Cachés dans des toilettes désertes, Karu et Youta s'étaient engueulés à l'abri des regards, se criant dessus à demi-voix, s'insultant, se crachant dessus. Elle n'avait pas digéré qu'il lui ait caché avoir un jumeau, s'était sentie humiliée quand, en le rencontrant, elle l'avait pris pour l'autre. Elle lui en voulait à mort, argumentant qu'il aurait été bien con si elle avait embrassé Ryouta dans la cour en le prenant pour lui, qu'elle était censée savoir ce genre d'informations pour jouer son rôle. Mais il ne voulait rien entendre, bouché qu'il était et persuadé de n'avoir rien à se reprocher.
Un peu avant le début des cours, ils étaient sortis en affichant des visages neutres, ne voulant pas que les gens comprennent qu'ils venaient de se disputer. Ils s'étaient tenus la main, s'étaient embrassés quand il a fallu se séparer. Karu avait envie de lui vomir dans la bouche, de lui mordre les lèvres, de lui enfoncer son genou où elle pensait... mais elle avait besoin de son fric, de cette putain de relation. Alors elle jouait son rôle et se dirigea vers sa salle de cours sans afficher sa haine.
En classe, les regards n'étaient pas focalisés sur elle, l'attention portée sur le professeur Hachiko qui donnait son cours de littérature anglaise. Elle pouvait retirer le masque, se laisser aller, tirer la gueule. Assise au fond de la salle, elle n'écoutait qu'à moitié les paroles de son prof qui s'évertuait à se faire comprendre des étudiants qui la regardaient avec les yeux vides d'une vache qui regarde passer les trains. Ils ne savaient pas parler anglais, ne comprenaient pas ce qu'elle disait. Ils étaient cons.
Karu répondait parfois aux questions, par solidarité pour la prof qui semblait désespérée et par ennui, parce qu'elle voulait un peu de mouvement, un peu d'enthousiasme, chose impossible avec les mollusques qui l'entouraient. Il y avaient bien quelques exceptions, comme Kalyan ou Sakito qui parlaient aussi anglais, mais ils n'étaient qu'une minorité dans cette section, et c'était pathétique. Au final, Karu passait plus de temps à gribouiller sur sa feuille plutôt qu'à écouter le cours et prendre des notes, même si elle se sentait désolée pour la prof qu'elle appréciait grandement.
Cette femme l'avait défendue quand, au moment du scandale, les gens la traitaient de pute et de salope. Elle les avait faits taire et, encore aujourd'hui, Karu lui en était reconnaissante. Les rumeurs s'étaient tues et les gens ne voyaient plus en elle que la cheerleader qui sortait avec un joueur de foot, mais elle se souvenait du geste de la professeur Hachiko, qui continuait toujours à veiller sur elle.
À la fin du cours, Karu remballa ses affaires et s'apprêtait à sortir quand elle entendit sa prof lui demander de rester. Prête à s'excuser pour son inattention, elle resta près de sa place jusqu'à ce que le dernier étudiant sorte, non sans s'être retourné pour la dévisager. Pensait-il qu'elle allait se faire engueuler ? L'espérait-il ? Allait-il le dire à tout le monde alors même qu'il ne savait pas de quoi le professeur voulait lui parler ? Soupirant, Karu avança vers la jeune femme, baissant les yeux.
Je suis désolée de ne pas avoir été attentive durant votre cours, je demanderai ses notes à Kalyan pour me rattraper.
(#) Re: conseils et confidences + Aris ϟ Mer 22 Jan - 14:21
conseils et confidences ★ w/ Hikaru (musique) Elle devait l’admettre, pour cette classe, elle y allait toujours un peu à reculons. Elle ne détestait pas spécialement ces élèves là en particulier, mais il était vrai que c’était une de ses classes les plus difficiles. Dissipés la plupart du temps, amorphes le reste du temps et chercheurs de troubles dans les pires journées. Elle se souvient toujours d’une des pires journées de l’année, avec une des ses élèves, une des plus sages de la classe. Qui s’est pourtant malheureusement retrouvée avec une des pires rumeurs que l’on peut avoir accroché à son dos et à son nom. Aris avait du jouer des pieds et des mains pendant plusieurs cours d’affilées pour avoir le silence et le calme dans ces cours ; les élèves bien trop au courant et pittoresque, prenaient à malin plaisir à huer, siffler et insulter sa jeune protégée pendant les cours. Aris, malgré ses airs calmes et lointains, avait fini par mettre les points sur les i, un jour où elle avait remarqué les larmes dans les yeux de la jeune fille, ses mains tremblantes, ses lèvres pincées, et surtout, son visage livide, habituellement plein de couleurs, au sourire de petite gamine. Elle avait fait discours sur discours, remontrances sur remontrances, jusqu’à ce que chacuns des élèves présents se soient présentés tour à tour devant Hikaru, pour s’excuser. Elle avait par ailleurs bien préciser à Hikaru qu’elle était en droit de refuser chacune des demandes de pardon si elle n’était pas prêtes encore à les accepter. Au final, Aris ne fut pas surprise de voir que la jeune fille acceptait les excuses, les unes après les autres, et elle la comprenait : il valait mieux mettre tout ça derrière elle le plus vite possible. Puis, à partir de ce jour-là, Aris mis un point d’honneur à surveiller attentivement sa classe et à accompagner la jeune fille dans les couloirs, maintenant les apparences en lui parlant anglais et littérature, toutes deux sachant très bien qu’elle faisait office de garde du corps. C’était donc avec appréhension qu’elle arrivait dans la classe des 3ème années. Mais elle se retrouva face à l’une de leur formes la plus vue : complètement amorphes, regardant soit le plafond, soit leur notes du précédent cours, sans, surement, en comprendre une seule ligne. Réprimant un petit sourire ainsi qu’un petit sourire - elle se rappelait bien de ses années d’études, où elle pouvait très bien être elle-même un de ces élèves - elle prit un malin plaisir à les faire tous sursauter en lançant presque ses livres sur son bureau. Le cour se déroulait presque tout à fait bien jusqu’à ce qu’elle remarque l’air particulièrement bougon, comme un petit boudin d’enfant. La bouche tirée de chaques côtés dans une moue bien amère. Mademoiselle Kimura faisait tout de même un effort pour participer, l’une des seules à participer d’ailleurs, mais Aris se promit qu’à la fin du cours elle essaierait d’en savoir plus. Je suis désolée de ne pas avoir été attentive durant votre cours, je demanderai ses notes à Kalyan pour me rattraper. Aris secoue la tête et obligea Hikaru à redresser la sienne. Tu as surement été l’une des plus attentives de toute la salle, ce n’est pas pour ça que je t’ai appelé à rester. J’ai bien vu ton petit air bougon, que tu as réussi à tenir pendant les 2h de cours d’ailleurs, je te félicite, c’est un record. Tu sais bien que si tu as besoin, on peut on parler. Aris rangea ses affaires et fit un signe à la jeune fille pour qu’elle la suive jusque dans le couloir, afin de continuer la conversation tout en allant à leurs prochains cours respectifs. Alors, maintenant, raconte moi.
Karu avait pris l'habitude que le professeur Hachiko veille sur elle, qu'elle parle avec elle dans les couloirs pour la protéger des insultes, même si ce n'était plus nécessaire depuis bien longtemps à présent. Au final, ces promenades dans les couloirs étaient plus un moment de discussion entre les deux femmes qu'une nécessité de survie à l'université, un moment de partage en anglais.
Le professeur assura à son étudiante que ce n'était pas pour ça qu'elle la retenait, allant jusqu'à lui dire que, contrairement à ce qu'elle pensait, elle avait été attentive en classe. Il était vrai que, si on la comparait à la majorité, elle avait participé, mais elle sentait qu'elle aurait pu écouter plus, qu'elle n'avait pas été dans le cours. Elle se rattraperait, elle emprunterait ses notes à un camarade et ferait en sorte de ne pas prendre de retard.
Un bref sourire étira les lèvres de Karu à la mention de son tirage de gueule qui n'était pas passé inaperçu. Espérant que les autres n'avaient pas remarqué, qu'ils ne se poseraient pas de questions, elle haussa doucement les épaules, ne considérant pas que sa dispute avec Youta était importante. C'était habituel, c'était courant. Le sujet était cette fois plus sérieux et elle ne pensait pas qu'elle pourrait laisser passer ça rapidement, mais tout de même, elle n'avait pas envie de déranger son professeur avec ses histoires.
Elle la suivit tout de même dans le couloir, marchant à ses côtés. Il n'y avait plus grand monde, quelques retardataires, des étudiants qui attendaient devant une salle de classe, mais personne pour écouter sa conversation. Le professeur insista et Karu soupira. Par où commencer ? Devait-elle tout raconter, tout lui dire ? Elle était déjà au courant pour le faux couple, rare confidente de la jeune fille, mais elle ne lui disait pas tous les problèmes qu'elle avait avec son abruti personnel.
C'est toujours la même chose, une dispute avec Youta. Il me tape tellement sur les nerfs ces derniers temps...
Soupirant à nouveau, elle coinça une mèche de cheveux décolorée derrière son oreille, serrant ses livres contre elle. Elle n'aimait pas se confier, avait l'impression d'afficher ses faiblesses, de baisser les armes et de casser l'image qu'elle voulait montrer aux gens. À part Arisa qui savait pour le faux-couple, ce professeur était la seule à qui Karu parlait, taisant même ce secret à sa mère pour ne pas la décevoir.
Enfin, ce n'est rien de grave, c'est pas ça qui va changer notre deal. Et puis on se déteste déjà, ça peut pas être pire.
Elle sourit pour rassurer la jeune femme, ne voulant pas l'inquiéter avec ses problèmes habituels. Le professeur Hachiko en avait déjà fait assez pour elle, elle ne voulait pas lui rajouter encore des soucis, ne voulait pas qu'elle s'en fasse pour elle, elle qui devait déjà avoir assez avec sa propre vie et son métier trop prenant.
(#) Re: conseils et confidences + Aris ϟ Jeu 23 Jan - 20:22
conseils et confidences ★ w/ Hikaru (musique) Dès la première phrase prononcée par la jeune fille, Aris s'empêcha de lever les yeux au ciel. Hikaru ne lui avait que raconté les grandes lignes de l’histoire, sans jamais aller très profondément. Aris ne l’avait jamais pressée à en dire plus, mais à l’entendre lui répéter la même phrase qu’il y a quelques jours à peine, la professeure se dit qu’il était peut-être temps de lui en demander un peu plus. Mais c’était délicat, elle devait essayer de la faire parler, pour qu’elle puisse l’aider autant qu’elle le pouvait, sans pour autant que la jeune fille se sente harassée et acculée. Malgré tout, en voyant la jeune Hikaru presser ses livres contre elle, le regard baissé, la moue bougonne, mêlée de tristesse et de résignation, revenant en force, et surtout en entendant cette dernière phrase, ô combien défaitiste ; Aris ne put que mettre les pieds dans le plat. ça ne peut pas être pire ? Vraiment ? C’est ça ton idée d’un bon deal ? Aris secoua la tête, inspira un bon coup : s’énerver ne servirait à rien. Elle se ressaisissa, fit un petit sourire contrit à Hikaru en lissant son chemisier. Elle s’était promis de ne pas s’emporter et de ne pas juger les décisions de son élève. Même si...tout de même, quel drôle de deal. tu fais ça pour lui au final. ne peut-il pas être un peu plus aimable envers toi ? je ne comprends pas comment deux personnes qui s’aident mutuellement peuvent en même temps se détester autant et se mettre autant de bâtons dans les roues. Non vraiment elle ne comprenait pas, elle avait beau tourner le problème dans tous les sens, elle ne comprenait même pas comment ils avaient pu arriver à un tel deal, qui, au final, du moins du point de vue de Aris, ne faisait que du mal aux deux partis. C’est avec cette idée en tête qu’Aris posa la question qui lui brulait les lèvres depuis qu’Hikaru lui avait raconté son histoire. tu es sure que tu ne te fais pas plus de mal avec ce deal, que ce que tu pourrais “subir Aris fit des guillemets avec ses doigts pour les accentuer et bien se faire comprendre. si tu n’avais pas ce deal ? Je sais ce que tu as traversé, je l’ai vu. Mais cela s’est tassé maintenant, non ?
Le jugement dans la voix de son professeur fit baisser les yeux de Karu, honteuse. Elle savait bien ce qu'elle en pensait et savait que ce qu'elle faisait n'était pas très classe, mais ça lui convenait. Elle gagnait de l'argent, les gens lui fichaient la paix et les mecs n'essayaient pas de la draguer ou de la violer de peur des représailles de son "petit ami". Il la protégeait, en quelques sortes, sans même le savoir. Et elle, elle servait de couverture à son secret, le gardait bien au chaud et profitait de sa vulnérabilité tout comme il profitait de la sienne.
Karu ne fut pas étonnée que le professeur Hachiko ne comprenne pas leur relation, elle-même parfois se demandait comment ils faisaient pour s'aider alors qu'ils se détestaient et se dégoûtaient mutuellement. Elle haussa les épaules. Que répondre à cela ? Jouant avec une page cornée d'un de ses bouquins pour s'occuper les doigts, elle ouvrit la bouche, cherchant ses mots pour expliquer les choses le plus simplement possible.
Je ne supporte pas son côté violent et je le trouve lâche ; lui me voit comme une profiteuse, ce que je suis totalement, je le sais et je l'assume. On se déteste, mais on a besoin l'un de l'autre et on sait que si un des deux fait une erreur, l'autre a de quoi se venger. Je vois plus ça comme un job que comme une relation, et le salaire est plutôt bon alors...
Haussant les épaules, elle se demanda une seconde qui elle essayait de convaincre. Quelques semaines plus tôt, elle aurait été convaincue de ses paroles, mais le mensonge sur son jumeau avait été le mensonge de trop et elle ne supportait plus de se tenir à côté de lui. Elle lui en voulait terriblement, imaginait les scénarios si jamais elle était tombée sur Ryouta dans l'université sans savoir qu'il existait. C'aurait été humiliant ! Heureusement, elle l'avait rencontré chez lui, mais devoir lui avouer que non, Youta ne l'avait jamais mentionné et que, non, elle n'avait jamais demandé s'il avait des frères ou des soeurs... ça avait été tellement rabaissant.
Les questions du professeur firent brièvement réfléchir l'étudiante. Et si elle n'avait pas ce deal ? Alors elle serait libre, oui, mais libre de quoi ? Elle n'aurait pas autant d'argent sur son compte, ne pourrait pas se payer ses pièces de mécano, elle n'aurait plus d'excuses pour remballer les mecs, plus de menaces à leur fournir en disant que son petit ami était le redouté Nishino Youta. Et si elle mettait un terme à leur deal, il pourrait jouer sur ses faiblesses, relancer des rumeurs, salir à nouveau son nom et son image. Malgré tout, il la connaissait assez pour savoir où frapper, et la peur des représailles ne serait peut-être pas suffisant pour l'arrêter.
Non, je... Sérieusement, professeur, ça me convient. Je le déteste, oui, j'ai souvent envie de le tuer, mais c'est grâce à lui que je peux marcher dans les couloirs sans être insultée, que les mecs me foutent la paix et ne tentent plus de voir si les rumeurs sont vraies. Avec son argent, je peux m'acheter ce que je veux, et vous savez que je suis pas du genre économe... Rien que pour ça, je peux le supporter. J'ai simplement parfois des moments de faiblesse où je craque mais c'es humain, non ?
Levant les yeux vers le professeur, Karu la supplia presque du regard, lui demandant au travers de ses prunelles de la rassurer, de lui dire qu'elle avait raison. Elle savait bien que ce n'était pas le cas, n'était pas dupe, mais elle avait besoin de Youta, besoin d'être confortée dans son idée que tout ça n'était pas en train de la tuer à petit feu.
(#) Re: conseils et confidences + Aris ϟ Sam 15 Fév - 13:59
conseils et confidences ★ w/ Hikaru (musique) Aris se rendit compte trop tard du ton professoral qu’elle avait pris pour sa dernière phrase mais elle ne pouvait plus faire marche arrière alors que la jeune femme baissait un peu plus la tête. Aris se mordit la lèvres, regardant Hikaru jouer avec son livre, cherchant surement une bonne manière d’envoyer sa professeure balader un peu plus loin pour voir si elle y était. Aris s’apprêtait déjà à s’excuser et prendre congé quand la voix de son élève l’arrêta, et elle tendit une oreille plus conciliante et compréhensive. Elle dû malgré tout se retenir de lever les yeux au ciel quand elle entendit la réponse. Celle-ci n’était toujours pas aussi glorieuse que les dernières que la jeune femme lui avaient déjà donnés...Elle laissa Hikaru réfléchir un peu plus à ses paroles, avec patience, espérant qu’elle finisse par entendre raison. Ce qui bien sûr, n'arrive pas. Aris se laissa à soupirer ouvertement tout en secouant la tête un peu plus. C’est humain oui de craquer, mais votre deal n’a rien d’humain pour autant… De là où je me tiens, il est plus humiliant qu’autre chose, et j’aimerai que tu entendes raison. Mais qui suis-je pour juger, hein. La professeure essaya de sourire tant bien que mal, mais cela rendit un sourire figé plus qu’autre chose. Est-ce pour autant de bonnes raisons, Hikaru ? Cela me semble plus être des excuses qu’autre choses… Elle se coupa dans sa propre phrase en voyant les yeux de son élève, levés vers elle dans une supplique. Mais quelle genre de supplique réellement ? De laisser tomber, ou bien au contraire de lui venir en aide ? Il devait y en avoir un peu des deux. Car Aris voyait bien, car au final, qui la voyait quasiment toutes les semaines, être de plus en plus démunie et triste, de plus en plus affalée sur sa chaise, participant de moins en moins en cours, prendre de moins en moins de notes, et surtout, surtout, soupirer un peu plus en regardant son portable et lever les yeux au ciel, des yeux bien souvent à la limite du larmoyant. Mais encore une fois, ce n’était pas vraiment ses affaires. Passant la main dans ses cheveux pour ce qui lui sembla être la énième fois, Aris essaya d'alléger l'atmosphère. Tu as déjà écouté la chanson BBIBBI d’IU ? J’ai pensé à toi la première fois que je l’ai écouté. Et il était vrai que la chanson lui avait particulièrement parlé, et elle espere qu’elle fasse un peu réfléchir la jeune fille.