Je sentais sa main contre ma peau, au-dessus de ma main dans le but de me retenir de partir. Non pas, qu’il voulait rester plus longtemps avec moi, mais pour m’éviter de subir le torrent qui s’écoulait dehors. Son geste me réchauffa le cœur, même si pour lui, ce n’était pas grand chose.
Toutefois, m’éviter de recevoir un volume d’eau conséquent sur le corps et de subir en même temps le froid de l’hiver, c’était tout de même charitable.

Suite à sa proposition, je fermais la porte et repris place confortablement au fond du siège. Du coin de l'œil, je suivais chaque geste du... professeur ? Surpris par l'information, j’essayais de me souvenir de l’avoir déjà croisé dans les couloirs de l’université, mais pourtant… rien. Bon, il est vrai que j’avais tendance à être pas mal dans mes pensées lorsque je parcourais les couloirs de l’école. M’attardant peu sur les personnes qui m’entouraient, je ne me rappelais pas de l’avoir déjà croisé.

“Je vois.” Cette simple réplique se contenta face à son information. Un peu dans l'embarras de m’imposer dans son espace privé, mon regard balaya l’environnement, flou à cause de la pluie en face de nous. Puis, lentement et secrètement, je le regardais. Il devait être fatigué. À l'extérieur, le bruit des multiples gouttes était aussi souvent un élément pour bercer certains gens. Le professeur devait faire partie de cette catégorie de personnes.
Et moi aussi.

Laissant le temps au temps, je posais le coude sur le bord de la fenêtre et dans le creux de ma main, j’y posais le bas de mon visage qui contemplait difficilement le paysage pluvieux. Puis, sentant un peu de froid, je frottais mes mains l’une contre l’autre, les approchant ensuite proche de mes lèvres pour souffler un air chaud assez persistant.
Et je reproduisais cela plusieurs fois.

Curieux, mes yeux se posèrent une nouvelle fois sur mon voisin sûrement endormi depuis quelques minutes. Dans mon champ de vision, derrière, je vis une veste. Je la pris, essayant d’être le plus silencieux possible pour ne pas le réveiller. Et délicatement, je la posais contre son torse, prenant soin de la monter jusqu’aux épaules. Et, tenant toujours cette position, à quelques centimètres de son visage, je le dévisageais. Ses traits étaient si fins… Ses lèvres teintées de rouge et sa couleur de peau pâle égalaient sa beauté à celle d’une poupée.

Il arque un sourcil à son "Je vois" il voit quoi ? Très bonne question.... Mais cette question, il ne va pas la lui poser et se contente de se poser un peu plus confortablement dans son siège. Il croise les bras sur son ventre et ferme les yeux. Il laisse le bruit de la pluie le bercer, le relaxer et petit à petit, il se repose. Il se refuse de dormir, non il ne peut pas, pas avec un élève avec lui dans la voiture. Ce serait vraiment étrange n'est ce pas ? Pourtant, Jun pense croire que cela peut être possible. Oui, rapidement, il se retrouve avec sa veste le couvrant le ventre jusqu'aux épaules, c'est agréable... Sauf que voilà, il le sent, il le sait, Jun est au-dessus de lui. D'accord, mais, pourquoi ? Il n'en sait rien et aussi, il décide de ne pas ouvrir les yeux, il préfère passer sa main sur la joue du plus jeune avant de finalement ouvrir les yeux.

"Je ne suis pas de ce bord et tu es trop jeune."

Sa main descend doucement vers son épaule qu'il pousse du côté pour le faire s'asseoir sur le siège passager. Il s'étire quelques secondes, pousse un léger bâillement masqué par sa main et cligne plusieurs fois les yeux. Il reporte son attention vers son passager et ne peut s'empêcher d'esquisse un large sourire amusé avant de reprendre la parole.

"Tu devrais essayer avec les étudiants, tu auras sans doute plus de chances."

Il regarde rapidement dehors vérifiant si aucun élève ne passait par là et pousse un long soupire de soulagement lorsqu'il remarque que ce n'est pas le cas. Oui, il manquerait plus qu'on le prenne en photo, oui ce genre de photos tourneraient tellement vite et il pourrait sans aucun doute perdre sa place. Après, qui pourrait se promener sous cette averse qui n'en finit pas ? Personne, n'est ce pas ? Il lâche cependant un petit soupir de soulagement et reporte son attention vers le brun essayant de savoir ce qu'il a dans la tête. Est ce qu'il a tout prévu ? Il ne le sait pas.

Le haut du corps stagnant au-dessus du professeur qui me semblait endormi, je dévisageais silencieusement chacun des traits de son visage. Et au bout d’un moment, celui-ci fit remarquer son éveil. Mince, il avait senti ma présence proche de lui.
Mes joues se tintèrent aussitôt de rouge par l'embarras provoqué suite à sa première remarque. Le regard fuyait le sien et mon corps se laissa manipuler par la main de Kyohei. Totalement gêné, je cachais mon visage afin qu’il ne puisse le voir. Il avait mal compris mes intentions. Je sentais que j’aurais beau dire quoique ce soit, c’était trop tard pour rectifier le tir. Alors, ma bouche se contenta de rester fermer.

Retrouvant le fond du siège, mes doigts écrasaient les autres, les pliaient, les pinçaient afin de contrôler ma nervosité. Mes yeux se fermèrent très fort quand il me disait d’essayer avec d’autres étudiants. Moi, qui voulais être sympathique, moi qui pouvais simplement apprécier la beauté, me voilà incompris et mal jugé.

Inclinant le visage, face à moi parce que je n’osais plus le regarder, je m’adressais sensiblement à lui une dernière fois. “Excusez-moi et merci.” Rapidement, je quittais son véhicule sous le torrent de pluie. Peu importe ce qui m’attendait dehors, je voulais simplement ne plus penser pour éviter de culpabiliser.

La pluie battante me recouvrit en l’espace de quelques secondes même si je rejoignais en courant un abri. Ma main essuya mon visage pour enlever le plus gros et légèrement, mon visage se tourna vers le parking.
J’espérais que si je devais rencontrer à nouveau ce professeur à l’université, qu’il ne se fasse pas de mauvaises idées sur mes intentions.

Entièrement mouillé, je rejoignais ma chambre dans le but de prendre une douche chaude et de me changer avant d’attendre mal.

Il le voit bien, il vient de gêner le plus jeune, est ce qu’il s’en veut ? Non, pas du tout, car après, tout ce n’est pas lui qui est en tort. Pour une fois, il est bel est bien la victime dans l’histoire ! Il esquisse un petit sourire et s’apprête à reprendre la parole pour le réconforter, ou l’enfoncer, il ne sait pas encore. Sauf que voilà, il se casse avant qu'il n'ai le temps de faire ou dire quoique ce soit qu'il sort de sa voiture. Ah oui ? Il est autant mal à l'aise ? Merde, le pauvre, il va être trempé ! Il le regarde partir et courir tout en esquissant un léger sourire. Le pauvre s'il savait que Kyohei s'en fout et qu'il vient de se prendre la sauce pour rien... Il finit par hausser les épaules et par remettre le contact pour reprendre sa route et rentrer chez lui. Alala quelle drôle de rencontre non ? En tout cas, il ne l'a jamais vu ici... Boh ce n'est pas comme s'il faisait aux élèves. Il ne perd pas de temps et démarre la voiture pour prendre le chemin de son appartement situé un peu plus loin à Shibuya.