별 꽃 축제 열린 밤

Kimura Hikaru  ϟ  Shah Kalyan

Un sourire factice sur les lèvres, Karu tenait la main de Youta dans la sienne, marchant dans la cour jusqu'à son batiment. Ils venaient de passer le temps de midi ensemble, à se regarder dans le blanc des yeux, incapables de se parler d'autres choses que de banalités pour faire l'illusion. Ils simulaient une relation depuis plus d'un an, et pourtant ils ne se connaissaient pas, ne parlaient de rien de personnel. C'était déjà bien beau que Karu ait retenu son anniversaire pour lui faire une surprise, jouant son rôle à merveilles.

Encore maintenant, ils se parlaient à peine, comblant les silences avec des reproches dits sur un ton mielleux que personne n'entendait. Elle le détestait, était dégoûtée par ce mec violent, ce harceleur, ce menteur. Elle qui n'était déjà pas fan des hommes (merci à papa et au connard qui l'avait fait passer pour une pute pendant des semaines), ce n'était pas avec Youta qu'elle allait de nouveau pouvoir faire confiance à ces créatures diaboliques...

Quand enfin ils arrivèrent devant le B3, Karu lâcha la main de son faux petit ami, se hissa sur la pointe des pieds pour l'embrasser, et s'éloigna en souriant, heureuse d'enfin le quitter. Elle n'en pouvait plus de ces mensonges, de cette relation bidon et toxique. S'il n'y avait pas ces chèques pour remplir son compte en banque, elle l'aurait envoyé chier dès que l'histoire inventée par son ex aurait été effacée de la mémoire générale. Mais elle était trop dépensière, pour des fringues ou pour des pièces de moteur, et elle avait besoin de ce fric. Alors elle souriait, l'embrassait et lui faisait autant de calins que nécessaire.

Poussant la porte du batiment, elle soupira de soulagement quand elle senti le regard de Youta se détacher de son dos. D'une main, elle rajusta la position de son sac à dos rose sur sa salopette en jeans, avançant d'un pas décidé vers la salle où elle aurait prochainement cours. Il y avait déjà quelques étudiants qui patientaient, occupant les sièges prévus à cet effet, alors elle s'assit à même le sol. Écouteurs dans les oreilles, elle décida d'occuper le quart d'heure restant en lisant, sortant de son sac le deuxième tome du Seigneur des Anneaux, version originale - oui oui, en anglais. Jambes croisées, mèches violettes coincées derrière ses oreilles et musique à fond, elle se plongea dans les aventures de Frodo Baggins et de l'Anneau Unique.

Hikaru et Kalyan

Arpentant les couloirs de l’université, la tête haute et l’air hautain; Kalyan ne manque pas d’afficher son sourire à la fois charmeur et si énervant. Il est plutôt séduisant, c’est vrai, mais il en a parfaitement conscience et ne ressent aucune gêne à piéger les femmes, comme le ferait une araignée dans sa toile parfaitement tissée. Bon, lui il ne dévore pas ses victimes, il se contente de passer à autre chose. Ce qui peut parfois blesser celles qui ce sont naïvement attachée à lui. Heureusement pour lui, sa réputation n’est pas encore faite, ici, à Chuo; mais qui sait, ça ne saura peut-être pas tarder. Un clin d’oeil et un sourire bien placé, et voilà qu’il passe une main dans sa chevelure en bataille avant de tourner le coin.

S’il est au Japon depuis seulement quelques mois, il s’y sens déjà totalement à l’aise. Parler la langue du pays est évidemment un avantage non-négligeable. De plus, il n’est pas le seul étudiant passionné par les langues ici, et à donc la chance de pouvoir converser dans plusieurs d’entre elles. C’est une chance d’être aussi aisément polyglotte que lui ! Un don qu’il n’échangerait pour rien au monde.

La mer n’est pas aussi près qu’en Nouvelle-Écosse, sa province d’origine, mais elle est tout de même assez accessible pour qu’il puisse s’y rendre et faire du surf pendant ses congés. D’ailleurs il avait presque immédiatement sauté sur un poste à temps partiel de moniteur de surf. Parce qu’il a besoin d’argent, mais aussi parce que ça lui plait de former les autres, jeunes et moins jeunes.

Arrivant finalement à hauteur de cette salle de classe où il aurai bientôt cours, il grimace en voyant que tous les sièges sont occupés. Laissant échapper un soupir, sa mauvaise humeur aura pourtant vite fait de disparaître. En effet, il vient tout juste de te remarquer, assise là, par terre, vêtue d’une salopette. Si tu es très jolie, c’est le livre que tu tiens entre tes mains, qui retient aussitôt son attention. Le Seigneur des Anneaux...en anglais ! Depuis combien de temps n’a-t-il pas eu la chance de parler sa langue maternelle ? Il ne saurait le dire avec exactitude. Impensable de manquer cette opportunité !

Posant son sac sur le sol, il vient s’asseoir à tes côtés, t’offre son plus beau sourire, avant de te faire un signe, espérant que tu retire tes écouteurs. N’est-il pas bien plus intéressant que cette musique que tu écoute ? Il s’adresse ensuite à toi, dans la langue de Shakespeare, bien évidemment.

«Quel plaisir de voir quelqu’un qui se plonge dans un bouquin anglophone ! Dis donc...me feras-tu le plaisir, en cette charmante après-midi, de converser avec moi dans ma langue maternelle ?»

Il te lance un clin d’oeil complice, espérant que tu acceptes volontiers une discussion avec lui. Qui ne sauterais pas sur l’occasion de pratiquer une langue étrangères avec quelqu’un qui la parle depuis sa plus tendre enfance ? Lui-même, est toujours ravie de tenir une discussion avec quelqu’un qui en maîtrise parfaitement la langue. C’est la meilleure façon de parvenir à perfectionner ses connaissances et à améliorer son accent.

별 꽃 축제 열린 밤

Kimura Hikaru  ϟ  Shah Kalyan

Son pied battant la mesure de sa musique, Karu parcourait les lignes de ses yeux rapides, tournant les pages avec ses doigts bagués. De temps en temps, sa main remontait à son pendentif, le premier écrou que son père lui avait offert, cruel rappel de son abandon. Elle avait apprit à ne plus pleurer en le voyant, à ne ressentir que la certitude qu'elle ne s'attacherait plus jamais à un homme.

Elle n'avait pas lu un chapitre qu'un sac posé près d'elle la fit sursauter, suivit d'un gars de sa classe qui lui sourit et lui fit signe. Soupirant sa tranquillité abandonnée, elle retira un écouteur et posa son regard sur lui, priant pour qu'il lui demande l'heure ou un mouchoir avant de la laisser seule. Un truc rapide, un truc bref. Mais il l'aborda en anglais, lui proposant une conversation dans cette langue qui, d'après ses mots, était celle de sa naissance.

Je finis ma page, attends.

Baissant les yeux vers son livre, elle parcouru les deux derniers paragraphes de sa page puis glissa une vieille carte postale dans le bouquin puis le rangea dans son sac. Elle retira ensuite son deuxième écouteur et coupa sa musique. Enfin, elle se tourna vers son camarade, Shah quelque chose si elle se rappelait bien.

Alors. De quoi tu veux parler ? Les banalités, météo, cours, terrorisme, Trump,..?

Elle lui répondait en anglais, ironique. Son entrée en matière était étrange, avait le mérite d'être originale. Demander une conversation en anglais, on ne lui avait jamais faite ! Karu le regarda, attendant sa réponse, sa réaction. Il était mignon, elle savait que toutes les filles ou presque le trouvaient beau gosse, mais elle s'en fichait pas mal. Elle avait un "mec" qui avait l'avantage de ne rien attendre d'elle, et elle n'avait de sentiments pour personne. C'était pour elle l'idéal, et le jour où elle aimerait quelqu'un n'était pas encore arrivé.