Q : Tu es en quelle année et tu étudies quoi à Chûô ?R : Je suis en 2ème année de Master en Littérature, je me prépare à devenir professeur moi-même. Ca m'a pris d'un coup, pendant mon année sabbatique. Je ne sais pas si cela me conviendra mais au cas où ma carrière d'auteur s'arrête brutalement, j'aurai une sécurité.
Q : Et à côté des études, tu as un baito ?R : Je travaille à temps partiel à la poste de Seiseki, à Sekido. Je suis facteur, et je déambule la ville à vélo ou à scooter pour distribuer le courrier. Je préfère le vélo car même si j'ai mon permis, j'ai assez peur des véhicules à moteur que je trouve incontrôlables et je préfère les mobilités douces comme le vélo. J'utilise essentiellement le scooter les jours de pluie.
Et ce que personne ne sait, c'est que je suis un auteur publié à succès depuis mes 18 ans. J'écris essentiellement de la fantasy et de la SF, sous un pseudo et personne ne sait qui je suis, j'aime ce côté mystérieux.
Q : Quel est l’endroit où on risque le plus souvent de te trouver sur le campus ?R : Chûô regorge de coins qui me rappellent une forêt, je traîne souvent là-bas, sous les arbres. Je n'aime pas la foule alors je me mêle rarement aux étudiants. Mais vous me trouverez aussi souvent en train de manger à Hill Top, car j'ai toujours faim !
Q : A Chûô, est-ce que tu participes à des clubs ou des cercles ?R : Histoire d'ajouter encore plus à mon emploi du temps de ministre, je squatte le club de volley depuis la rentrée d'avril. Jusque là j'errais de cercle en cercle mais je me faisais tout le temps recaler parce que j'oubliais de venir aux meetings, trop tête en l'air. C'est Jun qui m'a tanné pour que j'intègre le club de Volley, il s'est mis en tête d'aider la gérante à recruter depuis avril et à force qu'il insiste, je me suis dit que pourquoi pas. Mais je manque d'assiduité et un jour je vais vraiment me faire engueuler, surtout que je n'ai aucune envie de participer aux compétitions alors je vais sagement rester sur le banc des remplaçants. Je l'ai vraiment fait pour faire plaisir à Jun qui a l'air impliqué.
Q : Tu vis à la résidence Seiseki ou par tes propres moyens ? R : Ca fait belle lurette que j'ai épuisé mes droits de résidence là-bas ! J'ai passé trois années bien cool, et je me demande encore pourquoi Hanae n'y a jamais vécu. Parfois l'ambiance de là-bas me manque et il m'arrive d'aller y squatter, le manager m'aime bien je crois. Mais sinon je vis dans un petit studio à Ichinomiya, comme ça j'ai la rivière pas loin.
Q : Tu te décrirais comment en quelques mots ? R : Hideki, c’est le rayon de soleil dont tout le monde a besoin dans sa vie. Toujours de bonne humeur et un sourire contagieux, son caractère ultra enjoué dans quasiment toutes les circonstances contraste fortement avec le reste de sa fratrie. Hanae a en effet un caractère bien trempé, et Jun, derrière ses airs calmes, a un côté sombre dissimulé. Le frère du milieu est donc la balance entre les deux, l’équilibre qui permet à cette fratrie d’être aussi soudée. Médiateur dans les moments difficiles, il réconcilie les âmes et attire la joie autour de lui comme un aimant.
Bien sûr, il ne peut pas être toujours à fond, et il a comme tout le monde ses moments de faiblesse, qu’il garde enfouis au fond de son cœur et cache derrière un grand sourire rassurant. Il ne cherche pas la compassion ou la pitié des gens, et il veut garder son rôle de producteur de sourire. Il donnera tant à son entourage qu’il oubliera ses propres besoins et envies. Rendre les gens heureux est son moteur du quotidien, mais à ce moment-là, qui le rend heureux ? Il ne s’en préoccupe pas pour le moment. Du haut de ses 25 ans, il est pour le moment relativement satisfait de son parcours.
Doté d’une imagination débordante, il écrit des histoires fictives depuis son plus jeune âge, dans le plus grand des secrets. Personne ne sait qu’il écrit, et encore moins qu’il est publié. C’est la chose la plus précieuse qu’il ait.
Un brin hyperactif, Hideki doit constamment rester occupé pour ne pas dépérir. Il éprouve un besoin constant d’être partout en même temps, de ne jamais ralentir la cadence. Au fond, il a peur que s’il se laisse aller à ses émotions et ses pensées profondes, il craque et envoie tout valser. La pression, il la dissimule derrière ses sourires et son bon cœur. Pourtant il subit la pression familiale, moins que sa sœur évidemment, mais suffisamment pour avoir envie de tout plaquer par moments. Mais contrairement à son cadet, il ne cherche pas l’excellence ou la reconnaissance : il cherche juste à être satisfait de chaque journée qu’il est amené à vivre.
Hideki est quelqu’un de bruyant, on sait quand il est dans les parages. Son rire est fort et contagieux, il s’exclame souvent pour s’exprimer. Un brin tactile, il donne beaucoup de gestes affectueux à ses proches, que ce soit pour ébouriffer les cheveux d’un ami ou lui sauter dessus par surprise. Hideki est quelqu’un d’entier qui ne fait pas dans la demi-mesure. Il est bon vivant, l’ami de tout de le monde, celui qui lutte contre les inégalités et le racisme comme il peut. Il mène plusieurs combats de front, et de ce fait il est toujours à droite et à gauche, lui laissant peu de temps libre pour s’éclater comme les jeunes de son âge.
Son plus grand plaisir en revanche est de s’isoler de la foule ambiante et se perdre dans la nature. Pour cela, il est ravi de vivre à Seiseki où se sont également établis sa sœur et son frère, car c’est une ville à taille humaine où la nature prend une grande place. Il y étouffe moins qu’à Tôkyô. Lorsque l’inspiration pour ses histoires ne vient pas, il se réfugie au Mont Takao ou près de la rivière et se laisse imprégner de la magie de la nature pour débloquer ses idées. Peu de gens savent qu’il s’isole beaucoup par là-bas, en dehors de Hanae et Jun sans doute.
Q : Et finalement, dis-nous en un peu plus sur ton parcours jusqu’à aujourd’hui.R : Hideki est le deuxième d’une fratrie de trois enfants, nés d’un père Japonais et d’une mère métisse Coréano-Japonaise. Hideki n’a jamais éprouvé une quelconque curiosité envers son patrimoine coréen, n’en ayant jamais éprouvé le besoin. Quant à leur mère, peut-être avait-elle totalement renoncé à cette partie de sa génétique puisqu’elle ne leur a jamais appris le Coréen.
Depuis petit, Hideki a toujours été le joyeux luron de la fratrie. Energique, hyperactif, il avait constamment besoin de se dépenser dans tous les sens et pouvait parfois épuiser sa famille car il était clairement increvable. Il ne s’est pas spécialement assagi en grandissant, éprouvant toujours ce besoin vital d’être actif partout.
La famille Yamada est une famille plutôt classique, avec un père qui travaille pour nourrir les bouches de la famille, et une mère femme au foyer qui s’est occupée de l’éducation et l’éveil de ses enfants. Visiblement, elle a mis une forte pression sur les épaules de Hanae, l’aînée, chose qu’Hideki n’a compris qu’en grandissant. En effet, la première devant montrer l’exemple, sa vie était carrée et rythmée selon les aspirations maternelles. Hideki et Jun eurent plus de chance à ce niveau-là, ayant davantage de libertés. S’il avait su que c’était au détriment du bien-être de sa grande sœur adorée avec qui il est assez fusionnel, le jeune homme se serait montré moins frivole.
En grandissant, Hideki a développé une imagination très forte, se plongeant dans des bouquins de fantasy qu’il dévorait en à peine quelques heures. Ses piles de lecture grandissaient aussi vite qu’elles s’amenuisaient, et pendant que beaucoup de gosses piaillaient dehors, lui avait le nez dans ses histoires fantastiques qui le faisaient rêver. C’étaient d’ailleurs les seuls moments de répit pour la famille où Hideki était particulièrement calme et silencieux. Ainsi, sa mère ne l’a jamais freiné dans ses désirs ardents de lecture.
Cette passion pour les univers fictifs conduisit le jeune Yamada à s’intéresser à l’écriture lui-même. Il était parfois frustré des choix rédactionnels des auteurs et décidait d’écrire des fins alternatives, ou des sortes de spin-off. Et petit à petit, il se détacha des univers existants et commença à se plonger dans le sien. Sa chambre regorge de notes, de carnets raturés avec des idées toutes plus alambiquées les unes que les autres. Mais il les cachait soigneusement et personne n’est jamais tombé dessus, personne ne sut ce qu’il fabriquait des heures durant dans sa chambre. C’était sans doute le seul et unique secret que le jeune homme cachait à sa sœur, avec qui il partageait absolument tout le reste. Hideki était comme son cadet, un créatif. Mais l’inspiration n’était pas la même, ni le support d’expression.
A l’école, Hideki était le typique garçon de drama qui était populaire par sa gentillesse et sa bonne humeur. Rendre les gens heureux était son moteur de vie, et il était toujours le farceur qui dynamisait la classe, faisait le pitre et amusait la galerie pour scotcher des sourires sur le visage des élèves. Même s’il était turbulent, les professeurs l’appréciaient aussi car il démontrait toujours une vive curiosité pour le contenu des cours. Il s’intéressait particulièrement aux cours d’histoire et de biologie, car il alimentait ses histoires grâces aux connaissances acquises. C’était purement par intérêt personnel.
Au lycée, il continua sur la même lancée. Il s’épanouit un temps dans le club de musique avec un petit penchant pour la guitare qu’il avait en commun avec son petit frère. Mais Hideki ne tenant pas en place, il changeait de lubie tous les trois matins et ne restait jamais longtemps dans les mêmes activités. Les moments où il s’investissait le plus étaient les Bunkasai, ces festivals scolaires qui mettent une bonne ambiance à l’école pendant quelques jours.
Il reçut son diplôme à 18 ans et intégra Chûô comme son aînée. Fusionnels comme ils l’étaient, il était hors de question qu’il se retrouve ailleurs. Il avait donc bossé d’arrache-pied pour intégrer l’établissement. En parallèle, il avait participé en cachette à un concours de jeunes auteurs, et à sa grande surprise, son texte l’avait emporté. La récompense étant la publication de son ouvrage, on lui demanda donc de terminer et peaufiner son histoire et ce fut le lancement de sa carrière de jeune auteur. Sa seule condition fut de rester anonyme pour pouvoir continuer de faire ses études sans encombre. Il adopta donc un pseudo et il fut convenu qu’il n’apparaîtrait jamais publiquement pour le moment. Hideki aimait bien la part de mystère que cela suscitait et aujourd’hui encore, il prend un malin plaisir à éplucher les réseaux sociaux pour lire les théories des fans concernant son identité.
Par défaut, le jeune homme s’était inscrit en lettres, pour améliorer son niveau de langue, encore un peu brouillon. Il suivit donc des cours de littérature moderne, japonaise et occidentale, pris des cours sur la mythologie en option pour nourrir ses créatures et personnages, et se donna à fond dans ses études qui durèrent 4 ans. Diplômé à 22 ans, et ayant depuis publié trois romans (une trilogie), il se retrouva à ne pas savoir quoi faire. Il décida de prendre une année sabbatique pour réfléchir à ses projets, année pendant laquelle il passa son temps à écrire.
Hideki réalisa que même s’il était un auteur populaire et apprécié, il n’était pas sûr qu’il puisse éternellement gagner sa vie avec cela. Surtout qu’il fallait tout de même rembourser le crédit pour les frais de scolarité de Chûô, qui en tant qu’université privée, était relativement chère. Il trouva un job à temps partiel de facteur à la poste de Seiseki, et à l’issue de son année à vide, il décida de reprendre des études. Lui qui ne pensait absolument pas aller jusqu’au master parce que les études l’ennuyaient de plus en plus, il fut pris d’intérêt par celui qui formait à devenir professeur. Hideki avait toujours été pédagogue, curieux et passionné. Transmettre des savoirs à des jeunes pouvait être une voie intéressante pour lui. Il s’imaginait déjà enseigner la littérature moderne à travers des romans de SF et de fantasy, avec sa façon atypique de voir les choses, afin de redonner aux jeunes le goût de la lecture, car il avait remarqué que cela se perdait. Il est donc actuellement en deuxième et dernière année de master de langues pour se préparer à être enseignant.
Hanae a stoppé ses études et va mal, il consacre son temps libre à prendre soin d’elle en plus de préparer ses nouveaux romans, la maison d’éditions lui mettant une certaine pression sur les épaules. Il poursuit son baito de facteur, lui permettant d’aller à la rencontre des gens et de s’inspirer de leurs personnalités pour ses personnages. Il étudie de manière tranquille sans fournir trop d’efforts et a même rejoint le club de volley pour soutenir son cadet. Comme d’habitude, Hideki ne s’arrête jamais, et il faudrait peut-être que quelqu’un le convainque de ralentir avant qu’il n’explose.