20/07/21 || outfit Cela faisait maintenant plus de trois mois que Hiro travaillait comme professeur à temps partiel à Chûô. Si, les premiers jours, on le prenait encore pour un étudiant, ses collègues le reconnaissaient désormais et on ne l'embêtait plus quand il se rendait au réfectoire des professeurs ou trainait dans les couloirs pendant les heures de cours. Les étudiants aussi avaient enregistré son visage et l'appelaient monsieur, ce qui l'avait perturbé au début. Avant, on le tutoyait et on lui parlait comme à un pote, et maintenant on le vouvoyait avec respect.
Parfois, il avait même du mal avec certains étudiants, ceux qu'il avait côtoyés en cours et qui avaient redoublé leur année ou avec qui il partageait autrefois un cours sans être dans la même année. Mais il s'y était fait et, maintenant, il arpentait le campus en tant que Professeur Nishimura. Il avait d'ailleurs adapté son style vestimentaire pour se donner une allure plus sérieuse, délaissant ses vieux sweatshirts et jeans troués pour des chemises et pantalons en toile. Il avait pris l'habitude de porter des lunettes, également, alors qu'il préférait ses lentilles quand il était étudiant, mais cela s'expliquait uniquement par sa fatigue qui le poussait à la facilité.
Ce matin, Hiro n'avait eu qu'un cours, juste avant la pause déjeuner, et le quitta en souhaitant un bon appétit à ses étudiants artistes. Il les laissa partir un à un avant de faire le tour de leurs toiles, laissées en suspens dans la salle jusqu'à la prochaine séance. Certaines oeuvres étaient sublimes, montrant un talent inné ou un travail acharné, tandis que d'autres pouvaient facilement être améliorées avec un peu plus de technique. Mais Hiro ne jugeait pas ; n'étaient-ils pas ici pour apprendre ?
Après avoir rassemblé ses affaires, il quitta le bâtiment en vue de rejoindre la cafétaria des professeurs, traversant une partie de la cour ensoleillée. Il marchait lentement, ménageant son corps fragile, et profitait de cette balade pour promener son regard autour de lui. Ce fut ainsi qu'il remarqua un jeune homme en train de dessiner, à quelques pas de lui. Ne reconnaissant pas un de ses étudiants, il s'approcha légèrement, juste assez pour jeter un oeil sur son travail, et haussa les sourcils de surprise.
C'est très beau.
Réalisant qu'il avait parlé sans que le jeune homme ne remarque sa présence, Hiro se rapprocha un peu et désigna son dessin d'un geste de la main. Il n'avait pas voulu s'immiscer dans son espace personnel ou son intimité, mais sa curiosité et son âme artistique l'avaient poussé à regarder.
Votre travail, je veux dire. À la fois délicat et fort en émotions. On voit bien que ce n'est pas juste un croquis banal pour passer le temps, n'est-ce pas ?
Clairement, l'oeuvre de cet étudiant n'était pas un bête dessin griffonné à la va-vite entre deux cours, voire même pendant les cours. Il avait du talent, et des choses à exprimer à travers lui, c'était une évidence. Mais peut-être ne voulait-il pas en parler, surtout à un inconnu, aussi Hiro leva-t-il les yeux vers lui avec un sourire d'excuses.
Je me rends compte que mon intervention est assez intrusive, je suis désolé, ce n'était pas mon intention. J'enseigne la peinture depuis peu et j'aime dénicher de nouveaux talents. Et vous en avez, c'est indéniable.
À nouveau, il baissa les yeux vers le dessin, un sourire aux lèvres. Voilà le genre d'art qu'il attendait de ses étudiants, qu'il voulait voir dans sa classe. Dommage que ce jeune homme n'en fasse pas partie.
ootd - En cette grosse période d'examen, tu passes la plupart de tes journées à réviser tes cours. Et quand vient le soir, tu te dois dois d'enchainer avec ton baito. C'est assez épuisant mentalement et physiquement mais tu te dis que ca ne dure qu'un temps et que les "vacances" vont vite venir. En cette belle journée d'été, tu es pris entre tes quelques cours et tes révisions à la bibliothèque, au point où, un foutu mal de crane vient te terrasser et t'empêcher de continuer quoique se soit. Tu te dois donc de faire une pause, tu peux quand même t'accorder un léger temps de repos non ? Puis, tu n'as pas trop le choix, ton corps te fait clairement comprendre que tu tires un peu trop sur la corde.
Tu remballes donc tes affaires et sort de l'établissement afin de prendre un peu l'air. Depuis quelques mois, tu t'es découvert un certain intérêt pour le dessin. L'idée t'était venue alors que tu tentais de trouver des solutions afin de palier à une certaine angoisse lié à ce fameux évènement qui s'est pourtant déroulé il y a plusieurs années maintenant. Tu as donc adopté le dessin thérapeutique, et cela semblait plutôt bien fonctionner sur toi. Loin de toi l'envie de te proclamer être le plus à l'aise dans cet art, à force d'en faire et d'en refaire, tu commençais à avoir une certaine technique. Assis à même le sol dans un coin de la cours, tu dégaines un petit carnet à dessin ainsi qu'un crayon et commences à griffonner le papier. Totalement pris par cette activité, tu ne remarques même pas l'arrivée de cette personne semblant trouver un certain attrait à ce que tu fais. « C'est très beau. » Ce n'est que lorsque cet inconnu s'approche au plus près de toi que tu captes enfin sa présence. « Votre travail, je veux dire. À la fois délicat et fort en émotions. On voit bien que ce n'est pas juste un croquis banal pour passer le temps, n'est-ce pas ? » Tu as besoin de quelques secondes pour réussir à décrocher un semblant de son.
« Euh ... hhmm. »
Il te semble foutrement jeune, est-ce que c'est un étudiant lui aussi ? Tu ne l'as jamais croisé jusque là, mais pourtant il semble s'y connaitre un minimum sur le sujet. « Je me rends compte que mon intervention est assez intrusive, je suis désolé, ce n'était pas mon intention. J'enseigne la peinture depuis peu et j'aime dénicher de nouveaux talents. Et vous en avez, c'est indéniable. » Alors là, tu ne t'attendais pas à ce qu'il soit un professeur, tu as vraiment l'impression qu'il doit avoir à peu près ton âge. Après, tu te dois de te souvenir que tu as du retard dans tes études ... Il vient de complimenter ton travail et le remercier pour cela semble être une chose des plus appropriées.
« Oh, non, vous ne me dérangez pas, j'étais juste ... dans les nuages. Je vous remercie beaucoup, pourtant je suis plus que débutant dans le domaine, cela ne fait que quelques mois que j'ai commencé le dessin thérapeutiques. »
Car oui, il avait bien deviné que ce n'était un dessin pour le plaisir. Peut être, s'y connait-il bien sur le sujet et qu'il pourrait t'apporter quelques conseils ?
20/07/21 || outfit Hiro était encore trop jeune pour se qualifier vraiment de professionnel en terme d'art, ayant lui-même encore beaucoup à apprendre. Il était professeur, mais il était aussi l'assistant d'une mangaka, et ses tableaux et dessins prenaient le plus souvent la poussière dans son appartement plutôt que dans une galerie d'art. Pourtant, il avait l'oeil pour percevoir le talent chez les autres, que ça soient ses étudiants ou des inconnus dans la rue. Ici, c'était un étudiant d'une autre filière que la sienne qui avait attiré son regard aiguisé, et il n'avait pas pu s'empêcher de le lui dire.
À sa première intervention, le jeune homme ne répondit que par des onomatopées vagues, confirmant toutefois que ce n'était pas simplement un passe-temps. Réalisant qu'il était probablement intrusif, Hiro s'excusa en se présentant, justifiant son intervention par sa profession et sa curiosité. Il fallait dire aussi que ces dessins n'étaient pas anodins, plus significatifs que des fleurs et des soleils dans le coin d'un cahier de cours.
Hiro s'apprêtait à s'éloigner, s'imaginant que l'étudiant voudrait retrouver le calme et la solitude pour continuer à dessiner, mais celui-ci le surprit en disant qu'il ne le dérangeait pas. Il avoua aussi être débutant dans le dessin thérapeutique, ce qui confirma la théorie du professeur. Hochant la tête, il s'accroupit près de lui pour mieux regarder.
Un talent naturel, donc. Beaucoup de mes étudiants seraient jaloux.
Un léger rire lui échappa en pensant à ces jeunes qui avaient besoin de plusieurs heures de cours pour maîtriser des nouvelles techniques ou qui ne cessaient de retravailler leurs peintures pour des rendus satisfaisants.
C'est du dessin thérapeutique alors ? J'ai utilisé cette technique il y a plus de dix ans maintenant. J'espère que ça vous aidera autant que ça m'a aidé.
Se tournant vers lui, Hiro lui adressa un sourire sincère et encourageant. Après son enlèvement et l'annonce de sa "maladie", il s'était beaucoup plongé dans le dessin pour exprimer ce qu'il ressentait et se défouler, s'en servant comme un exutoire passif. Certains allaient taper dans un punching-ball ou brisaient des bocaux contre des murs ; lui il dessinait. Et cet étudiant semblait avoir choisi la même thérapie, quel qu'ait été son traumatisme.
Vous avez d'autres dessins avec vous ? Vous permettriez que je jette un oeil ? Mes étudiants laissent rarement libre cours à leurs émotions quand ils peignent, il y a toujours le "est-ce que le prof va aimer" qui les pousse à arrondir les angles et adoucir les traits, c'est dommage. Vous ne semblez pas vous poser ces contraintes, ce qui rend votre travail encore plus saisissant, je trouve.
La demande de Hiro était osée, il s'en rendait bien compte, mais il ne pouvait s'empêcher de laisser sa curiosité s'exprimer. Bien sûr, si l'étudiant refusait de le laisser entrevoir cette partie de son univers, il comprendrait bien et n'insisterait pas. Lui-même, à l'époque suivant son enlèvement, il n'avait pas montré ses dessins à ses proches et avait même attendu plusieurs mois pour les montrer à son professeur d'art au lycée. Mais il était ado à l'époque, et le traumatisme était trop récent pour qu'il puisse y faire face. La situation de l'étudiant était peut-être totalement différente...