" Mon cher Adonis aux nombreux vices,

Ayant déjà conscience de la chance de mon existence, voici un rappel de mon être le plus exceptionnel :

Affublé d’un visage enchanteur qui ensorcèle les cœurs et d’un corps qui attire plus d’un œil, gonflant son orgueil, il ne peut résulter qu’une déconcertante arrogance doublée d’une pincée d’insolence pour cet homme à la taquinerie immense. Accompagnez-le tout d’un tempérament brûlant qui parfois ressemble à celui d’un enfant combattant et vous obtiendrez un spectacle des plus vivant.

N’ayant guère la langue dans sa poche et munie d’un franc-parler à l’épreuve des balles, il n’a pas peur de faire mal. Provocateur et impétueux, on peut le croire parfois irrespectueux. Pourtant, il n’est qu’un homme loyal et têtu au passé révolu.

Muni de sombres désirs de toujours en vouloir plus, d’une curiosité toujours inassouvie qui met parfois en danger sa vie et d’un besoin de contrôle absolu, son mentor ne peut être déçu.

Arborant ainsi un sourire enjôleur comme un leurre et de paroles mélodieuses, parfois audacieuses ou astucieuses, mais jamais disgracieuses, il devint aussi manipulateur que son frère et ses sœurs.

Mais il ne voit en Adélaïde qu’une sauvage avide et en Antinéa, une chose semblable à un aléa.

Sa beauté est semblable à sa douce et attachante personnalité, dissimulé derrière un masque joliment sculpté.

Merci mon frère, toi qui es toujours si vulgaire.

Jun."


Méthodiquement et soigneusement, il replia la feuille, s’armant d’un sourire à faire fondre les neiges éternelles avant de se lever. Il jeta un regard circulaire à la pièce avant de poser ses mains sur ses hanches et décida de laisser la lettre sur le bureau d’Adonis, quittant nonchalamment le bureau de ce dernier. Il prit ses jambes à son cou lorsqu’il entendit la voix de son frère adoptif, riant à gorge déployée dans sa fuite.

Rencontre inattendue entre l’angoisse, le sang et la peur. Son père, un Américain et sergent major croisa la route de sa mère, coréenne et docteur de l’armée. Il y naquit vraisemblablement l’amour, se résultant par la naissance de Jun. Ainsi donc commença sa vie à la base. Adorable aux yeux de tous, il a été chouchouté par toutes personnes passant à ses côtés, son visage poupin et ses yeux rieurs ensorcelaient même le plus froid des combattants. Malgré tout, l’art de la solitude ne lui échappa guère. Il dut apprendre à vivre et à se débrouiller seul. Il expérimenta nombres de choses, allant même jusqu’à l’interdit. Avec le temps, il apprit à user de ruse et de stratégie avec les membres que composait l’unité de son père afin d’obtenir ce qu’il souhaitait. Devant son impétuosité et sa curiosité, c’était avec plaisir que les hommes de la base lui apprirent tout ce que bon militaire se doit d’apprendre dans sa vie, aidant le corps du jeune homme à devenir ce qu’il est aujourd’hui. Quant à sa mère, elle lui enseigna les premiers gestes de secours, lui apprenant quelques petites choses ici et là devant l’énergie infatigable de son fils et ses nombreuses conneries du quotidien. Sa vie était donc toute tracée, Jun devait faire partie à son tour de ce monde jusqu’à ce terrible drame.

Le sang coula de nouveau, mais cette fois-ci, il s’agissait de celui de ses parents. Laisser seul du jour au lendemain à l’âge de dix-huit ans, il ne supporta pas la pitié dans le regard de ceux qui l’entourait. La colère, la peur et la confusion se mélangeaient en lui comme un poison, il devait s’éloigner un temps, l’espace d’un battement de cœur pour retrouver son calme. Ce même jour où il était devenu orphelin, il croisa la route d’Adonis Ninomea. Une nouvelle vie s’offrit à lui bien plus tôt qu’il ne l’eut cru et sans un regard en arrière, sans jamais un seul regret, il fut adopté par la famille Ninomea. Il déménagea au Japon avec eux, oubliant ses origines pour devenir un Japonais de nom. Détective privé le jour et Eris la nuit, le Panthéon est sa nouvelle vie.