와인 또는 샴페인

Kojima Moya  ϟ  Kawamura Renji

Le nez passant sur le bord de son verre, Moya inspira l'odeur alcoolisée qui s'en dégageait. Il n'aimait pas le vin, trouvait ça toujours trop sûr, mais il n'avait pas le choix dans ce genre de soirée, les hôtes ne proposant malheureusement pas de vodka ou de whisky, et boire de l'eau serait sujet à des questionnements qu'il préférait éviter. Hochant la tête aux paroles du haut dignitaire devant lui, il porta son verre à ses lèvres pour prendre une gorgée de sa boisson, maîtrisant son visage pour ne pas montrer de réaction.

Il n'écoutait qu'à moitié l'histoire que lui racontait son interlocuteur, cherchant du regard un visage attendu. Il avait demandé une invitation à cette soirée parce qu'il savait qu'il serait là, simple professeur mais héritier d'une fortune impressionnante et d'un empire bien moins glorieux. Fils de yakuza. Moya avait fait des recherches sur la mafia japonaise depuis que son père lui avait confié que Zero en faisait partie, il cherchait des gens à payer pour le faire sortir, des gens à qui demander de l'aide pour le raisonner. Et son rendez-vous du jour était l'homme de la situation, ou du moins l'espérait-il.

Moya finit par repérer l'homme un peu plus loin, Kawamura Renji. Il aurait voulu se diriger vers lui aussitôt, mais couper la parole et laisser en plan un homme important n'était jamais une bonne idée. Il resta donc encore quelques minutes à lui parler avant de s'excuser et prendre congé. Puis il se dirigea vers une connaissance qui connaissait Renji, lui demandant de le présenter au professeur. Les deux se dirigèrent donc vers l'héritier, Moya restant en retrait pendant que son ami le saluait, puis esquissant un sourire quand il fut introduit.

Kojima Moya, enchanté.

Passant son verre dans sa main gauche, il tendit la droite à son nouvel ami pour la lui serrer. Il lança un regard furtif au troisième homme qui, aussitôt, prétexta avoir aperçu une connaissance et s'éloigna, laissant Moya seul avec Renji.

C'est une bien belle réception, n'est-ce pas ? Malheureusement je ne suis de retour au pays que depuis peu et je ne connais pas grand monde... permettez-vous que je vous tienne compagnie un instant ?

Ce n'était là qu'une demi-vérité, étant donné que Moya connaissait un bon tiers des gens présents dans cette salle de Ginza. Des vieilles connaissances ou des nouveaux contacts présentés depuis qu'il était revenu, juste après le Nouvel An. Mais il voulait parler avec Renji, de banalités d'abord, de Zero ensuite, quand ils auraient discuté un peu et se seraient éloignés des oreilles indiscrètes.

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Kojima Moya  ϟ  Kawamura Renji

Le vin est bon, du moins celui que j’ai dans mon verre. Un Tariquet Première Grives. J’aime le vin français. Il a un petit côté chic mais surtout le bouquet qui vous prend à chaque gorgée… il n’y a pas meilleur. J’esquisse un sourire satisfait tout en portant mon verre à mes lèvres pour en apprécier le breuvage. Excellent. Je relève les yeux vers mon interlocuteur et acquiesce bien que je n’ai écouté que la moitié de ce qu’il m’a dit. A vrai dire, je m’en fiche pas mal de toute ces histoires d’alliance, de placement et autres. Tout ça ne concerne que mon père et si je suis ici, c’est parce que j’aime les soirées mondaines et cela ne veut en aucun cas dire que j’ai accepté de prendre la relève. Je ne compte pas me faire yakuza ni me transformer en homme d’affaire. Je suis et je resterais un simple professeur de musique.

Je profite que mon verre soit vide pour mettre poliment fin à cette ennuyante conversation mais ne tarde pas à me faire interpeller à nouveau. J’imagine que ça sera comme ça une bonne partie de la soirée. Dire que cela me dérange serait mentir. Je sais à quoi m’attendre en participant à ce genre de soirée et je dois dire que je prends un malin plaisir à éconduire toutes les propositions d’affaires qu’on peut me faire, expliquant à chaque fois que je n’ai rien à voir avec les affaires de mon père.

Cette fois-ci l’approche est différente. On ne me parle pas bizness du moins pas tout de suite, on me présente plutôt un charmant jeune homme qui à vu de nez doit avoir au moins dix ans de moins.
« Enchanté. Je pense que vous savez déjà que je suis Kawamura Renji. »
Je lui adresse mon plus beau sourire, celui que je sors à chaque nouvelle rencontre mais à la différence que pour une fois on me présente quelqu’un d’agréable à regarder et pas un vieux croulant. Il y a du progrès même si je me dis que ce garçon n’est pas venu à moi pour mes beaux yeux. Ils ne viennent jamais pour ça. Pourtant je crois que c’est de notoriété public que j’aime les hommes mais non, ce qui les intéressent tous, c’est mon père. Et lui ? Fera-t-il exception à la règle ?

Je lui sers la main tout en voyant qu’on nous laisse en tête à tête. Oh ? Comment dois-je le prendre ? On va me faire la cours, j’en suis sûr mais pour moi ou pour mon père ? Je crois que je serais rapidement fixé. En attendant j’esquisse un léger sourire au jeune homme qui me fait face tout en devinant qu’il doit davantage aimer les courbes féminines que masculine. Dommage, nous aurions pu nous amuser ensemble mais je devais me douter que ce n’était pas ici que je trouverais une proie à me mettre sous la dent. Alors que me veut-il ce petit ? Si ce n’est pas un rendez-vous galant qu’il cherche…
« Vraiment ? Et où étiez-vous ? D’ailleurs que faites-vous de beau dans la vie ? »
Je profite qu’un serveur passe non loin de nous pour récupérer un verre de vin sur son plateau. Il est excellent et j’aurais tort de m’en priver. Quant à mon interlocuteur, on dirait qu’il a envie de tourner autour du pot et ça me donne envie de le taquiner un peu. Il n’y a rien de plus divertissant que de faire du charme à un hétéro, histoire de le déstabiliser et de le voir malaise s’emparer peu à peu de son visage. Mais qui sait ? Je me trompe peut-être ? Nous verrons bien.

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Kojima Moya  ϟ  Kawamura Renji

Un sourire poli étira les lèvres de Moya à la supposition de Renji comme quoi il le connaissait. Penchant la tête pour confirmer cette pensée, il se retint de signaler qu'il avait espéré le rencontrer aujourd'hui, n'étant venu quasiment que pour lui. Peut-être pas dans le sens où son interlocuteur l'imaginait, mais tout de même. Il était de notoriété publique que l'héritier yakuza aimait les hommes, et si le banquier devait s'abaisser à flirter avec lui pour sauver son frère... alors pourquoi pas ?

Notre ami commun m'a effectivement soufflé votre nom avant de me porter à votre rencontre.

Jetant un oeil vers leur connaissance commune qui discutait plus loin, Moya retint une mine satisfaite pour paraître plus embarrassé, avouant qu'il ne connaissait pas grand monde et demandant à Renji s'il pouvait lui tenir compagnie. Il se doutait bien que l'autre ne refuserait pas, les coutumes de ce genre de soirée poussant à l'extrême politesse, seul lieu où des ennemis jurés se côtoyaient avec le sourire et des flatteries forcées. Les questions du professeur furent la réponse qu'il attendait, accord sous-entendu dans ses lèvres étirées.

J'ai séjourné en Chine pendant à peu près dix ans, pour mes études d'abord, puis pour le travail. Je suis banquier, mais c'est là un sujet fort ennuyant pour une soirée telle que celle-ci.

Il ne voulait pas parler boulot, non, ne voulait pas qu'on lui demande le cours de la bourse, des conseils pour des placements ou autres joyeusetés du genre. Il voulait parler mafia, voulait savoir comment récupérer son frère, voulait savoir combien il devrait payer pour sa sauvegarde. Mais pas ici, pas au milieu de ces oreilles indiscrètes. Si des gens entendaient que son frère était un Yakuza, il pouvait se faire renvoyer, pouvait ne plus jamais trouver de travail dans cette ville. Il lui faudrait alors repartir pour la Chine et abandonner Zero à son sort.

Vous allez certainement me trouver présomptueux mais je voudrais vous parler en privé. Accepteriez-vous que nous nous retirions dans un endroit plus discret ?

Il pourrait comprendre par là bien des choses, croirait peut-être que Moya voulait le guider dans un lit ou tenter de l'assassiner, mais il était probablement loin de la réalité. Il voulait juste une pièce vide pour parler librement, pour lui confier ses craintes à propos de Zero, lui demander son aide. Il était prêt à payer cher pour lui, se séparer de sa fortune et même y laisser sa vie, juste pour ramener son cadet sur le bon chemin.

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Kojima Moya  ϟ  Kawamura Renji

« La Chine ? Intéressant… »
Surtout s’il y est resté aussi longtemps. Il m’apprend également qu’il est banquier et malgré moi, j’ai du mal à réprimer un sourire. Je vois déjà venir le genre de faveur qu’il attend de moi. Est-ce qu’il aimerait rencontrer mon père ? Devenir son gestionnaire financier ? Ou bien espère-t-il une place dans l’une des ses entreprises ? Dans tous les cas, j’imagine que je serais rapidement fixé quant à ses intentions même si dans le fond, je m’en contre fiche. D’ailleurs si je ne l’ai pas encore éconduit c’est uniquement parce qu’il est mignon à croquer.

Il prétend ne pas vouloir parler travail et j’avoue que c’est une stratégie intéressante. Celle-ci on ne me l’avait pas encore faite. Il a donc droit à toute mon attention et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il sait attiser ma curiosité mais également m’arracher un sourire intéressé. Il veut qu’on parle en privé, rien que tout les deux… Ne se rend-il pas compte qu’il est lui-même en train de me faire une proposition que je pourrais interpréter à mon convenance. Il me vient d’ailleurs une idée amusante. On dirait bien que je ne vais finalement pas m’ennuyer ce soir.
« Pourquoi pas mais à la condition que je choisisse le lieu. »
Un large sourire se dessine sur mes lèvres alors que je termine mon verre.
« Venez, je connais un très bon restaurant pas très loin d’ici. Ils ont des petits salons privés qui permettent de préserver l’intimité de leur client. Je pense que ça sera parfait pour nous. »
Sauf si se retrouver en tête à tête avec moi lui fait soudain peur. Après tout, il n’a peut-être pas les mêmes intentions que moi en ce qui concerne le reste de la soirée.

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Kojima Moya  ϟ  Kawamura Renji

Bien que sa demande fut osée et particulière, Moya avait l'espoir que Renji accepterait, qu'il le suivrait dans une pièce annexe pour discuter loin de tous ces gens qui pouvaient l'entendre et le juger. Pour ne pas montrer sa nervosité, il porta son verre à ses lèvres, s'efforçant de contrôler son visage pour masquer à la fois son dégoût pour la boisson ou son impatience pour la réponse. Si le yakuza refusait, il serait forcé de lui souffler à l'oreille le sujet qu'il voulait aborder, espérant que ça le ferait changer d'avis.

Heureusement, Renji accepta, à la condition qu'il choisisse le lieu. N'y voyant pas d'objection, Moya ne protesta pas. Il hocha la tête, l'écoutant lui proposer un restaurant avec des salons privés où personne ne pourra les entendre. Comprenant qu'il espérait peut-être plus qu'une simple discussion, le banquier ne se rebiffa pourtant pas, prêt à lui laisser croire ce qu'il voudrait jusqu'au moment où ils se retrouveraient seuls. Une fois dans l'un de ces fameux salons, il lui faudrait être ferme et ne pas se laisser embarquer dans une aventure dont il n'aurait aucun contrôle.

En ce cas je vous suis.

Se penchant pour signifier qu'il le laissait gérer cette étape, Moya déposa son verre à moitié plein sur le plateau d'un serveur qui passait, se servant de cette excuse pour ne pas avoir à le vider. Il croisa ensuite les mains dans son dos, suivant son nouvel ami vers la sortie, saluant d'un geste de la tête les quelques personnes qu'il croisait. Il adressa également un clin d'oeil à son collègue, le remerciant de lui avoir présenté Renji.Une fois dans la rue, le banquier calqua son pas sur celui du yakuza, le suivant jusqu'à l'adresse qu'il avait visiblement en tête.

J'espère que ça ne vous dérange pas, je ne voudrais pas gâcher votre soirée en vous privant de cette réception ? Moi-même commençais à m'y ennuyer, pour être tout à fait honnête.

Enfin... Disons plutôt que, n'étant venu que pour rencontrer Renji, il ne voyait pas d'autre intérêt à cette soirée où il ne connaissait que quelques rares visages.

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Kojima Moya  ϟ  Kawamura Renji

Nous nous éclipsons sans que je prenne la peine de saluer qui que ce soit. Je n’ai de compte à rien à personne. Je n’ai besoin de rien. Ce sont eux qui cherchent mes faveurs et je ne serais pas surpris d’apprendre que c’est également le cas de ce charmant jeune homme. Il a de la chance d’être mignon à croquer car autrement je crois que je l’aurais envoyé balader. Reste à savoir jusqu’où il est prêt à aller pour me plaire et obtenir ce qu’il est venu chercher ce soir.

Nous marchons d’un bon rythme jusqu’au restaurant qui ne se trouve pas très loin d’ici. Une chance pour lui. Il n’aura pas à monter dans ma voiture et se retrouver à l’autre bout de la ville. Je peux me montrer parfois aussi cruel qu’un chat lorsque je joue avec ma proie surtout si elle est aussi appétissante que lui.
« Ne vous en fait, je préfère passer ma soirée avec vous qu’à cette ennuyante réception. »
Je lui adresse un sourire malicieux avant de lui montrer d’un mouvement de la tête, l’entrée du fameux restaurant.
« Venez. »
J’en profite pour poser une main dans son dos et ainsi l’inviter à me suivre à l’intérieur. Il s’agit d’un restaurant traditionnel japonais dont la salle principale est assez petite mais qui possède des salons privés notamment utilisé par les hommes d’affaires pour leur repas important ou bien pour rencontrer une maitresse. C’est ici que j’ai déjeuné pour la première fois avec mon géniteur. C’est comme ça que j’ai découvert cet endroit.

Je donne mon nom à la serveuse qui vient nous accueillir. Elle me reconnait et sait quel salon j’ai l’habitude d’avoir lorsque je viens accompagné.
« Je suis certain que le salon vous plaira. Bien sûr manger ici n’est pas à la portée de toute les bourses mais rassurez-vous, c’est moi qui vous invite. »
Je lui adresse un large sourire, de ceux qu’on les prédateurs devant leurs proies. Et j’aurais tort de me priver de m’amuser un peu avec lui. Tant qu’il ne me dit pas non, je continuerais mon petit jeu et nous verrons bien ce qu’il en est quand il aura enfin craché le morceau.