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Je ne pensais jamais te revoir ft Calix
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Je ne pensais jamais te revoir ft Calix
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• JE NE PENSAIS JAMAIS TE REVOIR – Et en un instant, je souris.

Un répit. Enfin. Une pause, pour se ressourcer, se réconforter, respirer. Un besoin urgent que tout s’arrête, que tout se fige, le temps de reprendre son souffle. Le temps de reprendre un souffle.

Aveuglé par une soudaine luminosité dont il avait perdu la clarté, Jun cligna plusieurs ses yeux afin de s’ajuster à l’ambiance du petit restaurant cozy qu’il venait de découvrir. Ayant déjà parcouru de nombreux kilomètres, il avait décidé de faire une pause pour manger. Et en cette heure pleine de civilisation qui le faisait passer dans l’ombre des nombreux visages inconnus des serveurs, personne ne se posa de question sur sa propre personne. Sur ce visage des plus tuméfié, par ses hématomes, ses bleus, ses meurtrissures qui ornaient son visage poupin, ternissant la lumière enfantine dans ses yeux. Ses autres blessures dissimulées sous un col roulé, cachaient pire qu’un faciès blessé et sa gestuelle sûre et nonchalante démantelait les pensées incisives des regards sur son corps. Il trouva rapidement une table, commanda tout aussi vite et prit patience sur son siège, parmi les multitudes de personnes autour de lui. Ses pupilles sombres voguèrent d’homme seul aux familles riants aux éclats jusqu’à la vieille dame qui semblait détenir cet établissement. Brièvement, elle lui rappelait quelqu’un. Mais ne souhaitant s’y attarder sans raison, Jun déporta son regard ailleurs, son coude sur la table, ses manches remontées le plus haut possible pour ne pas montrer les marques sur sa peau. Malgré la jointure des poings blanchis, presque saignantes par ses blessures incessantes. Sa montre le brûlait, le bracelet de sa mère mettait sa peau à vif, mais jamais il ne les retira. Faisant abstraction de la douleur, il releva la tête subitement en sentant ses petits plaisirs gustatifs qui parvenaient jusqu’à lui. Ses yeux s’ouvrirent en grand, un fin sourire d’enfant fleurit sur ses lèvres et il écarta son coude pour que le serveur pose ses plats sur la table. Il ne leva pas la tête vers lui, jetant un bref coup d’œil à son téléphone portable, ses mèches blondes sur ses cheveux noirs lui gênant un instant la vue. Il ne répondit pas à Adonis, préférant se concentrer sur sa nourriture avant tout. 


« Merci. » 


Remercia-t-il à peine, murmurant ceci d’une voix basse, grave et quelque peu enraillé. Il n’attendit pas une seconde de plus pour enfourner la première cuillerée dans sa bouche, un léger gémissement de plaisir s’étirant de ses lèvres meurtries. Il grimaça devant la douleur et releva subitement les yeux vers le serveur à ses côtés, qui n’avait pas bougé. L’instant d’après, sa respiration se bloquait. Le souffle lui manquait. Son cœur manqua un battement et se déchira une nouvelle fois en deux devant ce visage reconnu. Il s’étouffa et dut avaler de force avant de reprendre une respiration moins inégale pour ne pas recommencer. L’organe dans son torse ne cessait de battre la chamade, il l’entendait parfaitement, même à ses propres oreilles. Il tentait de calmer les larmes qui lui montaient aux yeux, un tas d’émotions violentes jouant à l’intérieur de lui sans qu’il en ait l’absolu contrôle. Tout cela à cause de lui. Lui. Ce visage qu’il ne pensait jamais revoir. Ce sourire communicatif, ses yeux profonds. Malgré les années, c’était comme si le temps c’était arrêté pour tous les deux. Malgré les changements physiques et sûrement mentaux, Jun avait reconnu son meilleur ami d’antan. Celui qui partageait sa vie au quotidien. Son deuxième battement de cœur. Sa lumière dans ses ténèbres. Calix. Le Ninomea se leva subitement de son siège et quitta le restaurant, le poing contre sa bouche, la toux ne l’ayant toujours pas quitté. La fraicheur de la nuit, l’aida à reprendre contenance. Avant de se figer à la voix de Calix qui l’appelait, l’ayant suivi jusqu’à l’extérieur. Doucement, il releva la tête et croisa son regard. Pendant un instant, il hésita. Bref, mais perceptible. N’étant pas sûr s’il devait faire ce qu’il voulait ou non. Puis, l’émotion l’emporta. Il se jeta pleinement dans les bras de celui qu’il pensait avoir perdu pour toujours, oubliant ses propres douleurs. Ses mains enveloppées sa taille fermement, ne souhaitant plus le lâcher avant un moment.


« Je pensais t’avoir perdu, abruti. »


Toujours aussi adorable comme par le passé, il voulait le serrer plus fortement, mais son état le lui en empêchait lamentablement. Retenant des jurons fleuris de franchir la barrière de ses lèvres, il s’écarta légèrement pour observer son interlocuteur, laissant ses iris redécouvrir ce visage qu’il n’avait pas vu depuis si longtemps.  


« Mais... Qu’est-ce…Qu’est-ce que tu fais ici ? Comment…Que…  Tu m’as tellement manqué Calix. »


Prénom qu’il ne pensait plus être capable de prononcer un jour. Prénom qu’il adorait de nouveau faire rouler sur sa langue en appréciant la sonorité dans sa voix. Il laissa ses bras autour de lui, nullement gêné par leur proximité, le regard des gens ne l’atteignant nullement. Même s’il repéra certaines paires d’yeux sur eux ou certains propos déplacés, Jun ne bougea sous aucun prétexte, retenant les douleurs quand on le touchait ou devant ses gestes trop brusques. Son ultime concentration sur l’être devant ses yeux. 


« Putain, j’ai failli m’étouffer par ta faute. Même si je vois que les années t’ont pas mal réussi dis-moi. »


Son cœur s’était calmé, sa voix avait repris vie tout comme ses propos taquins. Son sous-entendu n’en était point un, sa moue appréciatrice aucunement factice. Comme si le temps ne les avait jamais séparés, Jun souriait. Un peu difficilement, n’y croyant toujours pas à cet événement important. Il finit par relâcher sa pression sur lui, lui redonnant sa liberté sans un bruit. Reprenant pied dans la réalité, il en avait presque oublié. Sa nourriture. Qui refroidissait. Il échangea un regard d’horreur avec le brunet, lui-même comprenant son amour pour les victuailles. Mais Calix était privilégié, ce qui était semblable à être un miraculé. Preuve de son importance pour le Ninomea.  


« On… Parlera après ton service. »


Après tout, il travaillait toujours. L’interrogation dans son regard, il n’osa pourtant pas poser la question qui lui brûlait les lèvres. Ils avaient tellement de choses à se dire, ils devaient se redécouvrir. Mais pour l’heure, Calix devait finir son service et Jun finir son repas avec délice. Même s’il ne le voulait pas, ne pas quitter ses bras, la bienséance l’emporta. Il voulait comprendre si tout ceci était réel et pas seulement le fruit de son imagination. Alors, il lui fallait du temps.

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• JE NE PENSAIS JAMAIS TE REVOIR – Et pendant un moment, j'ai cru voir un mirage.

Nouvelle vie non choisie. Le manque d'un pays lointain, où les langues restent déliées de méchancetés ou d'affections. Sans dissimulation. Pris au piège par amour, pour sa grand-mère.

Les voix et les rires résonnaient dans la salle de ce petit restaurant. L'ambiance sereine qui en découlait, demeurait un chant paisible dans l'organe vital de Calix — endroit dont il chérit, rempli de souvenirs d'une enfance heureuse. Depuis son retour, il n'avait cessé de travailler dans ce lieu ; gérant avec dextérité cet établissement plantureux — un soulagement pour son aïeule. Elle se détendait enfin, même si celle-ci restait toujours derrière son petit-fils pour le surveiller. Son attitude extirpait un rire au jeune homme. Un son emplit d'une certaine tristesse. L'aura de la vieille dame émanait une tendresse, éveillant le souvenir de sa douceur disparue.

Quatre mois que Calix avait posés bagages dans cette ville, et il avait déjà revu d'anciens camarades de classe, avait eu quelques rendez-vous arrangés, ainsi que des joues pincées par les amies de sa grand-mère. De vieilles dames bien amusantes aux yeux du pompier, mais tout aussi gênantes, lorsqu'elles abordaient le sujet du mariage. Un sujet que le jeune homme fuyait très vite, bégayant une excuse bidon pour l'éviter.

Et en cette soirée mouvementée, Calix occupé avec plusieurs tablées, ne se rendit compte qu'une personne particulière avait pris place dans cette pièce.. depuis un petit moment. Une commande prise, l'ancien pompier énumérait les plats sélectionnés sur son bon au cuisinier ; avant de retourner dans la salle — ses mains accaparées d'un plateau rempli de bonne nourriture. D'un pas dynamique, il se dirigea vers la table occupée, les yeux rivés sur les mets — consciencieux pour ne pas renverser les bouillons. Les contenants chauds rejoignirent rapidement la surface boisée devant ce client aux cheveux à demi-décoloré, un sourire chaleureux scotché aux lèvres. Le dernier bol apposé, Calix rétorqua un bon appétit de sa voix grave et attrayante, avant d'arrêter tout mouvement. Ce visage dévoilé, il le reconnut parmi des centaines de milliers. Son corps paralysé, sa voix coincée dans sa gorge, ses iris noisette observèrent ce faciès tuméfié, bien vite humidifiés par des perles salées — pétrifié face à ce souvenir si réel. Son palpitant écrasé dans sa cage thoracique, son instinct désirait le prendre contre lui ; comme si son étreinte engloutissait toutes blessures, et soignait toutes peines. Et le souvenir de ce petit garçon enfoui au plus profond de lui, refleurit à travers ses pupilles noircies, si intenses, posés sur le décoloré. Les toussotements de son cadet le fit revenir à lui, venant tapoter son dos, d'un geste délicat tandis qu'un petit rire moqueur s'échappa d'entre ses pulpeuses.  

« Tu devr- »

Mais le pompier ne put terminer sa phrase, que le jeune homme se leva, quittant le restaurant bondé, d'un pas pressé. Sans réfléchir, Calix déposa le plateau sur la surface boisée, et ses jambes bougèrent d'elles-mêmes vers la sortie. Le pompier ne désirait guère le perdre, de nouveau — alors sa voix grave et inquiète résonna fortement dans la rue.

« Jun ! Arrête-toi, s'il te plait ! Bordel, Jun, tu m'entends !? »  

Son corps se stoppa net, imitant celui de son ami. Son regard insistant observa son cadet — attendant que ses yeux se soient posés sur sa personne. Et lorsque se fut fait, un grand sourire orna les lèvres charnues du pompier, ses yeux humides se plissant sous son sourire. Il était là, devant lui. Jun. Une chaleur posséda ce cœur si gelé. Mais Calix fut surpris par se rapprochement si soudain, qu'il mit un temps avant de rendre l'étreinte de son meilleur ami — toujours aussi mal à l'aise avec le contact physique. Puis les douces paroles de son cadet résonnèrent à ses tympans. Un petit sourire amusé et attendri s'éprit de ses lèvres.

« Je le pensais aussi.. Jun. »

Rétorqua le plus âgé, d'une douce voix suave. Il n'avait pas revu son meilleur ami depuis longtemps. Mais sa façon de s'exprimer n'avait pas changé — peignant une certaine nostalgie dans le regard du pompier. Ses iris noisette contemplèrent son cadet, sans dire un mot. Et comme à son habitude, il ne répondit pas à la question, ni à la marque d'affection, bien trop concentré sur ce faciès abîmé. Calix désirait simplement soigner ces meurtrissures — haïssant celui qui avait osé toucher ce visage.

« Et je vois qu'elles t'ont abîmées. »

Dit-il d'une voix grave, son expression redevenue impassible. Il n'avait pas envie de rire, ni d'être taquin — même face à ce sourire. Il souhaitait juste découvrir de nouveau son meilleur ami, savoir ce qu'il était devenu. Mais surtout, connaitre la cause de ses blessures. Les mains chaleureuses de son cadet quittèrent ses hanches, retrouvant ce vide dans cet organe gelé. Ce regard, il le connaissait que trop bien. Un petit sourire naquit sur ses pulpeuses, comprenant parfaitement les mœurs de son cadet.  

« hm.. j'espère que tu es patient, je suis de fermeture.. pas avant une heure du mat'. » 

Énonça-t-il, d'une voix calme. Il comprendrait si le décoloré ne souhaitait pas patienter. Après tout, il y avait peut-être quelqu'un qu'il attendait. Calix ne désirait pas le déranger. Il était comme ça, attentif aux besoins des autres — se privant quelquefois de ses envies. Et les iris noisette du pompier abandonnèrent le faciès du décoloré, pour retourner rapidement à son occupation. Lorsqu'il passa la porte du restaurant, sa grand-mère lui donna une petite tape sur son dos, comme réprimande.  

« Où étais-tu passé ? Tes commandes t'attendent, mon garçon ! »

Et ce même rire morose franchit ses pulpeuses, soufflant une excuse — avant que ses pas aient pris la direction de la table de son ami, pour récupérer son allié. Les allers-retours entre la salle et la cuisine n'en finissaient plus. Calix enchaînait les demandes des clients, zieutant de temps à autre la table occupée par Jun — qui avait fini par disparaître. Une tristesse avait submergé le palpitant du pompier, mais il continua son service jusqu'à ce que la salle se vida peu à peu, et que les employés quittèrent à leur tour le restaurant. Sa grand-mère était déjà montée à l'étage — chez elle — sous la sollicitude du jeune homme.

Une heure et demie passée, Calix fermait enfin les lieux. La clé tourna deux fois dans la serrure avant de s'installer dans la poche de son manteau. Il commença à marcher, sous les lampadaires qui illuminaient encore les rues. Il ne cherchait même pas son ami, pensant qu'il était déjà parti. Il gardait tout de même une certaine amertume. Il aurait voulu discuter, observer encore et encore ce visage, jusqu'à s'endormir avec cette sensation si chaleureuse. Cette sensation qu'il ressentait étant plus jeune. Ce sentiment d'être quelqu'un d'important, d'être protégé de tout. C'était ce qu'il éprouvait grâce à ce garçon si téméraire.  

Il s'arrêta quelques secondes, amenant son briquet à son cigarillo saveur cerise boisé. Une fumée s'évapora dans la brise, et le pompier inspira une bouffée goudronnée apaisante. Calix n'habitait qu'à cinq minutes du restaurant — un choix de sa part. Il souhaitait être proche de sa grand-mère.. Au cas où. Le jeune homme savait très bien que la santé de sa tendresse n'était pas si excellente qu'elle le prétendait. Ses pensées centrées sur une personne, il n'avait même pas fait attention à la filature du détective. Jetant le filtre éteint de son cigarillo dans une poubelle, il tourna dans une petite ruelle sombre, sortant ses clés de sa poche. Calix monta les escaliers extérieurs de ce vieux bâtiment, avant de se retrouver devant sa porte d'entrée. Prêt à l'ouvrir, ses mouvements s'arrêtèrent, observant la pénombre. Son palpitant tambourinait contre son torse, il était prêt à se battre contre l'individu.  

« Y'a quelqu'un ? »

Demanda-t-il, d'une voix grave, quelque peu prudent. Il savait se défendre. Son collègue l'avait emmené dans une salle de boxe, et Calix y avait pris goût.  

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• JE NE PENSAIS JAMAIS TE REVOIR – Et en un instant, je souris.

Un répit. Enfin. Une pause, pour se ressourcer, se réconforter, respirer. Un besoin urgent que tout s’arrête, que tout se fige, le temps de reprendre son souffle. Le temps de reprendre un souffle.

Même s’il l’avait voulu, il n’avait pas pu. Même si son cœur se serrait, sa peur l’inondait, il ne partait pas. Pas loin très loin en tous cas. Il en avait été incapable. Après avoir enfilé son repas à une vitesse folle, son regard perdu sur son meilleur ami le temps de sa tournée, Jun avait dû s’éclipser le temps d’un battement de cœur. Le temps d’un souffle qui dura plus d’une heure et demi afin de terminer son enquête. Du moins, de récolter les éléments principaux et en tenir compte à son client. La rencontre avait été brève, son esprit ailleurs, quémandant seulement de revoir ce jeune homme qu’il croyait avoir perdu. N’y tenant plus, c’était presque s’il avait couru pour retrouver le restaurant. Ce dernier était fermé et la chance devait être de son côté puisqu’il trouva rapidement la silhouette de Calix à travers la nuit. La surprise avait du mal à disparaitre de son faciès. Depuis plus de cinq ans, il ne l’avait pas revu et son corps avait changé. Mais l’affection dans son regard non, sa voix basse et mélodieuse non plus, tout comme sa gênance devant les gestes d’affections. A ce simple souvenir, un fin sourire étira ses lippes masculines et doucement, il suivit les pas de son ami jusqu’à chez lui. Jun ne savait pas si c’était son manque de discrétion ou l’instinct de son comparse, mais à la dernière minute, il se retourna. L’ancien militaire secoua la tête avant d’apparaitre dans la lumière pour se dévoiler, les mains en l’air en signe de reddition.  


« On se calme, ce n’est que moi. » 


Malgré la distance qui les séparaient, le silence de la nuit avait répercuté ses mots assez facilement, le rendant parfaitement clair aux oreilles de Calix. Le jeune Ninomea grima les escaliers plus lentement qu’il ne l’aurait voulu, ses jambes endoloris l’empêchant d’être aussi agile dans ses mouvements. Enfin, il fit de nouveau face à ce visage perdu et avec nonchalance, il s’empara de ses clés. Comme s’il s’agissait de son propre appartement, il ouvrit la porte et s’y invita de lui-même, sachant que son aîné le suivrait. Allumant les lumières, il découvrit l’antre de son ami. Epuré, assez simple, qui reflétait la parfaite personnalité de ce dernier. Il osa lui donner un regard rempli de jugement sur l’aspect impersonnel des pièces, mais ne le critiqua pas ouvertement. A la place, il laissa ses pieds voguaient à travers l’appartement comme s’il avait élu domicile ici. Aucunement gêné, il avait même retiré son manteau pour le garder dans ses bras. Il se figea un bref instant en voyant une plante et une photo bien trop significative. Fuyant cette vision, il réussit avec beaucoup de mal à ne pas pleurer. Il ne pouvait pas, ne devait pas. A la place, il rencontra le regard de son meilleur ami, haussant les épaules avec nonchalance devant ses manières très peu convenables.


« Tu ne croyais quand même pas que j’allais vraiment partir alors, que je viens de te retrouver ? »


Sa voix était légèrement plus grave et il se racla la gorge pour reprendre contenance, ne souhaitant pas l’émotion prendre le pas sur la situation. Il tira un instant sur son col roulé, comme si celui-ci l’empêchait de bien respirer. Pendant un instant, il semblait indécis, un conflit intérieur l’empêchant de croiser son regard pleinement. Il réfléchissait, hésitait, s’avancer avant de s’arrêter. Puis finalement, il jura comme un charretier et se jeta de plein fouet dans ses bras, les faisant reculer tous les deux de quelques pas. Ses bras autour de lui, il l’enserrait de nouveau et soupira de contentement, heureux d’avoir retrouvé un être perdu. Jun savait parfaitement que les gestes d’affections de ce genre rendaient gêner Calix, mais en cet instant même, il avait besoin de lui contre sa personne. De savoir que ce n’était pas un rêve, que ce n’était pas le fruit de son imagination et qu’il était vraiment là, devant lui, contre lui. Aucune larme ne s’échappa, même s’il se sentait craquer doucement. Cette fracture en lui s’ouvrait de nouveau, mais il refusait d’y sombrer. A la place, le brunet recula la tête, laissant ses mains se poser contre son cou, ses pouces de chaque côté de ses joues et une affection certaine envahissait son regard à la vue de son aîné. Il afficha une moue taquine et empiéta volontairement dans l’espace personnel de Calix comme à son habitude. 


« T’allais faire quoi si ce n’étais pas moi mais un autre type tout à l’heure ? Te battre ? Autre… Chose ? »


Jun osa faire un clin d’œil avec son sous-entendu à peine dissimulé. C’était aussi une manière de savoir s’il avait quelqu’un dans sa vie. Son appartement montrait que non, mais il voulait l’entendre de sa bouche. De plus, sa nature discrète pouvait s’accentuer avec le temps et donc l’empêcher de connaître la vérité. Mais c’était un petit pas vers lui pour réapprendre à le connaître. Lui. Après tant d’années. Doucement. Calmement. Sans précipitation.  


« Qu’est-ce que tu deviens alors ? A travailler dans un restaurant ? »


Il haussa un sourcil avec curiosité. Il savait que la vocation première de Calix était d’être pompier et c’était d’ailleurs l’une des raisons de son départ lui semblait-il, avec le temps, les éléments devenaient brouillons dans son esprit. Il pencha légèrement la tête sur le côté en attendant ses réponses, n’ayant nullement l’intention de s’écarter de lui. Ses mains encerclèrent sa taille pour plus de contact, embêtant volontairement son aîné qui était mal à l’aise. Ce qui n’était absolument pas son cas. Qu’importait la personne, qu’importait la distance, rien ne pouvait -ou presque, gêner Jun. Mais avec le peu de force qu’il avait dû à ses blessures, il ne pourrait résister longtemps si son meilleur ami décidait de le repousser. Il afficherait une moue boudeuse si c’était le cas, ce qu’il n’espérait pas.  


« Je veux tout savoir de toi, Calix. Raconte ! »

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