janv 9 — La nouvelle année avait commencé depuis quelques jours et il me semblait nécessaire et surtout vital d’aller faire un tour un temple pour aller prier. Depuis un certain temps, déjà, la malchance me poursuivait. Tout petit, j’étais plus ou moins maladroit, mais plus le temps passait, plus le cas s’aggravait. Alors, je m'étais dit que la prière m’aiderait peut-être à gagner en tranquillité.
Un samedi, sous un temps pluvieux, j’allais dans le lieu sacré, avec un panier de fruits en guise d’offrande pour les divinités. Je n’étais pas particulièrement croyant, mais je voulais mettre toutes les chances de mon côté.
Pieds nus, j’étais dans le temple avec plusieurs bâtons d’encens maintenus à l'intérieur de mes mains jointes. Les yeux fermés, je priais pour un futur plus équilibré et ensoleillé.
À genoux, dans l'enceinte du temple et le panier posé à mes côtés, j’entendais quelques pas s’approcher. Quelqu’un s’installa près de moi. Silencieux, j’écoutais d’une oreille attentive ce qu’il se passait. Je ne voulais pas être trop indiscret en regardant la personne qui venait d’arriver.
Après une longue prière, je déposais l'encens et j’allais remettre l’offrande dans l’endroit réservé. J’enfilais les chaussures pour me retourner vers les extérieurs. Encore plongé dans mes pensées, je n’avais pas fait attention que je n’avais pas mis mes chaussures, mais celles de l’autre personne.
janv 9 — Une nouvelle année sonne aux portes et mettant derrière elle l’ancienne comme si elle ne comptait plus. Un an s’était écoulé depuis ta perte tragique, depuis que son existence n’est plus de ce monde. Avant tu ne prenais pas ces histoires de prières à cœur et pourtant dorénavant c’est un passage que tu t’obliges dans l’espoir d’avoir au moins un signe pour ce que tu dois faire. Aller de l’avant est un immense pas, mais les obstacles qui sèment des rochers sont les plus ardus lors d’un deuil. La journée correspondait à ton humeur, la pluie accompagnant la morosité et poussant les gens à vouloir se réchauffer. C’est en te dirigeant, perdu dans tes pensées, que tu te déchausses afin de pénétrer dans le temple, les encens préparés dans ta main gauche. A genoux, tu ne fis pas attention à la personne à côté de toi, le regard perdu dans le vide, tu fermes les yeux et soupire tristement dans un léger murmure tout en souhaitant qu’Haruna soit heureuse là où elle est et qu’elle ne soit pas déçue de toi. Ton meilleur ami n’était pas dupe, il avait vu que tu t’étais assombri, tes élèves ne remarquèrent que le côté sévère tandis qu’Airi savait presque tout. Tu ne cherchais pas à porter de masque, juste à survivre en espérant que cette nouvelle page aide un peu plus.
Suivant la marche à suivre d’aller déposer l’encens et d’offrir une allumette en forme de talisman en guise d’offrande, tu finis soigneusement ta prière avant de retourner à l’entrée. Cependant tes chaussures étaient portées d’un autre homme et quelle surprise de découvrir un élève de l’université Chûo. Au lieu de t’agacer à cette erreur, tu te mis à sourire avant de faire remarquer. « Ne sont-elles pas un peu grandes pour vos pieds, jeune homme ? »
janv 9 — J’étais parti pour rentrer chez moi avec les chaussures de quelqu’un d’autre. Heureusement, le propriétaire m’interpella ce qui me fit sortir de mes pensées. Je me retournais vers la voix masculine et je remarquais alors un visage familier. “ Monsieur Yoshida. “ Incliné, je le saluais avec un sourire sympathique. Cette homme travaillait à l’université de Chûo et je l’avais déjà rencontré quelques fois, notamment par rapport à mon avenir scolaire. Plus dernièrement, car j’étais un peu perdu sur ce que je voulais réellement faire. Je voulais poursuivre dans la branche de l’art, toutefois, j’avais l’impression que, elle, elle ne voulait pas de moi. Je manquais cruellement d’inspiration, mes œuvres d’arts tournaient toujours en rond, avec le même type de sujet et peu profond dans lequel je ne me retrouvais pas du tout.
Les paroles de monsieur Yoshida faisaient à nouveau surface dans ma tête. Je regardais mes pieds et enfin, je constatais que les chaussures que je portais n’étaient pas les miennes. Totalement désespéré de mon cas, la paume de ma main droite vint frapper mon front découvert. *C’est pas possible...*
La tête baissée, je me rapprochais de lui essayant de me faire le plus petit possible. Je retirais délicatement les chaussures pour remettre les miennes. À nouveau, je m’inclinais devant l’homme, profondément désolé. “ Je suis désolé. “ Disais-je d’une voix bien sonore, le corps toujours plié.
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