégraphie, il ne prête attention qu’aux actions peu mièvre qui le lie. Il finit par aller s’asseoir en laissant le son glissé entre les deux, faisant oublier le but qui persistait entre eux. Il l’invita à se placer à ses côtés, renversant la tête vers un ciel imagé.

—Je ne compte pas faire plus que tu ne le fais actuellement avec moi Jun. Chacun à appris des choses sur l’autres et ainsi soit-il. Fais ce qu’il te plaît, j’en ferais de même.

Dit-il d’un geste de la main comme s’il s’agissait de ces conversations versatiles sous des mirettes aux pensées fertiles. Il ne s’était pourtant pas débarrassé de son regard marmoréen, mais aux pupilles qui brillent chez ce coréen. Et Min-Ho arrive même à poser le regard sur ces attitudes abstraites et de ces mots persiflait d’une traite. De ses doigts qu’il pose sous son menton, il observe son interlocuteur d’un geste scrutateur, et avorton.

— Jun, il va falloir changer de ce que tu fais habituellement, je ne joue pas dans la même catégorie.

En somme « tu es as des kilomètres de ma personne ». Dans un sens, cela semblait…exaltant. Jeune homme qui s’exprime, qui se lit sur ses lèvres insaisissables aux sentiments tempétueux sur ce chemin sinueux, qu’il ne réprime. Il secoua légèrement sa chemise ayant reçu quelques gouttes méritées. Il s’étire d’un geste félin, prêt à jouer et se perdre entre ces lignes serrées comme des liens. Finalement, il se redresse avec légèreté en se rapprochant de Jun avec témérité. Il avait une ligne très sérieuse sous ce paysage (Jun) ourlé de velléité -qu’il apprécié sans le montrer. Il remonta les chaînes qui pendaient à son cou. Ses doigts parcouraient la gravure effacée sans chercher à identifier. Il ne faisait que regarder.