(#) hyeseong (je cherche le soleil au milieu de la nuit) ϟ Mer 23 Oct - 1:17
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je cherche le soleil au milieu de la nuit
— il est tard quand tu rentres aujourd'hui. Tu avais le nez danses bouquins ; c'est rare qu'ils diront tous, mais tu ne les écoutes pas. Tu t'étais promis une chose aujourd'hui : ne plus laisser tomber. Les promesses ne durent jamais vraiment longtemps avec toi, mais ta détermination d'aujourd'hui pourrait peut-être durer jusqu'à demain. Le soir s'est couché, bordé de ses étoiles, il t'accueille à bras ouverts. Tu soupires. Que de temps gâché, que de temps perdu. Tu ne sais même pas pourquoi tu fais tout cela. Quel est le but ? Une feuille qui effleure ton visage, un rire qui s'échappe d'entre tes lèvres. Tu aimes l'automne et ses paysages colorés, tu aimes le changement, le froid qui s'installe, la pluie et le soleil qui dansent sans cesse dans le ciel. Mains dans les poches, tu te dis qu'il serait bien de pouvoir voir les étoiles ce soir. Soudainement, Osaka te manque. Mais tu n'as pas le droit d'y penser, tu ne peux pas y penser. Tu n'as plus rien là-bas, des mauvais souvenirs, des cris et des cris qui raisonnent. Soudainement Osaka te manque, que fais-tu réellement ici ?
Il y a des soirs comme ça où tu te poses trop de questions. Il y a des soirs comme ça, tu devrais arrêter de réfléchir. Faire une pause. Il n'y a qu'une solution à tes problèmes. Un rire, te voilà qui chantonne alors que tu troques ton accoutrement de tous les jours pour quelques vêtements de la nuit ; jogging trop grand et sweat délavé à qui on ne donne pas d'âge. Tu ne te souviens pas vraiment non plus d'où il vient. Ton regard qui balaye la chambre et te voilà à la recherche des paquets de sucrerie que tu avais acheté pour halloween -tant pis, tu feras les courses une prochaine fois. Ce n'est pas comme si des enfants allaient toquer chez toi. Des livres dans ton autre main, parce que tu ne viens pas pour rien, parce que tu ne viens pas que pour rire, parce que tu avais promis d'être sérieux aujourd'hui et voilà que tu quittes ta chambre.
Trois coups sur la porte de ton voisin. Un sourire qui ferait fuir le soleil. Et quand elle s'ouvre, ton bras qui se tend, paquet de bonbons crissant, surprise.
« Trick or Treat ? » exclamation, rire, tu déranges probablement les voisins mais tu t'en fiches un petit peu. L'air taquin, l'air enfantin, ce n'est pas encore halloween mais c'était tout comme finalement. « J'ai passé ma soirée à travailler, voix qui se plaint, moue qui supplie, pyjama party ? » Un nouveau rire se fait entendre comme une berceuse qui se répète, tu ne t'arrêtes jamais. Ta fatigue est comme envolée ; soudainement, te voilà tout excité.
Assis sur le rebord de sa fenêtre, Seongie avait regardé le soleil se coucher, nostalgique. Les couleurs du ciel encadraient les arbres et bâtiments qui s'étalaient sous ses yeux, les parant d'une aura aussi douce que chaleureuse, écho de son état d'esprit. Il avait passé la matinée avec sa mère, comme tous les samedis, et son coeur apaisé avait battu à un rythme régulier le reste de la journée.
Quand le soleil avait rejoint l'horizon et que le ciel fut paré de son vêtement nocturne, l'étudiant avait levé les yeux. Il voulait voir les étoiles ou, au pire, l'astre lunaire. Peut-être une comète, pour lui que sa mère avait appelé en référence à ces astres filant dans la nuit, éclairant l'infini sur leur passage. Mais des nuages lui bloquaient la vue et il baissa les yeux. Une silhouette passa sous un lampadaire, jeune étudiant que Seongie, trop loin, n'identifia pas. Un fantôme dans la nuit, une âme errant. Ce pouvait être n'importe qui, un ami comme un simple passant. Il passa dans la lumière et s'évanouit dans l'obscurité, effleura l'esprit de l'étudiant et disparu dans l'immensité des souvenirs.
Il resta immobile encore quelques minutes, vêtu de la combinaison renard qui lui servait de pyjama. Il était ridicule, il le savait, mais c'était confortable et elle était adorable, cette combi. Un cadeau de sa mère, un souvenir précieux. Trop petite, elle découvrait ses chevilles qu'il masquait sous des chaussettes hautes et épaisses. Usée, son rembourrage n'était plus qu'une fine toile qui n'isolait plus grand chose. Il était obligé de porter un t-shirt en dessous, mais ce n'était pas grave. Pour rien au monde il ne quitterait cette combinaison.
Ce ne fut que quand on frappa à sa porte que Seongie descendit de son perchoir, se demandant qui venait aussi tard et espérant voir un visage en particulier de l'autre côté. Son voisin était un couche-tard, un pas-couche-du-tout parfois, et il venait souvent dans sa chambre pour des soirées pyjama improvisées. Il aimait ça, l'étudiant, lui qui se sentait parfois seul loin de sa famille. Il avait besoin d'un peu de compagnie, d'un sourire et de rires qui lui changeaient les idées. Alors il ouvrit la porte, et le visage de son ami s'offrit à lui, malicieux et rayonnant. Trick ou treat ? Le choix était vite fait !
Les bonbons, évidemment ! T'as pris mes préférés en plus.
Tendant les mains pour attraper le paquet, Seongie les serra contre lui en riant. Puis Sakiko lui proposa une pyjama party et il s'écarta pour le laisser entrer. Comme toujours, sa chambre était plutôt bien rangée, ses cours étalés sur son bureau, son lit défait, mais tout étant à sa place et propre.
T'es en retard ! Je suis déjà en tenue, t'as vu ?
Écartant les bras pour montrer à son ami cette tenue qu'il connaissait par coeur, Seongie ferma la porte et se laissa tomber sur sa chaise de bureau, laissant son lit à Sakiko. s'installant en tailleur, il croisa les mains sur ses chevilles pour les maintenir en place, affichant un sourire enfantin. Il remarqua enfin les livres que son voisin avait apportés et les désigna du menton.
T'es d'humeur studieuse ce soir ?
D'une main, l'autre maintenant ses pieds, Seongie referma deux livres de droit restés ouverts sur son bureau et les écarta pour appuyer son coude dessus, tenant sa tête dans sa paume. Il adorait ces soirées avec Sakiko, toujours uniques et pourtant si semblables. Ils parlaient de tout et de rien, travaillaient, échangeaient des ragots ou simplement écoutaient le silence ensemble. Ils avaient pas toujours besoin de parler, le seul fait d'être tous les deux leur suffisant pour être apaisés.
(#) Re: hyeseong (je cherche le soleil au milieu de la nuit) ϟ Ven 25 Oct - 16:06
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je cherche le soleil au milieu de la nuit
— Il te dit que tu es en retard et cela te fait rire ; ce sont des mots loin de l'inconnus, qui raisonnent comme une chanson douce dans ton esprit. Tu es en retard, comme toujours, comme partout - tu essayes pourtant mais la ponctualité te fait défaut, elle te fuit peut-être et tu n'as jamais cherché à la rattraper. Tu es en retard, qu'il te dit, et toi, tu ris, parce qu'il t'attendait sûrement, parce qu'il savait que tu allais arriver et ton coeur se réchauffe -au revoir froid de l'hiver, tu n'en as que faire. Il y a quelqu'un ici qui t'attend, un sourire qui t'accueille, quelqu'un qui pense à toi, peu importe les raisons. Tu n'es pas un homme difficile, Sakiko.
« Resplendissant ! » que tu t'exclames en te mettant à rire de nouveau et tes doigts viennent former un rectangle devant ton oeil, appareil photo fictif, tu fais semblant de prendre quelques clichés du plus jeune, « un vrai top model », tu le taquines, tu l'embêtes et quand ça t'arrange, tu proclames avoir le droit car tu es le plus vieux -mais vous savez très bien, toi comme lui, que vous n'en avez rien à faire de vos âges. Ce n'est qu'un peu plus de temps perdu, selon toi.
Tu fais comme chez toi, tu déposes tes affaires ici et là, tu te laisses tomber sur le lit, les yeux rivés au plafond, tu soupires, et voilà la question qui te fait soupirer un peu plus fort, tu te dégonfles Sakiko.
« Non... » quand est-ce que tu es d'humeur studieuse, de toute manière ?, « mais je crois que je suis super en retard sur tout... ». Tu n'es pas du genre paniqué, les études, tu t'en fiches un peu. Tu te couches sur ton flanc, les pieds dodelinant hors du lit, tu soupires un nouvelle fois. « Je reviens de la bibliothèque où je révisais, tu chouines un peu, tu fais la moue, t'aimes pas trop réviser, toi, il le sait, et j'crois que j'suis un peu... bref, tu vois, pour les examens de janvier... », ça ne t'avait jamais inquiété auparavant, mais peut-être prenais-tu conscience de ton âge, peut-être prenais-tu conscience de l'importance du temps qui passe. Tic, toc. Tu n'as plus le temps d'être un enfant, Sakiko, et tu commences à le comprendre. « P'pa m'a appelé pour me demander comment ça allait et j'crois que ça m'a un peu secoué. » aveu honteux, tu te sens comme un adolescent, pris au piège, tu ne sais que faire. Et voilà que maintenant tu t'assois sur le lit, tu ne sais pas tenir en place, tu te mets en tailleurs -vulgaire réflexion de celui qui te fait face, tu le regardes et tu secoues la tête, « hyeseong... pourquoi est-ce que j'ai décidé d'étudier le chinois, hein... Pourquoiiii ? » dramatique renversement sur le lit, tu fais le mort pendant une demie seconde avant de te mettre à rire aux éclats. Et tes rires sont comme des morceaux d'étoile dans la nuit.
Seongie avait rit quand Sakiko avait commenté sa tenue, faisant mine de le prendre en photo entre ses doigts. Il avait pris la pose la plus ridicule qu'il connaissait et riait, appréçiant cet humour simple, facile, léger. Pas besoin de se casser la tête, de faire attention à ce qu'ils disaient ou faisaient. Ils se comprenaient et savaient que l'autre ne jugerait jamais. Les bases d'une bonne amitié.
Ils s'installèrent ensuite, Seongie à son bureau, Sakiko sur le lit. Le plus jeune remarqua les livres et posa la question à son ami, étonné de le voir si studieux. Il savait qu'il n'était pas l'élève le plus assidu, son exact opposé concernant leurs études. Seongie passait ses journées à bosser, Sakiko à rêver. Il ne savait pas ce qui était le mieux, se tuer à la tâche ou l'ignorer jusqu'à la dernière limite. Lui avait un but à atteindre, un diplôme à obtenir pour une mère à sauver. Il n'avait pas le choix. Parfois, il enviait son ami qui pouvait se dire que ce n'était pas important, il voulait s'allonger avec lui et juste fixer le plafond. Mais il pouvait pas.
La réponse de Sakiko fit sourire Seongie. Il avait pris ses livres pour avoir bonne conscience. Il était en retard partout, un peu dans le caca pour les examens. Le changement de mood dans la chambre fut radical. Un instant ils riaient et celui d'après Sakiko était allongé en position foetale et se lamentait. Son père lui avait téléphoné pour prendre de ses nouvelles, visiblement.
Tu sais si t'as besoin d'aide pour réviser je suis là hein. Bon je connais rien à tes études mais je peux essayer.
Lui étant en droit et son ami en littérature, ils n'avaient aucun cours en commun, pas même ceux de langues, beaucoup plus poussés pour Sakiko qui, en plus, était deux ans au-dessus de lui. Mais s'il pouvait lui faire réciter du vocabulaire ou même simplement le soutenir moralement.
Puis Sakiko lui demanda pourquoi il avait choisi le chinois, et Seongie fit la grimace. S'il avait choisit le coréen, il aurait pu l'aider, le parlant aussi bien que le japonais, mais le chinois était pour lui semblable au... chinois. Il n'en connaissait pas un mot, à part ceux que Sakiko lui apprenait parfois quand ils étudiaient ensemble. Bonjour, au revoir, merci. Les bases. Rien de très intellectuel, rien de très complexe. Le rire de Sakiko brisa la morosité de la scène et Seongie se joignit à lui.
Tu peux encore changer tu sais ? Si tu viens en droit, je te file tous mes cours ! Et je pourrai enfin me vanter de te devancer dans quelque chose.
Il lui fit un immense sourire, lui qui était plus jeune, plus petit, moins avancé dans les études et dans la vie. Il ne s'en plaignait pas, disait souvent à son ami qu'il était vieux et croulant, juste pour se venger des réflexions sur son manque d'expérience sur la vie. Ils se taquinaient, se lançaient des piques comme des balles de ping pong. Rien de méchant, rien de vexant, juste de l'humour complice et de l'affection démontrée par les taquineries.
Seongie finit par ouvrir le paquet de bonbons et le tendit vers son ami pour qu'il se serve. Ca le consolerait sûrement. Il en prit un à son tour et le glissa dans sa bouche, appréçiant le parfum fraise de ses friandises préférées.
Hum... Trop bon, j'adore. Faudrait qu'Halloween arrive plus souvent, une fois par an c'est trop peu. On devrait le fêter tous les mois, ça serait beaucoup mieux !
Il pensa d'ailleurs qu'il faudrait qu'il achète des bonbons pour sa mère, il les lui apporterait la semaine d'Halloween. Elle serait contente, elle qui aimait autant le sucre que lui, peut-être même un peu plus. Oui, ça lui ferait une bonne surprise, à elle qui ne pouvait plus profiter des plaisirs de la vie...