Ce garçon avait la fâcheuse tendance à me mettre dans l’embarras et le pire, c’était que mes réactions semblaient l’amuser. Plus je me sentais intimidé, plus il paraissait aimer. C’était un peu vicieux comme comportement, mais je restais confiant puisqu’il n’avait rien fait de mal. S’il cherchait simplement à me taquiner, je m’y habituerais pour le moment. Il ne serait pas le premier à le faire. “Je n’ai pas besoin de te chercher, tu es juste là…” Disais-je en parlant dans ma moustache, avec une moue contrariée. Parfois, le second degré me manquait. La notion de dragueur quelqu’un m’était presque inconnu. Charmer n’était pas dans mes cordes. D’ailleurs, la seule fois où j’avais tenté quelque chose, cela avait été un fiasco. J’étais au lycée et pendant un cours de dessin, j’avais tenté d’amadouer avec de doux mots, un beau dessin et une frêle caresse sur la main de ma professeure. Elle n’avait rien remarqué, rien ressentie. Et dire que j’avais stressé deux semaines pour tout préparer et passer à l’acte. C’était honteux…

Levé de la table pour ranger et nettoyer rapidement, je ne m’attardais pas sur les détails. Pour l’instant, ce qui me souciait, c’était ce que comptait faire Yusuke après. Comptait-il dormir ici ? Alors, je lui avais posé la question pour le savoir. Le début de sa phrase me fit hocher trois fois le visage et la suite, me fit doucement grimacer et ricaner de malaise. “Ahah… Vraiment pas obligé…” Jusqu’à aujourd’hui, je n’avais jamais dormi avec quelqu’un d’autre. Forcément, dans le lot, je ne comptais ni mon frère ni ma sœur. Alors, m’imaginer dormir avec quelqu’un et surtout Yusuke me donna des frissons tout le long de ma colonne vertébrale. Je ne savais pas quoi en penser…

Les mains mouillées, je les essuyais sur le torchon et je me rapprochais de Yusuke pour le saluer. Je l’accompagnais jusqu’à l’entrée de la porte où il reprit toutes ses affaires. Je me penchais légèrement dans sa direction et avant qu’il ne quitte les lieux, je le saluais convenablement. “Fais attention en rentrant. Dors bien.” Puis, je le regardais s’éloigner dans le couloir. Une fois sa silhouette complètement effacée de mon champ de vision, je retournais à l’intérieur pour remettre tout en ordre et bosser quelques heures sur mes devoirs avant d’aller enfin me coucher.