Les vacances s’annonçaient studieuses. Un redoublement, ce n’était pas rien après tout ! Ayame avait fini par accepter la situation et plutôt que de s’apitoyer sur son sort, elle avait décidé de mettre toutes les chances de son côté. Quelle ne fut pas sa veine lorsque Miura-sensei
, son professeur de littérature, lui proposa de lui faire des cours de soutien pendant les vacances scolaires pour l’aider à mieux réentamer la rentrée d’avril ! Ayame était très reconnaissante de l’attention de sa professeure. Studieuse mais un peu paresseuse par moments, Miura-sensei
la tirait vers le haut et lui donnait une chance de prendre un coup d’avance pour mieux appréhender sa seconde deuxième année.

C’était dans une dynamique motivée et volontaire que la jeune femme avait pris le train en direction de l’université ce jour-là. Miura-sensei avait donné rendez-vous à Ayame à 13h et avait bloqué son après-midi pour elle. Elles avaient travaillé dur dans une salle de classe vide pendant plusieurs heures, la patience de son enseignante envers son mutisme remarquable. Ayame appréciait vraiment la gentillesse de cette personne, et aurait souhaité que tous les enseignants soient aussi pédagogues qu’elle. C’est ce moment que l’enseignante choisit pour annoncer qu’il était temps de faire une pause. Sans attendre, le professeur de littérature avait dénoué un furoshiki coloré dévoilant une boîte remplie de mochis. Elle l’informa que sa mère lui avait préparé des mochis maison et souhaitait les partager avec quelqu’un. Gênée, Ayame rougit et secoua ses mains devant elle pour donner du dynamisme à sa réaction, ne pouvant pas s’exprimer. Suite à cela, elle s’était empressée de rédiger le message suivant sur sa tablette :

« Oh mais Miura-sensei, je suis gênée, vous devriez plutôt partager ces mochis avec un de vos proches, non ? »

C’était Miura-sensei qui lui avait suggéré l’idée d’utiliser une tablette tactile pour s’exprimer plus aisément. L’écran était plus grand, le stylet lui permettait d’écrire rapidement. Jusque-là, elle s’était toujours contentée d’un calepin et d’un stylo ou de son téléphone portable mais cela manquait de praticité. La tablette qu’elle avait choisie avec sa mère était grande mais rentrait facilement dans son sac de cours sans trop alourdir son poids. Et en plus ça l’aidait à prendre des notes rapidement, et parfois elle enregistrait ses cours dessus. C’était une idée merveilleuse.

(désolée du retard .w.)

Ayame était toute gênée de la situation, mais sa professeure semblait tenir à partager ces mets avec elle. Le rouge lui monta aux joues lorsque cette dernière se dévoila encore davantage, exprimant qu’elle était une vieille fille. Elle n’avait demandé à en savoir tant. Mais l’étudiante avait remarqué que Hinamori-sensei avait tendance à s’exprimer sur tout et rien, sans gêne ni retenue. Elle admirait ce franc-parler et cette capacité à pouvoir dire tout haut ce qu’on pensait tout bas. Si déjà elle avait été capable de s’exprimer tout court,  ceci dit, ça aurait déjà été un grand pas. Ayame lui fit un sourire sincère mais amusé lorsque Hinamori-sensei évoqua son poids et son âge. Elle émit un très léger son associable à un rire, les rares sons qu’elle arrivait à produire depuis l’incident. Mais récemment, elle avait réussi à exprimer quelques mots par-ci par-là, les progrès se faisaient sentir, même si elle avait du mal à reconnaître sa propre voix.
 
« Alors si c’est pour vous aider à ne pas prendre de poids, je vous accompagne volontiers.  »
 
Ayame avait rédigé ce court message sur sa tablette en le ponctuant d’un smiley mignon qui souriait. Si c’était pour faire une bonne action, elle n’avait plus à culpabiliser, et se laisserait donc prendre au jeu. L’enseignante lui proposa d’ailleurs de goûter la première, et l’assura du fait qu’elle ne dirait rien si ce n’était pas bon. Le sourire d’Ayame s’élargit et elle rit à la remarque. Sa professeure était si adorable qu’elle s’inquiéta du fait que son étudiante n’aimait peut-être pas les mochi. Ayame secoua frénétiquement la tête et rédigea le message :
 
« Ne vous inquiétez pas, j’aime beaucoup les mochis, c’est un dessert que j’apprécie particulièrement. »
 
Elle sourit à nouveau avant de se saisir d’un mochi dans lequel elle croqua. L’explosion de saveurs se fit aussitôt ressentir. C’était délicieux.
 
« Vraiment, Hinamori-sensei, votre maman est talentueuse. C’est délicieux. »
 
Le message avait été inscrit après qu’elle a essuyé ses mains farineuses à cause du mochi. Elle avait posé la moitié non mangée sur le bureau, et maintenant que son mot était écrit, elle entreprit de finir de le manger. Ca lui donnait envie de cuisiner des douceurs, elle aussi.