C'est dimanche. T'as voulu prendre l'air. Visiter un peu cette ville que tu ne connais pas encore très bien. Tu y es déjà venu oui, mais tu n'y avais pas vécu, avant. Alors tu choisi d'explorer un quartier que tu ne connais pas encore. Merci le GPS. Alors que tu déambule tranquillement dans les petites rues, tu observe le paysage, c'est plutôt mignon et relativement calme on peut le dire. Tu ne sais pas trop combien de temps tu passe à passer d'une rue à une autre, à te promener sans but précis. Comme si tu te perdais dans tes pensées à chaque pas.
Après un moment, quelques heures on peut le dire tu finis par sortir de tes pensées. Tenter de regarder l'heure mais intelligent comme tu es tu n'as pas chargé ton téléphone et il n'a plus de batterie. Et là tu te retrouve sur une petite place. Tu ne sais même pas comment tu es arrivé, quel chemin tu as emprunter. C'est malin. Tu vas rigoler pour rentrer chez toi. Il n'y a plus qu'à cherche un endroit où recharger ton téléphone, mais ça aussi, bon courage Nao.
Tu ne vois personne à l'horizon, vraiment très calme ce quartier, un peu trop peut être. Tu fini par apercevoir une silhouette un peu plus loin. Ah. Tu avance alors un peu plus vite en essayant de l'interpeler. excusez moi ? ne vas pas trop vite, on va te prendre pour un fou Nao. Surtout si c'est une fille, elle risque de te fuir plus qu'autre chose.
Ca ne faisait que quelques jours que j’étais revenue au Japon, et déjà tout s’enchaînait comme jamais. J’étais rentrée plus tôt que la date du début de mon contrat de model histoire de me poser, me remettre du décalage, revoir mes proches et reprendre mes repères tranquillement. J’avais revu Aek, un ancien pote de soirée que j’avais connu en France, au Alicia Café. Il se trouve qu’il bossait là-bas. Je n’y allais pas souvent, et j’étais tombée sur lui la seule fois où je m’y pointais. La vie, parfois. Il fallait aussi absolument que je revoie Yûna, elle avait sûrement des tas de trucs à me dire. La dernière fois que je l’avais vue, elle m’avait annoncé qu’elle se lançait dans un projet fou avec son frère. C’était incroyable qu’ils aient réussi à renouer ces deux-là, ils revenaient de loin. J’étais heureuse pour eux.
Et aujourd’hui, j’étais de retour à Seiseki car j’avais passé une partie de mon dimanche avec Rei. Dire que j’avais croisé cette nana chez le coiffeur, et qu’on avait sympathisé car le coiffeur, déjà nul, m’avait totalement loupée lorsque celle-ci avait éternué. Drôle d’amitié n’est-ce pas ? depuis, ma tignasse avait fortement eu le temps de repousser, et nous nous étions revues un paquet de fois. J’étais, comme je l’avais promis, allée plusieurs fois à la pâtisserie où elle bossait. On avait fait des sorties ensemble. Cette fille était toute douce. J’avais l’habitude de traîner avec des gens électriques comme Kannon mais parfois, un peu de calme comme avec Yûna ou Rei ne faisait pas de mal.
Alors que je sortais de chez Rei, j’avais les idées plein la tête. On avait parlé … de mecs. Elle m’avait tout raconté sur un certain Nao qui lui avait brisé le cœur. Elle ne m’avait jamais évoqué ce nom avant mais il se trouvait qu’il avait refait subitement surface et avait débarqué à son second baito. Elle m’avait écrit à ce sujet, pensant que j’étais encore en France, mais comme j’étais déjà sur place, je lui avais proposé de passer. Moi, je lui avais parlé de Kannon. Qu’à la base ce n’était pas plus qu’un divertissement, sauf qu’à force de le fréquenter, j’avais fini par sérieusement m’attacher à sa présence. Je ne l’avais d’ailleurs pas encore revu. Comme nous n’avions pas convenu que nous étions plus que des amis avec intérêts, j’étais un peu partie comme ça. On avait bien sûr discuté de mon retour en France, mais je ne lui avais pas demandé de m’accompagner à l’aéroport. Aurais-je voulu ça ? On s’était écrit pendant mon absence, mais c’était différent. Il était différent. Il fallait que je le voie.
J’étais tellement perdue dans mes pensées que je n’avais pas réalisé que le « excusez-moi » qui venait de retentir dans mes oreilles m’était destiné. Je m’étais tout de même instinctivement retournée, pour tomber sur un jeune homme.
« Oui ? Je peux vous aider ? »
Je l’avais regardé distraitement au début, mais je m’attardai davantage sur son visage, et c’est là que ça me frappa : c’était lui, le Nao de Rei. Elle me l’avait montré en photo tout à l’heure ! Mais la vie et ses coïncidences bon sang ! comme la conversation était encore toute récente, j’étais remontée contre lui alors que je ne le connaissais même pas. Mais je ne pouvais décemment pas lui cracher à la figure un « qu’est-ce que tu veux » sauvage. J’attendrais de voir le déroulement de la discussion.
Tu ne t'attendais pas à ce qu'elle te réponde. Mais plutôt à ce qu'elle prenne la fuite, peut être parce que t'as presque couru vers elle pour l'interpeller. Mais chance pour toi elle te demande si elle peut t'aider. Ouf. Tu t'arrête à distance respectable de la jeune femme, tu ne la connais pas, mais ton regard semble te dire qu'elle t'a déjà vu quelque part. Enfin, ne te fais pas de film Nao. Tu esquisse un sourire. désolé de vous déranger .. en fait.. Tu te rends compte que tu vas passer pour un abruti fini là mais bon. C'est comme ça après tout, t'avais qu'à chargé ton téléphone ne pas le vider à l'aller avec le GPS.
Tu passe une main sur ta nuque, un peu gêné. j'étais venu me promener pour découvrir le quartier mais bête comme je suis je n'ai pas repéré le chemin que j'ai emprunte et je me retrouve perdu à présent.. Tu lâche un rire nerveux. Quel ridicule tu fais. et évidemment pour que ce soit marrant jusqu'au bout je n'ai plus de batterie sur mon téléphone. Tu te racle la gorge, tu viens de raconter toute ta vie là au lieu de juste poser la question qui t'intéresse. Enfin .. est ce que vous connaissez un café pas loin où je pourrais recharger ?
Elle va sans doute rire de toi, et ce serait légitime, vu le ridicule de la situation. Et puis tu aurais pu chercher un café mais tu n'as pas vraiment envie de tourner en rond. Toi et ton sens de l'orientation pourri, quand tu n'es pas conditionné ou préparé tu es carrément nul dans ce domaine, on peut le dire. Tu as des trucs au travail pour te repérer ne pas perdre le chemin que tu prends, mais là tu étais en mode détente, tu n'as pas fait attention quoi.
Le fait qu’on m’interpelle dans la rue pour me demander un renseignement ne me dérangeait pas particulièrement, en dehors du fait que c’était le type qui avait fait du mal à mon amie. Mais bon, j’étais une personne un minimum civilisé, et les histoires en Rei et ce dénommé Nao me regardaient pas réellement. J’avais surtout été une oreille attentive pour mon amie. J’étais finalement curieuse de savoir quelle était sa galère.
Franchement, après l’avoir écouté raconter son histoire, mon premier réflexe aurait pu être d’éclater de rire. Mais c’était nul de se moquer de quelqu’un qui ne connaissait pas les lieux. Moi aussi j’avais été nouvelle dans cette ville, et même dans ce pays, et je n’aurais pas aimé qu’on me rie au nez si j’avais demandé mon chemin. J’affichai donc une mine compatissante, essayant d’oublier ma rancœur injustifiée envers ce type, puis me passai une main dans les cheveux. Je réfléchis un instant et finis par dire :
« Près de la gare, il y a un Starbucks. Je sais qu’ils ont toujours des prises un peu partout, vu que plein d’étudiants squattent là-bas toute la journée. »
Mon Japonais était un peu rouillé, j’avais passé trop de temps en France entre septembre et novembre pour m’occuper de toutes ces fichues formalités. Mais bon, ça allait revenir, et j’espérais ne pas avoir fait trop de fautes d’oral.
« Je peux vous accompagner si vous voulez. »
Et puis mine de rien, je commanderais un café en même temps que lui, m’assiérais en prétextant lui tenir compagnie le temps que son téléphone se recharge car je n’avais rien de spécial à faire, et finirais par le cuisiner pour comprendre un peu ses intentions envers Rei.
Tu te sens un peu ridicule là face à cette demoiselle, mais de toute façon tu ne peux que avouer ce qu'il t'arrive et être honnête, quitte à passer pour un fou. Tu es gêné d'avouer que tu n'a spas chargé ton téléphone et que tu n'es pas capable de retrouver ton chemin, ah, un peu embêtant quand on est inspecteur de ne pas avoir le sens de l'orientation. Et pourtant, quand tu travaille c'est autre chose.
Un starbucks, parfait. Tu souris alors soulagé. ah bien ! c'est ça qu'il me faut ! Tu hoches la tête quand elle te propose de t'accompagner. je veux bien .. c'est gentil.. Tu as de la chance, tu marche avec elle pour te rendre au fameux café. merci en tous cas.. de m'accompagner Tu marches sans trop savoir quoi dire en vérité. Les mains dans les poches tu suis simplement la jeune femme. Elle n'est pas d'ici, enfin.. d'origines en tous cas, mais son accent te fait penser qu'elle n'a pas toujours vécu au Japon. Le silence qui plane entre vous te gène un peu. Mais heureusement vous arrivez vite au Starbucks. Tu souris en le voyant et la regarde alors. est ce que .. je peux vous offrir quelque chose, pour vous remercier ? Elle t'a sauvé un peu la mise.