Se retrouver face à cette jeune femme ne lui déplaisait pas. Il savait reconnaître lorsqu’une personne était jolie. Peut-être était-ce le fait qu’il était seul, loin de Nina qui le rendait observateur de la gente féminine. Il s’assura de ne pas trop la détailler afin de ne pas se vendre, ni pour la rendre complètement mal à l’aise. Il voulait seulement afficher une énergie autoritaire, d’un coup que la jeune demoiselle devant lui soit une étudiante.
Lorsqu’elle lui annonçait qu’elle était la nouvelle professeure de danse de l’Université, Hiro se pinça les lèvres. Merdouille. Il avait complètement foiré. Il s’inclina donc légèrement le buste et la tête par respect.

-Toutes mes excuses. Je n’étais pas au courant qu’ils avaient comblé le poste d’enseignant en danse.

Il se redressa et souria.

- D’habitude, je ne suis pas aussi brute. Vous paraissez d’une étudiante. Milles excuses encore une fois.

Il recula un peu et pointa la table à dîner.

- Je ne sais pas si vous avez déjà manger, mais, si vous le souhaitez, vous pouvez vous joindre à moi. Nous pourrions faire connaissance.

Il ne douta aucunement que la jeune femme soit la nouvelle enseignante. Il se trouvait seulement ridicule et déçu de ne pas avoir été informé de l’arrivée de la demoiselle. Il faut croire que ses patrons avaient oubliés de l’avertir.

- Au fait, je m’appelle Hiro. Tanaka Hiro. Je suis professeur de Littératures étrangères, enchaîna-t-il en lui souriant amicalement.

Aussi bien commencer par les politesses ! Sinon, de quoi aurait-il l’air ? D’un sauvage accusateur ? Non merci. Autant ne pas garder cette réputation trop longtemps.
Il se dirigea vers sa table où il avait laissé son ordinateur portable, jetant un coup d’œil derrière lui pour voir si la jeune femme allait le suivre, acceptant son invitation à manger en sa compagnie.

Oh, elle s’était perdue. Cela explique bien des choses. Oui, bon, il l’avait supposé, c’était évident qu’elle n’avait pas été sûre d’être au bon endroit et lui, il l’avait attaqué d’une accusation, qui s’avérait être fausse.
Après les excuses faites et soulagé que la jeune femme ne l’ait pas mal prit, Hiro l’invita à se joindre à lui pour manger. Il avait à peine touché à son propre repas fait à la cafétéria de l’Université (pas que ce n’était pas bon, il avait seulement été  distrait par son article littéraire).  On ne le voyait pas, puisque son assiette était juste devant son clavier et l’écran empêchait de voir son plat.
Enfin, il reprit sa place initiale à la table où il était assis quelques instants plus tôt et regarda la jeune femme s’asseoir à une place disponible. Il sourit, bien content d’avoir de la compagnie.

Elle se présenta au nom de Ming Mi. C’était un joli prénom.

- Enchanté, Ming Mi. J’espère que l’Université vous plaira en tant qu’endroit. Les étudiants sont adorables, d’autres plus rebelles, mais on les adore quand-même !

Il rigola un peu, subtilement. Il avait bien-sûr  une personne bien spécifique en tête lorsqu’il mentionna “étudiants rebelles”. Mais, il n’en fit pas de cas. Ce garçon, il l’aimait bien. Sauf qu’il ne lui avait jamais fait savoir. Il ne faut pas encourager ce genre de comportement.
La question de la nouvelle enseignante le tira de ses pensées et il sourit. Puis, il jeta un regard au plafond, pensif.

- Cela doit faire bientôt sept ans que je suis officiellement enseignant… Je dirais que je suis Professeur à Chuô depuis trois ans. Je crois que je vais faire carrière ici. J’aime beaucoup l’Université, les gens et c’est quand-même près de chez moi. Beaucoup d’avantages.

Il la regarda avec un sourire et baissa son regard sur son assiette. Ouf, ça semblait s’être refroidie. Un classique pour du poulet et du riz. Mais bon, il avait faim, il n’allait pas gaspiller tout ça ! Il prit une bouchée de son plat et fut surpris que ce soit tiède. Moins écoeurant à engloutir, finalement.

- Alors, c’est la première fois que vous enseignez dans un établissement scolaire ? lui demanda-t-il après qu’il ait avalée sa bouchée de poulet.

Hiro s’intéressa à la jeune femme qu’il avait confondu avec une étudiante quelques instants plus tôt. Il rigola un peu quand elle lui dit qu’il faisait parti des piliers de l’Université. Il hocha la tête et prit une bouchée de son repas. Cela lui fit penser à quel point cela faisait longtemps qu’il vivait dans cet établissement. Pour y avoir étudier la Littérature dans son jeune temps et le voilà maintenant qu’il y enseignait. Beau parcours, quand-même, lorsqu’on s’y attarde un peu.

- Je pourrais même dire que cela fait des lustres que je vis dans cette Université. Les gens sont sympathiques et attachants. Je ne pouvais pas être mieux placé pour un travail sur un long terme.

Long terme, en effet. Il ne pensait certainement pas à quitter Chûô de sitôt et ce, même jusqu’à sa retraite. Il n’y avait rien de plus important que l’amour qu’il portait pour son enseignement et ses étudiants.
Il demanda alors si c’était la première fois qu’elle enseignait et Ming Mi lui avoua qu’elle était professeure de danse avant.

- Oh, c’est un beau parcours. Vous êtes courageuse de venir vous attaquer à un plus gros morceau qu’un studio de danse.

Il ne disait pas cela pour l’effrayer, quand-même. Car, il faut dire que cela n’avait vraiment rien à voir, puisqu’elle devait avoir un plus gros local et certainement plus d’étudiants qui y participaient.

- Qu’est-ce qui vous a donné envie d’enseigner ? Passionnée par la danse, j’imagine ?

Ce qui serait logique. Lui-même avait commencé à enseigner à cause de son amour des livres et des analyses littéraires. Pourquoi ne pourrait-elle pas commencer à enseigner par le biais d’une passion ?

- Cela fait longtemps que vous performez la danse ?