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Shima Hotaru ϟ  @attaphan decha

Le dessin demande du talent, peu de gens peuvent se débrouiller sans avoir une base de savoir faire dans un domaine qu'il veut manipuler tel un professionnel. C'est le cas d'Hotaru qui, depuis toujours, possède une base correcte en dessin mais ne l'a jamais vraiment et totalement développé. Les gens se demandent comment, avec son niveau moyen, a-t-il pu rejoindre une telle école? Sûrement pas grâce au talent, mais aux efforts. Il a fait ce que tout le monde fait pour entrer dans un bahut, bûcher sévère jusqu'à liquéfier ses neurones et se briser les phalanges. Il a bouffé des tonnes et des tonnes de cours, de leçon, de devoir et d'exercice pour décrocher cette place dans cette université. Il est fier de lui, sans aucun doute, mais il y a toujours cette part de lui qui s'interroger sur la suite, donc sur l'avenir de ses projets. Que peut-il faire avec du dessin? Rectification: que peut-il faire avec son niveau dans le dessin. Ce n'est pas faute d'acheter des livres de pratique ou de mater des vidéos sur internet, hélas le temps du lycée où les cours d'arts appliqués n'étaient qu'une note supplémentaire pour survivre à l'année est très loin derrière lui.

L'inspiration, Hotaru a besoin d'une dose d'inspiration pour dessiner. La tête vide, il se retrouve souvent devant ses projets et ses devoirs sans idée, sans quelque chose pour décrocher une note suffisante. Si ça continue comme ça, il a bien peur que ses études se terminent assez vite et qu'il se fasse embaucher à plein temps dans un commerce du coin. Le bleuté veut étudier, il n'a jamais été contre l'école... C'est juste qu'il ne sait pas vraiment quoi en faire. Le dessin était une solution facile, le seul domaine dans lequel il excellait au lycée mais qui s'avère plus compliqué à l'université. Centrer tout son temps dessus demande bien plus que quelques heures par semaine de travail. Tant et si bien qu'il se retrouve trop de fois au pied du mur.

Sa journée d'école terminée, il n'a plus trop la tête à songer à l'avenir ou la journée de demain. Il se donne tellement à fond pour ne pas couler qu'il en oublie parfois de nager, faisant du surplace pour garder la tête hors de l'eau. Déambulant dans les rues de Tokyo, il pense plutôt à ce qu'il pourrait manger ce soir. Hotaru préfère commander ou acheter dans un konbini que s'embêter à cuisiner. La simplicité, c'est le résumé de sa vie. Maintenant qu'il sait où il veut aller, il s'interroge sur ce qu'il pourrait acheter. C'est à peine s'il se rend compte où il met les pieds, s'aventurant dans un coin moins fréquenté, plus étroit d'accès. Un raccourci ! Ou une impasse. Ce serait bête pour lui de suivre une route ne menant nulle part, mais avant qu'il ne puisse raisonner davantage, un bruit attire son attention. Il est curieux la petite luciole, il se dirige inconsciemment mais silencieusement vers la source du son qu'il n'avait pas perçu plus tôt.

C'est ainsi qu'il tombe sur une scène peu commune, voire étonnante à ses yeux. Une silhouette qui « peint » sur un mur. C'est ce qu'ils nomment « graffiti », mais Hotaru n'a jamais vu personne faire cela en vrai. ça le surprend et en même temps, ça le fascine. Si bien qu'il sort son portable pour photographier l'inconnu et son oeuvre d'art, en oubliant que le son et le flash sont activés. Plus discret, tu meurs. L'appareil fait un bruit du diable en prenant le cliché, comme pour dire « coucou je suis là, te dérange pas, je te prends juste en photo », un peu long pour un instant si court mais ça revient au même. Le pauvre garçon se trouve pris de court, incapable d'actionner ses neurones comme il se doit... Et plutôt que s'excuser en quittant sa cachette, il décide de fuir au plus vite en priant pour que la personne ne le pourchasse pas.


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Attaphan Decha  ϟ  Shima Hotaru

Ce soir, Cha avait dit à ses parents qu’il passait la nuit chez Shota, faisant en sorte qu’ils ne le cherchent pas et n’envoient pas encore Olivia à ses trousses. Elle avait autre chose à faire que le gronder, et lui avait mieux à faire qu’attendre qu’elle se lasse et le ramène chez lui. Il espérait que sa mère ne téléphone pas chez Reiya pour s’assurer de sa présence, sachant pertinemment que l’aîné de son meilleur pote ne le couvrirait pas une seule seconde. Et puis, de toute façon, même si sa mère découvrait qu’il n’était pas là où il était censé être, qu’est-ce que ça faisait ? Elle ne le trouverait pas, ici, et le sermon ne viendrait que quand il rentrerait, habituel et sans aucun effet sur son attitude.

Ses bombes de peintures étalées au sol, il travaillait seul, ce soir. Shin était occupé avec ses potes, son fameux Teerawat qu’il aimait un peu trop quand on voyait la non-réciprocité de ses sentiments, alors Cha était seul. Ca ne le dérangeait pas, il aimait peindre seul, décorer les murs de la ville et apporter le sourire à deux ou trois personnes le lendemain matin. Parce qu’il ne dessinait pas des symboles dégueulasses, des crois gammées ou des fucks, non. Aujourd’hui, il peignait un couché de soleil sur un paysage forestier. Des couleurs éclatantes, une ambiance nature retransmise avec un talent indéniable.

Alors oui, la plupart des gens râlaient en voyant les façades peintes en mille couleurs, mais Cha espérait qu’au moins une personne sortait en disant que c’était beau. Et il ne s’offusquait pas de voir ses œuvres recouvertes après trois jours : ça lui offrait une nouvelle toile à compléter…

Sa bombe orangée dans la main, Cha peaufinait le ciel de son dessin, un écouteur dans une oreille et l’autre attentive au moindre bruit. S’il se faisait choper par les flics… Non, il ne se ferait pas choper. Il ne se faisait jamais choper. Plusieurs fois ils avaient failli mettre la main sur lui mais il leur échappait toujours, trop vif, trop malin, trop discret. Il se faufilait dans les ombres, agile comme un chat, et grimpait sur un toit ou se glissait dans une cave pour les regarder passer devant lui, lourds et essoufflés. Et c’était drôle.

Un flash de lumière éclaira son tableau, lui donnant un aperçu de ce que donnerait l’œuvre une fois le soleil levé. Ca serait beau, il en était certain, mais il ne s’attarda pas sur les couleurs, se retournant d’un bloc. On venait de le prendre en photo. Un admirateur ? Un vieil homme aigri qui le dénoncerait aux flics ? Il eut le temps de voir un visage, des mèches bleues, jeunes, et la silhouette fila à une vitesse surprenante. Mais Cha était plus rapide encore.

Eh ! Tu t’échapperas pas comme ça !

Lâchant sa bombe de couleur, il passa son sac sur son épaule et parti à la poursuite de celui qui, il le savait, allait le dénoncer aux flics dans la demi-heure. Il devait le rattraper et le forcer à supprimer cette photo, quitte à payer son silence avec le fric de ses parents. Ils ne se rendraient compte de rien de toute façon, ils seraient contents que Cha utilise enfin l’argent qu’ils lui donnaient… Si seulement ils savaient.


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Shima Hotaru ϟ  @attaphan decha

Parfois, il n'y avait pas plus stupide qu'Hotaru. C'est le genre de gamin maladroit, que ce soit dans ses mouvements ou dans ses paroles. Il ne réalise que trop tard qu'il aurait pu éviter un obstacle ou de ne pas trop l'ouvrir pour s'attirer la foudre des gens. Sa sincérité n'est pas toujours bonne à prendre ou avec des pincettes, car il se sent aussi mal de dire platement les choses que de les garder pour lui. Au moins, quand c'est dit, c'est dit. L'hypocrisie ne l'intéresse pas, mais les gens n'apprécient pas forcément les vérités qui blessent non plus. Soit ils l'acceptent, soit ils passent leur chemin. Il n'y a rien à rendre en retour, bien que certains s'offusquent au point de le critiquer ou de le juger d'un mauvais oeil. Tant pis pour eux, s'ils ne sont pas capables d'admettre qu'il peut avoir raison, parfois. Il lui arrive d'avoir tort aussi, assez souvent, mais il sait capituler quand on lui apporte les bonnes preuves, les bons arguments.

Les bêtises sont monnaies courantes chez le jeune homme, il loupe rarement une occasion de se foutre dans la panade ou de s'attirer toutes sortes d'ennuies. Comme là, juste à l'instant, en voulant prendre une photo de cette scène qu'il décrira comme unique, rare. Faut dire qu'il ne traîne pas souvent dehors la nuit, encore moins à des heures où les enfants sont déjà couchés. Si ses parents le savaient, pour sûr qu'ils l'enfermaient à double tour dans sa chambre. Or, Hotaru doit rentrer à Seiseki, d'où personne ne va venir lui casser les pieds qu'il aura tardé en route. Pour en revenir au présent, le pauvre gosse n'a pas pensé que son flash pourrait trahir sa présence. L'effet de surprise le prend aussitôt à la gorge, quand il se décide à fuir rapidement. Qui sait, le tagueur est peut-être un délinquant ou un voyou qui n'hésiterait pas à lui casser les dents pour l'empêcher de parler. Il pourrait même détruire son portable! Comment va-t-il expliquer à ses parents s'il ramène un cadavre de plastique et de circuit en miettes? Impossible, il doit fuir pour sa vie et celle de son appareil.

Sauf que, comme noté tant de fois dans les précédents paragraphes, Hotaru est maladroit. Aussi sportif et endurant soit-il, monsieur n'est jamais à l'abri qu'une chute. Quand ce n'est pas le flash de son portable qui le balance, c'est le bout de sa chaussure rappant sur le sol qui le fait trébucher et se vautrer dans un bruit ahurissant. Manque de pot, ses réflexes se sont mis en veille, quand son corps à percuter le sol, coude en premier. Le portable lui échappe des mains, dans un vol plané digne d'un film Bollywoodien, pour s'écraser quelques mètres plus loin dans un son n'annonçant rien de bon. Quant à Hotaru, il est sur le point d'éclater en sanglots, partagé entre la douleur, la crainte de ramasser son précieux en morceaux et l'idée que d'un moment à l'autre, il soit attrapé.



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Attaphan Decha  ϟ  Shima Hotaru

Cha n'était pas un grand sportif. Il ne jouait pas au foot ou au basket avec les stars de l'université, ne nageait pas pour remporter des médailles, ne courrait pas des marathons. Ce n'était pas un sportif, mais il était souple, assez que pour se faufiler par la fenêtre de sa chambre. Il était acrobate, assez que pour oser sauter du toit du garage. Et il était rapide, assez que pour échapper aux flics lourdeaux qui lui couraient après au moins deux fois par mois.

Il courrait souvent pour sauver ses fesses, étant poursuivi plus souvent que poursuiveur. Aujourd'hui, il courrait pour empêcher un con de causer sa perte. S'il apportait cette photo aux flics, ils auraient enfin des preuves contre lui et pourraient l'arrêter. Ses parents ne pourraient pas le sauver. Olivia ne pourrait pas le sauver. Lui seul pouvait encore protéger son avenir en rattrapant le gars et en le faisant effacer cette photo. Pour ça, il était prêt à mettre le prix qu'il faudrait.

Courant aussi vite que possible, il gardait sa cible à l'oeil, manquant de trébucher quand il le vit tomber et s'étaler comme une crêpe. Se sachant perdu, il ne se releva pas et Cha arriva à sa hauteur rapidement. Le portable était tombé plus loin, aussi le peintre des rues alla-t-il le ramasser avant de s'accroupir devant l'inconnu. Des mèches bleues, comme les siennes. Plus vives, certes, mais bleues quand même.

Tu comptais faire quoi avec cette photo, mec ? Tu voulais être un bon citoyen ou quelqu'un t'a payé ?

Ses parents étaient capables de faire ça. Avoir une preuve, un moyen de pression. De quoi lui dire d'arrêter s'il ne voulaient pas qu'ils le dénoncent. Bien sûr, Cha savait qu'ils ne le feraient jamais, mais eux pensaient avoir encore un minimum d'impact sur lui. Juste un peu. Soupirant, il regarda le portable, en assez bon état vu la chute qu'il venait de faire. Une bosse, oui, un éclat sur le coin de l'écran, mais rien de dramatique.

Tu veux combien pour ne rien dire ? Dis-moi ton prix et je paie.

S'asseyant en tailleur, se contrefichant de salir son pantalon, Cha se pencha pour regarder le gars aux cheveux bleus dans les yeux. Il savait que, dans ce monde, tout s'achetait. Lui n'avait jamais compris l'engouement que provoquait l'argent chez les gens, mais il en avait et ils en avaient envie, alors soit. S'il devait se ruiner pour rester libre, il n'hésiterait pas une seconde car, contrairement aux autres, l'argent ne pourrait jamais lui offrir ce qu'il désirait par-dessus tout.


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Shima Hotaru ϟ  @attaphan decha

Hotaru n'a jamais été un grand coureur non plus, il n'a surtout eu aucune raison de courir jusqu'à présent. C'est la première fois qu'il s'échappe aussi vite d'une scène, sans essayer de parler ou de se défendre. Faut dire qu'il ne s'amuse pas à dégoter des choses dangereuses ou surprenantes, qui demandent de fuir à tout moment. Sa vie est calme en temps normal, les seules fois où il accélère l'allure, c'est quand il est sur le point de rater son bus ou son train. Là, il ne doit pas se dépêcher pour rattraper quoi que ce soit, mais pour ne pas être attrapé. Sauf qu'il n'est pas adroit le petit garçon, s'emmêlant les pieds pour finalement se rétamer au sol et perdre la preuve à conviction. Hotaru ferait un très mauvais flic, mais aussi un très mauvais bandit.

étalé face contre terre, il mesure la distance entre son portable et son corps, avant de réaliser que c'est trop loin pour se traîner ou se relever. L'autre garçon est déjà dessus, récupérant l'appareil à sa place. Comment va-t-il expliquer la casse à ses parents? Parce qu'Hotaru imagine déjà l'inconnu pulvériser son téléphone sans chercher à comprendre. Quelle idée de partir en courant aussi! Le bleuté jure contre lui-même, s'insultant mentalement d'idiot. Relevant ses yeux vers l'artiste de rue, Hotaru remarque les mèches colorées quasiment similaires aux siennes, ce qui pourrait le faire sourire s'il n'était pas dans une situation fâcheuse.

Quoi?! Le temps de percuter et de comprendre qu'il l'accuse d'avoir pris cette photo pour le vendre, Hotaru perd bien quelques secondes. Il n'est pas si bête, mais il ne s'attendait pas à être ainsi pointé du doigt. Alors pourquoi s'est-il enfuit? Sûrement car il s'est senti dans une mauvaise position, à agir bêtement. Ce gars pourrait l'attaquer pour droit à l'image ou un truc dans le genre, dont il ne pige rien. De toute évidence, il ne pouvait pas rester là à attendre que l'autre disparaisse, surtout quand il voit son portable entre ses mains. Lui seul peut savoir l'état de ce dernier, puisqu'il le retient en otage.

« ▬ Je ne veux rien. »

C'est osé de répondre aussi brièvement, mais Hotaru a ses raisons! Dans un premier temps, il se redresse sur ses genoux, donnant quelques tapes légèrement sur son vêtement pour retirer la poussière. Dans cette position, il est quasiment à la même hauteur que son vis-à-vis, ce qui lui permet de le regarder en face à face sans devoir lever la tête.

« ▬ Je ne compte rien faire de cette photo... J'ai juste trouvé ça cool, ce que tu faisais. »

Il n'a pas besoin de lui donner de l'argent, ça ne l'intéresse pas. Hotaru trouvait le tableau assez hors du commun, d'où son engouement à prendre ce cliché. Posant ses fesses sur ses mollets, il reste ainsi assis au sol face à l'autre garçon. Ses yeux se perdent à nouveau sur lui, son visage, sa tenue, puis sur son portable qu'il n'a pas repris.

« ▬ Vraiment, je ne vais rien faire avec... Ne la supprime pas. »

Des photos prisent sur le vif comme ça, il n'y en a pas trente-six milles. C'était peut-être la seule fois où il tombait par hasard sur un grapheur, un artiste underground ou peu importe le nom. S'il supprime le cliché, il sera vraiment déçu. Et puis, on ne voit même pas son visage! Il la prit de dos, pendant qu'il dessinait sur le mur et qu'il ne faisait pas attention à qui pourrait bien le surprendre, comme l'a fait Hotaru avec son flash.



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Attaphan Decha  ϟ  Shima Hotaru

Un instant de silence flotta entre Cha et son photographe du soir. Il lui avait proposé de l'argent et supposait que l'autre réfléchissait à son prix, qu'il prenait le temps d'évaluer la richesse du graffitiste. Il était vrai que, comme ça, en sweat à capuche et jeans délavé à taguer les murs, il faisait pas trop gosse de riche, mais son compte en banque était bien rempli et il pouvait le prouver. Pour conserver sa liberté, il était même prêt à le vider.

La réponse du gars surprit un peu Cha. Il ne voulait rien ? Le prix qu'on lui proposait était-il trop élevé pour qu'il paye plus ? Il regarda le jeune se redresser et se recula un peu pour garder le portable hors de portée de son propriétaire. Il enchaîna, disant qu'il avait pris la photo parce qu'il appréciait son art, qu'il trouvait ça cool. Et bien ok mais qu'il fasse une photo où Cha n'était pas dessus ! Là c'était trop risqué pour ses fesses. Et encore fallait-il que ça soit la vérité...

La tête du garçon aux cheveux bleus était si dépitée que Cha eut pitié de lui pendant une seconde. Peut-être était-il sincère... Il s'assit à son tour, passant une main dans ses mèches. Il regarda l'autre dans les yeux pendant quelques secondes, essayant de décider s'il se moquait de lui ou si, vraiment, il ne comptait pas utiliser la photo contre lui. Finalement, il soupira et tendit le portable vers le mec.

Déverrouille-le, que je voie si on me reconnait.

Il le garda cependant fermement serré dans sa main, ne l'autorisant qu'à entrer son code et le reprit aussitôt. Il regarda une seconde son fond d'écran - qui n'était pas cassé, fort heureusement - puis ouvrit l'application des photos et cliqua sur celle montrant son oeuvre. Elle était belle, et on le voyait, de dos, le bras levé pour ajouter une touche de orange à son couché de soleil. Zoomant, il remarqua qu'on ne voyait de lui que sa silhouette et sa main pâle. Rassuré, il rendit son appareil à son propriétaire.

C'est bon, tu peux la garder. Mais je te jure que si tu en parles à qui que ce soit, je te le ferai payer cher.

Avec ses parents richissimes et son amie avocate, il pourrait pourrir la vie de ce gamin comme jamais personne ne l'avait fait avant lui. C'était pas son genre, certes, mais il refusait de se retrouver en prison à cause d'une balance qui aimait plus la justice que l'art. Il finit par se relever et tendit une main pour aider l'autre à faire pareil.

Bon j'y retourne avant qu'on me vole mon matos.

Se retournant, il commença à s'éloigner avant de s'arrêter. L'autre avait dit qu'il trouvait cool de dessiner sur les murs, non ? Et Cha était seul, cette nuit, un peu de compagnie ne lui ferait pas de tort. De plus, l'art de peindre à la bombe permettait de repasser par-dessus des éventuelles ratures sans que ça ne se voie. Il revint sur ses pas et sourit au jeune homme.

Tu veux venir essayer ? Mais attention, je n'autorise personne à gâcher mes oeuvres, même pas les mignons comme toi.

Oui bon, maintenant qu'il ne craignait plus rien de l'autre, il pouvait le dire : il était plutôt craquant. Et qui connaissait Cha savait qu'il ne pouvait s'empêcher flirter avec ceux qui lui plaisaient...


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Shima Hotaru ϟ  @attaphan decha

Hotaru n'a aucun intérêt à divulguer cette photo. Pour se faire voir? Pour être un bon citoyen qui prend soin de sa ville? Que gagnerait-il à le balancer à la police? Rien. De toute façon, il n'a aucune envie de perdre cette photo en la donnant à qui que ce soit. Il n'est pas si bête le petit, mais est-ce que l'autre va le croire ou le juger durement? Va-t-il lui demander d'effacer la photo ou lui accordera-t-il de la garder? Hotaru est dans le suspense total, ainsi assis à même le sol en attente de son verdict. Coupable ou innocent, telle est la question. Si l'autre garçon décide que ce n'est pas bon, il est en droit de supprimer la photo. Surtout qu'il détient son portable, il pourrait très bien faire n'importe quoi avec. Pourtant, il lui rend. L'appareil tendu dans sa direction, le bleuté clignote des yeux avant de réaliser le geste de son interlocuteur. Ah, il veut juste qu'il le déverrouille. Hotaru fixe l'écran en soufflant doucement, tapant son code dessus tandis que l'autre le tient fermement. Peut-être a-t-il peur qu'il s'échappe avec, dans un moment d'inattention.

L'expression du visage du garçon n'apporte aucun détail quant à ses pensées ou à ses décisions. Il patiente, la tête penchée de côté. à tout moment il pourrait supprimer le cliché, mais au moins il pourra récupérer son portable en un seul morceau. Puis il lui tend à nouveau, mais cette fois dans l'intention de lui rendre définitivement. Hotaru ne se le fait pas dire deux fois, reprenant son précieux avant qu'il ne change d'avis et le jette. Il peut? Vraiment? Le visage du plus vieux s'illumine subitement, comme s'il venait de l'innocenter d'un délit mineur dont il ne mérite aucune conséquence.

« ▬ Promis! »

La main sur le coeur, il jure de ne jamais dévoiler ce secret à personne. M'enfin, il doute de revoir ce garçon un jour. Donc comment pourrait-il savoir qu'il a montré ou non le cliché à quelqu'un? Autant ne pas demander, s'évitant ainsi de réellement la perdre. Debout, l'autre lui propose sa main pour se relever. Hotaru perd encore deux secondes à analyser ce mouvement, mais attrape rapidement sa main pour se relever à son tour. Sur ses deux jambes, il range son portable dans sa poche et s'occupe de retirer la poussière de ses vêtements. Sur le départ, le bleuté n'a pas le temps de saluer l'autre qu'il lui tourne déjà le dos, prêt à partir de là où il est venue plus tôt. Hotaru ferait mieux de rentrer lui aussi, il est tard et le temps commence à se rafraîchir, sauf que son poursuivant se retourne pour le rejoindre.

Essayer? Ce n'est pas une proposition qu'on lui fait souvent. En même temps, c'est la première fois qu'il se fait chopper après avoir pris quelqu'un en flagrant délit. Sa dernière phrase mène à la réflexion, entre le fait qu'il souligne qu'il pourrait gâcher son oeuvre et le compliment sur son physique. à supposer que ce soit un compliment. L'aîné fait la moue, fronçant légèrement ses sourcils.

« ▬ Je ne suis pas « mignon », mais je veux bien essayer! »

Encore un terme qui le fait passer pour un enfant. Hotaru préférerait qu'on dise de lui qu'il est beau, irrésistible à la rigueur, mais mignon ... C'est bon pour les filles ou les mômes. Peu importe, il lui a quand même proposé d'essayer ses bombes de peinture! Le bleuté s'en réjouit, oubliant sa chute précédente qui a quand même abîmé sa tenue.



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Attaphan Decha  ϟ  Shima Hotaru

Cha eu un sourire amusé face à la promesse du gars de ne rien dire. La main sur le cœur était un peu abusée, mais au moins avait-elle le mérite de prouver sa bonne foi et rassurer l’artiste de rue. Certain à présent qu’il n’avait rien à craindre de lui, Cha commença à s’éloigner, retournant à son œuvre avant que quelqu’un vienne lui voler ses bombes de peinture, denrée peu rare mais assez chère en grande quantité.

Finalement, il se retourna pour proposer à l’autre de venir essayer, ayant capté son intérêt pour la chose. Il en profita pour l’appeler mignon, ne pouvant pas résister à flirter avec les mecs à son goût, et le gars l’était certainement. Bon, il n’oubliait pas Reiya mais il savait qu’il y avait peu de chance qu’il se passe quelque chose avec lui alors autant regarder ailleurs en attendant qu’il le voie enfin, non ?

La réponse du plus âgé le fit rire brièvement. Il disait ne pas être mignon, ne voulant certainement pas de la connotation enfantine de ce terme, mais il voulait bien essayer. Reprenant son sérieux, Cha le regarda de la tête aux pieds, captant sa beauté dans la lumière de la lune.

Ouais t’as raison… T’es bien plus que simplement mignon.

Un sourire et le voilà qui se retournait pour mener son nouvel ami et apprenti à sa fresque du moment. Shin lui en voudrait peut-être de l’avoir continuée et terminée sans lui, mais il se rattraperait avec un autre dessin, un nouveau lieu, un nouveau tag. Il ne lui en voudrait pas longtemps, c’était certain. De toute façon, qui pouvait rester fâché contre un joli minois comme le sien ?

Ils arrivèrent rapidement à la fresque, n’étant pas partis bien loin, et Cha fut soulagé de constater que tout était à sa place. Se penchant, il ramassa deux bombes de couleur, l’orangée avec laquelle il travaillait au moment de la photo et une plus foncée, plus sanguine, qu’il tendit au plus âgé. Il lui montra une zone déjà colorée sur laquelle il pourrait s’entraîner et maîtriser la technique.

Tu peux essayer ici pour t’habituer à la pression. Et après y a cette zone, là, que tu pourras remplir. T’inquiète pas si tu débordes un peu, je devrai de toute façon repasser pour les nuances.

Il déplaça son bras pour montrer une zone plus près de ce qui serait bientôt le soleil, entouré de son auréole rouge. C’était la partie de Shin, mais tant pis, il avait qu’à être là. Cha ne pouvait pas tout faire tout seul aussi vite que quand ils étaient deux. Se rappelant les règles de sécurité, il se pencha sur son sac et en sorti un masque qu’il tendit à son compagnon nocturne.

Mets ça, ça t’évitera de respirer les produits de la peinture. Et j’m’appelle Decha au fait.

Lui n’enfila pas de masque, habitué à ces particules et ne supportant pas d’avoir un truc sur la bouche. Il se mit enfin au travail, colorant le mur lisse, créant des nuances dans les rouges et roses du ciel crépusculaire, appliquant des petites touches qui pourraient paraître futiles mais qui changeaient tout. Il avait le sens du détail, ce qui faisait de lui un excellent artiste de rue. Dommage que ses parents ne le voient pas…


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Shima Hotaru ϟ  @attaphan decha

Quand il s'agit de trop en faire, Hotaru est votre homme. C'est souvent ce comportement abusif qui le pousse à la maladresse et à se rétamer comme il l'a fait tout à l'heure sous les yeux de l'artiste. L'histoire semble être réglée entre eux, puisque chacun part de son côté. Enfin, c'est ce qu'il a cru en voyant l'autre garçon retourner de là où ils sont venus, quand il courait après lui. Sauf que son poursuiveur fait demi-tour et l'inviter à le suivre pour tester, glissant un compliment sur son physique. Avant d'accepter, Hotaru fait remarquer qu'il n'est pas « mignon », d'une mine faussement ronchonne. Mignon, ce n'est pas vraiment pour un garçon, encore moins pour un homme. Il ne s'attendait pas à ce que son cadet ajoute un nouveau commentaire à son intention, le faisant doucement rougir. ça veut dire quoi être bien plus que simplement mignon? Il pourrait argumenter! Quoique non, il ne veut pas savoir. Hotaru se tape mentalement, jurant contre lui-même que sa curiosité pourrait être plus dangereuse que sa maladresse.

suivant le plus jeune vers l'endroit où se situe la fresque, il n'a rien ajouté en route pour éviter de faire changer d'avis à l'autre. ça lui arrive parfois de déconcerter les gens ou de perdre des occasions de se taire. Pour une fois, il s'en tiendra à le suivre et à l'écouter, prenant les bombes de couleurs présentées. L'objet dans chacune de ses mains, Hotaru observe les aérosols avec une mine intriguée, comme si c'était de vraies bombes prêtes à exploser d'un moment à l'autre. La zone indiquée par son vis-à-vis, le bleuté hoche doucement sa tête en concentrant son regard sur le point à peindre.

« ▬ ça semble assez simple à faire. »

Se hasarde-t-il en écoutant son cadet lui expliquer quoi faire et où le faire. Bon d'accord, il n'y a rien de compliqué à peindre une zone vide, mais c'est la première fois qu'Hotaru utilise une bombe de peinture. Déjà qu'il n'est jamais sûr de son propre talent en arts, alors se lancer dans l'inconnu sans aucune expérience... Si Hotaru savait que cette partie était déjà réservée, il n'aurait pas essayé de prendre la place de cette personne. Surtout en sachant que ce fameux Shin n'est pas si inconnu pour lui, puisqu'ils se voient pour dessiner dès qu'ils en ont l'opportunité. Comme quoi, Tokyo n'est pas si grande. Hotaru récupère le masque offert par le jeune homme et l'accroche pour se couvrir la moitié du visage, évitant ainsi de respirer les particules des bombes.

« ▬ Merci! Et moi c'est Hotaru. »

Il ne donne pas son nom de famille comme le ferait la plupart des Japonais, même s'il vient de le rencontrer à l'instant. Ainsi présenté, Hotaru se lance dans le remplissage de la zone vide gentiment prêté par Decha. Le garçon se concentre avec attention, évitant de dépasser ou de faire n'importe quoi. Il a beau se trouver nul en arts pour un étudiant dans ce cursus, il a quand même un sens du détail plus ou moins éveillé.

« ▬ ça fait longtemps que tu fais ça? »

Ose-t-il demander, sa voix étouffée par le masque couvrant sa bouche et son nez. Il a des tonnes de questions qui le taraudent, comme savoir pourquoi il fait ça. C'est une pratique qui n'est pas admirée par les autorités ou certains Japonais, dans ce cas pourquoi le faire? Ne serait-ce pas mieux de peindre sur une toile ou un support réglementaire? Ou alors, c'est juste pour le goût du danger, de l'interdit? Dans un sens l'aîné est admiratif, car il n'a jamais songé à faire une telle chose, quitte à se faire arrêter par la police.  



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Attaphan Decha  ϟ  Shima Hotaru

Cha afficha un sourire en voyant le plus âgé observer les bombes de peintures comme si c'était la première fois qu'il en voyait. C'était mignon, seulement cette fois il garda sa pensée pour lui, ne voulant pas de nouveau irriter la virilité du jeune homme. Il lui expliqua rapidement comment faire et où s'entraîner, se doutant qu'il ne ferait pas trop de dégâts, la tâche n'étant pas si compliquée que ça. Le truc était de savoir faire le croquis de base ; une fois les formes découpées, il suffisait de remplir.

Yep, tu verras. Tu sais dessiner au fait ?

Il lui tendit ensuite son masque, qu'il ne portait de toute façon que très rarement. Shin le lui reprochait parfois, l'avertissant qu'il finirait par tomber malade à force, mais il s'en fichait. Il aimait pas la sensation, et tomber malade ferait peut-être que ses parents l'écoutent ? Ils auraient pitié et le laisseraient changer d'orientation pour qu'il peigne sur des toiles plutôt que des murs ? Ah ! Que c'était beau de rêver...

Son partenaire de graffiti du soir se présenta à son tour comme étant Hotaru. Pas de nom de famille, mais Cha n'avait pas donné le sien alors il ne s'était pas attendu à en recevoir un en retour. Un dernier sourire et l'artiste se lança dans son oeuvre, jetant de temps en temps un oeil au travail de son aîné qui se débrouillait plutôt bien. Enfin, il fallait dire que Cha lui avait donné une zone bien précise, il serait compliqué de se rater pour un truc aussi simple... Mais au moins ils allaient plus vite ainsi que s'il avait continué seul.

Ca fait deux ans à peu près. Mes parents refusent que je suive des études de dessin alors je me venge à ma façon, en embellissant les batiments pour un jour ou deux.

Il afficha un sourire rebelle, fier de sa petite vengeance. Il ne faisait de mal à personne, ne dérangeait que les traditionnels qui voulaient que rien ne bouge dans leur environnement. Il faisait peut-être même sourire deux ou trois personnes avec ses dessins, des gens comme Hotaru. Alors oui, il était fier, fier de son travail, fier que des gens l'aiment, fier d'avoir trouvé un moyen d'exprimer sa créativité au nez de ses parents.

Et qu'est-ce que tu fais dehors aussi tard au fait ? Moi j'ai une excuse.

Il pointa son pouce vers le mur, tournant son regard vers l'autre oiseau de nuit. Que faisait-il là ? N'avait-il pas cours le lendemain ? Des devoirs à faire ? Des potes à voir ? Cha était peut-être trop curieux mais, après tout, Hotaru connaissait son secret à présent, alors il avait le droit, non ?


花が咲いたよ

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