OODTUne journée comme une autre, rythmée par les cours de littérature pour lesquels j’essaie tant bien que mal de me passionner. En réalité, ils sont vraiment intéressants, pour la plupart. C’est juste, certainement, moi qui fait un blocage. Trop déçu d’avoir dû tirer un trait sur mon rêve et d’être forcé de changer de vie, de cursus… tant de désagréments ont découlé de cet accident. Je m’évertue à étudier le plus sérieusement possible, quoi qu’il en soit, ces matières qui m’offriront peut-être un jour une vocation. J’y porte tant d’attention et de sérieux que le soir venu, je suis épuisé et mon lit ne fait que m’aspirer en son sein, Morphée m’emportant rapidement dans les limbes des rêves.
Mais pas ce soir. Pas cette nuit. Je ne sais pas quelle heure il est. Je sais juste qu’il fait déjà bien nuit lorsque mon téléphone vibre sous mon oreiller. C’est la seule technique que j’ai trouvé pour savoir lorsqu’on m’appelle. Sait-on jamais qu’il s’agisse d’une urgence. Grognant, bougon, face au dérangement, j’extirpe l’appareil de sous mon coussin pour regarder qui ose me réveiller. Evidemment… Aurais-je dû penser à quelqu’un d’autre ? Pour que quelqu’un m’appelle au milieu de la nuit, comme ça, c’est forcément elle. Je grogne à nouveau, enfonçant mon visage dans mon oreiller avant de voir son message qui me demande de venir à la fenêtre. A la fenêtre ? Pourquoi ça ? Je sors, à contrecoeur de mon lit, frémissant dans la fraîcheur de cette dernière. Il va vraiment falloir que je mette en route mon radiateur. Allant donc vers l’ouverture vitrée, j’ouvre cette dernière et passe mon visage par dessus la petite avancée. Elle est là, en bas, en train de me faire de grands signes. J’ai du mal à comprendre ce qu’elle attend de moi au début avant de comprendre qu’elle mime un geste pour ouvrir une porte. Ah ! Oui, d’accord. Soupirant, pour la forme, je referme la fenêtre puis, enfilant un gros pull et mes baskets, je me dirige vers la sortie à pas de loup et vais trouver au rez-de-chaussée, la porte d’entrée. Une fois cette dernière entrebaillée, je m’écarte, la laissant s’engouffrer à l’intérieur et me saisissant de sa main pour la faire monter dans ma chambre, en toute discrétion, regardant à droite et à gauche pour être certain de ne pas se faire prendre par le gardien.
La ramenant finalement dans ma chambre, je me tourne vers elle pour lire les propos qu’elle m’adresse sur ses lèvres. A sa première phrase je fronce le nez. La belle au bois dormant, super le surnom. Très viril. Rah et elle est obligée de me pincer la joue comme si j’avais quatre ans ?! “
Vas y, moque toi. J’suis crevé. J’dormais comme un bébé.” je râle avant de la laisser enchaîner en me demandant de rester parce qu’elle aurait passé une mauvaise soirée, apparemment. La toisant un instant, blasé (pas comme si j'avais le choix de dire non, en même temps hein) je finis par acquiescer. “
Fais comme chez toi.” je prononce en allant me vautrer sur mon lit. Me rallongeant, je lui laisse assez d’espace si jamais elle voulait s’asseoir ou même s’allonger. “
Alors, il s’est passé quoi ? Qu’est-ce qu’elle avait de désagréable ta soirée ?” je finis par demander, râleur mais pas méchant pour autant. Après tout, cette fille là, c’est un peu comme ma meilleure amie. Je peux difficilement lui refuser quoi que ce soit. Et comme je tiens à elle, je m’inquiète aussi de son bien-être. “
Tu t’es faite emmerder ?” je continue en fronçant légèrement les sourcils à cette idée. Elle est du genre à savoir se défendre, je n’en doute pas. Mais ça n’est pas moins contrariant de savoir qu’elle peut rencontrer des problèmes. “
Tu devrais pas sortir seule, comme ça. Demande-moi la prochaine fois.” Bon… en même temps, ce n’est pas comme si j’étais disponible en semaine, comme ça, pour faire des virées nocturnes.